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26.décembre.202026.12.2020 // Les Crises

La guerre de classe en Grande-Bretagne contre les enfants – par John Pilger

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Source : Consortium News, John Pilger
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Dans cet article abrégé publié par le London Daily Mirror basé sur son film de 1975, Smashing Kids [Ecraser les enfants, NdT], John Pilger décrit la classe sociale comme la maladie la plus virulente de Grande-Bretagne, causant des niveaux records de pauvreté infantile.

Une famille britannique du film Smashing Kids, 1975. (John Garrett)

Lorsque j’ai fait mon premier rapport sur la pauvreté des enfants en Grande-Bretagne, j’ai été frappé par les visages des enfants à qui j’ai parlé, surtout les yeux. Ils étaient différents : vigilants, craintifs.

À Hackney, en 1975, j’ai filmé la famille d’Irene Brunsden. Irene m’a dit qu’elle avait donné à son enfant de deux ans une assiette de cornflakes. « Elle ne me dit pas qu’elle a faim, elle se contente de gémir. Quand elle gémit, je sais que quelque chose ne va pas. »

« Combien d’argent avez-vous dans la maison ? » ai-je demandé.

« Cinq pence », m’a-t-elle répondu.

Irène a dit qu’elle pourrait être obligée de se prostituer, « pour le bien du bébé ». Son mari Jim, qui est camionneur et ne pouvait pas travailler pour cause de maladie, était à côté d’elle. C’était comme s’ils partageaient un deuil privé.

C’est ce que fait la pauvreté. Selon mon expérience, ses dégâts sont comme ceux de la guerre ; ils peuvent durer toute une vie, se propager aux proches et contaminer la génération suivante. Ils retardent les enfants, provoquent une multitude de maladies et, comme me l’a dit Harry Hopwood, un chômeur de Liverpool, « c’est comme être en prison. »

Cette prison a des murs invisibles. Lorsque j’ai demandé à la jeune fille de Harry si elle pensait qu’un jour elle vivrait une vie comme les enfants plus aisés, elle m’a répondu sans hésiter : « Non. »

Qu’est-ce qui a changé 45 ans plus tard ? Au moins un membre d’une famille démunie a des chances d’avoir un emploi – un emploi qui lui refuse un salaire décent. Incroyable, bien que la pauvreté soit plus déguisée, d’innombrables enfants britanniques se couchent encore le ventre vide et se voient impitoyablement refuser des chances…

Ce qui n’a pas changé, c’est que la pauvreté est le résultat d’une maladie encore virulente mais dont on parle rarement : la classe.

Les études successives montrent que les personnes qui souffrent et meurent précocement des maladies de la pauvreté provoquées par une mauvaise alimentation, des logements insalubres et les priorités de l’élite politique et de ses fonctionnaires « sociaux » hostiles, sont des travailleurs. En 2020, un enfant britannique d’âge préscolaire sur trois souffre ainsi.

En réalisant mon récent film, The Dirty War (La guerre sale, NdT) sur la NHS (National Health Service, le service de santé publique du Royaume-Uni, NdT), il m’est apparu clairement que les coupes sauvages dans le NHS et sa privatisation par les gouvernements Blair, Cameron, May et Johnson avaient dévasté les personnes vulnérables, dont de nombreux travailleurs du NHS et leurs familles. J’ai interrogé une employée du NHS mal payée qui ne pouvait pas régler son loyer et qui a été forcée de dormir dans des églises ou dans la rue.

Dans une banque alimentaire du centre de Londres, j’ai observé de jeunes mères regarder nerveusement autour d’elles alors qu’elles s’empressaient de partir avec de vieux sacs Tesco remplis de nourriture et de lessive, et des protections qu’elles ne pouvaient plus s’offrir, leurs jeunes enfants s’accrochant à eux. Il n’est pas exagéré de dire que j’avais parfois l’impression de marcher sur les traces de Dickens.

Boris Johnson a affirmé que moins de 400 000 enfants vivent dans la pauvreté depuis 2010, date à laquelle les Conservateurs sont arrivés au pouvoir. C’est un mensonge, comme l’a confirmé le commissaire à l’Enfance. En fait, plus de 600 000 enfants sont tombés dans la pauvreté depuis 2012 ; le total devrait dépasser les 5 millions. Il s’agit, selon certains, d’une guerre de classes contre les enfants.

