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2.décembre.20182.12.2018 // Les Crises

Dans le commerce, comme dans la politique étrangère, l’Amérique joue son « va-tout ». Par Alastair Crooke

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Source : Strategic Culture, Alastair Crooke, 09-10-2018

L’administration de Trump mise tout sur le rouge de la roulette pour un effet levier d’une politique commerciale et étrangère américaine radicale. Il en est à parier qu’une poursuite impitoyable de l’intérêt commercial américain cru par le « on ne fera pas de prisonniers » peut restaurer l’hégémonie économique américaine. Mais, comme Vali Nasr l’a souligné dans The Atlantic, la stratégie radicale de la terre brûlée que Trump poursuit actuellement dans son offensive concernant la politique étrangère qui l’accompagne vise non seulement à ramener les États-Unis à leur statu quo ante, mais aussi à forcer la capitulation de toute résistance à l’hégémonie américaine (qu’elle vienne d’amis, comme le Canada, ou des puissances dites « révisionnistes » [États, comme l’Iran, la Chine, la Corée du Nord ou la Russie qui contestent le statu quo dominé par les USA dans le système des relations internationales, NdT] et des États dotés de l’arme nucléaire) :

« Il est de plus en plus clair que ce que Trump espère réaliser grâce à une campagne de pression maximale ne correspond pas à la vision de son équipe de sécurité nationale : À en juger par son comportement avec Kim Jong Un et sa déclaration sur l’Iran, l’objectif de [Trump] est d’amener la Corée du Nord et l’Iran dans des négociations diplomatiques. Les membres de son équipe parlent comme s’ils préféraient forcer les pays à se rendre. Pyongyang et Téhéran le comprennent très bien. » (non souligné dans l’original)

Mais le nœud du problème, c’est que lorsque vous misez « tout » sur une couleur ou l’autre à la roulette, soit vous gagnez gros, soit vous perdez tout.

Dans le domaine de la politique commerciale, la prétention antérieure des États-Unis de corriger les « injustices » de la politique commerciale internationale est maintenant une imposture : la politique n’est plus que la poursuite à outrance de l’avantage économique américain à l’extérieur. Le ministère américain du Commerce, par exemple, a récemment imposé des restrictions à 12 sociétés russes qui « agissent contre la sécurité nationale ou les intérêts de la politique étrangère des États-Unis ». Toutefois, aucune de ces douze sociétés n’a quoi que ce soit à voir avec la sphère militaire russe, ni ne menace la « sécurité » des États-Unis. Ils construisent simplement un nouvel avion de ligne pour passagers.

Comme Arkady Savitsky le démontre, la véritable cible américaine est l’aviation civile russe : « Un examen plus attentif de la liste noire montre que les États-Unis ont sanctionné ceux qui sont impliqués dans la production de l’avion de ligne civil russe Irkut MC-21 ». Le MC-21 est un jet passager de nouvelle génération, conçu pour l’utilisation de matériaux composites et d’alliages métalliques avancés. Bref, ces sanctions visent à protéger l’avantage commercial de Boeing (plutôt que la sécurité nationale américaine) et à saper les plans d’application de la technologie MC-21 au gros-porteur commercial CR929, actuellement développé conjointement par la Chine et la Russie.

Bien sûr, les États-Unis ont décidé que la Russie était une « puissance révisionniste », mais le Canada ne l’est pas. Pourtant, dans l’accord récemment annoncé entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, le gouvernement canadien (selon les termes du Globe and Mail du Canada) a été forcé de céder aux États-Unis une partie essentielle de la souveraineté du Canada :

« Peu ont réalisé la clause meurtrière qui permet aux États-Unis de contrôler la diplomatie canadienne dans le texte plutôt explicite enfoui dans l’article 32.10 : « L’accord de libre-échange avec un pays n’ayant pas une économie de marché »… Contrairement à la vague assurance de M. Trudeau que l’article a très peu d’effet, le Canada n’est plus libre de conclure un accord de libre-échange avec la Chine en vertu du USMCA [Accord États-Unis-Mexique-Canada, NdT].

