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26.mai.201726.5.2017 // Les Crises

Comment la partialité des médias nourrit une escalade des tensions en Syrie, par Rick Sterling

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Source : Rick Sterling, Consortium News, le 10/04/2017

Exclusif: Les médias de masse américains rapportent comme un « fait avéré » la culpabilité du gouvernement syrien dans l’attaque chimique du 4 avril, mais la réalité des faits est moins claire et plusieurs disent le contraire, déclare Rick Sterling.

L’historien et journaliste Stephen Kinzer a déclaré, « On retiendra de la couverture médiatique du conflit syrien qu’elle est l’un des épisodes les plus honteux de la presse américaine. » Cette dernière semaine, la couverture de l’attaque à l’arme chimique au nord de la ville syrienne de Khan Sheikhoun ne fera que s’ajouter à ce douteux héritage.

Le président Trump délivre un discours bref à la nation expliquant sa décision de lancer une frappe de missiles contre la Syrie le 6 avril 2017. (Capture d’écran provenant de Whitehouse.gov)

A travers les principaux médias d’information américains, il n’y a presque pas eu de scepticisme montré et pratiquement aucune divergence d’opinion autorisée. En quelques heures, le jugement précipité du président syrien Bashar al-Assad comme coupable s’est cristallisé en une totale uniformisation de la pensée.

L’exemple de PBS Newshour, qui a typiquement organisé des « débats » en direct entre deux invités qui partageaient la même hostilité envers le gouvernement Assad, a réitéré ceci le 4 avril, permettant à deux autres féroces opposants de dire quasiment ce qu’ils voulaient.

Susannah Sirkin, de l’organisme Physicians for Human Rights fondé par Soros, a déclaré, « Nous savons que du sarin a été utilisé auparavant par le régime d’Assad. » Mais cela n’a jamais été confirmé par un organisme crédible. Au contraire, l’enquête la plus complète pointe une utilisation du sarin par l’armée de l’opposition, et non le gouvernement syrien.

L’autre invité était Andrew Tabler de l’institut néoconservateur israélite de Washington pour la politique du Proche-Orient. Son éditorial de l’automne dernier rend clair ses intentions : « Le contexte pour (enfin) bombarder Assad. » Donc, le public ayant regardé cette chaîne publique a eu droit à sa dose normale de propagande anti Assad.

Le New York Times, dans ces gros titres écrivit « La pire attaque chimique depuis plusieurs années en Syrie ; l’Amérique accuse Assad, » un article du correspondant de sécurité nationale Michael Gordon, qui réussit en quelque sorte à rester un journaliste « respecté » malgré son rôle influent dans la promotion du mythe des armes de destruction massive qui ont justifié l’invasion en 2003 de l’Irak. Dans ce cas, Gordon et sa co-auteur Anne Barnard ont présenté le dossier à charge pour Assad comme attendu, l’accusant avant même qu’il y ait eu suffisamment de temps pour faire une enquête superficielle.

A l’époque de l’attaque au sarin en 2013, ils avaient aussi affirmé que « le renseignement américain avait conclu » que le responsable était le gouvernement syrien, ce qui était également faux. Le renseignement américain était en désaccord avec les affirmations de l’administration d’Obama, ce qui forçat la Maison-Blanche à créer un nouveau type de rapport appelé « évaluation gouvernementale » au lieu de l’estimation traditionnelle du renseignement.

C’est stupéfiant que Gordon et Barnard, deux supposés experts du Moyen-Orient et de la sécurité nationale, ne savaient pas cela, ou peut-être moins stupéfiant qu’ils aient laissé leur partialité tromper intentionnellement le public. Les Veteran Intelligence Professionals for Sanity (Vétérans du renseignement pour la santé mentale) ont expliqué la signification du tour de passe-passe de l’administration Obama dans le mémorandum, « Un appel pour la Syrie – La preuve de l’utilisation du sarin. »

Mais les progressistes peuvent dire que tout ceci, c’est la routine à PBS et le New York Times. Alors ils se tournent vers « DemocracyNow » cherchant une alternative sérieuse. Sauf que « DemocracyNow » est complètement biaisé dans sa présentation de la Syrie. Ils promeuvent seulement la perspective de ceux qui soutiennent l’opposition armée et/ou l’intervention occidentale en Syrie.

