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13.octobre.201313.10.2013 // Les Crises

[Reprise] Mon expérience d’éditeur avec Amazon et les libraires français, par Serge Roukine

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Ce billet, repris sur le blog de Serge Roukine, termine la série sur le Livre – parce qu’il ne faut pas oublier qu’un livre, c’est avant tout un auteur…

J’ai publié un premier livre chez Eyrolles, l’éditeur parisien bien connu, et j’ai publié mon second livre en auto-édition. J’ai beaucoup appris sur le monde de l’édition grâce à ces deux aventures. Bien entendu, mon expérience reste partielle puisque mes livres se vendent principalement sur internet et moins dans les librairies physiques (j’en vend quand même en FNAC et chez plusieurs petits libraires) mais je suis très surpris par ce que j’ai constaté.

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Pour réaliser mon livre, ce fût assez simple : j’ai trouvé un graphiste pour la mise en page, j’ai fait appel à un imprimeur, j’ai récupéré un ISBN, j’ai enregistré mon livre dans les bases de données et j’ai contacté les libraires les plus importants pour y faire référencer mon livre.

C’est après que ça se corse …

D’abord pour s’enregistrer dans les bases de données pour libraire type Electre ou TiteLive c’est un peu le moyen-âge. La notion de formulaire web, il y a encore 2 ans, était inexistante. Pour référencer votre livre vous devez créer et remplir un fichier Excel et tout envoyer à une personne chargée de remplir elle-même une base de donnée. Je vous laisse imaginer la chose. Le fait d’être dans ces bases ne garantit d’ailleurs rien, et en tout cas pas que vous serez effectivement référencés par les libraires. Certains, comme la FNAC, utilisent d’ailleurs leur propre base !

Une fois le livre rentré dans ces bases de données plus ou moins utiles, il fautvéritablement référencer l’ouvrage chez les libraires, ce qui est long.

Chez Amazon, c’est très simple : en quelques manipulations et en quelques jours, vous pouvez vendre votre livre sur ce site sans problème. Vous recevez une première commande de 4 livres, et hop, une fois le colis arrivé chez Amazon, le livre est en stock ! Amazon commence d’ailleurs à vendre dès que le livre est en stock même si la date de parution n’est pas encore atteinte (attention !).

Pour vendre des ebooks chez Apple, c’est un peu plus complexe mais ça reste assez facile. Il faut un EIN (Emplyer Identification Number) qui est un peu complexe à récupérer aux US, mais une fois que c’est fait, vous pouvez vendre sur l’iBook Store en quelques jours si vous avez le fichiers ePub au bon format.

Pour les libraires français, c’est moins facile.

Pour la FNAC, il n’y a pas de processus bien identifié sur le web comme pour Amazon. Il faut aller dans une FNAC, prendre rendez-vous avec un responsable de rayon et lui pitcher le livre. Vous devrez ensuite remplir un formulaire papier pour demander une autorisation de référencement que vous devrez faxer.

Suite à quoi vous devrez contacter le responsable de chaque magasin (inclus celui de Fnac.com) pour lui demander de bien vouloir vendre votre livre. Je n’ai pas à me plaindre de la FNAC qui au final vend bien mes ouvrages et qui sait reconnaitre quand le livre n’est plus en stock et me repasser commande automatiquement. Mais je sais que mon livre n’est pas dans les rayons de toutes les FNAC en France. Il faudrait pour cela visiter chaque magasin. Et comme les responsables de rayon sont sur-sollicités, ce ne serait pas simple …

Pour d’autres gros libraires français (qui vendent en ligne et ont plusieurs librairies … je ne citerais pas les noms) c’est encore plus compliqué. Déjà, le référencement est bien plus long et difficile. Il n’y a pas de processus défini : il faut passer des coups de fils à droite à gauche, c’est limite du copinage et du piston ! Ensuite, si on arrive à se faire référencer, la mise en stock doit être négociée.

