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21.mai.201621.5.2016 // Les Crises

François-Bernard Huyghe : « On assiste à une hollywoodisation de l’information »

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Source : Info Syrie, Louis Denghien , 23-06-2011

Unknown1Titulaire d’un doctorat d’Etat en sciences politiques et chercheur habilité en sciences de l’information et de la communication, François-Bernard Huyghe, né en 1951, est un spécialiste reconnu des médias et techniques de communication appliqués à la géopolitique et aux conflits qu’elle connaît comme aux idéologies qui structurent les affrontements internationaux, du terrorisme islamiste aux croisades du Nouvel Ordre mondial. Déjà à l’origine, via l’ouvrage éponyme (1987), du concept de « soft-idéologie », F.-B. Huyghe a créé plus récemment le néologisme « infostratégie » qui définit assez bien le champ de ses recherches et travaux dans les champs de l’intelligence économique, de la médiologie ou la polémologie. Ses compétences lui ont permis d’enseigner au Celsa de l’université Paris IV-Sorbonne, à l’université de Limoges et à l’Ecole de Guerre Economique ainsi que dans divers organismes d’analyse comme L’Institut de Relations internationales et stratégique (IRIS) où il est expert associé. F.-B.Huyghe a en outre créé l’Observatoire géostratégique de l’Information en Ligne. Il est également l’auteur ou le co-auteur d’une quinzaine d’ouvrages qui font référence.

Il a bien voulu nous donner son analyse de la situation en Syrie, et du traitement médiatique et politique qu’elle inspire, notamment en Occident. Et, par delà le cas de la Syrie, aborder la genèse et les manifestations de la désinformation made in USA (ou en Occident).

Dernier ouvrage paru : Les terroristes disent toujours ce qu’ils vont faire, avec Alain Bauer, P.U.F. 2010.

 

La désinformation a longtemps été considérée, chez nous, comme une réalité essentiellement soviétique. Quand commence-t-on à prendre conscience d’une désinformation « à l’occidentale » ?

-F.-B. Huygue : La désinformation soviétique était une désinformation de services secrets et s’exerçait via des supports classiques comme la presse écrite, ou les documents écrits – qu’on se souvienne par exemple des faux carnets secrets d’Hitler ; la désinformation occidentale a, bien sûr, toujours existé. On a en simplement réalisé toute l’ampleur avec la première guerre du Golfe où il y avait, via CNN, un monopole américain de la représentation du conflit : en bref, si les Irakiens voulaient se voir mourir, il fallait qu’ils regardent CNN. Les autorités américaines tenaient là leur revanche de la guerre du Viet Nam, où ils avaient, en quelque sorte, été trahis par leur propre presse, qui relayait à l’envi toutes les atrocités et bavures commises par l’armée américaine, et qui se livrait, dans les faits, à une véritable campagne de démoralisation de cette armée. Rien de tel en Irak où la presse a collaboré avec l’institution militaire, qui délivrait les accréditations aux journalistes « embeded » – intégrés aux unités militaires et littéralement commandés par les « communication officers« . On s’est vite rendu compte que l’énorme couverture médiatique de cette guerre n’a absolument pas empêché la floraison – et la diffusion mondiale – des bobards de guerre, comme le plus gros canon (irakien) du monde, la marée noire provoquée par Saddam, les bébés koweiti sous couveuse débranchés par les soldats irakiens, sans parle du statut flatteur de « quatrième armée du monde » décerné à l’unanimité de la presse occidentale aux troupes de Saddam Hussein. Au même moment – 1990-91 -, le bloc de l’Est s’effondre, ce qui donne à l’Ouest, et singulièrement aux Américains, le monopole de la désinformation d’échelle universelle.

Bien sûr, toutes ces manip’s ont été assez vite décelées, dénoncées, analysées ; j’ai moi-même participé à nombre de colloques où l’on s’est penché sur cette désinformation made in USA. Ce qui n’a pas empêché l’intox de se poursuivre, notamment lors de la deuxième guerre du Golfe en 2003 avec les fameuses et imaginaires « armes de destruction massive » de Saddam. De toute façon, la désinformation, ça ne marche qu’a une seule et unique condition : si elle répond aux attentes du récepteur ; bref, la désinformation ne peut se faire qu’avec le consentement de l’opinion, qui n’a ni le temps ni l’envie de remettre en cause ses préjugés sur telle ou telle question. Et plus le public aura été préparé psychologiquement par les médias, plus il réagira comme le souhaitent les manipulateurs : on est donc là en présence d’un cercle assez vicieux.