Le 5 avril, les présentateurs du programme ont interviewé le Dr Rola Hallam, tristement célèbre pour avoir été le centre du documentaire « Saving Syria’s Children » dont le propos était de montrer une attaque au napalm ou arme chimique à Alep, mais qui finalement s’est révélée, sous le feu de la critique, comme entièrement fabriquée. Le 6 avril, « DemocracyNow » a interviewé une autre « syrienne » qui vit dans l’ouest de la Syrie et promeut l’intervention occidentale : Lina Sergie Attar.

Cela n’a surpris personne, mais la performance des médias sur CNN, MSNBC et autres chaînes n’a pas été meilleure. Dans le spectre des médias grand public, il n’y a virtuellement aucune diversité ou opinion sur ce qui qui s’est passé ou pas à Khan Sheikhoun. Tout le monde savait juste qu’Assad était coupable.

Il n’est aussi pas surprenant que le Président Trump – après avoir subi la critique pendant des mois pour sa volonté d’engager de meilleures relations avec la Russie, et pour essayer de changer la politique étrangère de l’Amérique, – s’est servi de cette occasion pour se repositionner comme étant un type vraiment intransigeant, un « président-guerrier » à la grande joie des néocons et des interventionnistes libéraux.

Un Examen Attentif

Donc, qu’est-il arrivé à Khan Sheikhoun ? L’histoire, en fait, a sans doute débuté environ deux semaines avant. Le 22 mars, les militants anti-gouvernement ont renversé la ville de Khattab contrôlée par le gouvernement, et kidnappé des civils et les ont emmenés dans la ville contrôlée par l’opposition Khan Sheikhoun.

Le Secrétaire d’État Rex Tillerson prêtant serment le 21 février 2017. (Capture d’écran provenant de Whitehouse.gov)

Le 30 mars, le secrétaire d’État Rex Tillerson et l’ambassadeur des États-Unis à l’ONU Nicki Haley indiquèrent que la chute d’Assad n’était plus une priorité, au contraire, le but principal était de battre l’État islamique et les autres groupes terroristes. Tillerson a déclaré que l’avenir d’Assad devait être décidé par le peuple syrien, et Haley a dit que l’administration de Trump ne se focaliserait pas « sur le renversement d’Assad. »

Ces commentaires ont suscités des critiques sévères de la part des américains néocons, des interventionnistes libéraux et des leaders israélites et tous ceux qui sont obsédés par un « changement de régime » en Syrie durant les six dernières années.

Puis, le 4 avril, il y a eu des rapports sommaires sur des enfants et autres civils tués par empoisonnement chimique dans la ville de Khan Sheikhoun dans la province d’Idlib, un secteur contrôlé par des rebelles connectés à al-Qaïda. On blâma aussitôt Assad pour ce bombardement d’armes chimiques, mais les récits au départ racontaient le contraire. Certains ont déclaré que les gens ont senti une odeur de gaz : d’autres ont dit que le gaz a causé des morts immédiatement, comme le gaz inodore sarin. En tout, il est rapporté la mort d’environ 80 personnes. [Photos, vidéos, analyses et autres sources sont documentés dans « A Closer Look At Syria. » (« Un examen plus approfondi sur la Syrie »)]

Mais des problèmes ont surgi en évaluant ce qui est arrivé vraiment à Khan Sheikhoun, y compris le manque de fiabilité de certaines sources. Une vidéo montre le Dr. Shajul Islam, né et éduqué au Royaume-Uni, qui a vu son diplôme médical suspendu à cause de son implication dans l’enlèvement du journaliste John Cantlie en Syrie, qui a plus tard été libéré puis repris en otage avec l’américain John Foley (qui fût décapité par Daesh). Cantlie est encore otage.

