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21.novembre.201721.11.2017 // Les Crises

Nos esprits peuvent être piratés : Les initiés craignent une dystopie du smartphone. Par Paul Lewis

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Source : Paul Lewis, 06-10-2017

Les employés de Google, Twitter, Facebook qui ont aidé à rendre la technologie tellement addictive, se déconnectent eux-mêmes d’internet. Reportage de Paul Lewis sur les refusniks de la Silicon Valley qui s’alarment d’une course à l’attention humaine.

Justin Rosenstein avait bricolé le système d’exploitation de son ordinateur portable pour bloquer Reddit, il s’est retiré de Snapchat, qu’il compare à de l’héroïne, et s’est imposé des limites à son utilisation de Facebook. Mais même cela ne suffisait pas. En août, le manager technique de 34 ans a pris une mesure plus radicale pour restreindre son utilisation des réseaux sociaux et d’autres technologies addictives.

Rosenstein a acheté un nouvel iPhone et a demandé à son assistant d’installer un moyen de contrôle parental pour l’empêcher d’installer n’importe quelle application.

Il était particulièrement conscient de l’attrait des « like » de Facebook qu’il décrit comme « des signaux brillants de pseudo-plaisir », pouvant être aussi vides que séduisants. Et Rosenstein devait être au courant : Il a été le premier développeur de Facebook qui a créé le bouton « like ».

Une décennie après qu’il soit resté toute une nuit à coder le prototype de ce qui était alors appelé le « bouton génial », Rosenstein appartient à un groupe d’hérétiques petit, mais grandissant, à la Silicon Valley qui se plaint de la montée d’un soi-disant « marché de l’attention » : un internet conçu pour les exigences du marché de la publicité.

Ces « refusniks » sont rarement les fondateurs ou les directeurs, qui sont peu enclins à se détourner du mantra de leurs entreprises sur le fait de « faire un monde meilleur ». Au contraire, ils touchent plutôt les gens quelques échelons plus bas dans l’échelle de l’entreprise : designers, développeurs, chefs de produits qui, comme Rosenstein il y a quelques années, ont mis en place la construction d’un monde numérique duquel ils essayent maintenant de se dégager. « C’est très commun », dit Rosenstein, « pour des humains de développer quelque chose avec les meilleures intentions, et qui se révèlent avoir pour eux des conséquences négatives inattendues ».

Rosenstein, qui a aussi contribué à développer Gchat durant un passage chez Google et qui maintenant dirige une société basée à San Francisco, qui accroît la productivité, paraît le plus concerné par les effets psychologiques sur les gens qui, comme le montrent des études, touchent, glissent ou tapent 2617 fois par jour.

C’est un problème grandissant que, aussi bien que les usagers accros, la technologie contribue à une sorte « d’attention partielle continue », limitant sévèrement la capacité des gens à se concentrer et peut même abaisser le QI. Une étude récente a montré que la seule présence de smartphones endommage la capacité cognitive – même si l’appareil est éteint. D’après Rosenstein, « Tout le monde est distrait, tout le temps ».

Mais ces soucis sont triviaux comparés à l’impact dévastateur sur le système politique dont certains des pairs de Rosenstein pensent que cela peut être attribué à la montée des réseaux sociaux et au « marché de l’attention » qui les mènent.

Tirant une ligne droite entre l’addiction aux réseaux sociaux et les séismes politiques comme le Brexit et la montée de Donald Trump, ils soutiennent que les forces numériques ont complètement changé le système politique et si on ne les contrôle pas, peuvent même rendre la démocratie telle qu’on la connaît, obsolète.

En 2017, Rosenstein faisait partie d’un petit groupe d’employés de Facebook qui ont décidé de créer une voie de moindre résistance – un seul clic – pour « envoyer des petits bouts de positivité » dans la plateforme. Le « like » de Facebook a eu, selon Rosenstein, « un succès exceptionnel » : l’implication est montée en flèche comme les gens adoraient la stimulation brève qu’ils avaient en donnant et recevant une affirmation sociale, alors que Facebook collectait des données précieuses sur les usagers et leurs préférences pour les vendre aux publicitaires. L’idée a vite été copiée par Twitter avec son « like » en forme de cœur (avant c’était un « favoris » en forme d’étoile), Instagram et de très nombreuses autres applications et sites web.

Ce fut la collègue de Rosenstein, Leah Pearlman, alors chef de produits à Facebook et dans l’équipe qui a créé le « like » de Facebook, qui a annoncé cette fonction dans un post du blog en 2009. A présent, à 35 ans et illustratrice, Pearlman a confirmé par e-mail qu’elle aussi, s’est retrouvée à ne pas aimer le « like » de Facebook et autres boucles de feedback addictifs. Elle a installé un plug-in sur son navigateur qui supprime ses fils d’actualité Facebook, et elle a engagé un manager de réseau social pour contrôler sa page Facebook à sa place.

Justin Rosenstein, l’ancien développeur de Google et Facebook qui a contribué à créer le bouton « like » : Tout le monde est distrait, tout le temps. Photo : Avec l’autorisation de Asana Communications

« Je pense qu’il y a une raison particulièrement importante pour que nous en parlions à présent, c’est que nous sommes peut-être la dernière génération à se souvenir de la vie d’avant », déclare Rosenstein. Il est peut-être significatif que Rosenstein, Pearlman, et la plupart des initiés technologiques qui remettent en question le « marché de l’attention », soient dans la trentaine, membres de la dernière génération qui peuvent se souvenir d’un monde dans lequel les téléphones étaient branchés dans le mur.

C’est révélateur que beaucoup de ces jeunes techniciens se sèvrent eux-même de leurs propres produits, et envoient leurs enfants dans les écoles d’élites de la Silicon Valley où les iPhones, iPads et même les ordinateurs portables sont interdits. Ils semblent s’en tenir aux paroles de Biggie Smalls [Notorious BIG, rapper assassiné, NdT] de leur propre jeunesse sur les dangers de revendre du crack et de la cocaïne : Ne jamais se défoncer avec son propre stock.

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Un matin d’avril de cette année, des designers, des programmeurs et des entrepreneurs de partout dans le monde se réunissaient dans un centre de conférence sur la côte de la baie de San Francisco. Ils avaient payé chacun 1700 dollars pour apprendre à manipuler les gens dans l’utilisation habituelle de leurs produits, au cours d’une conférence bien sûr organisée par Nir Eyal.

Eyal, 39 ans, l’auteur de Hooked : How to Build Habit-Forming Products, [L’hameçonnage, ou comment concevoir des produits qui rendent dépendant, NdT] a passé plusieurs années à conseiller l’industrie de la technologie, enseignant les techniques qu’il a développées en étudiant de près le fonctionnement des géants de la Silicon Valley.

« Les technologies que nous utilisons sont devenues des obsessions, sinon des dépendances à part entière », écrit Eyal. « C’est le besoin de vérifier la réception d’un message. C’est l’attrait de se rendre sur YouTube, Facebook ou Twitter pendant quelques minutes, pour ensuite se retrouver à tapoter et à faire défiler une heure plus tard ». « Rien de tout cela n’est accidentel », écrit-il. « C’est exactement ce que leurs concepteurs voulaient ».

Il explique les subtiles astuces psychologiques qui peuvent être utilisées pour inciter les gens à développer des habitudes, comme varier les récompenses qu’ils reçoivent pour créer une « besoin », ou exploiter des émotions négatives qui peuvent agir comme « déclencheurs ». « Les sentiments d’ennui, de solitude, de frustration, de confusion et d’indécision provoquent souvent une légère douleur ou irritation et incitent à agir presque instantanément et souvent sans réfléchir, pour apaiser la sensation négative », écrit Eyal.

Les participants de l’ Habit Summit de 2017 ont peut-être été surpris quand Eyal a annoncé sur scène que le discours d’ouverture de cette année portait sur « quelque chose d’un peu différent ». Il voulait répondre à l’inquiétude grandissante selon laquelle la manipulation technologique était nuisible ou immorale. Il a dit à son auditoire de faire attention à ne pas abuser de la notion de persuasion, et de se méfier de franchir une ligne en faisant appel à la coercition.

Mais il défendait les techniques qu’il enseigne et dédaignait ceux qui comparent la dépendance technologique aux drogues. « Nous ne sommes pas en train de nous injecter de l’Instagram et Facebook gratuitement ici », a-t-il dit. Il a montré la diapositive d’une étagère remplie de pâtisseries sucrées. « Tout comme nous ne devons pas blâmer le boulanger pour avoir fait de telles gâteries délicieuses, nous ne pouvons pas blâmer les fabricants de technologie pour avoir fait des produits si bons que nous désirons les utiliser », a-t-il dit. « Bien sûr, c’est ce que les entreprises de technologie feront. Et franchement : avons-nous envie de faire autrement ? »

Sans ironie, Eyal termine son exposé par quelques conseils personnels pour résister à l’attrait de la technologie. Il a dit à son auditoire qu’il utilise une extension Chrome, appelée DF YouTube, « qui élimine un grand nombre de ces déclencheurs externes », écrit-il dans son livre, et il a recommandé une application appelée Pocket Points qui « récompense le fait que vous soyez resté sans téléphone lorsque vous devez vous concentrer. »

Enfin, Eyal confie les mesures qu’il a prises pour protéger sa propre famille. Il a installé dans sa maison une minuterie branchée à un routeur qui coupe l’accès à Internet à une heure fixe tous les jours. « L’idée est de se rappeler que nous ne sommes pas impuissants », a-t-il dit. « Nous avons le contrôle. »

Mais l’avons-nous vraiment ? Si les gens qui ont construit ces technologies prennent des mesures aussi radicales pour se sevrer en toute liberté, peut-on raisonnablement s’attendre à ce que nous autres exercions notre libre arbitre ?

Pas d’après Tristan Harris, un ancien employé de Google âgé de 33 ans, qui a critiqué l’industrie des technologies. « Nous sommes tous branchés à ce système », dit-il. « Tous nos pensées peuvent être détournées. Nos choix ne sont pas aussi libres que nous le croyons. »

Harris, qui a été considéré comme « un spécialiste de la Silicon Valley », insiste sur le fait que des milliards de personnes n’ont guère le choix d’utiliser ces technologies désormais omniprésentes et ignorent en grande partie la manière invisible dont un petit nombre d’habitants de la Silicon Valley façonnent leur vie.

Diplômé de l’Université de Stanford, Harris a étudié sous la direction de BJ Fogg, un psychologue comportemental respecté dans les cercles technologiques pour sa maîtrise des façons dont le design technologique peut être utilisé pour persuader les gens. Beaucoup de ses étudiants, y compris Eyal, ont fait carrière dans la Silicon Valley.

Tristan Harris, ancien employé de Google, critique maintenant l’industrie de la technologie : « Nos choix ne sont pas aussi libres que nous le pensons ». Photo : Robert Gumper pour le Guardian

Harris est l’étudiant qui a tourné voyou ; un lanceur d’alerte en quelque sorte, il dévoile les vastes pouvoirs accumulés par les entreprises technologiques et la façon dont elles utilisent cette influence. « Une poignée de personnes, travaillant dans une poignée d’entreprises technologiques, grâce à leurs choix, guideront ce qu’un milliard de personnes pensent aujourd’hui », a-t-il déclaré lors d’une récente conférence TED [Technology, Entertainment and Design, série de conférences destinées à propager des idées, NdT] à Vancouver.

