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4.novembre.20164.11.2016 // Les Crises

Guerre, Propagande, Clinton & Trump – par John Pilger

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Source : John Pilger, 28-10-2016

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John PILGER

Le journaliste américain, Edward Bernays, est souvent présenté comme l’inventeur de la propagande moderne.

Neveu de Sigmund Freud, le pionnier de la psychanalyse, Bernays a inventé le terme « relations publiques » comme un euphémisme pour désigner les manipulations et les tromperies.

En 1929, il a persuadé les féministes de promouvoir les cigarettes pour les femmes en fumant lors d’une parade à New York – un comportement considéré à l’époque comme saugrenu. Une féministe, Ruth Booth, a déclaré, « Femmes ! Allumez un nouveau flambeau de la liberté ! Luttez contre un autre tabou sexiste ! »

L’influence de Bernays s’étendait bien au-delà de la publicité. Son plus grand succès a été de convaincre le public américain de se joindre à la grande tuerie de la Première Guerre mondiale. Le secret, disait-il, était « de fabriquer le consentement » des personnes afin de les « contrôler et orienter selon notre volonté et à leur insu ».

Il décrivait cela comme « le véritable pouvoir de décision dans notre société » et l’appelait le « gouvernement invisible ».

Aujourd’hui, le gouvernement invisible n’a jamais été aussi puissant et aussi peu compris. Dans toute ma carrière de journaliste et de cinéaste, je n’ai jamais connu de propagande aussi influente sur nos vies que celle qui sévit aujourd’hui, et qui soit aussi peu contestée.

Imaginez deux villes. Les deux sont en état de siège par les forces gouvernementales de ces pays. Les deux villes sont occupées par des fanatiques, qui commettent des atrocités, comme la décapitation.

Mais il y a une différence essentielle. Dans une des deux villes, les journalistes occidentaux embarqués avec les soldats gouvernementaux décrivent ces derniers comme des libérateurs et annoncent avec enthousiasme leurs batailles et leurs frappes aériennes. Il y a des photos en première page de ces soldats héroïques faisant le V de la victoire. Il est très peu fait mention des victimes civiles.

Dans la deuxième ville – dans un pays voisin – il se passe presque exactement la même chose. Les forces gouvernementales assiègent une ville contrôlée par la même trempe de fanatiques.

La différence est que ces fanatiques sont soutenus, équipés et armés par « nous » – par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Ils ont même un centre de médias financé par la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.

Une autre différence est que les soldats gouvernementaux qui assiègent cette ville sont les méchants, condamnés pour avoir agressé et bombardé la ville – ce qui est exactement ce que les bons soldats font dans la première ville.

Déroutant ? Pas vraiment. Tel est le double standard de base qui est l’essence même de la propagande. Je parle, bien sûr, du siège actuel de la ville de Mossoul par les forces gouvernementales irakiennes, soutenues par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne et le siège d’Alep par les forces gouvernementales de la Syrie, soutenues par la Russie. L’un est bon ; l’autre est mauvais.

Ce qui est rarement signalé est que les deux villes ne seraient pas occupées par des fanatiques et ravagées par la guerre si la Grande-Bretagne et les États-Unis n’avaient pas envahi l’Irak en 2003. Cette entreprise criminelle fut lancée sur la base de mensonges étonnamment semblables à la propagande qui déforme maintenant notre compréhension de la guerre en Syrie.

Sans ce battement de tambour de propagande déguisé en informations, les monstrueux Daesh, Al-Qaida, al-Nusra et tout le reste de ces bandes de djihadistes pourraient ne pas exister, et le peuple syrien ne serait pas en train de se battre pour sa survie.

Certains se souviendront peut-être de tous ces journalistes de la BBC qui en 2003 défilaient devant les caméras pour nous expliquer que l’initiative de Blair était « justifiée » pour ce qui allait devenir le crime du siècle. Les chaînes de télévision US fournissaient les mêmes justifications pour George W. Bush. Fox Newsinvita Henry Kissinger pour disserter sur les mensonges de Colin Powell.

La même année, peu après l’invasion, j’ai filmé une interview à Washington de Charles Lewis, le célèbre journaliste d’investigation. Je lui ai demandé, « Qu’est-ce qui se serait passé si les médias les plus libres du monde avaient sérieusement remis en question ce qui s’est avéré être une propagande grossière ? »

Il a répondu que si les journalistes avaient fait leur travail, « il y a de très fortes chances qui nous ne serions pas entrés en guerre contre Irak. »

Ce fut une déclaration choquante, et confirmée par d’autres journalistes célèbres à qui j’ai posé la même question – Dan Rather de CBS, David Rose du Observer et des journalistes et producteurs de la BBC, qui souhaitaient rester anonymes.

