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30.avril.201730.4.2017 // Les Crises

Un paradoxe français : antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance – par Simon Epstein

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Article de 2015 en lien avec les indécentes récupérations de l’Histoire – que je ressors car nous aimons le contre-pied sur ce site… Il est issu de la notice Wikipédia du livre « Un paradoxe français – antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance », de Simon Epstein, ouvrage paru en 2008 sur le parcours de nombreuses personnalités durant la guerre.

C’est bien entendu un très long billet qui se « picore » en survolant… Je vous conseille de vous attarder sur le prologue et les analyses et conclusions.

Enfin, pour prendre un contre-pied à ce contre-pied 🙂 , on lira par exemple Industriels et banquiers français sous l’Occupation et Les élites françaises, 1940-1944. De la collaboration avec l’Allemagne à l’alliance américaine d’Annie Lacroix-Riz. Il faut dire qu’une partie de la « gauche » était très proche du patronat – rien de bien nouveau sous le soleil… 🙂

Voici la notice de l’éditeur :

Spécialiste de l’antisémitisme, Simon Epstein a constitué au fil des ans un socle informatif considérable sur les itinéraires contrastés de deux catégories de Français : ceux qui protestèrent contre le racisme et l’antisémitisme dans les années 1920 et 1930, avant de s’engager dans la Collaboration ; et ceux qui exprimèrent une hostilité ou un préjugé à l’égard des juifs, puis qui se retrouvèrent, l’heure venue, dans la Résistance. Ce livre ne retrace ni l’histoire de l’antiracisme ni celle de l’antisémitisme ; il est l’histoire du passage de l’un à l’autre.

Les principaux chefs de la Collaboration ont traversé, chacun à sa manière, une phase de dénonciation de la haine antijuive ; beaucoup furent même militants de la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA). Réciproquement, de nombreux résistants, et non des moindres, sont originaires d’une extrême droite nationaliste qui, dans les années 1930, fut fertile en prises de positions hostiles aux juifs. C’est ce phénomène paradoxal que Simon Epstein décrit puis analyse, en s’appliquant aussi à démonter l’occultation dont ces chassés-croisés, déroutants certes mais significatifs, ont fait l’objet dans les mémoires françaises.

Prologue

Je complète l’article par une petite analyse maison…

Voici une citation du livre (si quelqu’un peut la mettre sur Wikipédia svp ):

« C’est sous l’impulsion de Daniel Mayer que la SFIO procédera à sa propre épuration en 1944. Elle le fera avec un acourage et une détermination qui manqueront aux autres formations, lesquelles témoigneront d’une indulgence excessive à l’égard de leurs représentants ayant failli, le 10 juillet 1940, à leurs devoirs républicains et patriotiques confondus. La moitié du corps parlementaire socialiste sera exclue du parti. Les non-exclus comprendront des députés ayant voté pour Pétain à Vichy, mais qui se sont rachetés, pour faits de résistance, ou faits d’opposition, pendant la guerre. Douze anciens ministres socialistes du Front populaire, sur un total de dix-sept encore en vie, seront sanctionnés pour leur vote du 10 juillet et pour leur attitude sous l’occupation, et seront exclus du parti. 12 sur 17, c’est une proportion dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle n’est pas négligeable. Elle reflète la puissance du courant qui a emporté les leaders et les militants du Front populaire en général, et de la SFIO en particulier, vers le pétainisme et la collaboration sous toutes ses formes. […] Ce fait, pourtant significatif sera assez fréquemment passé sous silence par les historiens du Front populaire.« 

Rappel : Daniel Mayer, grand Résistant SFIO lui, secrétaire général de la SFIO de 1943 à 1946, qu’il représente au sein du Conseil National de la Résistance ; ancien ministre du Travail, battu par Guy Mollet, sanctionné en 1954 pour son opposition à la Communauté européenne de Défense, sanctionné en 1957 pour son hostilité à la guerre d’Algérie ; ancien président de la Ligue des Droits de l’Homme ; ancien président du conseil constitutionnel de 1983 à 1986.

Par ailleurs, j’ai vérifié les informations (ça n’existait pas synthétiquement…).

1/ Pour le vote des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain le 10 juillet 1940 (source détaillée, ici les 80 ayant voté non):

  • il y avait 907 parlementaires en 1939 et 846 le jour du vote en raison de la déchéance du mandat de 61 communistes ;
  • il y avait 669 députés et sénateurs présents
  • 80 parlementaires refusèrent (5 périront en camp de concentration : Claude Jordery, Augustin Malroux, Léonel de Moustier, Joseph-Paul Rambaud, Isidore Thivrier, et deux assassinés, Marx Dormoy et François Camel), 569 acceptèrent (soit près de 88 % des exprimés et 63 % des parlementaires ; 84 % des députés présents et 87 % des sénateurs), 20 s’abstinrent ;
  • sur les 569 qui acceptèrent, on comptait 294 députés et sénateurs du Front populaire (moins les communistes) et 275 parlementaires dits de droite
  • il y avait 132 députés et sénateurs socialistes SFIO présents sur 166 parlementaires SFIO (34 absents) ; la SFIO représentait 20 % des parlementaires présents
  • 36 SFIO votèrent « contre » (représentant 45 % des contres), 90 parlementaires SFIO votèrent « pour » (représentant 16 % des pours) et 6 parlementaires SFIO se sont abstenus. Seuls 27 % des parlementaires SFIO ont voté contre les plein pouvoirs

En novembre 1944, 84 parlementaires SFIO furent exclus du parti (sur 166 parlementaires au total, soit 51 % du groupe…) ; 15 seront réintégrés par la suite.

2/ Pour les ministres SFIO du Front Populaire : Epstein reprend en fait une formulation juste de Marc Sadoun, mais tendancieuse, car elle exclut les morts…

Il y a eu 21 ministres et secrétaires d’État SFIO dans 4 gouvernements de la Chambre du Front populaire. après (un très long) pointage, voici leur devenir :

Les 4 morts :

  • Léo Lagrange, Sous-secrétaire d’État chargé des Sports – tué au front le 9 juin 1940 ;
  • Marx Dormoy, ministre de l’Intérieur (il mena d’ailleurs une politique vigoureuse de refoulement des réfugiés politiques clandestins) – refusa les pleins pouvoirs ; rapidement arrêté puis assassiné le 26 juillet 1941 par des Cagoulards ;
  • Henri Sellier, ministre de la Santé – il n’a pas pris part au vote des pleins pouvoirs ; un temps incarcéré par Darlan, il meurt le 24 novembre 1943 ;
  • Jean-Baptiste Lebas, ministre du Travail – il n’a pas pris part au vote des pleins pouvoirs ; il appelle dès août 1940 à la résistance, dans une brochure intitulée Le socialisme continue ! À la fin de l’été, il fonde l’un des tout premiers réseaux de Résistance en zone occupée, L’« homme libre », avec un journal du même nom ; condamné en avril 1942 à trois ans travaux forcés, où pendant deux ans, il travaille dans une ficellerie, onze heures et demie par jour ; il meurt d’épuisement et de maladie à 65 ans le 10 mars 1944 ;

Les 5 qui resteront membres de la SFIO à la Libération :

  • Léon Blum, Président du Conseil – il refusa les pleins pouvoirs ; rapidement arrêté et détenu toute la guerre ;
  • Vincent Auriol, ministre des Finances et de la Justice – il refusa les pleins pouvoirs ; rapidement arrêté, entra dans la résistance puis rejoint Londres ;
  • Marius Moutet, ministre des Colonies – il refusa les pleins pouvoirs ; entra dans la clandestinité, puis se réfugia en Suisse ;
  • Jules Moch, ministre des Travaux publics – il refusa les pleins pouvoirs ; entra dans la résistance, puis partit à Londres ;
  • Suzanne Lacore, Sous-secrétaire d’État chargée de la protection de l’enfance – une des trois femmes du Front populaire (donc non élue) ;

Les 12 qui furent exclus (merci aussi de compléter leurs fiches Wikipédia, muettes sur ce point…) :

  • Paul Faure, ministre d’État – cet ancien secrétaire général de la SFIO de 1920 à 1940 se rallia à Vichy, mais ne collabora pas, et parraina le journal collaborationniste L’Effort ;
  • Charles Spinasse, ministre de l’Économie – proche de Marcel Déat, vota les pleins pouvoirs, soutint Vichy, puis lança un journal collaborationniste L’Effort ;
  • René Brunet, sous-secrétaire d’État aux finances – proche de Marcel Déat, vota les pleins pouvoirs et soutint Vichy ;
  • Albert Bedouce, ministre des Travaux publics – vota les pleins pouvoirs ;
  • Robert Jardillier, ministre des PTT – vota les pleins pouvoirs, mort en mai 1945 ;
  • Fabien Albertin, sous-secrétaire d’État aux Travaux publics – vota les pleins pouvoirs ; « un peu » engagé, un temps, dans la collaboration de gauche ;
  • François Blancho, sous-secrétaire d’État à la marine de guerre – vota les pleins pouvoirs ;
  • Henri Tasso, sous-secrétaire d’État à la marine marchande – vota les pleins pouvoirs ;
  • Albert Sérol, ministre du Travail et de la Justice – pourtant un dur qui refusait la défaite, s’abstint pour les pleins pouvoirs ;
  • Georges Monnet, ministre du Blocus – voulu poursuivre le combat en Afrique, mais s’abstint pour les pleins pouvoirs, et reste neutre durant la guerre ;
  • André Février, Ministre du travail – vota les pleins pouvoirs ; mais entra dans la résistance dès 1941 ;
  • Albert Rivière, ministre des Pensions – vota les pleins pouvoirs ; aida cependant à l’évasion d’André Blumel et cacha des aviateurs canadiens (décoré de la Silver cross) ;

En conclusion :

  • la SFIO a exclu la moitié de son groupe parlementaire à la Libération ;
  • 12 anciens ministres sur 21 ont été exclus – soit quasiment la même proportion ;
  • soulignons qu’elle a été le parti le plus rigoureux dans son épuration

« Voici Léon Blum. Quelques rares et fidèles amis autour de lui. Où sont les 175 parlementaires socialistes ? Quelques-uns sans doute n’ont pu venir… mais les autres ? […] Sur 150 députés et 17 sénateurs socialistes nous ne sommes que trente-six fidèles à la glorieuse et pure mémoire de Vaillant, de Guesde, de Jaurès. » [Vincent Auriol]

« Tel camarade qui, à mon entrée dans la salle, s’était précipité vers moi la main tendue, m’évitait visiblement au bout d’une heure. […] De moment en moment, je me voyais plus seul, je me sentais plus suspect. Il ne surnageait plus que quelques débris intacts à la surface de la cuve dissolvante. […] Le sentiment cruel de ma solitude ne m’avait pas trompé ; j’avais bien eu raison de me juger désormais comme un étranger, comme un suspect au sein de mon propre parti. » [Léon Blum]

« Un représentant du peuple n’est pas élu uniquement pour déposer un bulletin de vote dans une urne, pour parler à la tribune, pour s’occuper de ses électeurs et pour recevoir son indemnité parlementaire à la fin du mois. Quand les circonstances l’exigent, il doit, comme un soldat, passer de la vie de garnison au champ de bataille et risquer sa liberté et sa vie pour remplir le mandat qu’il a lui-même sollicité. Là est l’honneur d’un élu du peuple et c’est cette conscience du devoir qui compense, qui rachète toutes les médiocrités du régime parlementaire. » [Léon Blum, Mémoires]


Fiche Wikipedia

Un paradoxe français, Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance est un ouvrage du chercheur et universitaire Simon Epstein, historien dont les travaux portent sur l’histoire d’Israël et de la France et spécialiste de l’antisémitisme.

Cet ouvrage publié en 2008 étudie le parcours de personnalités qui s’engagèrent dans l’antiracisme dans les années qui précédèrent la Seconde Guerre mondiale avant de s’impliquer dans la collaboration sous l’Occupation ; inversement, il établit la surreprésentation par rapport à leur poids politique des militants d’extrême droite, en particulier antisémites, parmi les fondateurs de la Résistance et les premiers soutiens du Général de Gaulle.

Ainsi, Simon Epstein constate que le gouvernement de Vichy compte dans ses rangs plus d’ex-philosémites que d’ex-antisémites, que les anciens du combat antiraciste furent nombreux au Rassemblement Nationale Populaire et à la direction du Parti Populaire Français, que certains s’engagèrent dans les Waffen-SS ; Simon Epstein rappelle que les antisémites abondent dans la Résistance, aussi bien dans les réseaux et les maquis, qu’à Londres ou à Alger. Ce que pourrait corroborer le fait que le quotidien communiste L’Humanité fasse, dans ses articles sur le retour des détenus dans les camps nazis, peu de mentions des Juifs.

L’ouvrage est composé de trois parties : « Les antiracistes dans la Collaboration », « Mémoire des dérives et dérive des mémoires », « Les antisémites dans la Résistance ».

Sommaire

« Les antiracistes dans la Collaboration »

« Les antisémites dans la Résistance »

Analyses et conclusions

Les antiracistes dans la Collaboration

Dans cette partie, essentiellement descriptive et prosopographique, Simon Epstein étudie le parcours des collaborateurs ayant eu des engagements antiracistes ou philosémites avant-guerre. Le terme antiracisme apparaît dans les années 1930. Il souligne préalablement que contrairement à une idée répandue, les antiracistes seront nombreux, actifs et visibles avant la guerre. L’antisémitisme, loin de triompher, pâtit de l’indifférence d’une opinion qui bien que fortement sollicitée lui restera majoritairement réfractaire et la LICA fort active, accole une base juive militante relativement stable à des personnalités non-juives qui par couches successives viennent exprimer leur soutien aux victimes de l’antisémitisme.

Les pétainistes

Membres du gouvernement et haut-fonctionnaires

La France de Vichy abonde en anciens philosémites et amis de la LICA : on les trouve au gouvernement, au conseil national, dans la diplomatie, dans l’administration.

  • Pierre-Étienne Flandin (1889-1958), dirigeant de l’Alliance démocratique, parti centriste, fut un philosémite militant. Il fut parmi les fondateurs du Comité pour la défense des droits des Israélites en Europe centrale et orientale. Sioniste, il est signataire d’un appel pour la paix en Terre sainte. Il se ralliera à Philippe Pétain et prendra la tête du gouvernement de Vichy entre décembre 1940 et février 1941 (il quittera son poste sous pression allemande qui le soupçonne d’anglophilie). Au moment des accords de Munich qu’il approuve, avec la grande majorité de l’opinion en France et en Angleterre, les communistes et certains nationalistes prennent violemment à parti Flandin à propos d’un télégramme de félicitations adressé à Adolf Hitler. Le royaliste Jacques Renouvin le giflera à deux reprises publiquement alors que Flandin déposait une gerbe sur le tombeau du Soldat inconnu (14 novembre 1938). Il s’en expliquait ainsi : « On a complimenté M. Chamberlain, on a complimenté M. Daladier, on a complimenté M. Mussolini. Alors j’ai complimenté M. Hitler ». Adolf Hitler lui répond par télégramme, en date du 2 octobre 1938 : « Je vous donne ici l’assurance de mes sentiments reconnaissants pour vos efforts énergiques en faveur d’une entente et d’une collaboration complètes entre l’Allemagne et la France ». Jacques Renouvin s’exprimera dans la presse sur la signification de son geste : « […] précisément parce que je suis un patriote cent pour cent, j’ai estimé qu’en portant des fleurs sur le tombeau de l’Inconnu après avoir eu le front d’envoyer ses félicitations scandaleuses à Hitler M. Flandin méritait une correction. Je l’ai donc giflé, espérant que cette leçon servirait aux Français égarés qui seraient tentés de se livrer aux mêmes bassesses ».
  • Lucien Romier (1885-1944), historien et journaliste dreyfusard est sincèrement antiraciste et ami de Léon Blum. Nommé ministre d’État (sans portefeuille), il fut le conseiller politique le plus écouté du Maréchal Pétain.
  • René Belin (1898-1977), syndicaliste, progressa rapidement dans la hiérarchie syndicale et fit figure de successeur de Léon Jouhaux, dirigeant de la CGT. Belin est proche de la LICA . Belin prend la parole à la grande réunion organisée par la LICA au Cirque d’Hiver à Paris le 19 juin 1939 et y dénonce le racisme et l’antisémitisme et sa solidarité avec les Juifs ; moins de dix-huit mois plus tard, ministre de la production industrielle, il est cosignataire du statut des Juifs de 1940.
  • François Chasseigne (1902-1977), dirigeant des Jeunesses communistes, est un militant antimilitariste et anticolonialiste, ce qui le conduira à faire de la prison. Il est « ami de la LICA » en 1936 , il rejoindra les « amis de la Waffen-SS » en 1944. Il devint ministre de l’Agriculture et du Ravitaillement de Vichy.
  • Marcel Peyrouton (1887-1983) vient du centre gauche républicain et se réclame de la tradition politique de Jules Ferry ; son antiracisme ne se traduit pas par des discours mais par des actes, notamment par des mesures contre l’agitation antijuive en Tunisie. Il fut ministre de l’Intérieur de Vichy et bien qu’hostile aux Allemands, il participera à l’élaboration du premier statut des Juifs en 1940.
  • Joseph Barthélémy (1874-1945) fut député du Gers et professeur de droit constitutionnel ; il protestera et pétitionnera contre les mesures anti-juives en Allemagne et en Roumanie dans les années 1930 et traitera Hitler de « crapuleux aliéné de Berchtesgaden ». Ministre de la justice de Vichy, il est responsable du deuxième statut des Juifs, plus rigoureux que le précédent.
  • Georges Ripert (1880-1958), doyen de la faculté de droit de Paris, dénonce l’antisémitisme allemand et incite les étudiants français à accueillir leurs condisciples réfugiés d’outre-Rhin. Secrétaire d’État à l’instruction publique du gouvernement de Vichy de septembre à décembre 1940, il procède aux premiers renvois d’universitaires juifs des facultés françaises.
  • Jérôme Carcopino (1881-1970), remplacera Ripert de février 1941 à avril 1942. Historien prestigieux du monde antique, dreyfusard et fils de dreyfusard, il proteste contre l’exclusion de l’université italienne de professeurs juifs avant de proposer lui-même un numerus clausus dans les universités françaises. Carcopino présentera une apologie systématique du pétainisme et de son rôle en particulier : le but était de limiter les dégâts en ne consentant aux Allemands que le minimum nécessaire et de préserver l’avenir en maintenant une souveraineté française mais partielle.
  • Abel Bonnard (1883-1968) est un ami de Marcel Proust et un académicien français. Sa critique du racisme et ses amitiés juives sont connues. Néanmoins, il évolue et devenu ministre de l’Éducation en avril 1942, il se range parmi les radicaux de la collaboration.
  • Pierre Cathala (1888-1947) fut membre du parti radical et plusieurs fois ministre dans les années 1930. Il est signataire d’une protestation des avocats de Paris contre les traitements odieux infligés aux intellectuels et est un ami de la communauté juive<. Il sera ministre des finances de Laval en 1942 et fondateur du RNP de Marcel Déat.
  • René Bousquet (1909-1993), radical-socialiste, proche de Roger Salengro, occupant après la victoire électorale de la gauche en 1936 un poste stratégique, il jouera un rôle important dans la déportation des Juifs de France.
  • Max Bonnafous (1900-1975), normalien, intellectuel nostalgique de Jean Jaurès, vient du centre-gauche. Il est candidat à la députation en 1936 et proclame son soutien au Front populaire. En avril 1942, il est ministre de l’Agriculture et du Ravitaillement de Pierre Laval.
  • Georges Scapini (1893-1976), fut député de la Seine en 1928. En 1937, il est en liaison avec un militant juif, qui l’informe des agissements de Darquier de Pellepoix. Scapini sera ambassadeur de Pétain, chargé de la protection des prisonniers de guerre français en Allemagne. Il acceptera le principe de baraques distinctes pour les Juifs et les non-Juifs.
  • Gaston Bergery (1892-1974), membre du parti radical et député de Mantes en 1928, Bergery entre en rapport avec la LICA en 1932 par l’entremise de Georges Pioch, qui était dreyfusard et philosémite, dirigeant de la LICA et fut déatiste modéré sous l’occupation. « Le racisme et l’antisémitisme sont contraires à l’idée de nation » affirmera-t-il. Néanmoins, il évolue et trouve les Juifs trop nombreux dans les cabinets ministériels du gouvernement Blum. Il sera ambassadeur de Vichy à Moscou et Ankara.
Ambassadeurs