L’ancien élève d’Eton Boris Johnson est peut-être une caricature de la classe des enfants nés pour gouverner, mais son « élite » n’est pas la seule. Tous les partis au Parlement, notamment, sinon surtout, le Parti travailliste – comme une grande partie de la bureaucratie et la plupart des médias – n’ont que peu ou pas de liens avec la « rue », le monde des pauvres, l’économie de marché, le système de crédit universel qui peut vous laisser sans un sou et dans le désespoir.

La semaine dernière, le Premier ministre et sa caste ont montré où se situaient leurs priorités. Face à la plus grande crise sanitaire de mémoire d’homme, alors que la Grande-Bretagne a le plus grand nombre de décès dus au syndrome de la Covid-19 en Europe et que la pauvreté s’accélère en raison d’une politique punitive « d’austérité », il a annoncé 16,5 milliards de livres sterling pour la « défense ». Cela fait de la Grande-Bretagne, dont les bases militaires couvrent le monde entier, le pays qui dépense le plus en Europe dans le domaine militaire.

Et l’ennemi ? Le vrai est la pauvreté et ceux qui l’imposent et la perpétuent.

Le film de John Pilger de 1975, Smashing Kids, peut être regardé sur http://johnpilger.com/videos/smashing-kids

John Pilger est un journaliste et cinéaste australo-britannique vivant à Londres. Le site web de Pilger est : www.johnpilger.com. En 2017, la British Library a annoncé la création d’archives John Pilger rassemblant toutes ses œuvres écrites et filmées. Le British Film Institute inscrit son film de 1979, Year Zero : the Silent Death of Cambodia (Année zéro : la mort silencieuse du Cambodge, NdT), parmi les 10 documentaires les plus importants du 20ème siècle. Certaines de ses précédentes contributions à Consortium News peuvent être consultées ici.

Source : Consortium News, John Pilger, 26-11-2020
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

Subotai // 26.12.2020 à 21h42

J’ai été pauvre.
J’ai évité la misère de justesse au prix de la « perte » de ma famille (de l’époque)
On ne s’y satisfait jamais de la pauvreté.
L’absence de perspective quand on doit assurer la survie des enfants est terrible.
De quoi perdre sang froid, raison et courage.
S’en sortir ne nécessite pas seulement des capacités (bof), mais aussi et surtout de la chance. Et tout le monde n’en n’a pas.
Ne crachez jamais sur les pauvres et les miséreux. Vous ne savez pas.
Ne les aidez pas, si ça vous chante, mais ne les jugez pas.

Et à la question: « Comment sortir de cet engrenage mortifère ? »
Que ceux peuvent essaient d’être UNE chance pour quelqu’UN. C’est vous qui voyez.
Ce sera déjà beaucoup.

38 réactions et commentaires

  • Sharivan // 26.12.2020 à 07h00

    Je n’ai jamais compris pourquoi les migrants voient l’Angleterre comme un eldorado

      +17

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    • gracques // 26.12.2020 à 08h39

      Une partie de la réponse ,
      D ou viennent ils ?
      Quelle langue parlent ils ?
      Après l’Angleterre est le,pays des petits boulots ….peut être suffisant pour un immigré célibataire …

        +12

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    • Blabla // 26.12.2020 à 09h41

      On y vit sans papiers et on y travaille (sans papiers) facilement (même si on y est viré tout aussi facilement)

        +15

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    • Grd-mère Michelle // 26.12.2020 à 14h25

      Ceci, me semble-t-il, est caractéristique d’un mythe(évidemment obsolète) qui perdure au sujet de la puissance (commerciale et culturelle) prépondérante de l’Empire britannique chez ses anciens « sujets » et leurs voisins, puissance qui s’est déplacée en Amérique du Nord au cours du 20ème siècle, tout en gardant la même langue et en s’étendant au monde entier.
      Par l’opération « Brexit », le Royaume Uni s’est accroché piteusement au train fou de la croissance US(qui crée plus d’inégalités que partout ailleurs), ce que l’Ecosse a bien compris, qui déclarera bientôt son indépendance.
      L’inconscient collectif est probablement plus fort que toutes les informations diffusées en vrac (mais aussi surtout en anglais).
      Si l’invasion des territoires se produit militairement et commercialement, celle des esprits se concrétise essentiellement par la langue, véhicule de la pensée et de l’imagination.

