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18.janvier.201818.1.2018 // Les Crises

CNN a autorisé du personnel militaire à travailler dans sa salle de rédaction, par Julian Borger

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Article historique – toujours utile !

Source : The Guardian, Julian Borger, 12-04-2000

Julian Borger, à Washington

Mercredi 12 avril 2000

Deux médias américains d’information de premier plan ont reconnu avoir autorisé des officiers chargés des opérations psychologiques à travailler comme stagiaires à leur siège durant la guerre du Kosovo.

Cable Network News (CNN) et National Public Radio (NPR) ont démenti que ces officiers « psy-ops » aient influencé leur couverture médiatique et ont déclaré que leur stage avait cessé aussitôt que des hauts responsables en avaient appris l’existence. De son côté, l’armée a indiqué que le programme avait simplement pour but de fournir à de jeunes spécialistes militaires des médias une expérience sur le mode de fonctionnement de l’industrie médiatique.

Les stagiaires étaient réduits à des tâches majoritairement subalternes comme la prise d’appels téléphoniques, mais le fait que des experts en propagande militaire n’aient été que seulement présents dans les salles de rédaction alors que des reportages sur le conflit au Kosovo étaient diffusés a déclenché une tempête de critiques et suscité des questions sur l’indépendance de ces médias.

« Peut-être que CNN était la cible d’une opération psychologique et qu’elle est encore trop naïve pour se rendre compte de ce qu’il se passait alors », a écrit Alexander Cockburn, chroniqueur de journal libéral. « Durant le conflit du Kosovo, comme pour les autres guerres récentes, l’écran de CNN affichait en permanence un défilé incessant de partisans belliqueux favorables aux bombardements, beaucoup d’entre eux étant des généraux américains en retraite. »

L’année dernière, CNN et NPR ont accueilli des officiers psy-ops comme travailleurs bénévoles temporaires (cinq à CNN et trois à NPR), appartenant tous au 4e Groupe d’Opérations Psychologiques, basé à Fort Bragg en Caroline du Nord. Pour rappel, les manipulations des médias américains par des opérations psychologiques militaires sont interdites par la loi.

Après que l’existence de ce programme à CNN ait été publiée par le journal hollandais Trouw, la chaîne l’a immédiatement annulé.

Susan Binford, directrice des relations publiques de CNN a déclaré : « Est-ce que tout ceci est embarrassant ? Oui. Cela nous a-t-il compromis du point vue journalistique ? Non. »

Toutefois, le groupe de surveillance indépendant Fairness and Accuracy in Reporting (Impartialité et Exactitude dans les Reportages) a posé la question dans un communiqué de presse : « Même si les officiers psy-ops travaillant en salle de rédaction n’ont pas influencé la diffusion d’informations, la chaîne a-t-elle permis aux militaires de mener une mission de recueil de renseignements à l’encontre de CNN elle-même ? »

Source : The Guardian, Julian Borger, 12-04-2000

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Commentaire recommandé

Alfred // 18.01.2018 à 06h39

Entre un jeune militaire en formation bien visible et qu’on ballade et un journaliste madré, aux manettes et de toutes façons acquis à la cause belliciste, je ne suis pas certain de savoir lequel pose le plus de problèmes… Virer sa cuti en balançant le premier permet de se racheter une virginité à bon compte. L’affaire était déjà entendue lorsque les mêmes ont décrit leurs confrères serbes sous les décombres comme des cibles légitimes (car « eux faisaient de la propagande de, pas nous »). Rien ne sera oublié ni pardonné.

22 réactions et commentaires

  • Alfred // 18.01.2018 à 06h39

    Entre un jeune militaire en formation bien visible et qu’on ballade et un journaliste madré, aux manettes et de toutes façons acquis à la cause belliciste, je ne suis pas certain de savoir lequel pose le plus de problèmes… Virer sa cuti en balançant le premier permet de se racheter une virginité à bon compte. L’affaire était déjà entendue lorsque les mêmes ont décrit leurs confrères serbes sous les décombres comme des cibles légitimes (car « eux faisaient de la propagande de, pas nous »). Rien ne sera oublié ni pardonné.

