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21.décembre.201721.12.2017 // Les Crises

Brexit : Fin de première manche, par Guillaume Berlat

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Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat

Entre le décès de Jean d’Ormesson et celui de Johny Halliday dans la même semaine, les cérémonies commémoratives1 diffusées ad nauseam sur les chaînes d’abrutissement en continu, les médias ne réservent que la portion congrue à la fin de la première partie des négociations entre le Royaume-Uni et les Vingt-Sept (représentés par la commission européenne) consacrées à la mise en œuvre concrète du « Brexit » (référendum du 23 juin 2016) conclue le 8 décembre 2017. Négociation inédite s’agissant du départ d’un des membres de l’Union européenne, hypothèse qui paraissant invraisemblable il y a quelques années encore pour la bienpensance intellectuelle ! Une fois l’effet de sidération passé, il a bien fallu se rendre à l’évidence. La communauté réduite aux acquêts devait être traduite en procédure de divorce entre l’Ile et le continent2. Comme souvent dans la pratique des relations internationales, il existe deux niveaux d’analyse d’un évènement qui nous est présenté à travers quelques extraits choisis de Jean-Claude Juncker (le président de la commission européenne), Donald Tusk (le président du conseil européen) et de Theresa May (le premier ministre britannique). La fin de première partie de négociation au long cours (plus d’un an pour débroussailler le terrain) sur le « Brexit ». n’échappe pas à la règle3. Nous pouvons distinguer un niveau médiatique et un niveau diplomatique.

LE NIVEAU MÉDIATIQUE : L’EUROPE EN NOIR ET BLANC

Portés par les éléments de langage (E.D.L.) et la pensée rapide (le prêt à penser), les médias ont tôt fait de tirer des conclusions hâtives et manichéennes de cette première phase de la négociation comme si la vie internationale était manichéenne : les bons et les méchants, les gagnants et les perdants, la morale et l’immoralité… Comme dans un combat de boxe, l’Union européenne est déclarée vainqueur de la première manche par K.O. de la Perfide Albion4. Comment pourrait-il en être autrement avec l’as de la négociation diplomatique qui a pour nom, Michel Barnier (« qui a jusqu’ici réalisé un sans-faute et dont l’expertise et la maîtrise de la diplomatie ont été précieuses… ») ? Malgré ses esquives permanentes, son alter ego britannique, David Davis n’a rien vu venir. Il est encore groggy dans les cordes sonné par les coups des Vingt-Sept. Il a dû faire sienne toutes les exigences du continent. Et tous les médias de faire chorus pour reprendre les trois points principaux de l’accord (il comporte quinze pages qu’aucun de nos perroquets à carte de presse n’a pris le temps de lire) : montant de la facture du divorce (50 milliards d’euros), statut des ressortissants européens au Royaume-Uni (protégés par la Cour de Justice de l’Union européenne), statut de l’Irlande (pas de rétablissement des frontières entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord). Nous pouvons dormir sur nos deux oreilles tant les Britanniques ont dû aller à Canossa et arrivent en position de faiblesse pour aborder la deuxième phase de la négociation portant sur les relations futures entre Londres et les Vingt-Sept rescapés5.

