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12.février.201612.2.2016 // Les Crises

Crise financière : les banques centrales, seules responsables ? Par Romaric Godin

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Analyse de Romaric Godin sur la petite crise actuelle – que je juge pour ma part trop favorable aux banques centrales, mais bon…

Source : La Tribune, Romaric Godin, 10/02/2016

Les banques centrales sont-elles les seules responsables de la crise boursière ? (Crédits : Reuters)

L’affaire semble entendue : la baisse des marchés s’expliquerait par la générosité des banques centrales. Cette interprétation oublie cependant pourquoi cette politique monétaire très accommodante est devenue inévitable…

La crise financière est de retour. Près de huit ans et demi après les premiers soubresauts de la crise des subprimes, les Bourses mondiales plongent à nouveau, la santé des banques est préoccupante, l’économie réelle inquiète. Pour la plupart des observateurs, la cause est entendue : ce nouveau coup de grisou a un coupable tout désigné, les banques centrales et leurs politiques accommodantes, le « QE ». Ce sont elles, assure-t-on, qui, en déversant des milliards de dollars, d’euros, de livres et des centaines de milliards de yens ont alimenté une bulle sur les marchés qui, aujourd’hui, éclate. Ce sont elles qui, en imposant des taux négatifs, pèsent sur les résultats bancaires.

Cette explication n’est pas entièrement erronée. Les politiques d’assouplissement quantitatif menées par la Fed, la Banque d’Angleterre, la Banque du Japon, puis la BCE ont certes déversé d’immenses quantités de liquidités sur les marchés. Leur diffusion dans l’économie réelle a été plus lente, voire réduite. Elles ont donc alimenté un puissant courant acheteur que les difficultés chinoises et le ralentissement de la croissance européenne ont brutalement freiné. D’où cette correction qui, en réalité, a débuté en août dernier, lors de la première « dévaluation » du yuan chinois.

Les deux erreurs de 2008 et 2010

Mais cette explication n’est que partielle. Cette nouvelle secousse, rappelons-le, n’est que la poursuite de la grande crise de 2007 – crise de la dérégulation – allant à son terme. Une crise qui a connu deux relances : la faillite de Lehman Brothers le 15 septembre 2008 qui a conduit le système financier au bord de l’abîme et le « sauvetage » tardif et inefficient de la Grèce le 10 mai 2010 qui a plongé la zone euro dans une tourmente économique dont elle n’est qu’à peine sortie. Dans les deux cas, l’erreur est venue principalement de gouvernements inconscients, pressés de gérer le court terme (on se souvient de l’obsession, pendant tout le printemps 2010, d’Angela Merkel pour les élections régionales en Rhénanie du Nord Westphalie) et enfermés dans des certitudes économiques fondées sur l’efficience du marché.

En 2008, les Etats-Unis ont ainsi voulu « faire un exemple » avec Lehman Brothers et montrer que l’Etat ne viendrait pas en aide à ceux qui avaient pris des risques démesurés. Le marché jouait son rôle « purificateur. » En 2010, les dirigeants européens ont appliqué la théorie ricardienne : il fallait rétablir rapidement les comptes publics des Etats touchés par la crise pour rétablir la confiance des marchés et des agents économiques. Il fallait aussi « punir » ceux qui avaient dépensé trop en leur faisant sentir les conséquences des déséquilibres qu’ils étaient censés avoir créés. Dans les deux cas, ces décisions ont été des désastres immenses et les banques centrales sont intervenues alors comme des « filets de protection », sauvant ce qui pouvait l’être. La BCE a été, du reste, la moins déterminée à agir. On se souvient que Jean-Claude Trichet a remonté deux fois les taux en pleine crise, en juillet 2008 et en juillet 2011, et qu’il a fallu attendre Mario Draghi et l’été 2012 pour voir une action déterminée de l’institution contre la crise européenne. Ce n’est pas sans raison que la BCE a été la dernière à se lancer dans le QE. Et ce n’est pas sans raison que la zone euro a été la région la plus frappée par la crise depuis 2007…

