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2.mai.20202.5.2020 // Les Crises

Coralie Delaume : « À terme, l’Union européenne ne peut qu’éclater »

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Source : Socialter

L’Europe est actuellement la région du monde la plus touchée par la pandémie de COVID-19. Or, l’Union européenne est aux abonnés absents depuis le début de la crise sanitaire. Alors que s’est tenu hier un énième sommet européen « de la dernière chance », nous avons interrogé l’essayiste Coralie Delaume, autrice, notamment, de La fin de l’Union européenne (Michalon, 2017) et Le couple franco-allemand n’existe pas (Michalon, 2018).

Comment analysez-vous la réponse de l’UE à la crise du COVID-19 ?

L’Union européenne essaie de mettre en place une réponse à la gigantesque crise économique qui vient, qui risque d’être bien plus grave que celle de 2008-2012. Pour l’instant, l’Eurogroupe (le cénacle qui réunit les ministres des Finances de l’UE) a acté un paquet de mesures représentant 540 milliards d’euros, et la Commission doit désormais faire des propositions pour financer un fond de relance de l’économie. Pour les mesures décidées par l’Eurogroupe, il s’agit de SURE, un plan d’aide aux États ayant mis en place des régimes de chômage partiel, de crédits aux entreprises via la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et de possibilités d’emprunt au Mécanisme Européen de Stabilité (MES). Ce dernier est une structure créée en 2012 qui lève des fonds sur les marchés pour prêter aux États à des taux inférieurs à ceux dont ils auraient bénéficié en empruntant eux-mêmes sur ces marchés. Il faut noter que les 540 milliards mis sur la table sont majoritairement constitués de prêts. À ce titre, ils devront tôt ou tard être remboursés.

Le point le plus litigieux était celui du recours au MES. Le problème, c’est que lorsqu’un État demande l’aide de cette structure, il y a une conditionnalité : l’État emprunteur doit ensuite mener des politiques d’austérité sous supervision de l’Union européenne. En Italie par exemple, où il y a actuellement un débat houleux sur cette question, l’option MES est vue comme annonciatrice d’une mise sous tutelle du pays. Du coup ça tangue un peu au sein de la coalition italienne car l’un des partenaires de la coalition au pouvoir, le Mouvement 5 Étoiles, ne veut pas que le pays demande l’aide du MES. Il ne veut pas que l’Italie devienne à terme la nouvelle Grèce, pays dont on se souvient qu’il a dû subir la tutelle de la Troïka.

L’Italie, mais aussi l’Espagne, aimeraient de leur côté que l’UE émette des eurobonds ou « coronabonds », c’est-à-dire de la dette fédéralisée. Ces deux pays et d’autres arguent du fait qu’un surcroît de solidarité européenne est justifiée par le fait que la crise économique actuelle n’est pas liée à la mauvaise gestion de tel ou tel pays, mais bien la conséquence d’une crise sanitaire que personne n’attendait, et qui touche tous les États membres. Mais la question des « coronabonds » se heurte à l’opposition des pays dit « frugaux » [notamment l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche, ndlr], qui ont toujours refusé de « payer pour le Sud ». Et qui risquent de refuser encore longtemps.

Les solutions financières mises en place par l’Union européenne sont donc loin d’être suffisantes à l’heure actuelle. Ne faudrait-il pas simplement annuler des dettes ? Ou les monétiser comme le font désormais les Britanniques et les Américains ?

Effectivement, on pourrait imaginer que la BCE annule un certain nombre de dettes qu’elle détient dans son bilan. Des économistes le proposent. C’est en principe possible mais le problème est surtout politique. Là encore risque de surgir un affrontement entre les orthodoxes représentant des pays « frugaux » et hétérodoxes représentant des pays débiteurs. Au sein du Conseil des gouverneurs de la BCE, où se retrouvent les banquiers centraux des pays de la zone euro, un accord sur ce sujet serait très difficile à obtenir.

Nous avons en permanence cette ligne de fracture : d’un côté les pays débiteurs, souvent des pays périphériques, qui demandent plus de solidarité et plus de transferts financiers. De l’autre, les pays créditeurs du cœur de l’Europe, qui sont les grands gagnants du Marché unique et de l’euro, ou alors de la libre circulation des capitaux, comme les Pays-Bas qui sont un paradis fiscal, et qui ne veulent pas payer pour ceux qu’ils considèrent comme « laxistes » ou « dispendieux ».

Cette peur de devoir supporter le supposé laxisme budgétaire des pays du Sud (Italie, Espagne, Portugal, Grèce…) est-elle fondée ?

Oui et non. Ça fait longtemps maintenant que l’Europe du Sud est soumise à beaucoup d’austérité. Par exemple, l’Italie a fait beaucoup d’efforts et est plutôt un bon élève de la zone euro : elle est très endettée certes, mais il s’agit d’une vieille dette, qui date des années 1980 environ. Et ce sont les intérêts de cette dette qui lui coûtent cher et la mettent en déficit. À côté de cela, le pays est en excédent budgétaire primaire depuis les années 1990 [c’est-à-dire que le budget italien serait excédentaire si le pays n’avait pas les intérêts de sa dette à rembourser, ndlr]. C’est d’ailleurs une très mauvaise chose. Ça veut veut dire que les Italiens dépensent trop peu dans leurs services publics, qu’ils sous-investissent. On voit aujourd’hui les conséquences de l’austérité sur le système de soins italien, qui est l’une des causes du lourd tribut que paie le pays au COVID.

Où se situe la France dans ces lignes de fractures ? On a parfois l’impression qu’elle hésite entre le camp des pays du Sud et celui conduit par l’Allemagne.

On est en train de voir que le sort de la France dans cette crise est plus proche de celui de l’Italie que de celui de l’Allemagne. La France tend à se croire à égalité avec l’Allemagne, elle fantasme un prétendu « couple franco-allemand ». Les élites françaises sont par ailleurs fascinées de longue date par le « modèle allemand », on dirait qu’elles veulent épouser l’Allemagne. Mais on voit aujourd’hui que l’Allemagne s’en sort bien mieux que la France face au COVID-19. C’est sans commune mesure. Cela tient notamment au fait que l’Allemagne est restée très industrialisée contrairement à nous. Et ça, elle le doit au Marché unique (qui a remplacé le marché commun en 1986), à l’existence de l’euro, qui est sous-évalué pour l’Allemagne et la rend artificiellement compétitive, ainsi qu’aux élargissements de l’UE à l’Est en 2004 et 2007 qui lui ont permis de reconstituer un hinterland industriel. La grande puissance industrielle qu’est l’ex-RFA est capable de fabriquer des tests Covid en grande quantité quand la France manque de masques. De nombreuses entreprises industrielles allemandes se sont aussi mises à fabriquer du matériel pour les hôpitaux.

L’absence de solidarité européenne a fait massivement grimper l’euroscepticisme dans des pays traditionnellement pro-européens comme l’Italie et l’Espagne. Peut-on imaginer que ces pays finissent par quitter l’UE ou la zone euro ?

Je ne pense pas pour l’Espagne, même s’il est vrai que le Premier ministre espagnol a récemment eu des mots beaucoup plus durs que d’ordinaire. En Italie au contraire, toute une batterie de sondages récents montrent que les gens sont déçus voire dégoûtés par l’Union européenne, dont ils considèrent qu’elle ne les aide pas face aux conséquences économiques du Covid. En plus, cela intervient après la crise des migrants, où les Italiens avaient déjà eu l’impression de se retrouver seuls en première ligne. Voilà deux fois qu’ils ont l’impression d’être lâchés. Beaucoup de pessimisme donc. Le 10 avril, un sondage de l’institut italien Tecnè indiquait qu’en cas de référendum sur l’appartenance à l’Union européenne, le maintien dans l’UE obtiendrait 44 % des voix et « l’Italexit » 42 %. Au coude à coude donc, et ce avant même qu’une campagne électorale n’ait eu lieu ! Ça montre l’énormité de la défiance dans ce pays qui fut quand même l’un des fondateurs, un membre de l’Europe des Six.

L’économiste et sociologue Stefano Palombarini évoque un paradoxe de l’euro : « quand l’économie se porte bien, en sortir serait plus simple, mais personne n’y pense ; quand l’économie se porte mal, les effets bénéfiques de la souveraineté monétaire apparaissent plus clairement, mais sortir devient beaucoup plus compliqué ». Qu’en pensez vous ?

Je suis d’accord. Stefano Palombarini n’est d’ailleurs pas le seul à le dire. C’est aussi le propos d’Emmanuel Todd dans son dernier livre Les luttes de classe en France au XXIème siècle. Todd explique que si les Français sont frileux à l’égard d’une sortie de l’euro, c’est parce que ça va mal et que lorsque ça mal, on répugne à prendre le risque d’un choc économique énorme. Or si ça va mal, c’est justement parce qu’on est dedans. Il y a donc bien un paradoxe de l’euro.

L’euroscepticisme a beau progresser, beaucoup de Français s’en distancient. Les très faibles scores électoraux de l’UPR, les ambivalences des partis d’opposition comme le Rassemblement National et la France Insoumise n’indiquent-ils pas, au fond, que les Français tiennent à l’intégration européenne ?

