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21.novembre.201721.11.2017 // Les Crises

Une stratégie européenne pour la gauche – par Frédéric Lordon

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Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 06-11-2017

Avec l’admirable conscience professionnelle des boussoles qui indiquent le Sud, Jean Quatremer et ses semblables n’ont pas manqué de décréter la question de l’euro définitivement « tranchée » par l’élection de Macron (1). Mais, à la fin des fins, qu’une boussole indique le Sud n’est pas un problème, pourvu qu’elle l’indique avec constance — ce qui est assurément le cas en l’occurrence. Il n’y a plus qu’à regarder dans la direction opposée pour s’orienter avec sûreté. La prédiction australe posée, nous savons donc maintenant avec certitude que « la question européenne » est tout sauf close, et qu’elle ne manquera pas de revenir. Pour une bonne et simple raison d’ailleurs : c’est que, par paraphrase inversée du Manifeste du parti communiste, un spectre hante la gauche — l’Europe. Si la dernière élection a confirmé quelque chose, c’est bien que l’euro est l’hypothèque posée sur toute stratégie de conquête du pouvoir à gauche. Même les débris de la social-démocratie ont fini par s’en apercevoir, un peu tard cependant, et, mettant les bouchées doubles pour rattraper un si long silence, pensent avoir trouvé avec le « parlement de l’euro » de quoi racheter vingt-cinq ans d’errements. C’est que, si plus personne ne croit, ni même ne peut entendre, la promesse devenue outrageante de « l’Europe sociale », celle de « l’Europe démocratique » a pris le relais — en apparence plus fraîche, mais en réalité aussi résolument creuse.

Pathétique « parlement de l’euro »

Lire aussi Dieter Grimm, « Quand le juge dissout l’électeur », Le Monde diplomatique, juillet 2017.Et comme toujours portée par la passion des intellectuels sociaux-démocrates, à qui les rudiments d’une éducation matérialiste font décidément défaut, passion pour les abstractions de papier, les vœux sans moyen, les projets sans force, littéralement : les jeux de mots. Et aussi la transfiguration des queues de cerises. Ainsi de celle qui a conduit pendant la campagne les conseillers de Benoît Hamon à se griser d’un « Traité de démocratisation pour l’Europe » (2) dont la lecture donne rapidement la mesure de ce qu’il ambitionne de démocratiser, à savoir à peu près rien. Car on sait très bien où se situe la négation démocratique de l’Union monétaire européenne : dans les traités de l’Union. Cela même que les auteurs déclarent n’avoir aucun projet de toucher. Si bien que la question se ramène à deux simplissimes équations (en fait une seule et même) : traités inchangés = anti-démocratie persistante ; démocratisation réelle = traités réécrits.

Évidemment, pour échapper à cette rude vérité, le mieux est encore d’ignorer froidement toute définition minimale de la « démocratie », dont il faut expliquer à ces braves gens que le mot « parlement » n’y suffit pas. Car c’est très beau un parlement, mais c’est encore mieux si l’on sait de quoi il aura à connaître – et surtout de quoi il n’aura pas. C’est qu’en principe la réponse à la question du périmètre des prérogatives est : tout. Et en effet, personne n’imaginerait communauté politique assez tordue pour s’interdire à elle-même de décider en matière de monnaie, de budget, de dette, ou de circulation des capitaux, c’est-à-dire pour s’amputer volontairement des politiques qui pèsent le plus lourdement sur la situation matérielle des populations. Personne n’imaginerait, donc… sauf, au contraire, projet à peine caché de sanctuariser un certain type de politiques économiques, favorables à un certain type d’intérêts, avec en prime, pour verrouiller l’édifice, l’investissement névrotique spécial d’un pays qui se raconte depuis plus d’un demi-siècle que l’orthodoxie monétaire et budgétaire est le seul rempart contre le nazisme…

Il y a deux choses à faire des bâtons tordus : les détordre ou les repeindre avec de jolies couleurs. Sans grande surprise, le « parlement de l’euro » imaginé par les castors juniors a choisi l’option Ripolin. De quoi la belle assemblée aura-t-elle le droit ? Essentiellement de « se prononcer », de « participer à des échanges de vues », d’entrer dans des « dialogues de gouvernance », de faire des « résolutions », des « recommandations » (3) même ! Elle peut par exemple mettre un tutu pour intervenir tout en beauté dans les procédures de déficit excessif (art. 8). Le commentaire à ce moment précise qu’elle possède également « la capacité d’amender et de modifier les préconisations de l’eurogroupe qui doit tenir compte de ses observations » (art. 8-3, c’est moi qui souligne) – léger moment de rêve éveillé des auteurs car la rédaction de leur propre article lui-même ne souffle pas mot de ce « devoir ».

Soyons justes : à son meilleur, le projet donne au parlement barre sur les memoranda dans les cas d’assistance financière. Et cela, cette fois, il l’écrit pour de bon. Moyennant quoi il décidera souverainement… de la vitesse et des modalités par lesquelles un État-membre doit se conformer aux règles des traités. Dont il va sans dire que, pour leur part, elles demeureront inchangées. Et que les États-membres continueront d’y être indéfiniment assujettis. Donnons un exemple simple : la « démocratisation » restera de marbre face aux rabotages d’APL, aux hausses de CSG, aux coupes budgétaires obtuses, et à l’AP-HP saignée, pour mettre le budget Macron dans les 3 % – on ne parle ici même pas de l’idée folle de restreindre la circulation des capitaux, ou de taxer les importations les plus socialement ou les plus écologiquement scandaleuses.

Aussi illusoire que « l’Europe sociale », « l’Europe démocratique »…

Au vrai, c’est un sourd sentiment d’échec intériorisé qui transpire du ronflant « traité de démocratisation de l’Europe ». Lequel, anticipant les conditions de sa propre ratification, avertit déjà qu’il est possible d’envisager une entrée en vigueur « sans l’un des grands pays, par exemple l’Allemagne » (4) (op. cit., p. 44). « Par exemple », mais c’est juste un exemple. Donné comme ça. L’idée qu’une non-ratification par l’Allemagne pourrait avoir quelque incidence quant au maintien de son appartenance à l’eurozone ; que, dans ces conditions, l’Allemagne en réalité partie, l’euro aurait peine à continuer de se nommer « euro » ; que, l’Allemagne probablement suivie par d’autres, il s’agirait, eh bien, de l’explosion historique de l’euro ; et qu’en fait on aura remballé vite fait le grandiose projet de « démocratisation » plutôt que de risquer si affreux dénouement, toutes ces idées un peu sombres sont heureusement passées sous silence pour ne pas créer d’inutiles inquiétudes.

C’est qu’en effet, on n’a pas fini de se faire du mouron si on regarde un peu mieux de ce côté-là. Car, entre la simple possibilité de perturber les souverains memoranda de l’eurogroupe et, pire encore, l’immixtion de l’assemblée dans les affaires de la BCE (notamment ses objectifs d’inflation), fut-ce par de simples « résolutions » (art. 10), il faut le dire tout net aux auteurs, qui en ont d’ailleurs vaguement l’intuition : ils peuvent toujours se fouiller pour faire avaler ça à l’Allemagne.

La déroute en rase campagne à laquelle se trouverait d’avance promise jusqu’à cette inoffensive bluette, par ailleurs entièrement dépourvue de la moindre stratégie de construction d’un rapport de force, a au moins la vertu de rappeler avec netteté les termes réels de l’équation européenne à gauche :

1. Il n’est pas de politique progressiste qui ne verrait ses dispositions les plus centrales interdites par les traités européens.

2. Soustraire les contenus substantiels de certaines des plus importantes politiques publiques aux délibérations d’une assemblée ordinaire, pour les sanctuariser dans des traités ne répondant qu’à des procédures de révision extraordinaires, est une anomalie qui disqualifie radicalement toute prétention démocratique.