        +9

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      • ouvrierpcf // 27.12.2020 à 11h19

        Par l’opération « Brexit », non non et non le Brexit est un scrutin un vote ou curieusement Grd Mere Michelle ne connait rien Sait elle que justement les pauvres à cette occasion ont voté et là les pauvres ont voté et ils ont voté NON cela ne vous plait pas mais c’est comme cela car un pauvre peut voter il vote quand il est intéressé Lors des élections municipales françaises 88% des pauvres d’un quartier de ma ville n’ont pas voté En seine st Denis on a relevé 77% de moyenne d’abstention et l’autre fait la morale démocratique à la GB !! pour notre NON de 2005 là une opération a été montée oui pour transformer un NON démocratique en OUI de caste de classe
        Si Gd Mere Michelle déclare l’indépendance de l’Ecosse moi c’est celle de la Corse du Pays Basque de la Savoie du Comté de Nice et là on délire complet c’est mytho comme disent les ados Des lecteurs de La Crise sont mytho
        pour le salaire minimum en GB hors de lUE il s’est augmenté 2 fois en 2020 et en France? et là c’est pas mytho

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        • Grd-mère Michelle // 27.12.2020 à 13h21

          Heu… Un nouveau référendum est prévu, au sujet de l’indépendance de l’Ecosse, et, lors de celui sur le Brexit, le NON l’avait emporté à plus de 70%…
          (Vu la première ministre écossaise -?- en parler aux infos/Tv avant-hier)
          Le référendum sur le Brexit fut non seulement un scrutin, mais aussi une opération de dés-information(comme à peu près aussi chaque élection).
          À noter que l’Irlande du nord reste dans le « marché commun » européen, et que les frontières douanières du RU se situeront désormais dans la mer. C’est d’ailleurs un des principaux points qui bloquait l’accord commercial de sortie… et peut-être un pas vers une réunification dans l’indépendance.
          Remarquez que, dans de nombreux pays composés de Régions malmenées, on en est arrivé à les fédéraliser en leur laissant de larges compétences(comme celle de dire NON au CETA, par ex.)
          Bien sûr, cela ne simplifie pas la politique, mais évite un autoritarisme central rétrograde.

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          • ouvrierpcf // 27.12.2020 à 20h35

            À noter que l’Irlande du nord reste dans le « marché commun » européen
            non le marché commun n’existe plus Tout est conditionné au Traité de Lisbonne ou de Maastricht
            ou au TFUE au Traité de Fonctionnement de l’Union Européenne et des GOPE Grandes Orientations de Politique E économiques les décisions de sortie ou d’exception sont et doivent être prises à l’unanimité par le Conseil Européen Pour l’Irlande elle n’ est ni frontalière de la Belgique de la Pologne de la Roumanie ou de la Grèce Grèce qui a « bénéficié  » on l’a vu des très bonnes conditions économiques de l’UE oui non ? quand pourtant le Peuple grec avait voté OUI au plan de son 1er ministre Tsípras GD mère Michelle s’enfonce dans les sables mouvants de lUE de la BCE de Maastricht de Lisbonne au fait ou est notre NON français de 2005 ? pourquoi vous ne répondez pas à cette question ? cela gène t’il ?

