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14.novembre.202014.11.2020 // Les Crises

Haut-Karabagh : L’accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et ses conséquences

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Source : BBC
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Anastasia Golubeva, Grigor Atanesyan, Vladimir Dergachev, Petr Kozlov, Maharram Zeynalov – Service russe de la BBC

Le conflit sanglant de 44 jours a été arrêté dans la nuit du 10 novembre. Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, le premier ministre arménien Nikol Pashinyan et le président russe Vladimir Poutine ont signé un accord pour mettre fin à la guerre dans le Haut-Karabakh.

En vertu de cet accord, la partie arménienne perd d’importants territoires dans le Haut-Karabakh et tous les districts occupés autour de celui-ci.

Près de 2 000 soldats russes se tiendront le long de la ligne de contact et du corridor de Lachin.

Qu’est-ce que tout cela signifie pour l’Azerbaïdjan, l’Arménie, la Russie et le nouvel acteur, la Turquie ? Le service russe de la BBC répond aux principales questions sur la trêve.

Que dit l’accord ? Qui garantit le respect de la paix ?

Dans la matinée du 10 novembre, l’accord trilatéral entre les parties au conflit et la Russie a été publié sur le site officiel du Kremlin.

En voici ses principales dispositions :

  • L’Arménie et l’Azerbaïdjan cessent complètement les combats au Karabakh, les troupes restent sur leurs positions. Le cessez-le-feu est contrôlé par un centre spécial de maintien de la paix ;
  • Les parties échangent leurs otages, leurs prisonniers et leurs corps ;
  • Les troupes russes de maintien de la paix sont déployées au Karabakh pour cinq ans avec une prolongation automatique de cinq ans supplémentaires avec l’accord des parties. Ils occupent la ligne de contact ;
  • La ville de Choucha reste sous contrôle azerbaïdjanais ;
  • L’Arménie est obligée de restituer trois districts à l’Azerbaïdjan – Agdam, Kelbajar et Lachin. Stepanakert (Khankendi), Mardakert (Agdere), Martuni (Khojavand) et des parties de l’ancien NKAO non capturées par l’armée azerbaïdjanaise restent sous contrôle arménien ;
  • Un corridor de 5 km de large sera mis en place dans le district de Lachin pour relier le Karabakh à l’Arménie. Il sera contrôlé par des troupes russes de maintien de la paix ;
  • L’Arménie s’engage à garantir la sécurité des communications entre l’Azerbaïdjan et la République autonome du Nakhitchevan. Le couloir sera contrôlé par l’armée russe ;
  • Les personnes déplacées et les réfugiés retourneront dans le Haut-Karabakh et les régions avoisinantes sous le contrôle de la commission des Nations unies ;

Selon le texte de l’accord, le contrôle de la paix dans la région sera pris en charge par les militaires russes. À cette fin, les premières troupes de maintien de la paix se sont rendus au Karabakh lundi. Au total, 1960 soldats, 90 véhicules blindés de transport de troupes et 370 unités d’automobiles et d’équipements spéciaux devraient être déployés.

Après le cessez-le-feu déclaré, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a déclaré que des troupes turques de maintien de la paix seraient également déployées au Karabakh, mais l’accord officiel ne dit rien à ce sujet. Le ministère russe des affaires étrangères et Dmitri Peskov ont d’ailleurs démenti les propos d’Aliyev.

Cependant, la Turquie peut aider l’Azerbaïdjan à créer un centre de contrôle des conditions de cessez-le-feu, a déclaré M. Peskov. Mais le centre sera situé sur le territoire de l’Azerbaïdjan proprement dit, en dehors du Karabakh.

Pourquoi les parties n’ont-elles convenu que maintenant de l’envoi de troupes de maintien de la paix ? Y a-t-il un risque de nouvelle guerre ?

Tant la partie arménienne que les dirigeants du Haut-Karabakh affirment que les forces azerbaïdjanaises ont acquis un avantage significatif après la prise de Choucha. Aliyev a annoncé sa capture le 8 novembre.

C’est un point stratégiquement important pour la région : il se trouve sur un plateau d’où Stepanakert, la capitale de la NKR non reconnue, tire presque toutes sortes d’armes.

Si les combats avaient continué, l’Azerbaïdjan aurait capturé toute la république non reconnue en quelques jours, a assuré le président de la NKR, Araik Harutyunyan. Les combats se déroulaient déjà aux abords de Stepanakert.