Il me semble que les gens sont de plus en plus critiques sur l’UE. Mais pas encore assez, c’est vrai. J’ai le sentiment qu’ils font encore insuffisamment le lien entre la politique économique qui est menée à l’échelon national, et ce qui est induit par notre appartenance supranationale. On ne leur a pas suffisamment expliqué que notre souveraineté économique a presque totalement disparu. Avec l’euro, nous avons perdu notre souveraineté monétaire. Corrélativement, nous avons abandonné notre souveraineté budgétaire : il faut quand même savoir que dans le cadre du « semestre européen », la Commission européenne reçoit les projets de lois de finances avant même les parlements nationaux ! Nous avons également perdu la main sur notre politique commerciale, puisqu’il s’agit là d’une « compétence exclusive » de l’UE. Actuellement, toute une batterie de traités de libre-échange sur le modèle du CETA sont en cours de négociation au niveau de la Commission européenne (avec le Mercosur, avec l’Australie, avec la Nouvelle-Zélande…). Enfin, nous n’avons plus le loisir de mener une véritable politique industrielle puisque l’UE proscrit les « aides d’État ». Tout ça n’est pas forcément clair dans l’esprit des gens. Tout le monde ne réalise peut-être pas à quel point l’Europe encadre l’action des États membres dans le domaine de l’économie et combien, dans ce cadre rigide, les marges de manœuvre sont réduites.

Parce que nous n’avons presque plus d’outils de politique économique, la seule possibilité d’ajustement est le « coût du travail ». Pour gagner en compétitivité, il ne nous reste que l’option de baisser la rémunération du travail sous toute ses formes. D’où les réformes récentes du Code du travail comme la loi El Khomri sous Hollande ou les ordonnances Pénicaud sous Macron. On peut aussi, ceci dit, jouer sur la fiscalité, d’où cette tendance à baisser sans cesse les impôts des plus riches dans l’espoir que ça « ruissellera » (qu’on pense au Prélèvement forfaitaire Unique ou à l’allègement de l’exit tax par exemple).

Bref, la marge de manœuvre en matière économique au niveau national est devenue quasi-nulle pour les pays qui appartiennent à l’UE et surtout à la zone euro. Or peu de formations politiques importantes l’expliquent. De même, les partis n’expliquent guère les rapports de forces existant au sein de l’Union, le fait que certains pays y ont beaucoup gagné et d’autre beaucoup perdu, le fait que l’Union européenne n’est pas un espace de coopération pacifique entre nations égales mais le lieu d’une concurrence féroce entre elles, dont certaines (la Grèce par exemple) sortent laminées.

Le discours autour de l’Union européenne est souvent très manichéen, opposant partisans d’une plus forte intégration à ceux qui défendent le Frexit. N’existe-il pas des possibilités intermédiaires ? À quoi fait référence l’idée d’« Europe des nations » que certains politiques emploient ?

L’Europe des nations n’est pas une solution « intermédiaire ». C’est un changement de paradigme qui nécessiterait que l’existant soit défait. Il s’agirait d’une Europe organisée autour de nations qui auraient recouvré leur souveraineté et qui coopéreraient pour mener à bien des projets circonscrits. C’est un peu le modèle qu’on a utilisé pour Airbus, à l’origine une coopération franco-allemande, qui fut ensuite élargie à d’autres pays. Il s’agirait de mettre en commun des moyens, mais en aucun cas d’abandonner des bouts de capacité décisionnelle, c’est-à-dire de souveraineté. L’Europe des nations telle que je me la figure serait aussi une Europe à géométrie variable, où l’on ne serait pas obligé de marcher du même pas à 27. Chaque État pourrait choisir à quoi il participe ou pas en fonction de son histoire, de sa géographie, de ses tropismes économiques, etc.

Le problème avec l’Union européenne, c’est qu’on a fait une Europe en partie supranationale, en partie intergouvernementale. Il y a de vrais morceaux de fédéralisme, comme la monnaie unique par exemple, gérée par une banque centrale fédérale, mais laquelle n’est adossée à aucun État fédéral. Ça ne peut pas marcher ! À partir de là deux possibilités : soit on fait un « saut fédéral » comme certains le proposent, c’est-à-dire qu’on créée un nouvel État-nation européen. Mais ça me paraît absolument impossible politiquement et je pense qu’aucun pays ne le souhaite vraiment. Soit on défait tout cela. Mais on ne peut pas rester dans cet entre-deux. À terme, ça ne peut qu’éclater. Et entre temps ça aura généré beaucoup de dégâts.

Source : Socialter


Coronavirus : l’Union européenne menacée de désarticulation

Source : Challenges, Denis Jeambar

Face à la pandémie, les 27 pays de l’UE ont choisi le chacun pour soi. Les fractures existantes au sein de l’Union en sont aggravées. Ce n’est pas un coup de grâce mais la fin d’un rêve.

Mais que restera-t-il de l’Union Européenne (UE) au terme de cette pandémie ? Certes, ses dirigeants cherchent des réponses communes dans leurs colloques virtuels, débloquent des centaines de milliards mais, chaque jour qui passe, aggrave, hélas, les fractures déjà inquiétantes de l’Union. Quelle Union, demain ? Le repli de chaque Etat membre derrière ses frontières est plus qu’un symbole d’un sauve-qui-peut désordonné dans la tempête. Avec ce printemps épidémique, les réflexes nationaux, voire nationalistes, ont ressurgi en un tour de main, aussi vite que bourgeons et fleurs dans la nature. Le  »un pour tous, tous pour un » si souvent promis et plaidé est devenu un chacun pour soi. Il y a bien eu des gestes de solidarité sous le choc de la première vague, des malades accueillis de l’autre côté des frontières, mais ils ne peuvent masquer la réalité. Pour l’essentiel, chaque pays a mené sa propre politique sanitaire et choisi ses mesures sans trop se préoccuper de ses voisins. Comme le confie le philosophe Pierre Manent dans Le Figaro du 24 avril :  » Les diverses nations sont rentrées chez elles. C’est la fin du bovarysme européen. »

Il est vrai aussi que la santé n’a jamais été mise dans le pot commun bruxellois. La responsabilité première de la protection de la santé et des systèmes de soins incombe aux Etats membres de l’UE. Néanmoins, l’Union s’était fixée comme objectif de  » protéger les citoyens contre les menaces pesant sur la santé et d’améliorer la surveillance et la préparation face aux épidémies.  » La faillite en ce domaine est totale. Chacun, recroquevillé comme un escargot dans sa coquille, est donc entré dans la bataille avec ses seuls moyens. Du coup, cette épreuve est devenue un moment de vérité pour chacun des pays de l’UE, le révélateur brutal de leurs capacités sanitaires réelles. Et de leurs différences. Si la pandémie est loin d’être vaincue, les chiffres et les comportements politiques dévoilent des stratégies si diverses devant cet ennemi pourtant commun que l’on ne voit guère comment l’Union pourrait mieux surmonter ces différends demain qu’hier. Certes, pour des raisons économiques, nul ne pouvant se désarrimer de l’UE sans courir le risque de sombrer, comme le montre le Brexit, l’Union poursuivra sans doute tant bien que mal son chemin et placera ceux qui en ont besoin sous oxygène financière. Cette solidarité a minima n’empêchera pas, cependant, les fractures de s’aggraver.

La faillite du modèle sanitaire de la France

L’épidémie amplifie, en effet, les désaccords préexistants de l’Union et en brouille un peu plus les cartes. L’Union se composait déjà de trois blocs : l’Europe du Nord cimentée par sa rigueur budgétaire ; l’Europe du sud caractérisée par son laxisme économique et financier ; l’Europe de l’Est, de plus en plus prospère et de moins en moins démocratique. La France occupait, elle, une place singulière : son rang de septième puissance mondiale et la qualité de ses infrastructures créaient une proximité avec l’Europe du Nord mais son laxisme budgétaire la rapprochait du Sud.

Ces trois grands groupes survivent à l’épidémie mais la crise sanitaire les éloigne plus encore les uns des autres. Dans ces bouleversements en cours, la France est, elle-même, sous le coup d’une menace : être définitivement rangée parmi les pays du Sud, ce club méditerranée mis sous pression, en raison de son laxisme, par les pays de l’Europe du Nord et leur chef de file, l’Allemagne. Le bilan sanitaire de notre pays, 22 856 morts au soir du dimanche 26 avril, en fait l’un des pays les plus touchés derrière l’Italie (26 644 morts) et l’Espagne (23 190). Le taux de mortalité pour 100 000 cas confirmés y était le 26 avril de 14,09, le plus élevé derrière la Belgique (15,39), devant l’Italie (13,59) et l’Espagne (10,2).

Même s’il faut utiliser ces chiffres avec prudence – chaque Etat a sa propre comptabilité macabre et le nombre de personnes testées varie d’un pays à l’autre – ils révèlent tout de même des convergences entre certains pays dont les hôpitaux sont débordés et manquent de ressources. Le désarmement sanitaire actuel de la France, qui la rapproche de l’Italie et de l’Espagne, apparaît aussi dans l’étude que vient de conduire l’Organisation pour la coopération économique (OCDE) sur le dépistage dans ses 36 pays membres : mi-avril, le taux de dépistage hexagonal pour mille habitants (5,1) était trois fois plus faible que celui de la moyenne de tous les Etats appartenant à l’OCDE. D’autres études de l’OCDE relèvent encore que le nombre de médecins pour mille habitants est stable en France (3,2) depuis 2000, alors qu’il progresse dans tous les pays de l’UE dont le taux moyen est de 3,6. Sans tirer de conclusions hâtives, il faut malgré tout noter que les pays qui ont le plus grand nombre de médecins par habitants – dans l’ordre, la Grèce, l’Autriche, le Portugal et l’Allemagne – sont en cette fin de mois d’avril parmi les moins frappés par l’épidémie.