Il faut alors trouver les bons interlocuteurs. Et personne ne veut mettre le livre en stock. Il faut appeler, négocier, parlementer, expliquer et patienter. Et pendant ce temps, Amazon n’a pas attendu et vend des dizaines d’exemplaires du même livre, toutes les semaines …

Et puis, on arrive enfin à mettre quelques livres en stock (5, par exemple) ou alors pas du tout car (attention) « ce n’est pas notre politique de faire du stock ». Le livre est quand même en vente sur ces sites, mais le livre affiche un état « Livraison en 3 jours ». Le libraire passera commande à l’éditeur en flux tendu. Le client doit patienter (en réalité bien plus que 3 jours car le livre doit être livré au libraire, puis au client …) ou commander chez Amazon qui à fait l’effort de faire du stock. Là encore Amazon vend et vend toujours plus.

Chez pratiquement tous les grands libraires français (sauf la FNAC), la ré-appro n’est pas automatique ! Il faut appeler le service achat et négocier une réappro. Pendant ce temps là, Amazon vend toujours.

Un certain libraire français, et plutôt un des gros, nous passe parfois des commandes unitaires plusieurs fois par semaine ou par mois, plutôt que de passer une commande globale et de stocker les livres. Les clients rentrent dans ses librairies et, comme le livre n’est pas en stock, certains passent commande et d’autres vont certainement commander ailleurs. Le libraire nous répercute la commande sans faire de stock. Quand on appelle pour inciter à prendre plus d’exemplaires, la sentence est claire : « nous ne faisons pas de stock ».

Sur ce gros libraire en particulier, nous avons du passer les frais de port unitaire à 8, puis à 9 euros par livre car, avec la Poste, envoyer des livres à l’unité est cher (en plus d’être long à organiser). Du coup, sachant que le livre coûte 27 euros et qu’il a 40% de remise, il achète chaque exemplaire à 16,20 + 9 = 25,20 euros. Il se contente donc de ses 2,80 euros de marge là où Amazon fait 11,50 euros de profit (soit 3 fois plus …). Alors que, de nouveau, rien n’empêche ce libraire de faire autant de marge qu’Amazon.

Les petits libraires indépendant sont comme ça aussi, mais à une moindre échelle. Ils commandent à l’unité, à plusieurs reprises si c’est nécessaire. Ils ne se posent pas la question suivante : « un client vient me commander ce livre, est-ce que je ne devrais pas en mettre en stock quelques-uns ? ». Certains libraires cherchent tout de même à négocier les frais de port, c’est rare. Comment négocier quand tu as pris la commande et que tu ne commandes qu’un seul livre ? Dans ce cas là, je veux bien baisser les frais de port mais je leur demande de prendre du stock. 10% acceptent et 90% refusent et ne prennent qu’un seul livre.

La librairie Eyrolles à Paris est d’ailleurs celle qui négocie le mieux. Ils prennent du stock, ne payent pas les frais de port et vendent plus de livre que tous les autres libraires physiques réunis …

Alors, bien sûr, il y a de nombreux livres qui sortent. Bien sûr, il est surement plus rentable de vendre seulement des bestsellers (et encore, si c’était le cas, les libraires seraient riches). Bien sûr on ne peut pas tout stocker, mais quand même ! Les libraires se plaignent de voir partir leur chiffre d’affaire vers Amazon. Les grands libraires français et le ministre de la Culture s’attaquent au géant américain. Mais, guess what, Amazon fait son métier ! Je veux un livre, il est sur Amazon et il m’est livré rapidement. Quel besoin aurais-je à aller passer commande en librairie ? « Revenez dans deux jours (en fait, une semaine), nous l’aurons reçu », s’entend t-on répondre.

Pour info, mon livre s’est plutôt bien vendu pour un livre professionnel. Je suis resté plusieurs semaines dans le top 100 d’Amazon, avec des pointes dans le top 50 (plusieurs dizaines de ventes par jour), et je suis longtemps resté dans les 500 premiers livres vendus.

Pour avoir été dans le commerce pendant plusieurs années, je peux dire que l’essence du commerce c’est d’abord la disponibilité. Avoir les produits en stock, c’est un risque, mais c’est aussi une opportunité. Amazon dispose de nombreuses plateformes logistiques, dont une dans la Drome, à Montélimar, qui stocke mes livres.