Le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan a assuré qu’il avait signé l’accord après que l’armée arménienne ait insisté sur ce point. Il a dit qu’il y avait des problèmes de mobilisation en Arménie pour continuer la guerre.

« J’ai pris une telle décision alors que l’armée, en fait, insistait pour prendre une telle décision. Nous étions dans une situation où l’armée affirmait que nous devions arrêter« , a déclaré M. Pashinyan.

Aujourd’hui, la stabilité dans la région est garantie par les forces de maintien de la paix, dont l’attaque signifierait un affrontement direct avec la Russie.

« Les Azerbaïdjanais sont clairement enthousiastes quant à leur succès sur le champ de bataille« , a déclaré James Worlick de la BBC, ancien coprésident américain du Groupe de Minsk de l’OSCE. – Nous espérons que la paix se poursuivra, mais à l’intérieur de l’Azerbaïdjan, ils insisteront pour que l’ensemble du Haut-Karabakh soit saisi. Les soldats de la paix sont nécessaires pour prévenir de nouvelles hostilités et d’éventuelles représailles« .

Le déploiement de troupes de maintien de la paix russes est « le meilleur résultat« , a déclaré le militant civil Bahruz Samedov, étudiant de troisième cycle à l’Université Charles de Prague : « Malgré l’esprit postcolonial de la présence russe, cela signifie la paix et la sécurité pour la région. Nous avons tous vu comment les acteurs internationaux n’ont rien fait pour parvenir à la paix pendant la guerre« .

« Les tentatives de la Russie ont également échoué au début. Mais la Russie a agi de manière décisive, en essayant de mettre fin à la guerre et de satisfaire les intérêts de l’Azerbaïdjan. Dans cette situation, la mission russe de maintien de la paix jouera un rôle d’équilibrage et est absolument nécessaire pour un véritable cessez-le-feu« , a déclaré M. Samedov.

Selon lui, seule la présence de la Russie permettra de contrebalancer l’influence croissante de la Turquie.

Pourquoi n’y a-t-il aucune déclaration sur le statut du Karabakh dans l’accord ?

L’accord ne dit rien sur le statut du Haut-Karabakh. Il s’agit du territoire de la région autonome du Haut-Karabakh (NKAO) au sein de la RSS d’Azerbaïdjan, qui était principalement peuplé d’Arméniens. Avant cette guerre, la majeure partie du territoire était occupée par la République non reconnue du Haut-Karabakh (Artsakh).

En réponse à une question sur le statut du Karabakh, le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov, a déclaré que tous les actes juridiques précédents, y compris les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, restaient en vigueur. Ils ont déclaré leur engagement en faveur de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan et ont exigé le retrait des forces arméniennes des régions qu’elles occupaient autour de NKAO.

A court terme, le Haut-Karabakh restera probablement sous le contrôle des forces arméniennes – à l’exception des parties occupées par l’armée azerbaïdjanaise, déclare le rédacteur en chef du journal américain Eurasianet, Joshua Kuchera, de la BBC.

Mais l’accord ne dit rien sur une solution à long terme. Et dans une situation d’incertitude, le garant de la paix dans la région sera les soldats de la paix.

La situation actuelle n’est pas une paix définitive, a expliqué Hans Gutbrod, expert du Caucase du Sud à la BBC. Selon lui, il y a beaucoup à faire pour stabiliser la situation dans la région et ouvrir les frontières. Pour cela, les acteurs clés de la Turquie et de l’Azerbaïdjan doivent faire preuve de flexibilité au moment de la victoire, a-t-il dit.

« C’est un grand soulagement pour moi que les combats aient pris fin et que nous ayons réussi à éviter des morts inutiles« , reconnaît le journaliste azerbaïdjanais Arzu Heybullah. Selon elle, les soldats de la paix peuvent faire cesser les combats, mais une paix durable nécessite le soutien de pays neutres comme l’Allemagne.

Gaybullah est convaincu que le conflit ne peut être résolu sans dialogue.

« Nos dirigeants n’ont pas préparé les nations à la paix« , convient la journaliste arménienne Lara Setrakian. – Nous sommes en guerre depuis trop longtemps, nous devons briser le cercle vicieux, pas uniquement le stopper« .

Elle convient également que la communauté internationale devrait soutenir la réconciliation des deux peuples : « Tant que nous n’aurons pas trouvé de solutions concrètes, les hostilités reprendront lorsque les forces extérieures se désintéresseront« .