Ces différentes données éclairent les défaillances de nos structures, notamment le manque de lits, de respirateurs, de tests et de masques. Elles mettent en outre un terme à l’idée reçue, et jamais débattue, selon laquelle notre pays a le meilleur système de santé du monde. Dépenser beaucoup – ce que nous faisons – ne se conjugue pas de toute évidence avec dépenser bien. De fait, les pays les moins touchés par la pandémie ne sont pas nécessairement ceux qui consacrent le plus aux dépenses de santé. L’épidémie fait jaillir des questions qu’il faudra bien affronter et éclaircir.

Dans les rapports de force au sein de l’Europe, ce bilan sanitaire ne peut guère renforcer l’influence de la France. Elle ne pourra plus, également, défendre la pertinence de son modèle. Malgré son record européen en matière de dépenses publiques, l’efficacité n’est pas au rendez-vous dans le domaine sanitaire. Or les pays qui, pour l’heure, résistent le mieux à la contagion sont, d’une manière générale, les plus respectueux de la rigueur budgétaire.

L’échec du rêve d’une Europe solidaire et humaniste

Ce constat concerne, d’ailleurs, deux pays du Sud qui, depuis plusieurs années, sous la pression de Bruxelles, s’acharnent, non sans succès, à redresser leur économie. Miraculés de la crise financière de 2008 en raison de leurs efforts, ils le sont aussi dans cette crise sanitaire : la Grèce avec 1,2 morts pour 100 000 habitants et le Portugal avec 8 décès. Après de terribles plans d’austérité, ces deux pays ont certes encore de lourdes dettes héritées de leurs errements passés mais de très faibles déficits voire des excédents (-0,5% pour le Portugal ; +1,1% pour la Grèce). A méditer aussi !

Connue pour sa rigueur, l’Europe du Nord, avec des stratégies sanitaires diverses, connaît à ce stade de l’épidémie une situation moins dramatique. A l’exception de la Belgique, et dans une moindre mesure des Pays-Bas, tous les pays du Nord de l’UE enregistrent des chiffres moins catastrophiques que les trois grands pays du sud de l’Union. Tous, sauf la Belgique, connaissent également une situation budgétaire saine et sont peu endettés. Ce qui leur donne plus de marges de manœuvres pour relancer leur économie.

Ces situations sanitaires contrastées entre le Nord et le Sud de l’Europe amplifient, évidemment, les nombreux désaccords accumulés entre ces deux Europe au cours des dernières années. Les uns, rigoureux, rechignent à payer une fois encore pour les autres qui ne le sont guère ou pas assez. Les difficultés des 27 à se mettre d’accord sur un plan de relance en sont la conséquence directe. Les tensions qui existaient ne peuvent donc que s’exaspérer. Seule l’interdépendance économique des 27 les empêche de courir le risque d’une rupture. Elle serait économiquement fatale pour tous. L’Europe politique ne peut, en revanche, que souffrir de cette situation. La preuve en vient plus que jamais de l’Est européen. Les gouvernants de Pologne et de Hongrie, notamment, où l’impact de l’épidémie est pour l’heure très faible, ont fait de l’état d’urgence sanitaire une arme pour resserrer leur pouvoir et bâillonner leurs oppositions. Sans la moindre réaction de la commission de Bruxelles ! En dépit d’une résolution du Parlement européen contre ces deux pays pour l’adoption dans cette crise sanitaire  » de mesures totalement incompatibles avec les valeurs européennes « , elle leur a même alloué des sommes plus importantes qu’à l’Italie pour lutter contre le virus. Une sorte de récompense qui ne peut guère freiner les dérives anti-démocratiques de ces deux pays.

Il est désormais évident que l’Union Européenne ne sortira pas indemne de cette crise sanitaire. Elle contribue à la fois à y aggraver les tensions qui existaient sur les questions budgétaires, à y distendre les liens politiques et à renforcer les replis nationalistes. Conçue au départ comme un espace de paix et de prospérité elle devient de plus en plus une simple zone d’échanges économiques où les égoïsmes nationaux prennent à nouveau le dessus. Ce n’est pas un coup de grâce mais la fin probable d’un rêve.

Source : Challenges, Denis Jeambar


Coralie Delaume : «Un choc externe pourrait provoquer l’éclatement de l’Union européenne»

Source : Le Figaro – 11-03-2020

Coralie Delaume revient sur les crises (économique, migratoire et sanitaire) qui minent les pays européens. Selon elle, l’Union européenne, et plus largement le système globalisé, sont au bord du précipice.

Coralie Delaume est essayiste. Elle a notamment écrit Le Couple franco-allemand n’existe pas (Michalon, 2018) et 10+1 Questions sur l’Union européenne (Michalon, 2019). Elle anime également, depuis 2011, le blog L’Arène nue.

Les mesures que vient de prendre le gouvernement italien sont historiques. Le pays est à l’arrêt. Quelles sont les conséquences à prévoir?

Coralie DELAUME.- Ce qui se joue avec l’épidémie de coronavirus est décisif. Ce pourrait être «l’accident industriel» qui révèle l’incurie du système, un peu comme Tchernobyl a révélé celle du soviétisme. Elle pourrait invalider les présupposés du néolibéralisme et de l’européisme, l’Union européenne n’étant que la mise en œuvre la plus poussée, à l’échelle continentale, de l’idéologie néolibérale. Comme le dit le philosophe italien Diego Fusaro : «on nous a dit que les frontières devaient être abattues. Que le privé était meilleur que le public. Que l’État était le mal. Que les hôpitaux devaient être fermés pour des raisons économiques (…) il aura suffi d’un virus pour montrer la fausseté du néolibéralisme».

De fait, les effets de l’austérité néolibérale n’ont pas tardé à se faire sentir en Italie. Un article de La Croix qui a beaucoup ému, rapporte les paroles terribles de médecins italiens. Ils expliquent que faute de moyens suffisants, ils doivent choisir de soigner en priorité les patients susceptibles de survivre, quitte à sacrifier les autres. Un rapport de la fondazione Gimbe de décembre 2019 indique qu’en dix ans, l’Italie a réduit ses dépenses hospitalières de 37 milliards et fermé 70 000 lits. Les hôpitaux manquent de bras, au point que le gouvernement du pays a publié un décret visant à permettre l’embauche en urgence de 20 000 soignants. C’est énorme, ce qui laisse penser que le déficit en personnel du système de soins l’est aussi. Mais que dire de notre propre situation? L’interminable grève des urgences et les témoignages de médecins sur leurs conditions de travail nous ont appris qu’en France, l’hôpital public est à bout…

Sur le plan de l’austérité, toutefois, l’Italie est allée bien plus loin que la France. Il faut dire que le pays n’a pas connu un point de croissance depuis son entrée dans l’euro, la monnaie unique ayant tué la compétitivité de son économie. Cela n’a pas manqué de faire grimper son taux d’endettement (quand le PIB n’augmente pas, le ratio dette / PIB ne peut que croître). Du coup, pour que l’Italie reste solvable et continue à rembourser son énorme dette (2 400 milliards), Bruxelles n’a de cesse de prescrire à Rome des mesures d’austérité, que les gouvernants zélés du pays, qu’ils soient «techniques» (Monti) ou d’extrême-centre (Renzi) acceptent d’appliquer. Du coup, le pays est en excédent budgétaire primaire (avant paiement des intérêts de la dette), et ce depuis longtemps. L’Italie est donc une bonne élève de la zone euro. Mais on sait le sous-investissement public chronique, la dégradation des services publics et le manque de fonctionnaires que ces recettes austéritaires induisent.

En tout état de cause, c’est une économie déjà malade qui se trouve désormais à l’arrêt. Et probablement bientôt en récession. Sans compter qu’à la dette colossale et à la croissance atone, il faut ajouter la fragilité des banques. Leur situation s’est certes améliorée dans la période récente. Elles ont réussi à se défaire d’une part importante des créances pourries qui figuraient dans leurs bilans. Mais l’État italien a dû voler au secours de nombre d’entre elles, y compris récemment, en décembre 2019, avec l’injection d’urgence de 900 millions d’euros dans le capital de la Banca Popolare di Bari .

Ceci dit, les banques italiennes ne sont pas les seules à être fragiles. Qu’on pense à la Deutsche Bank, par exemple… Et à l’économie allemande tout entière, d’ailleurs.

En effet, cela fait un moment que l’économie allemande tourne au ralenti. La crise va-t-elle aggraver les choses?

Sans doute. Ça pourrait même tourner au désastre. Le pays, dont le modèle économique a été entièrement conçu pour tirer profit de la mondialisation, a déjà beaucoup pâti du ralentissement chinois et des tensions commerciales entre Washington et Pékin. Le secteur de l’automobile, qui y représente près de 5 % de la richesse créée et pas moins de 800 000 emplois, est à la peine. Pour la troisième année consécutive, la production du secteur a chuté en 2019 (-9%). Or l’année 2020 vient de s’ouvrir sur une longue mise en pause de l’économie chinoise, l’Empire du Milieu étant le premier partenaire commercial de l’Allemagne.