Ottawa doit maintenant aviser les autres partenaires de l’USMCA s’il a l’intention de conclure un accord commercial avec une « économie non marchande » (nom de code : Chine.) Et le Canada n’a aucune indépendance pour qualifier la Chine d’économie de marché libre… Les efforts de diversification commerciale et économique d’Ottawa seront [maintenant] soumis à l’ingérence de Washington. Il s’agit d’un droit de veto général accordé aux États-Unis, ce qui oblige littéralement Pékin à négocier avec Washington s’il a l’intention de conclure un accord de libre-échange avec le Canada ou le Mexique. »

En cédant sur une question aussi cruciale, le Canada a ouvert la voie à l’administration Trump, qui pourrait aussi demander à d’autres partenaires commerciaux comme l’Union européenne et le Japon d’insérer des clauses similaires dans leurs accords commerciaux – polarisant ainsi le monde entre une sphère liée aux États-Unis et basée sur le dollar – empêchée de faire affaire avec la Chine, sauf par « dérogation » américaine – et le « reste » marginalisé.

Cette approche du commerce « jouer son va-tout » a commencé à créer un fossé entre la Team Trump et Wall Street (qui, jusqu’à récemment, était tout à fait optimiste quant au fait que les États-Unis ont toute l’influence et que les autres n’en ont pas). Les marchés s’inquiètent aujourd’hui des conséquences sur le commerce mondial – et sur les bénéfices des entreprises américaines – si cette Guerre froide devait s’aggraver, c’est-à-dire que la roulette ne tombe pas sur le « rouge ».

Alors, qu’est-ce qu’une « victoire » de Trump – aujourd’hui très concentrée sur la Russie et la Chine – pourrait vraiment signifier ? Eh bien, cette question souligne précisément l’incertitude causée par le schisme qui s’incruste entre Trump et son équipe de guerriers du commerce aux motivations idéologiques. On ne sait tout simplement pas ce que ça veut dire. Trump se contenterait probablement du fait que le président Xi lève la main (comme Trudeau) et demande un accord commercial : ce serait, bien sûr – même cela – un accord qui se ferait certainement au détriment de la souveraineté de la Chine et de ses grandes attentes pour son avenir.

Selon la mesure dans laquelle la Chine serait prête à s’abaisser, Robert Lighthizer [le représentant au Commerce de] Trump pourrait être d’accord avec cela. Mais il y a des signes évidents que ses conseillers recherchent plus – beaucoup plus. Steve Bannon, qui dit avoir participé directement à la genèse de la politique commerciale chinoise de Trump, est franc :

« La stratégie de Trump est de faire en sorte que la guerre commerciale avec la Chine soit « d’une ampleur sans précédent » et « insupportablement douloureuse » pour Pékin, et il ne reculera pas avant la victoire ». Bannon a déclaré (dans une interview au South China Morning Post, que) l’objectif n’était pas seulement de forcer la Chine à abandonner ses « pratiques commerciales déloyales » – le but ultime était de « réindustrialiser l’Amérique » – parce que l’industrie était le cœur du pouvoir de la nation.

« Ce ne sont pas n’importe quels droits de douane. Ce sont des droits de douane d’une ampleur et d’une profondeur inimaginables dans l’histoire des États-Unis », a dit M. Bannon. Il a déclaré que Pékin s’était appuyé sur une série de pourparlers pour retirer l’élan des mesures punitives américaines, mais que les tactiques dilatoires n’auraient pas fonctionné. « Ils veulent toujours avoir un dialogue stratégique pour exploiter les choses. Ils n’ont jamais imaginé que quelqu’un ferait vraiment ça. »

Et en effet, Bannon affirme que l’objectif est d’arracher les entreprises américaines à la Chine et de les ramener chez elles, c’est-à-dire de rompre et de perturber les chaînes d’approvisionnement étendues des entreprises américaines et de les réimplanter – ainsi que les emplois – aux États-Unis. Mais de toute évidence, les entreprises américaines perdront précisément les avantages en termes de coûts qui les ont amenées en Chine en premier lieu. Pour tenter de compenser les coûts supplémentaires par des allégements fiscaux plus importants pour les entreprises (comme on le propose pour octobre), on risque toutefois une « apocalypse » des taux d’intérêt élevés pour les besoins de financement et l’effondrement des obligations.