« Je ne connais pas de problème plus urgent que celui-ci », déclare Harris. Ce dernier s’est fait connaître au public en donnant des conférences, en rédigeant des articles, en rencontrant des législateurs et en faisant campagne pour la réforme après trois ans de lutte pour le changement au sein du siège social de Google Mountain View.

Tout a commencé en 2013, alors qu’il travaillait comme chef de produit chez Google. Il a fait circuler une note de service stimulante, A Call To Minimise Distraction & Respect Users’Attention [Un appel pour minimiser la distraction et respecter l’attention des utilisateurs] à 10 collègues proches. Il a trouvé un terrain d’entente, qui s’est propagé à quelque 5 000 employés de Google, y compris des cadres supérieurs, qui ont récompensé Harris avec un nouvel emploi au titre ronflant : il devait être l’éthicien du design interne de Google et le philosophe des produits.

Avec le recul, Harris constate qu’il a été promu à un rôle mineur. « Je n’avais pas du tout de structure de soutien social », dit-il. Il ajoute : « Je devais m’asseoir dans un coin pour réfléchir, lire et comprendre. »

Il a exploré comment LinkedIn exploite un besoin de réciprocité sociale pour élargir son réseau ; comment YouTube et Netflix lancent automatiquement les vidéos et leurs épisodes suivants, privant les utilisateurs d’un choix de continuer à regarder ou non ; comment Snapchat a créé sa fonction Snapstreaks addictive, encourageant la communication quasi-constante entre ses utilisateurs, en majorité des adolescents.

Les techniques utilisées par ces entreprises ne sont pas toujours les mêmes : l’algorithme peut s’adapter à chacun en particulier. Par exemple, un rapport interne de Facebook a révélé cette année que l’entreprise peut identifier les adolescents qui se sentent « fragiles, inutiles et manquant de confiance ». Une information aussi détaillée, ajoute Harris, est « un modèle parfait de ce que l’on peut faire pour agir sur quelqu’un en particulier ».

Les entreprises de technologie peuvent exploiter ces vulnérabilités pour garder les gens branchés ; manipuler, par exemple, les gens qui reçoivent des « like » pour leurs posts, s’assurer qu’ils arrivent lorsqu’une personne est susceptible de se sentir vulnérable, qu’elle a besoin d’approbation ou qu’elle s’ennuie. Et les mêmes techniques peuvent être vendues au plus offrant. « Il n’ y a pas d’éthique », dit-il. Une entreprise qui paye Facebook pour utiliser ses leviers de persuasion pourrait être une entreprise automobile ciblant des publicités sur mesure pour différents types d’utilisateurs qui veulent un nouveau véhicule. Ou bien il pourrait s’agir d’une ferme troll basée à Moscou qui cherche à orienter les électeurs d’un comté en ballottage comme le Wisconsin.

Harris croit que les entreprises de technologie n’ont jamais délibérément cherché à rendre leurs produits addictifs. Ils réagissaient aux incitations d’une économie de la publicité en expérimentant des techniques qui pouvaient capter l’attention des gens, et même en découvrant par hasard des designs très efficaces.

Un ami sur Facebook a dit à Harris que les concepteurs ont d’abord décidé que l’icône de notification, qui avertit les gens des nouvelles activités telles que les « demandes d’amis » ou « likes », devait être bleue. Cela correspondait au style de Facebook et, selon la réflexion stratégique, elle paraissait « subtile et inoffensive ». « Mais personne ne l’ a utilisé », déclare Harris. « Puis ils l’ont changée en rouge et bien sûr tout le monde l’a utilisée. »

Le siège social de Facebook à Menlo Park, Californie. Le créateur de l’entreprise a décrit la fameuse fonction « like » comme « une sonnerie lumineuse de pseudo-plaisir ». Photographe : Bloomberg/Bloomberg via Getty Images

Cette icône rouge est maintenant partout. Quand les utilisateurs de smartphones jettent un regard sur leur téléphone, des douzaines ou des centaines de fois par jour, ils sont défiés par des petits points rouge à côté de leurs applications, suppliant d’être tapotés. « Le rouge est une couleur déclencheur », dit Harris. « C’est pour ça qu’il est utilisé comme signal d’alerte. »

Le design le plus séduisant, comme l’explique Harris, exploite la même propension psychologique qui rend le jeu si compulsif : des récompenses variables. Quand on tape ces applications aux boutons rouges, on ne sait pas si on va découvrir un mail intéressant, une avalanche de « like », ou rien du tout. C’est la possibilité de déception qui le rend si compulsif.

C’est ce qui explique comment le mécanisme de pull-to-refresh [tirer-pour-actualiser] où les utilisateurs glissent vers le bas, s’arrêtent et attendent de voir quel contenu apparaît, est rapidement devenu l’une des caractéristiques de conception les plus addictives et omniprésentes de la technologie moderne. « Chaque fois que vous faites un glissé vers le bas, c’est comme une machine à sous », dit Harris. « Vous ne savez pas ce qui va suivre. Parfois, c’est une belle photo. Parfois, c’est juste une pub. »

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Le designer qui a créé le mécanisme de pull to refresh pour actualiser, d’abord utilisé pour rafraîchir les flux Twitter, est Loren Brichter, largement admiré dans la communauté de développeurs d’applications, pour ses designs élégants et intuitifs.

Brichter, à présent âgée de 32 ans, dit qu’il n’a jamais eu l’intention de créer un design addictif — mais il ne conteste pas la comparaison avec les machines à sous. « Je suis 100% d’accord », dit-il. « J’ai deux gamins maintenant et je regrette chaque minute où je ne leur prête pas attention parce que je suis avalé par mon smartphone. »

Brichter a créé la fonction en 2009 pour Tweetie, sa start-up, principalement parce qu’il ne trouvait nulle part où mettre le bouton « refresh » dans son application. Maintenir et tirer vers le bas la page des flux pour actualiser ne semblait alors rien de plus qu’une astuce mignonne et maligne. Twitter l’a acquise l’année suivante, et a intégré le pull to refresh dans son application.

Depuis lors, ce design est devenu l’un des plus largement imité dans les applications ; l’action de tirer vers le bas est, pour des millions de gens, aussi intuitif que de se gratter.

Brichter dit qu’il est épaté par la longévité de cette fonction. Dans une époque de technologie de la notification instantanée, les applications peuvent s’actualiser automatiquement sans avoir été activées par l’utilisateur. « La fonction pourrait facilement prendre sa retraite », dit-il. Au lieu de cela, elle semble remplir une fonction psychologique : après tout, les machines à sous seraient beaucoup moins addictives si les joueurs ne pouvaient pas à tirer le levier eux-mêmes. Brichter préfère une autre comparaison : c’est comme le bouton redondant « fermer la porte » dans certains ascenseurs avec fermeture automatique des portes. « Les gens aiment pousser. »

Tout ce qu’a laissé Brichter, qui a mis son travail de design au second plan pour se concentrer sur la construction d’une maison dans le New Jersey, mettant en cause son legs. « J’ai passé de nombreuses heures et des semaines et des mois et des années à réfléchir à la question de savoir si j’ai fait quelque chose ayant eu un impact positif net sur la société ou sur l’humanité », dit-il. Il a bloqué certains sites Web, désactivé les alertes, limité son utilisation de l’application Telegram à communiquer uniquement avec sa femme et ses deux amis proches, et a tenté de se sevrer de Twitter. « Je perds encore du temps », avoue-t-il, « juste à lire des infos stupides que je connais déjà ». Il charge son téléphone dans la cuisine, le branche à 19 heures et ne le touche pas avant le lendemain matin.

« Les smartphones sont des outils utiles » dit-il, « Mais ils sont addictifs. Tirer pour actualiser est addictif, Twitter crée une dépendance. Ce ne sont pas des bonnes choses. Quand je travaillais dessus, je n’étais pas assez mûr pour le comprendre. Je ne dis pas que je suis mûr maintenant, mais je le suis un petit peu plus et je regrette ces mauvais côtés »

Tout le monde dans cette activité, ne semble pas rongé par la culpabilité. Les deux créateurs listés sur le brevet Apple pour « gérer les connections de notification et affichage des icônes » sont Justin Santamaria et Chris Marcellino. Tout deux étaient dans leur petite vingtaine d’années quand ils ont été embauchés par Apple pour travailler sur l’iPhone. En tant que développeurs, ils ont travaillé sur la « plomberie » cachée de la technologie de notification, introduite en 2009 pour permettre des alertes en temps réel et l’actualisation de centaines de milliers de développeurs d’applications tierces. C’était un changement révolutionnaire, procurant l’infrastructure de tellement d’expériences qui maintenant font parti de la vie quotidienne des gens, comme de réserver un Uber jusqu’à passer un appel sur Skype et recevoir des nouvelles fraîches.

Loren Brichter, qui en 2009 a conçu la fonctionnalité pull-to-refresh utilisée par de nombreuses applications, sur le site de la maison qu’il construit dans le New Jersey : « Les smartphones sont des outils utiles, mais ils sont addictifs… Je regrette les inconvénients ». Photographie : Tim Knox pour le Guardian

Mais la technologie de notification a également permis une centaine d’arrêts non désirés de millions de vies, accélérant la course aux armes pour attirer l’attention des gens. Santamaria, 36 ans, qui dirige maintenant une start-up après un passage en tant que responsable du portable chez Airbnb, affirme que la technologie développée chez Apple n’était pas « intrinsèquement bonne ou mauvaise ». « C’est une discussion plus large pour la société », dit-il. « Est-ce bien d’éteindre mon téléphone quand je quitte le travail ? Est-ce que c’est OK si je ne vous répond pas directement ? Est-ce correct que je ‘n’aime’ pas tout ce qui passe sur mon écran Instagram ?

Son collègue d’alors, Marcellino est d’accord. « Honnêtement, je ne me suis jamais à aucun moment assis là, en pensant : ‘rendons les gens accro’ », dit-il. « C’était tout à fait positif, ces applications connectent les gens, elles ont tous ces usages, ESPN vous dit quand le jeu est terminé, ou WhatsApp vous donne un message gratuit d’un membre de votre famille en Iran où il n’y a pas de messagerie. »

Il y a quelques années, Marcellino, 33 ans, a quitté la Bay Area, il est maintenant dans les dernières étapes de formation pour être neurochirurgien. Il insiste qu’il n’est pas un expert en addiction, mais dit qu’il a collecté assez d’informations de sa formation médicale pour savoir que ces technologies peuvent affecter le même circuit neurologique que le jeu ou les drogues. « Ce sont les mêmes circuits qui font que les gens recherchent nourriture, confort, chaleur, sexe », dit-il.

Tout cela, dit-il, est un comportement basé sur la récompense qui active les voies de la dopamine dans le cerveau. Il se retrouve parfois en train de cliquer sur les icônes rouges à côté de ses applications « pour les faire disparaître », mais il est en conflit sur l’éthique de l’exploitation des vulnérabilités psychologiques des personnes. « Il n’est pas intrinsèquement mauvais de ramener les gens à votre produit », dit-il. « C’est le capitalisme ».