De manière plus générale, à l’heure où l’on commence à évoquer la nécessité de «démondialiser» l’économie planétaire, un pays ayant autant misé sur le «tout à l’export» et sur l’extraversion ne peut qu’éprouver une profonde remise en cause de son modèle.

Mais il y a plus. Ledit modèle a produit des excédents considérables que la République fédérale, «règle d’or» budgétaire et «zéro noir», obligent, à thésauriser au lieu de les consacrer à l’investissement public. Du coup, des sommes folles demeurent dans la sphère financière faute d’être employées, ce qui rend l’Allemagne vulnérable en cas de crise financière. Comme le dit ici l’économiste Alexandre Mirlicourtois «à la moindre conflagration de la planète finance, l’Allemagne peut se retrouver nue et voir s’évaporer des décennies de parcimonie».

En somme, l’une des économies les plus fragiles de la zone euro (l’Italie) et la plus importante d’entre elles (l’Allemagne) risquent d’être gravement secouées.

Et la France, dans ce contexte?

On ne sait pas encore dans quelle mesure l’épidémie va se propager ni si le pays va devoir fonctionner au ralenti. Ce qui est inquiétant c’est que si une grande crise économique advient, les salariés seront plus vulnérables qu’en 2008. La loi El Khomri, votée sous Hollande, et les ordonnances Pénicaud, œuvre de Macron, ont modifié le code du travail et rendu les licenciements plus faciles. Or les gens qui se retrouveront au chômage seront moins bien indemnisés… puisque l’assurance-chômage a été réformée en ce sens l’année dernière. Encore peut-on se féliciter du fait que la France n’ait pas encore adopté la retraite par capitalisation, même si tout est fait, depuis la loi PACTE (qui a créé le «Plan d’épargne retraite») jusqu’à la «loi retraites» elle-même, pour qu’on y vienne peu à peu. Qui a envie, dans le contexte actuel, de dépendre des cours de bourse pour financer sa retraite?

Avec le coronavirus, on a un peu oublié la nouvelle crise migratoire à la frontière gréco-turque…

C’est vrai. L’Union européenne est cernée par les crises présentes et potentielles en tous genres, qui sont elles-mêmes les conséquences de la manière dont elle est bâtie, et de la manière dont elle a géré les précédentes (crise des dettes souveraines puis de l’euro de 2008-2012, crise des migrants de 2015).

S’agissant de la seconde, l’Allemagne a d’abord fait le choix en 2015 de l’accueil massif de migrants. Puis elle s’est ravisée et est allée négocier seule avec l’autocrate d’Ankara. Angela Merkel a fait, de sa propre initiative et sans consulter ses partenaires, un marché avec la Turquie, dont l’un des volets consistait à payer ce pays pour qu’il retienne les migrants sur son sol. On a si bien payé (six milliards), que le gouvernement turc en a conclu qu’il était facile de faire chanter l’Europe. Il recommence donc son chantage, en utilisant cyniquement les migrants, quitte à les faire conduire en bus à la frontière grecque pour les enjoindre de passer. Grâce à ce chantage, Erdogan était parvenu en 2015 à arracher l’ouverture de nouveaux chapitres d’adhésion de son pays à l’UE. Cette fois, il tente d’obtenir une aide militaire en Syrie. Et d’empocher quelques millions supplémentaires au passage.

Bien évidemment, le pays européen qui est en première ligne face à la Turquie, c’est la Grèce. La Grèce dont on a complètement détruit l’économie à coups de «Troïka» et de «mémorandums». La Grèce dont la population est à bout, ce que l’on peut comprendre. Le peuple grec a le sentiment que sa souveraineté est bafouée sans cesse et dans tous les domaines, que l’on ne tient compte de son avis sur rien, et que l’Europe – qui ne semble nullement décidée à prendre des sanctions économiques contre la Turquie – ne l’aide pas. Les habitants des îles se mobilisent donc: à Chios et à Lesbos, des affrontements ont eu lieu la semaine dernière entre la population (qui ne veut pas voir se construire de nouveaux camps dans ces îles déjà surpeuplées) et les forces de l’ordre grecques. Mais du coup, de la même manière que les Grecs ont été régulièrement traités de fainéants et de fraudeurs fiscaux pendant toute la «crise grecque» de 2015, ils se font à présent qualifier de miliciens d’extrême droite….

Crise sanitaire, nouvelle crise migratoire qui couve, crise financière naissante, possible crise économique dans la foulée: dans le même temps, l’Union européenne est plus désunie que jamais, peut-elle survivre à tout cela?

Ça dépendra de l’ampleur des différentes crises. Je n’ai jamais cru à la possibilité que la France «sorte» de l’UE. C’est techniquement possible, et ça l’était déjà avant que n’entre en vigueur le traité de Lisbonne ayant introduit le fameux article 50. Un pays souverain peut à tout moment répudier un traité qu’il a signé, et/ou sortir d’une organisation internationale à laquelle il a adhéré. En revanche, le «Frexit» me semble politiquement invraisemblable.

Pour autant, je ne crois pas non plus à la survie à long terme du monstre supranational que nous avons créé – ni à celle de la monnaie unique. Je ne vois donc qu’un scénario plausible, celui du choc externe provoquant l’éclatement. Le coronavirus est un choc externe que personne n’attendait et dont on n’a encore aucune idée des conséquences qu’il aura. D’autant qu’il s’ajoute à d’autres choses ainsi qu’on vient de le voir. Je suis un peu désolée d’avoir à dire cela car ce n’est ni enthousiasmant, ni même rassurant. Mais hélas, ce n’est pas parce qu’une chose est angoissante qu’elle est évitable.

Il faut bien sûr rester prudent, personne ne lit dans le marc de café. L’ordre ancien ne veut pas mourir, et il a fait la preuve plus d’une fois de sa détermination à se perpétuer. Il me semble toutefois qu’on approche du la fin. De celle de l’Union européenne et de celle de ce dont elle est un avatar: la mondialisation néolibérale.

Source : Le Figaro

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

Fritz // 02.05.2020 à 08h54

Mme Delaume a raison de parler de « monstre supranational ». Trop de commentateurs parlent d’Europe fédérale pour faire passer l’inacceptable. Un pays fédéral, c’est la Suisse (non sans drame, il a fallu passer par la guerre du Sonderbund), les États-Unis (idem, guerre de Sécession), l’Allemagne actuelle, la Yougoslavie après 1945, la Russie actuelle. La prétendue Europe fédérale, c’est en fait une Europe supranationale, prolongement de l’Allemagne, qui passe par la soumission ou la destruction des autres nations.

Je me demande comment mes collègues enseignants qui croyaient encore à la fable européiste pourront continuer à dire à leurs élèves « gna gna l’Europe nous protège gnan gnan », après le drame de cette épidémie qui a démontré l’incapacité flagrante de l’UE. Sans oublier les oukazes de l’UE pour détruire les politiques de santé publique.

56 réactions et commentaires

  • Barbe // 02.05.2020 à 07h01

    La vérité passe par l éclat. Ce qui eclate selon moi c est l idée que le coût du transfert de la création monétaire à une institution soi disant apolitique est trop grand, l appauvrissement et l esclavage. Solon, reviens.
    Fasse que la vraie politique revienne, par delà la technocratie.

      +8

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  • Bordron Georges // 02.05.2020 à 08h41

    L’éclatement de la détestable UE ne dépend pas de la révélation de ses nombreuses erreurs voire turpitudes. Elle disparaitra quand son maître et seigneur USA aura perdu progressivement l’exclusivité de toutes les armes qu’il détient depuis 39-45: puissance militaire, dollar et manipulation financière et juridique (la fameuse  »Démocratie’), primauté du numérique, influence cinématographique et médiatique. C’est à dire quand les autres peuples du Monde, auront conquis ces armes (que l’Europe a perdues), à leur propre usage.

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    • Urko // 02.05.2020 à 10h04

      Ce n’est pas la seule hypothèse. Les USA peuvent aussi juger qu’il vaudrait mieux détruire leur créature plutôt que de la voir passer au service de la Chine, car l’Allemagne pourrait y trouver son intérêt. Ce qui expliquerait leur mansuétude vis à vis du brexit. Imaginer que certains peuples veuillent quitter une UE qui les maltraite n’a rien d’illusoire non plus, et les services américains ne pourront pas « éliminer » à chaque fois les hommes politiques européens qui portent ces idées d’indépendance.

        +9

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    • Julien // 02.05.2020 à 10h21

      Très juste ! c’est d’ailleurs en train de se produire. La balance penche vers l’Asie, la Russie … les futurs maîtres du monde. Mais l’impérialisme américain fera tout pour rester en place qui à faire souffrir des millions de personnes … ces tarés néocons seraient près à faire peter des bombe H partout pour assouvir leur désir de pouvoir….
      il est a noté effectivement que l’industrie cinématographique type Hollywood n’est qu’un instrument de propagande au service de cet impérialisme (les méchants russes, les méchants chinois, les méchants arabes etc …) et qu’effectivement sans les USA l’Europe n’existerai pas. Mais pour faire comprendre ça aux crédules qui pensent que l’Europe est indépendante de tout ça … faut se lever tôt. Europe USA même combat … si l’un tombe l’autre aussi.