Ainsi, ce plan Trump-Lighthizer ne fonctionne que si le marché boursier américain continue d’augmenter assez longtemps pour que les hausses douanières fassent plier la Chine. Mais, Xi ne peut pas se plier si facilement (même s’il y était disposé). Les divers projets de la Chine sont inscrits dans la constitution du PCC [ Parti communiste chinois , NdT], ce qui signifie que la Chine, collectivement, ne peut qu’adopter une vision à long terme. Il est ici question de l’estime de soi de la Chine. Ce n’est pas n’importe quel Art of the Deal que d’insister pour que votre contrepartie se suicide – rapidement, publiquement et de façon humiliante. Ce n’est pas la nature de Xi de toute façon. Il a développé un « mental d’acier » issu d’une famille « en disgrâce », et il n’est pas sur le point d’être celui qui « biffera » la définition du « destin » de la Chine donnée par le PCC.

Ce que la Chine s’apprête à faire, c’est de prendre des mesures pour ouvrir davantage les marchés, réformer la réglementation et devenir plus favorable aux entreprises. Trump peut proclamer qu’il s’agit d’une « victoire » et arrêter la guerre ; mais le fera-t-il ? Les commentaires de Bannon sur l’habileté de la Chine à « exploiter les choses » sans faire de réels changements – et son commentaire selon lequel la réindustrialisation de l’Amérique est le véritable objectif, jettent un doute sur la perspective qu’une fin à la « trêve » sera bientôt atteinte. Son équipe aux affaires commerciale veut clairement un scalp.

Les deux échéanciers contradictoires – l’effet de levier américain dépendant de la perception continue de sa forte économie et de la nécessité d’une victoire rapide – contre le besoin politique de la Chine de jouer longtemps, détermineront l’issue de ce combat de catch. Les marchés américains connaissent une ruée de dollars vers les actions américaines refuges, ce qui stimule les marchés, mais il s’agit d’un flux éphémère. Elle va s’apaiser. Par la suite, d’autres tendances (défavorables, voire récessionnistes) à la « décroissance » pourraient s’installer.

A plus long terme – s’il doit y avoir un plus long terme – le « reste du monde » s’efforcera de construire de nouveaux canaux et structures commerciaux, précisément pour contourner les États-Unis – et ses dollars toxiques, vulnérables aux sanctions. Le « rouge » de Trump sortira-t-il, avant que la dé-dollarisation ne prenne une forme concrète ?

Ce que cette dernière analyse omet totalement, cependant, c’est que les perspectives d’une « trêve » dans la guerre commerciale, ou d’une « victoire » factice, sont quotidiennement compromises par un autre camp : La course non dissimulée à l’avantage économique individuel de l’Amérique de Robert Lighthizer s’est révélée être la toile parfaite sous laquelle la politique étrangère, les fauteurs de guerre pouvaient se réunir pour poursuivre leur propre « nirvana » de politique étrangère – restaurer l’hégémonie militaire d’Israël au Moyen-Orient, détruire l’Iran, perturber le projet eurasien et se venger de la Russie pour avoir gâché antérieurement le moment hégémonique des États-Unis en revenant au Moyen-Orient.

« En avril, le président américain a déclaré que les forces quitteraient bientôt la Syrie – avec la décision prise « très rapidement » sur la durée de leur présence », écrit Arkady Savitsky. « Nous allons bientôt sortir de Syrie. Laissez les autres s’en occuper maintenant », a déclaré M. Trump. Pourtant, John Bolton a récemment déclaré que les États-Unis resteraient en Syrie « jusqu’à ce que l’Iran parte… Nous n’allons pas partir tant que les troupes iraniennes seront à l’extérieur des frontières iraniennes, et cela inclut les mandataires et milices iraniennes »… Selon le Military Times [US], sa déclaration indiquait « un changement fondamental des opérations antiterroristes actuelles vers une mission axée davantage sur les manœuvres géopolitiques et les guerres indirectes ».

C’est le deuxième désalignement (selon la terminologie de Vali Nasr), entre Trump – et cette fois, ses faucons idéologiques de politique étrangère.