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    • Lemak // 18.01.2018 à 06h56

      Un scoop..??? CNN main dans la main avec les militaires(va en guerre) yankees au KOSOVO ….?allons donc ..! Mais c est plutôt à bras le corps l un dans l autre depuis la 1ere guerre du Golfe’
      Bon il est vrai que ceux nés depuis 98 ne peuvent faire remonter leur mémoire aussi loin!.

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  • atanguy // 18.01.2018 à 06h55

    C’est bien qu’on ait pu avoir cette information grace au Guardian,probablement le meilleur journal a lire sur les Etats Unis aujourd’hui. Ceci dit,il ne semble pas que CNN et PBS aient permis aux militaires de mettre leur nez dans les informations diffusées durant leur « stages » dans la salle de rédaction de ces journaux,qui d’ailleurs, sont bien entendu dirigés ou corrigés par d’autres intérêts plus… discrets.

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    • Vincent // 18.01.2018 à 10h07

      Le guardian est anglais et c’est un organe de propagande qui à mis toutes ses force pour que Corbyn ne puisse jamais prendre la tête du parti travailliste. Ça, n’a pas marché – les British, ont compris que c’est un journal va-t-en guerre dont le programme est celui de l’empire.
      Si vous voulez un petit compte rendu de l’ampleur des compromissions morales de cette saloperie vous pouvez aller voir ce site: https://off-guardian.org/

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  • Fritz // 18.01.2018 à 08h31

    Ah, les stagiaires, c’est bien utile pour faire tourner ma p’tite entreprise…

    C’est un peu le brin d’herbe qui cache la forêt : rappelons-nous que la PREMIÈRE source d’information pour nos radios et télés, durant la guerre du Kosovo, cette SOURCE IMPARTIALE était Jamie Shea, porte-parole de l’OTAN, dont l’accent très british berça nos oreilles tout au long des 78 jours de bombardements de ladite OTAN contre un petit pays.

    Jamie Shea semblait très à son aise, mais un an plus tard, il revint sur ces journalistes accrédités à l’OTAN, qu’il trouvait moutonniers, « un peu trop dépendants d’une seule source d’information ». Et le porte-parole de s’épancher : « J’étais un peu gêné d’être dans la situation où des journalistes, qui ne pouvaient pas être sur le terrain au Kosovo, voyaient en moi une sorte de source universelle » (Le Monde, 25 mars 2000, cahier spécial « Kosovo, un an après », p. x).

    La même organisation bombardait la Serbie et informait des « journalistes » consentants.

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  • Nicolas Anton // 18.01.2018 à 08h43

    « Des officiers chargés des opérations psychologiques » J’en conclus que la manipulation des consciences est une arme officielle chez les ricons. Et le monsieur fait son stage où ça ? Ben chez des experts, une salle de rédaction quoi.. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

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  • Kiwixar // 18.01.2018 à 08h50

    En parlant des « défèque niouzes », Trump dévoile le top 10 des fakes news fournies par les me.r.dias mainstream depuis qu’il a été élu :
    http://www.zerohedge.com/news/2018-01-17/trump-announces-winners-fake-news-awards

    WSJ, NYT et autres bouffons, pas un pour rattraper l’autre, et pourtant ils se font la course à la médiocrité, alternant erreurs volontaires et incompétence naturelle. Comme chez nous, quoi, mais en anglais.

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  • Fritz // 18.01.2018 à 09h04

    Après les journalistes « Embedded » (1991), les militaires stagiaires (1999).
    La liberté triomphe après la glorieuse chute du Mur de Berlin, et d’abord la liberté d’intoxi…., euh, la liberté d’informer.

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  • francois Marquet // 18.01.2018 à 09h05

    A propos du Fake News Award, le bonhomme irrite, mais quel coup marketing génial! Il était sous pression avec le russiagate, il renvoie la pression sur les média avec les fake news. Jupiter devrait étudier ça, lui qui se lance contre les fake news malgré 95% de la presse derrière lui. Cherchez l’erreur!