        +13

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  • jules Vallés // 02.05.2020 à 08h45

    Enfin une bonne nouvelle, j’espère que cette sentence à valeur de prédiction !

      +19

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  • Fritz // 02.05.2020 à 08h54

    Mme Delaume a raison de parler de « monstre supranational ». Trop de commentateurs parlent d’Europe fédérale pour faire passer l’inacceptable. Un pays fédéral, c’est la Suisse (non sans drame, il a fallu passer par la guerre du Sonderbund), les États-Unis (idem, guerre de Sécession), l’Allemagne actuelle, la Yougoslavie après 1945, la Russie actuelle. La prétendue Europe fédérale, c’est en fait une Europe supranationale, prolongement de l’Allemagne, qui passe par la soumission ou la destruction des autres nations.

    Je me demande comment mes collègues enseignants qui croyaient encore à la fable européiste pourront continuer à dire à leurs élèves « gna gna l’Europe nous protège gnan gnan », après le drame de cette épidémie qui a démontré l’incapacité flagrante de l’UE. Sans oublier les oukazes de l’UE pour détruire les politiques de santé publique.

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    • naïf // 02.05.2020 à 10h49

      « gna gna le Quatrième Reich, c’est la paix gnan gnan »

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    • Gévaudan // 02.05.2020 à 11h03

      Fritz, comment certains enseignants pourront continuer à prêcher encore « l’Europe qui protège » ?
      En expliquant que l’Union a été impuissante face à la pandémie parce qu’elle n’était pas dotée de la compétence « Santé » et qu’en conséquence… pour prévenir de futures crises, il FAUT lui transférer cette compétence.

      L’européisme est une religion (et Jacques Delors, son dernier grand prophète !). Ses croyants vous expliqueront toujours -mordicus- que les échecs de l’Union sont dus à un manque d’intégration. C’est au reste le fond du pathos de notre président. Toujours plus ! Toujours plus !

        +24

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    • Fritz // 03.05.2020 à 09h55

      Mais oui c’est ça. Tâchez quand même de vous renseigner : après 1776, les Fédéralistes désignaient les partisans du gouvernement central, fédéral, par opposition aux partisans des droits des états (sans majuscule). Et en 1861, ces derniers ont formé une Confédération, pas une Fédération… CSA contre USA.

        +0

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  • SanKuKaï // 02.05.2020 à 08h57

    Dans l’article de Challenge, je trouve un peu fort de café de prendre le Portugal comme modèle de réussite de l’austérité face au Covid-19 alors que leur situation ne s’est (un peu) améliorée que lorsqu’ils ont refusé de l’appliquer à partir de 2015.
    De même pour la France, on sent la déception des élites de ne plus pouvoir se vanter de l’efficacité qu’avait le système de santé auparavant … du temps où il fonctionnait effectivement selon les principes des communistes qui l’ont mis en place (“cotiser selon ses moyens pour recevoir selon ses besoins”). Principes que ces mêmes élites s’attachent à détruire depuis des années.

      +37

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  • Rond // 02.05.2020 à 08h57

    « Les solutions financières mises en place par l’Union européenne sont donc loin d’être suffisantes à l’heure actuelle. Ne faudrait-il pas simplement annuler des dettes ? Ou les monétiser comme le font désormais les Britanniques et les Américains ? »
    L’europe n’est pas la solution mais le problème. Rien de nouveau sous le soleil.
    La finance tue. Il faut donc plus de finance ! La finance et ses artifices, comme le sirop typhon, guérit tous les maux. Qu’ils continuent donc comme ça, nous en serons débarrassés plus tôt que prévu.
    Merci pour la conclusion ! … dans le figaro, tout de même.

    Gardez-vous bien !

      +8

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  • florian lebaroudeur // 02.05.2020 à 09h01

    Intéressante comparaison entre Coralie Delaume et Denis Jeambar qui ont 2 approches très différentes du diagnostic de la situation.
    Ce qui ressort de ces articles, c’est que les peuples européens sont très différents, les Allemands réagissent en Allemand, les Français réagissent en Français, les Italiens réagissent en Italien et il s’agit là de 3 pays fondateurs.
    Mr Jeambar se félicite des plans d’austérités infligés aux Portugais et aux Grecs qui ont selon lui contribués à rapprocher les modèles économiques de ces pays de ceux des pays d’Europe du Nord, sauf que le Portugal et la Grèce se trouvent en marge de l’arc industriel s’étendant de l’Italie du Nord jusqu’a l’Angleterre du Sud et de ce fait ils ont eu plus de temps pour observer et pour se préparer à la vague épidémique, fort heureusement.
    Donc si il est si difficile de transformer en Allemand des peuples d’apparence semblable ( Blanc, ex-chrétiens ) mais anthropologiquement très distants, comment la mondialisation heureuse serait en mesure d’uniformiser des Boliviens, des Congolais, des Vietnamiens et des Slovaques entre eux pour le bien de l’humanité et de la planète.
    Il est aisé de comprendre que ce désir d’uniformisation des comportements et d’échanges maximal entre les pays ne se fait pas dans une optique de solidarité internationale et de paix mais dans une optique de sabotage des repères traditionnels de chaque peuple et de chaque individu afin de parachever la mise en coupe réglée de la planète et la mise en esclavage de tous ses habitants. Grace au COVID, le roi est nu.

      +30

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  • sergeat // 02.05.2020 à 09h14

    Il faudrait que tous les « souverainistes » de droite,de gauche,communistes,identitaires,royalistes…..s’allient contre ce catastrophique cauchemar qu’est l’UE ultralibérale pour la détruire,car le seul ennemi qui combat notre nation est l’UE sous protectorat otanesque ,tous les autres problèmes peuvent être réglés de façon interne.

      +22

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    • florian lebaroudeur // 02.05.2020 à 09h54

      Cet alliance des souverainistes, je la réclame de tous mes vœux. Mais ils ont chacun leur noyau dur qui ne s’opposent que pour l’entretien de leurs propres intérêts qui ne sont pas si éloignés qu’on imaginent des parties progressistes.
      Il faut que les membres de ces parties est le courage de sauter le pas et se regroupent avec leurs homologues d’en face quittent à se faire lyncher par leurs directions. On s’en fout des vielles querelles, ce n’est pas elles qui résoudrons quoi que soit.

        +3

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      • sergeat // 02.05.2020 à 10h19

        « l’entretien de leurs propres intérêts »:cette alliance doit se faire en dehors des partis,il faut un catalyseur qui peut arriver par les réseaux sociaux:regardez l’exemple du dit « controversé » Raoult pour la médecine,….dans notre pays nous avons des hautes personnalités pragmatiques qui ne passeront JAMAIS dans les médias de nos milliardaires(souvenez vous de notre prix Nobel d’économie Allais qui n’a jamais été dans nos médias lors de la crise des subprimes),mais qui pourraient agglutiner ce processus pour atteindre cet objectif.

          +5

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    • pseudo // 02.05.2020 à 10h20

      je vous propose de ne plus parler de destruction de l’UE, mais plutôt d’une nouvelle concepetion européene. Les pays du sud retrouvent leurs libertés politique et organisent un outil commun d’autonomie nationale articulée autour d’une coopération internationale et européenne.

      Détruire l’ue n’est qu’une étape dans un acte plus large de recouvrement de nos libertés.

        +2

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    • Véro // 02.05.2020 à 15h25

      Il faudrait surtout qu’à gauche il y ait au moins un parti candidat aux élections qui se prononce clairement et sans équivoque possible pour le frexit.
      Depuis que le PCF a abandonné sa lutte contre l’ue, pourtant ultra légitime à gauche, il n’y a plus personne à gauche avec le frexit dans son programme au moment des élections.

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      • jp // 02.05.2020 à 16h53
        • Véro // 03.05.2020 à 14h04

          Non, car ce n’est pas un parti candidat aux élections. Et c’est pourtant une condition essentielle puisque les campagnes électorales sont les seuls moments oû la population va s’intéresser plus que d’habitude à la politique et exercer concrètement un choix.

          Donc il n’y a personne à gauche au moment des élections dans le camp du frexit, aucun débat ne peut avoir lieu sur cette question. Et s’il n’y a aucun débat, il n’y a pas de question.

          Et j’en déduis aussi que si les politiciens tels que Macron ont une lourde responsabilité dans ce que nous traversons, en réalité toute la classe politique partage cette responsabilité, et en premier lieu les partis de gauche (ceux qui ont pignon sur rue) puisqu’ils devraient être les premiers à dénoncer les traités européens.

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  • Basile // 02.05.2020 à 09h26

    @ Fritz

    Je ne sais pas si les élèves comprendront bien « gna gna » derrière le masque du prof.
    M’sieur, c’est quoi gn gn ?

    Par ailleurs, je sais par expérience qu’il est difficile de faire le même cours de qualité à 2 groupes différents. Difficile de répéter avec le deuxième tout le cheminement épuisant de réflexion fait avec le premier groupe, cheminement pourtant utile à la compréhension

    Il va dire gna gna au premier groupe, et seulement gna au deuxième. D’autant plus qu’on n’était déjà pas très convaincu de ce qu’on a dit au premier. Mentir une fois, ça peut passer, mais deux fois, c’est trop. Alors avec le deuxième, on abrège.