Parmi les antiracistes devenus ambassadeurs de Vichy, Simon Epstein cite Léon Bérard (1876-1960), Maurice Colrat (1871-1954), Henri Rollin (1855-1955).

Députés ayant voté les pleins pouvoirs à Pétain ou s’étant abstenu

Simon Epstein remarque que de nombreux députés antiracistes, parfois membres de la LICA s’abstinrent ou votèrent pour Philippe Pétain en juillet 1940 et il étudie le parcours d’un grand nombre d’entre eux.

Syndicalistes

Simon Epstein décrit le parcours pétainiste de nombreux syndicalistes : Georges Lefranc (1904-1985), historien du Front populaire, normalien de la même promotion que Sartre et Aron ; André Delmas (1899-1979) membre du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, proche du Front populaire avant-guerre, il est proche de Marcel Déat et écrit sous un pseudonyme, dans La France socialiste, journal pro-nazi destiné à un public ouvrier ; plusieurs dirigeants de la CGT comme Pierre Vigne, Claude Liochon (1880-1941), Albert Salembier…

Universitaires, écrivains, journalistes

Simon Epstein décrit aussi le parcours d’universitaires, écrivains, journalistes qui abondèrent en déclarations antiracistes dans les années 1920 et 1930 et auront par la suite une attitude ambigüe ou basculeront dans la collaboration.

Les collaborateurs

L’origine politique des collaborateurs et l’analyse de leurs motivations profondes fait partie des sujets d’étude du professeur Simon Epstein. Il découvre que nombre d’entre eux s’engagèrent contre le racisme et l’antisémitisme avant-guerre.

  • Paul Chack (1876-1945) : son antiracisme initial est incontestable ; deux périodiques juifs signalent sa présence, à la tribune des personnalités invitées lors de la grande réunion publique de protestation contre l’antisémitisme nazi au palais du Trocadéro le 10 mars 1933 ; il sera un partisan maximaliste de la Collaboration.
  • Marc Augier (1908-1990) vient de la gauche socialiste ; il anime le centre laïc des auberges de jeunesse (CLAJ), devient membre du cabinet ministériel de Léo Lagrange, sous-secrétaire d’État aux Loisirs et au Sport du Front populaire ; influencé par Alphonse de Châteaubriant, il rejoindra la LVF et les Waffen-SS.
  • Jean-Marie Balestre qui vient de la gauche anti-raciste et humanitaire, fut membre de la SFIO et de la LICA. Antiraciste passionné en 1939, il s’engagera à la fin de la guerre dans la LVF puis la Waffen-SS.
  • Philippe Merlin, venu de l’extrême gauche pacifiste et trotskisante, milite avant la guerre à la Fédération des étudiants révolutionnaires ; pendant la guerre, il rejoindra les Waffen-SS et sera éditorialiste au très collaborationniste Jeune Force de France.
  • René Binet (1913-1957), trotskiste avant la guerre, s’engagera dans la Waffen-SS en 1944, et sera un porte-parole du néonazisme dans la France des années 1950.
Le POPF

Simon Epstein s’intéresse également aux membres du parti communiste ayant quitté le parti communiste pour protester contre le pacte germano-soviétique, qui fondèrent une éphémère Union populaire française(UPF), se rallièrent au maréchal Pétain en juillet 1940, furent proches pour un temps d’un autre ancien communiste Jacques Doriot, puis se regroupent au sein du Parti ouvrier et paysan français (POPF). Ils prônent la collaboration prolétarienne tout en restant discret sur l’antisémitisme : ils diffusent la célèbre affiche reproduisant un texte de Marcel Cachin, le vieux dirigeant communiste qui condamne les attentants contre les soldats allemands. Certains d’entre eux ont été membres de la LICA. On peut citer Marcel Brout (1887-1957), Marcel Capron (1896-1982), Jean-Marie Clamamus (1879-1973).

La mouvance de Marcel Déat et le RNP

Simon Epstein consacre de nombreuses pages à la mouvance de Marcel Déat dont beaucoup de proches le rejoindront au RNP. On trouve une très forte concentration d’anciens de la LICA et d’antiracistes parmi les partisans de Marcel Déat qui fut lui-même très proche des autres organisations de lutte contre l’antisémitisme68. Une fois parti Eugène Deloncle, venu de la droite mais qui s’orientera vers la Résistance, le « socialisme démocratique et antiraciste règne au RNP ». Quant aux Jeunesses nationales populaires, elles sont dirigées par des militants provenant des Étudiants révolutionnaires ou d’autres structures de l’extrême gauche trostkisante de la période. L’Œuvre déatiste abrite de vieux dreyfusards : Francis Delaisi, Alexandre Zévaès, Georges de La Fouchardière et d’autres.

  • Marcel Déat (1894-1955) intellectuel de talent adhère à la SFIO dès après la guerre : il prône la participation des socialistes au gouvernement et l’alliance des classes moyennes et du prolétariat ainsi qu’une méthode de gouvernement la concertation et le planisme ; en 1933, Déat et ses proches, Renaudel, Marquet et Montagon font scission et fondent le Parti socialiste de France-Union Jean Jaurès. Ils fusionnent avec deux groupes de gauche modérée pour former en 1935, l’Union socialiste républicaine. Déat est membre du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. Marcel Déat et ses amis soutinrent le Front populaire. Les néo-socialistes comptent des Juifs comme Edgar Milhaud et André Lévy. Marcel Déat est orateur en 1933 à un rassemblement de protestation contre l’antisémitisme hitlérien. Il prend la parole à des diverses réunions antinazies de la LICA. Il participe en novembre 1935 à une réunion de protestation des lois de Nuremberg et affirme « nous sommes un peuple de métis ». Invoquant Hegel, Fichte,Schelling, Kant, Goethe et Schiller, il souhaite que l’Allemagne renoue avec l’humanisme et retrouve son véritable visage. Pro-sioniste, il est au comité France-Palestine, au Comité de défense des droits des israélites en Europe centrale et orientale. Le droit de vivre, journal de la LICA, dans son numéro du 25 avril 1936, appela à voter Déat et publia sa photo. Associé à la LICA autant qu’à d’autres structures pro-juives, Déat est l’un des hommes politiques français qui protestent le plus contre l’antisémitisme et le racisme dans les années 1930. Pacifiste depuis toujours, il publie en 1939 dans L’Œuvre un article retentissant dénonçant les garanties données par la Grande-Bretagne à la Pologne et s’insurge contre l’idée que les ouvriers et paysans français aient à verser leur sang pour une cause aussi lointaine. Il sourit de la forfanterie des Polonais qui s’estiment en mesure d’affronter victorieusement l’armée allemande et ses divisions blindées : « Combattre aux côtés de nos amis polonais pour la défense commune de nos territoires, de nos biens, de nos libertés, c’est une perspective qu’on peut courageusement envisager, si elle doit contribuer au maintien de la paix. Mais mourir pour Dantzig, non ! » Après la défaite, il entreprend aidé de parlementaires de gauche et de droite, la constitution d’un parti unique destiné à promouvoir les valeurs du nouveau régime mais il se heurte à l’hostilité de l’entourage du Maréchal, « trop conservateur pour être tenté par l’aventure totalitaire ». Il fonde le RNP et après le départ des éléments droitiers, Déat réorganise sur une base idéologique homogène son parti en réservant les postes à des militants socialistes et syndicalistes.
  • Paul Perrin (1891-1950) député de la Seine, membre de la SFIO, puis néo-socialiste, membre du comité central de la LICA. Dans une réunion publique à la Mutualité, il tonne contre les pogroms de la Nuit de Cristal, invoquant « l’idéal républicain français » et les idéaux de liberté et fraternité humaine. Il participera aux instances dirigeantes du RNP, fréquentera France-Europe, groupe collaborationniste de gauche.
  • André Grisoni (1886-1975), maire de Courbevoie et membre de la loge maçonnique Emile Zola. Antiraciste convaincu, il est membre du comité central et de la commission de propagande de la LICA82. Proche de Laval, il militera au RNP83.
  • Maurice Levillain (1892-1974), conseiller municipal de Paris, puis président du conseil général de la Seine. Sympathisant de la LICA, il est membre dirigeant du RNP pendant la guerre.
  • Barthélemy Montagnon, (1889-1969), député de la Seine entre 1932 et 1936 est très proche de la LICA. Il est au RNP et ne cesse de se réclamer de Jean Jaurès.
  • Paul Rives (1895-1967), député SFIO de l’Allier, fut un proche de la LICA. Il codirige après 1940 le journal L’Effort avec Charles Spinasse. Membre du RNP, il insista en 1942, sur la nécessité d’une victoire de l’Allemagne. Les Cahiers antiracistes le rangeront en 1944 parmi les antiracistes fervents de l’avant-guerre.
  • L’enseignant René Château (1906-1970) est député radical-socialiste de Charente-Maritime. Membre du comité central de la Ligue des droits de l’homme, il est membre du CVIA. Il entre à L’Œuvre de Marcel Déat, puis passe à La France socialiste, quotidien de la collaboration de gauche. En 1942, il dénonce le rôle des trois internationales : la capitaliste, la bolchevique, la juive et s’en prend particulièrement à cette dernière. Cependant hormis cet article, il est plutôt discret sur la question juive. Il s’éloigne de Déat à qui il reproche là ses positions maximalistes et est exclu du RNP en 1943. Il se consacre dès lors à sa Ligue de la pensée française, regroupant des intellectuels pacifistes de gauche, certes pro-allemands, mais rebutés par la nazification du RNP. René Château mènera campagne après la Libération contre les atrocités commises selon lui par les résistants.
  • Claude Jamet (1910-1993), normalien, enseignant, disciple d’Alain, membre du CVIA penche pour les communistes en 1934 puis pour les socialistes en 1936. Contre l’antisémitisme, Jamet se réclame de Hegel pour qui le peuple juif est le peuple de l’Esprit. Pendant la guerre, il est chroniqueur à La France socialiste puis rejoint la Ligue de la pensée française de René Château.
  • Le normalien René Gérin (1892-1957) est un officier combattant de la Grande Guerre. Pacifiste intégral il est secrétaire général de la Ligue internationale des combattants de la paix. Il est violemement et publiquement hostile à l’antisémitisme hitlérien. Il tiendra la rubrique littéraire de L’œuvre de Marcel Déat et rejoindra la Ligue de la pensée française. Sa peine à la Libération (huit ans de travaux forcés) est jugée excessive par plusieurs résistants et il sera libéré en 1946.
  • Camille Planche (1892-1961), député de l’Allier rallié à la SFIO fait partie des amis de la LICA qui salue sa réélection en 1936. Pacifiste, il soutiendra Pétain et rejoindra la Ligue de la pensée française de René Château.
  • L’enseignant lyonnais, Léon Émery (1898-1981) milite comme Gastion Bergery à la Ligue des droits de l’homme, à la LICA, au CVIA. Pendant la guerre, il est favorable à la victoire allemande pour sauver l’Europe de l’impérialisme russe. Cependant, il ne s’en prendra pas aux Juifs et en sauvera même un de la déportation, le pacifiste intégral Michel Alexandre.
  • Ludovic Zoretti (1880-1948) universitaire et syndicaliste milite à la SFIO dans la fédération du Calvados ; il est un chef de file du pacifisme au sein du parti socialiste. Au plus fort de la crise tchèque, en septembre 1938, il explique que « le peuple français n’est pas prêt à faire la guerre et à détruire une civilisation pour rendre la vie plus facile aux cent mille juifs des Sudètes ». Il se défendra néanmoins de tout antisémitisme et se réconciliera avec le président de la LICA Bernard Lecache en décembre 1938, ce dont témoigne deux lettres. Marcel Déat, devenu ministre du travail de Pierre Laval lui confiera le projet de création d’une université ouvrière.
  • Autre dirigeant du RNP, Georges Dumoulin (1877-1936), qui jeune mineur découvrit la lutte prolétarienne, devint un dirigeant politique et syndical, internationaliste « zimmerwaldien » pendant la Grande Guerre. Membre de la SFIO et de la LICA où il est très actif et qu’il cherche à implanter dans le Nord, il prend position contre l’antisémitisme en 1939 dans le journal de la LICA. Dumoulin écrit dans un hebdomadaire ouvriériste qui s’adonne pendant la guerre à l’antisémitisme le plus débridé. Dumounlin prône l’alignement du syndicalisme française sur l’Allemagne nationale-socialiste. Membre du RNP, il anime le centre syndicaliste de propagande tournée vers les ouvriers.
Jacques Doriot et le PPF

Les anciens communistes et l’extrême gauche maîtrisent le PPF ; à sa création, le directoire du PPF comprend 7 membres : 6 sont des anciens communistes. À la fin du PPF, le triumvirat qui dirige le parti est composé de trois anciens militants d’extrême-gauche. Non seulement l’armature dirigeante du parti mais une part considérable de son assise militante est composée d’anciens communistes.