En d’autres mots, si les journalistes avaient fait leur travail, s’ils avaient contesté et enquêté sur la propagande au lieu de l’amplifier, des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants seraient encore en vie aujourd’hui, et il n’y aurait pas de Daesh et aucun siège à Alep ou à Mossoul.

Il y aurait eu aucune atrocité dans le métro de Londres le 7 Juillet 2005. Il n’y aurait eu aucune fuite de millions de réfugiés ; il n’y aurait pas de camps misérables.

Lorsque l’atrocité terroriste a eu lieu à Paris, au mois de novembre dernier, le président François Hollande a immédiatement envoyé des avions pour bombarder la Syrie – et plus de terrorisme a suivi, de façon prévisible, produit par la grandiloquence de Hollande sur la France « en guerre » et « ne montrant aucune pitié ». Que la violence de l’État et la violence djihadiste s’alimentent mutuellement est une réalité qu’aucun dirigeant national n’a le courage d’aborder.

« Lorsque la vérité est remplacée par le silence », a déclaré le dissident soviétique Yevtushenko, « le silence devient un mensonge ».

L’attaque contre l’Irak, l’attaque contre la Libye, l’attaque contre la Syrie ont eu lieu parce que les dirigeants de chacun de ces pays n’étaient pas des marionnettes de l’Occident. Le bilan en matière de droits de l’homme d’un Saddam ou d’un Kadhafi est hors de propos. Ils ont désobéi aux ordres et n’ont pas abandonné le contrôle de leur pays.

Le même sort attendait Slobodan Milosevic une fois qu’il avait refusé de signer un « accord » qui exigeait l’occupation de la Serbie et sa conversion à une économie de marché. Son peuple fut bombardé, et il fut poursuivi à La Haye. Une telle indépendance est intolérable.

Comme WikLeaks l’a révélé, ce ne fut que lorsque le dirigeant syrien Bashar al-Assad rejeta en 2009 un projet d’oléoduc qui devait traverser son pays en provenance du Qatar vers l’Europe, qu’il a été attaqué.

A partir de ce moment, la CIA a prévu de détruire le gouvernement de la Syrie avec les fanatiques jihadistes – les mêmes fanatiques qui tiennent actuellement en otage les habitants de Mossoul et des quartiers est d’Alep.

Pourquoi les médias n’en parlent pas ? L’ancien fonctionnaire du Ministère des Affaires étrangères britannique, Carne Ross, qui était responsable des sanctions opérationnelles contre l’Irak, m’a dit : « Nous fournissions aux journalistes des bribes d’informations soigneusement triées, ou nous les tenions à l’écart. Voilà comment ça fonctionnait. ».

L’allié médiéval de l’Occident, l’Arabie Saoudite – à laquelle les Etats-Unis et la Grande-Bretagne vendent des milliards de dollars d’armement – est en ce moment en train de détruire le Yémen, un pays si pauvre que, dans le meilleur des cas, la moitié des enfants souffrent de malnutrition.

Cherchez sur YouTube et vous verrez le genre de bombes massives – « nos » bombes – que les Saoudiens utilisent contre des villages de terre battue, et contre les mariages et les funérailles.

Les explosions ressemblent à de petites bombes atomiques. Ceux qui pilotent ces bombes depuis l’Arabie Saoudite travaillent côte à côte avec des officiers britanniques. Vous n’en entendrez pas parler dans les journaux télévisés du soir.

La propagande est plus efficace lorsque notre consentement est fabriqué par l’élite éduquée – Oxford, Cambridge, Harvard, Columbia – qui fait carrière à la BBC, au Guardian, New York Times, Washington Post.

Ces médias sont réputés pour être progressistes. Ils se présentent comme des gens éclairés, des tribuns progressistes de la morale ambiante. Ils sont anti-racistes, pro-féministes et pro-LGBT.

Et ils adorent la guerre.

En même temps qu’ils défendent le féminisme, ils soutiennent les guerres rapaces qui nient les droits d’innombrables femmes, dont le droit à la vie.

En 2011, la Libye, un Etat moderne, fut détruite sous prétexte que Mouammar Kadhafi était sur le point de commettre un génocide contre son propre peuple. L’information tournait en boucle ; mais il n’y avait aucune preuve. C’était un mensonge.

En réalité, la Grande-Bretagne, l’Europe et les États-Unis voulaient ce qu’ils aiment à appeler un « changement de régime » en Libye, le plus grand producteur de pétrole en Afrique. L’influence de Kadhafi sur le continent et, surtout, son indépendance était intolérable.

