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26.février.201826.2.2018 // Les Crises

Assaut sur l’ambassade : l’offensive du Têt cinquante ans après, par Don North

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Source : Don North, Consortium News, 30-01-2018

Le 31 janvier 1968, les forces Viet Cong attaquaient l’ambassade des USA à Saïgon lors de l’offensive du Têt, un moment décisif dans la guerre du Vietnam. À la veille du cinquantième anniversaire, l’ancien correspondant de guerre Don North nous ramène à cet événement mémorable.

Le correspondant d’ABC News Don North, couvrant la guerre du Vietnam.

C’était la veille de la bataille. Ngo Van Giang, connu des soldats Viet Cong qu’il encadrait sous le nom de Capitaine Ba Den, venait de passer des semaines à faire passer des armes et des munitions dans Saïgon sous des cargaisons de tomates. Ba Den s’apprêtait à mener 15 sapeurs, une section de l’Unité d’Action Spéciale J-9, vers un objectif inconnu. Seul huit de ses hommes étaient réellement entraînés au maniement des explosifs. Les sept autres étaient des assistants et des cuisiniers qui s’étaient portés volontaires pour cette dangereuse mission, surtout pour échapper aux rigueurs de la vie dans leur campement dans la jungle, aux abords de Dau Tieng, à 40 kilomètres au nord-ouest de Saïgon.

Le 30 janvier 1968 au matin, Dan Ben rencontra en secret Nguyen Van De, chauffeur de l’ambassadeur des USA Ellsworth Bunker, qui était en réalité un agent Viet Cong. De conduisit Da Ben autour de l’enceinte de l’ambassade plusieurs fois à bord d’un break américain. De expliqua à Ba Den que sa mission serait d’attaquer l’ambassade lourdement fortifiée. En découvrant la réalité de sa cible, Ba Den fut submergé par le sentiment qu’il ne survivrait probablement pas à l’attaque. Méditant sur sa mort probable, et puisqu’on était la veille du Têt, Ba Den erra dans le marché de Saïgon, but quelques bières Ba Muoi Ba, et acheta une rafale de pétards à allumer, comme il l’avait fait pour chaque fête du Têt depuis qu’il était enfant.

Ba Den et son équipe s’apprêtaient à jouer un rôle modeste mais critique dans ce qu’on appelle désormais l’offensive du Têt, l’attaque coordonnée par les Vietnamiens du nord et les soldats Viet Cong contre des dizaines de cités, de villes et de bases militaires dans tout le sud du Vietnam. Après 24 jours de bataille sanglante, les troupes communistes avaient été chassées de toutes les cibles et les USA avaient déclaré une victoire militaire. Et pourtant, les attaquants avaient remporté une victoire politique et psychologique importante, en démontrant la possibilité de lancer des attaques coordonnées dévastatrices pratiquement partout en même temps, et en montrant qu’une victoire des forces américaines et sud vietnamiennes n’était pas envisageable. L’attaque sur l’ambassade des USA était un symbole puissant de ce succès.

J’ai beaucoup pensé à cette attaque contre l’ambassade durant ces dernières 50 années. J’étais là-bas comme journaliste de télévision – allongé dans le caniveau qui longeait l’ambassade alors que les tirs automatiques sifflaient au dessus de ma tête. Voici ce que je savais à ce moment, et ce que je sais maintenant.

Plus tard dans la nuit du 30 janvier, Ba Den retrouva les autres membres de son groupe d’assaut au 59 de la rue Phan Than Gian , la maison de Mme Nguyen Thi Phe, une ancienne agente communiste qui tenait un garage automobile à côté de sa maison, à quatre pâtés de maisons de l’ambassade. Les 15 sapeurs préparèrent leurs armes et s’habillèrent en pyjamas noirs, avec un bandeau rouge autour d’un bras. Ils s’étaient entraînés à ouvrir une brèche dans le périmètre extérieur de l’ambassade à l’explosif, puis d’attaquer au fusil, à la charge explosive et au lance-grenade. Ils avaient reçu l’ordre de tuer quiconque leur résisterait, mais de faire prisonniers tous ceux qui se rendraient.

L’attaque contre l’ambassade allait devenir la pièce centrale d’une plus grande offensive sur Saïgon, appuyée par 11 bataillons totalisant 4 000 soldats Viet Cong. Les cinq autres objectifs de l’opération étaient le palais présidentiel, les studios de diffusion nationaux, les états-majors maritimes du Sud Vietnam, l’état-major général vietnamien sur la base aérienne de Ton Son Nut, et l’ambassade des Philippines. Le but était de tenir ces objectifs pendant 48 heures, jusqu’à ce que d’autres bataillons Viet Cong puissent pénétrer la ville et les relever. Les nord-vietnamiens et les dirigeants du Front National de Libération s’attendaient (ou espéraient) à ce qu’un soulèvement national se produise et renverse le gouvernement du président du Sud Vietnam Nguyen Van Thieu.