LE NIVEAU DIPLOMATIQUE : L’EUROPE EN DEMI-TEINTE

Comme souvent dans les relations internationales, pour celui qui dispose d’un minimum de pratique de la diplomatie multilatérale, les choses se présentent rarement de manière aussi tranchée que l’on veut bien le prétendre. Même s’il s’agit d’une vérité d’évidence, rien n’est définitivement agrée tant que tout n’est pas agréé (le fameux rien n’est décidé avant que tout soit décidé que connaissent bien les diplomates). La négociation sur le « Brexit » constitue un tout et il est hasardeux de pouvoir la saucissonner artificiellement. La découpe en phases est un artifice théorique destiné à en faciliter l’approche mais ne correspond qu’approximativement à la réalité. À ce jour, la conclusion de la première phase doit être appréhendée comme le signe d’une volonté politique des négociateurs de démontrer que la négociation avance et ne fait pas du surplace. Ni plus, ni moins. Car, si nous entrons plus avant dans le détail de l’accord du 8 décembre 2017, la victoire des Vingt-Sept est moins écrasante qu’il n’y paraît tant elle est l’archétype de l’application de la théorie de « l’ambiguïté constructive »6. Bien connue des négociateurs chevronnés, elle consiste à masquer des désaccords substantiels derrière des formules vagues, évasives permettant de s’accorder et de botter en touche (renvoyer au lendemain le traitement des différends). La ficelle est grosse mais elle est aussi vieille que le monde. De quoi s’agit-il dans le cas d’espèce ? Pour ce qui est des 50 milliards d’euros que Londres doit à Bruxelles, à y regarder de plus près, le montant n’a pas encore été arrêté de manière aussi précise. Ce pourrait être 40 ou 45 milliards d’euros. Diantre. Pour ce qui est de la protection des ressortissants européens au Royaume-Uni par la CJUE, elle ne vaudra que pour huit ans, sera facultative et n’empêchera pas une intervention des tribuanux britanniques. Quant à l’Irlande rien n’est réglé – il est vrai que le problème est d’une rare complexité -, nous apprenons que l’accord conclu le 8 décembre 2018 formule deux promesses contradictoires : changer et rien changer au statu quo actuel. Bravo les artistes ! Comme le déclare Donald Tusk : « il reste moins d’un an pour négocier un arrangement transitoire et le cadre de nos futures relations ». En termes peu diplomatiques, cela signifie que nous ne sommes pas sortis de l’auberge tant les questions pendantes sont multiples et complexes. Le plus dur reste à faire en une petite année, jusqu’au mois de mars 2019 pour conclure la négociation. À titre de comparaison, l’accord sur le nucléaire entre l’Iran et les cinq – plus limité et plus simple – a été négocié sur une période de treize ans. On comprend mieux ainsi pourquoi les rodomontades de nos journalistes incultes n’étaient que des farces. Dans la diplomatie, chevaucher des chimères ne conduit nulle part, au mieux, mais plus souvent dans le mur, au pire. L’histoire des négociations diplomatiques des dernières décennies nous apprend pourtant une chose : il ne faut pas sous-estimer les Britanniques.

L’accord du 8 décembre 2017 est un excellent texte au sens où l’entendait François Mitterrand lorsqu’il déclarait en 1989 : « C’est un excellent texte, car il exprime les arrière-pensées de tout le monde ». Surtout lorsqu’il s’agit des Britanniques. Tout reste encore à faire. Comme cela était largement prévisible, Theresa May a fait au mieux, dans le contexte actuel, pour défendre les intérêts de la Couronne. Comme le soulignait justement Winston Churchill : « Les Anglais ne fixent jamais une limite sans l’estomper ». Négocier est un métier, pas une posture. Cela s’appelle précisément la diplomatie, et il semblerait que nos dirigeants en manquent fichtrement. Avant de passer à la deuxième phase de la négociation, ils devraient profiter de la trêve des confiseurs pour méditer cette réflexion d’un ambassadeur de France dignitaire, l’un des meilleurs de sa génération, Gabriel Robin : « Hors de cette réalité, il n’y a que des mots et si les mots à eux seuls peuvent suffire à masquer une contradiction, il est vain de leur demander de la surmonter ».

1 Patrick Garcia, L’inflation des hommages aux grandes figures de la nation, Le Monde, 10-11 décembre 2017, p. 23.
2 Cécile Ducourtieux, Brexit : accord sur les préalables au divorce. Fin du premier acte, Le Monde, 9 décembre 2017, pp. 1-2.
3 Jean-Jacques Mével, Brexit : Londres et Bruxelles ont fixé les termes du divorce, Le Figaro, 9-10 décembre 2017, p. 7.
4 Éditorial, Brexit : avantage Bruxelles, Le Monde, 10-11 décembre 2017, p. 26.
5 Marion L’Hour, Boris Johnson, le ministre cauchemar de Theresa May, www.mediapart.fr , 9 décembre 2017.
6 Philippe Bernard, Brexit : un accord mais des ambiguïtés, Le Monde, 10-11 décembre 2017, p. 5.

MONTBRIAL : TEMPS TROUBLES ET PENSÉE CONFUSE – Jean Daspry.