Et – c’est là où je veux en venir – cela devient la deuxième composante du calcul de la guerre commerciale. Il s’agit ici d’un détournement massif de la mission de la politique étrangère, manœuvré par Bolton et al. « Il est clair que Trump pense que sa stratégie de pression maximale aboutira à des accords historiques avec la Corée du Nord et l’Iran », écrit Vali Nasr : « Mais même si les développements avec la Corée du Nord ont donné des raisons d’espérer à Trump, ce ne sera pas une stratégie gagnante. Aux Nations Unies, la semaine dernière… le ministre des Affaires étrangères de la Corée du Nord a rejeté toute tentative de dénucléarisation – l’abandon total et inconditionnel des programmes nucléaires et de missiles – à moins qu’elle ne s’accompagne de concessions concrètes des États-Unis. En d’autres termes, la pression a peut-être persuadé Kim Jong Un de s’impliquer mais la pression seule ne suffira pas pour procurer à Trump l’accord qu’il convoite. Malgré l’offensive de charme de Trump, son administration semble poursuivre ce que John Bolton a appelé le « dénouement en Libye », une référence à l’accord de 2003, dans lequel Mouammar Kadhafi a abandonné le programme nucléaire libyen et a fait sortir celui-ci du territoire. »

Il n’y a pas que la Corée du Nord et l’Iran qui font l’objet d’une pression drastique (de la politique étrangère) : Tout le monde l’est aussi. C’est devenu contagieux. Le ministre américain de l’Intérieur, Zinke, a agité le mois dernier la menace de la marine américaine qui a la capacité d’empêcher la Russie de contrôler l’approvisionnement énergétique du Moyen-Orient : « Les États-Unis ont cette capacité, avec notre marine, de s’assurer que les voies maritimes sont ouvertes et, au besoin, de les bloquer… pour s’assurer que leur énergie ne va pas atteindre le marché ». Et « la Russie doit mettre un terme à la mise au point clandestine d’un système de missiles de croisière prohibé, faute de quoi les États-Unis chercheront à le détruire avant qu’il ne devienne opérationnel », a déclaré mardi dernier l’envoyé de Washington à l’OTAN.

C’est là le problème : les « guerres » commerciales pourraient être atténuées si la Chine donnait à Trump l’accord commercial qu’il veut, et si l’Iran et la Corée du Nord donnaient à Trump les accords nucléaires qu’il veut. Mais ces résultats ne se produiront pas, à cause de la géopolitique conflictuelle qui s’y oppose.

Xi, presque certainement, ne s’oppose pas en principe à faire des concessions commerciales aux États-Unis (en fait, la Chine peut en faire de façon indépendante) ; mais l’exploitation par les États-Unis de la question de Taïwan, l’insistance des États-Unis à contester agressivement la Chine dans la mer de Chine du Sud, leur sanction contre la Chine pour l’achat des systèmes d’armes russes, son imposition de sanctions de type Magnitski [loi bipartite adoptée en 2012. Ce texte prévoit d’appliquer des sanctions financières et des interdictions de visa contre les fonctionnaires russes suspectés d’être impliqués dans le décès de l’avocat Sergueï Magnitski, symbole de la lutte contre la corruption du système politique, NdT] aux individus et aux entreprises russes (qui, selon la Chine, la concernera bientôt) constituent désormais une dimension supplémentaire, militaire et toujours plus financiarisée, à la guerre froide.

Le passage à des sanctions de type Magnitsky imposées à la Chine semble désormais inévitable, à la suite de l’affirmation de Mike Pence selon laquelle « la Chine a exercé une influence et une ingérence dans les politiques et les élections intérieures américaines », et il note que l’ingérence de la Russie dans les affaires intérieures américaines s’est estompée par rapport aux actions de la Chine. Tels sont les véritables obstacles qui se dressent sur le chemin. Ils suggèrent avec force à tous les observateurs que l’Amérique ne veut pas seulement un « commerce plus équitable » avec la Chine ; elle veut aussi la rabaisser sur le plan militaire, technologique, régional et dans sa tentative de créer la connexion pour monter ses propres chaînes logistiques (aussi appelée Initiative la Ceinture et la Route).