Après qu’une affaire criminelle contre Shajul Islam au Royaume-Uni s’effondra parce que Cantlie et d’autres victimes ne pouvaient pas témoigner, Islam, d’une manière ou d’une autre, retourna en Syrie dans un territoire tenu par al-Qaïda. Après l’incident de l’attaque chimique, Islam fut largement cité par les publications occidentales comme une source majeure d’information.

Il y a aussi de curieuses caractéristiques dans les vidéos, qui décrivent une scène dans une carrière de calcaire avec ce qui ressemble à des grottes et des dépôts de stockage avec des camions à plateaux et des corps dispersés sur le sol. D’autres vidéos montrent une clinique où des « sauveteurs » Casques Blancs s’occupent des corps sans porter de gants, ce qui est très étrange sur des victimes d’attaque chimique.

Mais les reportages sur le terrain furent immédiatement acceptés pour argent comptant par les médias occidentaux, qui sont depuis longtemps enclins à croire toute déclaration négative sur Assad. Tout aussi rapidement, le Sénateur John McCain et autres néo conservateurs se sont joints au chœur, rappelant la vieille idée communément admise que le président Obama n’avait pas fait respecter sa « ligne rouge » après l’affaire du sarin en 2013 (puisqu’il reste le groupe de pensée le plus mal informé à Washington, pensant qu’Assad a ordonné cette attaque au sarin.) Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a aussi suivi le mouvement, avec un appel renouvelé à la guerre contre la Syrie, postant sur Twitter qu’il est temps pour la communauté internationale de « remplir ses obligations de 2013. »

Dans cette cacophonie d’indignation anti-Assad – et avant une quelconque collecte de preuves sérieuses – l’administration Trump a commencé à appuyer la version du bombardement chimique par le régime d’Assad. Le 5 avril, le Président Trump a publiquement blâmé le gouvernement syrien malgré les rapports contradictoires.

Il a dit : « L’attaque chimique d’hier en Syrie (était) contre des gens innocents, y compris des femmes, de petits enfants et même de beaux petits bébés. Leur mort est un affront à l’humanité. Ces actions haineuses du régime d’Assad ne peuvent pas être tolérées… mon attitude envers la Syrie et Assad a beaucoup changé. »

Dès le lendemain, le 6 avril, Trump a ordonné une « frappe militaire ciblée » sur la Syrie avec 59 missiles Tomahawk attaquant une base aérienne syrienne près de Homs. La base est utilisée pour soutenir le combat contre L’État islamique en Syrie orientale et contre Nosra affiliée à al-Qaïda dans la province d’Idlib. Selon les rapports de Syrie, la frappe de missiles a tué sept ou huit soldats et quelques neuf civils, y compris quatre enfants, mais l’attaque a rapporté à Trump les applaudissements de beaucoup de ses plus féroces critiques sur sa politique étrangère, dans le monde politique et les médias grand public.

Les Théories

Mais la véritable histoire derrière les morts de Khan Sheikhoun reste pleine d’incertitudes, avec le renseignement US qui cherche encore à éclaircir le mystère et des éléments qui pointent vers la responsabilité de l’armée d’opposition et non pas le gouvernement syrien.

Le Président syrien Bashar al-Assad.

Il y a quatre théories de base sur ce qui est arrivé :

– Le récit dominant en Occident est que le « régime » syrien a lâché des armes chimiques illégales sur des civils par un simple acte de barbarie, ou, alternativement, parce qu’il célébrait son impunité suivant l’annonce de l’administration de Trump de l’abandon du renversement d’Assad.

– Puis il y a la possibilité d’une fuite accidentelle des gaz chimiques à cause d’une frappe aérienne par les militaires syriens sur un dépôt d’armes d’al-Qaïda où des armes chimiques étaient entreposées, brisant les containers et provoquant la dispersion du gaz sur le secteur. Le ministre de la défense russe a déclaré que des combattants avaient une usine de fabrication d’armes, comprenant des composants d’armes chimiques.