Quels sont les résultats obtenus par l’Azerbaïdjan ? Pourquoi le Nakhitchevan est-il important pour Bakou ?

L’Azerbaïdjan a non seulement récupéré tous les territoires perdus pendant la guerre il y a 25 ans, mais a également pris le contrôle de l’ancienne et symboliquement très importante ville de Choucha. En fait, celui qui contrôle Choucha peut prendre le contrôle de la capitale du Karabakh à tout moment.

« L’Artsakh n’existera pas avec la perte de Choucha et de l’armée. En fait, la durée de cinq ans du mandat des « soldats de la paix » n’est nécessaire que pour créer des conditions institutionnelles permettant aboutissant à l’évacuation de la population arménienne « par elle-même », sans « nettoyage ethnique », a écrit Gleb Kuznetsov, un politologue proche du Kremlin.

À en juger par les accords de paix signés par Aliyev, Pashinyan et Poutine, l’Azerbaïdjan recevra bientôt aussi un important corridor de transport.

Le corridor terrestre de transit le long de la frontière sud de l’Arménie avec l’Iran reliera le territoire principal du pays à son exclave, la République autonome du Nakhitchevan (NAR). Le Nakhitchevan, quant à lui, est frontalier de la Turquie.

Les porteurs d’opinions radicales, qui estiment que tous les Arméniens devraient quitter l’Azerbaïdjan, sont en minorité absolue à Bakou, a assuré le politologue et député azerbaïdjanais Rasim Musabekov à la BBC.

Il parle de craintes plus sérieuses concernant les soldats de la paix russes en raison d’exemples négatifs : le conflit gelé en Moldavie et la perte par la Géorgie de territoires de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie.

Cependant, l’écrasante majorité à Bakou perçoit la nouvelle paix au Karabakh comme une victoire. « Si vous avez vu des foules en liesse, cela montre que les gens pensent que le résultat est une victoire. Et c’est vraiment une victoire« , assure M. Musabekov.

Il a rappelé que selon les accords, les troupes arméniennes sont retirées des régions autour du Karabakh, ce qui a permis d’éviter de nouvelles effusions de sang.

« Les gens se sont réjouis à la fois de la victoire et du fait que la paix arrive. Et je pense que l’écrasante majorité approuve pleinement le président de l’Azerbaïdjan, qui a à la fois mené la guerre correctement et l’a fournie à temps, et a mis un point diplomatique pour mettre fin à la guerre« , a conclu le député.

Qu’est-ce qui attend l’Arménie ? La révolution menace-t-elle Pashinyan ?

L’accord signé a provoqué des émeutes à Erevan. Nikol Pashinyan, qui est arrivé au pouvoir à la suite des manifestations de masse en 2018, est maintenant lui-même confronté à la menace d’émeutes de rue.

Après la nouvelle de la signature des accords de paix, une action de protestation à grande échelle a commencé dans le centre d’Erevan. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées devant le bâtiment du gouvernement, certains manifestants ont franchi le cordon et ont pénétré dans le complexe. Quelques dizaines de personnes ont cassé des portes et des fenêtres dans le bâtiment, arraché une pancarte du bureau privé de Pashinyan.

La foule a battu le président du Parlement, représentant du bloc au pouvoir « My Step », Ararat Mirzoyan.

Le Catholicos de tous les Arméniens, Karekin II, a demandé des explications complètes sur les raisons pour lesquelles le Premier ministre a accepté une telle paix.

Le président du pays, Armen Sargsyan, a accusé Pashinyan de ne pas l’avoir consulté avant de signer l’accord.

Tout de suite, 17 partis d’opposition ont exigé la démission de Pashinyan. Mais un seul d’entre eux, l’Arménie prospère, représente l’opposition parlementaire et compte un nombre tangible de partisans. Les adversaires du Premier ministre exigent que les accords de paix soient rompus. Le Parti républicain de l’ancien président Serzh Sargsyan l’a demandé.

Pashinyan lui-même a fait référence au fait que l’armée avait insisté pour arrêter la guerre.

Richard Giragosian, directeur du « Centre d’études régionales » (RSC) d’Erevan, ne s’attend pas à un changement de pouvoir brutal en raison du faible nombre de protestations et de l’impopularité de l’opposition.