Il a donc été assassiné avec un couteau dans son arrière par des fanatiques, soutenus par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France. Devant une caméra, Hillary Clinton a applaudi sa mort horrible en déclarant, « Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort ! »

La destruction de la Libye fut un triomphe médiatique. Tandis que l’on battait les tambours de guerre, Jonathan Freedland écrivait dans le Guardian : « Bien que les risques soient bien réels, le cas d’une intervention reste forte. »

Intervention. Un mot poli, bénin, très « Guardian », dont la signification réelle, pour la Libye, fut la mort et la destruction.

Selon ses propres dossiers, l’OTAN a lancé 9.700 « frappes aériennes » contre la Libye, dont plus d’un tiers étaient destinées à des cibles civiles. Elles comprenaient des missiles avec des ogives d’uranium. Regardez les photos des décombres à Misurata et à Syrte, et les fosses communes identifiées par la Croix-Rouge. Le rapport de l’Unicef sur les enfants tués dit, « la plupart [d’entre eux] avaient moins de dix ans. » Comme conséquence directe, Syrte est devenue la capitale de l’Etat Islamique.

L’Ukraine est un autre triomphe médiatique. Des journaux libéraux respectables tels que le New York Times, le Washington Post et le Guardian, et les diffuseurs traditionnels tels que la BBC, NBC, CBS et CNN ont joué un rôle crucial dans le conditionnement de leurs téléspectateurs pour accepter une nouvelle et dangereuse guerre froide.

Tous ont déformé les événements en Ukraine pour en faire un acte maléfique de la Russie, alors qu’en réalité, le coup d’Etat en Ukraine en 2014 fut le travail des États-Unis, aidés par l’Allemagne et de l’OTAN.

Cette inversion de la réalité est tellement omniprésente que les menaces militaires de Washington envers la Russie sont passées sous silence ; tout est occulté par une campagne de dénigrement et de peur du genre de celui que j’ai connu pendant la première guerre froide. Une fois de plus, les Russkoffs viennent nous chercher des poux, dirigés par un nouveau Staline, que The Economist dépeint comme le diable.

L’occultation de la vérité sur l’Ukraine est une des opérations de censure les plus complètes que j’ai jamais vue. Les fascistes qui ont conçu le coup d’Etat à Kiev sont de la même trempe que ceux qui ont soutenu l’invasion nazie de l’Union soviétique en 1941. Alors que l’on se répand sur les craintes d’une montée de l’antisémitisme fasciste en Europe, aucun dirigeant ne mentionne les fascistes en Ukraine – sauf Vladimir Poutine, mais lui ne compte pas.

Beaucoup dans les médias occidentaux ont travaillé dur pour présenter la population russophone ethnique de l’Ukraine comme des étrangers dans leur propre pays, comme des agents de Moscou, presque jamais comme des Ukrainiens qui cherchent une fédération en Ukraine et, en tant que citoyens ukrainiens, qui résistent à un coup d’Etat orchestré depuis l’étranger contre leur gouvernement élu.

Chez les bellicistes règne pratiquement le même état d’excitation que lors d’une réunion de classe. Le batteurs de tambour du Washington Post qui incitent à la guerre contre la Russie sont les mêmes qui publiaient les mensonges sur les armes de destructions massive de Saddam Hussein.

Pour la plupart d’entre nous, la campagne présidentielle US est un spectacle de monstres, où Donald Trump tient le rôle du grand méchant. Mais Trump est détesté par ceux qui détiennent le pouvoir aux États-Unis pour des raisons qui ont peu à voir avec son comportement odieux et ses opinions. Pour le gouvernement invisible à Washington, le Trump imprévisible est un obstacle au projet de l’Amérique pour le 21e siècle, qui est de maintenir la domination des États-Unis et de soumettre la Russie, et, si possible, la Chine.

Pour les militaristes à Washington, le vrai problème avec Trump est que, dans ses moments de lucidité, il ne semble pas vouloir une guerre avec la Russie ; il veut parler avec le président russe, pas le combattre ; il dit qu’il veut parler avec le président de la Chine.

Dans le premier débat avec Hillary Clinton, Trump a promis de ne pas être le premier à utiliser des armes nucléaires dans un conflit. Il a dit : « Je ne voudrais certainement pas effectuer la première frappe. Une fois l’option nucléaire prise, c’est fini. » Les médias n’en ont pas parlé.

Le pensait-il réellement ? Qui sait ? Il se contredit souvent. Mais ce qui est clair, c’est que Trump est considéré comme une grave menace pour le statu quo entretenu par le vaste appareil de sécurité nationale qui opère aux États-Unis, quel que soit l’occupant de la Maison Blanche.