  • Jacques Doriot (1898-1945) progressa très vite dans la hiérarchie communiste : orateur de choc, meneur d’hommes et militant exceptionnel, très antimilitariste (notamment pendant l’occupation de la Ruhr en 1923) et très anticolonialiste (en particulier pendant ma guerre du Maroc 1925), il devint député et maire communiste de Saint-Denis. Au début des années 1930, il entretient d’excellents rapports avec Bernard Lecache et la LICA. En 1931, pour illustrer les appuis dont elle dispose dans le monde politique, la LICA cite le cas de Jacques Doriot, qui est davantage proche de cette organisation que la plupart des dirigeants du parti. Doriot est rejeté du parti car il prône l’alliance des forces de gauche contre le « fascisme ». Il devient anticommuniste alors que peu après le parti se rallie à ses thèse. Doriot fonde le PPF au cours duquel certains militants saluent le point fermé et d’autres le bas tendu, signe de la mutation de son parti. Le PPF a ses débuts n’est pas antisémite : selon Maurice Duverger, il y a des juifs dans le parti à tous les niveaux et le PPF fit des funérailles grandioses à Alexandre Abremski en février 1938, dirigeant juif cofondateur du parti. Le PPF devient antisémite et antisioniste après la mort d’Abremski. Il devient antisioniste et favorables aux musulmans d’Algérie : il demande la protection de la langue arable la création d’écoles coraniques. Le docteur Djilali Bentami est le chef des sections musulmanes du parti, demande la révision du décret Crémieux mais Doriot lui-même reste discret sur l’antisémitisme. Doriot affirme son antisémitisme en septembre 1940 : » L’Europe a subi tant de malheurs de leur fait, décidera sans doute de se séparer des Juifs. Elle leur assignera un territoire lointain, où enfin jetés, ils réfléchiront à loisir sur les inconvénients qu’il y a à provoquer des guerres pour le bon plaisir d’Israël » Le PPF est plus antisémite que le RNP.
  • Maurice-Ivan Sicard (1910-2000), le futur écrivain Saint-Paulien est originaire de l’extrême gauche antifasciste sans être passé par le parti communiste. Violemment hostile aux « morveux de l’Action française », aux « cafards des Jeunesses patriotes », méfiant à l’égard de tout rapprochement avec la bourgeoisie. Sicard bascule en 1936 lorsqu’il prône le rapprochement franco-allemand et attaquent les Juifs qui poussent à la guerre. Il rejoint le PPF, dirige les jeunesses doriotistes, devient rédacteur en chef de L’Emancipation nationale, l’organe du parti. Ses éditoriaux pendant la guerre sont hostiles aux Juifs. Dans son Histoire de la Collaboration parue en 1964, Saint-Paulien évoquera mais sans la renier sa jeunesse internationaliste et pacifiste.
  • Simon Sabiani (1888-1956) fut membre de la SFIO en 1919, il commanda des groupes musclés qui sèment le trouble dans les réunions électorales de la droite, empêchant ainsi Léon Daudet de prendre la parole à Marseille. Membre du parti communiste puis de l’Union socialiste-communiste (USC), il est élu député socialiste indépendant en 1928. Il rejoignit la LICA et participe à des rassemblements de dénonciation des persécutions hitlériennes. Il rejoindra le PPF et sera un collaborateur radical, surtout après la mort de son fils François engagé dans la LVF sur le front russe.
  • Pierre Thurotte, conseiller municipal SFIO de Saint-Quentin, délégué à la propagande des Jeunesses socialistes, il dépose en 1933, une motion d’union avec les autres organisations de jeunesse révolutionnaires, notamment trotskistes et communistes et dénonce violemment l’hitlérisme. Il ralliera le PPF et prendra la parole au deuxième congrès national du PPF au nom des socialistes ayant rejoint le parti (moins nombreux que les communistes). Il en sera membre du bureau politique et très actif dans l’appareil du parti pendant la guerre.
  • Bertrand de Jouvenel (1903-1987), à demi-juif, fier de sa naissance « parce qu’elle est le fruit d’une campagne pro-Dreyfus de mon père Henry de Jouvenel, campagne qui le fit remarquer par Alfred Boas, industriel, infirme d’une blessure de guerre en 1870. Suivit le mariage avec Sarah Boas ma mère », écrira-t-il au soir de sa vie. Homme de gauche, pacifiste et partisan convaincu de la réconciliation franco-allemande, Jouvenel est avec Luchaire à Notre Temps à la fin des années 1920. Il publie en 1936 une interview d’Hitler, dans laquelle il insiste sur la volonté de paix du chancelier allemand et évolue vers un fascisme de gauche qui le conduit au PPF en 1936. Visitant l’Allemagne en septembre 1938, il est imrpessionné par la puissance allemande et le fanatisme nazi : « on n’a rien vu de semblable depuis Mahomet » écrira-t-il. Il rejoindra le PPF mais le quittera après les accords de Munich et sera attentiste pendant la guerre.
  • Ramon Fernandez (1894-1944), journaliste et écrivain est un militant antiraciste et antifasciste ; c’est lui qui communique à la NRF, l’appel de création du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. Il adhère au PPF en 1937 et devient progressivement antisémite. Il tient la chronique littéraire des journaux du PPF et la guerre l’intègre au Tout-Paris de la collaboration littéraire et artistique. Cependant, il n’écrivit pas contre les Juifs pendant la guerre, avait à cœur selon son fils de monter dans le wagon de queue du métro réservé aux Juifs ; il fit aussi un éloge funèbres d’Henri Bergson qui entraîna une rupture avec Céline et fut l’ami de Marguerite Duras.
  • Pierre Bonardi, journaliste et homme de gauche (1887-1964) visite la Palestine en 1926 et en revient enthousiasmé. Sioniste et philosémite, il polémique âprement avec les nationalistes arabes, il est un orateur apprécié et un membre du comité d’honneur de la LICA. Exclu du parti radical-socialiste, il adhère au PPF. Pendant la guerre, il soutient Pierre Laval et prône la ségrégation comme solution à la question juive.
  • Pierre Drieu la Rochelle (1893-1945) est après la grande guerre résolument philosémite : « Je te vois tirant et mourant derrière le tas de briques ; jeune Juif, comme tu donnes bien ton sang à notre patrie. » Dans ses carnets d’étudiant, il écrivait : « Deux êtres que je passerai ma vie à découvrir = la femme et le Juif. » En 1931, il se moque des théories racistes. En juin 1933, Bernard Lecache, le salue parmi les personnalités qui aux côtés de la LICA mènent le combat contre l’antisémitisme et le fascisme. C’est à la suite d’un voyage à Berlin en 1934 qu’il commence à être fasciné par le national-socialisme tout en protestant contre l’idée qu’il ait basculé en faveur du racisme et du régime hitlérien. En 1934, il écrit le livre Socialisme fasciste qui témoigne de sa fascination pour l’expérience totalitaires fasicsites et nationales-socialistes. Il adhère en 1936 au PPF puis le quitte en désaccord avec la ligne du parti favorable aux accords de Munich. Il y reviendra en 1942 et sera un partisan déterminé de la collaboration avec l’Allemagne nationale-socialiste. Deux ans ont suffi pour transformer cet antifasciste convaincu en fasciste radical. Dans son testament politique, Drieu avait écrit : « Je meurs antisémite (respectueux des Juifs sionistes. »

Les anciens de la LICA, adversaires de l’antisémitisme sont moins nombreux chez les amis de Doriot que ceux de Déat mais on les trouve quand même en quantité importante. Outre Doriot, le parti compte à sa tête des ex-philosémites, « militants ou périphériques de la LICA » dont deux dreyfusards :

Remarques sur l’origine politique des collaborateurs

De nombreux militants du PPF, du RNP et du POPF proviennent de la gauche. Il en va de même de toutes les structures de la collaboration ouvrière et socialiste : Ligue de la pensée française, Comité ouvrier de secours immédiat, groupe France-Europe. Les dirigeants, animateurs, idéologues, militants ou adhérents de ces groupements sont presque tous des gens de gauche, qui continuent de se réclamer, pour la majorité d’entre eux de leur appartenance première. Le groupe Collaboration est pour sa part doté d’un président-fondateur venu du pacifisme, d’un animateur formé à la SFIO, aux Auberges de jeunesse, au Front Populaire : Marc Augier.

Les structures collaboratrices non issues de la gauche regroupent beaucoup moins de monde que le RNP et le PPF : c’est vrai des Francistes de Marcel Bucard, non racistes à l’origine, de la Ligue française dePierre Costantini, du Front franc de Jean Boissel. Ces groupuscules « virulents et farfelus » ont des effectifs cumulés qui n’atteignent pas ceux des structures collaborationnistes issues de la gauche.

Le principal dirigeant du MSR fut un cagoulard : Eugène Deloncle. Mais une fois celui-ci parti, il fut remplacé par Georges Soulès qui venait du trotskisme, des Étudiants socialistes, de la SFIO de la tendance « Gauche révolutionnaire » de Marceau Pivert, ainsi que par André Mahé, qui fut militant syndicaliste et libertaire. L’adjoint de Soulès, Paul Vayre, était lui « de bonne culture marxiste et même bolchevik, mais dégoûté du stalinisme et tourné vers une sorte de national-communisme idéal.

La Milice mérite une attention particulière : Darnand vient de la droite radicale et il confie des postes clefs à des gens ayant un parcours similaire au sien. Des personnages importants de la Milice ont fait leurs classes dans les rangs de la gauche : le second de Darnand, Francis Bout de l’An, venu de la Ligue d’action universitaire républicaine et socialiste, François Gaucher, qui fut socialiste, Roger Poisson venu du parti socialiste ouvrier et paysan plus à gauche que la SFIO. Simon Epstein remarque que plus la milice se nazifia, notamment lors de sa fusion dans la division SS Charlemagne, plus elle se proclama européenne, plus les chefs miliciens venus de la gauche et de l’extrême gauche prirent le pas dans l’organisation. La même remarque concerne Je suis partout : après le départ de Robert Brasillach, ce sont les éléments venus de la gauche, Alain Laubreaux et Pierre-Antoine Cousteau, qui positionneront le journal sur un créneau maximaliste pro-hitlérien.

Simon Epstein affirme : « Au total, les originaires de la gauche et de l’extrême gauche sont dominants au RNP et au PPF, qui sont les deux grands partis du pro-nazisme français. Ils forment la totalité des militants du POPF et de toutes les organisations du collaborationnisme prolétarien. Ils s’implantent au MSR. Ils sont présents en bonne position, et en quantité non négligeable, à la Milice, à Je suis partout et aux Waffen-SS. Qu’ils aient viré au fascisme le plus extrême ou qu’ils continuent à se réclamer de la gauche et de ses valeurs, ils forment une composante prépondérante, et non une frange annexe, du collaborationnisme parisien ».

À l’issue de son parcours des antiracistes dans la collaboration, il conclut en disant que leur histoire se confond ainsi, pratiquement, avec l’histoire de la collaboration.

Les antisémites dans la Résistance

Selon Simon Epstein, concernant les antisémites issus de l’extrême droite :

« Leur poids n’excède pas celui des communistes, mais dépasse largement celui des anciens de la SFIO et du parti radical. Si l’on se place avant le 22 juin 1941, c’est-à-dire avant l’entrée massive des communistes dans la Résistance, à la suite de l’attaque allemande contre l’URSS, leur poids relatif s’accroît encore. Le poids de l’extrême-droite est considérable dans la résistance non communiste. Replacé dans la Résistance des débuts, quand il n’y avait personne ou presque, leur apport est crucial. »

Après la guerre, certains ne renieront pas leurs idées d’origine, tout en critiquant les rigueurs de l’épuration, puis participeront aux combats pour l’Algérie française, voire pour le Front national de Jean-Marie Le Pen. D’autres deviendront gaullistes. D’autres personnalités venues de cette « droite antijuive » deviendront des figures de la gauche intellectuelle des années 1950-1970 : Emmanuel d’Astier, Claude Roy, Maurice Clavel, etc. Certains seront favorables à Israël, d’autres non, indépendamment de leurs orientations politiques.

Réseaux et maquis

  • Georges Loustaunau-Lacau (1894-1955) : sera le créateur du réseau Alliance. Ce nationaliste anime un groupement antimarxiste, anti-allemand et antisémite “la Spirale” et diffuse un petit journal L’Ordre national. Préoccupé par l’impréparation de l’armée française, il se bat bravement en 1940. Il gagne Vichy où Xavier Vallat lui confie pour un temps assez bref la direction de la Légion française des combattants. Il utilisera cette couverture pour abriter ses premières activités antiallemandes. Arrêté par les Allemands, il est interrogé, torturé puis déporté. Il décrira les atrocités de Mauthausen. Ayant survécu à une marche de la mort, il publiera des mémoires et décrira les atrocités commises contre les Juifs. Il sera élu député en 1952, mettant la République en garde contre le communisme.
  • Marie-Madeleine Méric (1909-1989) : née Bridou, proche collaboratrice de Loustaunau-Lacau à “la Spirale” et à L’Ordre national. Elle le remplace à la direction de l’Alliance, après son arrestation en 1941. Elle finira par rattacher l’Alliance au BCRA gaulliste. Fourcade sera après la guerre une amie de la LICA et d’Israël. Elle décrira dans ses mémoires l’épopée de la Résistance.
  • Le colonel Georges Groussard (1891-1980) : s’affaire avant la guerre dans les réseaux d’officiers nationalistes et anticommunistes. Aidé d’un ancien de la Cagoule, il crée en 1940 les Groupes de protection du régime de Vichy. Parallèlement, il tente de transformer la structure qu’il dirige en école de cadres d’un futur combat contre l’Allemagne. C’est lui qui procède à l’arrestation de Pierre Laval, ce qui conduira, sous pression allemande à la dissolution des GP. Il tente de rallier à la Résistance Jacques Doriot et Joseph Darnand. Jean Moulin qui connaît bien Groussard lui consacre des lignes élogieuses dans son premier rapport sur la Résistance qu’il emporte à Londres. Groussard emploie prioritairement des résistants originaires comme lui de l’extrême droite, souvent cagoulards mais sera aussi en rapport avec la résistance juive.
  • Paul Dungler (1901-1974) : Camelot du roi, ancien dirigeant de l’Action française et l’a quitté pour se rallier à la Cagoule. Admirateur de Franco et Salazar, hostile à la franc-maçonnerie, il l’est également au nazisme, qu’il décrit comme l’anti-civilisation. Recrutant essentiellement parmi ses amis d’extrême droite, il fonde en septembre 1940, le premier réseau anti-allemand dans le Haut-Rhin, le réseau Martial. Dungler travaillera plus tard pour l’Organisation de résistance de l’armée (ORA). Résistant et maréchaliste à la fois, Dungler est soutenu à Vichy par le cagoulard Gabriel Jeantet.
  • Paul Armbruster : journaliste de L’action française à Strasbourg, jouera un rôle important dans le réseau Martial. Il portera le pseudonyme d’Alaric dans la résistance.
  • Louis de La Bardonnie : entré dans la Résistance à l’heure même où il a entendu l’appel du général de Gaulle. Il est à l’origine de la création du réseau qui deviendra la Confrérie Notre-Dame et y jouera un rôle important ; cet ancien maurrassien sauvera pendant la guerre des centaines de Juifs.
  • Le colonel Maurice Dutheil de la Rochère (1870-1944) : maurrassien et ami d’enfance de Maurras, sera lié par Germaine Tillon au réseau du Musée de l’Homme. Arrêté en 1942, il périra en déportation.
  • Le colonel Claude Arnould (1900-1978) : issu d’une famille chrétienne très hostile à l’anticléricalisme. Il est le chef du réseau Jade-Amicol.
  • Hélie de Saint Marc (1922-2013) : fils d’un lecteur de l’Action française qui renoncera à tout antisémitisme dès que commenceront les persécutions. Il sera déporté à Buchenwald d’où il reviendra. Associé aux putschistes antigaullistes d’Alger, il fera partie des nombreux résistants qui soutiendront la cause de l’Algérie française.
  • Le docteur Henri Martin (1895-1969) : est à Vichy avec Groussard. Ancien camelot du roi, ce comploteur inlassable et passionné lance une organisation dissidente en 1930. Antisémite et pétainiste, il est interné du fait de son activité oppositionnelle aux Allemands en 1942. Il est interné à Evaux-les-Bains et il y rencontre avec deux juifs de gauche qui deviendront ses amis : Roger Stéphane et André Blumel qui lui rendront hommage. « Monarchiste, méprisant la démocratie, conspirateur-né, sans doute antisémite, le Docteur Martin se révéla le meilleur des camarades, et si nous avons pu nous évader d’Evaux, ma mère et moi, c’est au docteur Martin que nous le dûmes. C’est sans doute à lui que je dois d’être encore vivant » écrira le premier. « Le docteur Martin, homme d’une idée qu’il n’abandonna jamais, à laquelle il sacrifia toute sa vie, ne mérite pas l’oubli, ni la discrétion totale dans laquelle il s’est complu. Tel est le témoignage d’un adversaire politique qui fut, je crois, un ami » dira le second. Il reprendra ses activités anticommunistes après la guerre.
  • Aristide Corre (1895-1942) : venu de l’Action française et des Camelots du roi, fait partie de l’équipe initiale de la Cagoule. Lié à l’Intelligence Service, Corre est interné comme otage par les Allemands, qui le fusilleront en mars 1942.
  • Lucien Robet : ancien Camelot du roi et fondateur d’une association appelée les Compagnons de Georges Cadoudal. Cagoulard actif, il soutient les rebelles nationalistes en Espagne. Pendant la guerre, on le retrouve à la direction de l’Organisation de résistance armée dans le Finistère. Arrêté et déporté en janvier 1944, il reprendra ses activités politiques après la guerre.
  • André Brouillard (1900-1985) : connu sous son pseudonyme littéraire comme Pierre Nord est un catholique conservateur et un nationaliste passionné. Redoutant le pacifisme et le défaitisme qu’il croit discerner dans le Front populaire, il se rapproche des réseaux militaires d’extrême droite. Très jeune, il fait partie de la résistance antiallemande, dans le cadre de Libération-Nord, puis auprès de l’ORA.
  • Le capitaine Hubert de Lagarde : travailla au réseau Eleuthère qu’il fonde et dirige pendant la guerre, puis à l’état-major des FFI. Il écrit avant-guerre dans L’Action française où il commente un livre de De GaulleLa France et son armée. Protestant contre la politisation des FFI avec la nomination du communiste Alfred Malleret, il est arrêté par les Allemands, puis déporté en camp de concentration où il mourra en déplacement.
  • Le colonel Raymond du Jonchay : tient avant-guerre la rubrique militaire de L’Action française, dans laquelle il ne cesse de dénoncer le sous-armement de la France face au réarmement allemand. Il assume pendant la guerre le commandement du maquis de la région de Limoges. Membre de l’état-major national des FFI, il fut arrêté par les Allemands mais arrive à s’échapper des locaux de la Gestapo. Le général Koenig, préfaçant son autobiographie, dira sa fierté d’avoir commandé des guerriers de cette trempe. Il prétendra, sans preuve, qu’il a été livré par les communistes aux Allemands.
  • François de Grossouvre (1918-1994) : originaire de l’Action française, rejoint le maquis de la Chartreuse puis combat dans l’armée française jusqu’en 1945. Il dira à Dominique Venner : « C’est la gauche qui a exploité la Résistance, mais ce sont les gens de droite qui l’ont créée ! »
  • Pierre Dunoyer de Segonzac (1906-1968) : sympathisant de l’Action française entreprend une carrière militaire. Pétainiste, il fonde l’école d’Uriage avant de passer à la Résistance. Il prend la tête des maquis de la zone Sud du Tarn, libère Castres puis rejoint avec ses hommes la 1re armée française menée par de Lattre de Tassigny.
  • Hubert Beuve-Méry (1902-1989) : subit l’influence du père Janvier, un dominicain militant proche de l’Action française. Il participe aux manifestations des Camelots du roi, se sent attiré par le Faisceau de Georges Valois. Il devient l’adjoint de Dunoyer de Segonzac à Uriage puis le suit dans la Résistance. Il sera le fondateur du journal Le Monde.
  • Henri Romans-Petit (1897-1980) : venu d’un milieu royaliste commandera les maquis de l’Ain. Il prône l’efficacité de petit maquis « de harcèlement » et dénoncent les grand maquis de fixation, vulnérables. Après la guerre, ce compagnon de la Libération, il sera membre du comité directeur de la LICRA.
  • Jean Vallette d’Osia (1898-2000) : officier de l’armée d’armistice, fait partie de l’ORA et de l’armée secrète. Il entraîne son bataillon de chasseurs alpins vers les maquis de Haute-Savoie. Arrêté en 1943 par les allemands, il parvient à s’enfuir et participera au débarquement en Provence. Il apportera son soutien au Front national de Jean-Marie Le Pen.