L’erreur des autorités européennes

Les banques centrales ont donc été des pompiers et sans doute se sont-elles muées en partie en pyromanes, mais pourquoi cette mutation a-t-elle eu lieu ? Parce qu’elles ont échoué en réalité à relancer les perspectives de croissance, donc d’inflation. Mais cet échec n’est pas que celui des banques centrales, c’est aussi celui des gouvernements qui se sont uniquement reposés sur la politique monétaire pour faire le travail de redressement de ces perspectives, alors qu’eux, au contraire, tiraient dans le sens inverse. L’exemple de la zone euro est, de ce point de vue, très parlant. Entre 2010 et 2014, les gouvernements et les autorités européennes, y compris la BCE, ont mené et incité à une politique centrée sur la consolidation budgétaire et les « réformes structurelles » visant surtout à réduire le coût du travail. Une politique clairement déflationniste qui a ruiné la croissance potentielle européenne et détruit la confiance dans l’avenir qu’elle devait établir. Dès lors, l’inflation faible s’est installée durablement.

Depuis octobre 2013, l’inflation annuelle sous-jacente, hors énergie et alimentation, n’est passé qu’une fois au-dessus de 1 %, c’était 1,1 % en octobre 2015. Dans ces conditions, les anticipations d’inflation ont reculé et lorsque les anticipations d’inflation reculent, l’incitation à investir est nulle. Or, la zone euro ne pourra connaître de reprise réelle sans reprise de l’investissement.

Les effets mondiaux de la politique européenne

Du reste, cette politique déflationniste européenne a eu d’autres répercussions. En réduisant la croissance européenne de façon durable, elle a pesé sur les exportations de plusieurs pays, comme la Chine. La deuxième économie du monde a alors tenté de contenir, pour des raisons politiques, ses niveaux de production tout en accélérant son retournement vers une économie moins dépendante de l’extérieur et plus de la demande interne. Ces deux mouvements ont conduit à une surproduction industrielle chinoise et à une explosion de l’endettement dans l’Empire du milieu à partir de 2012. Mais lorsque l’économie chinoise a engagé son ajustement inévitable, sa croissance a ralenti, entraînant une baisse des prix des matières premières (déjà engagée par la baisse de la croissance européenne) et une baisse de la demande chinoise en importations. D’où deux conséquences pour la zone euro : une nouvelle baisse de l’inflation et un ralentissement des perspectives économiques. Pour l’Allemagne, par exemple, la Chambre de Commerce vient de revoir à 1,3 % (contre 1,7 % pour le gouvernement) sa perspective de croissance pour 2015.

L’avertissement de Mario Draghi

Dans ces conditions, les banques centrales ont à nouveau agi (à l’exception de la Fed qui semble néanmoins revenir sur sa politique de resserrement). Mais cette politique ne peut se substituer à l’absence de perspectives pour les agents économiques. Elle peut aider la demande, pas la créer. Or, il fallait la créer. Lorsque Mario Draghi a projeté de lancer la BCE dans le grand bain du QE, le 22 août 2014, à Jackson Hole, il a indiqué qu’il ne le ferait que s’il était aidé, que si, en complément de la BCE, il y avait une politique de croissance en zone euro, comprenant une vraie relance. L’idée était simple : en relançant la demande, les Etats auraient stimulé la demande et créé des débouchés pour les fonds libérés par le QE. Autant de liquidités qui n’auraient pas servi, alors, à alimenter des bulles spéculatives. Mais il a obtenu une fin de non-recevoir. Wolfgang Schäuble, à l’époque, avait assuré qu’on avait « mal compris Mario Draghi. » Fermez le ban. Pour satisfaire les foules, on avait lancé un « plan Juncker » qui, comme le « pacte de croissance » de François Hollande en 2012, s’est perdu dans les sables de Bruxelles. Et le QE a bel et bien trop alimenté les bulles…

Ce que la politique monétaire accommodante a permis d’éviter

Il faudrait cependant ne pas oublier que les banques centrales ont permis d’éviter la mise en place d’un cercle déflationniste. Le QE aurait apporté un point d’inflation en 2015 en zone euro. Sans lui, l’inflation aurait été de -0,8 %, ce qui aurait enclenché à coup sûr une spirale déflationniste où, non seulement, l’investissement serait à l’arrêt, mais où les salaires et l’emploi aurait dû s’ajuster. Une telle spirale est un des pires dangers économiques dont il est fort délicat de s’extirper, le cas japonais ne cesse de le prouver. Mais il est souvent trop sous-estimé par les partisans de la « destruction créatrice » de Schumpeter. L’action de la BCE en 2014-2015 a donc été essentielle, comme en 2008 et 2012.

