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12.août.201512.8.2015 // Les Crises

Réunion « de la dernière chance » [sic.] autour de la dette ukrainienne

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Et pendant que la Grèce brule, en Ukraine…

Arseniy Yatsenyuk, le Premier ministre ukrainien, Jean-Claude Juncker, Petro Poroshenko, le président ukrainien, et Donald Tusk. [European Council]

Kiev et ses créanciers ne parviennent pas à s’accorder sur le remboursement de la dette.

Les négociations de restructuration de la dette publique extérieure de l’Ukraine, qui s’élève à 21 milliards d’euros, s’enlisent depuis plus de quatre mois.

Le 4 août, le ministère des Finances a présenté une nouvelle proposition à un groupe de créanciers et programmé une réunion « décisive » pour le 6 août. Une source de l’agence Reuters a pourtant indiqué que les créanciers considéraient cette proposition comme inacceptable et souhaitaient que la réunion ait lieu la semaine prochaine.

Des années de mauvaise gestion et de corruption, ajoutées au conflit actuel, ont poussé l’Ukraine au bord de la faillite. Un programme de renflouement international sera mis en place si Kiev parvient à économiser près de 14 milliards d’euros grâce à une restructuration de sa dette.

L’ancienne nation soviétique doit donc conclure un accord à cet effet avant le 23 septembre, date à laquelle Kiev doit rembourser plus de 450 millions d’euros de prêt de de paiements d’intérêt sur des euro-obligations.

« Si elle ne parvient pas à un accord d’ici le début de la semaine prochaine, l’Ukraine sera forcée de se tourner vers d’autres options pour financer le programme soutenu par le FMI », peut-on lire dans une déclaration du ministère des Finances publiée le 5 août. « Cela signifie également qu’il s’agit de la dernière occasion de parvenir à un accord complet avant l’amortissement des euro-obligations en septembre et octobre et l’examen du FMI prévu pour septembre. » Les porte-paroles du groupe de créanciers ont refusé de commenter cette déclaration.

Kiev a averti à plusieurs reprises qu’un moratoire sur le remboursement de sa dette pourrait être décrété en l’absence d’un accord. Le pays fait face à une autre échéance en août.

Le rejet probable de la proposition ukrainienne par ses créanciers laisse à penser que les deux parties ont des visions très différentes de la situation. Elles sont par exemple en complet désaccord sur la nécessité ou non d’une dévaluation des obligations. Kiev insiste qu’une décote est essentielle, mais on ne sait pas si sa dernière proposition revoit à la baisse sa demande initiale d’une réduction de 40 %.

Washington a encouragé les créanciers à parvenir rapidement à un accord avec le gouvernement ukrainien face à une dette qualifié d’« intenable ».

Les créanciers semblent vouloir limiter à 5 % l’allègement de la dette, une concession qui pourrait néanmoins être annulée sur l’économie du pays repart à la hausse.

Selon Evghenia Sleptsova, économiste à Oxford, vu le ton du rapport du FMI et la position actuelle des parties, le risque d’un moratoire est de plus de 50 %.

Les économistes estiment que l’échec des négociations actuelles entrainerait un « défaut technique » de l’Ukraine le mois prochain. Si au contraire un accord est conclu, les grandes agences de notation de crédit internationales ne considèreront pas le pays en défaut de paiement, et les frais d’emprunts de Kiev resteront à leur niveau actuel. En cas de défaut de paiement, c’est le saut vers l’inconnu pour l’Ukraine, qui pourrait même voir ses actifs à l’étranger saisis.

Le 4 août, le Fonds monétaire international (FMI) a averti que les négociations prolongées posaient un « risque exceptionnellement élevé » pour le rétablissement économique du pays, un risque notamment liés à « l’incertitude sur la durée et l’ampleur » du conflit dans l’est ukrainien, poumon économique du pays.

Le FMI, qui vient de débloquer un nouveau prêt à l’Ukraine, juge la dette du pays « soutenable », mais assure qu’elle reste soumise à de grands risques liés notamment au conflit dans l’est pro-russe, selon un rapport publié mardi.

En mars, l’institution avait au total accordé une ligne de crédit de 16 milliards d’euros déboursable par tranches et soumise à la mise en œuvre de mesures d’économie drastiques.

Dans son rapport, le FMI se montre également préoccupé par l’endettement du pays, qui devrait approcher les 100 % de son produit intérieur brut cette année sur fond de sévère récession (-9 % attendu).