Et si Trump « mise tout » sur le rouge et que le rouge ne sort pas ? Comme un commentateur financier l’a fait remarquer avec ironie :

« Trump fait tout ce qu’il peut pour mettre un terme à la période où les États-Unis peuvent emprunter tout ce qu’ils veulent, quel qu’en soit le montant. Bien sûr, il n’y a pas de livre de recettes… ce que vous feriez n’est pas du tout clair. Mais vous commenceriez par faire tout ce que fait Trump – chercher querelle à vos alliés, faire exploser le déficit public au plus fort de la reprise économique, abandonner toute notion de responsabilité en matière fiscale, menacer de sanctions quiconque et chaque pays, qui cherche à honorer l’accord conclu entre Obama et l’Iran (invitant ainsi presque tout le monde à trouver un moyen de contourner le système bancaire américain pour faire des affaires), mettre des bâtons dans les roues du commerce mondial sans aucune indication claire de ce que vous voulez précisément (pour un pays qui structurellement… DOIT gérer des déficits commerciaux et courants). »

C’est en effet ce que l’on pourrait faire. En d’autres termes, on se retrouverait avec le « noir ».

Source : Strategic Culture, Alastair Crooke, 09-10-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

Jérôme // 02.12.2018 à 13h30

L’essentiel de l’article réside dans ce paragraphe : « A plus long terme – s’il doit y avoir un plus long terme – le « reste du monde » s’efforcera de construire de nouveaux canaux et structures commerciaux, précisément pour contourner les États-Unis – et ses dollars toxiques, vulnérables aux sanctions. Le « rouge » de Trump sortira-t-il, avant que la dé-dollarisation ne prenne une forme concrète ? »

Et la réponse est dans la question : évidemment non car les états-uniens sont bien trop individualiste et court-termistes pour pouvoir mettre en œuvre avec succès une telle stratégie.

Cela n’emoechera néanmoins pas qu’ils la mettent vainement en œuvre, parce que les USA ont l’ethi De l’action chevillée au corps, cettte action fut-elle vaine. Comme disent plusieurs américains, vous pouvez être sûrs que la réponse américaine à un revers ou à un échec, ce sera de doubler la mise.

Ils ont toujours jusqu’à présent pu doubler la mise parce qu’ils avaient bénéficié pendant des décennies de gigantesques ressources naturelles, d’une puissance industrielle sans égale, et d’une fausse monnaie qu’ils pouvaient refourguer au reste de la planète, et surtout parce qu’ils faisaient face à des concurrents qui n’étaient pas à la hauteur.

Mais tout cela est fini. La Chine est 4 fois et demi plus peuplée que les USA. Elle est aussi ingénieuse mais beaucoup plus bosseuse, efficace, et mise sur le long terme.

Elle n’a besoin que de dissuader les USA pour remporter la victoire à long terme. Alors que les USA ont besoin que la Chine s’effondre et éclate pour garder un semblant de suprématie tout en continuant de décliner.

A choisir entre un pays de près de 1,4 milliard d’habitants industrieux, qui épargne et qui investit, et un pays de 320 millions d’habitants qui s’appauvrit, qui brûle la chandelle par les 2 bouts en imprimant des montagnes de fausse monnaie et qui menace le reste de la planète, il n’y aura pas photo. Tout le monde va miser sur la coopération avec la Chine et prendre ses distances avec le psychopathe de la planète.

Les USA sont échec et mat et c’est ce qui explique leur rage et leurs actions de plus en plus hostiles et belliqueuses envers les autres. En vain.

Il faut juste faire attention aux dommages collatéraux.

16 réactions et commentaires

  • calal // 02.12.2018 à 09h15

    Le canada plus libre de faire des accords de libre echange avec la chine sans l’accord des us?
    ben c’est tout a fait normal.
    Parce que sinon on se retrouve comme en france avec accord schengen avec toute l’ue et d’un coup l’ue decide d’un accord de libre echange avec l’ukraine.Et paf , des travailleurs ukrainiens a 250e/mois qui concurrencent le smicard francais.
    si les canadiens veulent faire a la fois un accord de libre echange avec les us et la chine, il est normal que les us puissent revenir sur leur accord de libre echange avec le canada s’il ne veulent pas d’un accord de libre echange avec la chine.
    quand a ce que les us ne peuvent plus emprunter sur les marches mondiaux,que vont faire les detenteurs de capitaux? ou vont ils investir leur pognon? dans la deutsche bank? dans la france de macron?