Parmi toutes les cibles, l’ambassade des USA était peut-être la plus importante. L’enceinte, qui avait coûté 2.6 millions de dollars, avait été bâtie à peine trois mois plus tôt. Les cinq étages du bâtiment de la chancellerie dominaient Saïgon telle une forteresse imprenable. Il s’agissait d’un rappel constant de la présence américaine, de son prestige et de sa force. D’autres cibles clés militaires et politiques avaient été prévues pour l’attaque du Sud Vietnam, comme Nha Trang, Buon Ma Thout et Bien Hoa, mais la plupart des Américains ne savaient même pas prononcer leur nom, et encore moins comprendre leur importance. L’attaque réussie de l’ambassade des USA à Saïgon, en revanche, allait instantanément porter le choc et l’horreur au public américain déjà fatigué de la guerre, et pourrait tourner beaucoup d’entre eux contre cette guerre .

Un Blitz en relations publiques

Photo officielle du chef de cabinet de l’armée, le général William C. Westmoreland.

Le président Lyndon B. Johnson avait conduit un blitz massif en relations publiques auprès des américains fin 1967, pour les convaincre que la guerre du Vietnam approchait d’une conclusion. Le général William Westmoreland, commandant militaire en chef des USA au Vietnam, avait reçu l’ordre de soutenir la campagne de communication du président. En novembre 1967, Westmoreland avait déclaré à l’émission de NBC Meet the Press [« Rencontres avec la Presse », NdT] que les USA pourraient gagner la guerre dans les 2 ans. Il avait alors déclaré au Club de la Presse Nationale « Nous progressons, nous approchons de la fin ». Dans sa déclaration la plus mémorable, Westmoreland (surnommé de manière dérisoire « Westy » par de nombreux acteurs de la presse) avait déclaré voir « de la lumière au bout du tunnel ».

Cette campagne de relations publiques avait noyé les voix d’autres observateurs américains expérimentés, qui voyaient venir le désastre. Le général Edward Landsdale avait été conseiller en chef auprès du gouvernement sud Vietnamien à partir du milieu des années 1950 ; il était expert en guerre non conventionnelle et restait conseiller en chef auprès de l’ambassade des USA à Saïgon. En octobre 1967, Landsdale écrivit à l’ambassadeur des USA Ellsworth Bunker : « Les décideurs politiques de Hanoï ont considéré que la défaite des forces françaises au Vietnam avait atteint son point décisif au travers de l’opinion publique anti-guerre en France, plutôt que sur les champs de bataille au Vietnam. [La bataille de] Dien Bien Phu fut combattue pour ébranler l’opinion à Paris, un peu de théâtre plutôt qu’une stratégie militaire pertinente. »

Landsdale avait prévenu que Hanoï s’apprêtait à suivre un plan similaire pour « saigner les américains », pensant que le public américain était vulnérable à une manipulation psychologique en 1968. Cette prédiction s’avéra juste ; malgré l’incapacité de Landsdale à influencer les décisions politiques à ce moment-là, il avait mieux compris les événements du Vietnam que Westmoreland ou Bunker – ou que le président Johnson.

Détournés sur Khe Sanh

Correspondant de la chaîne de télévision ABC News, je fus envoyé sur la base américaine de Khe Sanh, située dans le coin nord ouest du Sud Vietnam, dans les semaines précédant le Têt. La base avait subi le siège des forces communistes et le général Westmoreland prévoyait sur ce site une offensive majeure, au cours de laquelle les Communistes essayeraient de répéter la défaite militaire française à Dien Bien Phu de 1954. Depuis 1968, la majorité des analystes américains avaient suggéré que les attaques ennemies sur Khe Sanh faisaient partie d’une ruse, visant à attirer les forces militaires américaines loin des centres de population sud-vietnamiens, les laissant par là exposés à des attaques au moment du Têt. Khe Sanh devint une métaphore de la mauvaise gestion de la guerre par Westmoreland.

Mon cameraman et moi couvrions la bataille en cours à Khe Sanh. Une attaque massive le 30 janvier nous força à plonger dans une tranchée, pour nous protéger des mortiers et roquettes qui tombaient ; cela nous sauva la vie mais n’épargna pas la lentille de notre caméra. Nous étions obligés de repasser à Saïgon pour la remplacer. Je pensais que nous allions rater l’offensive militaire attendue sur Khe Sanh, mais, alors que nous volions vers Saigon à bord du C-130 qui faisait les tournées, il apparut que tout le Sud Vietnam était attaqué. Des roquettes ennemies tombaient sur le tarmac alors même que nous décollions de Da Nang. En survolant la côte vers le sud, nous nous rendions compte que presque toutes les enclaves en bord de mer subissaient des attaques – Hoi An, Nha Trang et la baie de Cam Ranh. C’était une nuit claire, et alors que nous survolions les villes assiégées, nous voyions les incendies en cours et entendions sur les fréquences militaires de la radio les appels des troupes américaines assiégées.

Le plan de bataille Viet Cong et nord vietnamien pour la bataille du Têt appelait à des attaques surprises coordonnées à travers tout le pays, mais leurs prévisions furent sérieusement remises en question à cause d’un malentendu sur la date des assauts. Les forces communistes des provinces du nord avaient commis l’erreur de prévoir l’attaque pour le 30 janvier, alors que l’heure zéro pour les provinces du sud avait été comprise pour le 31 janvier. Le résultat en fut que j’eus l’unique privilège de voir se dérouler l’offensive du Tet du Nord sur le Sud.