– Une autre théorie est que les morts faisaient partie d’une opération psychologique au cours de laquelle des civils kidnappés à Khattab, et possiblement d’autres personnes, ont été tués ou empoisonnés au cours d’un évènement mis en scène, poussé par le désespoir grandissant des groupes rebelles et al-Qaïda, surtout après l’annonce en mars de l’abandon de l’objectif d’éviction d’Assad par les États-Unis.

– Il y a aussi la possibilité qu’une puissance étrangère, énervée par l’annonce de l’administration Trump, ait aidé à cette opération psychologique en livrant le gaz utilisé dans la ville.

Malgré la décision hâtive de Trump de blâmer et punir le gouvernement d’Assad, les analystes du renseignement américain sont toujours en train d’examiner les preuves, ce qui comprend la surveillance aérienne de la zone. Cependant, quelles que soient les conclusions de la CIA – si elles contredisent Trump – elles resteront secrètes pour un futur indéfini, car le Président a déjà agi.

Pourtant, il y a des faits, des antécédents et des motifs circonstanciels qui nous conduiraient à croire que le plus vraisemblable serait que l’armée d’opposition est responsable, pas le gouvernement.

(1) Cet évènement et sa publicité est bénéfique à l’opposition, pas au gouvernement.

Les enquêtes criminelles commencent habituellement par la question : Qui a un mobile ? Dans ce cas, c’est absolument clair que l’armée d’opposition et ses alliés sont les bénéficiaires de cet évènement. Ils ont utilisé cette histoire pour conforter l’image démoniaque du gouvernement d’Assad et renouveler un appel aux US et au « monde » à intervenir.

Non seulement ceci a conduit l’administration Trump à revenir sur son abandon récent de l’objectif de renversement d’Assad, qui fut le « mantra » d’Obama, mais ces morts interviennent alors que le gouvernement syrien fait d’importants progrès dans plusieurs régions. Le gouvernement n’avait aucune raison d’utiliser des armes chimiques même s’il en avait encore après le renoncement à son arsenal chimique en 2014. En fait, le gouvernement avait toutes les raisons de NE PAS utiliser d’armes chimiques, sachant parfaitement que la propagande de l’opposition serait écoutée par les médias occidentaux.

Il est aussi instructif de s’intéresser au timing. Ici, les évènements de Khan Sheikhoun se sont produits la veille d’une importante conférence sur la Syrie à Bruxelles, dont l’objet était « contribuer à l’avenir de la Syrie et de la région », qui a été totalement occultée par la nouvelle de l’attaque chimique attribuée au gouvernement syrien.

(2) Les terroristes étaient probablement responsables de l’attaque chimique de 2013 à Damas.

Les supporters occidentaux de l’opposition armée ont rapidement condamné le gouvernement syrien pour l’attaque chimique de Ghouta le 21 août 2013. Cependant, des enquêtes réalisées par les journalistes et chercheurs les plus crédibles conclurent qu’Assad n’était probablement PAS responsable. Seymour Hersh et Robert Parry déclarèrent que l’attaque avait plus probablement été fomentée par des militants avec l’appui du renseignement turc.

L’enquête en profondeur titrée WhoGhouta conclut : « Le seul scénario plausible qui corrobore tous les indices est une attaque par les forces d’opposition. » Une étude du MIT fit une analyse détaillée des trajectoires et conclut que les missiles contenant le gaz sarin ne pouvait avoir été tirés depuis une zone gouvernementale. Ce rapport contredisait celui non étayé du gouvernement US qui faillit conduire le président Obama à lancer une frappe américaine contre les positions des forces du gouvernement syrien. « Des renseignements faux auraient pu conduire à une intervention américaine injustifiée, » confirmait le rapport du MIT.

(3) Des groupes d’opposition armés ont des antécédents de mise en scène d’incidents

Depuis le départ, le conflit syrien incluait une guerre de propagande. La Secrétaire d’État Hillary Clinton se vantait de « former plus de 1000 activistes, étudiants et journalistes indépendants, » un programme qui était une invitation à l’opposition armée à vendre son conflit aux occidentaux par le biais d’une propagande sur les médias sociaux, y compris avec des fables déchirantes centrées sur des enfants souffrants, des histoires héroïques de rebelles modérés généreux ou des « sauveteurs Casques Blancs » encore plus altruistes.