      +2

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  • Dominique Gagnot // 02.05.2020 à 09h28

    Les gouvernements nationaux sont les relais zélés (sinon qu’attendent ils pour la faire exploser ?) de l’UE elle même aux ordres de la poignée d’oligarques qui dominent le monde.
    Une telle structure est indestructible, sauf à ce que les peuples se soulèvent.
    Le virus va précipiter les choses…

    Manipulation mondiale des peuples : comment l’oligarchie mondiale veut faire de nous des esclaves : https://www.youtube.com/watch?v=GOkh6bW0k_E&feature=share&fbclid=IwAR3MzEHCAEE4ueLkFCOoQA1Jt73v1TviIhRQtuo3yido9Oqd1yJE2LgEpBY

    (sans oublier le PDF à partager : http://bit.ly/tragédiecapitaliste )

      +6

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    • florian lebaroudeur // 02.05.2020 à 11h59

      Merci pour cet vidéo récapitulative…

      Vont-ils réussir et devront-ils repousser leurs projets à un évènement ultérieur ?
      Se débarrasser de cet oligarchie ne sera pas chose facile puisque les gens ordinaires sont loin d’imaginer toute l’étendue de ce pouvoir patiemment construit depuis des décennies, voir des siècles.
      Le temps joue en leur faveur tandis qu’il joue entre notre défaveur et chaque année qui passe nous rapprochent un peu plus vers ce cauchemar redouté par les plus avertis d’entre nous. Ils attendent que le fruit soit mûr afin de mieux le cueillir.
      C’est pour ça qu’ils s’acharnent à détruire tout ce qu’ils nous lient à la notion de temps, « la vie est trop courte » « profitez de chaque instant » « restez jeunes » « inutile de vous compliquez la vie »
      Ils espèrent que la durée des mesures restrictives rendra encore plus impératifs ces notions inculqués et que les gens pressés de retrouver un semblant de vie normal seront prêt à accepter tout ce qu’on aura à leur proposer.
      Il est encore temps d’empêcher ce qui risque d’arriver mais cet fois-ci il ne faudra plus relâcher la pression, c’est désormais eux ou nous.

        +5

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    • John // 02.05.2020 à 22h34

      Cette vidéo ressemble un peu à un réveil tardif sur l’organisation de notre monde, niveau 2 si je peux me permettre.
      Le niveau 1 étant le stade des constats et des questions (des incohérences, de l’injustice, du système socio-économique et des enjeux mondiaux.)

      Mais après tout, si cela peut aider à la prise de consciences des « masses », je suis pour.
      Beaucoup de personnes sont sorties de la « matrice » ou de la masse « ensorcelée » depuis un moment par le biais de connaissances, seul, où suite à des événements majeurs (crise économique, attentats, crise sanitaire, guerre).

      Cette prise de conscience du monde est douloureuse, certains préfèrent le déni car cela peut-être vertigineux et non sans conséquences à titre personnel (cynisme, pessimisme, sentiment d’impuissance, lien social, carrière, famille, choix de vie).

      Le niveau 3 serait de comprendre qu’est ce qui pousse au-delà de l’argent (qu’il possède déjà) ce mélange d’oligarchie, d’hyperclasse, de philanthropes, d’agents gouvernementaux, d’organisations mondiales, de clubs, de confréries, etc.. à diriger le monde dans ce sens.. et là…….Joker

        +1

      Alerter
  • Jean-Pierre Georges-Pichot // 02.05.2020 à 09h34

    Coralie Delaume, si intéressante par ailleurs, reprend, tout comme Jacques Sapir, l’explication de la position dominante de l’Allemagne par l’euro faible d’un côté du Rhin et fort de l’autre. Mais seules les variations d’une monnaie peuvent représenter une difficulté parce qu’elles rendent les prévisions de rentabilité aléatoires. Pas le rapport relatif aux autres devises, si seulement les prix et salaires nationaux peuvent s’ajuster. Exemple : l’enseignant français est payé beaucoup moins que l’allemand. Son pouvoir d’achat réel est ajusté à la productivité moyenne du pays. Le défaut de compétitivité dans d’autres branches serait réduit avec la même flexibilité salariale. Pour simplfier : l’euro n’est pas le problème. Le problème, c’est l’euro avec le smic en France, et sans le smic en Allemagne. La distorsion salariale française éclate lorsqu’on voit que le professeur ou le médecin hospitalier est moins bien payé que l’ouvrier d’industrie. D’ailleurs énormément de prix sont fixés en dollar, et le dollar fluctue énormément et sans cesse : mais l’Allemagne, elle, s’adapte. Autrement dit, si l’Allemagne domine, c’est parce que sa population joue plus docilement le jeu de la société industrielle mondialisée, qui est fondamentalement concurrentielle et esclavagiste. L’explication n’est pas économique, mais beaucoup plus profondément anthropologique. Autrefois la domination allemande passait par l’efficacité militaire de la discipline prussienne. Aujourd’hui, c’est moins manifeste, mais c’est pareil.

      +7

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    • florian lebaroudeur // 02.05.2020 à 10h41

      Et oui, l’histoire se répète avec des armes économiques qui ne sont que le prolongement des options militaires. La dissuasion nucléaire est passée par là…
      Nous avons pris l’habitude d’être aveuglée par la puissance des images et des mots qui ont finie par nous faire persuader que la cruauté humaine était en voie de disparition, qu’il ne restait plus que quelques poches barbares à éradiquer.
      L’avantage de ces armes, c’est qu’elles ne tuent pas de manière directe mais les blessures psychologiques qu’elles laissent derrière elles, ne sont pas moins terrifiantes. Elles contribuent à anxiogéniser les rapports humains en pompant tous les systèmes de défense des sociétés et des individus. Elles produisent en réalité les effets inverses de ce que leurs promoteurs prétendent.

        +5

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    • Anfer // 02.05.2020 à 20h03

      On a besoin de dévaluation, d’inflation, de protectionnisme et surtout d’investissements.

      Euthanasie de la dette et des rentiers.

        +2

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  • Santerre // 02.05.2020 à 09h39

    À terme, chacun d’entre nous va mourir, à terme le soleil va même s’eteindre. Le tout est de definir ce terme.
    Nos riches, dont chaque presidentiable est le mandataire, tiennent absolument à garder un franc(euro) fort pour valoriser au max la valeur de leurs actifs. Pas question pour eux de se laisser euthanasier par des dévaluations et une inflation dynamique. Pour ça, ils dont prêts au sacrifice suprême de tous les pauvres. Et croyez moi face à la parole d’un Rotschild ou un Arnaud ou Mulliez, les cris de rage de dix millions de prolos sont inaudibles pour nos gouvernants.
    Nos pauvres , eux, veulent absolument continuer à se payer des ecrans plats, des smartphones et autres babioles textiles à bas prix fabriqués par des encore plus pauvres qu’eux. Ils ne detestent pas non plus l’idée de ne pas être les plus damnés de la terre. Donc ils tiennent absolument à un franc fort. Ils sont prêts pour ça à sacrifier tous les emplois industriels du pays. Et croyez moi, un risque d’emeute de pauvre effraye beaucoup plus le gouvernant qu’une manif de la classe moyenne.
    Reste la classe moyenne. Les deux autres s’en foutent et sont entrain de l’euthanasier.
    Partout en occident.
    Alors après, euro ou pas….

      +4

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    • Santerre // 02.05.2020 à 09h58

      Il y a un precedent historique. Regardez comment Rome, une fois Carthage détruite, a connu une lutte de plusieurs décennies pour savoir comment redistribuer le fruit des pillages et exploitations des conquêtes. Le Sénat, constitué des citoyens les plus riches contre la plébe. L’assassinat du dernier Graques a sonné le glas de cette dernière.
      Les oligarques ont organisé la nullification de la plébe en quelques décennies par le procédé suivant:
      Organisation de la ruine du paysan romain en le concurrençant par des produits venus des terres des pays conquis cultivées par des armées d’esclaves, le tout appartenant…. aux oligarques.
      Organisation de la ruine de l’artisan et ouvrier romain en le concurrençant avec des armées d’esclaves appartenant… aux oligarques.
      Neantisation du citoyen rn le dispensant des obligations militaires puis en le remplaçant dans l’armée avantageusement par des conquis de l’Empire.
      Tout ça a fini sous Octave par une dictature militaire appelée imperium( titre militaire)qui durant 4 sievles n’a jamais trouvé sa légitimité, ce qui a entrainé d’innombrables assassinats, d’usurpations, de coups d’etat et méme, à partir du 3e siècle prés de 240(!!!!) guerres civiles.
      Visiblement, notre Rome actuelle en est à la presque à la phase imperium.
      Donc je gage que bientôt, l’euro ne sera pas notre principal problème.
      Comme disait l’autre, l’histoire passe les plats un fois sur le mode tragique et les repasse sur le mode…. ben tragique aussi.

        +15

      Alerter
      • Jean-Pierre Georges-Pichot // 02.05.2020 à 10h23

        Si vous voulez nourrir votre réflexion dans cette direction, qui me semble en effet intéressante, je vous recommande les ouvrages de Luciano Canfora, en particulier : La démocratie : Histoire d’une idéologie [« La democrazia. Storia di un’ideologia »], Seuil, 2006, 482 p. (ISBN 978-2020183406), trad. par Anna Colao et Paule Itoli, préface de Jacques Le Goff. Mais beaucoup d’autres ouvrages encore, car il a énormément écrit. Sa biographie de Jules César est intéressante et très actuelle.