Au moment où le monde est de plus en plus imprévisible et de plus en plus incompréhensible (sans parler de sa dangerosité), le commun des mortels espère avec une impatiente non feinte le messie venu sur terre qui viendra lui confier quelques clés de lecture simples pour y voir un peu plus clair. L’annonce de la publication d’un ouvrage de Thierry de Montbrial est toujours un évènement attendu tant l’homme joue l’oracle des relations internationales. Nous nous sommes donc précipités sur sa dernière production : « Vivre le temps des troubles »7, escomptant trouver la source de tous nos maux ainsi que les remèdes idoines pour les soigner. Le moins que l’on puisse dire est que le résultat est décevant.

Mais qui est au juste Thierry de Montbrial ? Il passe pour l’un des meilleurs experts français des relations internationales. Il n’est qu’à prendre connaissance de la liste impressionnante (une vingtaine environ) d’ouvrages de doctrine dont il est l’auteur pour se convaincre des qualités intellectuelles de ce penseur de haut vol. Polytechnicien, Thierry de Montbrial privilégie la méthode scientifique chère à Claude Bernard, ce qui ne gâte rien en ces temps d’approximations et de délires médiatiques. A la demande de Michel Jobert, il crée le centre d’analyse et de prévision (CAP) du Quai d’Orsay en 1974, première structure charger d’imaginer l’avenir en dehors des contingences des services traditionnels de la Maison. Certaines de ses prévisions feront date comme l’annonce avant l’heure du premier choc pétrolier. Précurseur dans le domaine de la pensée internationale, il crée l’Institut français de relations internationales (IFRI dont il est toujours président), premier « think tank » à la Française qui fait toujours référence dans le monde de la recherche intellectuelle. Citons la publication annuelle du « Ramsès », sorte de bilan de l’année écoulée et de perspective pour l’année à venir, sorte de Gault et Millau du diplomate. Membre de l’Institut, il fonde la « World Policy Conference », sorte de mini Davos des relations internationales qui réunit le gratin des penseurs du monde de demain qui pensent et parlent en anglais. Au diable, la pratique de la langue vernaculaire française !

Mais que peut-on retenir de sa dernière production sur le monde d’hier, d’aujourd’hui et de de demain ? Tout et rien à la fois ! Thierry de Montbrail n’est pas Stefan Zweig. Articulée de manière très cartésienne autour de trois grands chapitres (« La présence du futur », « L’empreinte du passé » et « Le choc du présent »), sa présentation se présente comme un voyage particulièrement documenté et riche en citations dans un monde qui nous est de plus en plus étranger. Pour être franc, abondance de démonstrations scientifico-littéraro-économico-diplomatico-stratégiques nuit à la compréhension globale de la thèse générale développée (quelle est-elle au juste ?). Un tiers de l’ouvrage aurait pu nous être épargné tant il n’apporte strictement rien à notre désir de comprendre. Dans une trop longue deuxième partie consacrée au passé (plus du tiers de l’ouvrage), le lecteur est bombardé de théorie de la relativité, de physique, de chimie, de mécanique quantique, de cosmologie, de philosophie, d’économie collaborative, de religions, de révolution numérique, d’histoire, de littérature de Paul Valéry, de Tolstoï, de Clausewitz, de Kant… À tel point que même le lecteur le plus attentif en perd son latin, ne parvenant pas à faire le lien entre le monde d’aujourd’hui et celui d’hier. Tout ceci fait pompeux comme certaines expressions du style : « la question est donc : est-il possible de réguler un système dont les non linéarités sont susceptibles de multiplier les effets papillon ? » ou bien « sa réalisation (la gouvernance) sera inévitablement de très longue haleine. Par nature, elle ne sera jamais achevée » qui concluent l’ouvrage. Mazette ! Tout cela pour en arriver à ce genre de portes ouvertes enfoncées. Le lecteur reste sur sa faim, c’est le moins que l’on puisse dire.