Mais Pashinian doit rétablir la paix et la confiance dans les semaines à venir, ce qui n’est pas facile, admet Giragosian : « Son style impulsif, populiste et émotionnel en politique n’est pas très adapté à une telle tâche. »

Joshua Kuchera, rédacteur en chef du journal américain Eurasianet, estime au contraire que le pouvoir de Pashinyan est gravement menacé, car beaucoup en Arménie se sentent trahis non seulement par la capitulation devant l’Azerbaïdjan, mais aussi par l’annonce même faite la nuit et sans débat public comme il l’avait promis.

« Il a de nombreux opposants politiques et ils veulent saisir l’occasion de le renverser« , a déclaré M. Kuchera.

Il était plus profitable pour l’Arménie à moment donné de parvenir à un règlement du conflit par un accord basé sur les principes de Madrid, a déclaré à la BBC l’ancien coprésident américain du Groupe de Minsk de l’OSCE, James Worlick.

L’accord impliquait le transfert des territoires occupés autour de la NKR à l’Azerbaïdjan, le statut temporaire d’une république non reconnue et la résolution de son sort par référendum. Mais au cours des dernières décennies, toutes les négociations sur la NKR ont été bloquées en raison des positions diamétralement opposées des parties.

Warlick souligne la présence temporaire des soldats de la paix et appelle les parties à travailler pour parvenir à la paix, qui, selon lui, ne peut être garantie uniquement par Moscou.

Pourquoi Moscou n’est-il pas intervenu plus tôt ? La situation est-elle bénéfique pour la Russie ?

Officiellement, la Russie n’avait aucune raison d’intervenir dans le conflit, car les hostilités se déroulaient sur le territoire internationalement reconnu de l’Azerbaïdjan et ne débordaient pas sur le territoire de l’Arménie, pays allié de la Russie au sein de l’OTSC. Et l’introduction de soldats de la paix n’est autorisée qu’avec le consentement des deux parties belligérantes, comme l’a déclaré à plusieurs reprises le secrétaire de presse de Poutine Dmitri Peskov aux journalistes.

L’argument contre l’intervention initiale de la Russie aurait pu être le rôle sérieux de la Turquie, qui a pris le parti de Bakou. Le sort du groupe russe en Syrie et en Libye dépend en grande partie des relations russo-turques, il n’a donc pas été pressé pour aider l’Arménie.

Mais dans la nuit du 10 novembre, avant même l’annonce officielle de l’accord de paix, la situation a atteint ses limites. Un hélicoptère russe Mi-24 a été abattu au-dessus du territoire arménien près de la frontière avec le Nakhitchevan par l’Azerbaïdjan, deux militaires ont été tués et un autre a été grièvement blessé.

L’incident aurait pu être un motif d’intervention, mais la partie azerbaïdjanaise s’est excusée pour ce qui s’est passé, déclarant qu’elle était prête à indemniser les familles des victimes.

Moscou n’a pas accordé à cette tragédie une importance indue, alors qu’elle s’apprêtait à signer les accords de paix définitifs. Le 10 novembre, le président Vladimir Poutine a observé une minute de silence à la mémoire des pilotes et a demandé au ministre de la défense Sergei Shoiga d’aider leurs familles.

Le Kremlin s’occupe du conflit depuis le tout début, suggère Fyodor Lukyanov, rédacteur en chef de Russie dans Global Policy. La Russie a négocié avec la Turquie, a eu des contacts avec l’Azerbaïdjan et a fourni un soutien militaire informel à Erevan, a-t-il déclaré.

Et ils ont maintenant conclu des accords de paix, car l’armée azerbaïdjanaise, avec le soutien de la Turquie, a rempli la tâche de contrôler de vastes territoires, estime l’expert.

« La Russie n’est pas intéressée à promouvoir l’Azerbaïdjan. Une éventuelle capture de Stepanakert aurait déjà l’odeur d’une catastrophe humanitaire« , a expliqué M. Lukyanov. – Et si un tel accord avait été proposé il y a une semaine, l’Arménie n’aurait pas accepté. Hier, la situation était tout autre« .

Pashinyan n’avait pas d’autre choix que d’accepter un accord de paix et de ne pas risquer la chute de Stepanakert, a accepté Warlick.

En conséquence, la Russie s’est sortie « élégamment » de la situation, Lukyanov en est sûr : « Les relations ont été préservées avec les deux parties. La présence militaire de la Russie s’est accrue. La dépendance de l’Arménie vis-à-vis de la Russie a augmenté. L’Azerbaïdjan est en bon état et il est convaincu que la Russie a fixé le statu quo« .