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          • Grd-mère Michelle // 28.12.2020 à 14h36

            Je ne suis pas française, mais belge(vous savez? la Belgique, ce petit territoire qui s’est établi en État de Droit, sur base d’une constitution, en 1830, pour éviter d’être envahi de toutes parts et de servir de champs de bataille aux « grandes puissances » environnantes d’alors, comme il le fut au cours des siècles. Et dont l’emblème est « L’union fait la force ».
            Je suis donc très peu tentée par des velléités nationalistes et égoïstes. Dois-je vous rappeler que, depuis 75 ans, nous(vous et moi, les belges et les français, entre autres) n’avons pas connu la guerre(fait exceptionnel dans l’histoire de l’Europe).
            Cela ne m’empêche pas d’y voir clair dans les ambitions des nouvelles « grandes puissances », entreprises industrielles et financières qui tentent (en corrompant le monde politique) de bouffer tout le monde, et de réduire l’humanité en armées de robots soumis et décervelés, tout en détruisant notre environnement, notre biotope dont chaque peuple sur la terre a besoin pour continuer à exister.
            Si l’UE a été pervertie par elles dès le départ, c’est aux citoyen-ne-s, membres de ce regroupement conçu officiellement pour leur garantir la paix, la prospérité et la démocratie, d’agir et de lutter pour imposer à leurs représentant-e-s/élu-e-s la transformation de ses institutions, afin de réviser nos alliances et de proposer un mode de vie plus juste et plus sain dans nos belles et diverses régions, de faire « bloc » sur le vieux continent pour échapper aux appétits des autres « blocs » attirés par notre « marché ».

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          • Grd-mère Michelle // 28.12.2020 à 15h27

            C’est vrai, notre « marché commun » a disparu, écrasé par une multitude de « traités de libre échange commercial internationaux »(ceux qui permettent à vos marchands de vin et de fromage, entre autres, de s’enrichir auprès des riches du monde entier) signés en dehors de tout concertation avec les citoyen-ne-s par une Commission EU non-élue et dédaigneuse du Parlement EU (que nous élisons- enfin, ceux/celles qui votent! Savez-vous que vous avez des parlementaires, malheureusement minoritaires, tout-à-fait dignes de confiance?)
            Le fait que le « marché commun » ait été cité, nommé sur les radios/tv il y a quelques jours à propos de l’Irlande, me rend espoir et courage. Car le pouvoir des mots est immense(ce que vous semblez ignorer dans vos commentaires hachés et non-ponctués).
            Vous êtes-vous engagé, avez-vous milité, contre le TTIP?
            Moi, oui, chaque jour pendant 4 ans, dans la rue et sur ma tablette, avec succès puisque ce Traité de L-E avec les États-Unis a été enterré par Trump, qui a compris à cette occasion que les européen-ne-s n’étaient pas tout-à-fait prêt-e-s à se vendre.
            Vous avez laissé signer et ratifier le CETA(ce cheval de Troie de tous les produits dOutre-Atlantique) par vos « autorités » dévergondées, mais ici, des parlements de plusieurs Régions s’opposent à leurs gouvernements pour empêcher une ratification qui entérinerait une « mise en œuvre provisoire » ne bénéficiant qu’aux plus riches de nos concitoyens(le prétexte illusoire des « emplois » ne servant qu’aux syndicats agenouillés).

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      • Dominique65 // 28.12.2020 à 11h35

        L’UE est tout aussi néolibérale que les USA. Je ne prétendrais pas savoir ce qui a amené le RU à sortir de l’UE, mais l’argument du néolibéralisme, dans un sens ou dans l’autre est un faux.

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  • calal // 26.12.2020 à 08h08

    densite d’habitants au km2 en france :107 pour le royaume uni:422 soit une densite 4 fois plus importante…
    source wiki.

      +1

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    • Garibaldi2 // 27.12.2020 à 06h00

      Petite erreur : 422 hab/km2 c’est pour l’Angleterre seule.

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  • zozefine // 26.12.2020 à 08h40

    pilger, très très grand journaliste, documentariste. voir son film « utopia » sur les aborigènes australiens (https://vimeo.com/167556065).merci pour la traduction !

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  • Maguy // 26.12.2020 à 10h54

    Terrible description. Mais les pauvres en France sont ils mieux traités ou plus chanceux.
    La densité D’habitants est elle décisive de ce point de vue ?

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    • Grd-mère Michelle // 27.12.2020 à 12h00

      Oui, oui, bien sûr, car disposer d’un terrain qu’on peut cultiver(près de la maison qu’on possède ou qu’on loue) permet au moins de produire de la nourriture saine pour toute l’année.