La CIA veut le voir battu. Le Pentagone veut le voir battu. Les médias veulent le voir battu. Même son propre parti veut le voir battu. Il représente une menace pour les dirigeants du monde – contrairement à Clinton, qui n’a laissé aucun doute qu’elle était prête à aller en guerre contre la Russie et la Chine, deux pays qui possèdent des armes nucléaires.

Clinton a la forme, comme elle s’en vante souvent. En effet, elle n’a plus rien à prouver. En tant que sénatrice, elle a soutenu le bain de sang en Irak. Quand s’est présentée contre Obama en 2008, elle a menacé de « totalement détruire » l’Iran. En tant que secrétaire d’Etat, elle a comploté dans la destruction des gouvernements de la Libye et du Honduras et mis en branle la provocation de la Chine.

Elle a promis de soutenir une zone d’exclusion aérienne en Syrie – une provocation directe d’une guerre avec la Russie. Clinton pourrait bien devenir le président le plus dangereux des États-Unis de mon vivant – un titre pour lequel la concurrence est rude.

Sans la moindre preuve, elle a accusé la Russie de soutenir Trump et d’avoir piraté ses e-mails. Publiés par WikiLeaks, ces e-mails nous révèlent que ce que dit Clinton en privé, dans ses discours aux riches et puissants, est le contraire de ce qu’elle dit en public.

Voilà pourquoi il est si important de faire taire et de menacer Julian Assange. En tant que dirigeant de WikiLeaks, Julian Assange connaît la vérité. Et permettez-moi de rassurer tous ceux qui sont préoccupés, il va bien, et WikiLeaks tourne à plein régime.

Aujourd’hui, la plus grande accumulation de forces dirigées par les Etats-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale est en route – dans le Caucase et l’Europe orientale, à la frontière avec la Russie, et en Asie et dans le Pacifique, où la Chine est la cible.

Gardez cela à l’esprit lorsque le cirque de l’élection présidentielle atteindra son apogée le 8 Novembre, Si Clinton gagne, un chœur des commentateurs écervelés célébrera son couronnement comme un grand pas en avant pour les femmes. Aucun ne mentionnera les victimes de Clinton : les femmes syriennes, les femmes irakiennes, les femmes libyennes. Aucun ne mentionnera les exercices de défense civile menées en Russie. Aucun ne rappellera « les flambeaux de la liberté » d’Edward Bernays.

Un jour, le porte-parole chargé des relations avec la presse de George Bush a qualifié les médias de « facilitateurs complices ».

Venant d’un haut fonctionnaire d’une administration dont les mensonges, permis par les médias, ont provoqué tant de souffrances, cette description est un avertissement de l’histoire.

En 1946, le procureur du Tribunal de Nuremberg a déclaré au sujet des médias allemands : « Avant chaque agression majeure, ils lançaient une campagne de presse calculée pour affaiblir leurs victimes et préparer psychologiquement le peuple allemand pour une attaque. Dans le système de propagande, la presse quotidienne et la radio étaient les armes les plus importantes. »

John Pilger

Source : John Pilger, 28-10-2016

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Commentaire recommandé

Fritz // 04.11.2016 à 05h51

Article remarquable, synthétique et véridique.
Tous ces médias qui ont encouragé les guerres de l’Occident, depuis les années 1990 (guerres du Golfe et du Kosovo), et depuis 2003, « le crime du siècle » comme le dit John Pilger, devront être jugés pour crimes contre la paix.

Rappelons la jurisprudence de Nuremberg : le crime contre la paix ne diffère des autres crimes de guerre que par cela qu’il les contient tous.
Admirons au passage le titre sur Alep et Mossoul. L’ImMonde comme on l’aime…

29 réactions et commentaires

  • Candide // 04.11.2016 à 03h41

    Il serait bon de faire connaître la source authentique, le grand soir ne faisant que la traduction d’un article publié sur counterpunch.

    Merci de faire connaître ce journal indépendant qui selon Assange est « le meilleur journal indépendant américain »

      +29

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  • Joe Bserve // 04.11.2016 à 03h58

    David Vincent les a vus. Pour lui, tout a commencé par une nuit sombre, le long d’une route solitaire de campagne, alors qu’il cherchait un raccourci que jamais il ne trouva… Maintenant, David Vincent sait que les envahisseurs sont là, qu’ils ont pris forme humaine et qu’il lui faut convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé…

    David Vincent a du assister au comité de rédaction d’un 20h.