À Londres avec de Gaulle

Selon Simon Epstein, à Londres en 1940, autour du général de Gaulle, on trouve une conjonction de Juifs sur-représentés par rapport à leur poids dans la population réelle et d’ancien maurrassiens et cagoulards, eux-mêmes en surnombre par rapport à leur poids politique d’avant-guerre.

  • Charles de Gaulle. Selon Simon Epstein, un certain nombre d’attestations indiqueraient que Charles de Gaulle fut maurrassien. Christian Pineau dira à André Gillois « que le général avait reconnu devant lui qu’il avait été inscrit à l’Action française et qu’il s’était rallié à la République pour ne pas aller contre le sentiment des Français ». Lui-même résistant de gauche, Claude Bourdet qualifiera de Gaulle d’homme de droite, longtemps proche de l’Action française, devenu républicain par mimétisme. L’un des témoignages les plus crédibles selon Simon Epstein serait celui d’Edmond Richelet, qui explique que De Gaulle subit l’influence de Maurras. De Gaulle fréquente certains milieux maurrassiens tel le Cercle Fustel de Coulanges et que Maurras chante ses louanges dans l’Action française du 1er juin 1940. Néanmoins, Charles de Gaulle, qui adhère aux amis de Temps proche de la démocratie chrétienne, est républicain. Dans La France et son armée, il proclame sa neutralité, voire son indifférence en matière idéologique ; De Gaulle n’est pas plus républicain qu’antirépublicain : il est capétien aux premiers temps du royaume, à Bouvines aux côtés de Philippe Auguste, il entre à Orléans derrière Jeanne, il traverse le Rhin avec Turenne. Il congrature Carnot, sous la République, autant qu’il approuvait Louvois sous Louis XIV. Il est révolutionnaire à Valmy et bonapartiste en Italie. Concernant les Juifs, Simon Epstein relève quelques remarques privées désagréables mais aucun antisémitisme explicite n’apparaît dans sa biographie. Pour Simon Epstein, De Gaulle fut vierge de tout antisémitisme officiel mais cela n’exclut pas les sautes d’humeur et les piques assassines.
  • Claude Hettier de Boislambert (1906-1986), membre du conseil international de la chasse, il vient de l’extrême droite et est membre de l’état-major de De Gaulle.
  • Roger Wybot (1912-1997) travaille avec Groussard au sein des GP de Vichy. Chargé du contre-espionnage à Londres, Il participera aux campagnes de Tunisie et d’Italie et créera la DST qu’il dirigera jusqu’en 1958. Il aidera le contre-espionnage isréalien et sera un ami de l’État d’Israël.
  • Stanislas Mangin (1917-1986) est le fils du général Charles Mangin, honni des pacifistes français qui le qualifieront de boucher et des Allemands qui détruiront sa statue. Il anime le réseau Ali-Tir avant de passer à Londres où il est affecté au BCRA. Avant 1939, il considérait les Juifs comme des étrangers mais changera d’opinion à ce sujet.
  • Pierre Tissier, maître des requêtes au Conseil d’État, officier de réserve, est l’un des premiers à rejoindre De Gaulle à Londres qui le fera son chef d’état-major. C’est à lui et non à René Cassin que De Gaulle confie la rédaction des statuts du comité national français instauré en septembre 1941. À Londres, il reste antisémite et cherche à réduire l’influence de René Cassin et Georges Boris. Partisan d’un statut des Juifs atténué, ce gaulliste sera président de la SNCF..
  • Jean Escarra (1885-1955), professeur de droit international, rallie la France libre début 1941. Comme Tissier, il intrigue pour écarter les Juifs à Londres et accepte le principe de loi raciale pour écarter les Juifs. Il envoie un long mémorandum à René Pléven exposant son point de vue sur le rapport entre la France libre et le congrès juif mondial en 15 points où il attaque les Juifs tout en se désolidarisant de leurs persécuteurs. Il s’oppopse à la suppression des discriminations antijuives au prétexte que « la mentalité israélite est prompte à s’emparer de toute marque de sympathie pour s’en faire un titre à des exigences sans cesse croissantyes » et redoute « la mainmise totale des Juifs sur notre mouvement ».
  • André Dewavrin (1911-1998), militaire de carrière et maurrassien qui enseigne les fortifications à Saint-Cyr à la fin des années 1930, sera le fameux Colonel Passy. Il se présente à Londres le 1er juillet 1940 et De Gaulle le nomme chef des services secrets encore inexistants. Il deviendra le chef du BCRA. À la Libération, il est injustement accusé d’avoir détourné des fonds à des fins politiques mais cette affaire le laissera meurtri en dépit de son innocence. Parmi les premiers agents de Passy, on trouve de nombreux cagoulards et royalistes.
  • Maurice Duclos (1906-1981) fut un cagoulard actif. Il rejoint de Gaulle à Londres et sous le pseudonyme de Saint-Jacques, il est envoyé en France occupée où il monte un réseau de renseignement. Après une autre mission, il sera nommé par Passy chef de la section « Action » du BRA. Compagnon de la Libération, il fera pendant la guerre des déclarations hostiles aux Juifs.
  • Pierre Fourcaud (1900-1992) est parmi les premiers agents de la France libre. Il rejoint Londres où il est affecté au 2e bureau gaulliste. Il initie le réseau Brutus, lequel d’abord droitier, recrutera parmi les militants socialistes. Il est compagnon de la Libération.
  • Honoré d’Estienne d’Orves (1901-1941) issu d’une famille légitimiste. Son biographe, Étienne de Montety affirme que rien de permet d’affirmer qu’il était d’Action française. Peu de temps avant d’être fusillé, il rédige un texte sur les Juifs qui est un plaidoyer en leur faveur reprenant point par point les critiques qui leur sont faites.
  • Gilbert Renaud (1904-1984), mieux connu sous le nom de Colonel Rémy est lui aussi catholique et royaliste. Il participe au 6 février 1934 aux côtés des camelots du roi. Distinguant parmi les Juifs ceux qui ont gagné leur qualité de Français, des autres qui doivent quitter la France. Il organisa, développa et perfectionna le réseau de renseignements créé par Louis de La Bardonnie, l’un des réseaux d’espionnage les plus solides et les plus performants de la France Libre, la Confrérie Notre-Dame. De Gaulle, dans ses mémoires de guerre, dédie des lignes particulièrement chaleureuses et le qualifiera d’« animateur magnifique et organisateur pratique menant l’action secrète comme un sport grandiose mais calculé ». Après la guerre, il défendra la thèse de l’Epée et du bouclier, De gaulle et Pétain, tous deux nécessaires à la France. Après la guerre, il quittera la RPF et demandera la révision du procès Maurras « déshonorante pour la justice française et pour la France » Dans un texte publié en 1971, il dénoncera l’holocauste qui tua des millions de Juifs et affirma admier l’État d’Israël, tout en distinguant entre les bons juifs patriotes et les mauvais juifs apatrides.
  • Robert Buron (1910-1973) fut maurrassien avant de se rapprocher de la démocratie chrétienne avant la guerre. Ses activités résistantes le conduisent au MRP. Ministre sous la IVe et la Ve République, il rejoindra le parti socialiste en 1971.
  • Alexandre Sanguinetti (1913-1981) vient de l’Action française et des Camelots du roi. Ce nationaliste d’extrême droite fait une belle guerre. Plusieurs fois ministre, il sera à la fois un gaulliste intransigeant et fortement pro-israélien.
  • Raymond Triboulet (1906-2006), lecteur de L’Action française, militant des Chemises vertes d’Henri Dorgères, publiant des articles dans Je suis partout dans la seconde moitié des années 1930, il dénonce le pacifisme pro-allemand de Robert Brasillach. Il s’engage dans l’action clandestine dans le cadre de Ceux de la Résistance, il sera plusieurs fois ministre gaulliste, membre actif de l’Alliance France-Israël et président du groupe d’amitié France-Israël de l’Assemblée nationale.
  • René Pléven (1901-1993) ne fut proche de l’Action française que lors de ses années lycéennes et étudiantes. Il rejoint de Gaulle dès juin 1940 et assume des fonctions très importante à Londres et à Alger.
  • Pierre Messmer, militaire de carrière combat dans les rangs de la France libre et sera l’un des gardiens de l’orthodoxie gaulliste ; d’après un témoignage rapporté par François-Marin Fleutot, il fut Camelot du roi.
  • André Bettencourt est recruté par François Mitterrand et adhère à un réseau clandestin d’action parmi les prisonniers de guerre. Il a cependant commencé la guerre en écrivant une rubrique régulière dans l’organe pronazi La Terre française où il se livre à des attaques vengeresses contre les Juifs. Après la guerre, il sera secrétaire d’État dans le gouvernement Mendès France et sera membre de la LICA.
  • Henri d’Astier de La Vigerie (1897-1952) est un homme d’Action française. Replié en Algérie, il instaure une étroite coopération entre les conspirateurs d’extrême droite qu’il a assemblé et les réseaux juifs résistants animés par José Aboulker. Non gaulliste, il rejoint l’équipe gouvernementale de l’Amiral Darlan quand les Américains prenant acte de son changement de camp lui confie le pouvoir à Alger.
  • Le colonel Henri Giraud (1879-1949) est proche de la Cagoule et l’historien Jean Planchais dira qu’il était antidreyfusard et discrètement antisémite. Emprisonné par les Allemands au début de la guerre, il s’échappe. Soutenu par les Américains qui le préfèrent à De Gaulle, ce patriote intraitable et hostile à toute collaboration est contacté par le cagoulard Lemaigre-Dubreuil au nom des « conjurés d’Alger » et les Américains avec qui et pour qui il travaille. Après la mort de Darlan, il exerce le pouvoir avec la bénédiction des Américains. Pendant sa courte période, il supprimera certaines mesures antijuives de Vichy mais pas toutes, en particulier il refusera le rétablissement du décret Crémieux.
  • Fernand Bonnier de la Chapelle (1922-1942) est un jeune résistant royaliste, lecteur de L’Action française au lycée qui assassinera l’Amiral Darlan. Il est de ceux qui n’admettent pas que ce dernier, après avoir mené une politique de collaboration avancée à Vichy, se trouve investi du pouvoir suprême par les Américains à Alger libéré.
  • Paul Colette (1920-1995), probablement ancien de l’Action française, membre du PSF du colonel de la Rocque, il ne supporte pas les collaborateurs. Il s’engage dans la LVF et à l’occasion d’une cérémonie officielle à Versailles le 27 août 1941, il tire au revolver sur Pierre Laval et Marcel Déat. Les deux sont condamnés. Transféré en Allemagne, il connaît les passages à tabac, les menottes qui déchirent les poignées, les tortures diverses. Il assistera à toutes les formes de mise à mort dont les Juifs sont victimes [1]

Les mouvements de résistance de la zone nord

Les anciens de l’extrême droite, et parmi eux les antisémites, y pèsent d’un poids nettement supérieur à ce qui était leur poids dans la vie politique française d’avant 1939. L’Organisation civile et militaire (OCM) est le plus grand mouvement de résistance non-communiste en zone nord : elle recrute essentiellement dans l’armée, la bourgeoisie et l’extrême droite.

  • La branche militaire de l’OCM fut fondée par le colonel d’aviation Alfred Heurtaux (1893-1985) qui s’illustra par ses nombreuses victoires aériennes lors de la Grande guerre et fut intimement lié à la création de la Cagoule. Il crée un réseau de renseignement, le réseau Hecor. Heurtaux sera déporté à Buchenwald.
  • Le duc Joseph Pozzo di Borgo (1890-1966) est un fondateur des Croix-de-Feu dont l fut vice-président. Il rompt avec le colonel de la Rocque dont il dénonce la stratégie légaliste et ne le suit pas au PSF. Il est parmi les fondateurs de la Cagoule. Pendant la guerre, il apportera son aide à la résistance : en Normandie, il participera au sauvetage d’aviateurs alliés et en Corse, il entreposera des armes qui serviront à la Libération de l’île.
  • Cofondateur de l’OCM, l’industriel Jacques Arthuys (1894-1943) est un ancien de l’Action française et du Faisceau de Georges Valois. Il est de ceux qui n’acceptent pas l’armistice et qui veulent continuer la guerre. Premier dirigeant de l’OCM, il est capturé par les Allemands et périra au camp d’Hinzert en septembre 1943.
  • Le colonel Alfred Touny (1886-1944) fut président de la section du XVIe arrondissement des Croix-de-Feu ; Membre de l’OCM, il dirige la commission militaire du Conseil national de la Résistance ; Il sera arrêté et fusillé par les Allemands.
  • Maxime Blocq-Mascart (1894-1965) est le chef de la branche civile de l’OCM et un membre du conseil national de la Résistance. Militant gaulliste proche de Michel Debré et un des rédacteurs de la constitution de 1958, il publia pendant la guerre une analyse clandestine sur les minorités nationales dont la minorité juive, proposant l’éparpillement de cette dernière sur le territoire et une « citoyenneté réduite » pour certaines catégories de la population.
  • Philippe Viannay (1917-1986), issu de la mouvance du PSF, il sera le fondateur de Défense de la France ; pendant la guerre, il écrit une lettre ouverte à Pétain sous son pseudonyme d’Indomitus (l’insoumis) et tout en protestant contre la collaboration admet que la France foive se protéger contre l’« invasion d’Israël » ; après la guerre, il militera très à gauche, notamment au PSU.
  • Maurice Ripoche (1895-1944) est issu des Croix-de-Feu et du PSF. Il s’engage contre les nazis dès 1940 et fondent le groupe qui sera nommé par la suite Ceux de la Libération ; son mouvement qui recrute dans l’armée et l’extrême droite s’oriente vers le renseignement militaire. Cet antisémite qui dénonçait à l’automne 1940 les Juifs sans patrie, fut arrêté par les nazis et décapité en juillet 1944.
  • André Mutter (1901-1973), vient des Croix-de-Feu et ft l’un des dirigeants de Ceux de la Libération qu’il représente au CNR. Dans ses mémoires, il décrira les brutalités exercées sur les Juifs internés. Mutter, après la guerre, reste positionné très à droite. Il anime le Parti républicain de la liberté et publie l’hebdomadaire Paroles françaises qui prêche la réconciliation entre résistants et collaborateurs. Il fera une belle carrière parlementaire et ministérielle sous la IVe République.
  • Le cinéaste royaliste Willy Holt (1921-2007) est orienté vers la résistance par un ami du Racing Club de France. Il appartient à la section « Turma-Vegerance » de Libération-Nord. Il est arrêté et torturé. Il survivra à plusieurs camps de concentration.

Les mouvements de résistances de la zone sud

Simon Epstein décrit en détail le parcours résistants de nombreux hommes d’extrême droite souvent antisémites dans les mouvements de résistance de la zone sud.

  • Le général Gabriel Cochet (1888-1973) qui jouera un rôle national en 1944 à la tête des FFI du sud de la France
  • Georges Vavasseur est un résistant, secrétaire général du Mouvement national de la libération et comptera parmi les fondateurs du Comité d’action de la Résistance (CAR).
  • Emmanuel d’Astier de La Vigerie (1900-1969)
  • Henri Frenay (1905-1988)
  • Daniel Cordier maurrassien qui pense que Maurras en approuvant l’armistice trahit sa doctrine et sa patrie.
  • Bernard de Chalvron, diplomate et chargé de mission au cabinet militaire du maréchal Pétain à Vichy, récuse l’antisémitisme et prend conscience de la tragédie des Juifs lors des rafles de 1942.
  • Georges Batault (1887-1963), qui fut l’un des auteurs les plus représentatifs de l’antisémitisme de l’entre deux-guerres et dénonça dans son ouvrage le Problème juif en 1921 et pendant la guerre s’engagea fortement dans l’action anti-allemande.
  • Pierre Guillain de Bénouville (1914-2001) qui prit part aux émeutes du 6 février 1934 comme Camelot du roi puis fut proche de la Cagoule et s’impliqua profondément dans le combat clandestin en assumant des responsabilités importantes dans la résistance.
  • Jules Davet, général d’aviation venu à Combat avec Bénouville, dirige la délégation de la résistance française en Suisse et venait de l’Action française.
  • Jacques Renouvin (1905-1944), Camelot du roi qui prit part aux émeutes antiparlementaires du 6 février 1934 et devint le chef des Groupes francs de Combat avant d’être capturé et de périr à Mauthausen enjanvier 1944[2]
  • Michel de Camaret (1915-1987), qui fut Camelot du roi, quitta l’Action française jugée trop modérée et combattit en Espagne dans les rangs nationalistes avant de s’engager dans les FFL et de servir dans les commandos parachutés en juin 1944
  • Humbert de Croy, tué au combat.
  • Alain de Chavagnac, qui deviendra officier FFI.
  • Albert Bénard, qui sera officier chez Leclerc.
  • Armand de Tiguy du Pouët, officier dans l’armée d’Afrique.
  • Roger de La Grandère (1916-1944), qui fut aide de camp de De Gaulle mais qui désireux de se battre, s’engagea dans les commandos parachutés et mourut au combat.
  • Alain de Camaret, frère de Michel, qui venu lui aussi des franges dissidentes et cagoulardes de l’Action française suivit Bénouville et mourut en déportation.
  • Edmond Michelet (1899-1970), qui, père de famille nombreuse, patriote et royaliste un temps maurrassien, fit partie des dirigeants de Combat et fut déporté à Dachau[3]
  • le duc et vieux maurrassien Gabriel de Choiseul-Praslin qui fut parmi les résistants que Michelet organisa en Dordogne[4].