En annonçant son aide en mars, le FMI avait sommé l’Ukraine d’obtenir une réduction de dette de 15 milliards de dollars de ses créanciers privés. Les négociations, qui ont débuté dans un climat houleux, n’ont pas encore abouti.

« Même en cas de mise en œuvre réussie du programme de réformes et de l’opération sur la dette, d’importantes incertitudes demeurent », ajoute le FMI, pointant notamment les divisions politiques au Parlement et les lents progrès dans la lutte contre la corruption.

Source : EurActiv, le 6 Août 2015.

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Fallout // 12.08.2015 à 03h31

La solution est pourtant très simple pour que l’Ukraine retrouve la stabilité économique. Faire la paix avec les républicains, laisser le gaz russe passer sur son territoire, laisser celui-ci alimenter le marché européen au détriment du gaz de shit américain et c’est tout bon.

Comme le gens d’arme de la planète refuse que l’Europe puisse faire du commerce avec la Russie et ait ainsi l’idée qu’il existe une alternative au TAFTA, alors les USA vont encourager l’Ukraine à rester bloquée et feront sauter tout homme politique ukrainien qui aurait l’idée de mettre le doigt sur la question du passage du gazoduc sur le territoire ukrainien.

Et le peuple s’appauvrira grâce aux merveilleuses méthodes européistes déjà appliquées en Grèce et ça durera et ça durera…jusqu’à ce que le peuple ukrainien comprenne et qu’il fasse une vraie révolution cette fois-ci pour mettre au pouvoir un pacifiste partisan de l’entente commerciale et politique avec la Russie.

Le Nouvel Ordre Mondial pendu à l’activité insurrectionnelle des rues de Kiev, comme c’est piquant.

19 réactions et commentaires

  • Crinck // 12.08.2015 à 02h42

    Pour ceux qui comprennent le russe, je recommande le site tehnopolis.com.ua, un des rares journaux rigoureusement indépendant édités dans le Donbass.

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    • GPL10 // 12.08.2015 à 08h38

      Peut-être indépendant, mais dont le point de vue n’est pas forcément objectif.

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      • Crinck // 12.08.2015 à 14h17

        Automatiquement, nul n’est objectif. Mais à défaut d’être objectif, on peut s’efforcer d’être honnête. Et puis l’avantage, c’est que c’est un point de vue local, et d’un journal qui ne vit que des ventes de ses lecteurs.

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  • Fallout // 12.08.2015 à 03h31

    La solution est pourtant très simple pour que l’Ukraine retrouve la stabilité économique. Faire la paix avec les républicains, laisser le gaz russe passer sur son territoire, laisser celui-ci alimenter le marché européen au détriment du gaz de shit américain et c’est tout bon.

    Comme le gens d’arme de la planète refuse que l’Europe puisse faire du commerce avec la Russie et ait ainsi l’idée qu’il existe une alternative au TAFTA, alors les USA vont encourager l’Ukraine à rester bloquée et feront sauter tout homme politique ukrainien qui aurait l’idée de mettre le doigt sur la question du passage du gazoduc sur le territoire ukrainien.

    Et le peuple s’appauvrira grâce aux merveilleuses méthodes européistes déjà appliquées en Grèce et ça durera et ça durera…jusqu’à ce que le peuple ukrainien comprenne et qu’il fasse une vraie révolution cette fois-ci pour mettre au pouvoir un pacifiste partisan de l’entente commerciale et politique avec la Russie.

    Le Nouvel Ordre Mondial pendu à l’activité insurrectionnelle des rues de Kiev, comme c’est piquant.

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    • Fallout // 12.08.2015 à 14h03

      Je pense que c’est pour cette raison que Poutine ne voulait pas détacher le Donbass de l’Ukraine comme il l’avait fait avec la vitale Crimée. C’est un calcul sur le moyen-long terme ; un jour toute l’Ukraine pourrait être « Donbassisée », c’est-à-dire en rébellion ouverte avec Kiev car on ne peut pas faire vivre tout un peuple dans la misère et la guerre indéfiniment, le peuple exigera un gouvernement qui leur apportera la paix économique et politique dans leur vie…et donc l’entente avec la Russie, le genre de chose qui rendrait le TAFTA caduque puisque l’Europe ne devrait pouvoir commercer qu’avec (se faire voler par) les USA. On peut se dire que l’on vie dans un monde où le peuple est définitivement soumis aux élites; cela n’a pas été le cas dans le Donbass où un peuple a prouvé qu’il pouvait se rebeller et l’emporter face à l’agenda des élites occidentales sensées régner sur le monde entier.