Convoi vers l’ambassade

Ambassade des USA à Saïgon, janvier 1968

À 2h30 du matin, l’unité de sapeurs de Ba Den prit place à bord d’un taxi, d’un camion Peugeot et d’une voiture de l’ambassade. Ils étaient guidés vers leur cible par Nguyen Van De, le chauffeur de l’ambassade, employé de longue date par l’ambassade et surnommé « Satchmo » par le personnel de l’ambassade. Plusieurs sapeurs étaient cachés dans son coffre. Lumières éteintes, le convoi s’approcha de la porte de nuit de l’ambassade sur la rue Mac Dinh Chi et ouvrit le feu au fusil d’assaut AK-47 sur les deux sentinelles américaines qui gardaient l’accès. Le spécialiste 4 (SP4) Charles Daniel et le soldat de première classe William Sebast ripostèrent avec leur fusil d’assaut M-16, se précipitèrent à l’intérieur et verrouillèrent la porte d’acier. À 2h47 du matin, ils envoyèrent le « Signal 300 » sur le réseau radio de la police militaire, pour avertir tout le monde que l’ambassade était attaquée. Les sapeurs disposèrent une charge explosive de 8 kilos contre le mur d’enceinte haut de 2,50 m, et l’explosion ouvrit une brèche d’un mètre de large. Les deux premiers sapeurs traversèrent la brèche en rampant mais furent aussitôt tués par les tirs de Daniel et Sebast.

Comme d’autres sapeurs se faufilaient à travers le trou, Daniel criait dans sa radio, « Ils arrivent ! Ils arrivent ! À l’aide ! À l’aide ! ». Dans les échanges de tirs, Daniel et Sebast furent tous les deux tués, ils furent les deux premiers américains à mourir dans la bataille de l’ambassade.

Les sapeurs, d’un mouvement concerté, essayèrent d’entrer dans la chancellerie, en tirant au lance-grenade dans les lourdes portes en bois, et continuèrent à la grenade à main. Plusieurs marines américains furent blessés par des éclats et tombèrent derrière la porte de la chancellerie. Quelques uns des marines et des gardes de la police militaire étaient armés de M-16 ou d’armes automatiques. Un marine se mit à tirer au fusil depuis le toit sur la vague suivante de sapeurs qui entrait encore par la brèche dans le mur. Quand le fusil s’enraya, il continua de tirer au revolver calibre 38. D’autres soldats américains commencèrent à prendre position sur les toits avoisinants, ce qui leur donnait un certain contrôle sur les rues et sur les sapeurs qui avaient franchi l’enceinte. Les attaquants, désormais bloqués et subissant le feu de plusieurs directions à la fois, se blottirent derrière les grands pots de fleur en béton qui jonchaient la pelouse de l’ambassade.

Vers 3h du matin, Barry Zorthian, porte-parole en chef de l’ambassade des USA, se mit à téléphoner aux relais d’informations depuis sa maison, à quelques pâtés de maison de l’attaque ; il n’avait pas d’informations précises mais leur dit que l’ambassade était attaquée et subissait un feu important. Le chef de bureau d’ABC News, Dick Rosenbaum, m’appela vers 3h30, et me demanda, alors que je venais de rentrer de Khe Sanh, d’aller voir ce qui se passait. Le bureau d’ABC, situé à l’hôtel Caravel, n’était qu’à quatre pâtés de maison de l’ambassade. Nous nous dirigeâmes dans cette direction à bord de la jeep d’ABC News, mais nous n’allâmes pas bien loin. À peine passée la rue Tu do (aujourd’hui renommée Dong Khoi), à trois pâtés de maison de l’ambassade, quelqu’un se mit à nous tirer dessus à l’arme automatique. C’était impossible de savoir qui tirait – les Viet Congs, l’armée du Sud Vietnam, la police de Saïgon, ou la police militaire américaine. Quelques projectiles atteignirent le capot de la jeep. J’éteignis les phares de la jeep et reculai hors de portée. Nous fûmes bientôt de retour au bureau d’ABC News, où nous restâmes jusqu’à l’aube.

À 4h20, l’assistance militaire Command-Vietnam (MACV – Military Assistance Command-Vietnam) émit un ordre à destination du 716ème bataillon de police militaire pour reprendre le contrôle des lieux. Quand l’officier de police militaire de service arriva sur place, il conclut que les forces américaines encerclaient complètement l’ambassade et que les sapeurs étaient bloqués en ses murs. Il ne voulait pas risquer la vie de ses hommes dans un dangereux assaut nocturne contre un ennemi qu’il savait sans porte de sortie, si bien qu’il ordonna à ses hommes de se positionner aux abords et d’attendre le matin.

Vers 5h du matin, un hélicoptère de l’armée américaine, transportant des renforts en provenance de la 101ème division aéroportée, tenta un atterrissage sur le toit de la chancellerie. Alors que l’hélicoptère s’apprêtait à atterrir sur le toit, les sapeurs encore en vie ouvrirent le feu. De crainte de se faire abattre, le commandant de l’hélicoptère annula la mission et s’envola rapidement au loin du bâtiment .Le lieutenant général Frederick Weyhand, commandant du IIIème corps (l’un des quatre secteurs militaires majeurs établis par la MACV), surveillait les combats autour de l’ambassade et convint qu’il n’y avait rien à gagner en risquant un autre atterrissage d’hélicoptère de nuit en zone chaude. Il ordonna un arrêt des opérations aériennes jusqu’au lever du jour.