      +3

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    • Jean // 02.12.2018 à 09h41

      => Parce que sinon on se retrouve comme en france avec accord schengen avec toute l’ue et d’un coup l’ue decide d’un accord de libre echange avec l’ukraine.Et paf , des travailleurs ukrainiens a 250e/mois qui concurrencent le smicard francais.

      On peut d’ailleurs remarquer que l’UE, soit disant championne de la concurrence libre et non faussée, introduit une distorsion de concurrence, sur le marche du travail, avec la directive sur les travailleurs détachés.

        +7

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  • Christian Gedeon // 02.12.2018 à 09h23

    Le contenu de l’article est fouillé et vraiment intéressant . Le titre et le fil cinducteur« joue son va tout » est par contre éminemment contestable. Fait sa politique serait plus réaliste. Et pour le moment ça ne lui réussit pas trop mal. Le nouvel Alena est passé comme une lettre à la poste. Xi a ouvert grand la porte des négociations. Les choses avancent avec la Corée du Nord doucement et l’Iran n’a pas été bombardé malgré les pronostics alarmants et la pression( vraie ou fausse) israélienne. Reste l’epineux problème des relations avec la Russie et là le président US est en quelque sorte coincé. C’est plus un problème intérieur que de politique internationale. On remarquera toutefois la modération des réactions sur l’incident monte de toutes pièces de Kertch. De l’agitation verbale et pas grand chose d’autre n’est ce pas? Aussi je n’adhere Absolument pas à l’analyse façon casino roulette de Crooke. Poker à la limite,mais sans tapis et avec des mises qui restent dans le domaine du raisonnable.

      +4

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    • Jean // 02.12.2018 à 10h10

      La politique agressive de Trump accélère la dédollarisation de l’économie mondiale entreprise par la Russie et la Chine, et encourage de nouveaux acteurs à y adhérer (Cf la volonté de l’Allemagne de ne plus dépendre de SWIFT). Si cette intention arrive à se concrétiser avant que les USA ait rapatrié leur industrie, c’est la banqueroute pour l’économie américaine. Les américains ont misés tapis et si ce bluff ne prend pas, le Poker me semble effectivement être une meilleur image que la Roulette, les USA perdent tout. Le secrétaire américain au Trésor ne pourra alors plus dire, comme l’a fait John Connelly en s’adressant aux ministres européens des finances en 1971 : « Le dollar c’est notre devise, mais c’est votre problème » et les détenteurs de la dette américaine, dont la Chine, auront des soucis à se faire.

        +5

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  • Crapaud Rouge // 02.12.2018 à 10h32

    Bof bof bof. Les Ricains sont plus belliqueux que jamais, c’est pas un scoop. Article pas terrible, trop de généralités qui veulent tout dire et rien dire.

      +2

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  • jean SEGUR // 02.12.2018 à 11h46

    Bonjour,

    Pour faire simple:
    -un homme âgé qui comprend le temps qu’il lui reste à vivre. Faire vite et fort.
    -la découverte lors de sa campagne des 100 millions d’américains éjectés du rêve américain. Orgueil blessé.
    -le transfert de technologie vers la Chine depuis 15 ans par des grands groupes industriels, pour une politique de coût. Révolte.
    -la montée en puissance , Russie et Chine. A nouveau orgueil de l’impuissance.

    Alors ? = la panique.

    Bon dimanche à toutes et tous

    Jean SEGUR

      +8

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  • max // 02.12.2018 à 12h35

    Un article sans langue de bois.
    Selon l’article Donald Trump voulant prendre le contre pied des précédentes politiques des administrations antérieurs veut que le made in USA qui est actuellement fait hors-sol, soit réintégré, il a apparemment intégré que c’est l’industrie qui est le socle de la puissance et que la finance doit en être la conséquence.
    Ci-dessous un article qui date de 2012 mais qui explique bien l’enjeu.
    https://www.monde-diplomatique.fr/2012/03/CARROUE/47485
    Ses principaux opposants sont/seront tout autant internes qu’externes c’est un travail de Titans, j’ai des doutes que ce soit faisable surtout dans des délais aussi brefs.

      +5

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  • Louis Robert // 02.12.2018 à 13h22

    Chuang Tse (Zhuangzi) rappelle.