La Russie semble travailler activement en coulisse pour prévenir un conflit plus large, déclare l’ancien coprésident américain du Groupe de Minsk de l’OSCE, James Worlick.

Il estime qu’il est important que les États-Unis et la France, en tant que pays coprésidant le Groupe de Minsk, ainsi que l’OSCE, interagissent plus activement sur cette question.

Qu’est-ce que la Turquie a réalisé ? Dans quelle mesure l’influence d’Ankara dans le Caucase a-t-elle augmenté ?

L’issue du conflit renforce la position de la Turquie dans le Caucase du Sud et son influence sur l’Azerbaïdjan.

L’un des principaux avantages dont la Turquie bénéficie du fait du conflit est la communication directe avec l’Azerbaïdjan par transport terrestre, via un corridor traversant l’Arménie et le Nakhitchevan.

« La Turquie a reçu le maximum possible par le biais d’actions indirectes, ce qui est important pour Erdogan dans les conditions du triste état de l’économie turque« , a écrit le politologue Alexei Makarkin. – Et il semble qu’il va développer des relations avec la Géorgie, en étendant sa présence dans le Caucase du Sud« .

Mais le journaliste canadien Neil Hoyer, qui a couvert la guerre et étudié la confrontation entre la Russie et la Turquie dans d’autres points chauds, considère que Moscou est le bénéficiaire principal de ces accords.

La Turquie n’a pas obtenu le rôle qu’elle souhaitait dans la résolution du conflit : Moscou a introduit son contingent au Karabagh, tandis qu’Ankara ne pourra envoyer que plusieurs officiers au centre de surveillance en Azerbaïdjan.

La tentative de la Turquie de devenir un acteur clé dans le Caucase du Sud a menacé l’influence russe, déclare Kevork Oskanian du département de sciences politiques de l’université de Birmingham.

Il a été surpris de voir comment Moscou a réussi à transformer le défi de sa domination régionale en une présence militaire au Karabakh, ce qui a limité l’influence turque.

Source : BBC – 10/11/2020
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Commentaire recommandé

Samuel // 14.11.2020 à 10h23

Les 2 commentaires précédents sont très bon. Ce qui est amusant est que l Arménie via une révolution orange a la sauce Soros a basculé vers le camps occidentale. Les Usa ont construit une immense ambassade avec 2000 personnes. Le premier ministre a tourné le dos a la Russie. L Arménie s est pris une raclée car les nouveaux amis ,USA, France n ont rien fait pour soutenir militairement. Les manifestants arméniens après la défaite ont saccagé le parlement et les bureaux de l ong de Soros….qu est ce qu on rigole…les Arméniens comme en Ukraine ont fait le boulot en votant des lois russophones …mais rien en retour….

18 réactions et commentaires

  • LibEgaFra // 14.11.2020 à 08h55

    La meilleure analyse a été fournie ici:

    https://duckduckgo.com/?t=ffsb&q=understanding-the-outcome-of-the-war-for-nagorno-karabakh%2F&ia=web

    Encore un coup de maître de la diplomatie russe. Pashinian récolte les conséquences de son atlantisme. A se demander si la Russie n’a pas poussé en sous-main l’Azerbaïdjan à agir.

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  • moshedayan // 14.11.2020 à 09h30

    Si l’on en croit l’opinion dominante des médias russes, ce n’est pas du tout le sentiment d’un « coup de maître ». … Mais un goût amer de devoir intervenir pour éviter une ingérence turque directe et les effets de la politique imbécile pro-occidentale du gouvernement actuel arménien… Les Russes se seraient bien passés de dépenses militaires supplémentaires, à l’heure de la pandémie… Le départ des Arméniens du Karabakh n’est absolument pas envisagé comme valable s’il n’y a pas de compensations sur le Nakhitchevan – car sans équilibre sur ces deux régions le ressentiment national des Arméniens sera immense et la Russie ne souhaite pas du tout que l’Azerbaïdjan se renforce avec l’aide d’un appui turc – l’impérialisme ottoman est l’ennemi historique de la Russie. Tout sera fait pour écraser les ambitions turques sur tout le flanc sud de la Russie. Les Russes sont plutôt partisan d’un système fédéral pour l’Azerbaïdjan qui reconnaisse le droit des minorités y compris territorialement – Arméniens, Talichs (iraniens) et Lezghians au Nord, pour cela ils feront aussi comprende à l’Arménie qu’elle doit renoncer à appuyer stupidement « l’indépendance » du Haut-Karabakh (pour au fond agrandir l’Arménie…) Une revendication qui participa aussi au délabrement de l’URSS (et les Russes ne l’ont pas oublié… chaque chose a sa place…)
    Quant à la destruction de l’hélicoptère russe au Nakhitchevan ! Les Russes ont écouté les « excuses » de Bakou… qu’ils jugent douteuses.

