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23.août.202223.8.2022 // Les Crises

L’ordre néolibéral s’effondre… la suite dépend de nous

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Le néolibéralisme n’est peut-être pas mort, mais il n’est plus l’idéologie incontestée de notre époque. Cela laisse une grande ouverture pour ceux qui, à gauche, veulent voir un ordre politique et économique fondé sur la démocratie et la solidarité plutôt que sur la recherche effrénée du profit.

Source : Jacobin Mag, J. C. Pan, Gary Gerstle
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Un piéton passe près des vestiges de la Packard Motor Car Company à Détroit, Michigan, 2008. (Spencer Platt / Getty Images)

Interview de Gary Gerstle par J. C. Pan

Un mouvement apolitique devient un ordre politique lorsque ses prémisses commencent à sembler inéluctables. Dans les années 1950, les Républicains ont plié face à la réalité politique et ont soutenu les programmes de protection sociale du New Deal ; dans les années 1990, les Démocrates ont soutenu le zèle dérégulateur de Ronald Reagan.

Mais comme l’historien Gary Gerstle l’affirme dans son nouveau livre, The Rise and Fall of the Neoliberal Order : America and the World in the Free Market Era (Montée en puissance et déclin de l’ordre néolibéral : l’Amérique et le monde à l’ère du marché libre, livre non traduit en français), aucun ordre politique n’est à l’abri du pouvoir déstabilisant des crises économiques.

Pour Gerstle, la stagflation [Situation d’une économie qui souffre simultanément d’une croissance économique faible ou nulle et d’une forte inflation. Cette situation est souvent accompagnée d’un taux de chômage élevé, contredisant ainsi les conclusions du keynésianisme et de son carré magique de Kaldor, NdT] des années 1970 a sapé l’ordre du New Deal tout comme la Grande Dépression avait contribué à le faire naître. Et aujourd’hui, dans l’ombre de la Grande Récession de 2008-9, avec une inflation qui s’emballe et une pandémie qui continue de se répandre partout dans le monde, l’ordre néolibéral semble vaciller. Que pourrait-il donc arriver ensuite ?

Jen Pan a posé cette question à Gerstle et à beaucoup d’autres dans une émission récente du Jacobin Show, en série sur YouTube et en podcast. Lors de leur conversation, qui a été éditée pour plus de clarté et pour des questions de longueur, Pan et Gerstle se demandent en quoi Donald Trump et Bernie Sanders sont des symptômes, l’un de droite, l’autre de gauche de la débâcle néolibérale, de quelle manière la Nouvelle Gauche a involontairement contribué à la montée du néolibéralisme, et pourquoi selon lui, « le capitalisme n’est pas aux commandes » en cette période tumultueuse.

J. C. Pan : Quand vous parlez d’un ordre politique, vous avez quelque chose de très spécifique en tête . Qu’est-ce qui distingue un ordre politique de, disons, un mouvement politique ou une idéologie politique ? Et quels ont été les principaux ordres politiques aux États-Unis ?

Gary Gerstle : Un ordre politique est une constellation d’institutions soutenues par un parti politique, impliquant des réseaux de décideurs et de gens cherchant à définir ce qu’est le bien vivre en Amérique. Il s’agit en politique d’une structure qui permet à un mouvement de gagner en autorité et en pouvoir pendant une longue période de temps.

Lorsque Steve Fraser et moi-même avons écrit au sujet de l’ordre du New Deal, qui a vu le jour dans les années 1930 et 1940 et s’est effondré dans les années 1960 et 1970, nous avons fait valoir que pour un ordre politique, un test clé consiste à savoir s’il peut contraindre le parti antagoniste, en l’occurrence ici le parti républicain, à jouer selon les règles du parti démocrate. En d’autres termes, certaines croyances fondamentales deviennent si profondément établies, si hégémoniques, qu’elles définissent le terrain de jeu. Ainsi, lorsqu’un président républicain a été élu pour la première fois en vingt ans en 1952, la grande question était de savoir s’il allait détricoter le New Deal. Il ne l’a pas fait ; il a préservé les principaux piliers du New Deal, notamment les droits des travailleurs, la sécurité sociale et un impôt progressif sur les revenus pouvant aller au-delà de 90 % pour les plus riches.

Qu’est-ce qui oblige un parti d’opposition à se plier aux règles du parti dominant ? La réponse est : un ordre politique. Tout le monde en Amérique n’est pas obligé d’user de ce langage — mais si vous voulez être élu, si vous voulez avoir une influence politique au sein de la structure dominante de la politique aux États-Unis, alors il vous faut le parler.

En fait, le signe que l’autorité autrefois exercée par un ordre politique se désintègre se constate lorsque des voix autrefois cantonnées à la périphérie deviennent des voix dominantes.

L’ordre néolibéral est né avec le parti républicain dans les années 1970 et 1980. Selon moi, il est devenu un ordre lorsque Bill Clinton, dans les années 1990, y a entraîné le parti démocrate. Clinton a sans doute fait plus que [Ronald] Reagan lui-même pour promouvoir les principes de l’ordre néolibéral : volonté de déréglementation, glorification de la mondialisation et l’idée qu’il devrait y avoir des marchés libres partout. C’est cela qui indique que la mouvance politique du néolibéralisme est parvenue à s’établir en tant qu’ordre, avec le pouvoir de définir le terrain de la politique américaine.

Actuellement nous sommes en train de vivre ce que je considère être la fin de l’ordre néolibéral. Cela ne veut pas dire que la philosophie du néolibéralisme va disparaître. Après tout, la sécurité sociale existe toujours, mais pas l’ordre du New Deal. Des éléments de la pensée néolibérale continueront cependant pendant encore longtemps à imprégner la vie américaine.

Mais l’ordre néolibéral n’a plus le pouvoir de contraindre au consentement, de contraindre au ralliement, de définir les paramètres de la politique américaine. Jacobin n’aurait pas l’influence qu’il a s’il avait émergé en 1995 ou 1996. Bernie Sanders était un acteur totalement insignifiant de la politique américaine dans les années 1990 et la première décennie du XXIe siècle, et voilà que tout d’un coup ses idées comptent beaucoup. Trump est également la preuve du déclin de l’ordre néolibéral. Dans les années 1990, il était lui aussi un président inimaginable.

En fait, le signe que l’autorité autrefois exercée par un ordre politique se désintègre se constate lorsque des voix autrefois cantonnées à la périphérie deviennent des voix dominantes.

J. C. Pan : Je veux rester sur cette question du passage de la frange vers le centre, car cela aussi fait partie de l’histoire du néolibéralisme. Quelles étaient les conditions politiques et économiques qui ont permis aux idées de gens comme Milton Friedman de passer de la marginalité à la majorité ?

Gary Gerstle : Je suis fasciné par ces moments où des idées que l’on croyait reléguées à la périphérie pour toujours se libèrent et deviennent soudain très importantes dans le discours politique dominant. Dans la politique américaine des XXe et XXIe siècles, ces idées s’échappent généralement de la périphérie et entrent dans le courant dominant à cause d’une crise économique majeure.

Si on remonte aux années 1930, c’est la Grande Dépression qui a permis aux penseurs et aux politiciens du New Deal de s’imposer en tant que discours dominant. La récession des années 1970 n’a pas été aussi extrême que la Grande Dépression, mais la souffrance économique était réelle et intense ; un monde qui avait plutôt bien fonctionné montrait, en termes économiques, des signes d’effondrement.

Je situerais les origines des nouveaux ordres économiques à ces moments de crise économique.

La boîte à outils keynésienne qui avait tant fait pour gérer le capitalisme — pour le garder en vie tout en prenant en compte le bien public — ne fonctionnait plus. Quelque chose qui n’était pas censé se produire s’est produit : la stagflation. (L’inflation n’était pas supposée croître en même temps que le chômage ; les deux étaient censés fonctionner en rapport inverse l’un de l’autre). Une crise pour laquelle n’existait pas de solution facile a submergé le monde industrialisé. Ce moment précis de crise économique a permis à des idées bien articulées mais marginales de se faire entendre.