Les intellectuels, militants et journalistes

Simon Epstein s’intéresse aussi au parcours d’intellectuels, militants, journalistes issus de l’extrême droite.

Les maurrassiens
  • Pierre Boutang (1916-1998) intellectuel maurrassien, pétainiste sincère entre 1940 et 1942, et fut par la suite giraudiste et « résistant à sa manière » (il aida le philsophe Jean Wahl, dont il fut l’élève, à fuir les persécutions raciales).
  • Maurice Blanchot (1907-2003) qui commença à l’Action française puis suivit Thierry Maulnier et Jean-Pierre Maxence dans ces dissidences typiques des années 1930 avant de sympathiser avec la Résistance et d’aider des Juifs.
  • Raoul Girardet (1917), historien de renom et professeur à Sciences Po, qui fut Camelot du roi, tenta de venir en aide à des familles juives lors des grandes rafles de juillet 1942, puis fut partisan de l’Algérie française.

Simon Epstein remarque que certains rompront avec le maurrassisme pour passer au marxisme sans passer par la résistance.

Le Faisceau

Cette première organisation fasciste française, s’avère ainsi particulièrement fournie en futurs résistants et dirigeants de la Résistance.

Plusieurs intellectuels maurrassiens, membres du Faisceau, aboutissent au gaullisme, sous toutes ses variantes, gaullisme de gauche, modéré ou orthodoxe

  • Jacques Debû-Bridel (1902-1993), qui Camelot du roi, fréquenta le Faisceau de Georges Valois, avant de retourner à l’Action française et de s’engager dans la résistance dès octobre 1940 et de rejoindre le gaullisme de gauche.
  • André Rousseaux (1896-1973) qui fut rédacteur à L’Action française de 1918 à 1929, rejoignit le Faisceau de Georges Valois et s’engagea dans la résistance intellectuelle, avant de militer au RPF et de faire une belle carrière au Figaro littéraire.
Autres militants
  • Maurice Clavel (1920-1979) qui fut un jeune doriotiste et admirateur de Céline mais que Pierre Boutang détourna des fascismes européens.
  • l’écrivain et journaliste Jacques Perret (1901-1992) qui écrivait dans Je suis Partout à la fin des années 1930 à tonalité antijuive, rejoignit la Résistance et le maquis.
  • Henry Malherbe (1886-1958) qui fut titulaire du Goncourt en 1917, vice-président des Croix-de-Feu et publia en 1934 un panégyrique de La Rocque et rejoindra aussi le Conseil national des écrivains.
  • Le prêtre Jean-Augustin Maydieu (1900-1955).
  • Georges Saint-Bonnet qui fut parmi les promoteurs de l’antisémitisme et publia Sang de Paris, roman de la lutte d’un groupe d’Action immédiate contre la Gestapo et ses tortionnaires.
  • Georges Bernanos (1888-1948), admirateur d’Édouard Drumont, mais qui défendit les Juifs pendant la guerre.
  • Tout comme Joseph Denais (1877-1960) qui avait repris en 1911, La Libre Parole. Joseph Denais qui, à la mort de Drumont, expliquait comment « le juif créa la légende d’un antisémitisme sanguinaire et présenta Drumont comme un monstre altéré de sang », dirigea le journal jusqu’en 1924, date à laquelle il cessa de paraître. Il fut député de la Seine de 1911 à 1919 puis de 1928 jusqu’à la seconde guerre mondiale. En 1940, il s’embarqua sur le Massilia dans le but de continuer la guerre en Afrique. Cet antijuif fut arrêté et interné par Vichy pour ses positions très hostiles à l’Allemagne nationale-socialiste. Le successeur de Drumont siégea de 1944 à 1945 à l’Assemblée consultative provisoire et poursuivra sa carrière parlementaire sous la IVe République.
  • François Mitterrand. Simon Epstein étudie en détail le parcours original de François Mitterrand et la façon dont il le présenta pendant des décennies pour se mettre en conformité avec les canons historiques de la famille politique à laquelle il se rattacha après la guerre. Il relève notamment que contrairement à ses dires, il a manifesté contre le conseiller Gaston Jèze du Négus et non pour lui.Concernant sadécoration de la Francisque, allouée par Vichy à ses plus fidèles serviteurs, il remarque que ses deux parrains font partie de la catégorie des pétainistes antiallemands Simon Arbellot et le cagoulard Gabriel Jeantet. Pierre Péan établira que si Mitterrand ne fut pas cagoulard, ils étaient très nombreux dans sa sphère familiale et amicale. Après la guerre, c’est Edmond Barrachin, ancien du PSF de la Rocque dont Mitterrand fut un sympathisant avant guerre, qui l’orienta vers la Nièvre où il fut élu député de droite en 1946 avant de s’affilier à l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR).

Analyses et conclusions

Rôle secondaire des idées planistes, fascistes ou droitières dans les engagements sous l’Occupation

Simon Epstein critique la vision véhiculée par le parti communiste213 qui veut que la droite et l’extrême droite des années 1930, la grande bourgeoisie avide de revanche sur le Front populaire, le patronat soucieux d’annuler les réformes sociales de 1936, les maurrassiens qui comme toujours combattent la gueuse, les ligueurs, les cagoulards, les antisémites qui attendent leur heure depuis l’affaire Dreyfus soient les constituants de la collaboration. Ce narratif s’articule autour d’un « mieux vaut Hitler que Blum », slogan imaginaire, qui est censé avoir dicté leur comportement aux droites françaises sous l’Occupation.

Ce narratif prête aux nationalistes français un comportement aberrant : ils n’auraient eu d’autres préoccupations, que de livrer la nation française à son ennemi héréditaire et le fascisme français aurait été le seul fascisme prônant l’effacement national et la soumission collective : la collaboration aurait sa source dans un « maso-fascisme d’autoasservissement mettant un point d’honneur à se conformer aveuglément aux stratégies puis aux exigences de l’ennemi[6] ».

La thèse imputant les responsabilités de la défaite et de la collaboration à la droite d’avant 1940 est selon Epstein une construction militante. Cette thèse se complète d’une extension fasciste selon laquelle divers hommes politiques, groupes militants, secteurs intellectuels se seraient sentis attirés, dans l’entre-deux-guerres, par un rejet simultané des matérialismes marxistes et bourgeois, par un refus de la démocratie parlementaire, par un souci de synthèse entre nationalisme et socialisme, par la recherche de solutions nouvelles transcendant les clivages traditionnels opposant droite et gauche ; ils auraient en outre éprouvé une pulsion irrésistible pour le planisme. Ces aspirations dissidentes et non-conformistes se seraient assorties d’une attirance pour les modèles totalitaires étrangers, l’italien puis l’allemand. Ces aspirations et cette tendances planistes expliqueraient les complaisances éprouvées à l’égard de l’expansionnisme nazi et expliquerait tout autant la collaboration. Cette explication n’explique pas pourquoi tant de partisans de régime autoritaire et fort deviendront résistants.

Selon Simon Epstein, déduire la collaboration du fascisme procède en fait d’un contresens qui survalorise les fondement franco-français de la Collaboration, lesquels sont souvent épiphénomèniques et secondaires : il pose que la collaboration fut le produit d’une vision (interne) de ce que devrait être la société française, alors qu’elle découla en premier lieu d’une vision externe de ce que devaient être les rapports franco-allemands.

De nombreux collaborationnistes sont devenus hitlériens par germanophilie et adhésion à l’idée de l’unité européenne, sans être passé par la case fasciste. Les structures pro-nazies de la collaboration de gauche ne sont pas fascistes mais pro-hitlériennes : elle ne prônent pas un fascisme français mais la réconciliation franco-allemande et un nouvel ordre socialiste européen.

Pierre-Antoine Cousteau dira après la guerre : « Maurras m’inspirait une horreur sacrée, uniquement parce qu’il faisait de la pérennité des guerres franco-allemandes la base de son système et que j’étais déjà convaincu (c’est le seul point sur lequel je n’ai jamais varié) que l’Europe ne serait jamais viable sans entente franco-allemande, que c’était le premier de tous les problèmes, le seul vraiment important, celui dont dépendait la guerre et la paix, la vie et la mort. » Cousteau est fasciste mais son pacifisme est antérieur, il est la souche fondatrice, le facteur primordial qui dictera ses positions.

Les pôles de mémoire dans la France de l’après-guerre

Simon Epstein explique que la mémoire du phénomène des dreyfusards, antiracistes et hommes de gauche passés à la Collaboration a pu être préservé au travers de trois pôles de mémoire dont il analyse le travail dans ses ouvrages.

  1. Henri Coston se spécialisera dans le recensement des antisémites d’avant-guerre, et qui passés par la résistance, joueront un rôle important dans la vie politique française des années 1950 et 1960. Sa « mentalité d’archiviste » et des « capacités d’historien » selon Simon Epstein, lui permettront de jouer un rôle dans la préservation du passé politique français. Avec Pierre-Antoine Cousteau, il publieLectures françaises, qui commence à paraître à partir de 1957 sous forme de petits cahiers chargés d’informations multiples sur la vie politique en France et dans le monde. La tonalité est antigaulliste, antimarxiste, antisémite, antisioniste, négationniste. Il publiera un Dictionnaire de la politique française dont les tomes paraîtront de 1967 à 1982, que les journalistes et historiens utiliseront fréquemment, tant son contenu et garni mais dont ils citeront rarement l’auteur. Dans ces différentes publications, il prend plaisir à rappeler le passé des uns et des autres, notamment des anciens collaborateurs qui se sont réintégrés dans le consensus républicain et démocratique.
  2. Le Droit de vivre et les autres publication de la LICA forment une mine inépuisable d’indices pour qui se penche sur la question de l’antisémitisme sous l’Occupation. La presse de la LICA donne les noms des non-Juifs qui s’associent, au fil des ans au combat antiraciste. C’est en la lisant qu’on découvre que Doriot, Déat, Bergery, Drieu la Rochelle, Luchaire, Scapini, Sabiani, Chasseigne et tant d’autres ont fait un bout de chemin avec l’organisation de Bernard Lecache. Après la guerre, Bernard Lecache rappelle les itinéraires des uns et des autres. En 1955, se produit une rupture d’attitude : la LICA reste implacable pour les anciens collaborateurs mais elle s’avère soudain réticente à stigmatiser de manière spécifique, ses anciens militants ou dirigeants passés à la Collaboration pendant la guerre. Les rappels biographique deviendront de plus en plus rares et disparaîtront dans les années 1960. Les anciens militants préfèrent ne pas en parler, les nouveaux adhérents n’en savent rien. Selon Simon Epstein, cette occultation résulte de la perception que la mention de ce passé serait perçu comme nuisible au développement de l’organisation. La solution qui s’impose est l’occultation[7]. Selon Simon Epstein : « Elle seule permet un message antiraciste unitaire (Juifs et non-Juifs, ensemble dans la lutte) et évite aux Juifs de s’interroger, en un débat idéologique interne, sur la validité du système de défense que la LICA, celle d’hier et celle d’aujourd’hui leur propose. »
  3. Simon Epstein cite un troisième pôle, celui des écrits de Jean Galtier-Boissière (1891-1966), « observateur avisé des vies politique, sociale et littéraire ». Soldat de la classe 1911, il reste sept ans sous l’uniforme et crée en 1915 Le Crapouillot d’orientation anarcho-pacifiste. Pacifiste et homme de gauche, proche de Gaston Bergery, Galtier-Boissière a de bon rapports avec la LICA. Pendant la guerre, ses sympathies vont aux Alliés, aux gaullistes, aux Juifs, mais elles restent platoniques. Ses textes fourmillent de références sur les parcours des antiracistes devenus hitlériens. Il règle en particulier ses comptes avec Le Canard enchaîné dont nombre de journalistes l’avaient accusé de tiédeur face au fascisme : « Quelques années ont passé, la guerre est venue et j’ai refusé de faire reparaître le Crapouillotsous l’Occupation. Que sont devenus par contre les purs du Canard ? Si Pierre Bénard ne s’est pas mouillé, André Guérin est aujourd’hui le rédacteur en chef de L’Œuvre de Déat où il a retrouvé La Fouchardière, mis à la porte par Maréchal et l’objecteur de conscience René Gérin. Auguste Nardy, gérant du Canard, signe dans la même feuille des reportages du plus mauvais aloi. Pédro dessine à Je suis partout. Quant à Jules Rivet, le grand indépendant à lavallière, l’anar des anars, ce brave Jules qui pendant vingt ans a vitupéré la grande presse pourrie… il a un contrat au Petit parisien. Oh pas celui des infâmes capitalistes Dupuy, mais Le Petit Parisien des hitlériens Jeantet et Laubreaux, le plus emboché des journaux boches de Paris,. »

Contradiction entre travail historique et préoccupations politiciennes

Occultations historiques et manipulations politiques

Pour Simon Epstein, l’occultation de certains phénomènes historiques trouve son origine dans le fait qu’une présentation impartiale et complète du parcours des collaborateurs empêche les discours médiatiques et politiques fondés sur l’amalgame avec la Collaboration de fonctionner pleinement. Il cite plusieurs exemples pour illustrer son propos.

  • Ainsi, il analyse une campagne contre le mouvement Poujade. Camille Fégy et Maurice Lebrun animent le journal du mouvement poujadiste : Fraternité française. La presse antipoujadise rappelle que ces deux journalistes ont été des soutiens de Doriot et l’argument porte. Ce que la presse ne mentionne pas c’est qu’ils furent tous les deux secrétaires de rédaction à L’Humanité dans les années 1920 et 1930… On ne les étiquette pas anciens doriotistes, anciennement communistes, l’effet eût été déplorable.
  • Simon Epstein cite comme autre exemple l’ouvrage que Joseph Algazy consacré à l’extrême droite française et critique les amputations biographiques qui s’y trouvent ; ainsi, François Gauchet, ancien de la LVF et de la Milice, verra ses idées fascistes rappelées pas son militantisme aux Étudiants socialistes et son appartenance à la SFIO[8]. Gauchet n’est pas le seul personnage loin de là à faire l’objet d’une amputation. Il cite ainsi, deux auteurs, Tristan Mendès France et Michaël Prazan qui publièrent en 1998 un ouvrage où ils s’en prenaient à Victor Barthélemy et Roland Gaucher, l’un membre du RNP l’autre du PPF ; ils ne mentionnent pas que l’un fut un communiste actif et permanent du Secours rouge international et l’autre à l’extrême gauche, membre à la fin des années 1930, des Lycéens antifascistes puis de la Fédération des étudiants révolutionnaires. Ceci n’est pas mentionné car cela pourrait gêner leur argumentation. Dans de nombreux ouvrages cités par Simon Epstein, le parcours des collaborateurs fera l’objet d’amputation biographiques volontaires.

Selon Simon Epstein, si Saint-Loup, Saint-Paulien, Gaucher, Brigneau ne cachent pas leur passé : c’est qu’ils « savent, tous qu’il existe un lien profond, essentiel, structurel, entre leur militantisme pacifique de gauche et leur passage enthousiaste au nazisme pendant la guerre. »

Si dans certains cas, on fait commencer le parcours en 1940, dans d’autres, tout s’arrête en 1939. Simon Epstein, cite les indications biographiques de juin 1936, « modèle de falsification par omission » où le pétainisme et le collaborationnisme passager de plusieurs personnalités de gauche ne sont pas mentionnées. En revanche, le même ouvrage fait abstraction de ce qui est arrivé pendant la guerre au colonel de La Rocque. Antiallemand, il fut arrêté et interné en 1943 par les nazis. Sa biographie n’indique pas qu’il fut reconnu à titre posthume déporté-résistant. Selon Simon Epstein[9] : « La Rocque, le factieux de 1936, eut sous l’occupation une attitude sensiblement plus digne que celle d’un grand nombre d’antifascistes qui le combattirent farouchement aux temps des ligues. Cette vérité impossible à admettre et c’est pourquoi l’impitoyable guillotine de juin 1936 n’épargne pas sa biographie. […] Escamoter le destin de La Rocque ne résulte pas d’une décision fortuite, c’est un acte volontaire destiné à préserver la cohérence idéologique, la capacité mobilisatrice et la puissance émotionnelle du narratif antifasciste de 1936. »

Impact du débat politique sur l’historiographie

Dans un chapitre intitulé Les vicissitudes de l’historiographie, Simon Epstein constate les progrès des sciences historiques sur la connaissance de la Résistance et de la Collaboration dans les années 1970 et au début des années 1980, et qui se sont heurtés à la fin des années 1980 et dans les années 1990, à une pression politique et médiatique soucieuse de réactiver la thèse des deux France. Au début des années 1970, René Rémond et Robert Paxton s’inscrivent en faux contre l’assimilation abusive de Vichy à la droite extrême ou même à la droite moyenne d’avant-guerre. Ce dernier montrent que les hommes de Vichy se recrutent parmi les notables de la IIIe République et dépeint un régime éclectique dans ses fondements idéologiques et multiples dans ses zones de recrutement. Dans leur sillage, en 1974, Claude Lévy fait découvrir un Jean Luchaire, homme de gauche venu des jeunesses radicales attiré par le national-socialisme. ; en 1976, Pascal Ory consacre de longs développements aux personnages et aux structures collaborationnistes venues de la gauche, l’autobiographie du doriotsite Victor Barthélemy apporte de nombreuses informations sur le poids écrasant des communistes au PPF ; en 1978, Marc Sadoun publie un article très fourni sur les voies de passage au « socialisme collaborateur » ; le lien entre pacifisme de gauche et collaboration est analysé en 1978 par Michel Bilis. Le mouvement se poursuit dans les années 1980, avec le livre de Michèle Cointet montrant l’inanité de l’argument assimilant Vichy et le pétainisme à l’Action française et le poids déterminant des autres fondements constitutifs du régime, notamment lepacifisme ou encore le livre de Richard Millman, montrant que les ligues d’extrême droite des années 1930 furent souvent philosémites.