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    • jm // 18.01.2018 à 09h43

      J’ai noté ça, une comparaison de Trump avec Staline pour ses critiques contre la presse / les media : http://www.20minutes.fr/monde/2204103-20180117-republicain-compare-trump-staline-attaques-contre-presse

      J’ai noté aussi la conclusion de l’article écrit par un « journaliste », qui borde : « Des erreurs journalistes arrivent, c’est inévitable. Mais en général, elles sont suivies de conséquences. »
      Décidément cette corporation est salement corporatiste, et très alignée et homogène en pensée (enfin, pensée, je ne vois que rarement de la pensée mais beaucoup de bêlements…), et cela n’a que peu à voir à mon avis avec la version interprétative de la concentration via le Kapital, et en effet elle cette corporation est devenue un vrai problème « démocratique », Trump a raison sur ce point.

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      • Emmanuel Grenier // 18.01.2018 à 10h58

        Cette profession est pour l’essentiel atteinte de psittacisme. Et c’est un ancien journaliste qui parle 😉

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        • jm // 18.01.2018 à 11h36

          Si vous permettez je préfère le concept de bêlement. Car il est plus large et englobe les choses suivantes : ils sont élevés et pas qu’un peu et ont renoncé sans même le savoir bien souvent à toute liberté notamment de penser ; il y a des patous de garde pour les garder au cas où un s’écarterai du droit chemin ; ils se déplacent en troupeau ultra uni et ultra coordonné ; il y a quelques bergers dans des cabanes chauffées plus ou moins au loin des prairies à ciel ouvert pour veiller à l’ensemble ;
          leur psittacisme, et il y a psittacisme, ne recouvre que la facette suivante, leur capacité hors norme à répéter des syllabes clés sans comprendre ni les mots ni les phrases et encore moins les textes ceci par effet mimétique.
          Manque toutefois leur fatuité dans tout ça, le mouton au moins n’est pas fat.

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  • Emmanuel Grenier // 18.01.2018 à 10h57

    Je propose une correction de traduction à la place de « le fait que des experts en propagande militaire n’aient été que seulement présents dans les salles de rédaction « , peu compréhensible : « le fait que des experts en propagande militaire aient été même simplement présents dans les salles de rédaction »

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  • theuric // 18.01.2018 à 11h05

    C.N.N. est un médiat américain, me semble-t-il.
    Quand au Kosovo, il avait obtenu son indépendance avec l’aide bienveillante de l’empire U.S., après la destruction de la Serbie, n’est-il pas.
    De C.N.N., je m’en contrebalance, je m’en tape le coquillard.
    Que les médiats U.S. soient surveillés par des forces militaires, policières, politiques ou de services plus ou moins secret, et alors, ce sont les U.S.A. et non pas la France, non?
    L’empire n’est pas dieu sur terre, ni le diable d’ailleurs (Trump), c’est un empire, aujourd’hui à l’agonie, et il agit en tant que tel, ni plus, ni moins.
    Le prendre en exemple, en bien ou en mal, c’est se considérer de facto comme étant toujours une colonie U.S..
    Tout comme utiliser des anglicismes comme « fake news » inventés par ces bons manipulateurs des officines impériales.
    Parce que se débarrasser d’un empire commence toujours par le symbolique, et la langue en est le premier vecteur!

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    • Loxosceles // 18.01.2018 à 13h10

      Bof. Les USA sont encore en effet l’empire le plus influent dans le monde, même s’il semble qu’on soit sur la fin. Il ne s’agit pas de les prendre en exemple en bien ou en mal, mais de remarquer de quelle manière ils nous influencent, et ceci n’a rien à voir avec le fait de se sentir vassal ou non. Dans cette perspective, refuser les anglicismes ou le franglais me semble assez dérisoire et il me semble plus intéressant d’observer de quelle manière ces termes rentrent dans le langage, fut-il médiatique. Détourner le dos ou prétendre refuser leur influence pour se centrer sur ce qui serait prétendument franco-français (alors que nous sommes en interaction perpétuelle avec le reste du monde) ne change à peu près rien à cette influence qu’il est toujours bon de dénoncer ou de décrypter.