C’est peut-être le problème. Roger McNamee, un investisseur de capital-risque qui a bénéficié d’investissements extrêmement rentables dans Google et Facebook, est devenu désenchanté par les deux sociétés, arguant que leurs missions premières ont été déformées par les fortunes qu’ils ont pu gagner grâce à la publicité.

Il identifie l’avènement du smartphone comme un tournant décisif, élevant les mises d’une course aux armements pour le marché de l’attention des gens. « Facebook et Google affirment avec raison qu’ils donnent aux utilisateurs ce qu’ils veulent », déclare McNamee. « On peut dire la même chose de l’industrie du tabac et des trafiquants de drogue. »

Ce serait une affirmation remarquable pour les tout premiers investisseurs dans les mastodontes les plus rentables de la Silicon Valley. Mais McNamee, 61 ans, est plus qu’un homme d’argent au bras long. Alors conseiller de Mark Zuckerberg, il y a 10 ans, McNamee a présenté le PDG de Facebook à son amie Sheryl Sandberg, alors manager chez Google qui avait supervisé les entreprises publicitaires de l’entreprise. Sandberg, bien sûr, est devenu chef d’exploitation chez Facebook, transformant le réseau social en un autre poids lourd publicitaire.

McNamee choisit ses mots avec soin. « Les gens qui dirigent Facebook et Google sont de bonnes personnes, dont les stratégies bien intentionnées ont conduit à des conséquences imprévues horribles », dit-il. « Le problème, c’est que les entreprises ne peuvent rien faire pour s’attaquer au problème à moins d’abandonner leurs politiques publicitaires actuelles. »

Le siège de Google dans la Silicon Valley. Un investisseur en capital-risque croit que, malgré un appétit pour la réglementation, certaines entreprises de technologie sont peut-être déjà trop grosses pour être contrôlées : « L’UE a récemment condamné Google à 2,42 milliards de dollars pour les violations des lois sur les monopoles, et les actionnaires de Google ont simplement haussé les épaules ». Photo : Ramin Talaie pour le Guardian

Mais comment Google et Facebook peuvent-ils être contraints d’abandonner le modèle économique qui les ont transformés en deux des entreprises les plus rentables de la planète ?

McNamee pense que les sociétés dans lesquelles il a investi devraient être soumises à une réglementation plus stricte, y compris avec de nouvelles règles anti-monopole. A Washington, des deux côtés du spectre politique, on a de plus en plus envie de maîtriser la Silicon Valley. Mais McNamee s’inquiète de ce que les mastodontes qu’il a aidé à construire peuvent être déjà trop gros pour être freinés. « L’UE a récemment pénalisé Google de 2,42 milliards de dollars pour des violations anti-monopole, et les actionnaires ont simplement haussé les épaules », dit-il.

Rosenstein, le « co-créateur » du « like » de Facebook, pense qu’il y a peut-être lieu de légiférer au niveau de l’État sur la « publicité psychologiquement manipulatrice », affirmant que l’impulsion morale est comparable à la lutte contre les énergies fossiles ou l’industrie du tabac. « Si nous ne nous préoccupons que de la maximisation du profit », dit-il, « nous irons rapidement vers la dystopie. »

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James Williams ne croit pas que parler de dystopie soit exagéré. L’ex-stratège de Google qui a construit le système métrique pour le secteur de la recherche globale sur la publicité de l’entreprise, était au premier plan pour voir une industrie qu’il qualifie de « La plus grande, la plus standardisée et la plus centralisée du contrôle attentionnel de l’histoire humaine ».

Williams, âgé de 35 ans, a quitté Google l’année dernière et est sur le point de terminer un doctorat à l’Université d’Oxford, sur l’éthique du design persuasif. C’est un voyage qui l’a conduit à se demander si la démocratie peut survivre à la nouvelle ère technologique.

Il dit que son épiphanie est arrivée il y a quelques années, lorsqu’il a remarqué qu’il était entouré d’une technologie qui l’empêchait de se concentrer sur les choses sur lesquelles il voulait se concentrer. « C’était ce genre de prise de conscience individuelle et existentielle : que se passe-t-il ? » dit-il. « La technologie n’est-elle pas supposée faire tout le contraire de cela ? »

Cette gêne a été aggravée pendant un moment au travail, lorsqu’il a jeté un coup d’œil à l’un des tableaux de bord de Google, un affichage multicolore montrant l’attention que l’entreprise avait portée aux annonceurs. « Je me suis rendu compte : il s’agit littéralement d’un million de personnes que nous avons poussées ou persuadées de faire cette chose qu’elles n’auraient pas fait autrement », se souvient-il.

Il s’est lancé pendant plusieurs années dans recherche indépendante, dont une grande partie a été menée alors qu’il travaillait à temps partiel chez Google. Environ 18 mois plus tard, il a vu le mémo de Google distribué par Harris et ces deux-là sont devenu des alliés, luttant pour apporter un changement de l’intérieur.

Williams et Harris ont quitté Google à la même époque et ont cofondé un groupe de défense des droits, Time Well Spent, qui cherche à créer un élan public pour un changement dans la façon dont les grandes entreprises de technologie pensent au design. Williams a du mal à comprendre pourquoi cette question n’est pas à la une des journaux tout les jours.

« Quatre-vingt-sept pour cent des gens se réveillent et vont dormir avec leurs smartphones », dit-il. Le monde entier a maintenant un nouveau prisme pour comprendre la politique, et Williams s’inquiète des conséquences profondes.

Les mêmes forces qui ont poussé les entreprises technologiques à accrocher les usagers avec des astuces de design, dit-il, encouragent également ces entreprises à rendre la vision du monde compulsive, irrésistible à regarder. « Le marché de l’attention incite à concevoir des technologies qui captent notre attention », dit-il. « Ce faisant, il privilégie nos impulsions sur nos intentions. »

Cela signifie privilégier ce qui est sensationnel sur ce qui est nuancé, faire appel à l’émotion, à la colère et à l’indignation. Les médias d’information travaillent de plus en plus au service des entreprises technologiques, ajoute Williams, et doivent respecter les règles du marché de l’attention pour « faire du sensationnalisme, attirer et divertir pour survivre. »

La technologie et la montée de Trump : alors qu’Internet est conçu pour retenir notre attention, la politique et les médias deviennent de plus en plus sensationnels. Photo : John Locher / AP

Dans la foulée de la victoire électorale surprenante de Donald Trump, nombreux sont ceux qui ont rapidement remis en question le rôle des « fausses nouvelles » sur Facebook, les robots Twitter créés en Russie ou les efforts centrés sur les données que Cambridge Analytica a utilisées pour influencer les électeurs. Mais Williams voit ces facteurs comme des symptômes d’un problème plus profond.

Ce ne sont pas seulement des acteurs louches ou mauvais qui exploitent Internet pour changer l’opinion publique. Le marché de l’attention en soi est créé pour promouvoir un phénomène comme Trump, qui est un maître pour attirer et retenir l’attention des supporters et des critiques, souvent en exploitant ou en créant l’indignation.

Williams s’occupait de cette affaire avant que le président soit élu. Dans un blog publié un mois avant les élections américaines, Williams sonnait l’alarme sur une question qu’il soutenait être une « question beaucoup plus conséquente » que de savoir si Trump atteindrait la Maison Blanche. Selon lui, la campagne de la star de la télé-réalité annonçait un tournant dans lequel « la nouvelle dynamique gavée de numérique du marché de l’attention a franchi un seuil et devient manifeste dans le domaine politique ».

Williams a vu une dynamique similaire se dérouler des mois plus tôt, au cours de la campagne du Brexit, quand l’économie de l’attention lui a semblé biaisée en faveur de la situation émotionnelle et identitaire du Royaume-Uni quittant l’Union européenne. Il insiste sur le fait que ces dynamiques ne sont pas du tout réservées à la droite politique ; elles jouent aussi un rôle, croit-il, dans la popularité inattendue des politiciens de gauche comme Bernie Sanders et Jeremy Corbyn, et dans les accès de colère sur Internet sur des problèmes qui provoquent la fureur parmi les progressistes.

Tout cela, selon Williams, déforme non seulement la façon dont nous percevons la politique, mais au fil du temps, pourrait changer notre façon de penser, nous rendant moins rationnels et plus impulsifs. « Nous nous sommes habitués à un style cognitif perpétuel d’indignation, en internalisant la dynamique du médium », dit-il.

C’est dans ce contexte politique que Williams soutient que la fixation de ces dernières années sur l’état de surveillance romancé par George Orwell a peut-être été mal placée. Aldous Huxley, un autre écrivain de science-fiction anglais, qui a fait une observation plus perspicace lorsqu’il a averti que la coercition orwellienne était moins une menace pour la démocratie que le pouvoir plus subtil de la manipulation psychologique, et « l’appétit presque infini de l’homme pour les distractions. »

Depuis les élections américaines, Williams a exploré une autre dimension dans le nouveau monde d’aujourd’hui. Si l’économie de l’attention érode notre capacité à nous rappeler, à raisonner, à prendre des décisions pour nous-mêmes – des facultés essentielles à notre autonomie – quel espoir y a-t-il pour la démocratie elle-même ?

« La dynamique de l’économie de l’attention est structurellement mise en place pour saper la volonté humaine », dit-il. « Si la politique est une expression de notre volonté humaine, sur le plan individuel aussi bien que collectif, alors l’économie de l’attention sape directement les postulats sur lesquelles s’appuie la démocratie ». Si Apple, Facebook, Google, Twitter, Instagram et Snapchat arrivent graduellement à écorner notre capacité de contrôler nos propres esprits, pourrait-on arriver à un point, je me demande, où la démocratie ne fonctionnerait plus ?

« Serons-nous capables de le savoir quand cela arrivera ? » réponds Williams. « Et si nous en sommes incapables, comment saurons-nous que cela n’est pas déjà arrivé? »

Source : Paul Lewis, 06-10-2017

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Commentaire recommandé

Joseph // 21.11.2017 à 05h37

Les photos de ces assoiffés de technologie et d’argent facile en disent aussi longs que leurs propos. Après avoir été prêts à tout pour acquérir renommée et fortune dans de prétendues innovations, ils cherchent à se donner une grandeur intellectuelle, voire philosophique en pointant des travers depuis longtemps prédits et analysés. Je connais nombre de ces grands penseurs néo-humanistes, qui après avoir programmé des outils pour vous inonder de publicité ou des système pour se jouer de votre vigilance et vous faire dépenser de l’argent (certains d’entre vous sont peut-être familiers des théories de casino appliquées aux ventes numériques), se veulent maintenant en sauveurs éclairées d’une espèce menacée par l’avilissement numérique. Hypocrisie, aveuglement, naïveté, je ne sais pas quel mot les désigne le mieux, mais ces grands producteurs de croissance et de richesse start-upesque qui ne produisent en fait rien sont sans aucun doute une belle incarnation, un parfait symbole de notre système économico-social actuel, imbu de vanité, de cupidité, d’individualisme, et d’un manque de culture qui ne se résume pas à de la valeur qu’on peut acquérir et marchander.