Aux premières lueurs du jour, mon cameraman et moi marchâmes jusqu’à l’ambassade. Alors que nous approchions, j’entendis de nombreux coups de feu et vis des balles traçantes rouges et vertes strier le ciel qui rosissait. Plus près de l’ambassade, nous rejoignîmes un groupe de policiers militaires américains s’approchant de la porte principale de l’ambassade.Je mis en marche mon enregistreur à cassette pour ABC Radio, alors que les policiers militaires maudissaient bruyamment les soldats sud vietnamiens qui s’étaient enfuis après les premiers coups de feu. Couchés à plat dans le caniveau ce matin-là avec la police militaire, nous ne savions pas où les attaquants Viet Cong se terraient ni d’où les tirs provenaient, mais nous savions que nous étions sur la « grosse affaire ».

Plusieurs policiers militaires passèrent en trombe, l’un d’entre eux transportant un sapeur Viet Cong sur le dos. Le sapeur était blessé et saignait. Il était vêtu d’un pyjama noir, et, étonnamment, portait un anneau avec un énorme rubis au doigt. J’interviewai les policiers militaires et enregistrai leur conversation radio avec leurs collègues qui étaient à l’intérieur de l’ambassade. Il n’y avait aucun doute sur le fait qu’ils pensaient que les Viet Cong avaient pénétré à l’intérieur de la chancellerie. Le journaliste pour Associated Press, Peter Arnett, s’éloigna en tapinois pour trouver un téléphone et rapporter la conversation avec la police militaire à son bureau.

Plus qu’un chargeur

Des coups de feu se faisaient encore entendre de manière sporadique autour de l’ambassade, alors que les sapeurs se faisaient tuer ou blesser. J’étais étendu à plat sur le trottoir qui longeait l’ambassade, alors que des balles continuaient de ricocher aux alentours.Je découvris que j’étais allongé à côté d’un sapeur sérieusement blessé, vêtu d’un pyjama noir et d’un brassard rouge, saignant de multiples blessures. Des années plus tard, à la lecture de rapport d’interrogatoires déclassifiés de trois prisonniers, je découvris que le sapeur blessé allongé à mes côtés était le capitaine Nguyen Van Giang, connu comme Ba Den, qui avait allumé des pétards sur le marché de Saïgon la nuit précédent sa mission, et qui fut l’un des premiers à s’engouffrer dans la brèche creusée par l’explosion du mur. Giang fut l’un des trois prisonniers de l’attaque de l’ambassade et passa le reste de la guerre dans l’infâme prison de l’île de Con Dao, qui avait été construite par les Français à quelques encablures de la côte sud-est du Sud-Vietnam.

Vers 7h du matin, des hélicoptères d’assaut de la 101ème aéroportée déposèrent trente six parachutistes lourdement armés sur le toit de l’ambassade. Les soldats commencèrent sur le champ à nettoyer le bâtiment, du dernier étage au rez de chaussée, en inspectant chaque bureau à la recherche de possibles infiltrés Viet Congs. Au sol, la police militaire de la 716ème prirent d’assaut la porte d’entrée. Mon cameraman et moi les suivons sur les pelouses, jonchées par les corps de Viet congs morts ou mourants. J’enjambai le grand Sceau des États-Unis qui avait été soufflé par l’explosion du mur de l’ambassade. Nous nous précipitâmes dans le jardin jadis élégant de l’ambassade où la bataille avait fait rage. C’était, comme Kate Webb de l’UPI l’a décrit plus tard « comme une boucherie au jardin d’Éden ».

Nous fîmes une pause pour évaluer notre approvisionnement en pellicule. « Okay, Peter, combien de film nous reste-t-il ? » criai-je à mon cameraman. « Il me reste une recharge », répondit-il. « Et toi, combien t’en reste-t-il ? » Je n’en ai plus. « Nous sommes sur le plus gros scoop de la guerre avec une seule recharge », grognai-je. « Ce sera une seule prise pour tout, y compris mon commentaire debout » – les remarques de fin d’un journaliste TV.

Les balles traçantes vertes des Viet Congs déchiraient encore le ciel nocturne, pendant que les traceurs rouges des armes US du sol et du toit de l’ambassade se rencontraient en arche au dessus de la rue. La police militaire emmena trois sapeurs prisonniers blessés pour interrogatoire. Nguyen Van De, le chauffeur de l’ambassade qui avait aidé les sapeurs, gisait mort sur la pelouse aux côtés d’un autre chauffeur de l’ambassade. Deux autres chauffeurs de l’ambassade étaient morts aussi. Une radio de campagne crachotait les ordres envoyés par un officier à l’intérieur de chancellerie. « Ici Waco, roger. Pouvez-vous entrer à présent ? Rassemblez des hommes dehors et nettoyez l’ambassade au plus vite On va avoir des hélicoptères sur le toit et des soldats vont descendre. Prenez garde à ne pas frapper nos propres gens. Terminé ».