La crise de l’ordre néolibéral s’est produite dans le sillage de la grande récession de 2008-9, et c’est également cela qui a permis à des idées qui étaient restées marginales de s’imposer dans le courant dominant avec beaucoup de vigueur. Je situerais les origines des nouveaux ordres économiques à ces moments de crise économique.

J. C. Pan : Vous soulignez que le néolibéralisme n’est pas seulement un nouveau type de conservatisme. En fait, vous affirmez que les idées de la Nouvelle Gauche et même des figures anti-establishment comme Ralph Nader ont contribué à légitimer l’ordre néolibéral. Comment des valeurs que nous associons aujourd’hui à des attitudes dites progressistes — cosmopolitisme, multiculturalisme et libération personnelle — sont-elles devenues si centrales dans l’ordre néolibéral ?

Gary Gerstle : Ce point est sujet à controverse ; on m’a déjà opposé quelques objections, et je m’attends à ce qu’il y en ait d’autres. Je dis cela en tant que membre de la Nouvelle Gauche du début des années 1970.

Je ne considère pas uniquement le néolibéralisme comme un moyen pour les élites d’enchaîner les masses et de saper leurs droits démocratiques. C’est certainement un élément du néolibéralisme — privilégier la propriété, en particulier le capital, plus que toute autre considération. Mais à mon avis, si nous voulons comprendre pourquoi ces idées sont devenues populaires aux États-Unis, nous devons également voir comment les idées néolibérales ont pu se greffer aux idées libérales traditionnelles du XVIIIe et du début du XIXe siècle, aux idées de liberté et d’émancipation.

Ces libéraux classiques croyaient sincèrement en un type de liberté dont ils ne soupçonnaient pas l’existence. Ils voyaient un monde écrasé par les monarchies, les aristocraties et les élites, où les gens ordinaires n’avaient aucune chance. Ils ont porté un message d’émancipation : il s’agissait de renverser les aristocraties et les monarchies, libérer le talent de l’individu de toute contrainte et permettre aux gens de travailler dur et d’être récompensés pour cela.

Ce n’est pas une conception erronée de la liberté ; c’est une notion de liberté profondément attrayante. Et elle est profondément ancrée dans la pensée et la mythologie de la vie américaine, associée à la révolution américaine du XVIIIe siècle, qui faisait partie de ce mouvement visant à renverser l’aristocratie et la monarchie.

Ce rêve appartenant au libéralisme classique s’est avéré très efficace pour libérer les forces du capitalisme aux États-Unis et en Europe. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, de nouvelles voix ont commencé à surgir, se faisant appeler socialistes et communistes, et disant : « Hé, attendez une minute, la liberté que le libéralisme classique offre est une liberté contrefaite ; elle permet simplement au capitalisme de se libérer et privilégie les élites capitalistes ». Les socialistes et les communistes ont pris sur eux de redéfinir la liberté de manière à ce qu’elle profite aux travailleurs plutôt qu’aux élites et sont ainsi devenus certains des mouvements les plus puissants et les plus populaires du vingtième siècle.

Stewart Brand prenant la parole en 2010. (Wikimedia Commons)

Mais quand on en est arrivés aux années 1960, l’oppression des gens ordinaires était perçue comme étant non seulement l’œuvre des élites capitalistes, mais aussi celle du gouvernement. Les États étaient devenus trop forts et trop puissants, comme en Union soviétique. Au cœur de l’idéologie de la Nouvelle Gauche se trouve la notion selon laquelle « le système » — une alliance de sociétés privées et d’organismes de réglementation étatiques — prive les gens de leur liberté.

Aux yeux de nombreux Néo-gauchistes, même les agences du New Deal créées pour réguler le capital étaient devenues la proie d’intérêts privés. Elles ne réglementaient plus le pétrole, l’acier ou d’autres entreprises dans l’intérêt public ; les régulateurs servaient les intérêts des entreprises et du capital. C’est ainsi qu’est apparu, dans le cadre de la Nouvelle Gauche, un antiétatisme et un renforcement de l’individu et de sa conscience aux détriment de toutes les grandes structures, publiques et privées, susceptibles de limiter indûment sa liberté.

Une fois qu’on est entré dans ce schéma de pensée, on commence à voir comment une intersection entre certaines idées de la Nouvelle Gauche et les néolibéraux pourrait être possible. Cela ne veut pas dire qu’ils ont fusionné, et je ne prétends pas que la Nouvelle Gauche s’est vendue. Il ne s’agit pas non plus de faire valoir que les gens prétendraient être une chose et au plus profond d’eux-mêmes en seraient une autre. Il s’agit plutôt de montrer comment les détracteurs des structures établies de la gauche ont émergé de telle sorte qu’ils ont pu entrer en dialogue avec des gens de l’autre côté de l’échiquier politique.

L’une des façons concrètes dont cela s’est manifesté a été la révolution informatique. Le rêve d’Apple, de Steve Jobs et de Stewart Brand — qui était un hippie et a écrit l’une des bibles du hippie-dom, le Whole Earth Catalog [Les Whole Earth Catalogs proposaient toutes sortes de produits à la vente, mais ne vendaient directement aucun de ces produits. Il pronait le Do it yourself, NdT] — était de libérer l’individu de toutes les structures d’oppression. C’est ainsi que la Nouvelle Gauche commence à contribuer au développement et au triomphe final de la pensée néolibérale.

J. C. Pan : Cette tension est illustrée par les années Clinton, qui montrent comment les personnes situées à gauche du centre peuvent défendre des notions de liberté personnelle tout en étant culturellement très différentes des conservateurs. Que s’est-il passé pendant les années Clinton pour renforcer l’ordre néolibéral ?

Gary Gerstle : La révolution informatique et le techno-utopisme qui lui est associé y sont pour quelque chose. Tant de données seraient générées — tellement de connaissances relatives aux marchés seraient disponibles instantanément partout dans le monde en appuyant sur une touche — que les interventions gouvernementales dans l’intérêt public n’étaient plus nécessaires.

C’est ce qui explique ce que je considère comme l’un des textes législatifs les plus extraordinaires adoptés par les Démocrates au XXe siècle : la loi sur les télécommunications de 1996, qui permet essentiellement à la révolution Internet de s’affranchir de toute réglementation publique sérieuse [Cette loi, qui comprend près de quatre-vingts mesures, définit un cadre règlementaire pour l’ouverture à la concurrence de plusieurs segments de marché. Sont plus particulièrement concernés les services de téléphonie locale et longue distance, la distribution de télévision par le câble, la radiodiffusion, les services en ligne et la fabrication d’équipements, NdT].

Les États-Unis ont une riche tradition de réglementation publique des médias, concernant notamment le téléphone, la radio et la télévision. L’information étant considérée comme vitale pour une démocratie, il était nécessaire de réglementer d’une manière ou d’une autre les institutions qui fournissaient ce système d’infrastructure.

C’est une partie de l’héritage du New Deal de Franklin Roosevelt.

Bill Clinton joue sur le saxophone que lui a offert le président russe Boris Eltsine lors d’un dîner privé en Russie, le 13 janvier 1994. (Wikimedia Commons)

Il existait également une doctrine appelée Fairness Doctrine, mise en place à la fin des années 1940, qui stipulait que si la télévision ou la radio diffusait un point de vue politique controversé, elle devait accorder un temps égal à l’autre partie. Reagan l’a supprimée dans les années 1980, et Clinton et son administration n’ont rien fait pour la rétablir. Et quand il s’est agi de rédiger un projet de loi qui permette de relever le défi de cette révolution technologique, ils ont abandonné la tradition de la régulation des médias qui avait été si centrale pour le parti démocrate pendant la majeure partie du siècle précédent. Cela est dû en partie à leur techno-utopisme.