91 réactions et commentaires

  • Joseph // 21.11.2017 à 05h37

    Les photos de ces assoiffés de technologie et d’argent facile en disent aussi longs que leurs propos. Après avoir été prêts à tout pour acquérir renommée et fortune dans de prétendues innovations, ils cherchent à se donner une grandeur intellectuelle, voire philosophique en pointant des travers depuis longtemps prédits et analysés. Je connais nombre de ces grands penseurs néo-humanistes, qui après avoir programmé des outils pour vous inonder de publicité ou des système pour se jouer de votre vigilance et vous faire dépenser de l’argent (certains d’entre vous sont peut-être familiers des théories de casino appliquées aux ventes numériques), se veulent maintenant en sauveurs éclairées d’une espèce menacée par l’avilissement numérique. Hypocrisie, aveuglement, naïveté, je ne sais pas quel mot les désigne le mieux, mais ces grands producteurs de croissance et de richesse start-upesque qui ne produisent en fait rien sont sans aucun doute une belle incarnation, un parfait symbole de notre système économico-social actuel, imbu de vanité, de cupidité, d’individualisme, et d’un manque de culture qui ne se résume pas à de la valeur qu’on peut acquérir et marchander.

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    • Adriano // 21.11.2017 à 09h24

      Je souscris pleinement à vos propos. On serait même tenté d’ajouter à la liste « hypocrisie, aveuglement, naïveté »… cynisme ?

      Les phénomènes techniques et technologiques ont déjà été analysés de longue date (Ellul, Charbonneau, Simondon, McLuhan, Mumford, etc.), certains de ces auteurs ayant eu une certaine renommée aux Etats-Unis (je pense notamment à l’influence d’Ellul dans les universités californiennes lors des années 1970) quoiqu’ils n’aient pas tous été prophètes en leur pays.

      Les alertes lancées par les scientifiques, dont le nombre a encore grossi avec l’arrivée de l’IRM et l’essor de certaines disciplines comme la psychologie cognitive, étaient déjà nombreuses et sont aujourd’hui innombrables et impossibles à ignorer.

      Ne déniant aucune intelligence aux personnes qui témoignent, j’en déduis que leur parcours, qui pouvait peut-être s’expliquer à court terme par une technophilie de jeunesse, s’est prolongé, à moyen terme, par l’appât du gain et le manque de courage (s’ils avaient pris conscience du monstre qu’ils contribuaient à faire grossir) et, à long terme, par une certaine forme de cynisme mâtinée de postures philosophiques.

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    • marc // 21.11.2017 à 09h41

      ces jeunes-là font néanmoins un petit effort de conscience, c’est déjà pas mal, ils ont raison… mais c’est juste une goutte d’eau dans l’océan… assez pathétique à dire « pas trop de facebook les gars! »… il y a un tsunami, ils sont là avec leur digue de 1m50

      ils ont juste été mal élevés, comme tous les autres… et sont des symboles éloquents de la contradiction moderne d’avoir simultanément un « langage moral et un comportement immoral »… l’exemple que j’aime toujours donner, c’est l’écolo qui conduit une voiture… ou encore le parisien qui se plaint de la mauvaise qualité de vie à paris… « je ne peux rien faire… sauf me plaindre… » commence par agir toi-même…

      maintenant, essayer de faire ouvrir les yeux aux gens reste louable non? sans y perdre son énergie, car c’est pas gagné

      bref, sinon c’est quoi en gros la théorie des casinos en vente numérique?

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      • Grub // 21.11.2017 à 14h52

        Il suffisait juste de voir le film le distrait qui explique très bien le fonctionnement de la publicité. Je suis comme vous ces gens découvrent que la publicité c’est de la manipulation mentale. On leur explique pas dans leurs ecoles ?

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      • Joseph // 22.11.2017 à 03h55

        Le « droit de propriété numérique » est assez magique ; par exemple, vous n’achetez plus vraiment vos films ou jeux sur internet, vous achetez seulement le droit de les utiliser jusqu’à ce que le vendeur ferme son serveur ou vous reprenne tout simplement ce droit. Il vous suffit de lire les fameuses « EULA » présentes au premier lancement de n’importe quel logiciel pour mesurer le ridicule de la chose.

        Outre cette douteuse « propriété » d’un objet relativement intangible et au coût de reproduction quasi-nul, nos grands penseurs ci-dessus ont développé avec ardeur le système suivant. Se rendant compte que peu de gens désirent acheter en ligne des biens de faible valeur, dont le meilleur exemple est sans aucun doute le contenu pour les jeux Facebook du type Candycrush ou Farmville, ils ont élaboré la stratégie suivante :
        1 – exposer au maximum les clients potentiels à votre produit : publicité, encourager par des promotions le fait de recommander le produit à vos contacts…
        2 – tenter le client potentiel : offres gratuites, exclusivités, promotions exceptionnelles
        3 – frustrer le client potentiel : présenter uniquement des activités ou des services chronophages car remplis de temps d’attente (vous pouvez regarder ce film ou télécharger ce fichier à condition d’attendre un certain temps, ou de regarder une publicité)
        4 – offrir la possibilité de retirer cette frustration en payant, procurant une immense satisfaction psychologique.

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        • Joseph // 22.11.2017 à 03h59

          (suite)

          Malheureusement, les produits et services vendus étant de si piètre qualité, ce premier système ne suffisait pas. Nos éminences grises ont donc emprunté quelques pages à l’industrie des casinos, en théorie sévèrement contrôlée – pour des raisons évidentes à quiconque connaît un accro au jeu.
          Ils ont donc revu le lien entre 3 – la frustration, 4 – le paiement, 5 – la satisfaction, dans la mesure où 4 – le paiement était trop chargé négativement pour la plupart des gens : vous êtes frustrés, vous voulez être satisfait, mais le prix, l’argent réel, est suffisamment dissuasif pour vous retenir. Ils ont donc mis en place l’utilisation d’une seconde monnaie, propre au service.

          Ainsi, vous n’achetez pas, dans la plupart de ces jeux / services en ligne, directement avec votre argent. Vous devez au préalable acheter des jetons (comme dans un casino), que vous utiliserez pour la suite pour vos achats. Cela permet non seulement des techniques marketing malhonnêtes (vous pouvez acheter les jetons par paquet de 1000, mais un produit coûte 501 ou 1001 jetons) mais aussi de séparer le paiement de la satisfaction : vous avez payé, et par la suite, vous pouvez vous satisfaire en dépensant ces jetons, qui dans votre esprit n’ont plus rien à voir avec l’argent réel gagné à la sueur de votre front.

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          • Joseph // 22.11.2017 à 04h09

            (suite 2)
            Mais le meilleur reste à venir : si votre client peut se satisfaire en dépensant une somme d’argent donnée, cela signifie que votre marge est fixe. Comment gagner plus ? En s’assurant que la satisfaction ne coûte pas une somme donnée, mais une somme inconnue.
            Maintenant que vos clients dépensent plus facilement, car il s’agit de jetons et non d’euros, il vous faut tout d’abord vous assurer que le lien entre les jetons et l’argent est le plus ténu possible : l’achat pourra par exemple se faire sur un autre site, ou vous pourrez offrir par la suite des jetons au client qui a déjà dépensé afin de lui faire croire que la parité « argent / jetons » n’est pas fixe, et est en réalité avantageuse pour lui.
            Ensuite, ne lui vendez pas la satisfaction (l’économie de temps, l’obtention du produit, …) mais faites la miroiter. Par exemple, sur un site de vente en ligne, ne vendez pas une paire de chaussure Louboutin, mais vendez une boîte de chaussures mystère. Le client n’achète plus un produit, mais une chance d’obtenir le produit qu’il désire. Là encore, utilisez les stratégies marketings malhonnêtes habituelles (groupement par lot, exclusivités, …) pour que cela rapporte encore plus.

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            • Joseph // 22.11.2017 à 04h18

              (suite et fin)
              En conclusion, nos amis qui nous veulent du bien, ces entrepreneurs du numériques, ont développé à travers les réseaux sociaux, les sites de vente en ligne, les jeux sur internet, un moyen de faire payer, non pour un bien ou un service, mais en utilisant la psychologie humaine.
              On connait tous plus ou moins les ressorts psychologiques de la publicité (son, images vives, produit qui rend heureux et souriant), mais ceux de la vente sont plus insidieux. Ceux de la vente en ligne le sont encore plus : utilisation de jetons, achat d’une opportunité et non d’un produit, facilité de dépenser plus (une fois le premier achat effectué, la plupart des sites retiennent votre carte bleue, et il suffit d’un clic pour se procurer plus de jetons. Vous oublierez même que vous avez recours à de l’argent réel pour ces transactions).

              Il suffit de regarder la galaxie de psychologues qui entourent les entreprises numériques, tout comme les commerciaux ont envahi les entreprises traditionnelles. Nous sommes noyés sous les études sur la frustration et la satisfaction du client, sous les statistiques visant à déterminer le % de chance minimum de gain d’un produit avant que le client ne remette en cause sa participation, sous les analyses de marché visant à savoir quelle population est la plus vulnérable (il s’agit des gens souffrant d’addiction et des adolescents).

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    • raloul // 22.11.2017 à 01h34

      Bonjour !

      Je fais partie de cette génération, qui justement est la dernière à avoir connu le «monde d’avant». D’une part je crois que nous sommes nombreux, ayant désormais de jeunes enfants (ou du moins dans cette phase de vie), à mesurer la dangerosité des dépendances au numérique.
      Je voudrais juste vous rappeler que ces petits génies de la technologie numérique ont justement été engagés, payés pour développer toute cette saloperie abrutissante. À qui jeter la pierre?
      A propos de cupidité, individualisme, manque de culture, je crois que la génération précédente qui a installé la télévision dans chaque foyer et l’a instituée comme étalon de toute chose ferait bien de relativiser, pour rester poli…

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  • tchoo // 21.11.2017 à 06h00

    Et voilà, les amerloques ont mal voté et c’ est la faute à Google. Les british ont mal voté et c’est la faute à face de bouc. Si ces sociétés ont la finalité de façonner les opinions, leurs machins n’est pas tout à fait au point où alors ces mauvais voté était voulu… allez savoir

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    • olivier // 21.11.2017 à 07h04

      Mais pour Barack Obama, pionier en la matière (2008 2012), c’etais une juste et belle revolution qui a inspirée le reste du monde. Logique quand on y pense…

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    • fougnard // 21.11.2017 à 10h13

      Que nenni, c’est la faute à Poutine. Salauds de Russes. Ou alors, ça veut dire que les GAFA roulent en fait pour les Russes ?!
      T

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      • Fabrice // 21.11.2017 à 13h38

        Bonjour quoi qu’en y réfléchissant ça pourrait être le moyen pour qu’ils soient ramenés à une taille décente et atteignable par les pays où ils sévissent sans foi ni loi.

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    • SesMan // 23.11.2017 à 10h33

      Et JFK c’était la faute au premier débat télévisé.