Mais, comme tout remède, il a des effets secondaires. Une action déterminée d’accompagnement des Etats ou de l’UE aurait pu réduire ces effets en permettant une meilleure transmission à l’économie réelle. On a préféré ne rien faire pour sauver la façade d’une politique de réduction budgétaire soit disant efficace, mais qui se révélera absolument inutile en cas de nouvelle récession. Pire même, pendant longtemps, les Etats – singulièrement la France – ont compté sur la seule action des banques centrales pour faire revenir la croissance, ne prenant pas au sérieux les avertissements de Mario Draghi sur l’incapacité de la politique monétaire à créer de la croissance.

Lampistes ?

La responsabilité des banques centrales est donc celle d’un lampiste. Les vrais responsables, ce sont les Etats et les autorités européennes qui ont mené une politique déflationniste et ont refusé toute vraie politique active de relance. Les banques centrales, la BCE en particulier, ont contenu avec les moyens dont elles disposaient l’incendie qu’elles n’ont pas allumé, ni entretenu. Cette action, produit de la passivité et de l’aveuglement idéologique des Etats, avait un revers. On en subit aujourd’hui les conséquences. Mais, en réalité, les banques centrales ont été les seules à montrer réellement du courage, de l’initiative et de l’innovation pour faire face à une crise d’une ampleur unique.

Accuser les banques centrales, c’est donc se tromper de responsable en réalité. C’est aussi prétendre que le marché aurait, sans leur action, réalisé un ajustement moins douloureux, alors que les expériences de 2008 et 2010 prouvent le contraire. C’est donc se payer de mots. Et l’économie européenne – et mondiale – s’est trop longtemps payée de mots. Elle a soif de vraie inflation que seule une politique de relance de l’investissement et des salaires apportera.

Source : La Tribune, Romaric Godin, 10/02/2016

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Renaud 2 // 12.02.2016 à 12h23

Oui, je ne vois pas non plus la différence entre les grandes banques privées, les banques centrales (dont elles sont actionnaires) et les politiciens et bureaucrates (qu’elles financent).
D’autre part, il n’y a pas de croissance à attendre. Contrairement à ce que claironnent les médias sur l’énergie pas chère, ce n’est pas parce qu’il y a surproduction d’or noir en ce moment que les stocks arrêtent de s’épuiser. Une ressource fossile reste fossile. La production a atteint son pic, elle n’augmentera plus. C’est donc la demande qu’on détruit. Et nous n’en sommes qu’au début. Peut-être ai-je une vision biaisée de la chose, mais il me semble que tout cela est voulu. Bientôt une nouvelle grande crise, histoire de faire grossir ceux qui restent, tondre les petits, et en profiter pour passer des traités liberticides (TPP, TAFTA, TISA) afin de verrouiller toute velléité de révolte. La croissance, non seulement ne viendra probablement pas, mais n’est de toute façon pas souhaitable. Pour faire grossir le PIB, il faut produire à bas prix par des machines ou des esclaves, le transporter à travers le monde, est-ce vraiment souhaitable ? Bref c’est tout le système qui est à revoir, détenu comme le disait Olposoch par les mêmes, qu’ils soient banquiers, bureaucrates, politiciens, ce n’est pas le nombre d’allers-retours de certains (Draghi en tête) qui prouvera le contraire.

26 réactions et commentaires

  • BA // 12.02.2016 à 11h27

    Il n’y a pas qu’en Grèce que les banques sont en faillite.

    Il n’y a pas qu’en Italie que les banques sont en faillite.

    Il n’y a pas qu’en Espagne que les banques sont en faillite.

    Il n’y a pas qu’au Portugal que les banques sont en faillite.

    Il n’y a pas qu’à Chypre que les banques sont en faillite.

    Il n’y a pas qu’en France que les banques sont en faillite.

    Il n’y a pas qu’en Allemagne que les banques sont en faillite.

    En Inde aussi.