L’autre facteur est la chute du communisme et de l’Union soviétique, un effondrement spectaculaire que personne n’avait vu venir. Il a eu deux effets majeurs. Tout d’abord, il a ouvert le monde entier à la pénétration capitaliste avec une ampleur qui n’avait pas existé depuis avant la Première Guerre mondiale. D’un seul coup, tous ces marchés dans des pays qui étaient restés à l’écart du développement capitaliste sont devenus le terrain de jeu de l’expansion capitaliste où ils étaient des proies faciles. Cela a alimenté un sentiment de hubris selon lequel l’Occident avait gagné — que le capitalisme libéral n’avait pas de rival sérieux dans le monde, que son plus grand antagoniste avait été vaincu.

Pour la Gauche, cela a entraîné une crise de l’analyse marxiste, puisque la tentative la plus ambitieuse d’instaurer le socialisme avait échoué spectaculairement. Ne sachant pas comment réorganiser l’économie sur une base socialiste, les gens ont commencé à définir leur tendance de gauche en termes alternatifs. Les années 90 ont été marquées par un intense développement de la pensée cosmopolite.

L’un des points que j’aborde dans mon livre est que cette pensée cosmopolite est une chose avec laquelle un monde globalisé et néolibéral est très à l’aise. Cela ne veut pas dire que les gens de gauche qui luttaient pour la libération étaient eux-mêmes des néolibéraux, mais cette consonance a néanmoins renforcé la légitimité des idées néolibérales, qui avaient elles-mêmes une composante cosmopolite.

J. C. Pan : Quand la fin du néolibéralisme a-t-elle commencé, et quels sont les facteurs de ce déclin ?

Gary Gerstle : Il y a toujours des fissures dans un ordre politique. Les ordres politiques sont des formations complexes. Ils réunissent des institutions et des groupes d’intérêt qui partagent le même point de vue sur certaines questions clés mais pas sur d’autres. Il y a donc toujours des points de tension, et des divergences possibles.

George Bush a, je pense, préparé le terrain pour la crise du néolibéralisme de deux manières. Il a mené une politique du logement bon marché, qui, dans son esprit, était destinée à accroître l’accès des minorités à la propriété aux États-Unis. Parce qu’il n’était pas disposé à utiliser de l’argent réel pour cela — dans la mesure où c’est une chose qu’il ne pouvait réaliser qu’en étendant la dette et en octroyant des prêts hypothécaires à des personnes qui s’étaient auparavant vu refuser ceux-ci par les banques — il les a donc voués à l’échec. Encore une fois, ce phénomène a pu se produire en raison de l’utopisme entourant la révolution technologique.

L’ordre néolibéral a contraint tous les acteurs du champ politique à se conformer à un certain nombre de croyances et de règles, ce qui n’est manifestement pas le cas aujourd’hui.

Bush a également essayé de reconstruire l’Irak sur une base néolibérale. Il a jeté aux orties les plans que les États-Unis avaient utilisés pour reconstruire l’Allemagne et le Japon après la Seconde Guerre mondiale et a principalement confié le travail de reconstruction à des sociétés privées, pour la plupart basées aux États-Unis. Par l’intermédiaire de ses agents en Irak, il a également démantelé l’ensemble de l’infrastructure de l’économie irakienne, mettant en œuvre une thérapie de choc qui, selon les néolibéraux, était la seule façon de traiter les États hypertrophiés qui n’avaient pas réussi à se développer économiquement. Cette expérience néolibérale a été brutale pour les Irakiens ; elle a conduit à une guerre civile et a ruiné la côte de popularité de Bush.

La combinaison de la politique irakienne de Bush et de la crise du logement qui a conduit à la Grande Récession a convaincu de nombreux Américains de reconsidérer plus sérieusement le type d’économie politique dans lequel ils s’étaient engagés par le biais de leurs dirigeants politiques.

La contestation s’est développée lentement. Mais au cours des années 2010, les manifestations ont été relativement exceptionnelles, commençant par le Tea Party à droite et Occupy Wall Street, puis Black Lives Matter à gauche. Il y avait une réémergence du socialisme à gauche et un puissant protectionnisme ethno-nationaliste incarné par Donald Trump à droite. L’élection de 2016 a provoqué un choc. Les deux personnes les plus puissantes et les plus importantes de cette élection, Donald Trump et Bernie Sanders, étaient d’importantes figures politiques inimaginables à l’apogée du néolibéralisme. C’est lors de cette élection que j’ai décidé d’écrire ce livre.

L’ordre néolibéral a contraint tous les acteurs du champ politique à se conformer à un certain nombre de croyances et de règles, ce qui n’est manifestement pas le cas aujourd’hui. Cela ne signifie pas que le socialisme arrive, mais cela signifie que l’orthodoxie et le pouvoir de la pensée néolibérale ont souffert.

J. C. Pan : L’ordre du New Deal se définissait par une sorte de compromis entre le capital et le travail, tandis que l’ordre néolibéral représentait le triomphe du capital sur le travail, ce qui s’est traduit par un transfert massif de richesses vers les classes supérieures. Il va de soi que les capitalistes auraient tout intérêt à préserver l’ordre néolibéral, bien plus que celui du New Deal. Voyez-vous des signes de formation d’autres ordres politiques ? Ou pensez-vous que le capital peut réussir à faire revivre l’ordre néolibéral ?

Gary Gestle : Les capitalistes vont-ils faire tout ce qu’ils peuvent pour conserver leur richesse et leurs privilèges ? Absolument. Mais il n’est pas certain qu’ils y parviennent. Une partie de la leçon de l’ordre du New Deal est que certaines circonstances vont inciter le capital à accepter les compromis qu’il ne souhaite peut-être pas, mais qu’il se sent néanmoins obligé d’accepter, comme étant la meilleure des options auxquelles ils sont confrontés. Une question importante se pose aujourd’hui : qu’est-ce qui va semer la peur au sein du capital ? Qu’est-ce qui les incitera à faire des compromis ?

Un facteur important est la réémergence du mouvement ouvrier. Nous en voyons des signes, mais pas encore au point de pouvoir contrôler les classes supérieures. Cependant, la révolte ouvrière des années 1930 a eu des débuts très modestes.

Une question importante se pose aujourd’hui : qu’est-ce qui va semer la peur au sein du capital ? Qu’est-ce qui les incitera à faire des compromis ?

Je viens de faire une chronique du nouveau livre de Thomas Piketty, réel plaidoyer optimiste en faveur de l’égalité et de la possibilité de la concrétiser au XXIe siècle. Je pense qu’il est trop optimiste parce qu’il néglige ce qu’il a si brillamment exposé dans son premier livre, Le capital au XXIe siècle : et qui est que la Première et la Deuxième Guerre mondiale ont provoqué une catastrophe que le capital ne pouvait pas contrôler. De cette catastrophe est née, selon lui, une formidable avancée de la politique sociale-démocrate et de la politique libérale de gauche, qui ont régné en maître depuis les années 1940 jusqu’aux années 1970.

De toute évidence, nous ne voulons pas qu’une catastrophe de l’ampleur de la Première ou de la Seconde Guerre mondiale vienne à nouveau bouleverser nos vies — même si la crise climatique et la pandémie nous obligent à reconnaître que de telles catastrophes ne sont pas impossibles — mais les crises économiques peuvent se développer à un point tel que les capitalistes ne parviendront plus à en contrôler les conséquences.

Je ne considère pas ce moment comme un moment où le capitalisme est aux commandes, gérant les choses dans son intérêt. L’issue de notre crise actuelle pourrait-elle être la réémergence d’un ordre néolibéral, privilégiant profondément le capital, d’ici la fin des années 2020 ? Oui, c’est une possibilité. Mais ce n’est qu’une possibilité parmi d’autres. Je pense que nous sommes dans une phase de transition, d’inflexion, et nous ne savons pas vraiment ce que sera la physionomie du monde dans cinq ou dix ans.

Non seulement nous ne devons pas présumer du triomphe du capital, mais nous devrions aussi nous rendre compte que c’est un des moments où ceux qui ont d’autres propositions pour réorganiser l’économie, pour réorganiser la politique, doivent se lever et se battre pour ce en quoi ils croient.