Un volontaire Casque Blanc montrant les conséquences d’une attaque militaire.

En décembre 2012, le journaliste Richard Engel de la NBC a apparemment été kidnappé et torturé par les supporters « shabiha » du gouvernement syrien. Engel et son équipe furent ensuite « libérés » des rebelles par l’Armée Syrienne Libre après une fusillade avec les soi-disant kidnappeurs pro-Assad. En fait, toute l’histoire depuis l’enlèvement jusqu’à la libération était un canular monté pour diaboliser les partisans d’Assad tout en glorifiant les « rebelles ». La vraie histoire fit surface des années plus tard après que les évènements réels furent divulgués. Et juste avant d’être révélée au grand jour, Engel admit la vérité.

Le monde sait maintenant que les vrais ravisseurs de journalistes occidentaux étaient les rebelles djihadistes qui avaient décapité des otages, dont les américains James Foley et Steven Sotloff.

(4) Les partisans de l’armée d’opposition ont à leur actif plusieurs coups montés pour diaboliser le gouvernement Syrien.

En février 2014, il fut annoncé qu’un photographe militaire syrien déserteur, appelé anonymement par le nom de code « Caesar », avait en sa possession 55 000 photos illustrant la torture et le meurtre de 11 000 civils syriens innocents. Cet évènement défraya la chronique, fût repris dans des interviews en direct par CNN, et fit la une dans toute la presse occidentale. Toute l’histoire reposait sur le jugement d’un procureur qui l’avait « vérifié » et avait émis un rapport « Caesar » la veille du lancement des négociations de paix à Genève. Ceci perturba efficacement les discussions et facilita le refus des « rebelles » de se joindre à la table des négociations.

En réalité, la « vérification » et le rapport fût commandé par le gouvernement du Qatar, l’un des principaux bailleurs de fonds de l’armée d’opposition. Depuis, nous avons découvert que quasiment la moitié des 55 000 photos montrait l’exact contraire : des soldats syriens morts et des victimes d’explosion, mais aucun civil torturé. Ce qui illustre l’une des fraudes mise à jour dans cette histoire sensationnelle. [Un rapport détaillé du cas « Ceasar » est disponible ici.]

Perdu dans la propagande

Entre la réalité que les guerres sont toujours brutales et l’introduction d’une propagande sophistiquée qui exagéra et monta de toutes pièces des exactions du gouvernement syrien, la compréhension par le public occidental reste très confuse quant aux évènements se produisant en Syrie.

Michael Oren, ancien ambassadeur israélien aux USA.

Il y a aussi, dans l’ombre, les néoconservateurs israéliens et américains qui œuvrent pour la destitution d’Assad depuis des dizaines d’années et qui ont même déclaré récemment qu’ils préfèreraient même une victoire d’al-Qaïda ou de l’État islamique au gouvernement d’Assad, à cause de ses liens étroit avec l’Iran.

Comme disait l’ancien ambassadeur israélien aux États-Unis, « nous avons toujours voulu qu’Assad s’en aille, nous avons toujours préféré des rebelles qui ne sont pas soutenus par l’Iran à ceux qui le sont. »

En 2010, avant le début du conflit, la Secrétaire d’État Hillary Clinton fit savoir à Damas que les Américains souhaitaient que la Syrie accepte les exigences principales des israéliens : mettre fin à sa collaboration avec le Hezbollah, réduire ses liens avec l’Iran et négocier un accord avec Israël. Après que la Syrie repoussa ces demandes, la guerre du « changement de régime » commença en 2011.

Cependant, avec l’intervention russe en soutien du gouvernement syrien en 2015 et la libération par l’armée d’Alep Est, repoussant les rebelles d’al-Qaïda au nord de la province d’Idlib, les perspectives des Israéliens et des néoconservateurs s’amenuisèrent. Pire encore, l’élection de Donald Trump laissait subodorer une approche plus pragmatique du conflit, le statut d’Assad étant laissé aux Syriens lors des prochaines élections.