    Vendredi 12 février 2016 :

    Inde : « chirurgie profonde » des créances des banques (gouverneur RBI).

    http://www.romandie.com/news/Inde-chirurgie-profonde-des-creances-des-banques-gouverneur-RBI/675978.rom

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  • Charlie Bermude // 12.02.2016 à 11h50

    Crise financiére ou des banques ,derniére-station , avant le terminus , la crise des états . Encore que pour l’instant on en soit au stade intermédiaire , ce furent d’abord les ‘émergents’ , puis la périphérie , Europe , Japon . Supréme ironie , les larbins bancaires Atlantistes ( Deutsche Bank ,UBS , Crédit Suisse …) , se sont trop engagés dans le gaz de shit US !
    Pour le Centre : la Fed et ses nervis ( Jp Morgan , Goldman Sachs ) et ses larrons en complicité , la City : tout va bien , c’est propre sur soi , toutes les apparences sont soignées . Petit pb qui se pointe et annonce tout autre chose : le réveil de l’or et de l’argent malgré toutes les manips , surement en accompagnement de la menace de 3 guerre Mondiale , relancée avec les déjantés Erdogan et Saouds , et les incontrolables du Deep State , mais à mon avis pas seulement . Si cette menace devait ce préciser , y en aurait une autre sur le dollar qui sert à financer les gabegies militaires .

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    • Charles // 12.02.2016 à 12h46

      Effectivement, il s’agit d’une crise des Etats oligarchiques. Les banques centrales, soit disant « indépendantes », ne sont que l’instrument au service de cette oligarchie. Elles sont même intervenues ces derniers jours pour sauver les marchés action d’un Krach retentissant:
      [Modération : la source de la source du lien proposé est de la publicité déguisée]

        +3

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  • Olposoch // 12.02.2016 à 11h56

    On aime bien Romaric Godin, beaucoup moins le média qui l’emploie, mais il semble faire la différence entre les hautes institutions comme la BCE (et la FED, le FMI, toutes les banques centrales, l’Eurogroupe, la commission européenne…etc), les hauts fonctionnaires au pouvoir dans les gouvernements, les élites financières et économiques, et toutes les positions de pouvoir réservé.
    Les directeurs des banques centrales travaillment la main dans la main avec les banques d’ou ils viennent, et les gouvernements que ces banques sponsorisent. C’est le même monde, les mêmes personnes, je ne comprends pas la notion de « lampiste », collée à Draghi en particulier…

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    • Renaud 2 // 12.02.2016 à 12h23

      Oui, je ne vois pas non plus la différence entre les grandes banques privées, les banques centrales (dont elles sont actionnaires) et les politiciens et bureaucrates (qu’elles financent).
      D’autre part, il n’y a pas de croissance à attendre. Contrairement à ce que claironnent les médias sur l’énergie pas chère, ce n’est pas parce qu’il y a surproduction d’or noir en ce moment que les stocks arrêtent de s’épuiser. Une ressource fossile reste fossile. La production a atteint son pic, elle n’augmentera plus. C’est donc la demande qu’on détruit. Et nous n’en sommes qu’au début. Peut-être ai-je une vision biaisée de la chose, mais il me semble que tout cela est voulu. Bientôt une nouvelle grande crise, histoire de faire grossir ceux qui restent, tondre les petits, et en profiter pour passer des traités liberticides (TPP, TAFTA, TISA) afin de verrouiller toute velléité de révolte. La croissance, non seulement ne viendra probablement pas, mais n’est de toute façon pas souhaitable. Pour faire grossir le PIB, il faut produire à bas prix par des machines ou des esclaves, le transporter à travers le monde, est-ce vraiment souhaitable ? Bref c’est tout le système qui est à revoir, détenu comme le disait Olposoch par les mêmes, qu’ils soient banquiers, bureaucrates, politiciens, ce n’est pas le nombre d’allers-retours de certains (Draghi en tête) qui prouvera le contraire.

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      • luc // 13.02.2016 à 10h26

        « La croissance, non seulement ne viendra probablement pas, mais n’est de toute façon pas souhaitable.  »

        Je suis tout à fait d’accord… les pays dont les populations continuent à avoir du mal à manger à leur faim et à se loger etc pensent aussi que nous n’avons pas »besoin » de croissance…
        Mais effectivement, le système actuel ne vit que par la croissance!

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  • Michel Martin // 12.02.2016 à 11h59

    Banques responsables?
    Je crains qu’une fois de plus, comme pour les subprimes, le symptôme soit pris pour la cause. Nous sommes en fin de cycle d’accumulation/concentration. Accumulation de capital affamé très supérieur à ce que peut lui donner à manger l’économie. Concentration à un petit univers où l’argent tourne en boucle (cf les QE qui n’innervent pas l’économie et restent dans un périmètre restreint de « haute finance »). Les deux phénomènes s’expliquent par ce qu’a mis en évidence Piketty: « le rendement du capital est en moyenne supérieur à ce que peut lui donner l’économie. »
    Jorion dit que c’est dû au rapport de forces.
    « Le marché » va rectifier brutalement et on va en prendre plein la poire.