Mais, pour être tout à fait honnête, nous avons été particulièrement intéressés par certaines thèses développées par Thierry de Montbrial. Ce dernier défend une vision réaliste, équilibrée du monde à l’opposé de celle que défend la diplomatie française actuelle : dictature de l’émotion qui prend le pas sur la raison ; erreur occidentale consistant à prétendre se substituer aux autres peuples pour définir leurs intérêts ; confusion entre réalisme et cynisme ; avenir qui ne construira pas en dehors du réel ; refus de croire qu’une communauté internationale digne de ce nom se construira sur la seule base du droit surtout en l’absence de procédures d’exécution contraignantes… Les derniers chapitres consacrés à des questions horizontales (États-Unis, Chine, Union européenne) et transversales (géopolitique et politique internationale, gouvernance économique mondiale, sorite ratée de la Guerre froide) ne manquent pas d’intérêt et auraient mérité de plus longs développements. Le plus important est traité à l’extrême fin de l’ouvrage et de manière trop rapide. Hélas !

En définitive, nous nous situons au cœur du système de l’élitisme à la française. Les grandes maisons d’édition parisiennes préfèrent vendre des noms dont les ouvrages sont souvent décevants plutôt que de bons esprits – et il n’en manque pas dans notre pays – qui n’ont pas encore de noms. On ne transforme pas une société aussi sclérosée que la nôtre d’un simple coup de baguette magique comme entend le faire le président de la République, Emmanuel Macron. C’est une véritable révolution des esprits dont la France a besoin, faute de quoi le système de castes qui nous gouverne a encore de beaux jours devant lui et la pensée française dans les relations internationales a un avenir sombre devant elle, pour ne pas dire qu’elle devra affronter des « temps troubles ».

7 Thierry de Monbrial, Vivre le temps des troubles, Albin Michel, 2017.

L’ENA PREND L’EAU – Jean Daspry.

Alors que nous pensions que tout se passait au mieux dans l’ancienne prison pour femmes qui abrite la plus prestigieuse école de la République, les choses ne vont pas si bien. Qu’apprend-on à la lecture de la très sérieuse Lettre A ? Citons l’intégralité de l’information : « L’ENA verra sa subvention publique diminuer de 2,7% en 2018, soit 1,4 million € d’économie sur un budget de 40 millions. Le gouvernement a ainsi réduit de dix places la taille des promotions de l’école à la rentrée prochaine afin d’accueillir un total de 170 étudiants. En parallèle, l’établissement envisage de mettre en place une fondation ainsi que des chaires d’études. Les instituts régionaux d’administration (IRA), chargées de l’encadrement intermédiaire de la fonction publique d’Etat, verront en revanche leurs moyens renforcés : les promotions annuelles sont passées de 632 à 730 élèves »8. Si l’on comprend bien, il y aurait du rififi à l’ENA au moment où cette dernière accueille un nouveau directeur, le conseiller d’État, Patrick Gérard nommé en conseil des ministres le 9 août 2017 (60 ans, non énarque, passé par les cabinets de Rachida Dati et de François Bayrou).

Un léger retour en arrière s’impose. Pour succéder à Bernard Boucault (énarque) – nommé au prestigieux poste de préfet de police de Paris – à la direction de l’école nationale d’administration (ENA) à l’été 2012, François Hollande désigne une femme de qualité, Nathalie Loiseau (née Ducoulombier), ministre plénipotentiaire, issue du corps d’Orient qui a brillé dans ses dernières fonctions au ministère des Affaires étrangères, successivement comme directrice des ressources humaines et directrice générale de l’administration. Pour compléter le tableau, elle est jeune (elle n’a pas 50 ans), féministe (elle préside avec poigne l’association « femmes et diplomatie »)9, gestionnaire reconnue (elle est énergique, voire brutale10), possède une expérience des cabinets ministériels (celui d’Alain Juppé) et surtout est disponible en cet été 2012. Laurent Fabius, le nouveau chef de la diplomatie l’a sèchement remerciée, la trouvant trop encombrante. Dès sa prise de fonctions à Strasbourg (la plupart du temps, elle occupe son autre bureau à Paris dans les locaux de l’ancienne école de la France d’Outre-mer, rue de l’Observatoire), elle multiplie les déclarations publiques dans lesquelles elle précise sa vision de la gestion11, ses souhaits pour l’école12. Elle devient vite le chouchou des médias. Nous allons voir ce que nous allons voir. Une femme ne peut que bien penser, bien agir. En 2012, elle livre sa pensée profonde sur la condition de la femme au XXIe siècle dans un ouvrage qui connaitra un énorme succès13. En 2017, elle contribue à un ouvrage pour la jeunesse intitulé « La démocratie »14.