Le colonel « Jake » Jacobson, responsable de l’antenne de la CIA assignée à l’ambassade, occupait une petite villa à côté de l’ambassade. Il fit une apparition soudaine à une fenêtre du premier étage. Un membre de la police militaire lui envoya un masque à gaz ainsi qu’un pistolet de l’armée de calibre 45. On pensait que des sapeurs survivants pouvaient s’être réfugiés au rez-de-chaussée, et monteraient probablement à l’étage à cause des gaz lacrymogènes. Le dernier Viet Cong qui était encore d’aplomb monta les escaliers quatre à quatre, et ouvrit le feu aveuglément en direction de Jacobson, mais rata sa cible. Le colonel me dit plus tard « nous nous sommes vus l’un l’autre au même instant. Il m’a raté et et je lui ai tiré dessus une balle de 45 à bout portant, pour le neutraliser ». La bataille était terminée.

À 9h15 du matin, les USA déclaraient que les terrains de l’ambassade était sécurisés. On voyait, éparpillés sur le sol, les corps de 12 des 15 sapeurs, deux chauffeurs armés de l’ambassade que l’on considéra comme agents doubles, et deux chauffeurs tués par accident. Cinq Américains étaient morts, parmi lesquels quatre soldats rattachés à l’armée : Charles Daniel, Owen Mebust, William Sebast, Jonnie Thomas et un Marine : James Marshall.

Les rapports de Westmoreland

À 9h20 du matin, le général Westmoreland vêtu de son treillis soigneusement amidonné s’engouffra à travers la porte, flanqué des policiers militaires et des marines qui avaient combattu depuis 3h00 du matin. Se tenant au milieu des gravats, Westmoreland fit un rapport pour la presse. « Aucun ennemi n’a pénétré le bâtiment de l’ambassade. C’est un incident relativement mineur. Un groupe de sapeurs a fait sauter une brèche dans le mur et s’est faufilé à l’intérieur. Ils ont tous été tués ». Il nous avertit : « Ne vous faites pas abuser par cet incident ». L’optimisme sans faille qu’il présentait a frappé la plupart des journalistes comme quelque chose de surréaliste, voire délirant. La plupart d’entre nous venions d’assister à une grande partie des combats. Le général continuait de répéter que tout allait bien. Entre temps, des milliers de soldats américains et sud vietnamiens étaient en train de se battre très durement pour reprendre les quatre autres cibles que les Viet Congs avaient occupées dans Saïgon – ainsi que la ville de Hue et d’autres objectifs de l’offensive à travers le pays.

En opposition également à ce qu’en disait Westmoreland, il n’était pas exact que les 15 sapeurs avaient été tués. Trois étaient blessés, mais survécurent. Les photographes de l’armée Don Hirst et Edgar Price, ainsi que Dick Swanson du magazine Life prirent des clichés saisissants des sapeurs blessés emmenés par le 716ème bataillon de police militaire, avant qu’ils ne soient livrés aux Sud-Vietnamiens – et qu’on n’entende plus jamais parler d’eux durant cette guerre. Personne ne reconnut que des sapeurs avaient survécu, et le fait que deux des chauffeurs de l’ambassade tués aient été des agents Viet Congs fut également un secret bien gardé.

Le siège de l’ambassade a montré l’efficacité au combat des marines des États-Unis et de la police militaire, unités non tactiques, en tant que fantassins, sans support d’armes lourdes ou de communications pour vaincre un ennemi.

Commentaires d’un reportage télé.

Nous avons utilisé nos 10 derniers mètres de film pour enregistrer mon « témoignage ».

« Depuis la nouvelle année lunaire, les Viet Cong et les Nord-Vietnamiens ont prouvé leur capacité de mouvements militaires forts et impressionnants, que les Américains n’auraient même pas cru possibles en rêve », déclarai-je. « Mais quelle que soit la tournure que prenne la guerre à présent, la prise de cette ambassade des USA pendant près de sept heures est une victoire psychologique qui va rallier et inspirer les Viet Congs ».

Un jugement hâtif ? Peut-être, mais je passais à une heure précise et ABC attendait l’histoire ainsi qu’une certaine perspective, même aux premières heures de l’offensive – comme une première ébauche de l’histoire. Pour autant, mon analyse « instantanée » ne fut jamais diffusée sur ABC News. Soucieux de sa ligne éditoriale sur un sujet sensible, le producteur en chef à New York fit retirer la fin de mon sujet. Ironiquement, ma conclusion finit tout de même dans la bibliothèque Simon Grinberg avec des extraits d’ABC News et fut plus tard découverte par le réalisateur Peter Davis, qui l’inclut dans son film Hearts and Minds.

Le reste de notre sujet eut un meilleur sort. Les films de trois réseaux d’information arrivèrent par le même avion à Tokyo pour y être traités et édités, causant un beau fouillis pour être le premier reportage sur le satellite pour le journal du soir aux USA. Comme nous n’avions que 120 mètres de pellicule à traiter et monter, ABC News réussit à atteindre le satellite à temps et notre sujet fit l’ouverture du journal du soir. NBC et CBS ratèrent les délais pour transmission par satellite et durent faire des rattrapages sur les émissions plus tardives dans la soirée.