La désinformation est, aujourd’hui et maintenant, essentiellement liée à ce que mon maître Régis Debray désigne comme « vidéosphére » : tout passe par l’oeil de la caméra qui a de plus en plus tendance à « scénariser » l’information, avec ce qu’il faut de drames, de « gentils » évidents et de « méchants » indéfendables. On assiste depuis vingt ans, sous l’influence des moyens et de l’idéologie des Américains, à une hollywoodisation de l’actualité, où l’Amérique et ses alliés sont, bien sûr, les bons et des gens comme Saddam Hussein, Milosevic, Ahmadinejad, Kadhafi – Poutine dans une certaine mesure – et, plus récemment, Bachar al-Assad sont les méchants de ce film.

Ce phénomène est porté encore par deux grands événements : d’abord la démocratisation de l’information par internet pour faire circuler, ou même fabriquer, de l’information, ou de la désinformation. Tout le monde peut se connecter à tout le monde en un temps record. Ca peut donner les mots d’ordre et convocations à des manifs politiques lancés par de jeunes Tunisiens et Egyptiens sur Facebook et Twitter. Evidemment, l’impact du message d’un individu va être néanmoins fonction des moteurs de recherche, ou des communautés disposées à relayer ce message.

Ensuite il y a ce phénomène contemporain que j’appellerai le scepticisme de masse : s’il se passe par exemple un événement comme le 11 septembre, il peut se trouver beaucoup de gens pour nier sa réalité, parler de complot et de trucage. Cette négation, cette méfiance sont nourris par la désidéologisation, la fin des grands récits idéologiques (communisme, libéralisme triomphant), le discrédit des discours officiels. L’atomisation des sources de l’information – on n’est plus à l’époque où le 20 heures de Poivre d’Arvor était une grand-messe fédératrice de l’information – facilite les discours et interprétations dissidents : l’internaute est seul devant son écran, séparé du monde par lui et il peut, plus facilement, se fabriquer son propre univers, sa propre info.

On aurait pu croire que cette méfiance, cette prise de distance d’avec les vérités médiatiques assénées aurait un effet positif, dans le sens d’un meilleur esprit critique du citoyen, qui n’accepterait plus les bobards d’antan. Eh bien pas du tout ! Les bobards existent plus que jamais, et si d’aventure ils sont découverts, il est trop tard, comme en Irak. Et surtout, il existe une désinformation par le scepticisme : on nie les évidences, au profit de thèses conspirationnistes ou carrément fantaisistes, impliquant jusqu’aux extra-terrestres.

Et puis il y a internet, arme à double tranchant ; d’un côté on a, notamment aux Etats-Unis, des enquêteurs du web très consciencieux et sérieux : ce sont par exemple des internautes américains qui ont démonté la supercherie de la liesse populaire au moment du renversement de la statue de Saddam à Bagdad, en montrant les camions qui avaient acheminé la poignée de manifestants encadrés par les G.I.’s. Mais d’un autre côté, ce scepticisme de masse peut être exploité par une foultitude de complotistes et de détraqués pour qui, comme dans la série des X-Files, « la réalité est (forcément) ailleurs« .

Et puis, bien sûr, des puissances politiques ont intérêt à la désinformation. En cette ère de l’image, il est devenu essentiel de décrédibiliser les images fournies par le camp opposé. L’exemple qui me vient à l’esprit est celui de cet enfant palestinien tué dans les bras de son père par des balles israéliennes au cours de la seconde intifada ; cette image terrible est devenue une icône pour la cause palestinienne ; à tel point que des spécialistes des services israéliens se sont acharnés à la décrédibiliser en faisant une sorte de révisionnisme, en affirmant que les images de la mort de l’enfant ont été truquées en arguant de l’angle de tir, de la nationalité palestinienne du cameraman ayant filmé la scène, en parlant d’ombre impossible, etc.

La vérité devient d’autant plus difficile à cerner et à imposer que, dans un monde divisé et compliqué, il peut y avoir de vrais complots, de même qu’un paranoïaque peut faire l’objet d’une vraie persécution ! Et puis, circonstance aggravante de la confusion, on peut mentir pour une cause vraie ou justifiée : il y a certainement eu des bilans exagérés de morts du côté palestinien, il n’empêche que Tsahal tue des civils palestiniens et que la cause palestinienne est éminemment défendable.