3. Seule une révision des traités propre à instituer un véritable parlement, auquel serait rendue l’intégralité des domaines de décision actuellement hors d’atteinte de toute redélibération souveraine, est à la hauteur du projet de rendre l’Europe démocratique.

4. En l’état actuel des choses, une telle révision fera l’objet d’un refus catégorique de l’Allemagne qui, serait-elle mise en minorité dans le débat européen, préférerait l’intégrité de ses principes à l’appartenance à l’Union.

Que ce soit sous l’espèce d’un parlement pantomime, en fait privé de toute voix au chapitre sur les questions fondamentales et réduit à la figuration résiduelle, ou bien, a fortiori, sous toute proposition qui envisagerait d’aller plus loin, l’Allemagne (sans doute accompagnée) dira non. On peut donc si l’on veut persister dans l’erreur ou la cécité volontaire un certain temps, mais pas trop quand même. Comme jadis « l’Europe sociale », « l’Europe démocratique » n’aura pas lieu (5). Il s’ensuit que, si elle reste accrochée à l’illusion d’un « autre euro », c’est la gauche au pouvoir qui n’aura pas lieu non plus.

Le dilemme européen de la gauche

C’est en cet inévitable point de décision que se forme pour elle un dilemme stratégique, dont la tension interne est suffisamment vive… pour mettre en désaccord les deux co-auteurs de L’Illusion du bloc bourgeois (6) ! Pour Stefano Palombarini (7), la perspective de sortie de l’euro ne saurait s’envisager dans le cadre du bloc électoral de gauche actuellement constitué, certaines de ses fractions hurlant au « repli national » à l’énoncé de cette seule idée. D’un certain point de vue, il a raison. Le débat à gauche sur l’euro depuis 2010 a suffisamment montré de quelles divisions il était parcouru. Et c’est bien de ce réflexe épidermique que témoigne la persistante chimère de « l’autre Europe » à laquelle le désastre grec n’a pas suffi à tordre le cou – et dont les errements obstinés à la recherche du « parlement de l’euro » sont l’expression la plus pathétique. S’il est un seul obstacle qui ait fait opposition au retrait de Hamon pour Mélenchon, jusqu’à lui faire préférer l’humiliation à une victoire de la gauche, c’est bien la question européenne.

Lire aussi Bruno Amable, « Majorité sociale, minorité politique », Le Monde diplomatique, mars 2017.Bruno Amable, partisan plus résolu de la sortie, objecte que si vraiment cette question était à ce point déterminante, et si le bloc européiste pesait du poids qu’on lui prête, le président Macron, qui lui donne toute satisfaction en matière de ligne européenne, n’aurait pas dégringolé aussi brutalement dans les sondages. Il n’a pas tort non plus.

Mais comment peut-on donner simultanément raison à deux arguments en apparence aussi contradictoires ? C’est, précisément, qu’ils ne le sont qu’en apparence, en tout cas du point de vue de la « logique politique », à défaut de la logique tout court. Si la production des opinions politiques était une affaire de rationalité pure et parfaite, ça se saurait. En réalité ce qui se sait, c’est que ça ne l’est pas. Il existe par exemple toute une fraction de l’opinion à gauche qui désapprouvant, parfois avec véhémence, les contenus particuliers des politiques européennes, et les contraintes qui s’ensuivent sur la conduite des politiques nationales, ne se cabre pas moins à l’idée générale, pourtant conséquente, de rompre avec l’euro. Ceux-là tribuneront à répétition contre l’« Europe austéritaire », mais sitôt qu’on leur posera la question d’en sortir répondront « surtout pas ! ».

Ce sont là les asymétries, et les claudications, dont est coutumière la fabrication des idées politiques, individuelles et collectives. Inutile de s’en affliger trop longtemps, c’est ainsi : la politique est aussi une affaire d’affects. S’il est d’ailleurs une « réussite » à mettre au compte de l’entreprise européenne, c’est bien d’avoir lié l’idée de toute dissolution de l’Union à des affects de peur, peut-être même faudrait-il dire de terreur, en tout cas d’une intensité sans pareille, au point d’écraser tout ce que fait naître par ailleurs de dissentiments bien-fondés le détail des politiques européennes concrètes. De ce point de vue, le cas de la Grèce en offre peut-être l’illustration la plus tragique, qui, au fin fond du martyre européen et voyant pourtant la porte de la cage s’ouvrir, aura encore préféré rester auprès de son bourreau. Le cas le plus impressionnant demeurant celui de Varoufakis qui, tabassé de première et mieux placé que quiconque pour savoir ce qu’il en est vraiment, n’en continue pas moins de rêver d’y retourner – pourvu qu’on mette des rideaux à fleurettes aux barreaux ?

Le verrou de la classe éduquée

Il faut prendre la situation passionnelle de la question européenne comme elle est, et plutôt que de la déplorer se demander ce qu’on peut en faire. À cet égard, c’est bien la classe éduquée qui est le lieu névralgique de cette situation. Se croyant la pointe avancée de la rationalité dans la société, elle en est en fait le point d’incohérence par excellence : car c’est bien elle qui, plus que tout autre, est en proie aux affects de peur, sublimés en humanisme européen et en postures internationalistes abstraites lui permettant, croit-elle, de tenir le haut du pavé moral – quel qu’en soit le prix économique et social. C’est bien elle, partant, qui n’en finit pas de chercher dans « l’autre Europe » ou dans « le parlement de l’euro » un refuge imaginaire, une résolution fantasmatique à ses contradictions intimes. Et c’est donc avec elle, comme le note Palombarini, que, pour son malheur, une stratégie politique à gauche doit compter.

Lire aussi Richard V. Reeves, « Classe sans risque », Le Monde diplomatique, octobre 2017.Comment alors tenir un arc de forces qui aille des classes populaires, expérimentant elles de première main le dégât des politiques européennes et par là moins en proie aux scrupules précieux de l’européisme, jusqu’à la bourgeoisie éduquée de gauche à qui sa sensibilité écorchée fait de toute idée de rompre avec l’Europe un motif de crise hystérique. Il est absolument hors de doute qu’aux premières il faudra donner la sortie de l’euro car, elles, vivent la chose dans le concret. C’est à la seconde qu’il faut réserver un traitement spécial – c’est-à-dire trouver quelque chose à lui accorder. En réalité il y a matière.

C’est qu’on peut au moins lui reconnaître d’exprimer, fut-ce dans l’incohérence ou le mépris pour ceux qui, de l’Europe, payent vraiment le prix, une préoccupation légitime : oui, défaire un arrangement international, si désastreux soit-il, emporte la possibilité de la régression nationaliste, et s’il y a plusieurs façons de sortir de l’euro, toutes sont loin d’être également bonnes. C’est bien pourquoi la stratégie de l’« union de tous les souverainismes » est le commencement de la perdition (8). Et c’est pourquoi, pareillement, il n’est pas de sortie par la gauche qui n’affirme ses caractères propres. Les premiers d’entre eux tenant bien sûr à la nature des objectifs qu’on y poursuit, en l’occurrence la réduction drastique des marges de manœuvre du capital, et le rebasculement du rapport de force, tel qu’il se trouvera déterminé par le nouvel état des structures, en faveur du travail. Mais les « caractères propres » s’affirment aussi dans la nature des nouveaux rapports internationaux dont on envisage la reconstruction post-exit.

Une perspective historique de rechange

Il est bien sûr de la dernière imbécillité de prétendre qu’un pays sortant de l’euro, de l’UE, ou de toute autre organisation internationale, par-là même se coupe du monde. Il faudrait par exemple avoir l’angoisse du « repli » en roue libre pour soutenir que le Brexit, pourtant prototype d’une sortie par la droite, à forts relents nationalistes même, va néanmoins transformer la Grande-Bretagne en royaume-ermite… Cependant une ligne de gauche se reconnaît, précisément, à ce qu’elle ne se contente pas de ce minimum syndical. C’est ici que l’internationalisme réel trouve avantageusement à se substituer à l’internationalisme imaginaire (9) – qui, pour satisfaire ses aspirations posturales, finit par défendre la monnaie de Francfort, les traités de libre-échange, et la libre circulation des capitaux.