Bien entendu tout n’est pas rose, et certaines fois mon ouvrage s’est retrouvé en rupture parce que le système de réappro automatique d’Amazon n’a pas bien estimé les ventes. Mais je vends 80% de mes livres sur Amazon parce que leur stratégie commerciale et logistique est la meilleure. Stratégie qui n’a rien de déloyale, mais qui oblige, il est vrai à construire des dépôts et à y stocker des produits.

Saviez-vous qu’Amazon ne paye pas son stock de livre ? Le stock est financé par les éditeurs qui envoient les livres et qui ne peuvent facturer que quand ils sont effectivement vendus aux clients !

Amazon ne paye pas les frais de port des éditeurs non plus et fixe lui-même la remise libraire (50% pour un livre grand public, 45% pour un livre pro) ? Encore des pratiques anti-concurrentielles ou du simple bon sens qui leur permet de faire plus de marge et de vendre plus de livres ?

Pour ce qui est des libraires, il est triste qu’ils disparaissent. Je suis un lecteur assidu et j’achète en moyenne plus de 50 livres par an (romans, essais, documents, livres pros). Je dois en acheter 90% sur le web (dont 30% en ebook) et 10% … dans les gares (oui, j’aime lire dans le train). Je n’entre pour ainsi dire jamais en librairie, sauf à la FNAC pour faire des cadeaux. Ou alors, si je rentre en librairie, c’est en mode « découverte » lorsque je veux des idées de livres. Mais pourquoi rentrerais-je en magasin pour trouver un ouvrage si dans un cas sur deux, il n’est pas en stock ?

Le mot de la fin

Je m’aperçois que ce billet parle beaucoup d’Amazon. J’en suis le premier étonné, je n’ai pas d’actions chez eux. Par contre j’avoue admirer leur manière de faire des affaires et apprécier être leur client (et leur fournisseur d’ailleurs).

Ce que j’avais envie de dire avec ce billet c’était plutôt que, comme lecteur et comme auteur, je souhaitais que les acteurs du livre en France embrassent le changement plus vite et plus efficacement, plutôt que d’y résister. Que les libraires cessent de croire leur présence indispensables et trouvent le moyen, dans un monde où il est facile d’être édité et distribué, de proposer plus de services, des services différents et plus utiles, aux auteurs … et aux lecteurs. Et aussi que l’on retrouve la culture du risque dans ce pays, plutôt que de vouloir contenir les succès des Amazon et des Google de ce monde. Alors bien sûr tout cela est plus facile à dire qu’à faire, mais faut-il pour autant ne pas le dire ?

PS : je viens de découvrir cet article intitulé Pourquoi les libraires allemands peuvent concurrencer Amazon et les libraires français pas. Il est très intéressant.

En voici un extrait :

Certains libraires, dans les grandes villes allemandes, emploient des messagers à vélo. L’organisation optimale de ce système, basée sur la coopération entre éditeurs, grossistes et magasins, s’occupe du reste, à savoir que chaque libraire peut maintenant recevoir un stock de livres le lendemain de la commande. De cette manière, les libraires sont en mesure de rivaliser avec Amazon. Toutefois, le meilleur argument de vente pour ces derniers reste l’expertise et la connaissance littéraire du personnel.