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      • Guise // 28.12.2020 à 20h45

        Mais attention, si vous avez un terrain pollué par une entreprise voisine (lubrisol, exemple au hasard) la nourriture saine disparaît.

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    • Dominique65 // 28.12.2020 à 11h36

      « les pauvres en France sont ils mieux traités ou plus chanceux. »
      La France est considérée par beaucoup comme un pays communiste. On peut espérer qu’il y a (encore) quelques raisons à cela.

        +2

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  • Grd-mère Michelle // 26.12.2020 à 15h09

    Il est nécessaire de distinguer pauvreté et misère.
    La pauvreté, c’est posséder peu(de « biens » et de connaissances).
    La misère, c’est ne posséder rien.
    À l’heure qu’il est, et grâce aux efforts constants des mouvements sociaux pour nous assurer une « sécurité sociale » digne d’une nation civilisée, on peut être pauvre et satisfait (j’en témoigne), même alors que ce n’est pas toujours facile(mais devenir/rester riche n’est pas facile non plus, et conduit à de graves compromissions, maladies spécifiques et abandons de soi-même), si on connait ses droits et si on sait lire(pour s’informer et réfléchir) et compter(pour ne pas dépasser ses limites- éviter les crédits/dettes asservissants).
    La misère concerne les personnes qui n’ont pas de droits(essentiellement les migrant-e-s), et les ignorant-e-s.
    Dans nos sociétés déboussolées et confuses, le meilleur investissement est à faire dans l’enseignement élémentaire.

      +3

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    • Subotai // 26.12.2020 à 21h42

      J’ai été pauvre.
      J’ai évité la misère de justesse au prix de la « perte » de ma famille (de l’époque)
      On ne s’y satisfait jamais de la pauvreté.
      L’absence de perspective quand on doit assurer la survie des enfants est terrible.
      De quoi perdre sang froid, raison et courage.
      S’en sortir ne nécessite pas seulement des capacités (bof), mais aussi et surtout de la chance. Et tout le monde n’en n’a pas.
      Ne crachez jamais sur les pauvres et les miséreux. Vous ne savez pas.
      Ne les aidez pas, si ça vous chante, mais ne les jugez pas.

      Et à la question: « Comment sortir de cet engrenage mortifère ? »
      Que ceux peuvent essaient d’être UNE chance pour quelqu’UN. C’est vous qui voyez.
      Ce sera déjà beaucoup.

        +18

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      • Grd-mère Michelle // 27.12.2020 à 11h45

        Où voyez-vous que je crache sur qui que ce soit?
        J’ai TOUJOURS été pauvre(c-a-d vivant avec un revenu sous le seuil de pauvreté- déterminé selon la moyenne nationale) et même parfois dans un dénuement total (quand, avec des amis musiciens de rue, nous faisions la manche-mais c’était à une époque « hippie » où l’entraide et l’amitié étaient la base de nos vies « en communauté »).
        Mes parents l’étaient aussi, mais je ne l’ai su que plus tard:je ne m’en rendais pas compte car je bénéficiais, de leur part, du nécessaire: affection, attention, aide pour les devoirs d’école, nourriture saine et suffisante, venant principalement de notre potager(j’ai parfois souffert d’être forcée de terminer mon assiette, en pensant « aux petits éthiopiens qui n’avaient rien à manger », et je continue à y penser chaque fois que je me mets à table, ainsi qu’à mes parents qui m’ont si bien aimée, bien élevée).
        En effet, mon enfance s’est déroulée dans un petit village, au milieu d’une nature ravissante et foisonnante, changeante chaque jour de l’année, qui satisfaisait à tous nos besoins de divertissement(longues balades avec picnic les dimanches) et nous épargnait le désir de « vacances » à l’étranger.
        Je reconnais que la vie en ville est bien moins agréable, car j’y ai migré pour vivre ma vie de femme et de mère célibataire avec trois enfants entièrement à charge, avec l’idée de trouver plus d’opportunités pour me débrouiller. Et les balades/picnics se sont limitées à visiter tous les parcs de Bxl, avec en plus la multitude de concerts/spectacles offerts par la ville.