En quoi consisterait alors la contribution de l’internationalisme réel à la résolution du dilemme européen pour la gauche ? À ne pas laisser la classe éduquée orpheline d’Europe, et à lui donner une perspective historique européenne de rechange. C’est-à-dire à la convaincre que déposer son objet transitionnel, l’euro, ne la prive pas de tout, lui permet encore de croire à ce qu’elle aime croire, et à quoi d’un certain point de vue elle a raison de croire, à savoir : en toute généralité l’effort de décentrer les peuples nationaux, de les rapprocher autant que se peut, en commençant logiquement par l’échelle européenne. Mais pas non plus de n’importe quelle manière, ni à n’importe prix (le plus souvent payé par d’autres…), c’est-à-dire en cessant de couler inconsidérément ce désir internationaliste bien-fondé dans les pires propositions, les propositions de l’économisme néolibéral – l’internationalisme de la monnaie, du commerce et de la finance.

Sans relâcher l’effort de la convaincre qu’il n’y aura pas d’« autre euro », que l’« euro de gauche » n’existe pas, il faut donc dire à la classe éduquée qui, pour une bonne part en effet, tient le sort d’une hégémonie de gauche entre ses mains, qu’elle n’a pas à renoncer pour autant à l’européisme générique qui lui tient à cœur. Et donc lui faire une nouvelle proposition en cette matière. Une proposition suffisamment forte pour se substituer à la promesse déchue de l’euro à laquelle la bourgeoisie de gauche continue pourtant de s’accrocher parce qu’elle a trop peur du vide. La promesse d’une sorte de « nouveau projet européen », auquel il s’agit de donner la consistance d’une perspective historique.

Pour un « Nouveau projet européen »

C’est qu’il est possible de rapprocher les peuples européens par de tout autres voies que celles de l’économie. On prête à Saint Jean Monnet (dont il faudra bien un jour déboulonner la statue (10)) d’avoir exprimé le regret que l’Europe ne se soit pas faite « par la culture », plutôt que « par le marché ». La phrase, dit-on, serait apocryphe. Quand on laisse de côté l’histoire sainte pour se renseigner a minima sur l’itinéraire de Monnet, c’est bien possible en effet… Peu importe : vraie ou fausse, la maxime est offerte à ré-emploi, mais cette fois-ci sans faux-semblants ni hypocrisies. Et moyennant toutes les généralisations dont elle est capable. Recherche, études universitaires et pourquoi pas lycéennes, arts, chantiers systématiques de traductions croisées, historiographies dénationalisées, tout est bon pour être intensément « européanisé » — et par-là « européanisant ».

On n’est cependant pas obligé d’en rester au registre des interventions en direction de l’« Europe de la culture », dont on sait assez quelles classes sociales en sont les principales bénéficiaires. En réalité, l’Europe a un fameux passif à éponger auprès des classes populaires. Elle aurait grandement intérêt à s’en souvenir, non pas tant d’ailleurs au nom d’une économie du pardon ou du rachat, mais parce qu’il y va décisivement de son propre intérêt politique d’avoir ces classes-là avec elle – leur hostilité, parfaitement fondée disons-le, n’aura-t-elle pas été sa plaie lancinante depuis le traité de Maastricht ? Si donc cette nouvelle Europe, débarrassée de l’euro, veut renouer quelque lien avec ces classes, elle a intérêt à s’adresser très directement à elles – et d’abord dans le langage qui sera le sien : celui, concret, de l’intervention financière. Il n’est pas de moyen plus simple pour elle de se rendre désirable que de venir se substituer aux États défaillants, d’ailleurs rendus tels par elle tout au long du règne de la monnaie unique : vastes programmes de réhabilitation des banlieues, plans de désenclavement numérique, fonds de réindustrialisation, financement de réseaux d’éducation populaire, soutien aux tissus associatifs, ce ne sont pas les idées qui manquent où l’Europe trouverait à sérieusement se refaire une « image de marque » !

Et comme ce ne sont pas les idées qui manquent, les moyens ne doivent pas non plus. Au vrai, c’est ici que se joue la différence entre des paroles en l’air et la consistance d’un projet politique. Dont l’ambition se mesurera très exactement aux ressources qu’il se donne. Evaluées très simplement d’après un objectif quantitatif global, indiquant une trajectoire de moyen terme vers une cible budgétaire de 3 %, puis, pourquoi pas, de 5 % de PIB européen – en lieu et place du ridicule 1 % d’aujourd’hui.

Ça n’est pas qu’il y ait à partir du néant et qu’aucune de ces choses n’existent déjà – Erasmus, Feder, etc. Mais qu’il faut en étendre considérablement le champ, les adresses aussi, notamment vers des classes de destinataires jusqu’ici parfaitement délaissées, donner à toutes ces actions une ampleur inédite, les assembler dans un discours à portée historique, et pour mieux donner crédit à celui-ci, leur prévoir de nouvelles expressions institutionnelles visibles. Des expressions nécessaires d’ailleurs, car il faudra bien qu’une instance décide des domaines et des volumes des interventions. Quelle peut-elle être sinon une assemblée ? Pour le coup tout autre chose que l’introuvable « parlement de l’euro », faux-semblant démocratique voué à recouvrir l’irrémédiable non-démocratie de l’union monétaire. Une assemblée qui ne saurait revendiquer le plein titre de parlement, puisqu’elle ne jouira d’aucune prérogative législative – entièrement récupérées par les États –, et qu’elle ne délibérera que de l’allocation d’une ressource financière, dont d’ailleurs il pourrait lui appartenir tout aussi bien de fixer les prélèvements correspondants (et quoique on puisse aussi laisser aux États de décider souverainement de leurs clés de prélèvement pour s’acquitter de leurs contributions au budget européen, ou bien envisager toute formule de partage entre le niveau national et le niveau européen).

Il est assez clair que s’il s’agit simplement d’allouer une ressource, les égoïsmes nationaux risquent de reprendre le dessus toutes les fois où certains projets avantageront préférentiellement certains d’entre eux seulement – si l’on peut faire un programme de mobilité des lycéens ou des chercheurs pour toute l’Europe, c’est bien quelque part qu’on installe tel ou tel grand équipement, a fortiori telle ou telle infrastructure. On peut donc envisager un partage de la décision (ou toute forme de coopération) entre l’assemblée pour les projets transversaux, donc dépourvus de rivalités nationales, et une sorte de secrétariat européen pour les projets localisés, un nouvel avatar de la Commission si l’on veut, en charge, selon sa vocation première, d’incarner un intérêt général proprement européen… mais dépouillée de son pouvoir de nuisance législatif et de gardienne des traités libéraux.

Seuls les malentendants, ou bien les hypocrites, donneront pour équivalents d’en finir avec cette Commission-là et d’en finir avec « l’Europe ». En réalité, c’est d’être livrée à cette Commission-là, entendre : à ces traités-là, que l’Europe en finit le plus sûrement avec elle-même. Au point où on en est, on peut commencer à espérer que même la bourgeoisie éduquée, qui se croit première en intelligence quand elle est le plus souvent d’un confondant aveuglement politique, puisse comprendre qu’il est urgent de sauver l’Europe d’elle-même, et que ceci ne se fera qu’au prix d’un radical déplacement. Non pas cependant de la monnaie unique, congénitalement et pour longtemps encore néolibérale, mais, précisément, par son abandon même. L’Europe ne regagnera les faveurs des peuples qu’en les rendant à tout ce dont elle les a interdits jusqu’ici. Et notamment au droit démocratique fondamental d’expérimenter, d’essayer, de tenter autre chose. La camisole de l’euro ôtée, tout est possible à nouveau, bien sûr selon l’auto-détermination souveraine de chaque corps politique. Et puisqu’il s’agit de penser une stratégie pour la gauche : arraisonnement de la finance de marché, socialisation des banques, mise au pas du pouvoir actionnarial, propriété sociale des moyens de production…

Car, quel que soit son degré de plausibilité présent, rien de tout ça n’est l’affaire de l’Europe, non-communauté politique qui dicte sa loi aux communautés politiques. C’est qu’on ne s’improvise pas communauté politique par décret – à supposer d’ailleurs qu’on en ait vraiment le désir plutôt que celui d’organiser le vide de souveraineté et la confiscation oligarchique. Mais si on l’a, il y faut un ou deux prérequis… Dont aucun n’a jamais été constitué. L’Europe présente n’a donc le choix que de mourir ou de végéter dans l’illégitimité.