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  • DUGUESCLIN // 21.11.2017 à 06h03

    Appelons les choses comme elles sont:
    Toutes les addictions font perdre à l’être humain sa liberté, c’est une forme d’esclavage qui le rend exploitable, surtout quand elles le sont par calcul.
    Le tabac est durement taxé, mais qu’en est-il des autres addictions néfastes pour la santé?
    Pour ma part je ne suis pas inscrit à « fèces bouc » ni ailleurs.

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    • calal // 21.11.2017 à 08h16

      oui alienation capitaliste. mais qui oblige quelque part a faire l’effort de reprendre en main sa liberte de faire des efforts pour choisir ce que l’on veut ou se complaire dans ce qui est impose par le top down. c’est quand meme un progres de se faire controler par des likes de facebook plutot que par des coups de fouet d’un garde chiourme.pourvu que ca dure…

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      • Sator // 21.11.2017 à 11h13

        oui possible mais à terme qui dit que l’un n’ira pas sans l’autre ? Et qu’en sera-t-il des gens qui gardent précieusement leur liberté et leur libre arbitre ? Cela deviendra de plus en plus difficile, et c’est parfois déjà le cas. Les coups de bâtons étant souvent remplacés par les sanctions juridiques, sociales etc. Et à terme comme dit dans l’article, la lobotomie guette les nouvelles générations, qui elles né dedans ne sauront même plus ce que libre arbitre et liberté, conscience veut dire…

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  • yann // 21.11.2017 à 06h13

    Il y a quand même une chose à réaliser, c’est que tous ces services étant gratuits, ce système ne fonctionne que grâce à la publicité – sous réserve que cette publicité entraîne une augmentation des ventes.
    Au final, même si Facebook & Co se retrouve avec un fichier énorme sur tous les individus de la planète, mais que ce fichier ne se traduit pas par une augmentation d’une vente quelque part, ce fichier ne vaut pas grand chose.
    Et à mon avis, dans le monde actuel où l’offre dépasse largement la demande, il y a suffisamment de choix pour se permettre de jouer à « Si j’ai vu la pub, j’achète pas. » J’achète autre chose…ou rien…et pas maintenenant…Et puis tiens, je vais passer mon temps à pratiquer la guitare, le chant, le dessin ou la peinture plutôt que de consommer du divertissement.
    Le jour une grande proportion de gens se met à réfléchir comme ça, il se passera surement des choses…

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    • Alfred // 21.11.2017 à 07h28

      Pas forcément. Le cas exactement similaire anterieur étant la presse papier, prostituée depuis déjà un siècle. À force les lecteurs s’en sont rendu compte est on est passé de plusieurs millions de tirages quotidiens pour certains titres à quelques dizaines. Officiellement la faute à internet ma bonne dame sauf que l’agonie était bien antérieure.
      Ces journaux existent encore sous perfusion car leur raison d’être est autre (elle n’est pas d’informer NI de vendre des objets mais de conformer les esprits).
      La raison d’être de gogole et de face debouk n’est PLUS de vendre de la pub mais déjà autre (contrôler)

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      • yann // 21.11.2017 à 08h14

        @Alfred : J’habite à 15km de Google et Facebook, et il me semble que « contrôler » dans un but autre que celui de gagner de l’argent (serait-ce par pure idéologie par exemple) ne fait pas partie de la mentalité locale. Et « contrôler » des gens dans le but d’orienter les flux d’argent, cela s’apparente à de la pub. Plus généralement, le pragmatisme local laisse penser que si on s’acharne à contrôler des pensées, le but final est de contrôler des actions.
        Ce serait donc sympathique de préciser ce que vous entendez par « contrôle ».

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        • WhereIsMyMind // 21.11.2017 à 09h41

          facebook a fait des test de manipulation sociale à travers des buz et a étudié comment cela se produisait. Peu être en partie pour faire de l’argent, mais d’une manière ou d’une autre, les hautes sphères politiques/ élites financières utilise(/ron)t ces outils puissant.
          La CIA le fait très largement.

          La partie effrayante est le couplage naturelle qu’aura cette méga base de donnée utilisateur et les IA (actuelle mais surtout futur). Le culte de la liberté prônera toujours l’argument que nous avons le contrôle de nos actions/pensées, mais je suis convaincu que ce n’est pas vrai. Ce que vous êtes/pensez dépend de votre nourriture intellectuelle. Sans les-crises, je ne penserais pas de la même manière. J’ai peu être choisi de le lire. Mais google choisis ce qu’il vous donne comme résultat. Facebook choisis vos news….
          Je me demande si je suis parano ou si avec une bonne IA et la connaissance de votre cercle d’amis (avec leur profil) aurait réellement la capacité d’influencé une majorité de la population sur des questions profonde…. Si oui, j’ignore comment lutter contre cette prise de pouvoir (qui sera fait au profit de l’élite qui possède les outils). J’utilise Duckduckgo et j’évite les réseaux sociaux. J’envisage même de passer à linux, mais est ce que cela serait suffisant pour ralentir ce phénomène?

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          • Eric83 // 21.11.2017 à 13h46

            « Ce que vous êtes/pensez dépend de votre nourriture intellectuelle ».
            Les « marionnettistes » l’ont bien compris et les géants de l’Internet sont des idiots utiles, riches mais idiots. Preuve en est puisque ces géants ont fini par donner ce que les agences de renseignements leur demandaient.
            L’objectif officiel US est maintenant d’ostraciser RT et Sputnik et ces deux médias ont été contraints de s’enregistrer comme agents de l’étranger.
            De son côté Google a annoncé officiellement que les recherches des articles de ces deux médias sur son moteur seraient plus difficiles.
            Il est déjà à noter que sur Google actualité, les articles de ces deux médias et d’autres médias « dissidents » sont très peu fréquents.
            Comme il est aussi flagrant que le traducteur Google fonctionne très bien avec les sites MSM comme le WaPo ou le NYT et fonctionne très mal avec des sites comme ZH ou Breitbart.

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        • marc // 21.11.2017 à 09h46

          chercher le profit, c’est comme respirer pour ces gens-là… mais le but premier des monstres d’internet est la manipulation des opinions, c’est certain!

          ça signifie un investissement à long terme si tu veux

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        • Alfred // 21.11.2017 à 10h13

          0- Passée la fonction de transaction (pour laquelle d’autres outils existent) l’argent est il autre chose que du pouvoir en stock (fonction pour laquelle il est quasiment irremplaçable)?
          1- le fait d’habiter à 800m et de côtoyer de petites mains de la « chôse » vous permet il de connaître le fond des discussions de zukerberk à Davos ? Pas davantage que moi.
          2- le fond de mon discours est le suivant : nous assistons à une convergence d’un aspect totalitaire/ludique privé (on connaît tout de vous mais c’est « juste » pour de l’argent) et d’une privatisation rampante de tous les aspects régaliens (prisons us, sous traitance en cascade à la dgsi, etc…).
          3- déjà il est vous est quasi impossible de vous cacher sur terre. N’importe quel milliardaire peut acheter si il le veut vraiment qui/ce qu’il faut pour tout savoir sur vous. À l’inverse vous n’avez accès à absolument rien de privé sur lui. Le rapport de force entre « nés égaux en droit » n’a jamais été aussi déséquilibré. N’est ce pas du pouvoir et du contrôle (puisque vous n’y pouvez plus rien changer)?
          4- le Big data permet dés maintenant de prévoir une foultitude d’événements naturels comme sociaux. Avant même que les sujets en aient conscience il est possible de voir des populations « s’échauffer » sur face de bouk et compagnie et de prévoir suffisamment de matraques en conséquence. Si c’est pas du contrôle qu’est ce que c’est?

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          • Plouc // 22.11.2017 à 17h00

            @Alfred
            « Avant même que les sujets en aient conscience il est possible de voir des populations “s’échauffer” sur face de bouk et compagnie et de prévoir suffisamment de matraques en conséquence »

            En stratégie, la victoire absolue consiste à amener son ennemi à se rendre sans avoir à le combattre.

            Je pense que le Big Data couplé à la manipulation de l’opinion peuvent à eux deux « refroidir » les populations qui s’échauffent et économiser les matraques. Et c’est aussi du contrôle et à un niveau encore plus haut.

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            • Alfred // 23.11.2017 à 16h20

              Vous avez raison. C’est un peu ce qui s’observe quand on voit autan de gens se demander « pourquoi ça ne bouge pas ».. (Pour ma par j’ai une explication marxisante à la chose mais les deux peuvent se cumuler).

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        • Caton l’Ancien // 21.11.2017 à 10h54

          Et « contrôler » que but en soi ? Parce que bon, quand Marc Zuckatruc est déjà milliardaire, quelle est donc sa motivation pour continuer à dépenser son temps dans le développement de Facebook ? Le plaisir d’avoir un n-ème milliard ? Difficile à croire que ce soit un but en soi ; ça ressemble à un objectif intermédiaire pour une autre finalité.

          Le but semble être de chercher à accroître son pouvoir, sa puissance. Et pour cela, même les contrôles qui n’ont pas de finalité financières mesurables peuvent être utiles.
          On dit que Marc Zuckatruc a pour projet d’être le candidat démocrate pour les présidentielles EU de 2020 : avoir directement une partie du controle et savoir que les autres acteurs du contrôle partagent votre vision du monde serait un atout considérable.

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        • Sator // 21.11.2017 à 11h20

          C’est déjà une idéologie en soi il me semble non ? Après le problème de la manipulation et de celui qui l’excerce c’est comme Janus d’avoir deux visages… le second, surtout concernant les dirigeants, que vous ne devez pas croiser tous les jours, n’est probablement visible que dans des cercles restreints d’autres personnes partageant la même idéologie et les mêmes buts. La fameuse théorie du complot… sans aller jusque là des agendas cachés il y en a quand même pas mal à débusquer et certains l’ont d’ailleurs été dans d’autre domaines (cf divers scandales médicaux ).

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        • Caton l’Ancien // 21.11.2017 à 11h23

          Complément à mon premier message :

          La plupart des papes de la Silicon Valley sont des libertariens : ils ne croient pas en la démocratie, qui serait un système inefficace et qui opprime les gens réellement productifs (comprendre qui les gêne EUX) ; ils sont favorables à un système qui mélange anarchie et capitalisme, système qui porte au pinacle les « créateurs de richesse » (aussi étrange que cela puisse paraître, dans leur bouche ce terme ne désigne pas les employés mais leurs patrons).

          Des grands patrons souhaitant un système politique sans Etat (ou avec un Etat minimal) et dirigé par eux-mêmes n’auraient aucun autre intérêt envers des systèmes de contrôle que le profit à court terme ? C’est dur à croire.

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          • Sandrine // 21.11.2017 à 13h36

            Si ils sont réellement anarchistes, ils ne devraient pas avoir comme objectif de contrôler les autres, non?

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            • Caton l’Ancien // 21.11.2017 à 14h10

              Non, parce qu’ils ne sont pas anarchistes au sens de Proudon, Bakounine et compagnie. Ils sont anarchistes au sens de Ayn Rand :
              https://rationalwiki.org/wiki/Ayn_Rand

              Ils sont anarchistes au sens où ils veulent la suppression de l’Etat. Mais ce sont des « anarchistes » « de droite » au sens où ils veulent remplacer l’autorité de l’Etat qu’ils jugent illégitime et inefficace, par l’autorité des élites économiques qui sont elles légitimes et efficaces.
              Ils ne faut pas les confondre avec les anarchistes dont on a l’habitude, qui, eux, sont tout autant remontés contre les flics et les soldats que contre les patrons.