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  • Geneviève B 30 // 12.02.2016 à 12h30

    Très bon article.
    Dit autrement : tant que l’on ne s’occupera pas de l’économie réelle, ie des « vrais gens »qui travaillent, paient des impôts, qui vivent tout simplement et des vraies entreprises qui créent de la valeur ajoutée, et que l’on restera « entre soi » , entre oligarques et que ces derniers agiront pour eux mêmes et leurs petits joujoux (banques, institutions européennes et internationales…) et pour satisfaire leur soif et leurs luttes internes pour le pouvoir, il y aura des « crises ».
    Le problème, c’est que ce sont les vrais gens qui paieront les erreurs de jeu de ces oligarques. Quand ça va bien, ils ne gagnent rien et quand ça va mal, ils paient.

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  • reneegate // 12.02.2016 à 12h53

    Cet article me semble clair et argumenté et pour tout dire apporte de l’eau à mon moulin (qui vaut ce qu’il vaut bien sur) : que des banquiers (et bien sur les banques centrales qui en font partie), des financiers, des industriels se montrent avides et vénaux ne me choque pas. Il serait vain de vouloir les humaniser, qu’ils restent déplorables (la lumière viendra avant le moment fatidique auquel nous sommes tous destinés, et je ne parle pas d’un crash bancaire).
    Par contre que nos élus se comportent comme des banquiers cupides c’est le cœur de nos soucis et c’est impardonnable.
    Ce qui me fait rager, c’est de constater que tous ceux qui vont d’échec en échec terminent leur carrière au conseil constitutionnel avec 12k€/mois at vitam aeterna
    Enfin cette relance par l’investissement un politique en France le préconise depuis 2012, je note qu’une fois de plus son diagnostic est validé par des spécialistes 4 ans plus tard. Déjà 4 ans de perdus car tout homme politique alternatif en France doit être un saint pour être considéré et celui ci ne plait pas à tous (pas la bonne coupe de cheveux, trop ou pas assez agressif, ……) et peu importe sa pertinence. Pas étonnant que ceux qui sont au pouvoir aient compris la musique : incompétents certes mais la bonne coupe de cheveux, le comportement qui sied etc….
    Quand allons nous voter pour ceux qui ont prouvé leur compétence? Quand allons nous cesser de jeter le bébé avec l’eau du bain (très sale je vous l’accorde)?.

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  • Lea_ // 12.02.2016 à 13h41

    Je suis d’accord avec la critique de la politique monétaire de M.Trichet en 2008 et 2012 et sa désastreuse augmentation des taux, alors que la Fed venait juste d’abaisser les siens…
    Cela a fait grimper l’euro et donc provoqué de nombreuses délocalisations et la fuite de nos industries dans des pays de la zone dollar. On se rappelle bien les propos du patron d’Airbus: « une variation de 10 centimes d’euro par rapport au dollar ampute le chiffre d’affaires d’Airbus de un milliard d’euros ».
    Résultat: l’explosion du chômage! Les pays européens – sauf l’Allemagne – ont subi une vague ininterrompue de désindustrialisations: rien qu’en France, nous avons perdu 600 000 emplois dans l’industrie !
    Mais je pense que la seule préoccupation de M.Trichet était alors de vouloir imposer l’euro comme première monnaie de réserve mondiale et non la gestion de l’inflation comme il le prétendait.
    Aujourd’hui, la planche à billet ne va pas dans l’économie réelle mais dans la spéculation, d’où des bulles assassines

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    • Charlie Bermude // 12.02.2016 à 17h08

      Trichet avait déjà nuit , bien avant l’euro et dans sa perspective . Le Franc Fort ( jeu de mot trés intentionnel ) çà vous dit rien . La montée du chomage ( forcémment si on vend trop cher ) et l’endettement de l’état qui va avec ( forcémment si les taux sont hauts et les dépenses sociales accrues ) . C’est çà Trichet .
      çà sert à quoi le Franc Fort ? En fait à soutenir l’Allemagne , lui permettre à elle , d’avoir une monnaie plus faible ( relativement) , donc de se soumettre à l’Allemagne . Objectif de tous les réactionnaires , Bourguignons , Emigrés de Coblence , Collabos , etc , multiples avatars d’une méme constante plus que millénaire , sans l’appui des Eduens pas de conquéte de la Gaulle par César .