Or, deux logiques contradictoires se heurtent dans les années 1980 :

  • une logique historienne qui dévoile la lourde, très lourde part prise par les gens de gauche dans toutes les formes de la collaboration ;
  • une logique militante qui pour répondre aux nécessités du moment aspire à des messages univoques et réducteurs.

Cette deuxième logique conduit à l’emploi de l’arme du silence et de la thèse des deux France qui vise à assimiler les antidreyfusards, les ligueurs des années 1930, Maurras, la Cagoule, Vichy, le collaborationnisme et le Front national en un seul et même phénomène résurgent et coupable de collaboration avec le national-socialisme.

Face à ce phénomène, le silence est une arme utilisée. La deuxième arme est la résurgence de la thèse des deux France, appelée théorie de la continuité qui veut que les grands affrontements franco-français, se déroulent en récurrence le long des mêmes lignes : les partisans de la théorie des deux France croient constater une pérennité de la droite anti-dreyfusarde, la droite maurassienne ou cagoularde des années 1930, les collaborateurs, l’extrême droite d’après la guerre. Face à eux, les dreyfusards, les antifascistes de 1936, les résistants de toute tendance et les antiracistes d’aujourd’hui représentent l’autre France, celle des Lumières et des droits de l’homme.

L’historiographie a longtemps privilégié la thèse selon laquelle Vichy et la collaboration avaient représenté la droite tout comme la gauche était associée à la résistance. Les acquis de la recherche historienne remirent en cause cette vision des choses dans les années 1970 et 1980 mais les contingences de la lutte politicienne firent sentir leurs effets dans les années 1990. Simon Epstein décrit dans le Vichy 1940-1944de Jean-Pierre Azéma et Olivier Wieviorka une tentative pour exonérer la gauche et accabler la droite, tentative qu’il passe de nombreuses pages à analyser et réfuter. Selon Simon Epstein, ce n’est pas parmi les cohortes de l’ultradroite que l’on trouve les partisans de la collaboration dans les années 1940 mais parmi les partisans du rapprochement franco-allemand dans les années 1920 et 1930. Simon Epstein critique l’idée que « toutes les droites » entourent Philippe Pétain. En fait, autour du Maréchal, on trouve « de la même manière et en grand nombre, des anciens communistes, des anciens socialistes de toute tendance, des anciens radicaux et non des moindres ». On trouve aussi à Vichy beaucoup de dreyfusards et en beaucoup plus grand nombre que les antidreyfusards.

Épilogue

Dans un ultime chapitre, Simon Epstein constate que la Résistance fut un vaste conglomérat de Françaises et de Français de toutes mouvances idéologiques et de toutes formation politiques antérieures. Il cite plusieurs auteurs développant et théorisant cette idée.

  1. Aragon et La Rose et le Réséda qui symbolisera toute une époque et marquera toute une génération : « celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas, tous deux adoraient la belle, prisonnière des soldats… » Aisé à décrypter, le poème est dédié à Gabriel Péri (le communiste) et à d’Estienne d’Orves (le monarchiste), tous deux fusillés par les Allemands ». Aragon se conforme à la stratégie du parti communiste de « Front national », laquelle pour un temps, vise aux rassemblements politiques les plus larges, des communistes aux royalistes, aux droites nationalistes et aux anciens Croix-de-Feu. Mais surtout par delà les calculs, il laisse libre cours au patriotisme intégrateur et sincère qui inspire les Lettres françaises et qui en fera l’un des bastions de l’opposition intellectuelle à l’occupant.
  2. René Cassin, à Londres, sera martial et rassembleur. Il fera expressément référence à la France des Croisades, de Saint Louis et de Jeanne d’Arc, pas moins qu’à la France des Droits de l’homme et des soldat de Valmy : « Nous n’avons pas la prétention de prendre arbitrairement des morceaux de l’histoire de France », préciserat-il en 1942.
  3. Emmanuel d’Astier de La Vigerie sera plus schématique selon Simon Epstein qui vantera cette guerre « où pour fois Versaillais et Communards s’associeront dans la Victoire.
  4. Jacques Debû-Bridel, résistant originaire de l’extrême-droite qui dirigea le Comité national des écrivains (CNE) et qui fut membre fondateur du Conseil national de la Résistance (CNR), associera dans ses louanges les émeutiers du 6 février 1934 et le Front populaire. Dans un livre qu’il publie en 1948, il admet que certains six-févriéristes seront collaborateurs, mais il fait remarquer que nombre de leurs opposants républicains ou marxistes ne le seront pas moins : « La Résistance active et combattante a recruté autant de partisans dans les rands des six-févriéristes que dans ceux de leurs adversaires où Doriot occupait encore sa place de chef communistes… Le Six Février a marqué une date importante dans notre histoire. Contre les profiteurs et les exploiteurs d’une démocratie de forme archaïque, contre un régime décrépit et en plein décomposition, ce jour-là, des forces saines du peuple français se sont dressés dans un sursaut d’indignation sincère. » Les sympathie de Debû-Bridel ne vont pas qu’aux manifestants du 6 février 1934. Elles s’étendent aussi au Front populaire, dont il salue les aspirations à la justice sociale, à la réforme politique et à la solidarité humaine. « Le 6 février comme le Front populaire, le Front populaire comme le 6 février, étaient porteurs d’espérance et de volonté de vivre… […] Cette union des combattants du 6 février et des militants du Front populaire, elle s’est faite d’elle-même, après la défaite et l’abdication du régime, dans l’ombre héroïque de la résistance, à l’appel de l’homme du 18 juin », conclut-il.
  5. Pierre Mendès France, parlant d’otages exécutés par les Allemands, écrivit que « des enfants de 19 ans et des vieillards de 72 ans, des royalistes d’Action française et des communistes, des Juifs récemment naturalisés et les fils des plus anciennes familles de France ont été fusillés pêle-mêle. Ces rencontres devant le peloton d’exécution ont démontré avec un cruel symbolisme la généralité de la résistance française.» Traitant des partis politiques sous l’occupation, il observe que toutes les forces politiques se sont scindées en résistants et collaborateurs. Evoquant les Maurrassiens, il précise : « L’Action française, sous l’influence directe de Maurras, suit Vichy, mais là encore, la principale partie des troupes a abandonné les chefs. Comme la plupart des anciens Croix-de-Feu, les militants de l’Action française, surtout les éléments jeunes, sont aujourd’hui antiallemands et absolument hostiles à la soumission à l’occupant. »

Notes et références

  1. Simon Epstein constate qu’il est un point commun entre Darlan (tué par Bonnier de la Chapelle) et Laval et Déat (blessés par Paul Colette) : deux jeunes patriotes venus de l’extrême drooite tire sur trois grands chefs de la collaboration issu de la gauche, républicaine pour Darlan et socialiste pour Laval et Déat.
  2. Avocat, il avait chauté Eugène Frot, le républicain, franc-maçon et ami de la LICA qui réprima l’émeute du 6 février 1934 et qui passa une guerre vichyssois et tranquille alors que lui le cogneur d’Action française combattra l’Allemagne nationale-socialiste et mourra en camp de concentration.
  3. Plusieurs fois ministre sous le Ve République, il dira en 1959 à la veuve de Jacques Renouvin : « Nous sommes tous royalistes au gouvernement ! ».
  4. Ayant entendu l’appel du général de Gaulle, il interpella Maurras et lui reprocha son antigaullisme. Praslin, avec toute sa famille anima l’action du mouvement Combat en Dordogne. « Votre führer, je m’en fous », dit-il en mars 1944, quand laGestapo vient l’arrêter. Enseigne de vaisseau aux Forces navales françaises libres, son fils Charles périra en 1945.
  5. .
  6. Page 347 de son ouvrage, Un paradoxe français. Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, Simon Epstein remarque que Louis Rougier a saisi la différence de nature entre les partisans de la collaboration et les fascistes ; critiquant le projet de parti unique de Marcel Déat, il affirme qu’il ne copiera le parti nazi allemand qu’en apparence ; le parti nazi allemand s’est fondé sur le rejet du traité de Versailles ; le parti français sera fondé sur l’acceptation de la défaite.
  7. Simon Epstein cite l’album que la LICRA a publié en 2002 pour ses 75 ans : les noms de ses membres passés à la collaboration ont disparu mais le livre d’or de l’album n’a supprimé que les noms les plus connus : ainsi, nombre de pétainistes et de déatistes figurent encore dans l’ouvrage sans que ses auteurs en aient eu conscience.
  8. Dans sa thèse de doctorat il s’identifie aux thèse de Jaurès contre celle de Jules Guesde.
  9. Simon Epstein remarque que l’auteur a occulté dans sa notice biographique sa proximité avec le collaborationnisme de gauche.

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65 réactions et commentaires

  • Subotai // 07.09.2015 à 07h12

    Pour moi ça montre au contraire comment en période de merde générale les choix humains se font en dehors des idéologies affichées, quitte à se trouver des justifications après coup.
    Bref quand c’est le bordel, c’est l’émotionnel qui prime et il suffit d’un rien pour basculer de coté ou de l’autre.
    Si on cessait de classifier idéologiquement les acteurs actuels, les bonnes volontés se trouveraient certainement plus libre de moyens et d’unions, pour essayer de sauver ce qui peut encore l’être…
    Le calice sera bu jusqu’à la lie…

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    • constantinople // 01.05.2017 à 11h08

      A coupler avec la lecture de rapports d’un diplomate nazi pendant l’accoupation, Otto Abbetz, on comprends qu’il ne s’agit pas d’un simple basculement : l’idée européenne qui auparavant s’espérait autour de la France, est désormais promue avec l’Allemagne comme locomotive. C’est donc l’idée d’une Europe qui est mise en avant pour obtenir une collaboration sincére et efficace sur le long terme. Les collaborationistes types Marcel déats avec une idéologie qui pourrait se réclamer d’un fascisme à la Française (Un peu long à expliquer, mais composés de beaucoup d’anciens communistes qui ont viré notamme avce la deception envers l’URSS et l’internationale) ainsi que l’extrême droite type action française ont toujours été vus comme des menaces sur le long terme par l’Allemagne car vue, par les Nazis encore une fois, comme susceptible de « régénérer » la France avec un esprit revanchard.

      Bien sur on parle là d’engagement idéologiques sincéres en temps troublés, mais à mon avis, 99 % de la collaboration se fait par des gens qui veulent soit sauver leur peau, soit gratter quelques biftons au passage si il est possible de le faire.

      Merci à Olivier Berrurier pour ce travail de contre pieds permanent.

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    • camille // 01.05.2017 à 18h19

      Bonjour,
      Azéma explique (si mes souvenirs sont exacts) quelque chose que nous pouvons vérifier au quotidien :
      en situation de crise majeure, les personnes fonctionnent selon la hiérarchie de leurs principes et c’est celui des principes ou ceux qui dominent qui l’emportent, quitte à passer par dessus bord les autres principes qui vous habitaient moins… l’appartenance à un parti ou un camp ne joue plus.
      D’où, nombre d’eux ont eu pour priorité la paix et l’Europe, idée unie dans leur esprit, au point d’aller à la guerre et à l’horreur.
      Nous vivons exactement le même mécanisme et qui plus est avec les mêmes ressorts : la paix et l’Europe.

      On peut aussi dire qu’un clivage secondaire passe devant un clivage jusque là premier.

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  • Charlie Bermude // 07.09.2015 à 07h17

    Quand je dis supériotité technique et 8 pour raffiner , faudrait inclure aussi une nouvelle dimension qui s’imposera de plus en plus , l’écologie , à la fois politique , culturelle et technique .
    On a là une application du troisiéme principe de la thermodynamique à la société , supériorité technique globale , plus d’intelligence dans l’organisation , sans apport extérieur ( matiére ou énergie) et qui concerne aussi les écologistes , non éclaircis suffisemment sur les rapports sociaux internes et externes ( Europe) .

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    • Charlie Bermude // 07.09.2015 à 10h14

      Deux blancs qui restent dans la reflexion économique et politique , aussi bien , à droite qu’à gauche . Ce qui synthétise à la fois les rapports sociaux interne et externe c’est la monnaie , son cours intérieur et extérieur . Certes la sortie de l’euro est une condition , mais non suffisante , à un nouveau départ . Encore faudrait il que la monnaie soit sous controle populaire et un état démocratique , çà suffit pas .
      Les deux blancs sont ce controle populaire de la monnaie et le choix pour le travail d’entrer dans des rapports monéraires ou non , c’est à dire l’accés à la terre ( encore faut il qu’elle ne soit pas empoisonnée) , ce qui permet de négocier le prix du travail , pb de la rente absolue ..
      L’exemple est la monnaie-or au 19e siécle . Les gens excerçaient un controle sur les banques en pouvant retirer leurs avoirs à tous moments ou presque des banques et méme en s’en passant . Etars-Unis , Canada , Australie , autant d’occasions d’accéder à la terre , et incidemment de trouver des mines ( d’or et d’argent) .
      Une monnaie libre est donc indispensable et çà ne peut plus étre l’or ( mines sous controle) .
      Un accés à la terre aussi et çà c’est devenu uniquement politique .

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  • Astatruc // 07.09.2015 à 07h56

    Bonjour,

    l’affaire Salengro, édifiante,

    Dans les coulisses, calomnie pour attaquer Blum au travers de Salengro.
    Là où on voit que les patrons refusent d’appliquer les accords de Matignon, là où on voit le même cirque qu’aujourd’hui à l’assemblée, avec, déjà, une journaliste complètement mytho qui me rapelle fourest et tant d’autres…..

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  • Homère d’Allore // 07.09.2015 à 08h38

    Sur le destin des parlementaires français durant l’occupation, Wieviorka vient de ressortir une édition de son livre « Les orphelins de la République ».

    Je n’ai pas encore eu le temps de le lire mais ça paraît intéressant.

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_2001_num_72_1_1437_t1_0163_0000_2

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  • daumy roland // 07.09.2015 à 08h43

    le livre de Zeev Sternhell le fascisme en france ni gauche ni droite nous apporte des informations sur la formation ideologique de ces hommes ils etaient anti philosophie des lumieres anti republicains anti democratie anti droits de l’homme
    un grand oubli andre philip responsable socialiste membre se synarchie organisation secrete nazie patronale qui ecrivit un livre ou il exposait ses idees nazies et proposait l’instauration d’un regime nazi en france

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    • cording // 07.09.2015 à 13h40

      Le livre de Zeev Sternhell est très contesté et contestable. Un récent livre sous l’égide de Serge Bernstein fait le point sur le sujet. Il n’y a pas réellement eu de fascisme en France en raison notamment de l’importance du mouvement royaliste « Action Française » qui développait des thèses semblables mais en appelaient à une monarchie d’Ancien régime rêvée.

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    • triari // 30.04.2017 à 18h44

      Oui, enfin, ils étaient aussi anti-souveraineté nationale de la France, voir anti-français (« mieux vaut être un allemand vivant qu’un français mort » clamait Giono) et même anti-guerre (c’est dans le pacifisme que l’on trouvera nombre de collabo).

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  • cording // 07.09.2015 à 08h50

    J’ai lu ce livre très intéressant lors de sa parution, qui remet en question bien des idées reçues. Un peu dans la même veine je signale un livre paru il y a 1 an  » Voter Pétain ? Députés et Sénateurs sous la Collaboration 1940-1944  » de François-Marin Fleutot paru chez l’éditeur Pygmalion. L’auteur avait écrit un étonnant livre  » Des royalistes dans la Résistance  » chez Flammarion en 2000.

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  • Clémentine // 07.09.2015 à 09h13

    Merci pour cette analyse. Je m’étonnais toutefois de ne rien lire sur Robert Schuman, qui a voté effectivement les pleins pouvoir le 10 juillet 1940. Il a fait partie du premier gouvernement de Philippe Pétain à Vichy, frappé après la guerre d’indignité nationale avant que, sur sa demande et celle de ses amis, le général de Gaulle ne décide de classer le dossier.

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  • JEAN DOREMIEUX // 07.09.2015 à 09h46

    Robert Schuman un cas complexe de double nationalité.