              « Anarchiste » n’était peut-être pas le meilleur mot pour les décrire, désolé si je vous ai induit en erreur.

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            • Trawash // 21.11.2017 à 14h21

              Les libertariens complotent à vous rendre libre.
              Les libertariens ne veulent contrôler personne. Ils ne veulent plus d’Etat, et ils ne veulent plus être contrôlé par ce denier. Ils sont pour une collaboration libre entre individus. Pas de maître, pas d esclave.
              Liberté qui n estboas de faire tout ce que je veux mais liberté qui résulte de l’axiome de non agression.
              Ce ne sont sont pas des grands patrons, les’grans Patrons c est les amis de l’Etat ne pas confondre libertarien avec le Medef ou bien la droite.

              Le libertarien défend le faible contre le puissant ( et non pas le riche contre le pauvre )

              Ils n ont qu un but. Leur liberté, mais aussi la vôtre. Mais je ne vais pas rentrée dans les détails je serai hors sujet. Ce qui est certain c est qu au petit déjeuner tout bon libertarien se doit de manger deux ou trois bébés chats avant d affronter sa journée d exploiteur.
              J en suis. Anarcap plus précisément.

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            • Alfred // 21.11.2017 à 15h16

              @ anarchiste capitaliste
              On peut accueillir avec bienveillance votre distinguo avec les grands patrons de connivence mais pour autant votre discours semble un peu contradictoire :
              Le riche n’est il pas plus un peu plus puissant que le pauvre? (Ou le pauvre plus faible que le riche?).

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            • Caton l’Ancien // 21.11.2017 à 16h55

              @Trawash

              Je tourne un peu en dérision mais, pour faire simple, les libertariens incluent dans la liberté (donc inaliénable) des choses qui, à mon sens, sont l’exercice d’un pouvoir (ces choses sont donc discutables voire on peut songer à abolir ces pouvoirs). A mes yeux, ce n’est donc pas une libération mais un simple changement de domination.

              Pour en revenir au sujet, les patrons de la Silicon Valley usent (ou abusent, selon vous) des idées libertariennes et s’imaginent être les leaders légitimes. Parallèlement, ils créent ou s’approprient des moyens de contrainte ou d’influence difficilement résistibles. J’y vois l’oeuvre d’une volonté de puissance qui dépasse la simple optimisation du capital financier.

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            • tepavac // 21.11.2017 à 23h49

              Ils ne sont pas anarchistes, ils créé l’anarchie, nuance Sandrine.

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            • RV // 22.11.2017 à 18h17

              @ Trawash Le 21 novembre 2017 à 14h21
              ———————————————————
              l’absence d’Etat c’est la loi de la jungle si je considère que c’est l’Etat qui est seul habilité à faire la loi.
              La loi de la jungle ne me rends pas libre, elle me soumet au plus fort, sans recours.
              La loi, librement consentie, me libère de l’oppression du plus fort.

                +3

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        • tepavac // 21.11.2017 à 23h37

          Bonjour Yann !
          Je viens de lire que alphabet va déclasser RT et Sputnik des son moteur de recherche, google. bref les rendre invisibles . Évidement ce n’est pas du contrôle et cela s’inscrit dans la démarche d’un « commerce libre et non faussé » , je me demandais seulement si cette info est vrais?
          Avez vous une réponse sur le sujet,!
          merci

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          • yann // 22.11.2017 à 09h25

            Bonjour. Je pointerais les choses suivantes :
            1> Google c’est la table des matières, ce n’est pas le livre. Si aimez ce sites, Google n’a pas de moyen de vous empêcher d’aller les regarder. L’état chinois peut-etre, Google pas que je sache.
            2> Avant même que Google ne les enlève de leur moteur de recherche, vous avez entendu dire que. Et donc vous vous demandez pourquoi ils feraient ça, et du coup vous allez passez votre temps sur ces sites pour savoir en quoi ils sont « subversifs ». Bravo Google, ça a fait tout le contraire du but recherché.
            3> Par votre post, 10 lecteurs ont maintenant la puce à l’oreille et vont aller voir le pourquoi du comment, et peut être re-poster sur un autre forum etc…Ca peut devenir vite viral et créer une « table des matières » de contrebande
            4> En fait, je m’inquieterais plus sur le fait que Google puis déréfencer un petit business local en bas de chez vous, qu’un truc aussi gros et international que sputnik ou RT.

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    • Catalina // 21.11.2017 à 07h43

      pas gratuits, vous payez un abonnement.

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    • TuYolPol // 21.11.2017 à 09h18

      « Le jour où une grande proportion de gens se met à réfléchir comme ça » est une projection statistique. Et l’humain statistique est tout à fait autre chose qu’une somme d’individus. Tout-à-fait à un point qu’on ne souligne que trop rarement, qui est même un obstacle à la réflexion.
      Je veux en venir au fait que cette dernière phrase, qui commence par « Le jour où une grande proportion de gens se met à… » devrait être « Le jour où quelque-chose fera qu’une grande proportion de gens … ». Votre choix dépend de vous, mais le choix d’un objet statistique ne dépend pas d’une opération arithmétique sur ses parties. Les pathologies de l’objet statistique ne se guérissent pas en soignant chaque individu, elles doivent être adressées autrement.
      Je sais que ça peut paraître évident, mais c’est difficile de le garder à l’esprit pour ne pas tomber dans le panneau. On se laisse facilement avoir par l’argument de la liberté individuelle, comme si celle-ci s’opposait à l’approche statistique. L’on peut s’affirmer individuellement libre et responsable tout en s’affirmant collectivement contraint : on ne parle pas de la même chose à mon sens.

      On peut ainsi passer d’un sentiment d’espoir plutôt impuissant accompagné d’amertume (« les gens sont méchants ») à une analyse opérationnelle des moyens de changer, et au passage ne pas s’encombrer de culpabilité tout à fait inutile et de morgue (ce n’est pas une allusion perfide, juste du vécu)

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      • yann // 21.11.2017 à 10h14

        « Un obstacle à la réflexion »
        « C’est difficile de garder à l’esprit »
        « On se laisse facilement avoir »
        « Ne pas tomber dans le panneau »

        Bon…ben vu que vous avez l’air mieux équipé que moi, je vous laisse finir le boulot.
        En plus il faut que j’aille pratiquer ma « Sonate au clair de lune »

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        • TuYolPol // 21.11.2017 à 10h36

          Je vous prie de m’excuser, j’ai juste essayé de partager une réflexion qui depuis longtemps me semble faire partie des petites clés peu visibles, sans vous désobliger. Soit c’est totalement inintéressant, et je serais content de le savoir, soit je l’ai mal dit, soit vous ne l’avez pas regardée parce qu’elle est maladroitement présentée. Regrets.

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        • TuYolPol // 21.11.2017 à 11h53

          Pour finir de trébucher dans l’escalier, j’ajoute que je me fais aussi avoir, que je tombe aussi dans le panneau, que j’oublie facilement cet obstacle. Je me dis « mais bon dieu pourquoi les gens cecicela, et je redécouvre que ce n’est pas le sujet : ce sont les incitations qu’il faut combattre ou au contraire celles qu’il faut trouver, mais jamais déplorer « les gens », c’est inutile et décourageant, et en plus cela naturalise notre fardeau. Un peu comme le terme « anthropocène » naturalise le « capitalocène »

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    • germs // 21.11.2017 à 15h32

      Quand c’est gratuit, c’est vous la marchandise.
      J’ajoute, lut dans les Echos l’an dernier. Une page FB coûte +/- 4 dollars. Elle rapporte 35 dollars au USA, ( vente de vos donnée personnel, pub, photo,etc) 12 dollars en Europe de l’ouest. Le reste du monde c’est +/- 3 dollars

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      • Galvan // 22.11.2017 à 07h12

        Facebook est le seul réseau social à être rentable. LinkedIn, Twitter and co perdent tous de l’argent.
        De mémoire c’est également le cas pour Uber
        Les plateformes web vivent quand même encore largement de la largesse de leurs actionnaires …

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  • Crapaud Rouge // 21.11.2017 à 06h15

    Ce blog aussi est addictif, je signale… Les boutons et le design n’ont probablement pas grand chose à voir dans l’histoire. Sauf peut-être la couleur rouge : c’est une « anomalie » que par réflexe on veut voir disparaître.

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    • TuYolPol // 21.11.2017 à 09h32

      La récompense est ici la confirmation d’une rage contre les abrutis dominants, quel bonheur matinal !

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      • Pinouille // 21.11.2017 à 17h17

        Ha tiens, je croyais que ce blog n’avait aucune velléité partisane.
        Qu’il n’a prétention à détenir aucune certitude, ni, surtout, à convaincre de quoi que ce soit.
        Un site pas militant.
        Qu’il est donc très important de garder un très grand esprit critique.

        J’ai du mal lire.

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        • TuYolPol // 21.11.2017 à 20h57

          Vous n’êtes pas d’humeur à plaisanter, Pinouille ?

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          • Pinouille // 22.11.2017 à 09h16

            Je l’ai déjà écrit à plusieurs reprises: OB se donne du mal à proposer des articles en droite ligne avec l’esprit de son site, et la majorité des commentaires ressassent en boucle les sempiternels poncifs que vous avez parfaitement caricaturé (je l’espère tout du moins).
            Le pire est que quand on se hasarde à proposer une point de vue qui s’écarte de ces certitudes auto-entretenues, la réaction est presque toujours agressive, donc peu propice aux échanges.
            Je peux témoigner que cela n’a pas toujours été comme cela: les commentateurs qui selon moi respectent l’esprit de ce site ont presque tous déserté. J’espère qu’ils continuent à le lire.

            Donc non, je ne suis pas d’humeur à plaisanter car nous y perdons beaucoup.

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            • TuYolPol // 23.11.2017 à 16h44

              Au même carrefour que vous, je prends le chemin de l’autodérision, mais c’est cela. Plus les sujets se tendent, plus l’on (commentateurs) verse dans le biais de confirmation, les articles sont super mais le débat devient partisan. Trop d’accord rend borgne. Continue, c’est trop bon, encore, aïe !
              Mais que de pépites, quand-même.

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            • Sandrine // 23.11.2017 à 17h11

              Le fait que vous soyez là pour vous exprimer prouve le contraire de ce que vous dites…
              Ensuite, il faut prendre en compte le fait que ceux qui trouvent que tout est déjà dit dans l’article ne vont pas forcément investir beaucoup de temps pour exprimer leur enchantement…
              Enfin, la soi-disant mauvaise humeur des Français (un poncif que personnellement j’entends souvent dans la bouche de youpies expatriés) témoigne peut-être justement d’une certaine réalité (la situation se dégrade peut-être plus en France qu’ailleurs pour de larges couches de la société)

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            • Pinouille // 27.11.2017 à 16h00

              @Sandrine
              « Le fait que vous soyez là pour vous exprimer prouve le contraire de ce que vous dites… »
              Merci de me relire: je n’ai jamais prétendu ne pas avoir la possibilité de m’exprimer sur ce site. Je prétends que la majorité des commentaires vont dans le même sens, sont partisans, caricaturaux et peu tolérants envers d’autres points de vue. Les commentaires de cette page illustrent bien mon propos.