Source : www.sergeroukine.com

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

norbix // 14.10.2013 à 16h51

Je trouve que dans tous les papiers que vous avez faits sur Amazon/ le marché du livre, vous faites preuve d’une naïveté. Puisqu’un livre n’a besoin que d’un lecteur et d’un auteur, tous les intermédiaires à cette relation seraient superficiels – libraires, éditeurs en premier lieu. S’il est vrai qu’on pourrait imaginer un système plus ouvert qu’il ne l’est aujourd’hui, toute personne connaissant quelque peu ce milieu et ce marché sait qu’une des principales difficultés est celle du choix. Entre le nombre de manuscrits qui sont envoyés aux éditeurs, entre le nombre de livre qui sont proposés aux libraires, il y a derrière tout cela des choix par différent acteurs du circuit à différents moments. Et la principale différence qu’il existe en Amazon et un libraire c’est celle de la sélection. Amazon c’est une base de donnée. Un libraire c’est un être humain avec des goûts et une personnalité qui propose certains livres à ces lecteurs et pas d’autres.
Si des petits éditeurs tels que La Fabrique, Agone, Tristram, ect… ont réussi à toucher un certain lectorat, c’est grâce aux libraires. Amazon ne sait pas faire cela, et cela n’est d’ailleurs pas son rôle.
D’autre part votre comparaison entre les prix des livres français et américains demanderait plus de précision. La taille des marchés respectifs n’est pas la même. Si le tirage moyen est supérieur là-bas alors évidemment le prix du livre sera moindre. Le tissu de librairies et d’éditeurs non plus n’est pas comparable. D’autre part, il n’existe pas de « format poche » dans le système anglo-saxon tel que nous connaissons chez nous.

Voilà certaines des réflexions qui me viennent après la lecteur, au demeurant, fortement stimulante de vos différents papier sur ce sujet.

26 réactions et commentaires

  • radtransf // 13.10.2013 à 04h59

    En tant que consommateur, les conditions de vente d’amazon (mais que pour leurs produits) sont aussi excellentes: 30 jours pour renvoyer le produit si on est pas satisfait et ensuite un sav compréhensif et réactif.

    D’un autre côté si ils peuvent se permettre ça, c’est parce que c’est une grosse multinationale qui n’a pas de boutique, aux pratiques fiscales et d’emploi douteuses. Alors forcément ils ont plus de possibilités d’avoir de bonnes conditions pour le client que la petite librairie d’une petite ville.

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    • ab // 13.10.2013 à 10h04

      Et ce n’est pas fini. Attendez qu’Amazon arrive sur le marché de l’épicerie/livraion à domicile… C’est déjà le cas dans certaines grosses villes américaines et ça marche du tonnerre. Le passage à « grande échelle » n’est qu’une question de temps…

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  • Merlin // 13.10.2013 à 08h41

    Ce que montre l’expérience de cet auteur, c’est que, dans ce domaine comme dans d’autres, les Américains ont une qualité qui fait leur force : ce sont les rois des processus.

    Cette force devient parfois leur faiblesse en cas de problème imprévu pour lequel ils n’ont pas imaginé à l’avance de processus… Côté Français, on passe son temps à improviser à chaque instant, ce qui se révèle utile pour savoir faire face astucieusement aux imprévus, mais s’avère catastrophique pour gérer efficacement les affaires courantes.

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  • Jean-philippe Tessier // 13.10.2013 à 09h16

    Bjr Olivier,

    Je te conseil, de rester en auto-édition ce qui est bcp plus rentable mais de passer quand même par un distributeur type Volumen qui assurera la partie logistique avec les libraires!

    Pour te suivre depuis quasi le début de ton blog, je sais que tu ne veux de mal à personne (sauf aux riches par simple jalousie socialiste ?). Mais il faut admettre qu’on est dans une économie destructrice creatrice.

    Les libraires n’ont pas su réinventer leur modèle, ils sont à la masse et ils veulent y rester. Les éditeurs papiers aussi. Les distributeurs papiers aussi.
    Pour éditer des livres je connais bien ce milieu, et il sent l’immobilisme. (Ce que tu admets entre les lignes pourtant)

    Donc il faut les laisser se reprendre (ou pas) faire et surtout pas leur faire le moindre cadeau fiscal. Ça serait se tirer une balle dans le pied et revenir en arrière…

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  • Joanna // 13.10.2013 à 10h02

    Excellent article.
    J’en déduis que les libraires traditionnels sont les premiers responsables de ce qui leur arrive.
    Il serait temps qu’ils commencent à en prendre conscience car ils vont être de plus en plus délaissés. J’ai déjà expliqué ici que mes tentatives d’achat auprès de commerces locaux s’étaient soldés par autant d’insatisfactions et de perte de temps … après ça on devient vite pragmatique.