Nathalie Loiseau, qui a pris en route le train de la République en Marche (pour être femme de conviction elle n’en est pas moins clairvoyante), est récompensée par le nouveau président de la République qui la désigne ministre en charge des Affaires européennes (qu’elle n’a jamais traitées durant sa carrière diplomatique) auprès du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian. Il est vrai, comme le constate Le Canard enchaînédans son édition du 6 décembre 2017 (page 2), que Nathalie Loiseau est « la très injustement méconnue ministre des Affaires européennes veut que le parlement reste à Strasbourg ». Quelques mois avant son départ de l’ENA, nous apprenions, qu’à l’occasion d’un conseil d’administration, la gestion financière de l’école laisserait à désirer : on dépenserait plus qu’on recevait. Certains vont jusqu’à mettre en cause la directrice : coût exorbitant des deux sites (Paris et Strasbourg), de la scolarité des élèves dans les ambassades, multiplication de programmes peu utiles… Ne vient à sa rescousse que le président du Conseil d’administration de l’ENA, Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d’État qui demande à la tutelle d’éponger le déficit. Nous n’en serons pas plus sauf qu’aujourd’hui (Cf. la brève de la Lettre A) on demande à l’ENA de se serrer la ceinture, fortes contraintes budgétaires obligent. Certains mauvais esprits en viennent à penser que le mandat de l’ex-directrice (2012-2017) n’aurait pas été aussi brillant qu’elle voulait bien le dire, que l’on peut être une féministe brillante et vocale mais une piètre gestionnaire. La parité existe également dans l’insuffisance. Elle n’est le privilège d’aucun sexe…

En définitive, il est assez cocasse que la gestion de l’ENA, censée former l’élite de la nation, soit aussi peu efficace. On comprend mieux que la gestion de la France par cette même caste soit aussi peu performante. On peut être très intelligent mais manquer du bon sens populaire qui évite les embardées. Or, c’est à cet instant que le très sagace président du Conseil d’administration, Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d’État déclare qu’il faut redéployer les moyens de l’ENA, que le choix de Strasbourg est sans retour et critique implicitement Sciences Po (« Science Po ne peut pas plus remettre en cause l’ENA que l’ENA ne remet en cause Sciences Po »)15. L’ENA a besoin d’une véritable réforme qui en fasse une école de formation des fonctionnaires. Chaque ministère recruterait ses propres fonctionnaires en fonction de ses spécificités et de ses besoins comme cela se fait déjà. Comme avec l’École de guerre, l’ENA accueillerait les fonctionnaires ayant atteint un certain niveau et se préparant à des hautes fonctions. Ainsi, nous éviterions cette société de classes et de castes qui est la nôtre. Si cette gestion problématique de l’ENA avait ce mérite, ce serait une excellente chose. Mais, ne rêvons-pas ! Il est difficile de demander aux privilégiés de renoncer à leurs privilèges…

8 Promotion réduite à l’ENA en 2018, www.LaLettreA.fr, n° 1800, 30 novembre 2017, p. 3/8.
9 Marianne Gomez/Denis Peiron, Nathalie Loiseau, une féministe catholique au Quai d’Orsay, www.LaCroix.fr , 25 juin 2017.
10 La rédaction de Mondafrique, « Nathalie Loiseau m’a tuer », www.mondafrique.com , 13 juillet 2017.
11 Nathalie Loiseau, « L’idée que le management se pratique du haut vers le bas est bouleversée », www.acteurspublics.fr , 1er avril 2015.
12 Nathalie Loiseau, « L’ENA n’est pas une école de la pensée unique », www.atlantico.fr , 9 octobre 2015.
13 Nathalie Loiseau, Choisissez tout, JC Lattès, 2014.
14 Nathalie Loiseau, La démocratie, Casterman, collection Jeunesse BD (8-11 ans), 2017.
15 Jean-Marc Sauvé, « L’encadrement supérieur de l’État doit davantage représenter la société française dans sa diversité » www.acteurspublics.fr 8 novembre 2017.

Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat

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Commentaire recommandé

Albert Charles // 21.12.2017 à 18h17

Le Brexit, fausse sortie: les Britanniques n’ont jamais réellement fait partie de l’Europe, CEE ou UE. Il ont toujours bénéficié de dispositions spécifiques de la part des dirigeants européens, et ça va continuer. Avant le référendum, Cameron avait négocié un traité (un de +) qui ouvrait déjà la voie à un mini Brexit (non avoué) en cas de victoire du Remain. Les dirigeants de l’UE ne vont pas saigner le Royaume Uni, et ils ne le veulent d’ailleurs pas du tout: les 50 milliards dus vont vite se dissoudre au fil des années de négociation qui viennent, au point de disparaître totalement en compensation de ceci ou de cela. L’opération sera une réussite pour les Britanniques: en +, ils vont transformer leur Royaume en ilots de zones franches qui vont attirer tous les capitaux du monde: la City sera dix fois plus forte (et les Paradis Fiscaux déjà plein l’espoir..). Les Britanniques continueront à utiliser nos infrastructures sans participer à leurs financements: joli coup !

12 réactions et commentaires

  • Fritz // 21.12.2017 à 06h10

    La présentation médiatique des négociations du Brexit est assurément biaisée, mais il reste curieux que cette sortie soit mise en œuvre par une adversaire du Brexit, Mme Theresa May.

    Un gouvernement français qui voudrait sortir de l’UE pourrait le faire unilatéralement, sans négociation, et sans payer un centime à Bruxelles. Car le territoire français est au centre de l’UE, et il suffirait d’interdire le passage de camions étrangers sur le sol français pour mettre l’Europe à genoux. L’arrestation des fonctionnaires européens qui se trouvent sur notre territoire serait un moyen de pression supplémentaire.

    Sans parler du sort que méritent les politiciens et fonctionnaires français qui ont aliéné la souveraineté nationale, en violation de la Déclaration de 1789 (article 3), de la Constitution de 1958 (article 3), et au mépris du vote populaire (2005).

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    • basile // 21.12.2017 à 06h36

      je pensais que la GB en sortant de l’UE, allait se trouver au centre d’un nouveau monde, un commerce fructueux entre les USA et la Russie, et laisser l’UE comme des c**. D’autant que ses réserves de gaz ne sont pas éternelles.

      mais les rosbifs en tienne une couche aussi.

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      • Crapaud Rouge // 21.12.2017 à 07h35

        « mais les rosbifs en tienne une couche aussi » : je pense plutôt qu’ils ont voté « pour le bordel », contre les tendances dominantes et lourdes, si vous préférez. C’est logique puisqu’il n’y a pas d’alternative.

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      • Kiwixar // 21.12.2017 à 09h42

        Je pense que c’est une erreur de sous-estimer les élites Britanniques, qui ont montré de sacrés performances au cours des siècles. Idem pour le peuple de France, malgré ses zélites toujours prêtes à lever la cuisse gratuitement pour l’étranger le plus viril.

        Le Brexit a de grands intérêts pour l’aristocratie britannique (qui a permis le référendum, hein) :
        – préserver leur « démocratie » élitiste, donc ne pas laisser un Politburo bruxellois commencer à vouloir dicter le temps qu’il fera de l’autre côté du Channel
        – préserver leurs privilèges exorbitants, notamment au niveau foncier (un intervenant sur le programme de Max Keiser avait sorti la statistique de possession terrienne dans les mains des aristos britanniques, j’étais tombé de ma chaise)(désolé je n’ai plus le chiffre)

        C’est pas que les Britanniques comprennent plus vite (ce qu’est l’UERSS), c’est qu’ils commencent à réflechir longtemps avant nous.

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    • Brigitte // 21.12.2017 à 08h32

      Theresa May veut incarner la nouvelle Thatcher. Elle a toujours été eurosceptique mais elle a du composer avec les différents courants de son parti pour en arriver au poste de première ministre. Elle est aussi plutôt progressiste sur le plan sociétal (droits des femmes et des homosexuels), ce qui lui assure un soutien populaire plus large.