              « Ensuite, il faut prendre en compte le fait que ceux qui trouvent que tout est déjà dit dans l’article ne vont pas forcément investir beaucoup de temps pour exprimer leur enchantement… »
              Il y a un monde entre tout valider et tout rejeter en bloc. Je ne doute pas que des esprits critiques puissent trouver leur place entre les deux. Voire même s’aventurer à enrichir la réflexion avec des points de vue personnels.

              « Enfin, la soi-disant mauvaise humeur des Français…témoigne peut-être justement d’une certaine réalité »
              Soit. Faut-il pour autant céder à la facilité simplificatrice sur un site qui se veut proposer l’inverse?

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            • Sandrine // 27.11.2017 à 16h55

              @Pinouille
              Peut-être faites vous référence à la période avant l’affaire Zemmour après laquelle, personnellement, j’ai constaté la « disparition » de nombre de commentateurs habitués du site.
              En ce qui concerne ce billet-ci je ne trouve pas que les commentateurs ont défendu des positions particulièrement idéologiques ou partisanes .En revanche c’est vrai que la plupart cherchent à adopter la posture « à moi on la fait pas », « je sais décrypter la manipulation sous les informations divulguées par internet »… C’est très post-moderne.. Sans doute une manière de conjurer l’angoisse par rapport à toutes les menaces dont on nous informe quotidiennement (sur ce site en particulier d’ailleurs…).
              Personnellement ça ne me choque pas meme si, je le concède, l’abondance de messages trop vindicatifs ou manichéens représente une certaine forme de « pollution » par rapport à l’opportunité (rare et précieuse) de débat rationnel que nous offre O.B.

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      • tepavac // 22.11.2017 à 00h08

        Je plussoie votre com TuYolPol, j’ajouterai que les « j’aime » s’adressent particulièrement aux regards qui se portent sur la crotte sous le sabot, plutôt qu’à la tête qui dépasse les nuages.
        Cela semble même une addiction nationale.

        Vous pensez que j’ironise, pas du tout. Je viens de passer l’après-midi avec quelques amis, dont l’un revenait de Bosnie et l’autre de Hollande, et les deux sont choqués par l’atmosphère qui règne içi, pas de sourire, pas aimable, sans compter les têtes de catastrophe télévisuelle qui présentent les infos….

        Ouais il y a un problème, les gens se nourrissent trop de « négativisme » c’est une drogue aussi redoutable que les « j’aime ».

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  • olivier // 21.11.2017 à 07h18

    Les boutons et les couleurs sont ce qu’on appel l’expérience de l’utilisateur, et c’est plus largement de l’ergonomie. « Ensemble des études et des recherches qui ont pour but l’organisation méthodique du travail ». Si vous preferez « l’étude scientifique de la relation entre l’homme et ses moyens, méthodes et milieux de travail » et l’application de ces connaissances à la conception de systèmes « qui puissent être utilisés avec le maximum de confort, de sécurité et d’efficacité par le plus grand nombre. ». Il y a bien une relation. C’est ce qui fait que vous pouvez conduire sans réfléchir.

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  • Eric83 // 21.11.2017 à 08h47

    La gestion des perceptions est utilisée depuis des décennies par les gouvernements US. Karl Rove – conseiller principal de Bush junior – l’avait indiqué il y a quelques années. ( Nous créons notre propre réalité …)

    Dans une vidéo que je recommande – longue, dense mais riche d’informations – « Hypernormalisation », – à 1 h 10 mn environ – Robert Parry expliquait longtemps avant Rove que le gouvernement US depuis Reagan conduit les affaires par la gestion des perceptions et que la réalité n’a en fait aucune importance. Celle-ci peut être tordue et distordue à souhait pour s’insérer dans le « discours » à faire avaler au peuple…et nous pouvons constater que les exemples à l’heure actuelle continuent de foisonner.

    https://www.youtube.com/watch?v=sG07qAeG_wM

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  • Laurent Fournier // 21.11.2017 à 08h59

    Alors, sur l’IA, qui ecoute-t-on? Laurent Alexandre, toubib, ou les ingenieurs de Google et FB???

    A priori on se dirait qu’un toubib est plus avise sur la nature humaine, mais d’un autre cote, un ingenieur chez Google a vu la bete de plus pres.

    Alors? Qui ecoute-t-on?

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    • Crapaud Rouge // 21.11.2017 à 09h16

      « Qui ecoute-t-on? » : je n’ai pas la réponse, mais une chose est sûre : si l’on écoutait Crapaud Rouge, le monde irait beaucoup mieux et l’IA serait sans danger !… 🙂

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    • Alfred // 21.11.2017 à 10h25

      Pour côtoyer beaucoup de toubibs je valorise leur avis sur autre chose que leur domaine de travail à …très très bas. Factuellement cela s’explique par le télescopage de deux choses : 1- énormément de travail fourni et d’énergie dépensée à apprendre un grand nombre de chose (mais dans un champ restreint de la vie et selon une certaine perspective) à un âge où est encore en train de se (con)former. Dans ces années il n’y a plus beaux d’énergie pour autre chose. 2- en fin de course le statut social et la reconnaissance sont élevés et l’avis est écouté. En général cela suffit pour ne plus beaucoup se remettre en cause.
      Au final par un bel effet ciseau vous avez des compétents partiels qui mesurent mal leur limites et sont très sûrs d’eux.
      Évidemment cela arrive à d’autres professions et d’autres parcours (et inversement certains ne présentent pas du tout ces travers) mais la formation particulière des médecins et leur statut social aboutissent souvent à ce résultat il le semble.. Dr « Doctissimo » est un exemple type. Il ne connait rien à par l’urologie et les business angels à mon avis.
      Donc ici je vote pour le transfuge de gogole même s’il est lui même très conformé. Il faut noter qu’il a fait un parcours de remise en cause lui même. C’est quand même super.

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  • thecis // 21.11.2017 à 09h03

    La croisade de la rédemption, je pense que c’est au même niveau qu’œuvrer pour le bien. En attendant, ils ont bien profiter comme des banquiers dans d’autres temps…

      +0

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  • Sandrine // 21.11.2017 à 09h46

    Ce que je retiens de cet intéressant (long) texte est :
    1) La technique quoique ni bonne ni mauvaise en soi n’est jamais neutre. On paye cher le surcroit de confort qu’elle nous procure.
    2) Le libéralisme n’est pas en mesure de corriger les effets pervers induits par les actions égoïstes des hommes (la fable de Mandeville est une foutaise)
    3) La technique ne libère pas l’homme, au contraire, elle le dépossède de lui-même. La véritable liberté est intérieure et s’acquière par la maîtrise de soi

    Et maintenant, que faire?

      +11

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  • Sandrine // 21.11.2017 à 10h10

    Il y a quelques années, une famille ( 3 générations) a été retrouvée dans l’Altai après plusieurs décennies de vie coupée de toute civilisation (apparemment, cet exil n’était pas volontaire, mais suite à un égarement dans la montagne)
    Lorsque on leur a demandé ce qui leur manquait le plus dans leur vie sauvage par rapport au monde civilisé, ils ont répondu : le sel et les couteaux. Je ne sais pas si ils avaient appris à tailler des pierres pour s’en servir d’outil.
    Personnellement, si une telle chose m’arrivait, je serais totalement incapable de survivre, je serais certainement mangée par des prédateurs illico.

      +3

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  • Ardéchoix // 21.11.2017 à 10h14

    Internet n’est ni plus ni moins qu’un outil, à l’image d’un marteau on peut enfoncer un clou ou se taper sur les doigts .

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    • Sandrine // 21.11.2017 à 10h40

      Pas si sur.
      C’est bien tout le danger de la technique moderne ; elle n’est plus qu’un simple outil .
      Elle contient en elle une vision du monde, celle de rendre la réalité disponible et accessible à tout moment, elle propage une conception de l’homme comme maitre et possesseur de la nature… C’est exactement la philosophie d’internet, rendre le monde accessible immédiatement et totalement .
      Un marteau est un simple outil, il ne permet pas de rendre le monde disponible. Bien sur, on peut dire qu’internet est contenu « en germe » dans la technique du marteau… Mais il y a tout de même un saut quantitatif gigantesque (et également un saut qualitatif) entre la technique du marteau et la technique d’internet. L’homme croit qu’il augmente son emprise sur la réalité avec internet… Et finalement, c’est tout le contraire qui se passe, l’homme perd le contrôle de lui-même (ce qui n’est pas le cas avec le marteau).

        +2

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      • Ardéchoix // 21.11.2017 à 11h02

        @Sandrine
        Si votre monde est de construire une cabane au bord du lac Baïkal , le marteau est le début de quelque chose. Si votre monde est de profiter du black friday 2017 internet est mieux 🙂 .
        6 MOIS DE CABANE AU BAIKAL Sylvain Tesson
        https://www.youtube.com/watch?v=9-CxXrRieCM

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        • Sandrine // 21.11.2017 à 11h40

          Pas sur que profiter du black Friday permette de la permanence d’un monde à mesure humaine.
          Hannah Arendt a des analyses sur le sujet que je n’arriverais pas à résumer ici.
          En substance, elle dit que ce qui permet à l’homme de vivre humainement, c’est l’existence d’un monde (l’homme se représente ce monde). Or, avec l’avènement de la globalisation – processus que Internet amplifie de manière exponentielle – la diversité des mondes humains (nécessaire selon elle à l’existence de « mondes ») serait écrasée par l’uniformisation et mettrait en danger la capacité des hommes à penser par eux-mêmes.
          L’Homme devient alors obsolète (ça c’est plutôt une idée développée par G. Anders, mais il me semble que c’est la conséquence que l’on peut tirer de la réflexion de HA sur l’écrasement du monde des hommes).

            +4

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          • Ardéchoix // 21.11.2017 à 11h48

            @Sandrine
            Une de mes lectures et qui va dans votre sens « Homo Deus »: Une brève histoire de l’avenir, Livre de Yuval Noah Harari. J’avais adoré du même auteur « Sapiens : Une brève histoire de l’humanité » .

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            Alerter
            • Sandrine // 21.11.2017 à 11h59

              Je n’ai pas lu les livres de Yuval Noah Harari, seulement entendu des interview de lui. Mais ce qui me rend un peu suspicieuse à son égard, c’est que, apparemment, c’est un grand pote de Marc Zuckerberg dont il dit le plus grand bien (Marc Zuckerberg aurait selon lui les meilleures intentions du monde quant à l’influence qu’il exerce sur le monde contemporain.
              Je suis particulièrement suspicieuse par rapport à ses prédictions relative à l’émergence (probable selon lui ?) d’une nouvelle religion du big data

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              Alerter
          • Alfred // 21.11.2017 à 11h56

            Merci
            Vous m’avez faut avancer de façon inattendue.