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  • astap66 // 13.10.2013 à 10h15

    Je vis dans une petite ville de Province et une librairie est pour moi un endroit irremplaçable : on n’y vient pas seulement pour acheter mais pour se donner des idées en feuilletant des livres, en prenant des conseils du libraire, en flânant. Autant de choses qu’AMAZON ne peut pas nous offrir.
    Dans ma librairie, si un livre n’est pas en stock, il me le commandent et il est disponible deux ou trois jours après. Comme sur AMAZON en fait. Si j’ai bien compris, les libraires indépendants paient de gros frais de port en procédant de la sorte. D’un autre côté, ils n’ont souvent pas les locaux (et pas les moyens de les avoir) leur permettant de stocker un trop grand nombre de livres. La logistique dont dispose AMAZON s’explique en grande partie parce que cette société ne paie pas d’impôts sur les bénéfices (ou peu) sur ses ventes de livres…
    Les libraires indépendants ont-ils tenté de se regrouper en coopérative (ou autre) pour assurer cette logistique qui leur manque, au besoin en obtenant une aide des maisons d’édition ?

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    • Tatare // 13.10.2013 à 18h52

       » La logistique dont dispose AMAZON s’explique en grande partie parce que cette société ne paie pas d’impôts sur les bénéfices (ou peu) sur ses ventes de livres… »

      L’affirmation est péremptoire. Il faut d’abord générer un bénéfice, avant de payer un éventuel impôt!
      L’absence d’impôt n’est pas génératrice de bénéfice, c’est un plus recherché par tout bon gestionnaire, en complément d’une logistique redoutable.

      Maintenant, comme le dit Olivier, l’entreprise évolue dans le cadre délimité par le législateur, si la loi est une passoire c’est pas la faute d’Amazon.

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      • Kaiel // 14.10.2013 à 12h41

        Amazon ne paie pas d’impôt parce que leur société mère située au Luxembourg paie une filiale en France (et dans les autres pays) qui fait le travail et (amazon) ne lui donne que ce qui est nécessaire pour ne générer aucun bénéfice. Tout cela se fait avec une comptabilité et un jeu de facture ad hoc.
        1,6 milliard de chiffre d’affaire et 3,3 millions d’impôt.
        http://www.bfmtv.com/economie/exclusif-amazon-na-paye-3-3-millions-dimpots-france-381470.html

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  • Pipiou83 // 13.10.2013 à 11h34

    Les éditeurs accepteraient-ils que les petits libraires ne paient pas leur stock de livres ? J’en doute

    Pour stocker, il faut avoir les locaux adéquats et pouvoir absorber le coût du foncier à l’achat ou à la location, pas simple dans certaines régions où le foncier est très cher, d’ailleurs Amazon n’y est pas.

    Et puis, pour ses implantations, Amazon se voit dérouler le tapis rouge avec exonération de taxes, je ne pense pas que les libraires bénéficient des mêmes avantages.

    Enfin, l’argument du « je veux, j’ai tout de suite » ne me convainc pas du tout. Et on rentre là dans un aspect plus philosophique des choses.
    Personnellement, cela ne me dérange pas d’aller chez mon libraire commander les livres qu’il n’a pas en stock parce que je conçois tout à fait qu’il n’ait pas tout en stock et que je ne puisse pas forcément avoir tout de suite ce que je désire.
    Recevoir un livre en 3 ou 5 jours va-t-il profondément changer le cours de ma vie ?? J’ai décidé que la réponse était non et je commande chez mon libraire.

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  • Lisztfr // 13.10.2013 à 12h15

    On pourrait peut-être sérieusement exploiter ce paradoxe un jour, avec la puissance des PC :

    Paradoxe du singe savant (wiki) :

    « Le paradoxe du singe savant est un théorème selon lequel un singe qui tape indéfiniment et au hasard sur le clavier d’une machine à écrire pourra « presque sûrement » écrire un texte donné. »

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  • Casquette // 13.10.2013 à 12h39