CONTRIBUTEURS

Gary Gerstle est professeur d’histoire américaine à l’université de Cambridge et chroniqueur pour le Guardian. Son livre le plus récent s’intitule The Rise and Fall of the Neoliberal Order : America and the World in the Free Market Era. (Montée en puissance et déclin de l’ordre néolibéral : l’Amérique et le monde à l’ère du marché libre, livre non traduit en français)

J. C. Pan est co-animateur du Jacobin Show et a écrit pour New Republic, Dissent, Nation et d’autres publications.

Source : Jacobin Mag, J. C. Pan, Gary Gerstle, 12-07-2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

Jean // 23.08.2022 à 08h05

Le libéralisme se définie comme le moyen d’assurer la liberté des citoyens en se libérant des entraves d’une société aristocratique. Mais pour les anglo-saxons et les européens continentaux les moyens à mettre en œuvre pour assurer cette liberté n’étaient pas identiques. Pour les anglo-saxons la liberté n’est possible que lorsque l’État est suffisamment faible pour être dans l’incapacité de menacer les citoyens. Pour les continentaux au contraire cette liberté n’est possible que si l’État est suffisamment fort pour devenir le garant et le protecteur de la liberté des citoyens. Les anglo-saxons ne se préoccupent que de la liberté du plus fort qu’il faut libérer des contraintes imposer par le reste de la collectivité, alors que les européens continentaux se préoccupent de la liberté de tous qui ne peut être assurée que si l’État est suffisamment fort pour entraver la liberté des plus fort au nom de l’intérêt général. Le néolibéralisme s’inspire uniquement du libéralisme anglo-saxon qui ne peut qu’évoluer vers une nouvelle forme d’aristocratie qui fait de la liberté un luxe uniquement accessible aux plus forts.

52 réactions et commentaires

  • Jean // 23.08.2022 à 08h05

    Le libéralisme se définie comme le moyen d’assurer la liberté des citoyens en se libérant des entraves d’une société aristocratique. Mais pour les anglo-saxons et les européens continentaux les moyens à mettre en œuvre pour assurer cette liberté n’étaient pas identiques. Pour les anglo-saxons la liberté n’est possible que lorsque l’État est suffisamment faible pour être dans l’incapacité de menacer les citoyens. Pour les continentaux au contraire cette liberté n’est possible que si l’État est suffisamment fort pour devenir le garant et le protecteur de la liberté des citoyens. Les anglo-saxons ne se préoccupent que de la liberté du plus fort qu’il faut libérer des contraintes imposer par le reste de la collectivité, alors que les européens continentaux se préoccupent de la liberté de tous qui ne peut être assurée que si l’État est suffisamment fort pour entraver la liberté des plus fort au nom de l’intérêt général. Le néolibéralisme s’inspire uniquement du libéralisme anglo-saxon qui ne peut qu’évoluer vers une nouvelle forme d’aristocratie qui fait de la liberté un luxe uniquement accessible aux plus forts.

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    • douarn // 23.08.2022 à 08h40

      Jean, si vous me le permettez, toute la question dans votre post est de savoir qui « a les manettes » de l’état, état qui doit théoriquement faire les lois et les appliquer. Cela me semble aller au delà de la simple distinction monde anglosaxon/europe. Pour ma part, voici comment je vois la chose :

      Si un état fort est aux mains d’une oligarchie/aristocratie/ploutocratie (USA, Corée du Nord, Fr, …), nul doute que le bien commun ne sera pas promu.

      Si un état fort est dans les mains du peuple (Islande, Suisse peut être dans une certaine mesure) selon le principe du gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, peut être peut on espérer une meilleure prise en compte du bien commun. Il ne fait aucun doute que ce cas de figure est la bête noire des oligarchie/aristocratie/ploutocratie. La mise en prison des banquiers islandais après la crise de 2008 est emblématique à ce propos : https://www.lerevenu.com/placements/economie/islande-sortis-de-prison-les-banquiers-sont-en-quete-de-rehabilitation

      Mais si l’état est faible (Chili), qu’il soit dans les mains de l’oligarchie ou du peuple, la loi du plus fort sera de mise et le bien commun jamais pris en compte.

      Je trouve donc que le mot « état » ne porte pas assez d’information en soit. Probablement que Begaudeau le qualifierait de « mot creux », tout comme le sont les mots « progressisme », « complotisme » et bien d’autres qui ne font naître que des sentiments ou des idées trop vagues dans l’esprit des gens pour se forger une opinion critique.

      Merci de m’avoir lu

        +18

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      • Jean // 23.08.2022 à 14h19

        @douarn,

        La façon dont est sélectionné et surveillé la minorité qui exerce le pouvoir au nom de la majorité est une autre question, qui n’a de sens que si l’État est en mesure d’imposer sa volonté aux plus forts ; ce que le néolibéralisme ne permet pas.

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        • utopiste // 23.08.2022 à 22h26

          La véritable question devrait être : Quel pouvoir pour la minorité qui l’exerce ?
          Pourquoi un gouvernement exécutif plutôt qu’un gouvernement exécutant ?

            +2

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          • Jean // 23.08.2022 à 22h45

            @utopiste,

            Que le gouvernement soit exécutif ou exécutant, il faut néanmoins le contrôler. Mais la question primaire reste : Le gouvernement doit-il avoir le pouvoir d’imposer sa volonté aux plus forts ? La réponse semble évidente… sauf pour le néolibéralisme.

              +4

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            • Lt Briggs // 24.08.2022 à 09h01

              « Le gouvernement doit-il avoir le pouvoir d’imposer sa volonté aux plus forts ? La réponse semble évidente… sauf pour le néolibéralisme. »

              La réponse n’est évidente pour aucun régime. Chaque système cherche à se perpétuer par tous les moyens. Que vous vouliez mettre le politique au-dessus de l’économique, c’est une nécessité que de plus en plus de gens partagent. Mais si vous vous contentez des régimes chinois ou russe, vous n’êtes pas très exigeant. La corruption en Chine atteint des sommets. Vous avez dans ce pays les joies du capitalisme sauvage en plus de l’absence de libertés politiques. Un peu comme le Chili de Pinochet.

                +2

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            • Jean // 24.08.2022 à 10h30

              @Lt Briggs,

              Je pense au contraire que la Chine est beaucoup moins corrompue que l’occident pour la simple raison que la Chine lutte contre elle alors que nous en sommes encore à faire comme si elle n’existait pas. Ce phénomène est en outre aggravé en occident pas l’impunité, l’exemple de Jérôme Cahuzac est significatif. Alors qu’en France, malgré sa condamnation, ce monsieur n’a pas séjourné en prison, en Chine, pour le même crime, il aurait été condamné à la peine de mort.

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            • Yvan BACHAUD // 24.08.2022 à 10h52

              Les citoyens sauront fixer les peines adaptées pour qu’elles soient dissuasives et appliquées automatiquement dès que les FAITS sont établis .je suis sûr que des citoyens et assos ont déjà des propositions pertinentes rédigées. Il faudrait les confronter ,lancer un appel aux gens estimant avoir des propositions détaillées; ET bien sûr disposer du RIC en toutes matières et d’abord constitutionnelle pour pouvoir les soumettre à RIC s’il est démontré qu’un nombre très important de citoyens le souhaitent.
              Le RIC est en n°1 du chapitre 5 : 6ème République et démocratie du programme de la NUPES, mais pas un atelier sur # 100 aux journées de LFI !!!!! il faut poser la question partout et pour le RN on attend aussi…

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            • Lt Briggs // 24.08.2022 à 12h26

              @Jean

               » …la Chine est beaucoup moins corrompue que l’occident pour la simple raison que la Chine lutte contre elle… »

              Lutter contre la corruption suppose un État de droit, des règles claires et connues de tous, une justice indépendante et correctement financée, des médias suffisamment indépendants pour enquêter et sortir des affaires. La situation en France, qui n’est certes pas brillante, semble vous écœurer, mais dans le même temps vous enviez la Chine et la Russie ? J’y vois une contradiction fondamentale.