-Voilà qui nous amène à la Syrie, avec cette histoire de lesbienne damascène persécutée par le pouvoir qui se révèle être un Américain barbu de 40 ans installé en Ecosse..

-FBH : Exactement, ce type en substance a expliqué qu’il avait menti, mais pour témoigner d’une réalité vraie ! On pourrait bien sûr parler de la fausse démission de l’ambassadeur de Syrie dont on a (mal) imité la voix. Et les fameux réseaux sociaux sont souvent des amplificateurs de trucages ou de fausses nouvelles. On ne peut pas dire que la corporation des blogueurs sorte renforcée de cette histoire. En ce qui concerne les journalistes professionnels qui répercutent ces montages, il faut dire à leur décharge relative qu’ils travaillent souvent dans des conditions d’urgence, avec des moyens limités, qui ne leur permettent pas de vérifier dans les délais voulus l’authenticité d’une nouvelle.

Mais, tout de même, il y a des ressorts idéologiques ou géopolitiques à la désinformation, en Syrie comme ailleurs…

-FBH : Bien sûr ! L’idéologie, c’est quand les réponses précèdent les questions, comme disait Althusser. L’idéologie, c’est une interprétation de la réalité, qui nous structure, et la vie serait probablement invivable sans idéologie. En Occident, la majorité des gens fonctionnent avec ce que j’ai pu appeler la « soft-idéologie », minimaliste car réduite aux droits de l’homme et à une liberté abstraite, et basée sur le principe qu’il n’existe pas d’alternative au système et à ses valeurs. Du coup, en Syrie, comme en Tunisie ou en Egypte, le consommateur d’infos occidental va spontanément se ranger du côté des manifestants luttant pour la « liberté », surtout si ces manifestants par leur côté jeune et branché ou au moins « démocrate » ont un air de parenté avec les Occidentaux, et que les régimes auxquels ils s’opposent paraissent dictatoriaux, archaïques ou au moins psychorigides. L’identification est d’autant plus facile chez l’internaute français ou anglais qu’il lui suffit d’un clic pour s’associer, sans trop de risque, au mouvement. Et puis on ne sait pas – et on ne réfléchit pas – au type de régime que pourraient mettre en place ces manifestants : il se peut, en Egypte comme en Tunisie – comme en Syrie aussi – que les insurgés portent finalement au pouvoir des islamistes du type Frères musulmans, pas vraiment « cools » d’un point de vue jeuniste occidental !

Mais si on objecte ça l’opinion dominante a tôt fait de vous faire passer pour un salaud soutien des dictateurs, ou désinformateur au service du Baas (par exemple), risque que je prends moi-même en ce moment en vous disant ceci sur votre site (rires). Mais encore une fois, on est confronté à un phénomène d’hollywoodisation de l’info, les blogueurs, mais aussi les médias »sérieux », étant de plus en plus dans le storytelling, la belle histoire avec une fin édifiante qui verrait la victoire des « gentils » sur les « méchants ». Et tant pis pour le manichéisme, le refus de la complexité du monde.

-Il y a aussi certainement chez les journalistes un tropisme du changement, une forme de « bougisme » appliqué à l’actualité internationale…

-FBH : Sans aucun doute. Mon ami le chercheur en médiologie Daniel Bougnoux a résumé le problème des médias par cette formule trinitaire : « l’argent-l’urgent-les gens ». L’argent, c’est l’exigence de la rentabilité et d’un bon taux d’audience ; l’urgent, c’est la disponibilité réduite, brève, de l’attention du public, et la brièveté croissante du délai d’enquête ou de vérification dont dispose le journaliste, dans un monde de concurrence exacerbée et accélérée ; les gens, c’est les journalistes, milieu réduit et fort différent, dans son mode de vie et ses opinions, du reste de la population : il y a une déformation globale et importante de la vision du monde et de la société qu’a la caste médiatique par rapport à celle de la population « moyenne ».

Pour en revenir à la Syrie, percevez-vous dans le traitement médiatique de l’actualité de ce pays des zones d’ombre, de la désinformation d’obédience ou d’origine américaine ? La version « standard » de manifestants à mains nues affrontant un pouvoir surarmé et brutal est-elle crédible ?