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        • Subotai // 27.12.2020 à 18h11

          Pardon Grand Mère, j’ai pris prétexte de ton post pour dire ce que j’avais à dire et non pour t’accuser de quoi que ce soit.
          Au départ je voulais simplement dire qu’on ne se satisfait pas de la pauvreté.
          Vivre à la dure dans une société où tout le monde vit à la dure n’est pas être pauvre.
          Vivre à la dure (involontairement) dans une société ou une autre partie se goberge et gaspille est insupportable.

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        • Grd-mère Michelle // 27.12.2020 à 19h54

          À partir du moment où l’on se rend compte qu’être pauvre ici, c’est être riche par rapport à de nombreux pays, on se réjouit de son relatif confort et de la protection sociale dont nous bénéficions, ainsi que de notre situation politique de citoyen-ne-s qui ont le pouvoir de faire évoluer les choses à partir du moment où ils-elles s’y impliqueraient en masse.
          Le problème, c’est l’abrutissement programmé des populations qui vise à les maintenir soumises et/ou fatalistes, défaitistes.
          C’est pourquoi un enseignement qui instruirait TOUS les enfants des multiples possibilités d’épanouissement personnel, et des droits dévolus à chacun-e, permettrait de revitaliser la société, afin de trouver des solutions pour l’améliorer.
          Il y a trop longtemps que la plupart des gens ne travaillent plus que (en tout cas surtout) pour l’argent, alors que l’être humain trouve de la joie et un sens à sa vie en s’activant, en bricolant, en se servant de sa tête et/ou de ses mains pour tout améliorer… Nous sommes dépossédé-e-s de nous-même par les machines(qui étaient censées nous faciliter la vie), au service de l’oppression.

            +1

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          • Guise // 28.12.2020 à 20h53

            Ce message m’a fait bondir : non savoir que d’autres crèvent la faim ailleurs ne rend pas plus facile de crever la faim ici.

            Je suis d’accord sur l’abrutissement programmé, par la télévision à mon avis.

            Je ne suis pas d’accord non plus sur cette histoire de machines qui nous déposséderaient au service de l’oppression : les machines sont un bienfait pour l’humanité. Elles peuvent remplacer l’humain sur des boulots abrutissants, justement.
            Ce qui pose problème n’est pas que les caissiers et caissières soient remplacés par des robots, mais que des gens n’aient pas d’autres alternatives pour survivre, une fois remplacés par des machines. Les machines n’y sont pour rien dans cette oppression, et leur pouvoir de nuisance dépend simplement de leur utilisation.

            J’espère ne pas avoir mal compris votre message, je réagis bien sûr à ce que j’en ai saisi.

              +1

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          • Grd-mère Michelle // 29.12.2020 à 16h08

            Heu… Il me semble que quand on connait ses droits et qu’on est capable de gérer son (petit) budget, on ne crève pas de faim ici, en Belgique.
            Mais… Peut-être que la sécurité sociale n’est pas aussi performante, protégée, défendue en France… excusez-moi donc alors, svp, de ma méconnaissance de votre pays(d’où était arrivée en train ma grand-mère maternelle chérie, réfugiée en 1917-18 à la suite de je ne sais plus quelle bataille, dont mon grand-père était tombé instantanément amoureux).

            J’ai bien écrit « …les machines… au service de l’oppression. »
            La « révolution » industrielle fut une gigantesque erreur qui n’a produit qu’un progrès matériel peu propice à faire progresser les êtres humains vers plus de « mieux vivre ensemble »(tout en justifiant des colonisations destinées à aller puiser l’énergie nécessaire pour la mettre en œuvre).
            Bien sûr, ce ne sont pas les machines qui sont nuisibles, mais le projet de déshumanisation et d’exploitation généralisées, manigancé par ceux qui les utilisent à leur bénéfice égoïste et mégalomaniaque.
            La « révolution » numérique, pourtant capable de connecter tout le monde, alors qu’elle pourrait faire avancer l’humanité vers une coopération et une solidarité raisonnables, a été accaparée pour contrôler et assurer la poursuite de ce projet funeste.

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            • Guise // 03.01.2021 à 12h25

              @Grd-mère Michelle : connaître ses droits, c’est déjà avoir du capital social. Tout le monde ne l’a pas. Preuve en est que beaucoup de gens ne demandent tout simplement pas les aides auxquelles ils pourraient pourtant prétendre.