Cette possibilité devenait une dure réalité à la fin mars avec la déclaration de Tillerson et Haley. Mais alors, au moment désespéré où vacillait le long et sanglant « changement de régime », comme par un heureux hasard, une attaque chimique se produisit dans la ville éloignée de Khan Sheikhoun.

Maintenant que Trump a de nouveau retourné sa veste sur la Syrie en autorisant une frappe aérienne sans attendre une enquête un tant soit peu sérieuse ou des preuves concrètes, il est félicité par le Congrès et les médias. Étant donné l’appétit connu de Trump pour la reconnaissance, on voit soudainement arriver et s’accroître dramatiquement le risque d’une crise majeure avec la Russie, qui possède l’arme nucléaire, débuter en Syrie, mais pas seulement.

Le vent souffle de nouveau dans les voiles de l’opposition armée et de ses nombreux alliés étrangers.

Rick Sterling est un journaliste d’investigation.

Source : Consortium News, le 10/04/2017

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Commentaire recommandé

Fritz // 26.05.2017 à 05h55

Si les médias se trompent et nous trompent sur Khan Cheikhoun, c’est parce qu’ils le veulent.
Cela fait plus de 25 ans que ça dure : Timisoara, le Koweit, la Bosnie, le Kosovo, l’Irak, la Libye, la Syrie, l’Iran, la Russie : jouer sur l’émotion, abêtir le public, mentir, intimider les dissidents en les traitant de complices et complotistes, aller toujours vers le pire.

La logique du pire avait été définie par Hannah Arendt comme le moteur du système totalitaire.

Nous sommes bien dans un système totalitaire, certes sans les camps (pour l’instant). Que faire pour s’en libérer ? Espérer en une conflagration ? En provoquant la Russie toujours plus loin, notre système va vers la conflagration. Faut-il l’espérer ?

15 réactions et commentaires

  • Fritz // 26.05.2017 à 05h55

    Si les médias se trompent et nous trompent sur Khan Cheikhoun, c’est parce qu’ils le veulent.
    Cela fait plus de 25 ans que ça dure : Timisoara, le Koweit, la Bosnie, le Kosovo, l’Irak, la Libye, la Syrie, l’Iran, la Russie : jouer sur l’émotion, abêtir le public, mentir, intimider les dissidents en les traitant de complices et complotistes, aller toujours vers le pire.

    La logique du pire avait été définie par Hannah Arendt comme le moteur du système totalitaire.

    Nous sommes bien dans un système totalitaire, certes sans les camps (pour l’instant). Que faire pour s’en libérer ? Espérer en une conflagration ? En provoquant la Russie toujours plus loin, notre système va vers la conflagration. Faut-il l’espérer ?

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    • Richard Bouillet // 26.05.2017 à 10h28

      @ Fritz
      « La logique du pire … comme moteur du système totalitaire ». A se demander de quel système vous parlez… De celui qui sans le soutient de son peuple multiconfessionnel n’aurait pu tenir un mois face à la violence extrême de l’agression ou de celui qui depuis des générations met le monde à feu et à sang?… Je ne suis ni pro-Assad ni pro-Poutine mais j’estime que des propos (si peu) ambigus tels que les vôtres font au moins autant de torts que ceux des médias aux ordres.

        +0

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      • Fritz // 26.05.2017 à 10h34

        @ Richard Bouillet

        Je pensais que mon propos était clair… Ni la Russie, ni la Syrie du président Assad n’ont pris prétexte de Timisoara, du Koweit, de la Bosnie, du Kosovo, de l’Irak, de la Libye, de la Syrie évidemment, de l’Iran, de la Russie évidemment, pour mettre le monde à feu et à sang. S’il existe un « troisième totalitarisme », c’est celui de l’Occident impérialiste et régressif.