    Franchement les histoires de délais je trouve ça exagéré,attendre 48H pour Amazon ou 3-4 jours supplémentaires chez un autre vendeur c’est pas une torture non plus.
    Je sais pas pour vous mais généralement j’ai déjà une pile de bouquins en attente quand j’en commande un autre.
    C’est sur que leur énorme capacité de stockage facilite leur donne un avantage certain mais cette obsession d’avoir tout dans l’instant est quand même problématique…et la crise que nous traversons n’est pas étrangère à ce désir d’instantané.
    Sur le profit des libraires qui part en fumée en frais de port, faute de stockage , j’avais émis l’idée dans l’autre billet d’un réseau coopératif de libraires à la malibrairie.com , qui ferait dans la vente à domicile , le tout serait de penser à un système qui permettrait de réduire les frais d’envoi : ristourne de la Poste , subventions comme pour la presse papier (bon c’est contraire au droit européen) , parce que le problème jusque là c’est qu’il y’a une double facturation sur l’affranchissement , de l’éditeur au libraire et du libraire à l’acheteur.
    D’ailleurs je remarque qu’encore une fois Amazon à une longueur d’avance sur le sujet , puisqu’ils proposent un système de dépôt-vente pour les libraires et les particuliers via leur market-place.

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  • Michel // 13.10.2013 à 14h01

    Alors, comme ça, un système ultra-pensé, ultra-organisé est plus efficace que le petit artisan?

    Quelle surprise.

    Laissons donc le Capitalisme oeuvrer. Autant être un larbin ultra efficace – un quasi robot – dans les entrepots d’Amazon qu’un indépendant approximatif parfois, certainement pas parfait… et tellement trop humain.

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    • Lisztfr // 13.10.2013 à 16h00

      Et des livres lus par des robots également.

      « Peut-être ne serais-je pas plus heureuse pour autant, mais je serais un petit caillou efficace au milieu de tous les autres cailloux. » Sylvia Plath

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  • JPS1827 // 13.10.2013 à 15h54

    Moi je n’ai rien contre Amazon ni contre les autres libraires. Je constate effectivement qu’il arrive souvent qu’un ouvrage récent ne soit disponible « que » sur Amazon. Cet été, en vacances en Savoie, j’ai voulu lire un livre paru début 2013, qui avait fait l’objet d’une remarquable émission sur France-Culture en juillet 2013 (ce qui permet aux libraires d’anticiper une augmentation probable des ventes de l’ouvrage). Me rendant à Chambéry, je suis allé à la librairie Décitre, grosse surface d’exposition et de vente. Ils ne l’avaient pas. Rentré le soir sur mon lieu de vacances je l’ai commandé chez Amazon et je l’ai reçu le surlendemain matin. Par ailleurs la liberté ne s’épanouit que dans des espaces où les droits de tous sont garantis et où tous remplissent leurs devoirs. II n’y a aucune raison pour qu’Amazon ne paie pas ses impôts normalement en France, et on doit vérifier régulièrement que ses salariés sont employés conformément au code du travail.

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    • step // 14.10.2013 à 13h06

      ah… c’est pas trop tot ! Ce n’est pas parce qu’une entreprise réussit qu’elle escroque forcément le fisc, ce n’est d’ailleurs pas parce qu’elle réussit qu’elle n’escroque pas le fisc. Ce n’est pas parce qu ‘elle escroque le fisc qu’elle réussit, l’escroquerie au fisc n’est pas forcément sans rapport non plus avec sa réussite.

      Et si à une conséquence il y avait plusieurs causes ? (un bon process, une optimisation fiscale, un nivellement par le bas social). Il serait interessant de se pencher sur la bonne raison du succès et de légiférer sur les mauvaises au lieu de voiloir fabriquer des « dieux ou des diables » modernes.

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  • fabien775 // 13.10.2013 à 17h51

    Il y a également ce qu’on appelle les envois d’ office qui correspondent à toutes les nouveautés que reçoivent les libraires de manière systématique par les distributeurs des sociétés d’ éditions. Cela représente des centaines de titres par mois d’où des problèmes de stockage important pour les petites librairies. Les envois étant facturés, les libraires ont 3 mois pour retourner les invendus et se faire rembourser (souvent des cartons de livres qui n’ ont jamais été ouvert sont retournés). Les libraires classiques n’ont plus beaucoup de temps à consacrer à la lecture et par la-même satisfaire ses clients.