-FBH : Moi, je ne doute pas que le régime baasiste soit capable d’ordonner à sa police de tirer. Cela dit, il est évident que des questions se posent, et des remarques s’imposent. D’abord, c’est une révolte contre des chiites, ce qui fait bien l’affaire de certains pays, musulmans mais pas chiites, surtout quand des tentatives de déstabilisation de l’Iran ont fait long feu. Tout ça ne prouve pas que Damas soit victime d’un complot saoudien ou américain, mais il est permis de se poser des questions. Et puis il y a ce problème récurrent, en Occident, du « deux poids, deux mesures » : on s’indigne de la répression en Syrie, et on passe sous silence celle pratiquée au Bahrein par l’armée saoudienne qui a étouffé le mouvement populaire menaçant la dynastie alliée à Ryad (et à Washington).

-Que pensez-vous des affirmations du gouvernement syrien faisant état de la mort de militaires et policiers tués par des insurgés armés ? On a vu des cadavres en uniforme, à Jisr al-Choughour, dans le nord du pays…

-FBH : Il m’est difficile d’être affirmatif, chacun fait sa propagande. Maintenant il n’est pas du tout impossible que les troupes de Damas se soient heurtés à des insurgés armés islamistes. Et si groupes armés il y a, ils sont forcément soutenus par des puissances étrangères : mon père a été résistant, il recevait ses armes des Anglais ! Mais pour les médias occidentaux, il vaudra mieux – toujours dans le cadre du storytelling édifiant et politiquement correct – tourner l’objectif vers des civils jeunes et désarmés, plutôt que sur des barbus en armes. Dans le cas des soldats apparemment tués à Jisr al-Choughour, on se retrouve dans le cas de figure suivant : la méta-propagande occidentale dit que les images syriennes sont de la propagande ! Ca me rappelle tout à fait cet épisode de la guerre de l’OTAN contre la Serbie quand Milosevic a reçu Ibrahim Rugova, figure de proue des Albanais du Kosovo, et dont les médias occidentaux avaient fait une sorte de Gandhi balkanique. Quand la télévision serbe a diffusé les images de cet entretien, pourtant bien réel, entre le « Gandhi » albanais et l’ »Hitler » serbe, l’OTAN a décrété qu’il s’agissait d’un montage, Rugova étant certainement au fond d’une geôle serbe : toujours ce besoin de décrédibiliser les images de l’adversaire.

Il est vrai qu’il est de plus en plus difficile au citoyen-téléspectateur moyen de s’y retrouver, la confusion et les contradictions, sinon l’imposture, sont partout : regardez Barak Obama, que nos médias ont « vendu » comme un mix de John Kennedy et Martin Luther King, on lui a décerné le prix Nobel de la Paix, moyennant quoi il envoie 50 000 G.I.’s en Afghanistan, avant ensuite d’annoncer un début de retrait américain dès cet été. A propos de l’Afghanistan, tout le monde sait, à commencer par les militaires, que c’est une guerre perdue. Mais les Etats occidentaux continuent officiellement d’entretenir la fiction d’une mission démocratique difficile, certes, mais qui doit être poursuivie. Ca aussi c’est de la désinformation, ou de la fuite en avant.

Depuis le temps que vous travaillez sur les médias et les manipulations qu’ils peuvent relayer, n’êtes-vous pas découragé ? La vérité, ou la dénonciation du mensonge, enseignent-elles vraiment ? Il y a eu l’Irak (deux fois), la Serbie, l’Iran, la Côte d’Ivoire et, aujourd’hui, la Libye et la Syrie, pays qui ont en commun d’être ou d’avoir été en butte à l’hostilité occidentale et d’avoir suscité un discours officiel et unanimiste dans les médias, dont beaucoup des termes se sont avérés faux. Bref, la désinformation continue, en dépit des travaux et colloques, en dépit de la contre-information parfois disponible sur internet…

-FBH : Oui, la désinformation continue, parce que c’est une arme politique et géopolitique. En ce qui concerne les médias, on doit incriminer, comme je l’ai déjà dit, les exigences d’un métier confronté de plus en plus à la concurrence et à la rapidité ; on doit aussi pointer la paresse et le conformisme idéologique de nombre de journalistes. Au fond qui fabrique l’info, en matière de politique étrangère ? Il y a les conseillers de la Maison Blanche, les « spin doctors » qui donnent souvent le la aux chancelleries – et aux médias – occidentaux. Et parfois ces spin doctors n’agissent pas, ou pas seulement, pour la grandeur et la sécurité de l’empire américain : entre autres, le conseiller aux affaires étrangères du candidat républicain John MacCain était payé par les Georgiens, des alliés stratégiques de Washington dans le Caucase. Et Dick Cheney, l’éminence grise néoconservatrice de George Bush Jr, un des grands artisans de la guerre d’Irak, avait des intérêts dans les entreprises travaillant à la reconstruction du pays, après la chute de Saddam Hussein…