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      • Lea_ // 12.02.2016 à 19h41

        La politique du franc fort pilotée par M.Trichet servait à rapprocher la valeur du franc français à celle du DM afin de créer l’euro, cette foutue monnaie unique. En pratique, cela a donné ce que vous décrivez: désindustrialisation, donc chômage, et l’augmentation de la dette et pas qu’en France mais dans tous les pays du sud de l’Europe.
        Je crois qu’ils (« européistes à tout prix ») en étaient conscients mais leur idéologie était plus forte que le bien des citoyens. Créer un Etat européen motivait leurs démarches assez hasardeuses, bien loin du pragmatisme. Dans leur tête le social ne comptait pas.
        « I am not a French man », disait M.Trichet. C’est bien, il ne doit pas trop souffrir en voyant l’état de notre pays.

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  • adrien // 12.02.2016 à 14h40

    Vu sa responsabilité de supervision des banques nationales et de la politique économique des états , la BCE est hautement responsable du désastre en cours. Elle ne joue que le rôle de pompier en déversant des QE de 6O milliards /mois. Crash évité mais croissance très faible pour ne pas parler déflation.
    Les réformes structurelles exigées, au nom de la funeste compétitivité qui mène les peuples à se faire concurrence entre eux (course au moins disant salarial et social), ne permet certainement pas de relancer la demande – même le FMI l’a partiellement reconnu.
    Pas trop responsable la BCE ? où en est la réforme bancaire esquissée par M.Barnier, ou la filialisation des activités de trading ? Quand certains états s’opposent à ces réformes au nom de la concurrence, la BCE laisse faire. Par contre elle sait se faire entendre pour exiger l’austérité.
    http://www.zerohedge.com/news/2016-02-11/central-banks-are-trojan-horses-looting-their-host-nations

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  • LBSSO // 12.02.2016 à 14h45

    Le QE, au moins,deux écoles:
    -La première défend :il faut en profiter pour faire des réformes structurelles car leurs effets déflationnistes seront compensés par l’afflux de liquidités(inflation). Le téléspectateur moyen pense que c’est la position de la BCE ,sous l’influence par ex du médiatique P.Dessertine.
    Or ,un moment clé ,souvent ignoré,que rappelle Romaric Godin:
    Mario Draghi , août 2014, à Jackson Hole, a indiqué qu’il ne ferait le QE si il y avait une politique de croissance, une vraie relance.
    -C’est cette seconde école,qui estime que si les banques centrales émettent de la monnaie ,il faut, pour qu’elle « redescende » dans l’économie réelle ,l’accompagner d’une relance de la demande.
    Or, les Etats ont fait l’inverse. Romaric Godin:
    4/9/14: »Ce jeudi, Mario Draghi est clairement entré en guerre contre les gouvernements de la zone euro. « La politique monétaire ne peut pas seule faire remonter l’inflation », a-t-il .admis.  » http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20140904tribfd048bc9f/mario-draghi-en-conflit-ouvert-avec-angela-merkel.html (discours de J.Hole)
    2/10/14 « Mario Draghi a-t-il déjà abandonné ses objectifs de Jackson Hole ? »
    http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20141002trib8fb6ae7d1/mario-draghi-a-t-il-deja-abandonne-ses-objectifs-de-jackson-hole.html
    C’est une question complexe (cf les débuts de ce blog).