      +24

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    • Jaaz // 16.11.2020 à 17h03

      A mon sens, parler d’impéralisme turc à l’égard de la Russie, est aussi pertinent que parler d’impéralisme français à l’égard des Britanniques ou des US. La Turquie a historiquement des liens culturels avec les pays de l’Asie centrale, et encore davantage avec l’AZ et le Caucase en général. Ne serait-ce que parce qu’une bonne partie des Turcs est d’origine « caucasienne ». Une influence turque existe, et inversement d’ailleurs, mais le terme impérialisme est inapproprié. Et les Russes, à part museler totalement ces pays, ce qui n’arrivera pas, ne peuvent rien y faire.
      Je doute donc fort qu’il ait un antagonisme évident.
      Bien au contraire: du point de vue des médias turcs, en lien direct avec le pouvoir, la Russie est davantage vue comme un partenaire fiable, que comme un empire à endiguer (qui est le point de vue otanesque).
      Donc ce qu’on considère ici étrangement comme une concurrence directe entre « empire » russe et « empire ottoman », manque de pertinence. Dans bon nombre de domaines stratégiques, il y a plus de coopération que de divergences, et ce, même malgré les apparences, et je pense notamment par à la Syrie. Ce n’est pas pour rien que le seul processus qui ait fait preuve de sérieux dans la question syrienne est celui d’Astana.
      Et puis, j’ai plutôt l’espoir d’une normalisation entre Arménie et TR, car celle-ci a dû subir la pression des AZ concernant l’occupation AR sur le Haut-Karabakh, pour arrêter le processus né de la diplomatie du football en 2006 de mémoire.
      A voir donc si une nouvelle ère commencera dans la région.

        +0

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  • Samuel // 14.11.2020 à 10h23

    Les 2 commentaires précédents sont très bon. Ce qui est amusant est que l Arménie via une révolution orange a la sauce Soros a basculé vers le camps occidentale. Les Usa ont construit une immense ambassade avec 2000 personnes. Le premier ministre a tourné le dos a la Russie. L Arménie s est pris une raclée car les nouveaux amis ,USA, France n ont rien fait pour soutenir militairement. Les manifestants arméniens après la défaite ont saccagé le parlement et les bureaux de l ong de Soros….qu est ce qu on rigole…les Arméniens comme en Ukraine ont fait le boulot en votant des lois russophones …mais rien en retour….

      +26

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    • Croz // 15.11.2020 à 14h23

      « en votant des lois russophobes », vous voulez dire.

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  • Quintus // 14.11.2020 à 10h55

    À l’exception de l’occupation par l’Azerbaïdjan du tiers sud du Haut-Karabakh l’accord va dans la direction de la paix. La Russie a su se placer en arbitre d’un conflit entre les deux républiques qui ne se limite pas qu’au Haut-Karabakh, mais aussi au corridor de l’Araxe qui permet de connecter le Nakhchivan au reste de l’Azerbaïdjan. Sa puissante armée garantira le respect d’un armistice en attendant un traité de paix, que les trois (ou quatre) parties impliquées ont 5 ans renouvelables pour rédiger.

    L’accord est quand même bien plus défavorable pour l’Arménie qu’on ne le pense. En effet, le seul lien terrestre à intérieur à l’Arménie qui relie la vallée de l’Araxe au reste du territoire passe par un col à plus de 2500 m d’altitude, qu’on peut imaginer peu praticable au moins la moitié de l’année. La partie inférieure de vallée de l’Araxe précédemment occupée en Azerbaïdjan assurait une liaison terrestre bien plus commode. La crainte que des territoires proprement arméniens échappent de fait au contrôle d’Erevan est fondée.