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    • vert-de-taire // 23.08.2022 à 10h18

      *** Le libéralisme se définie [SIC] comme le moyen d’assurer la liberté des citoyens en se libérant des entraves d’une société aristocratique.***

      Le prétexte libéral n’est qu’un changement de pouvoir.
      Prendre le pouvoir aux aristocrates pour développer le pouvoir DU FRIC des plus riches (les gros bourgeois).
      ET user des gueux pour le faire : on les arme on les désarme, on les trompe et ils votent très bien.
      Et quand ils se révoltent, « on » les terrorise – depuis 200 ans jusqu’ à maintenant via le Macron.

      La bourgeoisie se prévaut du libéralisme MAIS NE L’A JAMAIS MIS EN ŒUVRE.
      Le libéralisme bannissait les héritiers, les monopoles, … et la bourgeoisie a évidement favorisé les héritiers et les monopoles. Le libéralisme (et la fausse démocratie) sont des LEURRES à gueux.

      En acceptant ce régime capitaliste, nous nous soumettons aux ultra-riches (dès le début de la révolution c’est acté) : le résultat est la dévastation de la planète entrecoupé de massacres de masse.
      La catastrophe de l’effondrement capitaliste EST une catastrophe civilisationnelle en cours.
      Et de fait, nous n’avons pas même les mots les concepts les arguments pour PENSER et faire AUTRE-CHOSE.
      Le chaos économique et mental qu’ILS ont mis en place nous aveugle.

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      • Jean // 23.08.2022 à 14h27

        @vert-de-taire,

        Pour trouver le meilleur compromis entre ceux détiennent les moyens de productions et la multitude de ceux qui utilisent ces même moyens pour obtenir une rémunération, il faudra sortir de l’idéologie pour devenir pragmatique. C’est la leçon que nous pouvons apprendre du communisme chinois qui a sorti 800 millions de personnes de l’extrême pauvreté en quelques dizaines d’années.

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        • ouvrierpcf // 25.08.2022 à 10h24

          Jean a très bien défini les concepts Les moyens de production Marx l’avait aussi défini Ou les moyens de production sont aux mains des exploiteurs multinationales ou groupes financiers ou il faut approprier contrôler les moyens de production soit comme en Chine l’appropriation des moyens de production par lasbas le parti communiste chinois et les chambres parlementaires Nota les USA l’on aussi réalisé entre 1941 et 1950 pour les efforts de guerres avec l union européenne ce concept est in ter dit il faut donc sortir la France de l’UE de Maastricht des traités européens

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    • Lt Briggs // 23.08.2022 à 10h53

      « Pour les continentaux au contraire cette liberté n’est possible que si l’État est suffisamment fort pour devenir le garant et le protecteur de la liberté des citoyens »

      Par Européens continentaux, pourriez-vous préciser de quels pays vous parlez et de quelles époques ?

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      • Jean // 23.08.2022 à 11h49

        @Lt Briggs,

        Principalement les peuples latins et germains en opposition aux anglo-saxons.

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        • Lt Briggs // 23.08.2022 à 12h07

          D’accord, mais de quelles époques parlez-vous ?

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        • Jean // 23.08.2022 à 12h12

          @Lt Briggs,

          Pour la période je dirai que cela commence avec l’universalisme républicain hérité de la révolution française et se termine avec l’avènement du néolibéralisme qui est incompatible avec l’idéal républicain. Mais il faudrait poser cette question à un historien…

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          • Lt Briggs // 23.08.2022 à 13h36

            Merci. Pour savoir si c’est un État faible ou au contraire un État fort qui garantit le mieux la liberté des citoyens, il faut faire le bilan de chacune de ces deux conceptions depuis 1789.
            Les États-Unis et le Royaume-Uni n’ont jamais connu de régime dictatorial, encore moins totalitaire, Dans le même temps, les pays germaniques ont connu Hitler, Dollfuss et Schuschnigg, et les pays latins Mussolini, Franco et Salazar.
            Je partage votre aversion pour le néolibéralisme, mais on ne change un système qu’en le remplaçant par un autre. Où voyez-vous des citoyens bénéficiant de plus de droits qu’en Europe occidentale ou en Amérique du nord ? La Chine et son système de crédit social ? La Russie où c’est le président qui décide qui peut se présenter ou pas aux élections, où les opposants politiques se prennent des balles dans le hall de leur immeuble ? Un nouveau système reste à inventer.

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            • Jean // 23.08.2022 à 14h11

              @Lt Briggs,

              Ni la Chine des empereurs, ni la Russie des tsars n’accordait de liberté aux gueux. Les régimes actuels de ces deux nations reproduisent, dans une moindre mesure, ce contexte historique. La situation actuelle est donc plus un progrès qu’une régression pour ces peuples. Il faut toujours prendre en compte le contexte géographique et temporel pour analyser un phénomène historique. Il n’y a pas que dans le domaine économique que nous régressons tandis que ces deux nations progressent.

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            • Lt Briggs // 23.08.2022 à 15h16

              Pour la Chine, il faut me dire où vous voyez un progrès autre qu’économique, car je ne vois vraiment pas. Et le bilan catastrophique de l’URSS sur le plan écologique ne peut que signifier un bilan tout aussi catastrophique pour la Chine, puisque le système est de même nature. Sauf qu’en plus d’un régime hermétique aux revendications des citoyens, il faut ajouter une très forte croissance et donc la demande d’énergie qui va avec.

              Pour la Russie, quand Poutine est arrivé au pouvoir fin 1999, il a certes stabilisé le pays qui menaçait de s’effondrer, mais il a également stoppé net dix années de vie démocratique, où les Russes avaient pu apprécier pour la première fois de leur vie des débats contradictoires avec des médias pluralistes. Là non plus je ne vois pas de progrès des libertés.

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            • Grd-mère Michelle // 23.08.2022 à 16h17

              @Jean Progresser veut dire aller de l’avant, avancer.
              Or, vers quoi l’humanité avance-t-elle en ce moment (particulièrement grâce/à cause du « techno-utopisme » évoqué dans l’article ci-dessus)? Vers une série de catastrophes, calamités, désastres qui vont tuer ou, en tout cas, faire souffrir tout le monde, y compris son biotope indispensable, l’ensemble des êtres vivants…
              Heureusement, les plus humbles, les plus pauvres (la majorité des humains) sont en train de s’en rendre compte et on doit espérer que leur force vitale, immense, fera entendre raison à des « dirigeants » affolés par l’obsession de « gagner », les forçant à « régresser » vers un monde plus juste, plus sain et equilibré, où la coopération prendra le pas sur la compétition.
              La vie (en société) n’est pas un jeu.

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    • TYT // 23.08.2022 à 11h20

      “une nouvelle forme d’aristocratie” …
      A ceci près que (“aristo” = les meilleurs) le terme plus approprié me parait être: une oligarchie, et plus précisément une oligarchie ploutocratique.

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      • Jean // 23.08.2022 à 14h01

        @TYT,

        Ah les mots et leurs définitions, le plus grand facteur d’incompréhension entre les hommes…
        C’est ceux qui sont au pouvoir qui donnent la significations des mots utilisés par les dominés. Les aristocrates n’ont jamais représenté la totalité des meilleurs et pourtant je suis persuadé que ceux qui sont actuellement au pouvoir sont convaincus du contraire. Mais vous avez raison nous sommes dans une ploutocratie pourtant, dans le contexte de mon intervention, je maintiendras le terme d’aristocratie qui définie une caste qui s’imagine au dessus du commun des mortels, de par leur naissance, comme ce fût le cas de l’aristocratie française que la révolution a brusquement ramenée à la réalité.

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    • ManuUK // 23.08.2022 à 11h54

      Cela fait plusieurs fois que j’entends ce genre de choses, et je ne partage pas du tout. Vous voyez dans la liberté anglo-saxonne ou européenne une différence notable (déjà on peut se demander pourquoi l.Allemagne ne fait pas partie de cette notion, puisque saxonne).
      Mais là où vous vous trompez, c’est que ceux qui détiennent le pouvoir ou l’argent utilisent l’image de la liberté (et peu importe la définition qu’on en donne) pour s’autoriser des lois liberticides auprès de tous. Au nom de la liberté, on derégule le marché et le travail pour leurs intérêts, on derégule la santé pour leurs intérêts, on derégule l’éducation pour leurs intérêts, on va déréguler la sécurité pour leurs intérêts.
      Vous comprenez bien que tout le monde a le droit d’être libre de choisir (le fameux livre arbitre) tant que ça tombe dans leur porte-monnaie.
      Ils se moquent de savoir ce qu’est réellement la liberté, sa définition, ses caractéristiques ou sa valeur philosophique. Ce qui les intéresse, c’est juste augmenter leur champ des possibles pour augmenter leur propre bénéfice. Leur « liberté » ne s’arrête que là.