Reste que, en dépit de tous les moyens employés à faire passer le message officiel dans les opinions, les promoteurs de la propagande disons « occidentale » sont soumis aux aléas de la démocratie d’opinion sur laquelle ils s’appuient : en clair, les « croisés de la Vertu », en Libye, en Afghanistan ou ailleurs, ont des obligations de résultats rapides. Car l’opinion occidentale se lasse vite, et pratique, comme les journalistes d’ailleurs, le « zapping » géopolitique. Si Kadhafi tient encore deux ou trois mois, par exemple, que pourra faire la coalition ? Pour en revenir au dossier syrien, on est bien obligé de constater une absolue concordance entre les buts géostratégiques américains et les mots d’ordre, campagne de presse et discours qu’on nous assène, de laCôte d’Ivoire à la Syrie en passant par l’Iran, le Soudan ou la bande de Gaza.

-Une dernière question : quel pourrait être le prochain pays à susciter une désinformation ?

-FBH : L’Iran me paraît demeurer un bon « client » pour ça.

-François-Bernard Huyghe, nous vous remercions.

Source : Info Syrie, Louis Denghien , 23-06-2011

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Pierre // 21.05.2016 à 01h47

Vincent. Je me pose également des questions sur ce « vent de révolte » en France. Une déstabilisation qui à terme permet à l' »état » de prolonger l’état d’urgence n’est-il pas en fin de compte favorable aux dirigeants de l’UE, afin de limiter les aspirations démocratique populaires ? Je pense que la question mérite d’être posée.

26 réactions et commentaires

  • Pierre // 21.05.2016 à 00h26

    Autrefois, les peuples étaient manipulés par le manque d’informations, de connaissances. Aujourd’hui, c’est dans la masse d’informations qu’ils se noient. Mais au moins aujourd’hui, nous avons un peu plus de moyens de ne pas nous laisser berner. Sachons en tirer en profit, en gardant un esprit critique, et surtout en nous méfiant de notre pire ennemi: nous-même, et ce que nous VOULONS croire (sans mauvais jeu de mot avec une série TV américaine bien connue)

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  • Hélène Clément-Pitiot // 21.05.2016 à 00h33

    Dommage que la question de l’Ukraine ne soit pas abordé…Pourquoi? Impossible de croire que la propagande soit à exclure. Un conflit d’intérêt dans le cadre de l’IRIS…?

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    • Pierre // 21.05.2016 à 00h54

      En même temps, même si je ne veux pas contredire la pertinence de votre propos, ce n’est pas le sujet évoqué…et je pense que la documentation archivée sur ce site permet de fonder sa propre opinion sur ce sujet. Cdlt

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      • vincent // 21.05.2016 à 01h01

        Comme dit plus bas, l’article date de 2011, l’histoire ukrainienne n’avait pas commencé, normal que cela ne soit pas évoqué. Je comprend d’ailleurs pourquoi certains propos me semblait décalés par rapport à la situation actuel, au vue de ce que l’on sait à présent, la date fait sens pour le coup.

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        • Jos Le Fur // 21.05.2016 à 06h44

          Très vrai, et c’est pourquoi il faudrait systématiquement indiquer la date EN HAUT de l’article. Cela améliorerait encore la (très bonne) qualité de ce site.

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    • atomik_49 // 21.05.2016 à 01h19

      L’Ukraine a commencé à réellement « coloniser » les médias à partir de début 2014. C’est à ce moment que la désinformation a explosé. Elle existait bien avant, mais ça ne passionnait personne.

      L’interview date de juin 2011 …

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    • Jo // 22.05.2016 à 05h39

      Voir la date de publication: Source : Info Syrie, Louis Denghien , 23-06-2011.
      Bizarre cet expert ne parle pas des sources de financement de l’info.
      En France c’est l’état qui paie toutes les infos de tous les merdias.
      Un Mr Météo qui n’est pas dans la bonne voie est viré sur le champ, alors que se passerait-il pour celui qui oserait dire une vérité sur la Syrie, sur l’Ukraine, la Russie, le Brésil, l’Argentine etc……

        +1

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    • chb // 24.05.2016 à 18h27

      Dommage que la question de la Libye ne soit pas abordée… Pourquoi? Impossible de croire que la propagande soit à exclure de la narrative « la défense de la démocratie par les gentils occidentaux tourne par malchance au chaos sectaire ».