      +23

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  • Fritz // 04.11.2016 à 05h51

    Article remarquable, synthétique et véridique.
    Tous ces médias qui ont encouragé les guerres de l’Occident, depuis les années 1990 (guerres du Golfe et du Kosovo), et depuis 2003, « le crime du siècle » comme le dit John Pilger, devront être jugés pour crimes contre la paix.

    Rappelons la jurisprudence de Nuremberg : le crime contre la paix ne diffère des autres crimes de guerre que par cela qu’il les contient tous.
    Admirons au passage le titre sur Alep et Mossoul. L’ImMonde comme on l’aime…

      +50

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    • Philippe Huysmans // 04.11.2016 à 13h27

      Seuls les perdants sont traînés devant les tribunaux. Vae victis.

        +13

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    • andré // 04.11.2016 à 17h42

      Je crois que ce monsieur a oublié que les journalistes étaient des salariés et que leurs patrons font des affaires juteuses avec l’Etat.
      « La main qui donne est au dessus de celle qui reçoit » nous disait Napoléon. Bienvenu dans la réalité à tous.
      [modéré]

        +4

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  • Rémi // 04.11.2016 à 06h46

    Un livre indispensable de Edward BERNAYS, très connu semble t’il aux Etats-Unis, peu connu en France, « Propaganda, comment manipuler l’opinion en démocratie? ».
    Il est considéré comme l’un des précurseurs de l’industrie des relations publiques, et il détaille avec finesse, intelligence, et parfois cynisme, la manière, pour le petit nombre, de manipuler la masse, en régime dit démocratique.
    Livre disponible, pour un prix peu élevé(faible ou pas de droit d’auteur, car écrit en 1928).
    Ou gratuitement en pdf:
    http://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/uploads/2013/02/Bernays_Edward_-_Propaganda_Fr.pdf

    Livre qui a sa place, aux cotés, des 1984, meilleurs des mondes, etc, voir meme devant, car n’étant pas une dystopie, mais issu de fait réel.

      +14

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  • PatrickLuder // 04.11.2016 à 07h55

    Le lien entre Slobodan Milosevic, Khadafi et Bachar-el-Assad
    est leur insupportable « indépendance » !

    Tous ceux qui ont le culot de se mettre en travers des grands « accords » de marchés seront impitoyablement broyés …

      +35

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    • LA ROQUE // 04.11.2016 à 15h03

      C’est le sort que réserve les empires aux opposants .

        +4

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  • Toff de Aix // 04.11.2016 à 07h57

    Avant on les appelait les 1%. Aujourd’hui c’est « le gouvernement invisible ». Il serait quand même judicieux de rappeler qu’il n’y a pas d’actions concertées, décidées en un lieu unique, comme ce terme de « gouvernement » pourrait le laisser supposer.

    Il faut plutôt ici reparler de la théorie du rasoir d’ockham : « les hypothèses les plus simples sont souvent les plus probables ».
    Ce sont plutôt les intérêts convergents des uns et des autres qui les font se rejoindre sur certains points cruciaux. Ces influences peuvent parfois leur permettre de s’allier, voire de se concerter et de coordonner ponctuellement leurs actions au sein de structures que je qualifierais « d’intérêts partagés », genre le club du siècle en France (qui pour le coup est une vraie structure d’intérêts convergents, rassemblant par cooptation des journalistes, des politiques et des industriels…) .
    Quand aux journalistes, il n’y a même plus de censure : sur ce même modèle, parlons plutôt d’autocensure..

    Ne voyons pas le complot généralisé partout (ce serait leur accorder trop d’intelligence, de machiavélisme qu’ils n’ont pas) mais ne le voyons pas non plus nulle part. Le monde est toujours en 50 nuances de gris, plutôt qu’en noir et blanc.

      +32

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  • Perret // 04.11.2016 à 08h04

    Voltaire, que vous semblez chérir, est l’ancêtre de tous ces désinformateurs : je vous recommande de lire le passionnant ouvrage de Xavier Martin, Voltaire méconnu, aspects cachés de l »humanisme des Lumières, 1750-1800, DMM, 2006

      +23

    Alerter
  • Lievin // 04.11.2016 à 08h20

    Nous sommes encore à chercher la vérité, l’éthique etc.
    Nous sommes dans l’illusion ou le conditionnement (çà remonte loin dans notre vie) donc dans l’impossibilité à cerner la situation telle qu’elle se présente réellement pourtant bien là sous nos yeux, et bien non ! ne ne voyons pas car notre cerveau est trompé.