Ou de se réinventer en totalité, en commençant cette fois par le commencement. C’est pourquoi dans l’idée d’un « nouveau projet européen », ce qui compte avant tout, plus peut-être que la créativité institutionnelle et même que les moyens financiers, c’est le discours politique qui lui donne sens. Un sens historique, c’est-à-dire du souffle, suffisamment puissant pour faire oublier l’euro, recréer un horizon européen tout en ayant restauré la souveraineté législative là où elle peut l’être, pour l’heure donc au niveau des communautés politiques nationales, puisqu’il est acquis que la chose ne se fera pas à celui de l’eurozone.

Au demeurant cette nouvelle proposition européenne vaut tout aussi bien pour le dehors que pour le dedans : les forces de gauches des autres pays européens ne rencontrent-elles pas en fait le même problème ? – qu’on pense simplement aux impasses dans lesquelles se sont enfermées Syriza ou Podemos. On ne les en tirera, elles et les autres, qu’en leur faisant faire un pas de côté hors de l’insoluble problème de l’euro – et non pas à s’engager derrière Varoufakis qui se propose de nous faire perdre dix années de plus à la poursuite de l’introuvable « euro démocratique ». Sauf passion pour les impasses stratégiques, et refus de tout apprentissage, c’est bien autour d’une tout autre idée qu’il faut recoordonner les gauches européennes. Au vrai, c’est même une condition logique de ce « nouveau projet européen » que d’être ainsi rallié par les forces de gauche du continent, puisqu’il trouve un début d’accomplissement du simple fait de prendre la consistance d’une proposition politique transeuropéenne.

Une proposition qui d’ailleurs dessine son propre long terme. Car il est très possible d’expliquer aux plus inquiets que, si persister dans la voie de l’euro sera le tombeau de toute espérance à gauche, l’idée d’une communauté politique européenne ne demande pas pour autant à être sortie du paysage, qu’elle pourrait bien même être sauvée pourvu qu’on consente cette fois à lui offrir ses conditions de possibilité historique, comme couronnement d’un long rapprochement, mais cette fois-ci réellement « toujours plus étroit » entre les peuples du continent, auquel le « nouveau projet européen », désintoxiqué du poison libéral de l’actuelle union, donnera enfin son temps, ses moyens et sa chance.

Frédéric Lordon

Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 06-11-2017

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Commentaire recommandé

Brigitte // 21.11.2017 à 08h46

Encore un recyclage de plus de « l’idée européenne ». Après « l’Europe sociale » et « l’Europe démocratique », voici venu le temps de  » l’Europe de la culture « ? ça fait froid dans le dos car l’idée obsessionnelle de vouloir réunir les peuples d’Europe pour en faire quelque chose d’homogène et tourné vers un avenir commun est dangereuse. C’est le coup de grâce de l’Europe des nations.
De toute façon  » l’Europe de la culture » est déjà à l’oeuvre et elle m’est insupportable. Elle parle anglais, elle passe d’une métropole à l’autre sans se soucier du lieu et de l’histoire et au fond, elle n’est que le faux nez de la culture anglo-saxonne qui elle, est mondialisée.
C’est une idée intellectuellement médiocre, juste bonne pour les  » tour operator  » chinois ou américains en vue des fêtes de fin d’année….
Lordon croit t-il encore au père Noël?
Vive la Francophonie!

49 réactions et commentaires

  • Crapaud Rouge // 21.11.2017 à 06h49

    Un « Nouveau projet européen » ? Oui da, F. Lordon a mille fois raison, l’on peut croire avec lui que c’est réaliste et réalisable. Sur le papier. Mais avant qu’il n’arrive sur la table (des négociations), il faudra que l’UE ait vue un cataclysme lui passer sur le corps. Aurait-il tout oublié du conatus ?

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    • Renard // 21.11.2017 à 13h07

      Lordon s’adresse ici aux gauches européennes qui se fourvoient sur la question de l’euro, il essait de les ramener sur le bon chemin.

      Son analyse de classe se comprend : il n’est jamais arrivé dans l’histoire un parti de gauche qui se soit appuyé sur les seules classes populaires pour remporter les élections. L’inter-classisme électoral est la seule voie depuis que Jaurès a tranché entre réformisme ou révolution. Il faut donc ménager la chèvre et le choux, aux classes populaires on leur donne la sortie de l’euro, aux classes éduquées on leur laisse un rêve européen possible. Personnellement, je trouve que cette bourgeoisie de gauche, qui s’aveugle très facilement, est un véritable boulet idéologique mais que voulez vous on ne pourra rien faire sans eux. Le texte de lordon est fin et intelligent : c’est ce qu’il faut faire à gauche (étant entendu que gauche désigne le socialisme et non pas le progressisme).

      Autre point de division entre classes populaires et éduquées non soulevé par l’auteur mais crucial : l’immigration. Entre classes populaires qui n’en veulent plus du tout et éduquées qui se sentent coupables (par manipulation médiatique) de ne pas accueillir assez d’étranger comment réconcilier tout cela ? Il est important que des auteurs de gauche s’emparent de ce problème.

        +11

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      • Karim Wilmotte // 21.11.2017 à 19h31

        En fait, Lordon établit une stratégie dans le cadre de la situation actuelle: sortir des traités qui asphyxient les classes populaires, promettre aux classes supérieurs qu’on avancera (sur un périmètre non déterminé) dans une autre construction européenne.

        D’une certaine manière, c’est une inversion des promesses faites aux classes populaires de l’Europe sociale. Gageons cependant que dans ce retour au social au niveau des Etats, il sera tout de même possible de produire une autre construction européenne via l’intergouvernemental. Mais l’important, c’est bien cette inversion: le retour à des politiques sociales/socialistes… et si on peut, on avancera sur l’Europe.

        Mais vous pouvez aussi lire les autres commentaires… Et on peut se demander pourquoi les autres commentateurs semblent incapable de lire cette inversion.

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        • Renard // 21.11.2017 à 21h56

          Exactement, j’ai l’impression que beaucoup ici s’arrête à la réputation de l’auteur : Lordon = intellectuel de gauche = traître qui nous vend l’Europe social pour nous enfumer. Mais ce n’est pas du tout de ça dont il s’agit avec Lordon.. Pour moi il fait partie des nouvelles Lumières avec Todd, Onfray, Michea entre autres qui m’ont permis de comprendre la société et qui m’ont libérer intellectuellement.

          A croire que certains n’arrivent pas à penser en dehors des cases prédéfinis..

            +1

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          • Raphaël // 22.11.2017 à 22h13

            Justement, si vous sortez des cases prédéfinies vous trouverez tous les auteurs que vous citez superficiels et assez conformistes. C’est un bon début d’émancipation mentale mais il est dommage de s’arrêter là, la lumière est encore loin.