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  • Boyington // 12.08.2015 à 07h36

    Ils imprimeront des milliards d’euros. Où est le problème ?

    (Serait quand même bien de transcrire à la française : Iatseniouk, Porochenko, merci.)

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  • Charlie Bermude // 12.08.2015 à 08h39

    Je vois un point commun avec la Gréce . Ce sont les USA qui font la féte et entretiennent une gabegie corruptrice mais les Allemands et l’Europe indirectement qui réglent l’addition .
    Pour les Russes c’est un soulagement , puisque ce sont eux qui réglaient avant (et probablement au final ) à cette différence prés que le but y était l’ordre .
    Oui , je le vois venir le grand krach obligataire . Nouvelle dévaluation du yuan . Au fait on a l’explication du formidable engouement de la Belgique pour des bunds US ( 300 milliards de $), des fonds Chinois se défaussaient , en douce derriére des sociétés écrans . M’étonnerait pas que çà leur reprennent , peut étre au Luxembourg , cette fois …

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    • philv // 12.08.2015 à 17h51

      Peut-être des titres en transit ou dépot chez euroclear et qui apparaissent comme localisés en Belgique

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  • Georges Clounaud // 12.08.2015 à 08h48

    Sur le sujet, on aurait pu pensé que Libération avait touché le fond et bien non ils creusent encore…

    http://www.liberation.fr/monde/2015/08/11/nous-combattons-pour-la-securite-de-tout-le-continent-europeen_1362150

    Le titre est un magnifique cas d’école orwellien !

    « Petro Porochenko: «Nous combattons pour la sécurité de tout le continent européen» »

    Le bon Porochenko l’affirme haut et fort : la guerre c’est la paix !

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  • Nouréiev // 12.08.2015 à 09h33

    Entre 21 milliards $ et l’espoir de déstabiliser la Russie (objectif initial) qui en rapporterait cent fois plus et le risque de tout perdre, je comprends que ça fasse mal au crâne, si en plus les USA devaient cracher au bassinet.

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  • Bordron Georges // 12.08.2015 à 10h19

    J’en ai soupé des dernières chances qui ne sont jamais les dernières mais qui servent à inventer de nouveaux moyens pour prolonger une situation intenable pour les populations (le vulgum pecus), leur faire payer encore et encore les âneries des dirigeants européens au service de l’Empire, permettre aux  »phinanciers » de continuer à cracher des liquidités encore des liquidités toujours des liquidités.

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  • Max // 12.08.2015 à 11h02

    Le terme de dernière chance est déjà dans les faits dépassé.
    L’Ukraine c’est un navire qui coule et dont l’équipage, n’ayant pas le moindre canoë de sauvetage cherche les rustines.
    L’Ukraine ne veut pas simplement un moratoire sur sa dette mais un effacement de celle-ci a hauteur d’au moins 50% et bien évidement pour le gouvernement ukrainien c’est en particulier la dette envers la Russie qui est dans le viseur.
    L’Ukraine veut le même traitement que la dette irakienne dont l’effacement a été imposé par les USA, pour saluer le chute de Saddam Hussein et let retour de la …………..démocratie.
    La France qui était fortement exposé financièrement a été contrainte d’avaler la couleuvre espérant récupérer sa mise lors de la reconstruction de l’Irak et ………………… depuis nous savons que l’Irak ne sait pas reconstruite mais plutôt détricoté et en ce qui concerne les hydrocarbures du sud de l’Irak c’est la Chine qui a raflé la mise.
    Pour revenir a l’Ukraine, elle doit, je crois environ 33 milliards de $ a la Russie plus les a coté en sachant que le dernier prêt a l’Ukraine a été accordé par Poutine en personne.
    En supposant que l’Ukraine l’obtienne cet effacement, ca ne changera rien a sa situation et la Russie ne renoncera pas.

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  • adrien // 12.08.2015 à 12h03

    Spectaculaire grand écart politique des occidentaux face à deux pays endettés : l’un européen, la Grèce, l’autre, pas encore (…), l’Ukraine.
    Pour le premier, aucune concession, droit tout puissant des créanciers. Pour l’autre, Washington via le FMI et ses toutous européens, discute avec les créanciers d’une réduction de la dette allant de 10 à 40 % , après un total de prêts atteignant 17,5 milliards sur 4 ans. L’image de l’UE va se dégrader, si c’est encore possible !