    Bien à vous

      +3

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  • Raoul // 04.11.2016 à 09h52

    Je veux bien le croire, mais il est toujours difficile de savoir ce qui se serait passé si l’Occident, au lieu de combattre les partis progressistes au Moyen-Orient les avaient soutenus. Car, la disparition des ces partis de gauche et le soutien à des dictatures a entraîné, en réaction, la montée d’un islamisme radical.

    Par ailleurs, sans soutien financier important, qui peut penser que cet islamisme aurait pu atteindre un tel niveau de dangerosité ?

    Clairement, dans cette affaire, la responsabilité de l’Occident est écrasante. Il a, sinon créé un monstre, du moins favorisé sa croissance afin de l’utiliser pour ses sombres desseins. Et, même maintenant, à travers son soutien à Al-Quaïda, plus ou moins avoué mais bien réel, il persiste dans cette voie.

      +5

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    • gracques // 04.11.2016 à 10h07

      Et j’ajouterai que J semble confondre jihadisme et politique de puissance ottomane !
      Il ne fait que reconstruire une image du ‘mal’ que les USA appliquent actuellement à la Russie de Poutine … la Turquie est en phase expansionniste et ses intérêts peuvent entrer en contradiction avec les nôtres …. soit il faut le prendre en compte sans invoquer le ‘diable’ jihadisme.

        +0

      Alerter
  • Louis Robert // 04.11.2016 à 10h31

    Quel tour d’horizon géopolitique magistral!

    Du viol de la Yougoslavie à la guerre totale, imminente, avec la Russie et la Chine. D’un seul trait, un travail pédagogique incomparable où tous les liens essentiels sont soigneusement, minutieusement tissés, et les responsabilités attribuées.

    Un « MUST » – comme ils aiment dire – pour tous ceux qui affirment ne pas, ou ne plus comprendre ce qui se passe dans ce monde où nous vivons.

    Vienne le jour où les rares survivants envieront les morts, ils ne pourront affirmer légitimement que l' »on ne pouvait pas savoir »…

    Chapeau, John Pilger!

      +19

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  • Pierre Bacara // 04.11.2016 à 10h33

    DJIHAD OTTOMAN ?

    « […]djihadisme (durablement mais non définitivement brisé en 1683« .

    L’expansion ottomane est une expansion impérialiste qui ne relève pas de la guerre sainte. Pour la Porte, la guerre contre les chrétiens n’est qu’un « argument de vente », un exercice de « public relations« , comme dit plus haut. Le reste n’est que géopolitique – comme l’illustre avec limpidité l’alliance durable établie en 1536 entre le roi très chrétien François Ier, qui gouverne la « fille aînée de l’Eglise« , et le sultan Soliman le Magnifique.

      +0

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  • Lysbeth Levy // 04.11.2016 à 10h54

    Ho quelle horreur, voici ce qu’un groupe de soit disant « syriens libres » et leurs amis néocons osent demander : http://www.liberation.fr/debats/2016/10/27/arretons-la-main-de-poutine-a-alep_1524743
    Des néocons et des affairistes du changement de régime type « printemps arabes » qui a fait tant de victimes osent demander la force militaire pour forcer la main a Poutine ou Assad. Du pur colonialisme ou le retour de la diplomatie de la canonnière dans toute sa splendeur au nom de l’humanitaire bien sur ..Mensonges et violences la Libye, Syrie, Irak n’ont pas suffit ! ONG concernées (elles parlent pour tous les syriens) : http://association-revivre.fr/lassociation-revivre-dans-le-monde-une-famille-syrienne-en-quete-dasile/ Site pro-atlantiste ou les soeurs Kodmani interviennent au nom de l’humanitaire et contre le régime laique d’Assad : http://appelsolidaritesyrie.free.fr/
    La Syrie telle qu’on la connait hélas demain ne sera plus je le crains….

      +9

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  • LS // 04.11.2016 à 11h34

    @Bernard,
    Ouais pas mal si je vous lis au second degré, mais vous pourriez ajouter le terme « technocratie » à « oligarchie » et mettre au pluriel « …esprits éclairés face AUX EgliseS » (un peu comme la loi de 1905 « séparation deS égliseS et de l’état »). En acceptant le risque alors de vous faire traiter d’islamophobe car en mettant au pluriel, vous incluez l’islam. Cette dernière phrase étant une illustration de la véritable portée du mot « islamophobie », d’ailleurs.

    Pour en revenir au premier degré, que l’oligarchie/technocratie se croit supérieure culturellement et moralement, c’est évident, mais je ne pense pas qu’elle se croit détentrice d’une vérité divine, juste d’une illusoire « vérité universelle » scientifique. C’est d’ailleurs tout aussi sectaire.