Baisse du rideau de l’information

Notre groupe de 50 journalistes dans l’enceinte de l’ambassade fut ensuite raccompagné en dehors et les portes furent fermées. Un rideau informatif tomba sur l’ambassade pendant les semaines suivantes. Aucune interview des Marines ou des policiers militaires, qui avaient mené la bataille et vaincu, ne fut autorisée. On dit seulement aux journalistes que le seul commentaire sur la bataille de l’ambassade viendrait du département d’État américain ou de la Maison-Blanche, qu’une enquête était en cours et qu’elle serait publiée dès que possible. Ce rapport d’enquête – à supposer qu’il ait jamais existé – attend toujours d’être déclassifié. Faute d’accès aux versions de l’histoire des défenseurs américains de l’ambassade, leur héroïsme fut largement ignoré, ce qui amena à la perception du public que l’offensive du Têt avait était une défaite des USA, au lieu de la victoire militaire qu’elle fut dans les faits.

En mars 1968, deux mois après le Têt, un sondage Harris révéla que la majorité des américains, 60 %, considéraient l’offensive du Têt comme un échec des objectifs des État-Unis au Vietnam. On s’en prit largement aux médias pour avoir créé le sentiment anti-guerre. Une recherche menée par un officier supérieur américain au Vietnam, le général Douglas Kinnard, montra que 91 % des généraux de l’armée américaine exprimaient des sentiments négatifs quant à la couverture télévisuelle des informations. Pour autant, le général Kinnard conclut que l’importance des médias pour influencer l’opinion publique était surtout un mythe. Il était important pour le gouvernement américain de perpétuer ce mythe, afin que les officiels puissent continuer de se plaindre que les Américains réagissaient au portrait de la situation dressé par les médias, plutôt qu’à la situation elle-même.

L’ambassade est détruite, les monuments commémoratifs restent

Monument commémoratif des défenseurs de l’ambassade des USA au Vietnam

L’imposante ambassade des USA qui avait résisté à l’attaque il y a cinquante ans fut démolie en 1998, et on construisit à la place un modeste consulat de plain-pied. Dans un jardin fermé au public, on trouve une petite plaque en l’honneur des cinq soldats américains morts en défendant l’ambassade ce jour-là : Charles Daniel, James Marshall, Owen Mebust, William Sebast, et Jonnie Thomas. À quelques pas, sur un trottoir extérieur au consulat, se trouve un monument de marbre gris et rouge où sont gravés les noms des soldats Viet Congs et de leurs agents qui périrent là le 31 janvier 1968.

Trois sapeurs survivants emprisonnés sur l’île de Con Dao.

Le sort des trois sapeurs Viet Congs survivants fut un secret bien gardé par l’ambassade des USA. Après un contentieux tendu entre la police militaire américaine et les forces militaires sud-vietnamiennes au sujet de qui devrait en avoir la garde, les prisonniers de guerre furent livrés au Sud-Vietnam et incarcérés dans l’infâme ancienne prison française de l’île de Con Dao. Il furent questionnés par des interrogateurs américains et en 2002, les rapports furent déclassifiés. À supposer que ces trois prisonniers de guerre représentaient le groupe de 15 qui mena l’assaut, il semble qu’ils ne constituaient pas une équipe d’élite très bien entraînée, mais plutôt des soldats vieillissants de rangs subalternes, certains d’entre eux tenant lieu de référent spirituel ou de cuisinier dans leurs groupes de rattachement.

Da Ben, 43 ans, était le plus gradé à survivre à l’attaque, et fut l’un des premiers à franchir la brèche soufflée par l’explosion du mur de l’ambassade. Il était né au Nord-Vietnam et avait déménagé dans le sud pour rejoindre une structure Viet Cong à Tay Ninh.

Un second sapeur prisonnier était Nguyen Van Sau, surnom « Chuck », le troisième homme à franchir la brèche du mur. Bouddhiste de 31 ans, il avait été blessé par balle au visage et au fessier, et fut capturé par la police militaire aux premières lueurs du jour. Sau était né dans une petite ferme aux abords de Cu Chi et fut enrôlé de force avec 20 autres hommes par un raid de recruteurs Viet Congs dans son village en 1964. Le principal grief de Sau était qu’on ne lui donnait pas assez à manger, mais il était resté parmi les Viet Congs parce que la plupart des jeunes hommes de son village en étaient membres également, et enduraient les mêmes privations. Sur la base des informations données par Sau, la police de Saïgon fit une perquisition dans le garage d’où les sapeurs avaient préparé leur attaque, et arrêta 10 personnes liées au groupes, parmi lesquelles la propriétaire du garage.

Le troisième sapeur, sergent de 44 ans du nom de Dang Van Son, surnommé « Tot », joignit le Viet Minh au Nord-Vietnam en 1947 et fut envoyé sur les traces d’Ho Chi Minh. Il devint cuisinier pour une compagnie d’infanterie à Tay Ninh. Son fut blessé à la tête et à la jambe pendant l’attaque, puis capturé par les Sud-Vietnamiens, et s’éveilla plusieurs jours plus tard dans un hôpital de Saïgon.

Ba Den fut libéré en 1975, et retourna dans son village au nord de Saïgon. On n’a eu aucune nouvelle de Dang Van Son ou de Nguyen Van Sau, qui sont présumés morts en prison à Con Dao et enterrés dans le grand cimetière de l’île.

Le comité Biet Dong de Hô-Chi-Minh-Ville

Alors que nous arrivons au cinquantième anniversaire de l’offensive du Têt et de l’assaut sur l’ambassade, les Vietnamiens, dont la tradition est d’honorer les morts, vont se souvenir de la centaine de milliers de soldats communistes morts lors de ces événements, et vont poursuivre leurs tentatives d’identifier les sépultures de leurs camarades. Il est donc surprenant que même les commandants nord vietnamiens sur le terrain aient fait preuve de peu d’éloges vis à vis des 15 martyrs de l’attaque sur l’ambassade.