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  • Gilles // 12.02.2016 à 16h13

    POURQUOI LE QE DE LA BCE NE MARCHE PAS: par Gabriel Galand, économiste, bureau de l’association « Chômage et Monnaie«

    à lire:
    https://alaingrandjean.fr/2016/01/21/pourquoi-le-qe-de-la-bce-ne-marche-pas/

      +1

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  • hellio gérard // 12.02.2016 à 16h52

    Tous nos économistes, spécialistes, sortis des meilleures écoles devraient relire, ou lire, Adam SMITH; Recherche sur la nature et la richesse des nations (1776).
    Ils apprendraient qu’un des premiers libéraux a écrit que « le marché libre et concurrentiel ne devait pas s’étendre à la sphère financière ».
    Par ailleurs J. Attali écrit dans « tous ruiné dans 10 ans »; que 84% des crises économiques sont précédées d’une crise financière.
    Il paraît insensé que nos élites actuelles soient aussi ignorantes pour ne pas séparer totalement les banques de dépôt des banques d’affaires, sans aucun lien entr’elles.
    Les banques d’affaires pourraient continuer leurs jeux spéculatifs, quand elles perdraient, les états ne viendraient plus à leurs secours. Il est vrai que les banques de dépôt n’auraient pas la même rentabilité que les banques d’affaires, mais le citoyen n’aurait plus à supporter une crise tous les 10 ans

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    • RGT // 13.02.2016 à 19h45

      N’oubliez SURTOUT PAS que la partie « banque de dépôt » est bien celle qui sert à justifier le renflouement des banques en cas de difficultés financières car les dépôts sont garantis par l »État…

      Les banquiers poussent de tout leur poids pour que cette séparation n’ait pas lieu car elle leur permet de spéculer allègrement et de faire des paris (très) riqués sans avoir à en subir les conséquences, leurs conneries étant couvertes par le contribuable.

      Honnêtement, pourquoi se priveraient-ils si personne ne se lève pour les empêcher de le faire ?

      Pour l’instant, en dehors de l’Islande qui a embastillé des banquiers véreux, aucun pays ne songe à le faire.

      Il faut quand même préciser que dans notre corruptocratie les plus généreux « donateurs » sont bien les banques. Avec tout le fric qu’elles détournent de l’économie « réelle » elles ont une « puissance de feu » qui permet d’assouplir n’importe quel politicien.

      Et tout ça pour quelques « bonus » !!!

      Elle est belle l’humanité !!!

        +3

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  • Garibaldi2 // 12.02.2016 à 17h42

    suite et fin …

    Mais si vous voulez, on peut attendre que les salaires roumains soient au niveau des salaires français, ou inversement, pour conduire une politique économique ‘’européenne’’. Etant entendu que d’ici là on aura harmonisé la fiscalité, les impôts, la protection sociale, et le reste !

    En passant, je note que depuis des années j’entends dire que l’euro est trop cher, mais il est passé de 1,58 $ en juillet 2008 à 1,13 $ en janvier 2016. Ca a changé quoi ?

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  • Medhi // 12.02.2016 à 20h12

    Pour creer de l’inflation les banques centrales auraient du distribuer directement l’argent aux populations! Ça aurait été plus efficace!

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  • yt75 // 12.02.2016 à 20h57

    La crise n’a rien de « financière » et les banques centrales ne représentent que la volonté commune d’optimisme, rien de plus.
    Hélas on en est là :
    https://gailtheactuary.files.wordpress.com/2011/10/limits-to-growth-forecast.png
    (scénario « standard » de l’étude « limits to growth » de 1972, et trajectoire suivie depuis)

    Et ça n’est pas près de s’arranger.
    https://iiscn.wordpress.com/2011/05/06/bataille-et-lenergie/

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  • cording // 12.02.2016 à 22h28

    Les banques centrales seraient plus avisées de distribuer de l’argent aux citoyens dans tous les pays qui en feraient un meilleur usage que les banques privées. Cela relancerait l’activité économique défaillante un peu partout. Mais ne rêvons pas !

      +8

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  • DvD // 13.02.2016 à 00h21

    I. Tant que les ressorts de la gigantesque boule de dette qui croit deux fois plus vite que la production depuis le début des années 1980 n’auront pas été désactivés, les banques centrales ne pourront être au mieux que des pompiers pyromanes, baissant les taux et créant de la monnaie pour combler les pertes issues de l’effondrement de la précédente bulle au prix du gonflement d’une nouvelle bulle qui déclenche la crise suivante, et ainsi de suite depuis 35 ans.