      +4

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  • christian gedeon // 04.11.2016 à 11h46

    Article très synthétique,et vrai,en fait.Mais il faut que les gens comprennent que « les américains « en tant que peuple,n’y sont pas pour grand chose.Que les USA sont la propriété d’une « oligarchie  » qui se fout complètement de ce que pensent les américains,quand ils réussissent à penser après avoir été abreuvés de 7 à 9 heures de télé propagandiste par jour…sans compter la manipulation qui commence dès l’école « primaire ».J’ajoute que nous ne valons aujourd’hui guère mieux… sous sarkozy,nous avons juste détruit un pays,massacré des centaines de milliers de gens,sans qu’il n’y ait la moindre réaction populaire…rien…nib de nib…alors on peut toujours se foutre de la gueule des ricains…mais nous ne valons guère mieux,en fait,non?

      +20

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    • Stef1304 // 04.11.2016 à 12h31

      Je partage ce point de vue. Effectivement, depuis notre entrée dans l’OTAN, nous pouvons considérer que la politique du gouvernement français s’est officiellement aligné sur celle des USA.

      D’ailleurs, en creusant un peu, on peut pousser l’analogie: patriot act = état d’urgence ( = dégradation de l’etat de droit ); declaration Clinton sur Kadahafi = declaration de Fabius sur Bachar; etc…

      Bref, la politique « néo conservatrice », faussement progressiste et hypocritement moraliste, mené par les gouvernements « français » successifs est une honte, dont nous sommes les otages (et les complices?), exactement comme le sont la population américaine.

      Mais Les racines de la dérive de la France sont nombreuses, et certaines anciennes… Et je suis régulièrement perplexe sur notre capacité collective à reprendre en main notre propre histoire.

        +17

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    • Louis Robert // 04.11.2016 à 13h21

      @ Christian Gedeon

      « … “les américains “en tant que peuple, n’y sont pas pour grand chose »?

      Christian, tenter de déresponsabiliser ainsi les Américains ne rend service à personne, n’innocente personne, même lorsque ce sont des Américains qui le font… Cela contribue uniquement à enfumer plus densément encore le théâtre où se joue aujourd’hui la comédie humaine.

      Le dernier Empire est composé de nombreux millions d’Américains (et d’Européens!…) qui, volontairement, fièrement, se sont mis inconditionnellement au service dudit Empire et participent pleinement, aux titres les plus divers, à ces initiatives impériales criminelles qu’examine et dénonce Pilger. Si ces millions de citoyens impérialistes n’existaient pas, l’Empire n’existerait pas, ses crimes non plus.

      Chacun peut dire catégoriquement « NON! » au Pouvoir, résister, refuser de servir. Il suffit d’accepter de payer le prix fort, de choisir de mourir comme on l’entend. Ainsi fit jadis Socrate, modèle humain à jamais exemplaire. Nous avons tort de refuser de voir les millions d’êtres humains qui, depuis lors, se sont éteints, de plein gré, dans les pas du sage. L’Homme n’est pas désespérément impuissant; il demeure donc impardonnablement responsable.

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      • Stef1304 // 04.11.2016 à 13h47

        Comme vous, je suis parfois tenté de considérer que nous sommes complices, mais peut-on considérer que le serf est responsable de la politique du roi, fut-il élu ?

        La vérité sociologique, c que
        1 – des millions de français ont des difficultés à joindre les deux bouts
        2 – les média les enfument et les intoxiquent, sur leur temps libre, au lieu de travailler, avec humilité, à éclairer leur jugements.
        3 – les politiques en rajoutent une couche…
        Etc

        Bref, la tendance collective en France n’est certainement pas à cultiver l’esprit de vérité et de compassion. Alors ne parlons même pas de la culture de responsabilité qui en découle…

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        • Louis Robert // 04.11.2016 à 14h59

          Merci d’avoir pris le temps de répondre, Stef.

          Je ne nie pas la « vérité sociologique »… selon laquelle du reste nous ne sommes ni des « serfs », ni les sujets d’un « roi ».

          Le célèbre humoriste américain George Carlin ne se « plaignait jamais des politiciens »… qui, en fait, « ne tombent pas du ciel »… Voyez-le s’expliquer.

          https://m.youtube.com/watch?v=xIraCchPDhk

          Même nous taisant nous sommes responsables. C’est pourquoi Bertrand Russell s’en est pris à l’impunité généralisée en créant un tribunal international pour crimes de guerre (Vietnam), puis en publiant « Contre le crime du silence »… (« Against the Crime of Silence: Proceedings of the Russell International War Crimes Tribunal Stockholm-Copenhagen – 1968, John Duffett Editor.) — Cela s’appelle sauver l’honneur en rétablissant la vérité.