    Reste à traiter la terre irrédente qu’est le Haut-Karabakh : pour l’instant les territoires arménophones reconquis par l’Azerbaïdjan font l’objet d’une politique de la terre brûlée de la part de leurs habitants. Soit on se donne 5 ans pour en évacuer tous les chrétiens arménophones, soit on utilise ce temps pour réconcilier Arméniens, Azéris, Turcs et autres peuples de ce coin du monde : la réouverture des frontières entre Turquie et Arménie permettrait aux Arméniens de visiter leur chère montagne…

      +4

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  • Francois Marquet // 14.11.2020 à 11h13

    Samuel, vous vouliez dire russophobes, je suppose. Oui l’Arménie a connu son Maidan, un rapprochement avec l’OTAN et les conséquences seront les mêmes qu’en Ukraine: perte de territoires, appauvrissement, exode. Les russes limitent la poussée turque vers l’Azerbaidjan, mais il a fallu tracer une ligne rouge – pas d’introduction de jihadistes dans le caucase – en bombardant les protégés d’Ankara et les instructeurs turcs en Syrie. Décidément, la Turquie est un « allié » bien encombrant pour Moscou..

      +17

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    • Samuel // 14.11.2020 à 11h27

      Merci pour la correction. Je voulais dire russophobes (ah les correcteurs d´orthographe ).

        +4

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      • Croz // 15.11.2020 à 15h00

        Ce correcteur a jugé que « russophobe » était un terme inexistant, ou émanant de la « propagande russe ». Les correcteurs d’orthographe seraient-ils otanisés ?

          +1

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  • RGT // 14.11.2020 à 11h24

    La première cause de ce conflit remonte à 25 ans avec le non respect par les arméniens de restituer des terres conquises à l’Azerbaïdjan qui étaient bel et bien spécifiées dans l’accord de paix de l’époque (et sur lequel la Russie insistait, ne l’oublions pas).

    Les turcs se sont simplement « infiltrés » dans ce conflit pour des raisons géopolitiques et ont profité de l’aubaine pour prendre pied en Azerbaïdjan, comme ils le font actuellement un peu partout dans la région.

    Finalement, les russes se sont simplement contentés de valider ce qu’ils avaient approuvé il y a bien longtemps, ont fait preuve de grande modération afin de calmer les ardeurs des belligérants et ont permis qu’une situation plus stable et plus équitable soit enfin mise en place.

    Les grands perdants sont bien sûr les turcs qui sont boutés hors de cet accord (avec sans doute des conditions secrètes spécifiant qu’ils doivent déguerpir immédiatement, ainsi que leurs « protégés » du territoire de l’Azerbaïdjan (pris en tenaille entre la Russie et l’Iran qui, personne n’en parle, soutient l’Arménie chrétienne => ???).

    Et aussi les occidentaux qui vont avoir droit à un virage politique arménien suite à leur refus total de protéger leurs « protégés », démontrant par là qu’ils se foutent totalement du sort des « pays amis », se contentant simplement de les instrumentaliser contre leurs propres « ennemis ».
    Qui sont les seuls à réellement s’inquiéter du sort des arméniens.

    Comme la situation est redevenue « normale » et que les terres qui devaient à l’origine revenir à l’Azerbaïdjan ont été restituées nous pouvons espérer que la paix s’installe (enfin) durablement.

    L’objectif des russes et des iraniens est simplement que les pays à leurs frontières ne soient pas de lieux de conflits.
    Simplement pour éviter que ces conflits ne débordent sur leur propres territoires.

    Tandis que d’autres nations sont prêtes à aller foutre le bordel partout pour défendre leurs intérêts (et surtout pour « valoriser » leur dirigeants).

      +13

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  • Darras // 14.11.2020 à 14h10

    Quelques questions:
    Pourquoi l’Arménie n’a-t-elle pas décrété de mobilisation?
    Pourquoi l’Arménie n’a-t-elle pas envoyé de troupes mais a laissé des milliers de gamins volontaires sans formation militaire aller se faire tuer?
    Pourquoi l’Arménie a refusé de demander l’aide des Russes pendant un long mois?
    Comment l’Arménie pouvait elle prétendre compter sur l’aide des Russes alors qu’elle leur vomit dessus depuis deux ans?
    Comment l’Arménie comptait militairement s’en sortir en ayant decapité et éviscéré son corps d’officiers depuis deux ans?
    Quel est le rôle des USA en cette affaire dont l’ambassade à Erevan compte 2000 membres(!!!!)et dont le silence et la non intervention totale vis à vis des Turcs pose question?
    Qui sont (encore) les plus pitoyables et ridicules de ce drâme sinon Macron et la France dont les pathétiques rodomontades ont caché un immobilisme totale qui laisse un goût trés amer en Arménie :  » la France n’a pas respecter l’embargo pour armer les djihadistes syriens, mais elle n’a rien livré à l’Armenie à ce prétexte ».
    Conclusion: il n’y a pas de victorieux en cette affaire. Pas plus les Russes, ni les Turcs ni l’Ouest.
    Il n’y a que le ferment d’une démultiplication considérable du conflit.
    Maintenant, 2000 soldats d’élite Russes sont isolés( ceux qui y sont, sont formés pour) à la merci de toutes les provocations et des évolutions politiques arméniennes.
    Erdogan est de plus en plus … la tête de Turc.
    Les Azeris ont récupéré un bout de montagne. Jusqu’à la prochaine.
    Et l’ouest a montré ce qu’il vaut comme allié