              Je maintiens pour les machines : ce ne sont pas les machines elles-mêmes qui posent problème, mais l’utilisation que les dirigeants et financiers en font. Je crois que là-dessus nous sommes d’accord.

              Pour ce qui est de la révolution numérique, je vous conseille le blog de l’association la Quadrature du net, https://www.laquadrature.net/
              Le blog explique de façon claire (c’est important pour les néophytes) les problèmes que pose le net, et les solutions possibles, les alternatives.
              Ce blog est une véritable mine pour comprendre le sujet.

                +0

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            • Grd-mère Michelle // 03.01.2021 à 18h37

              Oui, mais ce capital social nous est dû, il est notre héritage commun de citoyen-ne-s, ce sont nos ancêtres qui nous l’ont constitué!
              C’est pourquoi l’enseignement DOIT l’offrir à chaque enfant, de manière à pouvoir s’impliquer dans la vie active dès qu’il/elle parvient à l’âge de l’émancipation.
              Ne sommes-nous pas, en tant qu’adultes responsables, censés « connaître la loi »?

              Oui, oui, les machines, c’est formidable, et c’est grâce à leur invention que l’être humain a pu s’affranchir des contraintes que ses faiblesses de petit mammifère lui imposaient.
              Mais ces contraintes furent tellement éprouvantes, épuisantes, que nous nous sommes créé (on nous a créé! pour nous maintenir soumis et disposés à passer notre temps à aller appuyer sur les boutons qui les font fonctionner!) un idéal de confort et de facilité qui ne correspond pas à notre nature si active, habile, curieuse et imaginative, opiniâtre et fantaisiste.

              Merci pour le lien vers la Quadrature du Net!

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          • Grd-mère Michelle // 29.12.2020 à 16h21

            Peut-être que la grande crise économique qui a débuté depuis déjà un bon moment(et qui se cache derrière la « crise sanitaire » actuelle) va-t-elle donner l’occasion aux humains/citoyen-ne-s de reprendre leur destin en mains, en imposant à leurs « dirigeant-e-s » de sages décisions concernant la production et l’utilisation raisonnée des « biens » nécessaires à leur survie, et la fin de celle de milliards de trucs inutiles et polluants(comme les fusées qui veulent atteindre Mars, pour qu’une poignée de riches puissent échapper aux désastres désolants causés à notre planète Terre).

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      • Grd-mère Michelle // 27.12.2020 à 11h54

        Mais j’ai su très vite que ma principale chance était d’être née belge en Belgique, ce qui m’a permis de faire le choix de la « sobriété heureuse », et de ne jamais « fonctionner » avec l’appât du gain pour grimper dans « l’ascenseur social », ce monstrueux miroir aux alouettes où les pauvres gens vont sacrifier leur personnalité et leur liberté.
        Quant à aider… Tou-te-s ceux et celles qui m’ont tendu une main quémandeuse vous diront qu’elle n’est pas restée vide. Car les pauvres connaissent mieux que quiconque le sens du partage et de la solidarité.

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  • rolland // 26.12.2020 à 16h09

    La question est donc : Comment sortir de cet engrenage mortifère ?
    Comme le dit Arnault Upinsky : « Commencer par ré-inverser le sens des mots », celui-là même qui aujourd’hui nous laisse désarmés.
    Retrouver une voix dans le champ politico-médiatique où actuellement ses acteurs irresponsables se permettent de manipuler à souhait les masses sans contrepoids dans la création d’un récit collectif de fait biaisé à sa base…
    ..Pour cesser de se laisser diriger sans résister par cette spirale du plus petit nombre et qui dans une société civilisée devrait être celle du plus grand nombre, nous devons nous tirer vers le haut alors que le petit groupe nous aspire vers un gouffre toujours plus sombre à mesure qu’on s’en approche.

    Réarmer l’intelligence consiste donc à jouer sur notre force première, celle du groupe mariée à celle du nombre, en nous réappropriant le langage, la conscience et la volonté d’un avenir meilleur tout en étant capable de l’imaginer en dehors de codes dans lesquels nous nous sommes fait baigner depuis notre enfance.