          +18

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        • Richard Bouillet // 26.05.2017 à 10h56

          Autant pour moi!
          Et comme cette réponse est parait-il trop courte pour exprimer une idée construite je rajoute ces quelques mots..;-)

            +5

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    • olivier // 26.05.2017 à 10h58

      Tres bon constat ! A la question «  Que faire pour s’en libérer ? » il faudrais d’abord répondre à la question : quel est-il ? Pour le définir on pourrais s’attacher par exemple a regarder vers qui ses attaques sont les plus virulentes, et contre qui il se construit.
      On ne trouvera donc pas la réponse ici, car si le site porte la signature «  Espace d’Autodéfense Intellectuel » il y manque le terme « Progressiste ». Ce non-dis empeche toute interrogation légitime des courants souterrains qui nous emporte petit a petit vers ce nouveau totalitarisme. Un angle mort qui pousse à la faute. Car c’est bien du côté du progressisme et de l’humanisme qu’il faut regarder. On peut bien évidement en débatre et en discuter. Mais on regrettera de ne pas en trouver ici. Comme on regrettera de révéler les faux-semblants, manipulations et mensonges des médias, mais de rester à la surface des choses. Ceci dis j’ai plaisir à trouver ici certaines lectures, je ne jetterais pas la pierre. Restons vigilant.

        +2

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  • Julie // 26.05.2017 à 09h18

    Ce matin, journal de 8h sur Fr Culture, l’Egypte pas démocrate bloque l’accès à 20 sites dont al Jazeera car seraient des sites critiques au régime. Rien sur le fait que l’Arabie saoudite aussi et que cela est la conséquence de décisions prises à Riyad contre tout soutien aux Frères musulmans par le fameux « softpower » et sur fond de clash ouvert entre le Qatar et l’Arabie saoudite depuis 2 jours!! Le Angry Arab a quelques articles sur ce qu’il se passe ces jours-ci dans le Golfe.

      +3

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  • Lysbeth Levy // 26.05.2017 à 09h41

    Ah un bel article qui pose les vraies questions et réponds aux fausses, rien a voir avec les coupures des presse « mainstream » qui répète les mêmes mensonges « ad nauséum », voilà pourquoi la colère de ces MSM contre les alternatifs qui avec moins de moyens n’en font pas moins un beau travail d’investigation sur ces évènements graves. II faut espérer que grace à cette presse dite alternative, et malgré les « decodex », ces génocides stoppent comme ces guerres contre les peuples du sud. Une petite ONG italienne elle aussi accuse les médias de faux sur les rapports César et la prétendu attaque chimique d’Assad sur son propre peuple selon la vieille formule chère aux occidentaux : http://www.sibialiria.org/wordpress/?p=3326 trouvé sur le site Proche&Moyen-Orient http://prochetmoyen-orient.ch/en-bref/ SYRIE : CACHEZ CE RAPPORT QUE L’ON NE SAURAIT VOIR ! Michel Annequin. article utile sur un site bien utile aussi…

      +7

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  • Robert16 // 26.05.2017 à 10h20

    Cela fait trente ans que les médias occidentaux mentent sur l’international, rien de nouveau sous le soleil…
    En tout cas, hier a été une journée très importante avec la reprise par l’armée syrienne d’un territoire considérable sur l’Etat Islamique : http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2017/05/bamba-a-palmyra.html
    Peut-être un des tournants de la guerre…

      +8

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  • RGT // 26.05.2017 à 11h35

    Ça me rappelle l’histoire des soldats allemands qui, durant la 1ère guerre mondiale, venaient dans les villages belges pour violer les ch’ties filles, les ch’tis garçons et commettre des actes barbares.

    Cette information a largement contribué à remonter la population française contre ces « sales boches violeurs d’enfants ».

    Dans toute guerre il y a hélas des atrocités commises par les deux camps, mais généralement ces horreurs sont commises sur ordre de la plus haute hiérarchie et par des fanatiques bien embrigadés.

    La pire des choses dans TOUTES les guerres est bel et bien la propagande qui est « vendue » aux peuples moutonniers pour se mobiliser contre « l’ennemi ».

    Comme le disait le regretté Pierre Desproges : « L’ennemi est con, il croit que c’est nous l’ennemi alors que c’est lui ».

