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18.juin.201418.6.2014 // Les Crises

[Reprise] L’aveuglement des Occidentaux n’est pas seulement ridicule et regrettable, il devient dangereux – par Emmanuel Todd

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Un intéressant article de Todd…

L’affaiblissement de la puissance américaine, le délitement de l’Union européenne et le retour de la Russie sur la scène internationale redessinent la géopolitique du monde. Un nouveau paradigme dans lequel la France peine à trouver sa place.

Atlantico : Après avoir un temps cru à l’émergence d’une démocratie modèle en Ukraine, les chancelleries européennes et américaines semblent avoir été prises de court par la diplomatie de Moscou et les mouvements dans l’Est du pays. En quoi l’engagement de l’Occident a-t-il pu reposer sur un malentendu ?

Emmanuel Todd : Lorsque je repense à cette crise, je m’étonne de voir qu’elle ne s’inscrit pas dans la logique qui était en train de se dessiner en Europe jusqu’ici. Le début du XXIe siècle avait été marqué par un rapprochement des « Européens » et des Russes, avec l’établissement de positions communes assez fortes dans des moments de crise. On se souvient de la conférence de Troyes en 2003, où Chirac, Poutine et Schroeder avaient manifesté ensemble leurs refus de l’intervention américaine en Irak. Cet événement laissait l’impression d’un Vieux Continent évoluant globalement vers la paix tandis que l’Amérique de Georges W.

Bush, fidèle à la ligne Brzezinski, restait dans un esprit de confrontation à l’égard de Moscou en s’appuyant sur d’anciens satellites soviétiques, avec les Pays baltes et la Pologne comme partenaires anti-russes privilégiés.

L’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche a coïncidé avec un retournement de la posture américaine. Sa ligne, telle que je la percevais à l’époque, était d’apaiser les tensions avec l’Iran et la Russie pour mieux pouvoir engager le fameux « pivot » vers l’Asie où réside la menace de long-terme pour la puissance américaine. Ce retrait de Washington aurait dû renforcer la volonté des Européens, et particulièrement des Allemands, de se rapprocher de Poutine pour parachever un grand partenariat commercial, énergétique et industriel. Aurait ainsi pu se dessiner une Europe d’équilibres basée sur un moteur franco-germano-russe. Il est difficile de contester que l’Histoire a pris une toute autre direction : nous sommes en pleine confrontation entre la Russie et l’Union européenne, désormais sous leadership économique et diplomatique allemand.

Ce renversement s’explique je crois par un changement rapide de la posture allemande. On me déclare souvent germanophobe mais je ne pense être ni insultant, ni très loin de la vérité, en diagnostiquant que les élites de ce pays souffrent d’une certaine « bipolarité »psychologique et historique dans leurs rapports avec la Russie, hésitant, oscillant sans cesse entre bienveillance et conflit. Cette dualité est manifeste dans le glissement de Bismarck à Guillaume II, le premier souhaitant devenir le partenaire de l’Empire des Tsars, le second rentrant brutalement dans l’engrenage menant à 1914. Dans une séquence encore plus courte, nous aurons le Pacte Molotov Ribbentrop d’août 1939 , rapidement annulé par l’invasion par Hitler de la Russie en 1941. Les historiens évoqueront-ils un jour un basculement de Schröder à Merkel ?

C’est bien l’Allemagne qui désormais fait le jeu du côté occidental, mais un jeu hésitant entre phases agressives et moments de repli durant lesquels elle reprend sa posture conciliante, moments il est vrai de plus en plus brefs. C’est bien le voyage en Ukraine du ministre allemand des Affaires étrangères, Steinmeier, qui a marqué le début de la séquence actuelle. La présence de son homologue polonais Sikorski à Kiev était comme la garantie d’une posture agressive de la mission. On ne peut jamais soupçonner la Pologne de bipolarité vis-à-vis de la Russie : son hostilité est stable, atemporelle, une sorte de manie qui ne fait jamais place à la dépression. Laurent Fabius, fidèle à lui-même, ne savait sans doute pas ce qu’il faisait-là. Un Rainbow Warrior de plus à sa collection. Au-delà du blabla sur les valeurs libérales et démocratiques, rendu ridicule par le nouveau partenariat européen avec l’extrême-droite ukrainienne,le voyage de Kiev nous a révélé une nouvelle politique de puissance de l’Allemagne, dont l’objectif à moyen terme est dans doute de rattacher l’Ukraine (unie ou divisée, c’est secondaire) à sa zone d’influence économique en tant que source de main-d’œuvre bon-marché. C’est une opération que le Schroeder de 2003 n’aurait jamais mené.