    Comme dirait l’autre : « + je fais l’amour et + j’ai envie de faire la révolution; + je fait la révolution et + j’ai envie de faire l’amour »…. »L’émeute est le champ expérimental de l’amour »…. »L’amour aussi, avec tant d’autres choses, est à réinventer »
    # La route du sud ouest : https://youtu.be/jaPb_J9EcMM?t=1369

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  • Fernet Branca // 26.12.2020 à 16h10

    J’ai eu l »occasion de visiter les îles britanniques en 1974/1975 juste à la fin des 30 glorieuses. J’ai été sidéré par la pauvreté à Glasgow . Certains immeubles collectifs n’avaient pas de carreaux aux fenêtres. Vous imaginez ce que cela peut donner en hiver. Une pauvreté impensable en France, Belgique, Allemagne, Italie à l’époque. Et après la tornade Thatcher est passée avec une haine des ouvriers, des pauvres,…

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  • ellilou // 26.12.2020 à 17h06

    « Tous les partis au Parlement, notamment, sinon surtout, le Parti travailliste – comme une grande partie de la bureaucratie et la plupart des médias – n’ont que peu ou pas de liens avec la « rue », le monde des pauvres,… » je me permets de ne pas être totalement d’accord avec cette affirmation. Jeremy Corbyn et quelques autres braves du parti Travaillistes se démènent et se battent, souvent contre leurs propres « amis » politiques, pour porter une autre voix…voix qu’on éteint à coup d’arguments fallacieux (antisémitisme!) et de propos moqueurs et stupides 🙁

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  • Onna // 26.12.2020 à 19h08

    Pour ceux qui se demandaient pourquoi à la mort de Thatcher il y avait autant de gens dehors à fêter sa mise en bière.

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  • Christian Gedeon // 26.12.2020 à 20h03

    L’article est intéressant, mais juste intéressant. Il se garde bien d’aller au fond des choses, même s’il égratigne les travaillistes. Le combat de classe a changé de visage. Ce n’est plus(seulement ) riches vos pauvres. C’est grandes villes contre petites et moyennes, salariés protégés du public et du grand privé contre les en danger permanent, « peuple mondialiste vs peuple «  normal », villes monde contre le reste du pays. Un sacré bordel. La conclusion est par contre stupéfiante de bêtise. Rendre le budget militaire responsable de la situation, même à la marge, est éminemment stupide.

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    • Dominique65 // 28.12.2020 à 11h44

      les salariés du privé sont loin d’être les seuls à souffrir d’un manque de protection. C’est le cas bien sûr de tous ceux qui n’ont pas de travail, mais aussi de bon nombre d’indépendants qui peuvent se retrouver dans des situations qu’ils n’auraient jamais pu subir en étant salariés dans le privé.

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    • Guise // 28.12.2020 à 21h21

      Le combat de classe n’a pas changé de visage, ça s’est ce qu’aimeraient faire penser ceux qui veulent « diviser pour mieux régner ». C’est toujours les très riches contre les autres, rien n’a bougé là-dessus.

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  • kasper // 26.12.2020 à 22h13

    « John Pilger décrit la classe sociale comme la maladie la plus virulente de Grande-Bretagne » -> la *casse* sociale ?

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  • Lju // 27.12.2020 à 04h50

    De nombreuses phrases n’ont pas de sens ou semblent interrompues, problème de traduction?

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  • leprolo AUSSEUR Robert // 28.12.2020 à 01h33

    En France Nous avions connu le : Liberté , Egalité , Fraternité .Nous avions une République basée , notamment pour ce qui est de la vie professionnelle = Trois collèges pour obliger à la représentations de tous les salariés à la table des négociations pour fixer le statu des collèges 1 , 2 , et 3 . En politique le mot égalité était à peu près respecté = Nous voici maintenant = Face à la démobilisation de 60 % du corp électoral à laisser l’organisation du statut social à d’autres , bientôt rangés , au rang social des british , si ce n’est déjà fait ! Le monde ouvrier voit déjà ce que lui coûte se démobilisation citoyenne = Laissant à « d’autres » le soins de les « arranger « 

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