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          • Alfred // 23.11.2017 à 17h04

            Je vous assure que j’adore Lordon. Je suis très sensible à son style, à son ironie et à sa manifeste intelligence. Mais je ne le suivrai jamais « au combat » (politique bien sur – mais tout court encore moins).
            Sa facilité d’esprit ainsi que sa position sociale très confortables l’amènent à s’encrouter. Il ne peut plus bouger de ses rails. Je le crois honnête mais authentiquement petit bourgeois (ce n’est pas une critique mais un fait social) il est de ce fait incapable d’envisager sérieusement une (r)évolution. Sa grande intelligence carbure dans un paysage « contraint ». Ce qui en sort est forcément « borné » (comme certains ont l’horizon borné par le « progrès » ou « la croissance »). A leur manière les gens que vous citez sont de grands conservateurs (tant que leurs conditions matérielles le leur permettent).
            J’adhère totalement à l’analyse de Karim Wilmotte. C’est vrai c’est brillant MAIS: Pourquoi ce qui ne marche plus dans un sens devrait marcher dans l’autre (en symétrique)? Pourquoi alors que les classes populaires ont éventé le mensonge qui leur était fait, faire justement une nouvelle promesse aux classes supérieures? Tromper les uns après avoir trompé les autres? Autant entériner des divergences d’intérêt. Mais Lordon n’est pas Marx, il reste « de sa classe ».

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            • Karim Wilmotte // 23.11.2017 à 18h17

              Parce qu’à la fin, il faut un bloc dont la force permet d’éviter l’écrasement des classes populaires.

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      • Mr K. // 22.11.2017 à 08h20

        Bel échange, en « tête de gondole ».

        @ Karim Wilmotte :

        1 Dites moi où M. Lordon propose dans son texte une « sortie des traités ».

        Ce terme « sortir des traités », contorsion intellectuelle (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué) pour surtout ne pas prononcer les mots « sortir de l’Union Européenne » quasi interdits d’ « antenne ».

        2 Votre deuxième paragraphe ne comporte que de vagues suppositions, de plus en contradiction. « Gageons que…il sera tout de même possible… si on peut ».

        Ne serait-il pas plus simple de dire, par exemple, « L’Union Européenne mène la France à sa destruction économique, expliquons pourquoi aux classes éduquées, c’est cela qui créera le rassemblement nécessaire pour en sortir ».

        N’est-il pas complètement irresponsable d’entretenir en définitive les « classes de gauche éduquées » dans une illusion mortifère?

        3 Merci pour ce paquet cadeau pour l’ensemble des « autres commentateurs … incapable de lire cette inversion. »

        Pratique : « j’ai raison contre les autres commentateurs, même ceux à venir… ». Les avez-vous seulement lus?

        Laissons à @Renard sa conclusion, parfaite en la circonstance : « A croire que certains n’arrivent pas à penser en dehors des cases prédéfinis. »

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      • SARTON Bernard // 22.11.2017 à 17h46

        Je ne crois pas que l’Europe et l’Euro sont viables à moyen et long terme. La Banque centrale plombe le développement économique et sociale de chaque pays car cette banque n’est pas adaptée au tissu industriel de chaque Nation européenne. L’Euro est une monnaie allemande qui défavorise les petits pays par le dumping social et les bas salaires qui handicapent la consommation des ménages particulièrement populaires. Chaque pays avec sa monnaie nationale peut assurer son développement industriel et social avec un pouvoir d’achat des masses populaires en progression constante et maîtrisée pour le bien de chaque peuple . Une monnaie commune , pour les échanges entre les pays européens, peut être inventée avec un taux de change adapté à chaque pays en fonction de son PIB . L’Europe actuelle avec ses fonctionnaires bien payés, sans aucun impôt versé, est révolue et elle développe une haine à son endroit favorisant particulièrement l’Extrème-droite, ce qui est lourd de dangers dramatiques à court et moyen-terme . Alors chaque peuple est mis devant ses responsabilités en choisissant des dirigeants particulièrement à son écoute et à ses désirs de « bonheur » .

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  • gracques // 21.11.2017 à 07h45

    La catastrophe arrivera , car ceux qui sont à la table de négociation , justement , ne veulent surtout pas négocier dans le’sens voulu par Lordon .
    Non il ‘s’agit juste ici de proposer une vision européenne de gauche (et donc sans l’euro) qui puisse séduire une classe sociale tentée encore par Macron pour CHANGER ceux qui sont à la table’de négociations .
    L’objection qu’il formule par rapport à la ‘option de l’union sacrée prônée par Sapin me paraît en outre très pertinente.
    Mais la France pourra tirer des leçons et de la Grece et du Bréxit……. et peut être de ce qui se passe en Allemagne.

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  • Nico // 21.11.2017 à 08h06

    1) le point goodwin arrive bien vite

    2) se référer à l’article 48 du TUE, alinéa 4 et 6 pour comprendre que les traité se changent à l’unanimité des Etats membres. Mr Lordon avant de s’adresser à la gauche française devrait s’adresser à l’ensemble des chefs de gouvernements de l’ensemble des pays de l’UE

    http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=celex%3A12012M048

    « L’Europe présente n’a donc le choix que de mourir ou de végéter dans l’illégitimité (là je me disais coool)

    Ou de se réinventer en totalité […] (et mince…) »

    Critiquer la gauche de proposer une « Autre Europe » pour ensuite arriver avec l’idée d’un « Nouveau projet européen » c’est « littéralement un jeux de mots » (pour reprendre l’auteur).

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  • Mr K. // 21.11.2017 à 08h31

    Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?

    Non, il n’y a pas de quadrature du cercle à résoudre, ce qu’essaye de faire M. Lordon dans son article. En cantonnant sa vision émancipatrice à la gauche, il se condamne à des contorsions sans fin pour espérer un rassemblement vaste capable de changer les choses.

    Il faut reconnaître d’abord que cela fait longtemps que Frédéric Lordon dénonce les traités européens comme imposant à tous une politique néolibérale. En cela l’Union européenne n’est certainement pas démocratique puisque le type de politique pratiqué en son sein n’est absolument pas modifiable par les élections.

    Après, il faut en tirer les conclusions évidentes. Sortir de l’Euro permettrait, certes, de redonner une certaine marge de manœuvre par retour à des politiques monétaires par pays, mais le type de politique néolibéral n’en serait pas moins toujours verrouillé…

    On ne peut absolument pas réformer l’Union Européenne. Il faut en sortir au plus vite, ainsi que de l’euro.

    Pour pouvoir de nouveau avoir un débat politique autre que de façade, Il faut en premier lieu sortir de cette impasse de plus en plus dangereuse.

    Cela serait bien si un nouveau parti politique proposait un rassemblement provisoire au dessus du clivage droite-gauche pour en sortir. « On me dit que quoi…? Ah, il y a déjà… quoi?… l’…

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    • UnKnown // 21.11.2017 à 16h56

      Une sorte de Parti Séparatiste, mais ouvert à tous les bords quoi… Il faudra quand même des spin doctor et communicants au taquet sur le moindre mot qui donnerait du grain à moudre aux chiens de garde…

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    • rolland // 22.11.2017 à 04h14

      Dans tous les cas pour sortir de l’euro, la seule solution est de sortir de l’Union européenne.
      Enfin bon, le Frexit étant le préalable à une reprise en mains de notre destin commun, la question c’est sûr, ne se pose même pas..

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    • Rosa // 22.11.2017 à 10h14

      Il me semble que c’est dans l’entretien de ce clivage « gauche-droite » que se pose justement le problème majeur parce qu’il s’oppose à une vraie résolution des problèmes dont souffre la majorité des gens.
      Il existe des groupes sociaux de sensibilités politiques différentes qui partagent de fait des intérêts communs. A l’inverse, à y regarder de plus près, des intérêts de classe divergent entre les classes dites populaires ou « moyennes » et cette « gauche éduquée », enbourgeoisée, « boboïsée », laquelle adhère bonant malant au projet européen parce qu’elle y trouve son compte, bien qu’elle soit gênée aux entournures du fait de sa posture idéologique de base.