    Il est né allemand. Ayant fait ses études universitaires en Allemagne, il est nommé fonctionnaire allemand à BOULAY à la frontière de l’annexion; et là où il noue des connaissances qui lui seront fort utiles par la suite. En 1918, naturalisé français, RS est devenu en fait citoyen français par le seul traité de Versailles. Élu député de Moselle en 1938, la crainte d’une nouvelle guerre « fratricide » (dixit) lui fait accueillir positivement les Accords de Munich alors que sa connaissance de la force montante des armées allemandes aurait dû le rendre anti-munichois. Député de Moselle,il s’engage nettement avec REYNAUD. Le 16 juin 1940, après le départ de ce dernier, il est confirmé à son poste de sous-secrétaire d’État faisant, ainsi, partie quasi-automatiquement du premier gouvernement Pétain. Le 10 juillet 1940, il vote donc pour les « pleins pouvoirs » au maréchal Pétain. Mais il ne restera pas sur place. Les versions varient. Arrêté par la GESTAPO on ne sait pourquoi (Réintégration ?), il s’évade et se planque à BOULAY chez d’anciennes connaissances. À la Libération, le ministre de la Guerre, André Diethelm bien informé de ces deux allégeances, exige que « soit vidé sur-le-champ ce produit de Vichy » en parlant de Schuman. Malgré cette accusation il reprend sa vie politique. Il est président du Conseil des ministres (1947) (MRP), puis ministre des Affaires étrangères (1947-1952). Il fut l’un des grands négociateurs de tous les traités majeurs de cette période marquée par le début de la Guerre froide en Europe et la nécessité d’organiser l’Europe de l’Ouest sur les plans politique avec ses deux Allemagnes, économique et militaire avec l’aide des États-Unis (Conseil de l’Europe, pacte de l’Atlantique nord, CECA, etc.).Son ami Jean Monnet lui fait part de l’urgente nécessité pour la France de se faire un allié de l’Allemagne et rédige un projet destiné à initier une fédération européenne. Robert Schuman concrétise l’initiative en proposant par sa déclaration du 9 mai 1950, de placer la production franco-allemande du charbon et d’acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d’Europe. Le plan Schuman entraîne la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) qui est à l’origine de l’actuelle Union européenne,

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    • Pierre M. Boriliens // 07.09.2015 à 10h52

      La Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) n’est que la suite logique du Cartel International de l’Acier de 1926 : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342x_1951_num_16_4_2706
      Si vous acceptez d’examiner cette hypothèse, vous verrez le rôle central de la sidérurgie lorraine (de Wendel) et par conséquent de Schuman, une créature du Comité des Forges. Ceci expliquant cela…

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  • yann // 07.09.2015 à 09h58

    Je vais un peu tempérer l’hallali vis-à-vis des collabos, rappelons tout de même que la plupart ont probablement été incités dans leur choix par la peur et l’angoisse. Il est toujours facile de se dire résistant derrière un écran. La plupart des Français pendant la guerre cherchaient juste à survivre au jour le jour, ce n’étaient pas des héros, mais pas des monstres non plus. Juste des humains avec toutes leurs faiblesses. Cela n’excuse évidemment pas les collabos enthousiastes, mais combien de gens ayant voté les pleins pouvoirs à Pétain étaient réellement de mauvais hommes? Ne faisons pas du BHL à l’envers. Pétain lui-même était d’ailleurs un vieux bonhomme au moment des évènements. le général De Gaulle a même été clément avec lui posez vous la question de savoir pourquoi .

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    • Crapaud Rouge // 07.09.2015 à 12h03

      @yann : j’approuve totalement votre com’, mais quand même…. Pétain, ce fut ce type qui a remis au goût du jour la morale la plus réac’, un peu comme on le voit aujourd’hui, pour masquer les problèmes de fond. Alors, si ceux qui ont voté pour lui n’étaient pas de « mauvais hommes« , beaucoup étaient probablement comme nos députés face à l’euro : d’affreux réac’ qui se refusent à regarder la réalité en face.

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      • yann // 07.09.2015 à 22h15

        Je trouve que c’est faire bien d’honneur à nos députés actuels que de les comparer aux collabos de l’époque. Eux avaient l’excuse de la canonnière et la plupart d’entre eux avaient fait la guerre de 14. Comme je l’ai dit, il est bien difficile de juger lorsque l’on n’a pas soit même été exposé à la violence meurtrière de la guerre, ce que je ne vous souhaite pas bien évidemment. Nos députés d’aujourd’hui ne prennent aucun risque physique à critiquer le système tout juste quelques attaques lamentables dans les feuilles de chou libérales que plus personne ne lit avec sérieux.

        Cela fait ressortir à quel point notre époque est faite de dirigeants médiocres. Il y avait probablement plus de résistance chez nos députés d’alors malgré la menace nazie qu’aujourd’hui, alors que les hommes politiques actuels ne risquent pratiquement rien à entrer en rébellion. C’est dire leur niveau de traitrise et d’anti-nationisme.

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        • marc // 30.04.2017 à 20h14

          « Cela fait ressortir à quel point notre époque est faite de dirigeants médiocres. »

          il n’y a pas que les dirigeants : l’ensemble de la population est médiocre…
          elle est plus faible physiquement déjà, mais aussi moralement, sans conviction forte etc, et la raison pour moi est simple, c’est la victoire du matérialisme, le confort matériel à la maison est tellement addictif qu’il est de loin la première des ambitions, c’est un sacré contraste, car à cette époque, on cherchait à avoir les commodités chez soi, eau, chauffage etc, mais aujourd’hui, on collectionne chez soi les sources de divertissement

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    • 21 janvier 1793 // 07.09.2015 à 16h44

      @yann : pas tout à fait vrai, le fait que la plupart des Français cherchaient _juste_ à survivre. C’est vrai de l’été 40 à l’été 42, mais avec la rafle du Vel’ d’Hiv’, l’invasion de la zone sud et le STO, c’est progressivement une grande partie de la société française qui soutient la Résistance. D’ailleurs, c’est logique : celle-ci est une guérilla de plusieurs centaines de milliers d’hommes, dans un pays de 40 millions d’habitants. Elle ne peut survivre sans le silence et le soutien d’une majorité de la population (principe de guérilla selon Mao, un spécialiste : elle doit être dans la population comme un poisson dans l’eau). Et en 44, ceux qui étaient encore collabos, étant certains de perdre la guerre et ayant 4 ans de réflexion, sont réellement des s… de la pire espèce.

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  • arkao // 07.09.2015 à 10h45

    A lire aussi, « Le destin des hommes de Pétain » de P. Valode ». Beaucoup de surprises en ce qui concerne le recyclage d’anciens collaborateurs.

    http://www.librairie-sciencespo.fr/histoire-contemporaine/histoire-du-xx-eme-siecle/livre/le-destin-des-hommes-de-petain-apres-1945/philippe-valode/9782365839877.html

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  • Grégory // 07.09.2015 à 12h45

    Mazette, quel voyage. A lire absolument.

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  • Joanna // 07.09.2015 à 12h59

    Je repense à ces anciens de la SFIO qui se sont révélés comme de bons collabos (donc de fait bons à rien …), certains n’étaient peut-être pas très futés (ça a changé ?) dans « national socialisme » ils ont surtout lu et retenu socialisme … des gens comme eux peut-être ?

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  • cording // 07.09.2015 à 13h34

    Comme le rappelle souvent Simon Epstein c’est le pacifisme forcené de certains hommes de gauche qui les a conduit à des choix plus que douteux.
    D’une certaine façon on pourrait affirmer que c’est la volonté de faire l’Europe à tout prix qui fait renier à certains hommes de gauche notamment du Parti « socialiste » les fondements de leur raison d’être à savoir la correction des tares du capitalisme libéral : le développement du chômage, du sous-emploi et la pauvreté, et de l’injuste répartition des fruits de la croissance. Ils sont les agents inconscients du Front national.

      +26

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  • david // 07.09.2015 à 13h57

    Très bonne initiative Olivier que de mettre en avant Simon Epstein car ses analyses sont d’un grand secours dans la confusion propagandale à propos de l’Etat Français
    Mais il manque le chef d’oeuvre pour moi qui est cette conférence vidéos sur la rafla du Vel d’Hiv à yad vashem, son visionnage a bouleversé ma vision de la période pétainiste. On en ressort avec bcp de question mais elle fait avancer le débat et surtout l’intelligence
    https://www.youtube.com/watch?v=piuegEYCY20#t=63

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    • Chris // 30.04.2017 à 17h05

      « Prélever la main d’oeuvre des jeunes (STO et similaire) au profit de l’économie allemande hitlérienne »
      Tel est le préambule du Dr Sim’ha Epstein sur la Rafle du Vél d’Hiv.
      J’ai immédiatement pensé à la construction de l’Union Européenne, la politique égocentrée allemande, la couardise complice des politiciens lavalistes français et le résultat : la jeunesse des pays su Sud et ex-soviétiques qui partent et participent à la puissance économique de l’Allemagne.
      Ça donne à réfléchir !

        +2

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  • David // 07.09.2015 à 14h44
  • olivier69 // 07.09.2015 à 15h14

    Ce texte « ne se limite pas à nous dire » qu’il y avait une vision européiste derrière la collaboration. C’est noyer le poisson, non ? Qui dit internationalisme dit forcément une stratégie de passage à l’européisme (sans surprise). Bref,….Il est normal que les maîtres du matérialisme dialectique maîtrisent la langue de bois.

    Simon Epstein dit : « Au total, les originaires de la gauche et de l’extrême gauche sont dominants au RNP et au PPF, qui sont les deux grands partis du pro-nazisme français….. »

    Et en regardant la partie « Analyses et conclusions », nous comprenons le véritable objet du débat.

    Simon Epstein critique notamment la vision véhiculée par le parti communiste. L’auteur parle d’ « une logique militante qui pour répondre aux nécessités du moment aspire à des messages univoques et réducteurs. » dans le paragraphe intitulé « Impact du débat politique sur l’historiographie ». Il évoque explicitement les « Occultations historiques et manipulations politiques ».

    La plupart des dirigeants ou partisans activistes de l’extrême gauche d’aujourd’hui, utilisent par ailleurs et parfaitement, cette manipulation de l’histoire. Est-ce circonstanciel ou viscéral ? On pourrait même parler d’ « historiopathie ». Personnellement, je pense que l’éducation nationale est un terreau de l’extrême gauche, n’en déplaisent à certains…Je trouve cela dommageable pour notre culture, mais c’est leur choix. Enfin, je remarque qu’actuellement, l’extrême gauche passe plus de temps à taper sur les allemands que sur les anglo-saxons (experts en socialisme). On ne mort pas la main qui nourrit (par la dette)…..

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  • Charlie Bermude // 07.09.2015 à 15h18

    Certes Schumann , Petain , etc , Mitterrand méme ont eu des circonstances atténuantes , au final : on arréte la boucherie . Le guerre 14-18 fut une catastrophe pour la civilisation et l’Europe en particulier . Mais deux générations auparavant , il y a eu la Commune et sa répression démesurée , qui a conduit à ce désastre , çà c’est une circonstance beaucoup moins atténuante et Pétain est à la charniére , justement avec Verdun et sa ‘pacification’ du front , en envoyant les rebelles au casse pipe . Schumann , méme camp , en symétrique , méme choix de classe , celui des émigrés de Coblence , l’Allemagne , au secours !

      +4

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  • Cruz Castillo // 07.09.2015 à 15h19

    Excellent papier et felicitation pour le travail. Je cherchais justement des references sur l OCM. Dans quelle mesure ceci reprend le travail d’Amouroux ?

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  • 21 janvier 1793 // 07.09.2015 à 16h33

    Selon Wikipédia en:
    « Hallstein was a member of several nominally Nazi professional organizations, but he was not a member of the Nazi Party or the SA. He is reputed to have rejected Nazi ideology and kept his distance from the Nazis. There was opposition from Nazi officials to his proposed appointment, in 1941, as professor of law at the University of Frankfurt, but his candidacy was pushed through by the academics, and he soon advanced to become dean of the faculty. »

    ça semble contredire ce poste de conseiller (pas forcément la proposition de plan). Vous avez une source ?
    Il a même été choisi pour rééduquer (dénazifier) les prisonniers de guerre allemands aux USA…

      +1

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    • FifiBrind_acier // 07.09.2015 à 19h15

      Bonjour,
      De nombreux nazis ont été « recyclés » par les Américains…, qui avaient pour but aussi de construire l’ Europe. La Nouvelle Europe d’ Hitler est visible dans ces deux affiches:
      – Combat pour l’ Europe
      http://www.histoire-fr.com/images/affiche_LVF.jpg?hc_location=ufi

      – « Camarades européens »
      http://www.histoire-fr.com/images/LVF_SS_1943.jpg?hc_location=ufi

      Ce n’est pas surprenant, rassembler sous une même direction des pays soumis, cela s’appelle un Empire. C’est vieux comme le monde.

      L’ennui, c’est qu’imposer à des pays qui n’ont rien demandé, une même monnaie, une même économie, les mêmes lois, ça fini toujours par tourner vinaigre, les peuples ne supportant plus qu’on ne tiennent pas compte de leurs avis, d’où la fin de l’Empire Austro -Hongrois, de l’ Empire romain, des Empires coloniaux etc..

      Hallstein était le juriste d’ Hitler, recyclé, il a signé le Traité de Rome au nom de l’ Allemagne et il est devenu le 1er Président de la Commission européenne…

        +12

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    • K // 07.09.2015 à 19h41

      Il y a beaucoup de responsables allemands qui se sont découvert une âme d’anti-nazi en 1945.
      Hallstein représentait le gouvernement allemand lors des discutions entre l’Allemagne et l’Italie pour la mise en place de la « Nouvelle Europe » (du 21 au 25 juin 1938). Il était donc bien mandaté par Hitler.
      Hallstein n’était surement pas le pire des responsables allemands de cette époque, mais de là à en faire le président de la commission européenne…
      En plus de représenter le gouvernement allemand, il a aussi été officier dans l’armée allemande et fait prisonnier.

        +4

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  • Emmanuel de Monestier // 07.09.2015 à 18h30

    On a la chance d’avoir en France une historienne comme Annie Lacroix-Rize qui a produit plusieurs livres sur ce sujet en se basant sur les archives déclassées. À mon avis, elle a dit ce qu’il y avait à dire sur la collaboration des « élites », collaboration qui était politique, économique, médiatique et militaire. Alors pourquoi ne pas se reporter à son travail fondé, je le rappelle, sur les archives et par sur les mythes et légendes dont on rabâche les oreilles?

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  • FifiBrind_acier // 07.09.2015 à 19h31

    Voici une carte postale vendue en France pour Pâques 1942, avec le tampon  » France européenne Paris »

    http://www.upr.fr/actualite/france/notre-mere-leurope

    Seuls les Anglais sont laissés de côté . L’Europe est présentée comme une « mère poule », solution protectrice pour les peuples.. Les Français ne voulaient pas d’une nouvelle guerre.
    Ils se remettaient à peine de la guerre de 14, certains, propagande aidant, pouvaient peut-être considérer qu’une Europe unie était une solution pour la paix??

    L’URSS aussi était considérée comme une menace permanente. Je n’essaye pas de justifier quoi que ce soit dans la collaboration, mais je pense que la propagande allait bon train dans tous les sens…

    J’ai lu le livre de Wievorka sur la Résistance, cité dans l’article. Je n’ai pas trouvé que c’était un livre pour réhabiliter la Gauche, il montre au contraire que c’était une variété impressionnante de mouvements divers et variés. C’est le Parti Communiste, qui fera de la Résistance, un mouvement majoritairement communiste.

      +8

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  • Wilmotte Karim // 07.09.2015 à 21h58

    Les communistes n’ont pas attendu le 21 juillet 1941 pour résister (entre autres chose).

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  • RonRon // 07.09.2015 à 22h17

    Une petite conférence d’Alain MICHEL, historien (mais aussi Israélien et rabbin), petite conférence qui pique :

    https://www.youtube.com/watch?v=DpYaWbgLVwU

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  • Anouchka // 08.09.2015 à 00h16

    Cette étude montre que les motivations de l’engagement sont toujours beaucoup plus complexes qu’il n’y paraît et qu’il faut toujours se garder de séparer l’univers politique entre les bons et les méchants. L’enfer est pavé de bonnes intentions et des idées les plus belles et les plus généreuses (dans ce cas l’internationalisme, l’amitié entre les peuples…) peuvent s’avérer parfois tres pernicieuses. Une bonne leçon d’humilité et de tolérance.

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  • Bordol // 08.09.2015 à 00h46

    Entre 1918 & 1939 : 21 ans !

    Il y a presque autant de temps qui sépare la fin de la boucherie de 1918 et le début de celle de 1940 que de temps entre l’élection de Chirac & aujourd’hui. 20 ans, c’est à la fois long et c’est pas grand chose en même temps.

    Le pire c’est quand se met à la place des poilus de 1914 : ils se sont fait trouer la peau par paquet de 1000 (1,8 millions de français morts…et évidemment bien plus de blessés, sans parler des traumatisés à vie) déjà pour protéger le territoire national, reprendre l’Alsace & la Lorraine et prendre à l’Allemagne les régions qui en faisaient une menace militaire & économique (donner le Bassin Rhénan à la France, chose à laquelle les anglais s’opposaient avec véhémence). Malgré tout le sang versé, la France n’a pas pu annexer le Bassin Rhénan comme l’Allemagne l’avait faite pour l’Alsace-Lorraine en 1870…donc non-seulement ils se sont fait abattre en grand nombre pour rien mais en plus ils repartaient dans leur foyer avec un ennemi qui, malgré sa défaite, conservait des moyens industriels de se réarmer et des raisons de se venger (le traité de Versailles).

    Mais après ça, tout le front tenu pour empêcher les « boches » de déferler dans Paris qui a obligé toute une génération d’hommes en âge de combattre à ramper dans la boue des tranchées…ce front, donc, enfoncé en quelques semaines en Juin 40. Toutes ces souffrances pour rien ! Est-ce que l’on pourrait imaginer le niveau d’amertume que l’on pourrait ressentir si on avait été à leur place ?

    Et on ose jeter après la pierre sur les pacifistes ?
    Si les gouvernements européens n’avaient pas voulu que les allemands mettent au pouvoir des extrémistes va-t-en-guerre, il ne fallait peut-être tout simplement pas humilier le peuple allemand ou, au moins, lui ôter les moyens industriels de prendre une revanche comme il l’a fait en 1940.