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  • Ailleret // 21.05.2016 à 00h50

    L’intérêt de cet entretien sur le site de Louis Denghien, c’est sa date : 23 juin 2011. Je me rappelle qu’alors, on présentait les troubles en Syrie sur le modèle du « printemps arabe » : un peuple désarmé manifestant contre un pouvoir dictatorial. Lorsque le gouvernement syrien faisait état de soldats ou de policiers tués, nos médias disaient qu’ils avaient été abattus par le « régime » parce qu’ils refusaient de tirer sur la foule.

    Ce fut le cas à Jisr al-Choughour, comme à Baniyas. Pour ce dernier cas, j’avais lu le témoignage d’un universitaire américain, qui avait épousé la sœur d’un officier syrien : il déclarait que son beau-frère n’avait pas été tué dans le dos par les sbires de Bachar, mais qu’il avait trouvé la mort sur la rocade de Baniyas, dans une embuscade tendue par des hommes lourdement armés.

    Ce n’est que le 24 novembre 2011, à ma connaissance, que France Info a parlé de militaires syriens tués par les rebelles… Parce que Washington venait de critiquer cette opération !

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    • Pierre // 21.05.2016 à 01h18

      Non il y en a eu avant, et même des infos concernant des militaires syriens tués par des « rebelles » syriens armés depuis l’étranger (Quatar, E.A.U., je ne sais plus, mais j’avais reporté ce lien, dommage, je ne le retrouve plus). Ceci dit le lien suivant est également intéressant : https://www.youtube.com/watch?v=7meHDY6ZIoM
      On peut également noter la contre-offensive de type propagande qui était déjà à l’oeuvre :
      http://mai68.org/spip/spip.php?article2892

        +3

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  • vincent // 21.05.2016 à 00h56

    Ca va, je pense que je ne suis pas au stade où je crois aux aliens manipulant le monde et où je nie les réalités.

    Tant que l’on me présente des preuves, des faits, des témoignages, et que c’est cohérent, j’adopte, sinon pour le reste le point d’interrogation demeure, et ce n’est pas être « complotiste » que de le laisser si les réponses fournis sont insuffisantes.

    Le problème avec tout cela, c’est que l’on permet aux gouvernants d’agir ainsi alors qu’ils devraient rendre des comptes à leur peuple, et au vue des injustices crées et des nombreux pays détruit, il faut se responsabiliser, au moins par égard pour les victimes des actions de nos dirigeants. Ce cinéma ne doit pas continuer, ou alors il y aura encore beaucoup de destruction.

    Les autres pays font leur propagande si ils le souhaitent, après tout ils sont assez grand, mais la nôtre de propagande à tendance à avoir des conséquences désastreuse et à contribuer aux haines entre les peuples. Ici les tatars, ailleurs kurde, etc..

    Dites vous pensez que si on demande aux américains,y a moyens qu’ils financent et soutiennent le vent de révolte en france? Parce qu’on est jeune et branché et on lutte contre un état répressif. Ou alors il manque le critère sino slavo arabo perso africano latin?

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    • Pierre // 21.05.2016 à 01h47

      Vincent. Je me pose également des questions sur ce « vent de révolte » en France. Une déstabilisation qui à terme permet à l' »état » de prolonger l’état d’urgence n’est-il pas en fin de compte favorable aux dirigeants de l’UE, afin de limiter les aspirations démocratique populaires ? Je pense que la question mérite d’être posée.

        +30

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      • vincent // 21.05.2016 à 11h51

        Un représentant des forces de sécurité à parler de terrorisme quand à la voiture de policier brûler, hors pour avoir regarder la scène sous plusieurs angles, pour moi c’est plus un acte de sauvagerie calculer ou pas, que du terrorisme. Cela arrangerait bien le gouvernement que cela soit du terrorisme. Ce qui me fait marrer dans tout cela, c’est que tout les beau discours de dénonciation de Poutine lors de manif chez lui, n’existent plus en France en ce moment; RT d’ailleurs donne accès aux images des manifestation sans commentaires et sans montages. Je pense que l’on ne peut pas faire plus honnête comme approche des événements.