        +2

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  • François Lacoste // 21.12.2017 à 08h35

    Et si tout simplement les Anglais, en leur île, avaient choisi la liberté, la leur, autrement dit la liberté d’écrire leurs lois sans en abandonner à d’autres le soin de le faire.
    Par ailleurs, les médias nous rebattent les oreilles avec les cinquante milliards de ceci cela, mais combien la France vient elle de faire cadeau à ses riches et combien coûte à la France les très nombreux cas de dumping économique intra-communautaire?
    De qui ce moque-t-on?
    Les Britanniques quittent le « quai Europe » comme ils le font toujours quand il en va de leurs intérêts vitaux.
    C’est rassurant et espérons, le début de la fin de cette sinistre Europe du fric pour les seuls 1%.

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    • Galvan // 22.12.2017 à 07h10

      Ça s’appelle être souverain. Le Brexit est une excellente opération qui démontre ce qu’est la souveraineté nationale d’un pays : on commence par respecter le vote du peuple, pas comme en France avec le référendum de 2005 ou l’oxymore de souveraineté européenne employé par E. Macron.
      Chez les Anglais on respecte le peuple et la démocratie, chez les Français on bafoue les 2.

        +7

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  • Nyx // 21.12.2017 à 08h55

    L’UE est un principe simple: 27 pays courent après l’euro pour le marché unique et à la fin, les Allemands gagnent.

      +18

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  • araok // 21.12.2017 à 09h02

    La stratégie de Bruxelles, relayée par les medias habituels, consiste à faire admettre aux peuples à travers le l’illustration « Brexit » l’impossibilité de sortir de l’UE.
    Bon, alors il n’y a plus qu’à détruire le machin par l’intérieur, en le paralysant progressivement. Je me demande si ce n^est pas ce que certains pays d’Europe de l’Est sont en train de commencer…

      +14

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  • Olposoch // 21.12.2017 à 13h48

    C’est marrant cette histoire de Brexit (ou de Brescape selon…)
    Il a forcément des aspects à priori (on en sait rien en fait) négatifs, neutres ou positifs pour le Royaume-Uni et pour les 27 restants dans l’UE (et même différents dans les 27).
    6 possibilités d’études mais la seule qui semble interesser les « experts » est celle des conséquences négatives (comprendre catastrophiques) pour les brits.
    Les 5 autres… ben… par exemple quid des exportations de voitures allemandes au UK, leur premier client en Europe…?
    Et j’ai pas remarqué que les chinois avaient des soucis pour vendre leurs téléphones américains (ou les américains leurs téléphones chinois) en UE, pourquoi les grand-bretons auraient des barrières que les autres n’ont pas, Samsung c’est en zone UE??

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    • Crapaud Rouge // 21.12.2017 à 15h51

      En principe pas de problèmes d’import/export, évidemment, entre capitalistes… Mais des tonnes de problèmes juridiques que nous, les « couillons de base » si vous me permettez l’expression, n’avons pas idée.

        +2

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  • Albert Charles // 21.12.2017 à 18h17

    Le Brexit, fausse sortie: les Britanniques n’ont jamais réellement fait partie de l’Europe, CEE ou UE. Il ont toujours bénéficié de dispositions spécifiques de la part des dirigeants européens, et ça va continuer. Avant le référendum, Cameron avait négocié un traité (un de +) qui ouvrait déjà la voie à un mini Brexit (non avoué) en cas de victoire du Remain. Les dirigeants de l’UE ne vont pas saigner le Royaume Uni, et ils ne le veulent d’ailleurs pas du tout: les 50 milliards dus vont vite se dissoudre au fil des années de négociation qui viennent, au point de disparaître totalement en compensation de ceci ou de cela. L’opération sera une réussite pour les Britanniques: en +, ils vont transformer leur Royaume en ilots de zones franches qui vont attirer tous les capitaux du monde: la City sera dix fois plus forte (et les Paradis Fiscaux déjà plein l’espoir..). Les Britanniques continueront à utiliser nos infrastructures sans participer à leurs financements: joli coup !

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