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    • Rosa // 22.11.2017 à 10h16

      … suite de mon commentaire

      Elle (cette gauche boboïsée) se pense de gauche pour revigorer sa conscience morale et apaiser sans doute l’inconfort d’une dissonnance cognitive non reconnue. Du coup, elle ne cesse de se positionner moralement (et souvent avec agressivité) sur les sujets de société auxquels elle n’est pas directement confrontée (p.e. les questions de l’immigration de masse, intra ou extra-européenne). Ce faisant, elle s’établit en censeur en promulguant la bonne parole « évangélique », posture on ne peut plus culpabilisante à l’égard des classes populaires dont elle se réclame solidaire. Chercher l’erreur !

        +4

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    • Rosa // 22.11.2017 à 10h17

      … suite et fin de mon commentaire.

      C’est pourquoi l’idée de Frédéric Lordon de faire converger ces différents milieux de la « gauche » me semble tout aussi farfelue que l’idée d’une Union européenne sociale ou démocratique qu’il dénonce à juste titre. Cette gauche-là, bien que séduisante, est à mon sens mythique. L’urgence nous impose aujourd’hui le principe de réalité, c’est-à-dire l’abandon du vieux clivage gauche-droite au profit de ce qui ressort de l’intérêt général (auquel des gens « de droite » peuvent s’y retrouver également, même si cette idée en fera hurler certains).

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  • Brigitte // 21.11.2017 à 08h46

    Encore un recyclage de plus de « l’idée européenne ». Après « l’Europe sociale » et « l’Europe démocratique », voici venu le temps de  » l’Europe de la culture « ? ça fait froid dans le dos car l’idée obsessionnelle de vouloir réunir les peuples d’Europe pour en faire quelque chose d’homogène et tourné vers un avenir commun est dangereuse. C’est le coup de grâce de l’Europe des nations.
    De toute façon  » l’Europe de la culture » est déjà à l’oeuvre et elle m’est insupportable. Elle parle anglais, elle passe d’une métropole à l’autre sans se soucier du lieu et de l’histoire et au fond, elle n’est que le faux nez de la culture anglo-saxonne qui elle, est mondialisée.
    C’est une idée intellectuellement médiocre, juste bonne pour les  » tour operator  » chinois ou américains en vue des fêtes de fin d’année….
    Lordon croit t-il encore au père Noël?
    Vive la Francophonie!

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    • Owen // 21.11.2017 à 16h28

      Il est stérile d’entretenir depuis 30 ans le refrain d’une autre Europe, avec chacun son idée, son article, son bouquin, son programme politique, sans mettre un terme au déroulement d’une réalité qui ne satisfait personne, hormis des opportunités pour technocrates.

      En général, pour l’individu, une organisation, une communauté, quand on se lance dans une activité qui ne marche pas, cela s’appelle un échec et on laisse tomber avant que les dégâts abiment son existence propre. Ce qui ne se produit pas avec l’échec de l’UE.
      Pour les décideurs et une bonne partie de la population, la France est une notion rancie: protectionnisme, nationalisme, nostalgie, intolérance, etc…Soit.

      Si on pouvait aller au delà des hochets et curiosités touristiques qui nous restent (drapeau, hymne, 1789, Tour Eiffel, french bouffe, haute couture, etc…), il serait bien de poser une bonne fois la vraie question, individuellement aux promoteurs d’une autre Europe et pourquoi par referendum: « Voulez-vous, ou ne voulez-vous plus être des Français ? »
      Oui: on réfléchit comment on va vivre ensemble avec les 67 millions d’habitants sur un sol qui nous appartient.
      Non: on se redéfinit, à convenir, comme citoyens UEropéens, comme 51ème état des Etats Unis, où pays du monde ouvert à tous puisqu’il est temps de devenir citoyens du monde.

      Au moins, on sortirait de notre paresse irresponsable.

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    • Silk // 22.11.2017 à 00h35

      Apparemment vous n’avez rien compris à ce qu’il écrit. Par exemple :
      ´Sans relâcher l’effort de la convaincre qu’il n’y aura pas d’« autre euro », que l’« euro de gauche » n’existe pas’
      Il redit qu’il faut sortir de l’UE et de l’euro et que là, on pourra refonder une Union Européenne mais qui n’enleve aucun pouvoir aux parlements nationaux qui resteraient souverains sur les points essentiels.
      Et que par contre des points comme la culture (dont de nombreux programmes existent déjà et fonctionneront sans UE) peuvent être développé ainsi que d’autres, dès lors que ça n’entre pas en contradiction avec les souverainetés nationales.
      Je sais Lordon c’est complexe mais faut lire attentivement. De plus après avoir actée une sortie impérative, il parle de donner une vision (un projet 😉 aux « classes éduquées », les autres payant chaque jour cette UE, il n’y aura pas grande difficulté à les convaincre (dès que les classes dites éduquée auront compris l’inéluctable).

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    • Christian R. // 23.11.2017 à 11h45

      @ Brigitte
      « “l’idée européenne”… ” l’Europe de la culture “? froid dans le dos… réunir les peuples d’Europe… coup de grâce de l’Europe des nations. »
      Oui si, F. Lordon avançait pareil projet. Son propos, comme toujours, mérite mieux qu’une lecture rapide. Ainsi affirme-t-il « une stratégie pour la gauche : arraisonnement de la finance de marché, socialisation des banques…propriété sociale des moyens de production..souveraineté législative… des communautés politiques nationales »

      Indépendance nationale, souveraineté populaire, Etat-nation, OUI, « Là où elle peut l’être » Ces perspectives me conviennent. Du -continent – européen faire un espace où les états, les peuples, coopèrent sur la base d’échanges mutuellement avantageux (Cf. Charte de La Havane de 1948), développent un réel internationalisme, n’est pas une idée dangereuse.

      Pour y parvenir…
      F. Lordon questionne l’élaboration d’« Une perspective historique de rechange » pour faire sauter « Le verrou de la classe éduquée ». Réussir des convergences et d’alliances, classes populaire/couches moyennes, pour éliminer l’oligarchie (politique, institutionnelle, économique) est incontournable.

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  • Malbrough // 21.11.2017 à 09h00

    Ah cet article de F. Lordon un vrai bonheur !
    Les partis néonazis ont le vent en poupe en Allemagne ?
    A. Merckel n’arrive pas à constituer son gouvernement ?
    Quelle politique représente t’elle ?
    Certainement les intérêts de la bourgeoisie allemande , très conservatrice …
    Mais en ce qui concerne les nations satellites , dont la notre !
    Pour le reste effectivement : ce n’est pas un hasard si les acteurs de cette Europe (commission, parlements ) sont surpayés .
    Et ce n’est pas non plus un hasard si la commission européenne est la proie de tous les lobbies .
    F. Lordon invoque l’Europe » sociale » mais c’est un gros mot pour les dirigeants .
    Ne comptent que les capitaux , les bénéfices , les rentes , les parais fiscaux , et l’art d’assaisonner l’impôt .
    C’est qu’il convient d’être attractif .
    Et tant pis pour les dégâts collatéraux .
    Comment redresser nos industries et accepter la concurrence « libre et non faussée » des pays à bas coût ?
    L’industrie allemande se porte bien ?
    Tant mieux pour elle et tant pis pour les autres .
    Le principal étant d’être seule sur le podium .
    Tant pis pour la loose .