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        • Pierre // 21.05.2016 à 18h34

          Bien d’accord, mais il y a le fait, et l’interprétation qui en est faite, et donc la manipulation qui est sous-jacente derrière. On peut également relever la manipulation dans les ordres donnés aux forces de police (voir la revue de presse de la nuit dernière, qui pointe des interrogations des forces de l’ordre devant les consignes hiérarchiques, interrogations qui s’expriment depuis plusieurs semaines déjà). Comme vous, je suis RT (mais je ne m’y limite pas), et leur couverture semble être conforme à la déontologie journalistique. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’à ma connaissance, ses journalistes se sont fait agressés au moins 2 fois

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  • liène. // 21.05.2016 à 01h56

    « En Occident, la majorité des gens fonctionnent avec ce que j’ai pu appeler la « soft-idéologie », minimaliste car réduite aux droits de l’homme et à une liberté abstraite, et basée sur le principe qu’il n’existe pas d’alternative au système et à ses valeurs.  » A surligner en jaune fluo aussi !
    .
    la soft idéologie n’existe que parce qu’une autre idéologie extrêmement violente existe qui la porte dans son lit : l’économie de marché, le libéralisme, et son support financier le capitalisme. Cette idéologie là est violente, responsable de la mort de 4 millions de musulmans depuis 2001 dans tout le Moyen Orient selon Nafeez Mossadeq Ahmed qui l’a détaillé dans un article phare. Cette idéologie là passe de la diplomatie à la guerre d’un simple éternuement. Cette idéologie là fait hurler de colère dès que les pompes à essence sont vides, comme en Normandie ces jours-ci. Cette idéologie là rase, déboise, avale, englouti comme les chevalements d’extraction ou la bête humaine chez Zola, sans souci à part des miettes, envers les sujets qu’elle aliène. la soft idéologie des droits de l’homme, de la sécurité, de la liberté d’expression ne sont que des zombies médiatiques.

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  • Vassili Arkhipov // 21.05.2016 à 06h22

    Peut être que c’est une erreur de ma part, mais je crois qu’on surestime le nombre de réels « obsédés du complot ». Les reptiliens, et autres fantaisistes à mon avis ne sont qu’une marge ultra-minoritaire (jusqu’à preuve du contraire avec de réelles enquêtes pas made in Fourest). Et pourtant, à chaque fois qu’on parle de désinformation, il a y a toujours ce petit passage obligé pour dire que attention, le petit peuple se désinforme lui-même!
    Soyons sérieux, l’existence de ces théories farfelues n’est exploitée que pour contaminer par capillarité tous les gens qui essayent de réfléchir par eux-mêmes.

    « Tu penses que Assad n’avait strictement aucun intérêt à balancer des armes chimiques? —> tu contestes alors aussi le 11 septembre hein??? —> Ceux qui contestent le 11 septembre sont souvent ceux qui contestent la Shoah !! —-> foutez le moi dans le même sac que les reptiliens ! » (ligne argumentaire classique d’un quelconque journaliste.

    Arrêtez de nous tanner avec la théorie des hologrammes, les reptiliens, etc… à part quelques ados prépubères, personne n’y croit. C’est juste un cache-sexe pour les médias qui leur sert à dire « après nous le déluge ». Désolé pour la longueur du post…

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    • vincent // 21.05.2016 à 11h57

      Je suis d’accord, je considère qu’il est injuste de mettre dans le même sac ceux qui se posent des question légitimes et cohérente sur le 11/9 ou Assad, et ceux qui croient aux réptiliens. Je veux dire, un enquêteur, un détective privée, pour trouver les faits et les responsables il se pose un tas de question, même certaines qui peuvent être impensable en soi. Mais bon nous dès qu’on pose des question sur la possible entente entre divers personne sur le 11/9, on est catalogué farfelu.
      Et puis si question et doute il y a c’est que les réponses ne sont pas claire et catégorique. 2+2= 4 c’est catégorique et claire. Par contre « Avez vous sciemment laisser l’avion percuter le pentagone? »
      « Non » mais des témoignages semblent suggérer le contraire.
      Ce n’est pas catégorique.

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  • hellebora // 21.05.2016 à 11h24

    « Q : Quel pourrait être le prochain pays à susciter une désinformation ?
    -FBH : L’Iran me paraît demeurer un bon « client » pour ça »
    Et en mai 2016, il dirait quoi François-Benard Huyghe ? L’Algérie ? Qui d’autre ?