    Les nazis ne sont pas les seuls responsables des malheurs de l’Europe au XXème siècle…et je pense même que les « autres » responsables (nos élites politiques et « intellectuelles ») sont toujours aux manettes et nous dirigent à l’heure actuelle avec toujours autant de compétence et d’humanité.

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    • FifiBrind_acier // 08.09.2015 à 05h43

      La défaite a peut-être été programmée…?
      « Le choix de la défaite » conférence d’Annie Lacroix Riz
      https://www.youtube.com/watch?v=IU3FZlKmTQA

      Vu avec le recul du temps, cela ressemble à l’application « de la stratégie du choc ».
      Les Français à peine remis de la guerre de 14, la défaite appelée à juste titre « la débâcle » a permis de « les renvoyer en enfance », et d’accepter l’inacceptable.

      Je peux vous confirmer par un témoigne dans ma famille que les soldats recevaient parfois des munitions qui ne correspondaient pas aux armes distribuées.

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      • Chris // 30.04.2017 à 17h26

        L’arrogance des généraux français et du commandement supérieur était sans limites, me confiaient aussi mes grands-pères, anciens poilus. Nous faisions partie de la logistique, nos vies n’avaient aucune importance. Nous avons été traités comme du bétail sacrificiel.
        Et l’on s’étonne ensuite de la montée du communisme !?

        Le combat continue sous d’autres oripeaux…

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  • Jean Louis // 08.09.2015 à 10h48

    On pourra lire avec intérêt l’excellent opuscule d’historiens – chercheurs « Gouvernement et haut commandement au déclin de la IIIe République : Edition critique des procès-verbaux du Comité de guerre, 1939-1940. septembre 2009 de Thierry Sarmant / Ségolène Garçon

    Archives non exploitées, et signalées par mme Michèle Cointet. On y découvre la médiocrité du personnel politique au plus haut niveau de l’Etat, Reynaud en tête, totalement interchangeable avec ceux que nous connaissons aujourd’hui …
    Le Maréchal Pétain fut nommé vice président du conseil le 18 Mai 1940, et ne présida que le dernier de ces comités, le 13ème, le 20 Mai 1940. A cette date l’Armée Française était aux mains de la Wehrmacht …

      +3

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  • Koba // 08.09.2015 à 11h27

    Au sujet des « pleins pouvoirs », mais si un peu hors sujet, il faut rappeler que le vote constistait à donner les « pleins pouvoirs » à Pétain pour pomulguer une nouvelle Constitution quie devait être soumise à referundum. Il ne s’agissait pas de donner les pleins pouvoirs en soi, soit faire de Petain un dictateur.
    Ceci pour resituer un peu le vote des députés 🙂

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  • Avenante // 09.09.2015 à 05h07

    Bonjour,

    Excusez moi mais il y a une chose que je ne semble pas saisir dans ce débat.
    On parle ici d’un livre qui analyse et démontre comment l’ELITE francaise c’est comportée dans cette période.

    Donc les 1%.

    Question: Peut on faire de l’étude de ces 1% la généralité ? Comment c’est comporté les autre 99%.
    C’est ca qui est important ?

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    • araok // 30.04.2017 à 16h55

      Bonjour Avenante
      Il me parait important d’avoir un éclairage historique sur la conduite de l’élite qui nous enjoint de « bien voter ».
      Pendant la guerre, ce que je peux vous dire c’est que mes parents, à Paris, n’avaient qu’une obsession: trouver à manger pour mon frère et moi (delà une certaine animosité envers les paysans de l’Ile de France et Beauce qui ne faisaient pas de cadeaux…).
      Deux remarques: le livre « Un paradoxe etc » (que j’ai) est très gros et très indigeste.
      Et, je suis étonné que la guerre d’Algérie, qui a frappé ma génération, soit si peu évoquée quand on parle des « 30 glorieuses ». Dans les Aurès c’était moins glorieux. On n’avait pas le chômage, oui, c’est vrai…

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    • Chris // 30.04.2017 à 17h57

      Disons que 80% tentaient de survivre, coincés entre un marché noir florissant entre villes et campagnes et les trains bondés de marchandises en partance pour l’Allemagne prélevées sur l’ordinaire des Français.
      Ce fut une véritable razzia, pas seulement d’oeuvres d’art !
      Occupation signifie aussi troupes étrangères à nourrir, qui surveillent les vaincus et imposent la loi du vainqueur avec son lot de « collaborateurs » pour mener à bien la mise sous tutelle. Tout le monde se méfie de tout le monde. Les gens se taisent et rasent les murs, les règlements de compte privés se multiplient.
      Des années de plomb égayées de drames sanglants au fur et à mesure des opérations de la Résistance. Mes grands-parents qui vivaient dans une ferme isolée sur le parcours Drancy-France libre s’étaient « spécialisés » dans le passage de clandestins, pas seulement Juifs… Ils ne surent que 6 mois avant la libération qu’un proche voisin résistant recevait des parachutages d’armes et d’hommes.

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  • Anouchka // 11.09.2015 à 09h19

    Ah bon, le Général de Gaulle etait communiste? C’est bizarre je n’avais jamais vu les choses comme ça… C’est par nationalisme que les premiers résistants sont entrés dans la clandestinité, et a l’époque le nationalisme etait une idée considérée comme de droite et d’extrême-droite -aux antipodes de l’internationalisme communiste.
    De Gaulle, dans un premier temps, n’était pas motivé par l’anti-fascisme ou l’anti-nazisme. L’idéologie ne l’intéressait pas.
    En revanche, il est vrai que l’entrée massive des communistes dans la resistance a donné à celle-ci la coloration radicalement anti-fasciste (et progressiste sur le plan social) dont la mémoire collective se souvient, a juste titre.

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  • Louis Robert // 30.04.2017 à 15h55

    C’est de notoriété publique dans le monde entier que la France n’a certes pas manqué de collabos et d’antisémites passionnés. Sujet sensible en ce pays… comme y sont tabous l’arabophobie et l’islamophobie françaises.

    Cela dit, je suis indigné de lire ici que l’on puisse en certains cas qualifier des gens de collabos et d’antisémites à partir d’indices si ténus… un euphémisme. Cela frôle l’inculpation et la culpabilité présumée, publiquement et par pure insinuation. Intolérable!

    Il s’agit en fait d’accusations gravissimes, me semble-t-il. Il est inacceptable donc qu’une seule d’entre elles soit lancée à la volée par quiconque et envers quiconque. On ne devrait pas encourager que l’on se permette d’agir ainsi.

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    • tribout // 30.04.2017 à 19h02

      Bonjour à ts ,
      Moi ,ds les années 70 ,je lisais beaucoup « Historia » petit magasine qui publiait des faits sur ts les évênements du passé
      notament sur la Waffen SS ,et publiait la composition de cette armée de ts les pays européens ,ce qui a le plus retenue mon attention : que ds les engagés il y avait 10 000 où 15 000 Français ???
      10 000Juifs ???
      italiens, russes, et autres dont je ne me souviens + ………
      Donc ,pourquoi les journaleurs n’en parlent-ils pas , pourquoi confondre le F N à un parti nazi ???
      Actuellement ,la syrie,l’ E I ,l’Afrique,et la Chine ,la Corée du nord !!!!!!comment qualifié leur manière d’agir envers le peuple ???

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  • Chris // 30.04.2017 à 17h58

    Je sous suggère de regarder la téloche…

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  • Alain Hache // 30.04.2017 à 18h24

    Je suis le fils d’un jeune résistant de la première heure (décembre 1941). Mon père a toujours été antisémite et n’a été résistant uniquement que par l’aversion pour l’Allemagne. J’ai retrouvé dans la bibliothèque de sa mère veuve de guerre un exemplaire des Décombres de Lucien Rebatet annoté.

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  • Betula // 30.04.2017 à 18h56

    Pour avoir acheté, et lu, cet ouvrage dès sa sortie je confirme.

    Et puisque Olivier Wierviorka est cité les chiffres  » Position des parlementaires radicaux-socialistes le 10 juillet 1940″ p. 122, « Attitude de la gauche au 10 juillet 1940 » p.124, « Vote des députés et sénateurs de droite » p. 130, « Attitude des parlementaires de droite au 10 juillet 1940 » p. 134, ainsi que la prise en compte des facteurs confessionnels (p. 130p) et régionaux (p.132) sont détaillés dans d’explicites tableaux à l’intérieur de son livre :
    Olivier Wieviorka, Les Orphelins de la République. Destinées des députés et sénateurs français (1940-1945), UH L’Univers Historique, Le Seuil, Paris, 2001.

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  • Betula // 30.04.2017 à 19h01

    Et pour, entre autre, témoignage vécu, voir: Edmond Michelet, Rue de la Liberté, Dachau 1943-1945, Livre de Vie N°102, Le Seuil, 1955, qui dans son « voyage » l’emportant à Dachau après des haltes aux prisons de Limoges, de Fresnes et du camp de Neue Bremen, décrit ses co-détenus parmi lesquels: un Maçon, Grand-Maître de la GLF, Chadirat, qui invitait ceux qui croyaient à dire l’Angelus du soir (p. 37), l’abbé Lair dont le voyage fut écourté par un rafale de mitraillette, un royaliste ancien camelot de l’Action-Française, Jacques Renouvin, un évêque, Mgr Maurice Piguet, évêque de Clermont-Ferrand arrêté dans sa cathédrale pour avoir encouragé le sauvetage de familles juives (Déclaré « Juste parmi les nations), un avocat, Dayras, portant l’insigne de la LVF mais résistant !!!! et deux jeunes frères juifs (17 et 18 ans) eux aussi résistants , p.50, qui moururent après une atroce séance de « saut de grenouille », non sans avoir eu le temps, pour l’aîné, de réciter un poème de Paul Claudel « La Vierge à midi (p. 54) ….
    Comme quoi rien n’a la simplicité réductrice des médias actuels!

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  • vlois // 30.04.2017 à 19h05

    A-t’il dans son livre parler des haurts-fonctionnaires et de la Magistrature française en plus… un cas d’étude le procureur général Mornet – collabo, élabore le « statut des juifs » puis à la Libération demandant lors du procès la peine de mort pour Laval et Pétain.

    Ne parlons pas d’opportunisme, de soifs de pouvoir et d’absence de scrupule pour beaucoup ?

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  • Xavier // 30.04.2017 à 20h17

    Plutôt que juger du passé avec les risques que cela comporte, un article recensant ceux qui ont voté un soutien direct ou non aux conflits en Irak, en Syrie, etc. me semblerait bien plus intéressant.

    Si j’étais né en 17 à Leidelstadt…

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  • l // 30.04.2017 à 22h15

    Il me paraît important de rappeler que M. MITTERAND fût un cagoulard avec le père de Mme BETTEMCOURT, M. BETTEMCOURT, Claude ROY etc. Il s’agissait de l’extrême droite violente, d’un antisémitisme viscéral. M. MITTERAND n’a jamais été un socialiste mais un opportuniste. Je vois que le livre cite enfin M. Maurice DUCLOS qui lui aussi faisait partie des cadres de la Cagoule. Il rejoindra DE GAULLE le 20 ou le 21/06/1940. C’est grâce à lui que nous avons eu la résistance que nous avons eu. Les attentats, les coups risqués la cagoule connaissait. Il n’y aura que M. DE GAULLE pour lui rendre hommage. Je regrette que l’histoire n’est pas retenu son nom comme il le méritait. Sans aucun doute parce qu’il était d’extrême droite. Pourtant la cagoule a payé un lourd tribut Conclusion l’extrême droite ne veut pas dire l’adhésion aux thèses d’Hitler. Quand à M. MITTERRAND, on a dit qu’il avait résisté, mais cela reste flou. Il n’a pas été comme M. DUCLOS Maurice (rien, à voir avec Jacques) compagnon de la libération. Quant à Maurice THORES, il est resté à l’abri à Moscou durant toute la guerre. Il faut arrêter les idées reçues.

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    • Sandrine // 01.05.2017 à 10h06

      « L’extrême-droite ne veut pas dire adhésion aux thèses d’Hitler ». À cette époque, c’est certainement vrai, même si l’immense majorité des résidants issus de l’extrême-droite ne résistait pas à l’hitlerisme mais à l’invasion de la France par l’Allemagne.
      Ne pas oublier non plus qu’une partie de l’Action Française, cette extrême-droite qui aurait protégé la France de la tentation fasciste selon certains, s’est jetée éperdument dans l’aventure de la collaboration car elle espérait que Hitler l’aiderait à faire triompher ses idées.
      Quoi qu’il en soit, les Français ont une vision biaisée de cette période et des raisons profondes de la collaboration – certainement à cause du fait que la Résistance, pour être « sacralisée » après guerre, a dû être considérée comme un tout indivisible incapable de mauvaises actions et de « mauvaises pensées ». Le couple « collaboration-résistance » est devenu un tabou qu’il est très difficile d’aborder sereinement même maintenant.

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      • Jérôme // 01.05.2017 à 14h13

        Détrompez-vous. S’agissant de l’Action Française, si son maître à penser, le vieux Maurras, s’est en effet fourvoyé, bien que haïssant l’Allemagne, dans le soutien à la politique dite de « révolution nationale » de Vichy, en revanche la plupart des jeunes disciples de Maurras ont précisément rompu avec lui sur la question du rapport à l’Allemagne.

        Même si ces membres de l’Action Française étaient anti-républicains et anti-libéraux, leur nationalisme/patriotisme a transcendé toute autre idéologie et les a conduits à la résistance. Pour eux, que la France collabore avec l’ennemi allemand était l’abomination absolue.

        Cela n’enlevait rien à leur idéologie et à ce qu’on peut en penser. Mais au final, cela illustre que vous pouvez avoir d’une part des gens qui a priori ont des idées plaisantes et qui au final agissent de manière dégueulasse, et d’autre part des gens qui ont a priori des idées dégueulasses mais qui au final agissent de manière admirable et même héroïque.

        On ne devrait juger les gens que sur leurs actes, sans se mêler de condamner ou d’approuver leurs idées. Quand vous êtes coincé en haut d’un immeuble en flammes, on s’en fiche que la figure ou les idées des pompiers. L’essentiel est que des pompiers compétents viennent vous tirer de là plutôt que de vous envoyer des bonnes soeurs qui resteront en bas de l’immeuble à prier pour le salut de votre âme.

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  • Pepin Lecourt // 01.05.2017 à 10h30

    Ouahh c’est la première fois que je vois cité ce remarquable ouvrage, jamais dans un média, pour la première fois sur un site, c’est une bombe, de la dynamite qui va à l’encontre de tout ce que l’on nous a enseigné avec les fachos s’engageant en coeur dans la collaboration pendant que la gauche héroïque se ruait dans la résistance;

    La réalité fut un total paradoxe:
    A Londres de Gaulle au début ne s’est retrouvé qu’entouré de fachos de la Cagoule, d’Action Fançaise pendant que des professionnels de la dénonciation du fascisme et de l’antisémitisme d’avant-guerre fonçaient tête baissée dans la collaboration et la traque aux juifs !

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    • Jérôme // 01.05.2017 à 12h41

      Les nationalistes et les royalistes étaient certes au début les plus nombreux, mais ils n’étaient pas les seuls. Il y avait aussi des figures de gauche à Londres dès les 1ères semaines.

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  • Jérôme // 01.05.2017 à 12h37

    Ce que montre surtout Epstein dans son livre, c’est que la collaboration et l’antisémitisme d’Etat sont d’abord et avant tout le fruit des circonstances exceptionnelles : l’effondrement du pays, sa défaite et son occupation par l’Allemagne, et pas par n’importe quelle Allemagne mais par l’Allemagne nazie.

    Ce qui fonde les choix politiques, c’est la question de la paix et de l’Europe.

    Des modérés antiracistes deviennent racistes et mènent les politiques que l’on sait par obsession de la paix et de la construction d’une Europe de la paix autour de l’Allemagne. Et symétriquement des modérés antiracistes passent le refusent parce que la paix n’est pas la valeur absolue, qu’on ne peut pas accepter d’être en paix avec cette Allemagne-là.

    Et des extrémistes ou des royalistes, racistes ou pas racistes, passent à la résistance par nationalisme, parce que soit ils refusent de collaborer avec cette Allemagne, soit ils haïssent l’Allemagne quelle qu’elle soit et n’acceptent pas la soumission de la France.

    Il était donc logique de retrouver surtout les modérés de la 3ème république dans la collaboration parce qu’ils étaient de loin les plus nombreux. Vichy ce n’était pas l’extrême-droite ni l’extrème-gauche, arbres cachant la forêt. C’étaient surtout des modérés qui mènent des politiques intérieures extrémistes par pacifisme.

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  • Astro Popote // 01.05.2017 à 12h55

    Merci d’avoir relayé et commenté ce très important article qui donne effectivement à penser.
    Superbe travail, très éclairant pour la période actuelle.

    J’y reviendrai régulièrement.

    AP

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  • Ribouldingue // 01.05.2017 à 21h02

    Je suis un peu surpris qu’on cite les partis des uns et pas ceux des autres, en citant certains juste par leur profession. Pourquoi ce traitement différent selon l’origine politique?

    Dommage, les partis comme ceux qui expliquent l’histoire cachent en effet plein de choses et il n’y a pas des antirépublicains qu’au FN.
    Raison de plus pour remercier l’esprit critique de chacun.

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  • Philvar // 01.05.2017 à 23h06

    Dans mes souvenirs en 1939/40 les français, à cause de la « 5ème colonne » allemande d’intox en France, étaient surtout anti anglais surtout après l’épisode de Dunkerque, monté en épingle. Par contre l’antisémitisme, toujours par la 5ème colonne, n’était pas très dominant. En tous cas pas du tout autour de moi.

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