    Le gardien du zoo proposa à ses singes: « Vous aurez trois bananes le matin et quatre après midi. »

    Tous les singes s’étant insurgés, le gardien leur dit: « D’accord. Que diriez-vous de quatre tôt le matin et trois en fin d’après-midi? »

    Ravis, unanimement, les singes applaudirent.

    ______

    « Chinese Idiom -朝三暮四-3 Bananas in the Morning and 4 in the Afternoon »

    http://tcfl.tingroom.com/2014/06/3213.html

      +3

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  • Jérôme // 02.12.2018 à 13h30

    L’essentiel de l’article réside dans ce paragraphe : « A plus long terme – s’il doit y avoir un plus long terme – le « reste du monde » s’efforcera de construire de nouveaux canaux et structures commerciaux, précisément pour contourner les États-Unis – et ses dollars toxiques, vulnérables aux sanctions. Le « rouge » de Trump sortira-t-il, avant que la dé-dollarisation ne prenne une forme concrète ? »

    Et la réponse est dans la question : évidemment non car les états-uniens sont bien trop individualiste et court-termistes pour pouvoir mettre en œuvre avec succès une telle stratégie.

    Cela n’emoechera néanmoins pas qu’ils la mettent vainement en œuvre, parce que les USA ont l’ethi De l’action chevillée au corps, cettte action fut-elle vaine. Comme disent plusieurs américains, vous pouvez être sûrs que la réponse américaine à un revers ou à un échec, ce sera de doubler la mise.

    Ils ont toujours jusqu’à présent pu doubler la mise parce qu’ils avaient bénéficié pendant des décennies de gigantesques ressources naturelles, d’une puissance industrielle sans égale, et d’une fausse monnaie qu’ils pouvaient refourguer au reste de la planète, et surtout parce qu’ils faisaient face à des concurrents qui n’étaient pas à la hauteur.

    Mais tout cela est fini. La Chine est 4 fois et demi plus peuplée que les USA. Elle est aussi ingénieuse mais beaucoup plus bosseuse, efficace, et mise sur le long terme.

    Elle n’a besoin que de dissuader les USA pour remporter la victoire à long terme. Alors que les USA ont besoin que la Chine s’effondre et éclate pour garder un semblant de suprématie tout en continuant de décliner.

    A choisir entre un pays de près de 1,4 milliard d’habitants industrieux, qui épargne et qui investit, et un pays de 320 millions d’habitants qui s’appauvrit, qui brûle la chandelle par les 2 bouts en imprimant des montagnes de fausse monnaie et qui menace le reste de la planète, il n’y aura pas photo. Tout le monde va miser sur la coopération avec la Chine et prendre ses distances avec le psychopathe de la planète.

    Les USA sont échec et mat et c’est ce qui explique leur rage et leurs actions de plus en plus hostiles et belliqueuses envers les autres. En vain.

    Il faut juste faire attention aux dommages collatéraux.

      +17

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  • Michel B. // 02.12.2018 à 15h22

    Article très intéressant, qui suscite une question centrale : est-il encore possible aujourd’hui d’échapper au « gouvernement oligarchique mondial », et si oui, comment faire ?

    Pour évaluer le sens de la démarche actuelle des USA, un retour sur la situation trouvée par Trump à son investiture s’impose :
    – L’Asie (prioritairement la Chine) siphonne depuis vingt ans l’industrie américaine, la vidant de ses emplois manufacturiers et plus récemment de ses brevets
    – Au Moyen-Orient, l’accord sur le nucléaire avec l’Iran semble avoir donné des ailes au régime des Mollahs, qui se déploie discrètement de façon pernicieuse au delà de ses frontières (Irak, Syrie, Liban, Yemen, et d’autres), pour y mettre en oeuvre ce qui ressemble à une stratégie du chaos
    – Les principaux deals stratégiques et commerciaux avec ses partenaires sont l’objet d’opérations de corruption d’un niveau probablement jamais atteint (le binôme Obama/Jarrett avec l’Iran, les Clintons avec la Russie, Biden avec la Chine, …)
    – La classe politique américaine, qu’elle soit démocrate ou républicaine, est installée comme des coqs en pâte sous la corne d’or ruisselante des Soros ou autres Al-Waleed Bin Talal, ou chacun trouve place pour son petit business parallèle et souvent peu avouable
    – L’administration Obama a grand ouvert les frontières du pays, et détruit le système interne de régulation de l’immigration, c’est devenu open bar,
    – Les USA continue à lourdement financer leur position de gendarme du Monde, avec une armée que son prédécesseur n’a cessé d’affaiblir.