Selon vous, Vladimir Poutine jouerait l’apaisement et non l’escalade. L’Occident n’aurait-il donc rien compris ?

J’ai commencé ma “carrière” avec un livre qui prédisait l’effondrement du système soviétique, qu’on ne m’accuse donc pas de soviétophilie régressive. Je suis pourtant effaré de constater que durant les vingt dernières années s’est développée à l’inverse une véritable russophobie des élites occidentales. Les médias français sont en pointe dans ce délire, avec Le Monde en pole position. Pour suivre les évènements d’Ukraine je dois consulter les sites du Guardian, du Daily Telegraph, du New York Times, du Washington Post, du Spiegel et même du journal israélien Haaretz pour les questions d’antisémitisme. Tous hostiles à la Russie, ces journaux contiennent néanmoins de l’information exacte. Le Monde ne relaie même pas correctement les informations les plus élémentaires.

J’ai eu, ces derniers mois, le sentiment angoissant de vivre dans un pays sous-développé, coupé du monde réel, totalitaire d’une façon subtilement libérale. Mais je dois lire aussi les sites russes Ria Novosti en français et Itar-Tass en anglais parce qu’ aucun média occidental n’est capable de nous informer sur le point de vue russe. Exemple : au beau milieu d’une crise que nous devons d’abord analyser en termes de rapports de force géopolitiques, j’ai pu voir passer une foultitude d’articles, français comme anglo-saxons, s’acharnant sur l' »homophobie » du régime Poutine. Il est inquiétant pour l’anthropologue que je suis de voir les relations internationales sortir d’une logique rationnelle et réaliste pour rentrer dans des confrontations de moeurs dignes de sociétés primitives.

On surreprésente les différences culturelles, différences qui d’ailleurs ne sont en général pas celles que l’on croit. La question du machisme et de l’antiféminisme du régime russe a été de nouveau soulevée suite aux récents propos de Poutine sur Madame Clinton mais sur la base d’une ignorance radicale du statut des femmes en Russie. On compte à l’université russe 130 femmes pour 100 hommes, contre 115 en France, 110 aux Etats-Unis et… 83 en Allemagne. Selon ces critères la Russie est l’un des pays les plus féministes du monde, tout juste derrière la Suède (140 femmes pour 100 hommes)…

Le point de vue diplomatique russe dans cette crise n’est pas culturaliste et il est très simple: le groupe dirigeant russe ne veut pas de bases de l’Otan en Ukraine, s’ajoutant à l’encerclement balte et polonais. Point. La Russie veut la paix et la sécurité. Elle en besoin pour achever son redressement et elle a désormais les moyens de l’obtenir ainsi qu’on vient de le voir en Crimée. Un conseil final d’anthropologue : les Occidentaux agressifs qui veulent imposer leur système de moeurs à la planète doivent savoir qu’ils y sont lourdement minoritaires et que les cultures patrilinéaires dominent quantitativement. Notre mode de vie me convient personnellement, je suis heureux du mariage pour tous. Mais en faire la référence principale en matière de civilisation et de diplomatie, c’est engager une guerre de mille ans, que nous ne gagnerons pas.

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196 réactions et commentaires - Page 2

  • ANNA // 18.06.2014 à 15h48

    Ukraine de l’EST, Kramatorsk, aujourd’hui, après le bombardement de la ville, les corps déchirés d’une femme et d’un homme dans la même rue :

    http://www.youtube.com/watch?v=UWVdB_AiFt8

    IMAGES TRES DURES ! +18 serons supprimés de youtube bientôt

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    • Babbelghem // 18.06.2014 à 21h33

      En fait cette vidéo a été mise en ligne aujourd’hui mais date de hier, 17 juin. Ce qui ne change rien à l’horreur du massacre. Nous sommes plusieurs à avoir sauvegardé cette vidéo pour la remettre en ligne, ainsi que d’autres, quand ça disparait.