    Individuellement les peuples n’ont AUCUNE raison d’avoir de haine à l’encontre des autres mais une fois embrigadés par des gourous ils sont prêts à aller massacrer leurs voisins, même au sein de la même nation.

      +12

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  • de Chantal // 26.05.2017 à 11h46

    Bonjour,

    Cà fait un moment que, voyant comment agit le Président Trump, je me demande si sa façon de réagir aussi vite et aussi fort, mais en prévenant pour qu’il y ait le moins de mort possible, n’est pas tout simplement une façon de produire un choc sur les médias américains , pour les obliger à prendre conscience, si c’est possible, qu’il doivent au moins vérifier ce qu’ils disent …..
    Mais bon !!!! Je ne suis qu’une femme , et blonde, de surcroit …..

      +5

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  • Seraphim // 26.05.2017 à 11h53

    Question sur: « la Secrétaire d’État Hillary Clinton fit savoir à Damas que les Américains souhaitaient que la Syrie accepte les exigences principales des israéliens : mettre fin à sa collaboration avec le Hezbollah, réduire ses liens avec l’Iran et négocier un accord avec Israël. »
    De quel accord s’agissait-t-il? De l’abandon des revendications sur les hauteurs du Golan? Est-ce pour cela que quelques jours après le début de l’intervention russe en 2015, Netanyahu était à Washington pour dire: « OK pour l’intervention russe anti-Daesh. Mais je veux des garanties qu’on ne me demandera pas de restituer le Golan » (garanties qu’Obama était bien incapable de fournir…).
    Ou s’agit-il d’autre chose?

      +1

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  • Julie // 26.05.2017 à 13h16

    Détente au NYT? on parle enfin des Syriens non-rebelles?
    https://www.nytimes.com/2017/05/24/magazine/aleppo-after-the-fall.html?_r=2

      +1

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    • Julie // 26.05.2017 à 13h55

      on trouve dans l’article des photos de l’hôpital ophtalmologique d’Alep, utilisé par les rebelles comme QG, et que le journaliste a visité

        +1

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      • Lysbeth Levy // 26.05.2017 à 18h43

        Bonsoir Julie, avez vous accès à cet article ? Car en effet il fait le tour du net et tranche avec ce qu’avait écrit ce même journal quelques années avant.lors de l’annonce du printemps « syrien »…Sinon les bons « rebelles » se font avoir a cause de leur « profils » suivis par des « alternatifs » et on trouve de drôles de faits ou « no news » comme le dit Olivier : https://clarityofsignal.com/2017/05/02/father-of-invention-media-portrayed-grief-stricken-dad-turns-out-to-be-al-nusra-front-terrorist/ je peux me tromper mais à force de trouver des « infos » sur les fameux « sauveteurs », ou « bons rebelles » dit « modérés » qui se révèlent être des « agents » jouant un rôle, de vrais terroristes qui pourraient être traduits devant la Justice Syrienne officielle. Il est vrai qu’ils ont été exfiltrés pour la plupart du côté turc .mais ils sont nombreux à être « débusqués » avec des recherches de profils facebook ou vidéos youtube.Voilà pourquoi plus personne n’y crois à la narrative occidentale. ..

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  • christian gedeon // 26.05.2017 à 13h24

    Tout çà,on le sait depuis le départ..depuis les « manifestations populaires pacifiques de Deraa », « l’assassinat de Gilles Jacquier » des bidons explosifs,de l’attaque chimique de la Ghouta,des multiples « dernier hôpital  » d’Alep, des casques blanc soros,etc…etc…la question n’est donc pas celle des manipulations,qui crèvent les yeux.Mais bien plutôt de la stupidité évidente de ceux qui se laissent prendre à ce genre d’information.Et beaucoup plus grave encore,de la responsabilité morale(sic!) mais aussi pénale des dirigeants occidentaux qui ont largement aidé à la création d’Al Nosra (nos amis qui font du bon boulot)et de Daech,soit disant indirectement. Un jour,lointain,la justice passera peut être

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