    Inverser de telles tendances de fond ne peut se faire que par une stratégie en rupture, donc forcément risquée. Je suis à peu près certain que la dédollarisation en cours de l’économie mondiale est depuis le début assumée et souhaitée par Trump. Et je me demande si ce n’est pas la condition sine qua non pour dans un second temps faire la peau à la FED.

    Pour l’instant, dans un environnement médiatique incroyablement défavorable et controlé par ses adversaires globalistes, Trump garde un soutien populaire de haut niveau. La suite va être passionnante.

      +2

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  • RGT // 03.12.2018 à 00h36

    Tous les empires ont atteint leur apogée et se sont ensuite effondrés dans le fracas.
    Et à la fin il ne restait plus rien de leur « grandeur passée ».
    Mais surtout tous les empires se sont effondrés suite à l’arrivée de va-nus-pieds en guenilles qui avaient la « rage » alors que les empires s’étaient empâtés dans leur surpuissance rassurante qui leur a fait croire qu’ils étaient invincibles.

    Quand on pense que la chute de Rome a été causée par une (petite) horde de barbares dépenaillés qui a balayé ce « divin empire » on se rend bien compte que les dirigeants des « nations civilisées » ont pris la place des empereurs romains et qu’ils n’ont pas réalisé que leur temps était révolu.

    La « civilisation » s’est certes « éteinte » mais uniquement au niveau des « élites » car les « gueux » en bas de l’échelle ont continué à prospérer : Il suffit de regarder l’évolution de la population entre la chute de l’empire romain et la fin du « moyen-âge ».
    Période abondamment décriée par les « élites » autoproclamées de la « renaissance » pour faire croire aux populations que leurs interventions avaient été un « progrès »…

    Cette période était loin d’être aussi sombre qu’on veut bien nous faire croire. Il existait une réelle démocratie locale, les femmes avaient des droits étendus et l’inquisition n’est en fait apparue qu’à la toute fin du moyen-âge avec sa « période de grâce » qui a bien eu lieu à la renaissance…Sans parler de toutes les inventions qui ont été faites à l’époque et que nous utilisons encore aujourd’hui, l’imprimerie n’étant qu’un tout petit exemple.

    La chute d’un empire cause certes quelques problèmes, mais les plus importants se situent bel et bien au niveau des « apparatchiks ».

    Et qui sont les nouveaux « nobles » de nos « républiques démocratiques » ?
    Les banquiers, les gros actionnaires, les politicards et les hauts fonctionnaires qui spolient la population en s’accaparant toutes les richesses produites au nom du « Dieu Libéral » et de « l’État de Droit ».

    A mon avis, les « hordes barbares » sont plus puissantes que celles qui ont fait chuter les empires précédents.
    Espérons seulement que nous autres gueux aurons droit à un « nouveau moyen-âge » qui durera plus longtemps que le précédent et qui permettra aux populations de se développer sans avoir à subir le joug de quelques oligarques.

    Par contre, compte-tenu des moyens techniques à leur disposition, nos « élites » préféreront sans doute « tout faire péter » et stériliser la planète que de reconnaître que leur temps est révolu.

    Et dire que toute cette puissance destructrice leur a été fournie grâce à notre travail et à nos impôts.. Ça énerve un peu… Beaucoup même.

      +7

    Alerter
  • Alain // 05.12.2018 à 16h12

    Pour le diagnostic, Trump a raison, maintenant sur la manière de corriger les choses ce n’est pas moi qui pourrai remettre une opinion avisée car on tombe toujours sur le fait que le contribuable, le bénéficiaire des services sociaux, le travailleur et le consommateur sont une même personne alors que l’économie s’échine à dissocier ces 4 acteurs: donc pour Trump comment obtenir « en même temps » le rapatriement des usines pour le travailleur et un coût de la vie qui n’augmente pas en conséquence pour le consommateur; sachant l’augmentation des salaires réduiraient les exportations et donc la rentabilité des usines rapatriées avec risques de faillite ?

      +0

    Alerter
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