          +2

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  • Urko // 02.05.2020 à 09h49

    L’organisation de Bruxelles n’a pas été conçue pour servir les intérêts des Européens. Lisez Monnet : le but de la construction consiste depuis le début à tenir en cage des peuples européens jugés veules et stupides, à les assujettir aux intérêts nord américains, parfois convergents avec les nôtres du reste, sous la tutelle d’une Allemagne dévouée à Washington, magnanime. L’objectif ne correspond pas à celui donné. Ensuite, il induit des méthodes peu éthiques : il s’agissait de contourner les Européens en les privant subrepticement de démocratie, voire en les remplaçant (kalergy coudhenhove) par des populations sans attache nationale. Les états doivent ainsi des comptes à une administration non élue et se soumettant volontiers à des influences contraires à l’intérêt général. Paradoxalement, l’UE va mourir du triomphe de deux de ses dogmes : l’Euro, qui met à genoux la productivité des économies du Sud sans aucun espoir de rattrapage puisque leurs parités monétaires avec la monnaie allemande restent figées ; le libre échange qui a petit à petit offert un allié stratégique à l’Allemagne, à savoir la Chine, en substitution des Etats Unis. L’organisation de Bruxelles en se dotant d’un système de parités fixes qui asphyxient certains de ses membres se mutile, tandis que son pays leader ne recherche plus à satisfaire les seuls objectifs assignés par les Etats Unis. A cela s’ajoute son illégitimite – vous n’avez pas à obéir à des lois imposées par une institution dont vous n’avez élu aucun des membres – et il ne reste qu’à l’achever. Nous redeviendrons libres. Ça aura un prix.

      +21

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  • Jean // 02.05.2020 à 09h59

    « Avec l’euro, nous avons perdu notre souveraineté monétaire. Corrélativement, nous avons abandonné notre souveraineté budgétaire : il faut quand même savoir que dans le cadre du « semestre européen », la Commission européenne reçoit les projets de lois de finances avant même les parlements nationaux ! Nous avons également perdu la main sur notre politique commerciale, puisqu’il s’agit là d’une « compétence exclusive » de l’UE. Actuellement, toute une batterie de traités de libre-échange sur le modèle du CETA sont en cours de négociation au niveau de la Commission européenne (avec le Mercosur, avec l’Australie, avec la Nouvelle-Zélande…). Enfin, nous n’avons plus le loisir de mener une véritable politique industrielle puisque l’UE proscrit les « aides d’État ». »

    On peut ajouter à toutes ces pertes de souverainetés celle de notre diplomatie et de notre armée.

    https://fr.sputniknews.com/international/202005011043701944-des-ex-generaux-francais-veulent-se-rapprocher-de-la-russie-et-denoncent-les-ordres-de-washington/

    Nous vivons de nouveau dans un pays occupé et l’Histoire jugera les « collaborateurs ». Arriverons-nous, cette fois, à faire condamner les responsables ?

      +11

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    • Basile // 02.05.2020 à 10h08

      faut pas trop rêver. Capital.fr a aussi publié cette tribune, et ils ont fait un sondage.
      Seulement 11 % de leur lecteurs souhaitent s’éloigner des positions américaines

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      • Jean // 02.05.2020 à 10h52

        @Basile
        Pensez-vous que les lecteurs du site capital.fr reflètent le sentiment de la majorité des électeurs de ce pays. A quand un referendum sur l’appartenance à l’OTAN ? Jamais,tant que nous n’aurons pas, au moins en parti, retrouvé notre souveraineté. Un peuple souverain est un peuple que l’on consulte… au minimum.

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        • Chris // 02.05.2020 à 11h24

          Référendum ?
          Ségolène Royal a déjà répondu à cette question en juillet 2016 :
          https://www.youtube.com/watch?v=ZSzvwhTiaYs
          Ite missa est !

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          • Jean Paul B. // 04.05.2020 à 09h06

            Ségolène Qui?
            Ségolène Quoi?
            Ségolène Quand?

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        • Basile // 02.05.2020 à 11h37

          non, ils ne reflètent pas la majorité.
          Mais leur vote démontre que les opinions, dans plusieurs domaines, politiques, géopolitiques, sont liées, ne sont pas raisonnées, mais relèvent de bas intérêts contre lesquels on ne peut donc lutter, même au prix de décennies de discussions.

          c’est pourquoi il y a belle lurette que je ne tente plus de convaincre qui que ce soit, c’est en pure perte.

          si vous avez pu observer dans votre famille, (oncles, tantes), des différences d’opinions, elles n’ont probablement pas évolué en 70 ans, malgré les engueulades annuelles

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          • Jean // 02.05.2020 à 15h43

            @Basile
            Des temps difficiles s’annoncent pour nous tous et il n’y a rien de tel que l’adversité pour retrouver ses esprits. Nombreux sont ceux qui se sont déjà réveillés et d’autres suivront, c’est pour cela que ceux qui nous gouverne essayent de remplacer la « démocratie médiatique » par un régime plus autoritaire. Mais les français sont des moutons qui ont la capacité de se changer en lions…

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  • Jean-Pierre Georges-Pichot // 02.05.2020 à 10h12

    L’auteur s’indigne : ‘ Les gouvernants de Pologne et de Hongrie, notamment, où l’impact de l’épidémie est pour l’heure très faible, ont fait de l’état d’urgence sanitaire une arme pour resserrer leur pouvoir et bâillonner leurs oppositions. Sans la moindre réaction de la commission de Bruxelles !’ Je signale que les préfets de Lozère, du Finistère, et quelques autres départements, où l’impact de l’épidémie est pour l’heure très faible, ont fait de l’état d’urgence sanitaire une arme pour interdire toute manifestation et même toute promenade dans la montagne et sur les plages. Inquiétant !

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  • pseudo // 02.05.2020 à 10h12

    j’en pense plutôt que les pays du sud vont continuer de s’écraser, qu’il va y avoir des velléités sérieuses de sorties, suivies de quelques relâchement des pays du nord, et on repartira pour 10 ans, ce qui permettra au pays du nord d’activer les dernières mesures de mise sous coupe réglée afin d’en acquérir le contrôle.

    Balancer à tord et à travers que l’union européenne risque de s’éclater, c’est maintenir dans l’attentisme du lapin sous les projecteurs une population politiquement perdue.

    Ne dit elle pas elle même que l’allemagne à reconstituée son hinterland ?

    Tout cela se finira dans la guerre ou l’hégémonie allemande.

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    • Trodrol // 02.05.2020 à 15h17

      Oui, et comme nos futés décideurs ont décidé d’équiper nos armées de fusils allemands, faudra pas oublier de passer les commandes avant le début de la guerre ce coup-là, parce qu’après faudra pas trop compter sur les réappro…

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  • Florent // 02.05.2020 à 10h32

    Cest Todd dans son travail intellectuel un peu à part dans notre pays (qu’on peut par ailleurs apprécier et ou critiquer) qui peut nous éclairer: dans le monde occidental, au sens large, ce sont les anglo-saxons qui sont les plus avancés. Le retour à un protectionnisme (encore relatif) des États-Unis, et encore plus le brexit sont de bons indicateurs quant à la suite des événements. Après ce ne sera pas du jour au lendemain mais la décennie à venir pourrait être la dernière de l’union Européenne telle que conçue aujourd’hui.
    C’est de toute façon inexorable, le traitement de la Grèce il y a 10 ans était déjà très largement symptomatique, et l’Italie ou l’Espagne durement touchés par le covid et qui se sont débrouillés seuls au début, ce n’est pas la Grèce en terme de poids économique et démographique. Le changement viendra par ces pays la.
    La France ne sera pas moteur, elle suivra (qui ? On ne sait pas encore) …

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  • dooggy // 02.05.2020 à 10h34

    Que l’on arrête de geindre sur la Gréce vu les mensonges ^pour y entrer et pendant la grave crise qu’elle a connu , sa responsabilité était entière n retraite à 50 ans entre autre pour bon nombre aveugle qui percevaient une pension et étant chauffeur de taxi ect aucun contrôle
    chez Nous qui est responsable de ces manquements médicaux et le manque d’anticipation de pénurie et d’imprévoyance? Touraine? qui n’a pas contrôle les stocks? Buzyn? qui n’a pas vérifier l’état de protection? tous ces fonctionnaires d’état… qui ne font pas leurs jobs des comptes seront à rendre aux français !
    Nous dépensons presque que 57% du PIB POUR quel résultat? sous Hollande 11% de chômeurs et oui lorsque l’on est dans la mondialisation on ne peut jouer perso….offre et demande ! avec une fiscalité dissuasive l’argent est allé sous des cieux plus propice pour investir et les gagnants sont ceux qui se sont réformés
    Au niveau Européen ou sont nos google amazone 5G facebook and cie? lamentable qu’il n’y est rien à ce niveau On invente tout et nos chercheurs vont chez les autres pour trouver des financements est-ce normale? On est la première puissance économique mondiale et l’on est à la remorque de l’ASIE et des USA est-ce normale? Quand aura t’on une politique économique Européenne digne de ce nom?,, à 27 c’est impossible !on peut le faire avec certaines locomotives des pays européens de l’ouest…. les autres suivront après et ne bloqueront pas toutes initiatives

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    • Florent // 02.05.2020 à 11h23

      « geindre », quel vocabulaire nul. Ici on discute et on apporte des arguments. Personne ne geint.