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  • Anas // 12.08.2015 à 16h37

    La plus importante concentration de fascistes au sens propre du terme

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  • anne jordan // 12.08.2015 à 18h05

    saviez vous cela ?

    Les États-Unis ont officiellement reconnu l’indépendance du territoire du Donbass de l’Ukraine en 1959, quand le Sénat et le Congrès ont adopté la résolution de la Semaine des nations captives (The Captive Nations Week Resolution), rapporte le site canadien indépendant Global Research.

    La résolution également connue sous le nom de Loi publique 86-90 a été adoptée le 17 juillet 1959 par la Chambre des représentants et le Sénat. Elle a été approuvée chaque année par Proclamation présidentielle durant les 56 dernières années. Cette résolution reconnaît comme indépendantes les Républiques populaires autoproclamées de Donetsk (DNR) et de Lougansk (LNR), appelées dans la résolution Cossackia et future République zaporogue (précisément Oblast de Zaporoguie).

    La Cossackia est un terme géopolitique américain qui désigne les régions où vivaient les Cosaques en URRS et en Russie. Ce terme est courant dans les lois américaines, explique le site.

    Ainsi, la résolution précise: « la politique impérialiste de la Russie communiste par le biais de l’agression directe et indirecte a mené à l’assujettissement de l’indépendance nationale de la Pologne, de la Hongrie, de la Lituanie, de l’Ukraine (…) de la Cossackia… »

    Ainsi, l’Ukraine et la Cossackia sont mentionnées dans les documents comme deux pays et nations séparés.

    « D’après la résolution, les deux nations ont le droit d’exister », souligne le Global Research.

    Comme le veut la tradition, cette année, la résolution a été officiellement approuvée et la Semaine des nations captives a eu lieu fin juillet.

    D’après le président américain Barack Obama et le Congrès, il en va de l’honneur des Etats-Unis de soutenir la proclamation des Nations captives réaffirmée par la loi du pays. L’auteur de l’article se demande alors si le président américain sait où se trouve la Cossackia.

    Le Global Research ironise sur le fait que M. Obama ait déjà devancé le président russe Vladimir Poutine en ayant déjà reconnu les Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk.

    « M. Obama devrait-il appeler M. Poutine pour l’inviter à reconnaître les républiques? », conclut l’auteur de l’article par cette question rhétorique, car « il est temps d’honorer nos obligations. Nous sommes obligés de cesser de financer les massacres des gens dans le Donbass »

    http://www.globalresearch.ca/us-congress-and-president-obama-officially-recognize-donbass-public-law-86-90-1959/5467942

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  • Nouréiev // 12.08.2015 à 18h48

    Mauvais signe, il ne faut pas croiser les bras.

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  • Nico 13 // 13.08.2015 à 14h37

    Ils me font rire avec leur réunion de la dernière chance.
    Depuis que le pays négocie avec ses créanciers, personne ne veut accepter la décote que le gouvernement demande.
    D’ailleurs, au passage, petite précision : savez-vous que le plus gros de la dette de l’Ukraine est détenue par des fonds US ?

    Pour un pays qui est soit disant ami avec l’Ukraine, ça la fout mal de les voir refuser la décote.
    Perso, depuis le début je pense que le but est que l’Ukraine fasse faillite afin de pouvoir récupérer tout ce qui est possible gratuitement.
    Les fonds US vont se rembourser avec tout ce qui permettra de faire de gros profits (énergie et agriculture essentiellement).

    Ça fait un bon petit moment que Yatsenyuk a annoncé la liste des entreprises qui peuvent être privatisées.
    Mais bizarrement, personne ne s’est bousculé au portillon.
    Donc ça veut bien dire qu’ils attendent un défaut de l’Ukraine.

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  • Franck // 13.08.2015 à 17h45

    Les combats viennent de reprendre et une offensive est actuellement en cours sur Donetsk…

      +1

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  • Nico 13 // 25.08.2015 à 19h51

    Up !
    Je remonte cette news.
    Apparemment, l’Ukaine aurait trouvé un accord avec ses créanciers.
    La décote serait de 20 % cependant (et pas de 40 % comme le demande le gouvernement).
    Reste à voir si derrière le pays devra céder des entreprises publiques pour une bouchée de pain (à mon avis, oui forcément).

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