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  • dany // 13.10.2013 à 20h53

    Les librairies Gibert méritaient un mot…Quant aux stocks des libraires, allez voir sur une carte ou’ se situe Banon (04)
    http://www.ledauphine.com/actualite/2012/04/04/la-librairie-le-bleuet-investit-4-4-millions-d-euros-pour-grandir-et-evoluer

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  • Lioenl // 14.10.2013 à 11h36

    « Et ce n’est pas fini. Attendez qu’Amazon arrive sur le marché de l’épicerie/livraison à domicile… C’est déjà le cas dans certaines grosses villes américaines et ça marche du tonnerre. Le passage à “grande échelle” n’est qu’une question de temps… »

    Et vous vous en félicitez? Viendra peut-être un jour où, ayant fini leurs études vos gosses n’auront d’autre choix que d’aller bosser chez la pieuvre Arnaquezon…

    Et à ce moment-là je crois qu’ils ne partageront pas votre enthousiasme!

    Pour en revenir aux bouquins l’ambition de Bezos après avoir fait crever les libraires sera d’administrer le coup de grace aux éditeurs.

    Ainsi chacun pourra directement envoyer son e-manuscrit à Arnaquezon qui le publiera. AZ palpera 70% du prix de vente et refilera royalement les 30 qui restent à l’auteur.

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    • step // 14.10.2013 à 13h09

      …qui seront très contents car cela triplera leur part dans l’affaire. Mais on aura un chomage à 15%, et je ne doute pas qu’au plus haut niveau de l’état on se demandera pourquoi.

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  • norbix // 14.10.2013 à 16h51

    Je trouve que dans tous les papiers que vous avez faits sur Amazon/ le marché du livre, vous faites preuve d’une naïveté. Puisqu’un livre n’a besoin que d’un lecteur et d’un auteur, tous les intermédiaires à cette relation seraient superficiels – libraires, éditeurs en premier lieu. S’il est vrai qu’on pourrait imaginer un système plus ouvert qu’il ne l’est aujourd’hui, toute personne connaissant quelque peu ce milieu et ce marché sait qu’une des principales difficultés est celle du choix. Entre le nombre de manuscrits qui sont envoyés aux éditeurs, entre le nombre de livre qui sont proposés aux libraires, il y a derrière tout cela des choix par différent acteurs du circuit à différents moments. Et la principale différence qu’il existe en Amazon et un libraire c’est celle de la sélection. Amazon c’est une base de donnée. Un libraire c’est un être humain avec des goûts et une personnalité qui propose certains livres à ces lecteurs et pas d’autres.
    Si des petits éditeurs tels que La Fabrique, Agone, Tristram, ect… ont réussi à toucher un certain lectorat, c’est grâce aux libraires. Amazon ne sait pas faire cela, et cela n’est d’ailleurs pas son rôle.
    D’autre part votre comparaison entre les prix des livres français et américains demanderait plus de précision. La taille des marchés respectifs n’est pas la même. Si le tirage moyen est supérieur là-bas alors évidemment le prix du livre sera moindre. Le tissu de librairies et d’éditeurs non plus n’est pas comparable. D’autre part, il n’existe pas de « format poche » dans le système anglo-saxon tel que nous connaissons chez nous.

    Voilà certaines des réflexions qui me viennent après la lecteur, au demeurant, fortement stimulante de vos différents papier sur ce sujet.

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  • Clive // 14.10.2013 à 18h37

    @ OB,
    La loi Lang vous fais perdre quelques dizaines d’Euros car les multinationales ne peuvent pas baisser le prix des livres… et vous relayez les idées de M. Allais ou J. Sapir qui prônent une forme de protectionnisme pour sauver des pans de l’économie locale/nationale.
    Or la vente sur internet est rien d’autre que la délocalisation en ligne d’un commerce de proximité. Vous pouvez chercher les prétextes pour justifier de vos achats en ligne, mais la librairie en bas de chez moi commande n’importe quelle référence et si le livre est disponible chez l’éditeur je passe le chercher le lendemain… Qu’est-ce qui vous empêche de faire de même, vous qui habitez la région parisienne?