Le général nord-vietnamien Tran Do, lors d’une communication avec le commandement de Saïgon quelques jours après le Têt, demanda « Pourquoi ceux qui ont planifié l’attaque sur l’ambassade n’ont-ils pas prévu la facilité qu’auraient les hélicoptères à atterrir et déposer des soldats sur le toit ? » Quoi qu’il en soit, leur audace et leur bravoure face à des risques écrasants en a fait des héros dont le Vietnam doit garder la mémoire. Bien que, durant ces dernières années il y ait eu une collaboration avec les USA pour identifier les sépultures de soldats nord-vietnamiens et viet congs, on n’a pas identifié de fosse commune où les sapeurs tués à l’ambassade auraient pu être enterrés.

Quelque chose de vraiment stupide

Anthony Cordesman, analyste militaire à Washington, a souvent observé : « Dans l’art du combat, une méthode décisive pour surprendre l’adversaire est de faire quelque chose de vraiment stupide ». Comme révélé dans les rapports d’interrogatoires des sapeurs prisonniers de guerre, la planification et l’exécution de l’attaque sur l’ambassade étaient « vraiment stupides » et menées par des Viet Congs mal entraînés, mais il reste que les effets de cette attaque ont constitué un moment décisif dans la guerre et constituent une page curieuse dans les annales de l’histoire militaire.

Steven Metz, un autre analyste militaire de Washington, expose la « contre-insurrection » et les raisons pour lesquels le Têt a constitué un tournant spectaculaire dans le déroulement de la guerre. « La psychologie constitue l’essence de l’insurrection. C’est du théâtre armé. Vous voyez des protagonistes sur la scène, mais ils envoient des messages à un auditoire plus large. L’insurrection ne se gagne pas en tuant des insurgés, ni en prenant possession de territoires ; elle se gagne en manipulant les facteurs psychologiques les plus pertinents. »

Au Vietnam, cette attaque « vraiment stupide » contre l’ambassade des USA a modifié le cours de la guerre. On peut la qualifier « d’incident mineur » comme le général William Westmoreland, mais le prisme politique et psychologique des techniques de guerre d’insurrection l’a de fait transformée en l’événement le plus significatif de la guerre.

Source : Don North, Consortium News, 30-01-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Albert Charles // 26.02.2018 à 09h11

Les critiques du général nord-vietnamien Tran Do prouvent bien les contradictions théoriques (politiques) et pratiques (stratégiques) de la gestion stalinienne des insurrections nationalistes (et des nations elles mêmes, aussi). C’est encore le cas, aujourd’hui. Tout ça pour ça ! Aujourd’hui les dirigeants communistes vietnamiens courent après les USA capitalistes pour les protéger de l’expansionnisme chinois en Pacifique Sud commencé (ce n’est pas un hasard…!!!) juste après l’échec de l’offensive du Têt. Pour se débarrasser des Chinois, maintenant, ça va être autrement plus compliqué: militairement, mais aussi médiatiquement (il n’y aura pas de manifestations étudiantes occidentales pour contester l’impérialisme chinois !). Avec les Mac Donald, qui commencent à s’imposer au Vietnam, on peut imaginer ce qui va suivre (en termes culturels, puis économiques, puis politiques)….Ceux qui se sont battus contre l’impérialisme US, peuvent se retourner dans leur tombe…

11 réactions et commentaires

  • Albert Charles // 26.02.2018 à 09h11

    Les critiques du général nord-vietnamien Tran Do prouvent bien les contradictions théoriques (politiques) et pratiques (stratégiques) de la gestion stalinienne des insurrections nationalistes (et des nations elles mêmes, aussi). C’est encore le cas, aujourd’hui. Tout ça pour ça ! Aujourd’hui les dirigeants communistes vietnamiens courent après les USA capitalistes pour les protéger de l’expansionnisme chinois en Pacifique Sud commencé (ce n’est pas un hasard…!!!) juste après l’échec de l’offensive du Têt. Pour se débarrasser des Chinois, maintenant, ça va être autrement plus compliqué: militairement, mais aussi médiatiquement (il n’y aura pas de manifestations étudiantes occidentales pour contester l’impérialisme chinois !). Avec les Mac Donald, qui commencent à s’imposer au Vietnam, on peut imaginer ce qui va suivre (en termes culturels, puis économiques, puis politiques)….Ceux qui se sont battus contre l’impérialisme US, peuvent se retourner dans leur tombe…

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    • Laurent K // 26.02.2018 à 14h41

      Les Vietnamiens -communistes ou pas- ont désormais plus de raisons de s’inquiéter des Chinois (qui les ont attaqué militairement en 1979 et 1984) que des Américains.

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    • christian gedeon // 01.03.2018 à 12h04

      Erreur de choix au Vietnam…cette guerre américaine aurait pu être évitée. je ne prends pas souvent parti pour les US,mais en réalité cette guerre leur a été imposée par l’agression caractérisée du nord contre le sud.Et pas l’inverse. Je sais çà va hurler,mais c’est le cas. De la même façon les français avaient bien proposé une accession tranquille à l’indépendance,que Ho a refusée,obnubilé par son obsession communiste.Tout çà pour se retrouver aujourd’hui sous la menace des chinois! Il faut lire Bodard,entre autres,mais beaucoup Bodard,qui met en évidence les milles nuances des vietnams.