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      • theuric // 18.01.2018 à 14h31

        Comprendre les mécanismes est, en effet, important.
        Pour autant, l’expression « fausse nouvelle » me paraît être toute aussi parlante.
        Il est normal que les colonies prennent une part plus ou moins importante du langage de l’empire dominateur.
        Bien qu’il y ait une spécificité ici de l’anglo-américain, voire de l’anglais, qui en est venu à remplacer le latin en tant que langue universelle et scientifique.
        Dès lors il se passe la même chose qu’en Europe il y a quelques siècles de cela, c’est à dire que tout le monde en vient à parler l’anglais.
        Or, si vous faites parti de l’élite mondialisée scientifique, politique, économique et autres, vous devez pouvoir rester distinct de la masse, entre-autre par le langage que vous employez.
        Si une majorité de la population mondiale parle l’anglais ou tout simplement le baragouine, il vous faut impérativement trouver une autre langue pour conserver votre spécificité hiérarchique.

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        • theuric // 18.01.2018 à 14h50

          Laquelle, sinon la langue française qui offre en même temps complexités et précisions, avec, de plus, une orthographie complexe et un ensemble de phonèmes retrouvés que rarement dans d’autres langages, tels que les sons « je », « in », « ouin » ou « u ».
          C’est pourquoi je trouve stupide d’employer des terminologies inutiles tel que « fake news », facilement traduisible, ceci en raison même de l’importance que commence à prendre la langue française au plus haut de la hiérarchie sociale à l’international.
          Quand, dans le même temps, la francophonie est délaissée par notre classe dirigeante, il est vrai qu’elle n’est plus à une absurdité près.
          C’est pourquoi je dis et affirme que notre premier devoir, notre volonté d’indépendance doit commencer par notre éloignement de l’anglo-américain.
          Ce qui m’amuse le plus est de constater l’importance de la place géopolitique et géostratégique de notre pays et de voir le nombre d’olibrius qui n’y comprennent rien.
          Parce que, croyez le bien, cette place, dorénavant, est, par nature, et si nous ne décidons pas collectivement, les événements décideront pour nous, que nous le voulions ou non.

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      • theuric // 18.01.2018 à 15h14

        Bon, j’interviens encore.
        Nous sommes le résultat de plusieurs identités, la nôtre propre, celle de notre ou de nos groupes constitué ou de socialisation (club de foot, ville, région, pays…) et, ce, entre autre par la langue partagée, celle de notre sexualisation (homme ou femme), celle de notre espèce…..
        Le tout s’emboitant plus ou moins bien comme des poupées gigognes.
        Si vous ne faites que douter de l’une de ces composantes, vous vous retrouvez avec des problèmes psychologiques et/ou sociologiques plus ou moins graves suivant la nature de ce doute.
        Ne trouvez-vous pas étrange que participant à une union, nous n’entendions que des chansons françaises ou anglo-américaines, rarement italiennes, allemandes, portugaises ou espagnoles?
        Signe, à mon sens, d’une instabilité sociétale grave.
        C’est que j’aime les musiques grecques ou balkaniques,quand à celles polonaises, hormis celles de Chopin, qui les connaît?
        Pour moi, cela signe l’empreinte impériale et sa vulgarité.
        Vulgarité ayant de but de lui être soumis corps et âme!

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  • Louis Robert // 18.01.2018 à 12h04

    Il est grand temps de faire son deuil, une fois pour toutes, de tous ces médias pervertis et mondialement discrédités, de détourner le regard et de les ignorer tout à fait, au profit de sources d’information et de réflexion plus nourrissantes…

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  • rosecestlamort // 19.01.2018 à 18h20

    une erreur s’est malencontreusement glissée dans le titre de cet article, il fallait bien évidemment lire « Le Pentagone a autorisé CNN à recopier la propagande fournie par ses agents de liaison dans sa salle de rédaction », le lecteur attentif aura rectifié de lui-même

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    • Vincent // 19.01.2018 à 21h05

      Rouge c’est la vie,

      Tout à fait; parfois il faut savoir interpréter…

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