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    • serge // 14.11.2020 à 16h15

      L’Arménie n’a même pas reconnu le Haut-Karabagh depuis sa création en terme de province autonome (comme la totalité des pays du monde) alors qu’elle est peuplée majoritairement d’arméniens. Peut-être se poser la question du pourquoi…

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      • Darras // 14.11.2020 à 18h19

        En même temps, elle est peuplée à majorité d’Armeniens depuis le nettoyage ethnique de centaines de milliers d’Azeris au début des années 90.
        On a un peu vite passé ce crime par pertes et profits.
        Il est clair que même Elstine a du menacer l’Arménie d’une rupture du traité d’alliance défensive si elle reconnaissait officiellement la conquête.

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        • Quintus // 16.11.2020 à 10h31

          C’est le glacis entourant le Haut-Karabakh et assurant sa bonne connexité par voie terrestre qui a été vidé de sa population musulmane (azérie et kurde), pas le Haut-Karabakh à proprement parler qui a toujours été majoritairement arménophone en dépit de 70 ans de tentatives de l’Azerbaïdjan de peupler ces montagnes de musulmans pour « diluer » la minorité arménienne.

            +1

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  • christian gedeon // 14.11.2020 à 18h35

    Pachinian a deconné. Pachinian a été puni. Malheureusement les arméniens du karabagh et les volontaires aussi. Un peu plus de sang sur les mains de l’internationale sorosiste. Et si on peut analyser ça comme une punition de la part des russes, bien des orientaux l’analyseront comme une faiblesse. Un Sukhoi en Syrie, un hélicoptère en Arménie. Panturcs 2 Russie 0

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  • poumpoum pidou // 15.11.2020 à 00h26

    Une observation sans hostilité : utiliser le terme « opinion shaping » au lieu de « fabrication de l’opinion », signifie que vous êtes vous aussi contaminé par le courant atlantiste de « fabrication d’opinion ».

    L’efficacité d’usure de ces méthodes est d’une infinie sournoiserie, on se retrouve à y participer même en y résistant.

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  • Francois Marquet // 16.11.2020 à 18h56

    Non l’armistice a été imposé par les russes après la destruction de leur hélicoptère en territoire arménien, ce qui ne laissait pas le choix aux Azéris (s’excuser et signer ou durablement dégrader les relations avec la Russie)
    Les Russes ont repris la main, installé leurs soldats aux frontières du haut Karabagh, lourdement armés quoi qu’en dise l’accord signé, et contrôlent la zone. Ceux qui perdent beaucoup: les Arméniens qui cèdent les territoires et le contrôle des frontières. Ceux qui perdent un peu: l’OTAN dont l’influence en Arménie va diminuer. Ceux qui ne gagnent pas grand chose: les Turcs qui vont envoyer quelques soldats en Azerbaïdjan (tout ça pour ça?) Ceux qui gagnent beaucoup: les Azéris qui récupèrent leurs territoires perdus, les Russes qui ’imposent leur autorité et leur présence militaire dans la zone de conflit.

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    • Jaaz // 17.11.2020 à 10h21

      Un petit détail: la guerre a été gagnée par les AZ grâce notamment à l’assistance militaire et l’armement turcs. Vous saviez sans doute que l’enjeu pour les Turcs n’était pas d’occuper l’AR et l’AZ , mais simplement d’affirmer leur rôle de puissance régionale incontournable, y compris dans le Caucase, culturellement très proche. Par ailleurs, le corridor qui relie le Nakhitchevan au territoire principal AZ sera un accès commercial pour la TR envers l’Asie centrale turcique. Tout ça est déjà beaucoup pour la TR.

        +2

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