      Et il n’y a pas d’anglo-saxon, européen, indien, asiatique, etc….

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      • Jean // 23.08.2022 à 14h33

        « Mais là où vous vous trompez, c’est que ceux qui détiennent le pouvoir ou l’argent utilisent l’image de la liberté (et peu importe la définition qu’on en donne) pour s’autoriser des lois liberticides auprès de tous. »

        D’où l’intérêt d’avoir un État fort pour imposer la volonté de la majorité. Ce n’est qu’une fois que cet État serra fort que nous pourrons nous poser la question de savoir comment surveiller ce pouvoir pour qu’il ne s’écarte pas de l’intérêt général.

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        • ManuUK // 23.08.2022 à 15h33

          Je ne sais pas si pour accéder à une démocratie lucide, il faut passer par un État fort, je ne me sens pas capable de répondre à cette question. Les anarchistes auraient une vision sûrement différente. Mais pour répondre à votre question :
          1. Ce sont les moyens d’accès au pouvoir
          2. Et l’influence des contre-pouvoir

          qui assurent le dynamisme d’une société.

          Mais la question centrale est toujours la même. Pour répondre à ses besoins, il faut d’abord comprendre sa condition, ses contraintes et son déterminisme. Malheureusement la réponse à apporter passe souvent par un travail, un effort qui ne s’inscrivent pas dans le court terme (encore plus politique).

          Et seule une planification acceptée par tous peut permettre une action sur le temps long.

          Par exemple, une réponse sur le climat a un temps minimum de 20 ans, soit 4 mandats présidentiels ou pratiquement une génération.

          Dans ce cadre là, le néolibéralisme ou les aristocrates n’y trouvent AUCUN intérêt.

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          • 6422amri // 23.08.2022 à 20h46

            Une réponse sur le climat…laquelle ou lesquelles en fait ?

            J’écoutais Jean-Marc Jancovici, je suis ses conférences et livres avec intérêt, dire que les 1.5 degrés celsius dont tout le monde parle sont en fait déjà acquis. Rien ne pourra arrêter cette tendance.

            Une planification acceptée par tous ? Vous avez besoin d’un gouvernement mondial. Nous somme tous dans une impasse climatique, énergétique, sociétale.

            Un exemple du délire ?

            Je lisais sur le NYT (New York Times), j’ai un abonnement, qu’après les voyages dans l’espace pour les plus aisés, il devient possible de posséder un sous-marin privé.

            Cet engin est devenu indispensable sur les yachts de haut de gamme, au coût modique de 4 millions de $ us…

            « En 2007, nous sommes allés au Monaco Yacht Show pour présenter nos sous-marins aux plaisanciers et les gens ont pensé que c’était une blague », a déclaré Erik Hasselman, directeur commercial de U-Boat Worx, dans un anglais coupé, aux accents néerlandais. « Ils pensaient que nous étions un groupe d’étudiants fous avec un prototype, et personne ne pensait que c’était réel. Puis un petit nombre de propriétaires de superyachts ont commencé à les acheter, et maintenant tous ceux qui ont un yacht de plus de 150 pieds en envisagent au moins un. »

            Dans sa quête pour vendre davantage de submersibles, la société lance un programme de copropriété, sur un sous-marin qui n’est pas de haut de gamme, basé à Curaçao, Bonaire et dans le sud de la France, qui permet aux clients de diviser le coût de la propriété en huitièmes (plus la formation), pour environ 154 000 dollars chacun.

            En d’autres termes, un orthodontiste particulièrement doué peut désormais devenir propriétaire d’un sous-marin.

            En France on s’agite pour interdire les jets privées mais pourquoi admettre l’aviation privée, les courses automobiles, etc..?

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            • Jean // 23.08.2022 à 23h27

              6422amri,

              Sur l’écologie nous sommes sur la même longueur d’onde. Au-delà de l’acquisition de sous-marins je crains le développement d’armée privées qui finiront, si on laisse faire, par devenir plus puissante que les armées des États en faillites. La révolution robotique et le développement de ce que l’on appel, de façon inappropriée selon moi, l’Intelligence Artificielle rendent cette évolution possible.
              Je ne fais cependant pas suffisamment confiance en nos « zélites » pour plébisciter l’instauration d’un gouvernement mondial. L’instauration d’accords véritablement contraignant entre tous les gouvernements reste néanmoins inévitable pour résoudre ce problème global. Pour obtenir ce résultat il faudra inévitablement que les occidentaux acceptent de renoncer à certains de leurs privilèges, en premier lieu celui de la surconsommation. Mais rien de significatif ne sera fait tant que les bénéfices immédiats ne deviendront pas inférieurs aux inconvénients. La plupart des humains ont besoins de voir pour croire.

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            • Grd-mère Michelle // 23.08.2022 à 23h36

              En France comme ailleurs, il faudrait comprendre que les machines (leur fabrication et leur fonctionnement)sont les principales dévoreuses d’énergies et vomisseuses de pollution. Il conviendrait donc d’étudier sérieusement lesquelles sont indispensables, réellement utiles, ou pas…
              En tout cas, celles qui sont à usage privé sont à proscrire au plus tôt. Et, si elles facilitent la « merveilleuse » mobilité actuelle(des personnes et des marchandises), il faut bien reconnaitre que celle-ci ne fait pas le bonheur de ceux-celles qui en bénéficient…(du moins les gens honnêtes qui sont obligés de « perdre leur vie à la gagner » pour les posséder).
              Quelles que soient les « facilités » et les « libertés » qu’elles offrent, ce sont des nuisances, elles nous conduisent tout droit et à toute vitesse « dans le mur ».
              « L’ère industrielle » fut une profonde et funeste erreur.

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            • ManuUK // 24.08.2022 à 05h30

              Macron a dit un jour une phrase très intelligente :  » on ne pourra régler le problème du climat sans la finance ». Qu’on le veuille ou non, ce ne sera pas possible.

              Une réponse à apporter :
              1. Intégrer dans le PIB l’activité écologique. C’est à dire un pays qui utilise ses stocks de ressources primaire verra son PIB chuter. (J’y crois moyen). En gros, repenser le mode de calcul du PIB

              2. Intégrer dans les prix, les prêts l’empreinte carbone. Là on va rétablir le vrai coût des objets. Mais il va y avoir nécessairement un problème d’inflation

              Je ne crois pas à la responsabilité citoyenne, mais comme le dit Janko, pour s’arrêter à une augmentation de 2°C, il faudrait un confinement tous les ans. Autrement dit seule une contrainte sur l’activité humaine peut nous aider à réussir.

              Donc deux choses l’une :
              1. Impacter le coût de l’activité pour le faire baisser à des niveaux raisonnables
              2. Trouver des productions d’énergies et d’activités nouvelles non polluantes pour aider les pays en pleine croissance à accepter la transition énergétique.