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        • geoffrey // 04.11.2016 à 15h04

          bien vu Stef,

          le problème, ce n’est pas tant la désinfo’ mais plutôt le message « entre les lignes »…

          la plupart des gens SAVENT que le patron tient leurs vies dans ses mains !!!

          que le capitalisme est un système qui prône la cupidité, pour servir l’hédonisme, et que celui/celle qui le premier dénonce cette arnaque est aussi le premier à en payer le prix : exclusion.

          c’est pour ça que de tout temps, c’est la jeunesse qui a fait la Révolution : la mort est loin pour elle, la souffrance n’est qu’un concept…

          sauf qu’aujourd’hui, notre jeunesse s’instruit chez hanouna ?!

          on est mal parti

          Geoffrey, neo-communiste

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        • christian gedeon // 04.11.2016 à 16h51

          En fait,oui. Nous ne sommes pas des serfs,pas encore. Et même dans la classe politique ,on entend des voix très dissonantes,comme par exemple à propos de la Syrie ou de la Russie,à droite comme à gauche…et pas des moindres,comme François Fillon ou Mélenchon.Il y a une réelle contestation,et les primaires sont un outil,imparfait,mais existant qui permettent de choisir un candidat ad hoc…mais je vous fiche mon billet que ces primaires,pourtant ouvertes à tous théoriquement feront émerger deux candidats tout ce qu’il y a de plus dans « la ligne » des deux côtés…et qui vote aux primaires? Pas les zoulous que je sache,mais bien les français,non?

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  • lit75 // 04.11.2016 à 14h00

    A signaler également un excellent article synthétique sur la situation syrienne dans le Canard Enchainé cette semaine (en bas de la page 3) « Nouveaux tours et déoutrs américains en Syrie ».

    Extrait : « Face aux djihadistes, la stratégie mise en musique par le Pentagone est plus directe, sans détour, mais jamais défendue publiquement . Sans le dire, Barack Obama et à sa suite François Hollande ont choisi pendant deux ans de ‘laisser le Front Al-Nosra prendre des forces et foncer sur Damas’, selon la formule d’un diplomate Peu leur importait que ce mouvement soit la filiale syrienne d’Al-Qaida et qu’il ait pour associés des groupes salafistes aussi violents que Daech. »

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  • Marec // 04.11.2016 à 17h07

    L’article de John Pilger est remarquable de lucidité et de clarté.
    Sauf sur un point, qui est le travers de bien des gens éclairés, Chomsky compris. Je veux parler de l’esprit de système, de la rhétorique antifasciste. « Les Fachos » est un concept aussi stupide que « les Cocos ». On est toujours (propagande aidant) le facho de quelqu’un. L’Ukraine de l’ouest est un pays martyr et les patriotes et résistants ukrainiens ne sont pas plus fascistes au regard de l’histoire que les patriotes serbes ou irlandais. Ils ont simplement tenté de jouer leurs ennemis les uns contre les autres. Le gouvernement irlandais est le seul à avoir adressé un message de condoléances à la chancellerie à l’occasion du décès d’Hitler. Ça ne fait pas de l’IRA des nazis. C’est le propre des faibles et des opprimés de se débrouiller comme ils peuvent. Ceux qui, de tous temps, ont rêvé de l’indépendance de l’Ukraine et qui détestent les Russes, comme ils ont détesté l’empire autrichien, se sont accrochés à la Grande Europe de Bruxelles (comme ils s’étaient accrochés à la Nouvelle Europe de 1941 à 1944), sans bien se rendre compte qu’ils avaient affaire à des canailles qui les manipulaient. Demain, quand ils auront cessé de servir, on leur mettra quelques crimes de guerre sur le dos et le tour sera joué. De leur côté, les Russes ukrainiens, eux aussi, victimes de l’Histoire, se sont raccrochés à la Sainte-Mère russe, dans l’espoir de ne pas être « ukrainisés » de force. Tout cela est tellement logique !

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  • atanguy // 04.11.2016 à 18h56

    A propos du titre:
    « To determine » se traduit par « Pour connaître » pas « pour choisir ». Petite nuance qui ne vous aura pas échappée.. .

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  • Julie // 04.11.2016 à 22h36

    La presse française reste dans le flou à propos de la Turquie. Heureusement, Leclerc est là
    http://www.pauljorion.com/blog/2016/11/04/la-guerre-des-nerfs-derdogan-par-francois-leclerc/#more-90385

    à part la connexion Erdogan/Qatar/Frères musulmans je ne vois pas.

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