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  • Fougnard // 21.11.2017 à 09h01

    On ne voit pas par quel miracle l’Allemagne accepterait de renégocier des traités qui l’arrangent. Ce qui valait pour expliquer son refus supposé probable du plan Hamon vaut encore pour refuser le plan Lordon.
    D’autant qu’il y a une explication aux positions contradictoires de la classe éduquée. Il n’y a pas besoin de faire appel à des asymétries ou des claudications dont serait coutumière la fabrication des idées politiques. Le libéralisme politique et culturel dont se réclame les classes éduquées n’est que la jambe gauche du libéralisme pris dans son ensemble puisqu’il faut en effet y ajouter le libéralisme économique qui constitue la jambe droite. Ces 2 jambes marchent ensemble. Pour se développer, l’économie de marché a besoin du progressisme et inversement.
    D’où également l’erreur de Lordon lorsqu’il rappelle les termes de l’équation européenne à gauche au point 1 : « Il n’est pas de politique progressiste qui ne verrait ses dispositions les plus centrales interdites par les traités européens. » Bien au contraire, toute idée progressiste est saluée par le capital. C’est un des ses carburants. Je suppose qu’il voulait parler de politique sociale dont l’objectif serait de donner une vie meilleure (plus authentiquement humaine et non pas seulement de producteur-consommateur) et dans ce cas là, bien sur, les traités actuels s’y opposent fermement.

      +11

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  • Albert Charles // 21.11.2017 à 09h18

    Beaucoup de verbiage chez Lordon, et pas mal de règlements de comptes amers intra Gauche. Se contenter de constater les dégâts de l’Europe du marché ne suffit pas: très peu de solutions concrètes, et pas mal de confusion. Défendre la sortie de l’Euro ou de l’UE, tout en craignant les nationalismes et en espérant une Europe qui consacre plus de budget aux programmes sociaux, c’est pas cohérent. Le Brexit ne peut pas être un modèle pour un éventuel Frexit, car le Royaume Uni n’est pas obsédé par la peur d’un repli nationaliste identitaire, le monde entier étant devenu anglosaxon. Les Britanniques sont chez eux, partout. Le Brexit, c’est une libération, pour eux ! On ne pourra pas en dire autant des Français. Lordon se trompe aussi quand il croit que le retrait de Hamon pour Mélenchon, aurait fait gagner la Gauche: cécité chronique de ces militants qui croient que les victoires de la Droite prouvent que les électeurs voulaient plus de Gauche !

      +16

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    • Malbrough // 21.11.2017 à 09h25

      Oui, encore que le Brexit semble aujourd’hui très contreversé au RU .
      Actuellement ça fait du 51/49 % et encore :
      Et des politiques semblent être parachutés , diligentés pour revenir en arrière (T. Blair).
      Donc ça prendra du temps , le temps d’agiter toutes les menaces de rétorsion .
      C’est que quitter l’UE aujourd’hui c’est un tabou .
      Qui peut ajouter une plaie au huit plaies d’Egypte .

        +4

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      • Fougnard // 21.11.2017 à 09h57

        Contester le résultat des urnes est pour le moins anti-démocratique. Ça a déjà été utilisé au lendemain du vote.

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      • st3fc10 // 21.11.2017 à 17h47

        Le R.U. : importe plus de l’U.E. qu’il n’exporte, cotise plus au budget de l’U.E. qu’il ne reçoit, reçoit plus d’émigrés qu’il n’en exporte, dépense bien en tourisme dans le sud, a misé sur le Yuan pour la City (oui, le truc qui va avoir la peau du Dollar). Ca va pour eux.

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  • christian gedeon // 21.11.2017 à 09h35

    Ne serait ce que dans le titre,il y a déjà deux dahus… »européenne » et  » gauche « …et puis,y en a marre des « réinventions  » des refondations  » et autres ions….tout le monde est en « refondation « ,dis donc.Et depuis un bail…l’architecte est Aménophis? En attendant,c’est M. macron qui joue les Astérix bien tranquillement ,pendant que les gibis refondent et que les shadoks réinventent…

      +8

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  • Le Rouméliote // 21.11.2017 à 10h35

    Pardon, mais quelqu’un peut-il me résumer le charabia lordonesque ? Enfin, il est pour la fin de l’euro, c’est déjà ça…

      +9

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  • Chokk // 21.11.2017 à 11h00

    Lordon ne nous a pas habitué à une telle contorsion, quand il critique cette « Autre Europe » trop promis par la gauche pour finalement… proposer une autre Europe.

    Par contre, je trouve qu’il (re)met le doigt sur un point important, celui de l’endoctrinement des classes éduquées qui idéalisent le projet européen mais n’affrontent jamais sa réalité car ils en sont (encore pour l’instant) gagnants. Lordon propose donc de remplacer une propagande par une autre, pour faire basculer ces classes éduquées vers l’intérêt du plus grand nombre. Oui mais comment porter cette nouvelle propagande face au système de diffusion d’opinion actuelle bien huilé ?

      +13

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    • Fritz // 21.11.2017 à 11h07

      Moi aussi, j’ai apprécié que Frédéric Lordon souligne le « verrou de la classe éduquée » (comme l’a fait Emmanuel Todd depuis longtemps) : « c’est bien la classe éduquée qui est le lieu névralgique de cette situation. Se croyant la pointe avancée de la rationalité dans la société, elle en est en fait le point d’incohérence par excellence : car c’est bien elle qui, plus que tout autre, est en proie aux affects de peur, sublimés en humanisme européen et en postures internationalistes abstraites ». Cette classe s’est retrouvée dans le vote Macron.

      Mais bon, à quoi bon dénoncer l’imposture de « l’Europe démocratique » si c’est pour proposer, encore et toujours, « l’idée d’une communauté politique européenne » ?

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  • Olivier MONTULET // 21.11.2017 à 11h22

    L’idéee de fédérer les peuple peut être bien intentionnée. mais ne faudrait-il pas mieux fédérer les Individus? Mais pour moi au delà des frontières qu’il faudrait abolir (sauf pour les flux financier et les marchandises pour lesquels il faudrait les rétablir). Tous les nationalismes et autres patriotismes (y compris le nationalisme sportif) devraient être abolis. La chose politique devrait être gérée dans la proximité et la décentralisation. Les accords entre communautés devrait aussi contenir des échéances quant à leur viabilité et des modalités tant d’abandon que de renouvellement.

      +4

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  • Moi // 21.11.2017 à 15h21

    Frédéric Lordon fait une proposition assez logique : refusant l’alliance de tous les souverainistes voulue par Jacques Sapir et réalisant que la gauche eurosceptique ne sera jamais majoritaire, il espère convaincre la gauche européiste d’abandonner l’UE et l’euro en échange d’une « autre Europe » qui se reconstruirait sur de nouvelles bases et en partant de la culture. Mais c’est une stratégie qui est probablement vouée à l’échec : les européistes de gauche n’accepteront jamais de repartir de zéro et de renoncer à 60 ans d’intégration en échange d’une promesse d’Europe à très long terme qui a peu de chances de voir le jour et qui se construirait sur les ruines du projet en cours auquel ils ne sont pas prêts de faire leur deuil.

      +12

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    • Karim Wilmotte // 21.11.2017 à 19h35

      Le mur de la réalité a des vertus que vous lui refusez.

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      • Alfred // 21.11.2017 à 20h29

        Je ne comprends pas: Il me semble que « moi » confronte ici justement une partie de la gauche à la réalité non?

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        • Karim Wilmotte // 21.11.2017 à 22h41

          Des pans entiers de la bourgeoisie intellectuelle (et des classes moyennes) sont menacées par les évolutions du travail. Renvoyez dans le salariat le plus bas (d’autant qu’elles y sont parfois très peu préparée).

          Face à la réalité qu’elles vont vivre, une partie va se tourner vers les Trump (tout plutôt que de se reconnaitre une communauté de destin avec les gueux). Mais, et surtout si des points de passage ont été construit avant, des parties très importante peuvent rejoindre un vaste bloc (classes populaires + immigrés + bourgeoisie intellectuelle précarisée) a visée hégémonique.

          D’une certaine manière, c’est ce que fait la FI (sans nécessairement poursuivre ce but). C’est vraisemblablement le sens de l’histoire en ce moment.