              On est encore au début, rien a commencé, c’est pour cela que les idées sont peu claires

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          • Grd-mère Michelle // 24.08.2022 à 12h06

            @ManuUK « Et seule une planification acceptée par tous (en tous genres et toutes couleurs?) peut permettre une action sur le temps long. »
            Que pensez-vous de l’initiative de l’ONU, le Traité d’Interdiction des Armes Atomiques (TIAN), entré en vigueur en janvier 2021 parce qu’une majorité (définie par les règles de cette organisation des Nations UNIES) de pays l’ont ratifié?
            Sauf que ceux qui les possèdent, comme la France, ainsi que leurs « alliés » comme les membres de l’OTAN, par ex, refusent de le signer… et vont jusqu’à renier les engagements de leur pays, pris après la gigantesque catastrophe que fut la seconde guerre mondiale, de gouverner par la conciliation internationale…
            La question essentielle du nucléaire(et de ses déchets) est pourtant criante, à court, moyen et long terme(voir à Bure).
            Comment rappeler aux citoyen-ne-s que notre destin à tou-te-s (et celui de notre progéniture) est entre leurs mains(qui fabriquent les armes, qui les paient par leur labeur taxé, et qui mettent leur bulletin dans l’urne)?
            La soumission( aux injonctions de consommation et de travail forcé) est le pire obstacle à un avenir plus serein.

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            • ManuUK // 25.08.2022 à 20h03

              Vous avez résumé toute la difficulté à avoir une vision commune internationale.

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        • Lt Briggs // 23.08.2022 à 16h35

          « Ce n’est qu’une fois que cet État serra fort que nous pourrons nous poser la question de savoir comment surveiller ce pouvoir pour qu’il ne s’écarte pas de l’intérêt général »

          Pour le coup, je vous trouve un peu naïf. A moins d’être membre de l’équipe qui accède au pouvoir et d’être ainsi protégé, vous accepteriez donc de sauter dans l’inconnu sans la moindre garantie ? Un État fort peut revêtir toute forme : militaire, religieuse, communiste, national-socialiste, etc.

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          • Jean // 23.08.2022 à 20h40

            @Lt Briggs,

            Je ne prétends pas qu’un État fort soit le remède à tous nos maux, seulement que c’est un pré-requis sans lequel rien n’est possible.

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        • Candievans // 23.08.2022 à 21h43

          Ce que vous « réclamez » n’est pas la démocratie, mais bien le contraire, l’incarnant d’un état fort, craint de tous, y compris des puissances d’argent.

          La France et beaucoup de pays européens n’ont jamais été aussi puissants qu’au temps des rois. Le paysan, dernier maillon de la chaîne, nourrissait le royaume à une époque où les frigos et les camions n’existaient pas. Un simple paysan, était donc précieux. Mais tout comme un maréchal-ferrant ou un écuyer… D’ailleurs, les pays étrangers ne s’y trompent pas : c’est Versailles et les châteaux de la Loire qu’ils viennent visiter, le Mont Saint-Michel, ces GRANDES choses faites au temps des rois. Ils ne viennent pas visiter la Grand Bibliothèque de Mitterand ou le Futuroscope des esclaves qui espèrent un monde meilleur…

          La démocratie, visiblement adjectif qualificatif de la République, façonnée par Bismark le vainqueur, n’a fait que nous appauvrir. Jamais la France n’a été autant dans la merde. Et ça n’a rien à voir avec le libéralisme ou le communisme. ça a à voir avec qui dirige et quelle est sa vision. En gros : protéger ou se servir…

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          • Candievans // 23.08.2022 à 22h02

            Par exemple, la Chine tant décriée se protège. Elle n’est pas vendue à la découpe au plus offrant. Elle accepte les règles du commerce international tout en protégeant ses travailleurs et son territoire. On peut ne pas être d’accord, mais les faits sont là : elle est communiste et deuxième puissance mondiale.

            Un autre exemple est la Russie. Celle de Ieltsine fut vendue pour une bouchée de pain ; un homme fort est apparue pour confisquer les joujoux des oligarques et redresser le pays qui est aujourd’hui la troisième puissance mondiale. La Russie n’est pas communiste, c’est un système capitaliste et autoritaire.

            C’est du reste ce que Trump a fait – avec succès – dans son pays durant son mandat, et il se représente pour remettre l’Amérique sur les « bons rails ». Un homme fort, capitaliste, commerçant, mais protégeant son peuple en premier (America(ns) great again).

            Tout les reste, n’est que de la spoliation. Elire des laquais sans vision et sans poigne, c’est l’assurance de finir dans les limbes de l’Histoire… Tirer à balles réelles sur quelques manifestants n’est pas du tout une preuve de poigne et d’autorité ; c’est peut-être même tout le contraire !

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            • Lt Briggs // 23.08.2022 à 22h40

              Pour résumer, la démocratie appauvrit tandis que les régimes dictatoriaux enrichissent, c’est ce que vous semblez retenir de l’Histoire. Vous parlez du « succès » de Trump, de sa vision. Il ne fait que du Reagan sans le programme Star Wars : coupes massives dans les dépenses sociales, guerre contre toute législation écologiste, coups de pouce aux projets les plus polluants (oléoduc Keystone XL)… Ce grand protecteur de la population a de plus systématiquement refusé de publier ses déclarations fiscales. En 2016, il est le premier candidat à l’élection présidentielle américaine à s’y être refusé depuis 45 ans. Ce n’est pas un épouvantail pour Wall Street…

              La Russie « 3e puissance mondiale » ? Dans quels domaines ?

              Quant à la Chine, vous dites « Elle accepte les règles du commerce international tout en protégeant ses travailleurs et son territoire. ». Je veux bien croire qu’elle protège son territoire, mais sur quoi vous basez-vous pour parler de « protection des travailleurs » ? Hormis les chanceux qui vivent sur les côtes chinoises, c’est encore l’âge de fer du capitalisme, dans ce pays. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mingong

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            • 6422amri // 24.08.2022 à 02h19

              Pour compléter ce que justement le Lt Briggs souligne…

              La Chine a signé en 2021 l’accord international qui condamne le travail forcé.

              Elle n’a toujours pas signé auprès de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) la convention internationale qui autorise la syndicalisation. Dans cette catégorie se trouve aussi le Vietnam, le Bangladesh (le paradis des usines a vêtements quoi que maintenant ce soit moins cher en Ethiopie, le nouvel eldorado de ce secteur), quelques exemples.

              Les réformes chinoises sur l’installation de retraites (il n’y a pas de retraites universelles en Chine) est totalement privatisé basé sur la capitalisation. Il n’y a pas de comités d’entreprises, de syndicats.

              On peut y ajouter les travailleurs payé à la journée (Mingong), sans aucun droit, des migrants intérieurs venus des régions les plus pauvres de la Chine.
              [modéré]

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  • Georges Clounaud // 23.08.2022 à 09h43

    Texte majeur, clair et précis, qui montre bien, exemples historiques à l’appui, que les courants idéologiques et politiques tout comme les ordres politiques qu’ils engendrent ont une durée de vie limitée dans le temps. Aucun courant ou ordre politique n’est immuable et nous assistons bien au crépuscule du néolibéralisme qui s’est imposé dès la fin des années 70.
    En ce sens l’UE, consubstantiellement liée au néolibéralisme, est condamnée à disparaitre ou du moins à être rebâtie de fond en comble tant elle liée à ce modèle économique par les traités qui l’ont façonnée. Ce qui finalement revient à la même chose…

      +11

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  • calal // 23.08.2022 à 09h46

    article interessant qui evoque bien l’etat des lieux de la societe occidentale.Beaucoup de lecteurs et des commentateurs des crises etaient arrives a ce meme etat des lieux il y a bien longtemps,le voir « legitimer » par des « autorites » confirme le diagnostique et rassure nos egos: nous n’etions donc pas des « paranoiaques »…

    Que faut il faire maintenant?
    – bien etre conscient de la « voie etroite » qu’il faut suivre: etroite car il faut se garder de la « gauche » (un etat qui oublie son role de gardien et ne pense qu’a enfler a tout prix meme au prix de renoncement de son role de « gardien ») tout comme il faut se garder de la « droite » ( des contraintes pour les pauvres,la liberte pour les riches)
    -etre conscient de ses valeurs fondamentales :liberte (pas de restriction des libertes fondamentales et pas d’echange du genre « restriction de la liberte d’expression mais liberte de changement de sexe ) ,egalite ( une meme loi pour tous pas un deux poids deux mesures arbitraire qui evolue lentement vers un apartheid) ,fraternite ( solidarite non obligatoire et mesuree)
    -distinguer ceux qui font du bon boulot de ceux qui « baratinent » voir plus realistiquement recompenser ceux qui font « peu de mal » et surtout sanctionner,ne pas suivre les hypocrites beaux.elles parleurs.euses qui nous menent vers la catastrophe…

      +5

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  • Savonarole // 23.08.2022 à 11h07

    Tant que tout le monde a a bouffer , l’anarchie n’emmerde personne , quand on commence à sentir la faim et que ça commence à faire des morts, de suite les règles ça parrait moins con.
    C’est un comportement qu’on observe souvent en ethologie… l’étape d’après dans la misère c’est moins jouasse vu que c’est la violence et/ou l’antropophagie. Enfin les humains on pas besoin de la misère pour justifier la violence , et c’est autant un problème qu’une solution ^^

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    • 6422amri // 23.08.2022 à 14h10

      Tout le monde mange….3.5 milliards d’habitants de cette planete vivent avec 1.50 $ us par jour et il y a plus de 5.000 enfants qui meurent de malnutrition chaque jour.