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  • fougnard // 21.11.2017 à 10h24

    Il suffit de ne pas utiliser les GAFA (c’est tout à fait possible, votre serviteur en est la preuve). Les gens qui développent des bouts de logiciel pour minimiser les dangers d’un autre logiciel qu’ils ont contribué à créer me font bien marrer. Le monde était-il meilleur avant les GAFA ? Faire vos courses sur Amazon vous rend-il plus humaine, plus humain ? Étaler vos vies sur les réseaux asociaux vous rend-il heureuse ou heureux ?

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  • David D // 21.11.2017 à 10h33

    « Tirant une ligne droite entre l’addiction aux réseaux sociaux et les séismes politiques comme le Brexit et la montée de Donald Trump, ils soutiennent que les forces numériques ont complètement changé le système politique et si on ne les contrôle pas, peuvent même rendre la démocratie telle qu’on la connaît, obsolète. »

    Heu ? ça veut dire quoi c’te phrase ? Moi j’aurais voté Trump contre le reste (je tiens au « contre le reste » qui a tout le sens sur les épaules) et je veux un frexit (qui n’adviendra pas hélas) après le brexit, mais je n’ai jamais voté pour un commentaire sur le blog Les Crises, je n’ai pas de smartphone et mon portable les gens m’appellent, je ne réponds pas quand je me balade en ville, au restaurant, et., etc. Le lien, je ne le vois pas, moi !

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    • nicolas // 21.11.2017 à 21h54

      C’est connu que désormais les politiciens en campagne utilisent des agences de com qui emploient les techniques du big data pour orienter les discours et les déclarations suivant le lieu , les évènements , les cibles convoitées pour agrandir les cohortes de votants etc etc …
      Le premier a avoir eu recours à cela était Obama …
      Le premier candidat assisté par ordinateur.
      Les élections qui ont suivi après partout dans le monde dit développé ont vu ces techniques être utilisées et même en France dernièrement.
      Il ne faut pas sous estimer ces outils ni les théories déjà assez anciennes de manipulation des foules qui sont très au point.
      C’est curieux comment ce genre de sujet peut atteindre l’amour propre de certains qui se disent pas concernés.
      On l’est tous à des degrés divers mais on l’est quand même.
      Ça se traduit tous les jours dans ce qu’on achète , ce qu’on regarde , ce qu’on lit.
      Ne pas l’admettre est un aveux de faiblesse je pense …

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      • tepavac // 22.11.2017 à 00h44

        « Ne pas l’admettre est un aveux de faiblesse je pense … »

        c’est une certitude Nicolas, c’est même un défaut majeur

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  • Louis Robert // 21.11.2017 à 10h39

    Toute ma vie durant, ressentant un pressant besoin de m’appartenir, j’ai eu le sentiment que rien n’était plus difficile en notre temps, précisément, que de s’appartenir. En effet, il m’a semblé être pour ainsi dire constamment sollicité, sinon agressé, par divers types d’ « intervenants sociaux » luttant entre eux afin de retenir mon attention, me traitant un peu comme si je leur appartenais… À tel point que par moments je sentais l’hostilité, voire la violence, monter en moi. « Mais enfin qu’on me f…. la paix! J’ai mieux à faire de m’appartenir. »

    Ainsi donc, qu’aujourd’hui « les refusniks de la Silicon Valley s’alarment d’une course à l’attention humaine » me réconforte. Je n’étais donc pas tout simplement victime d’un cauchemar… Il est peut-être bon, avant tout, de s’appartenir.

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  • Vladimir K // 21.11.2017 à 13h30

    Je suis surpris à quel point on parle peu (une seule mention) de LinkedIn ; quand on regarde sa façon de trouver des relations, c’est réellement très inquiétant, sans parler de la reconnaissance professionnelle (il faut avoir écrit un article, comme les scientifiques doivent avoir publié dans les revues scientifiques – quitte à écrire des banalités sans fond).

    Et pourtant LinkedIn est très pris au sérieux, surtout en Amérique du Nord où il est quasi obligatoire.

      +3

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  • Haricophile // 21.11.2017 à 14h04

    Pour des cadors de la technologie, ne pas savoir configurer un pare-feu et avoir besoin de bidouilles sous forme de module ou « apps » ! Effectivement, il faut qu’ils se désintoxiquent !

    ou même quelques simples ligne dans son fichier « hosts » genre :
    127.0.0.1 facebook.com
    127.0.0.1 facebook.net
    ….

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Hosts

    Ça se gère même sur smartphone sans avoir besoin de confier à une collègue un contrôle parental douteux quand à ce qu’il filtre (les sites « socialistes », non « climato-septiques »…). A tant faire que d’installer un plugin, utilisez les listes fanboy dans ublock origin/firefox ou équivalent, voire umatrix.

    Et puis on peut bloquer les pubs et même les scripts sur Wikipedia, ça marche encore ! (donnez leur quelques sous de temps en temps pour les remercier).

    Pareil pour https://framasoft.org/

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    • Vladimir K // 22.11.2017 à 02h42

      Il y a encore plus simple : ils s’achètent un Nokia 3310 sur ebay ou dans un passage sous-terrain de Moscou (ils ont les moyens d’y aller), et ils sont tranquilles.

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  • Crapaud Rouge // 21.11.2017 à 15h09

    Un (bref) article qui vient d’arriver : https://sciencepost.fr/2017/11/utilisateurs-reseaux-sociaux-auraient-66-de-risques-plus-de-developper-symptomes-depressifs-pouvant-conduire-suicide/ D’après une étude US, le taux de suicide serait en hausse « de 65% entre 2010 et 2015 » chez les adolescentes. « Les chercheurs ont établi une corrélation entre le regain des suicides et des symptômes dépressifs aux États-Unis avec la démocratisation de l’usage des smartphones et des réseaux sociaux. »

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  • Albert Charles // 21.11.2017 à 17h12

    Quand il n’y avait pas le téléphone chez soi, on se déplaçait pour rencontrer les gens. Quand il n’y avait pas la télé chez soi, on se déplaçait pour aller au cinéma (ou pour voir la télé au bistrot), ou pour aller jouer avec les potes. Dans ces déplacements il y avait une démarche, une action, un mouvement vers un but qui laissait des traces dans sa mémoire. Avec Internet, le monde est chez soi. Même plus la peine (au sens de Fatigue, avec les traces qui vont avec) de voyager. Plus de mouvement vers un but donné. C’est l’inverse, c’est le but qui bouge vers nous. La diversité humaine ne demande plus d’effort pour être perçue comme telle. Au point même que cette perte du sens de l’effort pour découvrir, est en train de nous distraire de l’extraordinaire capacité d’Internet à faire voyager vers l’Autre. L’homme unidimensionnel de Marcuse devient presque réel: langue unique (anglais), urbanisme unique (New York), alimentation unique (Fast Food), etc. La grande Fatigue est en route.

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    • Raphaël // 22.11.2017 à 22h31

      Sauf que vous avez accès à l’ensemble des connaissances humaines gratuitement via le piratage, et ça c’est quand même pas mal. Je n’ai jamais autant lu (et écrit et compris des choses) que depuis l’apparition d’internet.

      Je vois à la pause de midi des gens qui parlent de vidéos youtube, c’est pas plus stupide que de regarder la télé et le lien social n’a pas changé, il s’est juste accaparé ce nouveau support.

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  • léon // 21.11.2017 à 17h25

    Bah didons comme c’est surprenant, c’est pas comme ci cela ne nous pendait pas au nez, qu’il n y avait pas 150 milles film sur le sujet du tout connecter. Sans parler des marketeux obseder des donner qui vont rendre nos téléphones insupportable.

    Comme pour facebook, 10 ans après les gens se disent, mais et mes donnée perso, j’ai tout mit???

    bah oui!

    Brrrr, cela m’exaspère, la dictature dystopique on l’a mériterait tellement on est bête

    Moi j’ai un télephone pour télephoner, rien de plus, et des bloqueur sur internet, voila

    revenez au simple nom de dieu

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    • RV // 22.11.2017 à 18h34

      « les téléphones insupportables »
      Belle trouvaille, j’ai éclaté de rire,
      merci pour ce moment de franche hilarité.

        +1

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  • POL // 21.11.2017 à 18h38

    il est bien mignon votre article mais la réalité est que ce sont Le GrBr.Remain et Hillary qui ont été promus par le matraquage des médias informatisés … Avec les résultats que l’on sait…

    POL

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  • rolland // 21.11.2017 à 19h19

    Ceci est une vidéo animée « pour adulte » qui semble-t-il doit-être prise en compte et certainement de plus en plus, au fil de l’ignominie globale croissante, définissant notre civilisation et qui progresse de façon exponentielle, apparemment sans limite ……..bien à vous
    https://vimeo.com/242569435

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  • nicolas // 21.11.2017 à 21h37

    Il y a eu plusieurs études de faites sur ce sujet déjà.
    Ils appèlent cela le drainage cognitif.
    Ce qui revient à ce qui est dit ici : capter l’attention des utilisateurs par un processus d’aliénation permanent de l’attention.

    Pour finir une règle de base très pertinente que j’avais lu un jour :

    Dans un monde mercantiliste comme le notre , si vous ne savez pas quel est le produit dans une situation donnée , c’est que le produit … c’est vous même.

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  • Xavier // 21.11.2017 à 22h36

    Il y a un moment déjà que j’ai proposé ceci comme analogie : http://www.nouvellegrille.info/images/imgscc

    La saturation des capacités cognitives des « non-alphas » est un enjeu prioritaire pour les alphas.
    Heureux d’en lire une confirmation.

    Aussi sur le rôle des médias : http://nouvellegrille.info/images/imgeho
    Et sur celui d’une recherche orientée : http://nouvellegrille.info/images/imgpre

    Des petits dessins valant parfois mieux que des longs discours 😉

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  • elhierro // 21.11.2017 à 23h55
  • Kometa // 22.11.2017 à 03h22

    Tiens donc! Un ‘barbare’ repenti.

    Bigre! des types si `brillants`. Seraient mieux d’aller aider les mecs de chez Lockheed à faire fonctionner convenablement leur porte de grange nommée F35, synonyme de gouffre sans fond à plus de 1000 M$. Un peu plus exigeant que d’ajouter une platitude aux effets toxiques dans un programme, mais lorsqu’on prétend ‘réinventer le monde’ (tout en étant sociophate/psychopathe!) et ensuite se voir président des USA, comme Zouk-Le-Hamburger de chez FarceBook, y a rien d’impossible. Exécution.

    En passant, ‘dealer’/’pusher’ de la dope est passible de sanctions pénales, par ce que… effets délétères et addictions. Concourir à ‘gruyèrizer’ la cervelle de pans entier de population, est-ce du même ordre?

    Industries du net: Un beau cas pour l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).

    PS: Excellent sujet. Merci.

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  • jules vallés // 22.11.2017 à 13h29

    Alors là j’ai bien rigolé! Le coup du téléphone accroché au mur, disons que moi je me rappelle quand on communiquait avec les gens, face à face, comme des êtres humains!

    Sinon le mec c’est une grosse tête mais il ne connaît même pas Mickey dans » l’apprenti sorcier », alors pour Rabelais et « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » et Montaigne le sceptique ce n’est pas la peine de rêver

    Bref PATHÉTIQUE!!!!

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