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          • christian gedeon // 23.11.2017 à 15h24

            Vous sous estimez la capacité d’adaptation de la classe moyenne,et je ne comprends pas bien ce qu’est la bourgeoisie intellectuelle…et le gueux,comme vous dites,n’aspire pas à rester gueux et à se concevoir comme tel,mais à essayer de changer sa vie autant que faire se peut. le monde change (et nous avec ) dans la difficulté et la douleur,compte tenu de l’impéritie de nos gouvernants…mais est ce une raison pour désespérer de tout? et retourner à des analyses marxistes dont on sait ce qu’elles ont donné?

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          • Alfred // 23.11.2017 à 16h17

            Je comprend ce que vous voulez dire mais je n’y crois absolument pas du tout. Cette manière de FI de recréer le PS comme Mr Jourdain fait de la prose va tourner en eau de boudin encore plus vite que le « modèle » n’a fait pour mourir.

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            • Karim Wilmotte // 23.11.2017 à 18h19

              C’est possible (encore que ce ne soit pas le sujet principal).
              Entre temps, il faut que les expériences se fassent.
              Et donc, prendre le temps de trébucher.

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  • Fares // 21.11.2017 à 15h32

    Fascinant cet article dans lequel Lordon prétend à la fois critiquer le « réflexe épidermique que témoigne la persistante chimère de « l’autre Europe » », tout en appelant lui-même de ses voeux « un « Nouveau projet européen » » quelques lignes plus bas.

    Par cet article, Lordon contribue lui même à maintenir « Le verrou de la classe éduquée » qu’il prétend critiquer. Il devrait nous expliquer d’où lui vient le sentiment d’impétueuse nécessité qui le pousse à vouloir absolument « faire l’Europe » d’une manière ou d’une autre.

      +20

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  • rolland // 21.11.2017 à 16h00

    C’est un article que j’attendais depuis bien longtemps, mais qui malheureusement oubli de préciser l’impossibilité de regrouper tous les animaux de la ferme dans le poulailler : c’est une vision inconsciente mais également très dangereuse, on le voit aujourd’hui, et qui ne date pas d’hier mais du milieu XIXème.
    Quoi qu’il en soit, je ne me sens et ne me sentirai jamais européen car cette hyper structure de domination des peuples créant des autoroutes à faire remonter l’argent de ceux-ci dans les caisses des entreprises internationales ne peut absolument pas me démontrer le moindre bénéfice qui irait vers le plus grand nombre puisqu’il n’en existe pas.
    Le FRexit m’apparait plus que jamais la seule option possible pour le relèvement de la France, et l’on voit très bien que le seul candidat et parti le proposant est entièrement censuré dans les « grands médias » au service de cette Union européenne puisqu’ils sont dans les mains de ces entreprises internationales pour qui et par qui la mortifère UE a été construite.
    Pour ma part, ce sera donc un FRexit sinon rien !

      +25

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  • laurent // 21.11.2017 à 17h08

    L’Europe est une vision généreuse au départ, devenue tyrannique, mais qui aujourd’hui se révèle dépassé. Les problèmes de la faim dans le monde, de l’alphabétisme ou du réchauffement climatique concerne autant la Chine, le Brésil, l’Inde, l’Australie, que les états européens. Ce ne sont plus aux pays occidentaux de régler tous les problèmes du monde.

      +1

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  • D’aubrac // 21.11.2017 à 20h43

    Plutôt moins illisible que d’habitude, M. Lordon.

    Mais pour proposer quoi ?

    Un énième recyclage du catéchisme internationaliste.

    Les peuples sont naturellement solidaires.

    Les peuples sont généreux, accueillants, partageux.
    Oublieux des mécomptes de l’Histoire.

    Et bla, bla, bla, et re-bla, bla, bla.

      +4

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  • theuric // 21.11.2017 à 22h03

    Monsieur Lordon me déçoit: il ne comprend rien!
    Il reproche à d’autres ce qu’il fait lui-même, soit vouloir réformer un système irréformable puisque triplement verrouillé, institutionnellement, politiquement et idéologiquement ce qui est stupide et qu’il montre part ailleurs.
    Il ne comprend pas non plus que de vouloir toucher à la moindre virgule des traités ne peut que détruire l’Union-Européenne, sauf si c’est, justement, pour sauver cette union.
    De fait, il tient le même discours que les classes éduquées qu’il fustige et ce paradoxe là en est un de première!

      +5

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  • Bomec // 21.11.2017 à 23h07

    Un frexit, dit-on ; oui, mais alors dites-nous donc comment !
    Il y a 2 chemins : les élections (donc une majorité) ou le puch…
    Car il faut bien constituer une majorité, n’est-ce pas…
    Pour Jacques Sapir, économiste de gauche, une majorité de gauche est inenvisageable aujourd’hui, me semble-t-il pour la raison même qu’invoque F. Lordon, les angoisses de « la gauche éduquée », celle que j’appellerais la « Gauche Désorientée »…
    Alors J. Sapir, convaincu de l’urgence de sortir du piège européen, et désespéré par cette « gôche », ne voit comme solution qu’une alliance de circonstance entre tous les souverainistes, y-compris le FN à la condition qu’il fasse son ajiornamento sur des points non négociables. Une fois la sortie actée, le débat et le combat politiques reprennent leurs droits…
    F. Lordon fait aujourd’hui le même constat d’une impasse à gauche, mais pour lui il ne saurait être question d’une sortie autre que « de gauche ».

      +2

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  • Bomec // 21.11.2017 à 23h07

    Alors il n’y a pas d’autre choix que de reconstruire une majorité sur les ruines de la gauche en général… Je ne crois pas que F. Lordon se berce d’illusion, non plus qu’un horizon forcément européen lui tienne absolument à cœur. Mais cet « idéal », fabriqué sur mesure pour la gauche désorientée, est essentiel pour la classe éduquée si pétrie de valeurs, qui se pense si avancée, si internationaliste.
    Viser une majorité de gauche impose donc de « satisfaire » son besoin d’être en accord avec ses « valeurs », et d’avoir le sentiment de participer à leur réalisation, d’où le « deal » auquel se résoud F. Lordon ; il ne propose pas une « Nouvelle Europe » mais un nouvel idéal fondé justement sur ces valeurs, qui rende possible une majorité de gauche…qui rende possible une sortie de « gauche ».
    Pour ces 2 économistes de gauche, la fin justifie les moyens.

      +2

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  • Bomec // 21.11.2017 à 23h09

    (fin) Mais : 1) « l’idéal européen » est aujourd’hui la nouvelle religion de la gauche désorientée qui, déçue et trahie, s’y est réfugiée corps et âme et en a un besoin vital…
    2) une bonne partie de cette gauche éduquée a peut-être plus à perdre qu’à gagner dans la perspective d’une société égalitaire, plus économe en ressources (fini le camping-car, les voyages en avion à l’autre bout du monde), qui partage ce que peut nous donner la nature.. C’est surtout pour elle la perspective de consentir à des renoncements pour le bien de tous. Qui y est prêt ?

      +2

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  • rosecestlamort // 21.11.2017 à 23h37

    un petit article sur ce qui se passe en roumanie au fait ? c’est quand meme enorme le coup des transferts de charge, qui va concretement aboutir à une baisse des salaires jusqu’à 20%. alors « l’europe sociale »/ »l’europe qui protege »/ »l’europe democratique », t’as un peu envie de distribuer des baffes quand t’entends encore annoner ça…

      +8

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  • Raphaël // 22.11.2017 à 22h05

    Il n’y a plus que deux camps, souverainistes et mondialistes. Que Lordon arrête de se contorsionner et qu’il indique clairement quel camp la « gauche » a choisi de rallier avant de se faire recycler définitivement dans les poubelles de l’histoire ! C’est la lutte des classes. Point barre.

    Et franchement, associer « intellectuels » et mondialistes est le hold-up du siècle.

      +3

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