    Pour le reste, certains des articles + récents sont intéressants à lire :
    – comment l’accusation de complotisme est devenue un argument pour délégitimer les discours critiques : http://www.atlantico.fr/decryptage/comment-accusation-complotisme-est-devenue-argument-pour-delegitimer-discours-critiques-francois-benard-huyghe-2585390.html
    – les moyens mis en oeuvre par les pays européens pour contrer la propagande russe : http://www.atlantico.fr/decryptage/russia-today-sputnik-et-reseaux-sociaux-cette-propagande-russe-en-occident-qui-glorifie-kremlin-mais-mise-aussi-subversion-comme-2694025.html
    « Peu de choses ont été faites pour le moment mais c’est un thème qui est dans l’air du temps. Plusieurs décisions récentes de la Commission européenne visent à monter des actions de contre-propagande (souvent confondue avec la lutte contre le complotisme). Une patrouille a également été créée ; elle est chargée de contrer le discours pro-russe (ou anti-Occident) sur le net, mais elle n’est composée que de 8 personnes (qui ont été surnommées les « 8 Samouraïs »), on peut donc douter de son efficacité… « 

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  • gotoul // 21.05.2016 à 11h34
  • Django // 21.05.2016 à 11h40

    Sans les journalistes (présentateurs, équipes de rédaction des JT) jouant le jeu des politiques, ces derniers ne seraient plus rien. Si les journalistes faisaient leur boulot honnêtement, il n’y aurait pas toutes ces dérives totalitaires. L’UE n’existerait même pas. Ce sont les journalistes qui écrivent l’histoire au quotidien, ce sont les porte-paroles de la classe politique, qui elle, fait l’histoire. Bref, parfois la part de responsabilité des journalistes est aussi importante que celle des politiques, car sans leur appui et soutien, les hommes ou femmes politiques ne pourraient pas entuber le peuple aussi facilement.

      +7

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    • gracques // 21.05.2016 à 22h14

      Les journalistes ne sont que des employés ! Ils disent ou font ce que leur employeurs jugent être un bon boulot de journalistes…. et les plus carriéristes y croient , sincèrement.
      Sinon il y a Fakir ou Bakchich … ils n’ont pas les mêmes employeurs !

        +3

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  • Alae // 21.05.2016 à 13h46

    « la « soft-idéologie », minimaliste car réduite aux droits de l’homme et à une liberté abstraite, et basée sur le principe qu’il n’existe pas d’alternative au système et à ses valeurs. »

    Cette soft-idéologie ne suffisant pas à poser un projet positif de société, il ne reste plus aux pays qui la soutiennent qu’à tenter de se structurer en termes négatifs, à savoir non plus vers du mieux, mais contre un ennemi extérieur. D’où la suite de croquemitaines que la soft-idéologie fabrique avec la régularité d’une chaîne de production.
    Comme le souligne l’auteur, c’est totalement américain : depuis les débuts de la Guerre froide, ce pays ne se définit effectivement que « contre » (hier le communisme, aujourd’hui les BRICS ou les « dictateurs » de pays musulmans).

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    • Crapaud Rouge // 21.05.2016 à 19h45

      « c’est totalement américain : depuis les débuts de la Guerre froide, ce pays ne se définit effectivement que “contre” » : voilà qui est vrai dans les faits, (les guerres), mais très faux dans les discours officiels. C’est le terme « se définir » qui n’est pas juste dans votre phrase : ils se définissent comme les garants de l’Ordre Mondial et les protecteurs de La Liberté, avec tout le cortège des « valeurs » afférentes. Et cela exige, parce qu’ils ont le sens des responsabilités, (je plaisante…), qu’ils fassent la guerre à tout ce qui ne leur ressemble pas.

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  • caroline Porteu // 21.05.2016 à 18h49

    Pour ceux que les propos de François Bernard Huyghe intéressent , je ne peux que leur conseiller son dernier livre qui est passionnant :
    La désinformation les armes du Faux paru en Avril dernier chez Armand Colin

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  • noone // 21.05.2016 à 20h14

    L’inventeur de la propagande moderne est Edward Bernays, neveu de Sigmund Freud. Sa thèse est claire :

     – « Ce qu’il faut retenir, c’est d’abord que la propagande est universelle et permanente ; ensuite, qu’au bout du compte, elle revient à enrégimenter l’opinion publique, exactement comme une armée enrégimente les corps de ses soldats ».

     – «  La voix du peuple n’est que l’expression de l’esprit populaire, lui-même forgé pour le peuple par les leaders en qui il a confiance et par ceux qui savent manipuler l’opinion publique, héritage de préjugés, de symboles et de clichés, à quoi s’ajoutent quelques formules instillées par les leaders ».
     

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