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  • Louis Robert // 26.02.2018 à 12h52

    Ceux d’entre nous (j’en suis) pour qui cette guerre du Vietnam fut LA grande guerre que nous avons vécue de près et en détail, du début à la fin voire au-delà, jusqu’au Tribunal Russell y inclus, le récit de Don North sur cette « victoire américaine » du Têt montre parfaitement qu’elle n’a pas vieilli d’une milliseconde… Comme hier, tout y est encore bien à sa place, et rien, absolument rien n’a été appris de ce jeu (« game »…) sans cesse répété, à qui gagne perd… En ce cinquantième anniversaire, on ne peut que s’émerveiller du progrès accompli par l’humanité dans l’unique Empire d’Occident.

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  • Christian Gedeon // 26.02.2018 à 13h06

    Les US ont perdu la guerre du Vietnam? Ah bon? Il y en a encore pour croire à cette billevesée ? Curieusement les vietnamiens se sont mis sous le parapluie américain depuis le début du XXI éme siècle. L’Histoire a des ces ironies,non? Et Saigon ,toujours Saigon…comme Saint Petersbourg est redevenu Saint Petersbourg. Pauvre oncle Ho. Tout ça pour en arriver là ? Massacres,bombardements,agent orange,camps de rééducation… Avis à tous les va t en guerre,de quelque bord qu’ils soient !

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    • Dominique // 27.02.2018 à 22h46

      « Curieusement les vietnamiens se sont mis sous le parapluie américain depuis le début du XXI éme siècle »
      Un peu comme les polonais, mais eux se sont les russes qui les effraient.

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      • christian gedeon // 28.02.2018 à 10h18

        C’est moins patent.C’est l’Ukraine qui est voisine de la Pologne. En vérité,ma mère qui était polonaise,n’a jamais au grand jamais pardonné Katyn,qui est encore aujourd’hui une plaie ouverte dans le cœur de tous les Polonais. Poutine a là un boulevard pour « récupérer  » les Polonais,s’il fait ce qui est absolument nécessaire,et çà ne m’étonnerait pas outre mesure qu’il le fasse un jour.Autre reproche,moins connu,mais vivace au cœur des polonais,c’est l’Armée Rouge qui reste l’arme au pied au moment de l’insurrection de Varsovie,à quelques kilomètres de la ville. La Pologne n’ pas bonne presse en ce moment,et les gens la jugent bien rapidement je trouve,sans connaître les tenants et les aboutissants. faut il rappeler une fois de plus que ce sont les Polonais de Sobiesky qui ont littéralement sauvé l’Europe de la dernière invasion turque sous les murs de …Vienne. Vive la Pologne et vive l’Aigle à nouveau couronné. J’ajoute que les polonais ont par contre la mémoire courte quand Churchill avec l’aval des US livre l’armée Sikorski aux staliniens,y compris nombre de pilotes de Spitfire polonais qui s’étaient particulièrement distingués dans la RAF. çà aussi,il faut le dire et le rappeler à tous les polonais qui ne jurent que par « l’ouest ».

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  • pong // 26.02.2018 à 15h22

    Les morts américains serait drôlement surpris de voir leur pays commercer avec la Chine et le Vietnam ( Toujours communiste) et encore plus de les savoir unis dans les batailles avec les communistes Kurdes.

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    • daniel // 27.02.2018 à 17h12

      communistes Kurdes ?
      Tout n’est pas blanc ou noir.
      On peut être anti-capitaliste, -les Kurdes de Syrie le sont avec pragmatisme-, sans verser dans le marxisme ou le communisme. Ne pas confondre avec communalisme.
      Les kurdes d’Irak sont de pratiques capitalistes autant que nécessaire, l’argent du pétrole aidant mais les changements peuvent être rapides, aussi rapides que la main-mise sur le pétrole disparaît.
      Quant au Kurdes de Turquie et d’Iran, ils essaient de survivre en passant entre les gouttes….

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      • christiangedeon // 28.02.2018 à 15h56

        Il n’y a pas « LES  » kurdes,mais des kurdes. Ceux d’Oçalan,en gros le PKK et les YPG,ceux de Barzani en Irak et ceux de son opposant dont les liens fluctuent au gré du temps avec la Turquie et l’Irak,les nouveaux FDS kurdes,mercenaires des US,etc…il n y a pas plus LES Kurdes que LES arabes.

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  • LBSSO // 26.02.2018 à 18h08

    Putain de tonnerre.
    « Désormais, quand une bataille se livrera en quelque lieu du monde, rien ne sera plus simple que d’en faire entendre le canon à toute la terre. Les tonnerres de Verdun seraient reçus aux antipodes ».
    Paul Valéry écrivait ces lignes en 1931.
    Plus tard ,les images horribles de la guerre du lointain Viêt Nam,,qui prit fin en 1975, pénétrèrent et marquèrent, les sociétés américaine et occidentale.

    J’avais moins de 10 ans alors, je demandais « quand est-ce que ça finira ? »
    Nous passâmes de la télévision « noir et blanc » à la couleur…

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