      Pensez-vous que les français, comme les grecs mettent leur nez dans le rapport de la cour des comptes (ou son équivalent grec) par exemple ? Et ça veut dire quoi « ils ont menti pour entrer dans l’UE » ? Donc on leur fait payer des années plus tard ? Comme si que leur adhésion à l’UE n’était pas voulue par l’UE elle-même, pourquoi elle s’agrandit toujours plus à l’Est … ? Ouais on la connait celle-là, les grecs (comme les latins d’ailleurs) sont des tricheurs, alors que ceux du nord sont vertueux. Ben voyons. Et l’Allemagne qui attire toutes les forces vives des pays de l’Est ? Non toujours rien ?

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  • Czerny // 02.05.2020 à 11h12

    Je viens de perdre 5 minutes à lire un article d’une nullité crasse .En fait elle n’a rien à dire à part des platitudes et des lieux communs rabâchés un peu partout ailleurs .Quand au passage sur la Pologne et la Hongrie ….Que dire ? Essayiste et autrice low cost .

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  • beserker // 02.05.2020 à 11h38

    J’entend la même rengaine depuis la crise de 2008. Durant tout ce temps, le destruction des services et des droits à toujours continué son petit bonhomme de chemin sans que le bon peuple n’y trouve à redire (à l’exception d’une minorité). Nous finirons tous esclaves avant que ce machin ne tombe.

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  • Michel Le Rouméliote // 02.05.2020 à 12h05

    En attendant, l’espoir vient d’Italie : https://www.marianne.net/monde/apres-le-coronavirus-l-hostilite-envers-l-union-europeenne-atteint-des-sommets-en-italie
    Vivement que l’ue éclate et qu’on ne nous parle plus « d’Europe » ! Perso, je me sens plus proche d’un Vietnamien que d’un Suédois ! Fichez-nous la paix avec la limite imposée du continent européen !

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  • Patapon // 02.05.2020 à 12h14

    La France est exactement dans les pas de l’Italie d’après les data wordlometer

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  • Myrkur34 // 02.05.2020 à 12h46

    Petit extrait du lien en bleu « paradis fiscal »…..

    La politique fiscale néerlandaise est ainsi tellement opaque que l’ONG Oxfam place le pays comme quatrième paradis fiscal au monde, certes derrière les Îles Vierges, les Bermudes ou les Îles Caïmans, mais devant la Suisse, l’Irlande ou le Luxembourg.

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  • Patapon // 02.05.2020 à 13h38

    « Malgré son record européen en matière de dépenses publiques, l’efficacité n’est pas au rendez-vous dans le domaine sanitaire. »
    Est-ce que ça signifie que l’approche gestionnaire qui a sacrifié le sens du travail dans le domaine de la santé n’a même pas su créer l’illusion de sa propre efficacité ?

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  • Patapon // 02.05.2020 à 14h00

    Ce qu’on peut espérer de cette crise, c’est que l’idée de dette financière apparaisse dans toute son incongruité face à toutes les autres dettes concrètes qu’elle provoque : écologique, sociale, sanitaire, politique. La focalisation sur une construction comptable masque et entretient une réalité pathologique.

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  • Marc Michel Bouchard // 02.05.2020 à 14h22

    L’Europe U.E en sortant de l’événementiel un moment ce n’est qu’une nouvelle forme de projet d’Empire. Par le biais d’une utopie qui proviendrait de l’humanisme universel de Victor Hugo sur l’union des peuples et qui est réalisée en Europe par la génération qui avait 20 ans en 1968. Nous y trouvons après l’effacement de l’espoir soviétique prophétique, l’idée socialiste que le libéralisme reste le moteur du progrès et que par l’union des nations européennes l’économie capitaliste en -serait humanisée- qu’une grande part de néolibéralisme encadrant la protection sociale serait compensé par le dynamisme du marché européen relié aux échanges internationaux. Cette légende cache que la tentation fédérale de l’U.E emprunte à l’empire celui issu de la révolution libérale issue des É.U. L’Amérique comme l’on dit est un État fédéral dont le gouvernement central ne s’est pas privé d’accumuler les moyens de sa puissance de 1783 à 1991. Les É.U sont devenus un État continental tout comme le Canada voisin issu de la colonie britannique en est devenu un également tout en étant aussi un État fédéral dont le pouvoir de l’État central prend une forte place pire encore qu’aux É.U. Provinces et États suivent dans leurs juridictions locales. L’Amérique du Nord a réduit la diversité culturelle pendant que l’Europe serait rêve d’un peuple d’Europe toujours dans la vision d’une totalité économique de -paix-. La marque impériale se marie à l’utopie. Il faut voir ce qu’est le réel du rêve. L’humanité change telle?

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    • Marc Michel Bouchard // 02.05.2020 à 15h01

      Je précise mon commentaire. Je fais un lien entre le fédéralisme, l’État à la grandeur d’un continent ou presque et une forme impériale rappelant que dans l’histoire des deux États anglophones d’Amérique du Nord, la diversité des nations autochtones amérindiennes sont devenues des réserves sortis du grand peuplement tout comme au Canada les nationalités francophones ont connues une forte baisse démographique à part que pour la province québécoise.
      La démocratie est dans la constitution du libéralisme politique dans tout l’Occident il n’empêche que son imperfection manifeste fait notre histoire également.

      Précisément, la forme impériale se dessine plus nettement dans l’Europe-U.E par une population administrée de 500 millions et aux É.U de 320 millions. Globalisme et multiculturalisme contemporain idéalisés ne peuvent effacer les tendances propres issues du modèle américain dont la démocratie connaît une régression à travers sa classe politique comme en Europe.
      Le traitement du covid n’est pas un succès de Washington à Bruxelles.

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  • serge // 02.05.2020 à 17h47

    Pendant ce temps, les CSP+ rachètent à bas prix les actions de leurs entreprises (pas à eux mais font comme si) avec les bonus qu’on leur donne car « méritants », les flux financiers opaques exportent un peu plus de fonds vers des paradis fiscaux pas forcément loin (il faut bien rajouter une cave à vins au bunker), les traders continuent de magouiller les cours des devises ou tenter des jackpots sur les matières premières et certains pays étrangers rachètent en sous-main les brevets détenus par des boites à l’agonie. Franchement, qui dans le 1% en a quelque chose à cirer de l’euro, de l’UE, de sa survie, du moment que les affaires (les leurs) continuent? Après ce sera le Brésil (l’Argentine c’est déjà fait), la Russie (ils ont déjà essayé mais comme cela vaut le coup on va recommencer), l’Afrique du sud est en bonne voie, reste l’Asie du sud-est mais comme il y a la Chine, on va devoir jouer serré. Un peu de « dommages de guerre au covid » pour commencer. Alors l’UE du sud ou du nord…

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  • Ernesto // 02.05.2020 à 17h49

    « Le défaut de compétitivité dans d’autres branches serait réduit avec la même flexibilité salariale. L’euro n’est pas le problème. Le problème, c’est l’euro avec le SMIC en France et sans le SMIC en Allemagne. La distorsion salariale française éclate lorsqu’on voit que le professeur ou le médecin hospitalier est moins payé que l’ouvrier d’industrie » (JP Georges-Pichot 02/05/20 à 9h34).

    Comment faut-il interpréter ces propos? C’est ce que vous pensez vous? Où c’est la vision néolibérale que vous dénoncez? Vraiment, le SMIC, c’est encore trop pour être compétitif? Sur la distorsion salariale, j’ai comme l’impression que vous observez la condition ouvrière de très très loin: tout le monde sait que ceux qui créent les richesses tout comme ceux qui sont essentiels à la vie économique et sociale du pays (ce sont les mêmes), font partie des plus mal payés. Les médecins hospitaliers du public sont certes beaucoup moins bien rémunérés que leurs collègues du privé, mais bien plus que les ouvriers d’industrie. Ou alors, il va falloir sourcer vos affirmations qui apparaissent totalement hors sol.

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  • barbe // 02.05.2020 à 18h31

    Evidemment l’euro n’est pas le problème.
    Si on revient au franc et que l’argent créé va non pas aux travailleurs mais en bourse, où les spéculateurs finiraient par nous convaincre de le placer, cela ne changerait rien ; mais je m’étonne que personne ici ne sous pèse comme il se doit l’idée que l’argent est créé à partir de rien.

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  • Ernesto // 02.05.2020 à 19h23

    SUITE ET FIN
    C’est ce qu’a fait la Grande-Bretagne en quittant l’ UE et en décidant de faire financer sa dette directement par sa Banque Centrale. De la part d’un pays disposant avec la City de Londres de la plus importante place financière mondiale (avec Wall Street), voilà une décision qui prouve qu’à situation exceptionnelle, réponses exceptionnelles. Les tabous et les dogmes les plus ancrés commencent à vaciller. Folie aventureuse? L’avenir le dira. En attendant, voilà pourquoi la question du maintien ou de la sortie de l’euro vaut peut-être d’être posée, et pas dans cent ans. Qu’en pensez-vous?

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