    II. Se greffe sur ce système commercial et monétaire international dysfonctionnel, une organisation de la zone euro totalement hallucinante dans laquelle les deux piliers que sont l’Allemagne et la France, ainsi que les autres pays, peuvent d’emblée diverger avec Schroeder qui baisse le coût unitaire du travail pour soigner la compétitivité internationale de l’Allemagne et Jospin qui fait strictement l’inverse en France, sans que personne ne voit le souci, entraînant illico des écarts de compétitivité qui n’ont fait que s’accentuer et qui, au sein d’une zone de monnaie unique enserrée dans le système international pré-cité, ne peuvent se régler que par la déflation dans le(s) pays le(s) moins compétitif(s). Tant que la politique économique européenne ne sera pas organisée de façon compatible avec une monnaie unique, il est illusoire d’espérer le moindre reflux des tensions actuelles.

      +4

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    • ODE // 13.02.2016 à 10h21

      Merci DvD de recentrer le débat sur les vrais problèmes de fond que sont l’Euro et la mondialisation sans limite. Ces deux facteurs expliquent les pertes de compétitivité des pays du sud de l’Europe dans ces 20 dernières années. Perte de compétitivité que l’on a cherché à compenser par des plans de relance successifs qui ont, entre autres, saigné à blanc les finances publiques des pays européens.
      Dans de telles conditions, et sans un changement profond de paradigme comme la sortie de l’Euro et/ou la mise en place de nouvelles formes de protectionnisme industriel, il est totalement illusoire de croire qu’il existe sur le long terme une autre méthode d’ajustement que la déflation salariale. Les religeux, les opportunistes, les rentiers et les naïfs pensent encore que des ajustements par plus de solidarité européenne, par des assouplissements monétaires, par la mutualisation de la dette et par de nouvelles relances budgétaires pourront colmater les brèches. Toute personne honnête et de bon sens sait qu’ils se trompent ou qu’ils vous trompent.

        +3

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      • ODE // 13.02.2016 à 10h28

        J’ai beaucoup aimé lire Romaric Godin sur des sujets tels que la crise grecque ou la crise ukrainienne. Il est précis, documenté, honnête et lucide. En revanche, lorsque l’on parle de crise économique européenne, Monsieur Godin semble avoir de la difficulté à distinguer les causes et les conséquences. Il trouve des excuses au médecin qui se limite à soigner les symptômes de son patient, et comble d’ironie, en proposant lui-même (alors qu’il n’est pas médecin) les mêmes remèdes qui sont à l’origine de ces symptômes. Mais, dans tous les scénarios étudiés, ils ne soignent pas le mal.

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  • DvD // 13.02.2016 à 00h23

    III. Se greffe sur ce système commercial et monétaire international et sur cette zone de monnaie unique européenne tous deux dysfonctionnels, une folie fiscale bien française consistant à taxer pratiquement à 100% son secteur le plus productif pour redistribuer à son secteur le moins productif, ce qui entraîne mécaniquement un abaissement du niveau de vie moyen et une hausse du chômage et de la dette, accentuant encore les méfaits des deux précédents dysfonctionnements. Tant que cette folie ne cesse pas, il sera impossible d’amorcer le redressement économique du pays.

    IV. Dans les trois domaines, c’est la fuite en avant qui est constamment pratiquée par les dirigeants. Prétendre sortir de cette crise qui n’en finit plus en s’entêtant à répéter les mêmes erreurs depuis 35 ans sans tirer aucune leçon des échecs persistants (baisse continuelle du trend de croissance, hausse continuelle du sous-emploi et de la dette relative) relève au mieux de la débilité profonde et au pire de la malveillance coupable.

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  • Yves Grosset-Grange // 22.02.2016 à 16h20

    Je suis très étonné qu’on n’évoque jamais le problème central du système monétaire actuel, avec la création monétaire par les banques commerciales.
    Car la monnaie créée par la BCE, dite « monnaie centrale », n’est pas celle qui va dans nos comptes ni dans ceux des entreprises. La vraie « planche à billets », celle qui a fonctionné à plein, c’est les prêts accordés par les banques commerciales (cf les divers supports pédagogiques sur l’argent-dette). Il se trouve que les emprunteurs les plus importants sont les marchés financiers, autrement dit les spéculateurs, bien avant les ménages et les entreprises non-financières. Ces emprunts rémunèrent bien les banques, mais surtout alimentent l’augmentation des cours des titres, autrement dit les bulles.
    Certes, les banques commerciales ont pu faire de telles quantités de prêts parce que l’émission de monnaie centrale leur a donné de la souplesse dans leurs ratios prudentiels bancaires. Mais ce sont les banques commerciales qui ont fait le choix de prêter très majoritairement aux spéculateurs.

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