      La majorité de la population mondiale dispose de moins de 3 litres d’eau par jour.

      Un cabot français a le niveau de vie d’un journalier ou d’un paysan indien.

        +4

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      • Hiro Masamune // 23.08.2022 à 21h21

        En fait vous êtes d’accord : imposer des règles aux riches; c’est un problême de pauvres.

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  • JT // 23.08.2022 à 11h32

    Intéressante analyse de temps long.
    Mais très centrée sur une Amérique qui est en train de s’effondrer et qui dicte de moins en moins les règles du jeu au reste du monde. Ainsi, en supposant que les superstructures américaines soient en capacité de manœuvrer vers des idéologies moins délétères que le néolibéralisme (ce qui n’en prend guère le chemin), l’impact sera beaucoup plus limité sur le reste du globe que dans les années d’ « hubris » post-soviétique. Les rivalités géopolitiques entre grands blocs me paraissent beaucoup plus structurantes pour la décennie à venir que la dynamique idéologiques des sociétés occidentales…

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    • 6422amri // 23.08.2022 à 22h03

      J’ai un peu de mal a comprendre comment une course généralisée aux armements, partout dans le monde, est structurante.

      Le néolibéralisme est partout, pas seulement aux USA ou en Occident. La Chine a procédé à la création deplus de 650 milliardaires en dollar US.

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      • Lt Briggs // 24.08.2022 à 13h27

        « Le néolibéralisme est partout, pas seulement aux USA ou en Occident. La Chine a procédé à la création de plus de 650 milliardaires en dollar US. »

        Ça me parait incontestable. La Chine est aujourd’hui l’un des pays les plus capitalistes au monde. Ceux qui voient la Chine comme un rempart au néolibéralisme ont oublié qu’avant d’épouser le libre-échange, les États-Unis étaient très protectionnistes au XIXème siècle. Ce n’est qu’après avoir constitué des champions nationaux et être devenus suffisamment compétitifs qu’ils se sont lancés à la conquête des marchés. Ils ne jurent depuis que par la liberté de commercer, car tel est devenu leur intérêt. Le développement fulgurant de la Chine depuis le tout début des années 2000 annonce un comportement parallèle. Ce pays ne va plus supporter longtemps des marchés qui lui sont fermés.

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  • Jean // 23.08.2022 à 11h59

    @kriss34,

    Le principe de diversion est à l’œuvre, on parle d’autant plus des restrictions de liberté en Chine pour éviter de dire que ceux qui s’attaquent aujourd’hui le plus durement aux libertés fondamentales de leurs peuples sont les occidentaux. La fin de notre hégémonie ne s’apparentera pas à un long fleuve tranquille et c’est parce que les gouvernements ont anticipés cet état de fait qu’ils agissent en amont de cette crise a venir en restreignant nos libertés.

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  • Grd-mère Michelle // 23.08.2022 à 13h51

    Je me souviens de Bill Clinton, tranquille et souriant, qui a commencé son « discours à la Nation » annuel au début de 1997(vu à la télévision belge-service public) par ces mots: « Aujourd’hui, nous sommes les maîtres du monde ». J’étais renversée, stupéfaite et terrorisée!
    Ainsi, le pire cauchemar imaginé par de multiples écrivain-e-s, dessinateurs-trices de BD, souvent sur le ton de la rigolade, du grotesque, était désormais incarné par le président des USA, l’État le plus puissant du monde(le plus fort, en termes d’armement)!

    Preuve que l’équilibre de « la société », nécessaire à la perpétuation du genre humain, peut être mis en danger par la folie mégalomane de quelques « dirigeants » mentalement déséquilibrés.
    Surtout quand leur voix mielleuse et leur image « bon enfant », même pas autoritaires, parvient dans tous les foyers pour convaincre et rassurer leurs sujets, prêts à les suivre dans leurs divagations…
    Avant le phénomène « internet », celui de la télévision a-t-il été suffisamment étudié?
    Les moyens de diffusion de la propagande (publicité et information travestie, dans sa variante néo-libérale) sont le fer de lance de toute dictature.

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  • Fabrice // 23.08.2022 à 16h13

    On confond souvent libéralisme, Neoliberalisme alors que le second est en fait du capitalisme de connivence qui détourne les fonds (impôts) pour sauver le système dans un casino financier (principalement) alimenté par la planche à billet totalement déconnecté de la réalité où les risques ne sont plus supportés par les société privés mais par l’état qui leur assure une quasi certitude de s’en sortir sans presque de mal dans un pile je gagne face vous perdez.

    Alors que le libéralisme devrait assurer que ces entreprises payent le prix de leurs folie sans que l’état n’endosse leur perte.

      +10

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  • Yvan BACHAUD // 24.08.2022 à 09h32

    GARY GESTLE conclut:  » Non seulement nous ne devons pas présumer du triomphe du capital, mais nous devrions aussi nous rendre compte que c’est un des moments où ceux qui ont d’autres propositions pour réorganiser l’économie, pour réorganiser la politique, doivent se lever et se battre pour ce en quoi ils croient.. »
    Pour réorganiser la politique puis l’économie dans le sens de l’intérêt général il faut que le citoyens disposent eux aussi de l’initiative de la révision de la Constitution dont par ailleurs toute révision devra être validée par référendum;
    Le combat n°1 doit donc être l’adoption d’un article 89 instaurant ces deux dispositions qui suffisent à faire du peuple le souverain.
    Avec 50 millions d’adultes il a toutes les capacités pour mettre en place tout ce qui est bon pour lui

      +1

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    • Grd-mère Michelle // 24.08.2022 à 12h31

      Comment faire pour que chacun-e des 50millions se sente responsable(de soi-même et des autres) en devenant adulte?
      Peut-être l’enseignement, par la théorie Et la pratique, pourrait-il accomplir cette tâche essentielle? L’initiation à la chose politique (au vivre ensemble organisé) est totalement négligée, pour le moment…
      Hélas, l’école n’a jamais servi qu’à « formater » les futur-e-s actifs-ves, à les « dresser » à obéir aux « dirigeants ».

        +0

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      • Yvan BACHAUD // 24.08.2022 à 12h42

        SI les citoyens pouvaient en toutes matières et à tout moment moment, reprendre la parole pour DECIDER de ce qui les regarde, cela les inciterait à s’intéresser aux réformes votées par les godillots de l’oligarchie. De plus cela les inciterait à aller voter puisqu’ils pourraient contrôler si les promesses sont tenues et soumettre à RIC celles qui tarderaient;
        Le RIC constitutionnel fait du peuple le souverain 73% des Français sont pour il faut se mobiliser sur sur objectif non partisan. De nombreuses assos et collectifs ont cet unique objectifs.

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  • Christian Gedeon // 24.08.2022 à 12h10

    J’ai tout lu. Ça a pris du temps. Surtout les commentaires. Je suis stupéfait. Car jamais l’ultra libéralisme n’a été aussi prégnant. J’ai bien peur qu’on ne comprenne pas bien que le chaos est le biotope naturel de ce virus. Plus «  l’effondrement » s’accélère, plus les ultra-libéraux jubilent.

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