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    • Clive // 15.10.2013 à 10h58

      Faire des choix, prendre le temps… tout un art de vivre…

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    • solalbe // 15.10.2013 à 14h16

      « la vente sur internet est rien d’autre que la délocalisation en ligne d’un commerce de proximité » ?! Très lénifiante votre formule. Dans les circonstances actuelles, amazon détruit les commerces de proximité en faisant du dumping (dix ans de pertes abyssales pour truster les pdm!). Ce dumping et des financements monumentaux (on est loin des conditions atomistes de la micro…) lui permettent, among other tricks, de fournir un service génial, faut admettre!, mais qui sera bientôt en position de monopole mondial ou presque. Et alors là, que faudra-t-il faire? Idéalement, en faire un bien public propriété de tous.. ha! ha! Pas très vraisemblable.

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  • Elodie Moses // 14.10.2013 à 23h46

    Commande chez amazon: livre 19 €, 3 jour pour livrer
    Commande chez le libraire: livre, 24 € (on m’aurait dit 21€ au moment de la commande, 3 semaines et 3 jours et deux signalements de ma part!)
    J’ai fait des efforts…

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  • solalbe // 15.10.2013 à 13h49

    Il semble en tout cas que les conditions de travail soient très dures dans les entrepôts. J’ai lu quelque part que la plupart des employés sont lessivés après quelques mois et jettent l’éponge. Le climat n’est pas non plus très favorable aux syndicats comme le suggère l’exemple de l’Allemagne dont amazon menacerait de se retirer.

    Libé a fait un papier là-dessus il y a quelques jours :
    http://www.liberation.fr/economie/2013/10/06/en-allemagne-amazon-pourrait-tourner-la-page_937485
    extrait :
    « Ouvert en 2006, le centre de Leipzig, qui compte 2 000 employés, est agité depuis des mois par des grèves. Comme à Bad Hersfeld, le premier site allemand du groupe – qui emploie 3 700 salariés dont 2 100 CDD -, les employés réclament l’alignement de leur rémunération sur les salaires en vigueur dans le secteur de la distribution. Ce que refuse Amazon au motif que ses centres de distribution sont des entreprises de logistique. Sur son site internet, le puissant syndicat des services Ver.di aligne des pages de doléances sur les pratiques d’Amazon, à commencer par l’embauche en CDD de personnes recrutées à chaque fois plus loin du lieu de travail. «Il s’agit d’éviter de retomber sur des personnes qui ont déjà travaillé pour le groupe»,explique un employé.

    Cadences infernales, flicage par les supérieurs appelés «lead», «area manager» ou «opération manager», absence de pause pour aller aux toilettes, les conditions de travail sont vivement critiquées. Un salarié des centres logistiques accomplit une bonne quinzaine de kilomètres à pied par jour. «J’ai l’impression de n’être qu’un numéro qui peut être viré dès qu’il ne donnera plus satisfaction», déplore un employé de 35 ans, pourtant apprécié au point d’être passé d’un CDD à un CDI au bout d’un an. »

    Sinon, comme facebook, google, starbucks et autre géants, amazon paye très peu d’impôts en France (ou UK ou DE) grâce aux échappatoires obligeamment ménagées par nos autorités (Bercy réclame tout de même un milliard je crois à Google). Même les Anglais se sont récemment révoltés contre cette absurdité: un Starbucks à tous les coins de rue et ils ne paient pas d’impôts!

    Maintenant, les libraires français n’ont pas trouvé la réplique coopérative, forcément coopérative, qu’ils doivent mettre en place!

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  • Aikos // 25.10.2013 à 02h48

    Très intéressante étude sur le marché du livre ou comment un lobby est parvenu à se faire considérer comme nécessaire pour maintenir son gagne-pain.

    Je me suis fait la même remarque sur le marché de la musique (en plus court) alors je lui ai aussi consacré un article:
    http://aikos.fr/le-telechargement-ma-tuer/

    En fait c’est le même procédé qui fut utilisé que les libraires. Là encore, ce qui est scandaleux c’est que des parlementaires y cèdent…

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