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      • ANNA // 19.06.2014 à 08h33

        Babbelghem,
        Si ça se passait en Syrie, ou en Libye, ou en Afrique, ou… en RUSSIE ! On aurait déjà cette vidéo sur itélé et bfm-télé tournés en boucle tous les 15 min. Mais là, c’est le nouveau « démocrate » mis en place par les USA, Porochenko qui est en cause, donc silence radio dans les médias français…

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  • mescalito22 // 18.06.2014 à 15h56

    Nicolas a écrit:
    « Gubarev a fait une offre pour la tête de Kolomoyskiy : 1 million de dollars. La moitié pour Lyashko. »
    Une puissante motivation.
    Si j’étais plus jeune et chômeur en France, j’irais bien tenter ma chance…en me faisant passer pour un journaliste du « Monde », chercheur au CNRS et spécialiste dans la construction des « murs »! xD

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  • chatard // 18.06.2014 à 16h25

    Je le trouve verbeux quand il s’exprime, il fait trop de digressions. Par contre je fais tjs gaffe à ce qu’il dit car il a souvent raison avant tout le monde: il avait prévu l’effondrement de l’urss en 1976, les pb de la monnaie unique… impressionnant.

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  • Pascal // 18.06.2014 à 17h02

    A l’attention de M. Todd qui dit chercher de l’information ==> http://russiepolitics.blogspot.com/2014/06/un-dialogue-est-il-encore-possible.html

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  • mescalito22 // 18.06.2014 à 17h48

    Les forces armées russes sont prêtes à tout scénario de l’évolution des événements en Ukraine, a indiqué le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou.

    La déclaration de Choïgou, faite dans le cadre de l’ « Heure gouvernementale » qui a eu lieu à huis clos, a été citée par le député communiste (parti KPRF) de la Douma d’Etat Vadim Soloviev.

    « En commentant la situation en Ukraine, le ministre a indiqué que la Russie est prête à toute évolution des événements », a indiqué Soloviev. « Tout dépend surtout de la position de nos partenaires occidentaux »,a poursuivi le parlementaire.
    Selon Soloviev, Choïgou a confirmé que « l’armée est prête à exécuter toute tâche que lui fixera le commandant en chef des forces armées de Russie.»
    (source: V.O.R)
    Poutine a-t-il enfin compris qu’à jouer les « non-dupes », il pourrait se retrouver le dindon de la farce Euro-atlantiste et que l’heure est venue de « hausser le ton » à son tour, comme on dit?

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  • jacqueline // 18.06.2014 à 17h49

    L’ AFP n ‘ayant pas trouvé de stagiaire et le CNRS cherchant des chercheurs de dépêches, voici l’agence TASS. Je me souviens toujours des flash d’ André Arnaud sur Europe 1, et de sa voix (http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Arnaud), surtout quand il annonçait que ça venait de l’agence TASS. Il fallait se taire. A l’époque les journalistes ne parlaient pas pour rien dire , ni nous faire partager leur avis personnel.

    http://en.itar-tass.com/russia/736581

    Russia’s Armed Forces ready for any scenario in Ukraine — defense minister

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  • Nicolas // 18.06.2014 à 17h51

    J’ai oublié un truc, dans les nouvelles fraîches de la guerre : Yarrosh a promis de reprendre la Crimée, après avoir repris le Donbass.
    Ouais Yarosh, déjà faudrait que t’embauche des soldats pour ça, pas des gamins sans expérience et des criminels. Et pis la Crimée c’est en Russie, ils ont un tout autre équipement que des AK et des antichars portatifs. Pis bon ya ptêtre un moment ou les Européens vont descendre dans la rue. Si on pouvait le faire sans attendre 20000 morts, ce serait bien.
    Juste une question, qui peut imaginer une seconde que le Donbass sera de nouveau ukrainien, après que la junte a massacré tant de civils?
    +plus de téléphone portable à Donetsk aujourd’hui. Ça ne dérange que les civils, les combattants ont des radios.

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    • jacqueline // 18.06.2014 à 18h05

      Pas chiche !

      C ‘est une chose de fanfaronner contre des civils plutôt sous armés.

      Ce sera une autre paire de manches si l’armée russe est juste de l’autre coté de la frontière à guetter le moindre faux pas pour intervenir, et surtout en choper qquns pour les trainer devant un tribunal et les envoyer en vacances au goulag !

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  • Milsabor // 18.06.2014 à 18h05

    Je ne reçois pas le propos de Todd comme une analyse exhaustive, exacte, objective ni comme une vérité scientifique définitive mais comme une approche impressionniste enrichissante qui m’habite d’autant plus qu’elle me séduit intellectuellement et affectivement sans me forcer à y adhérer absolument. Son style expressif dissuade l’adhésion fusionnelle. C’est pour ces qualités que j’apprécie toujours ses exposés autant que les critiques qu’ils suscitent sur ce blog.

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  • mescalito22 // 18.06.2014 à 19h06

    Nicolas a écrit:
    « Yarrosh a promis de reprendre la Crimée, après avoir repris le Donbass. »
    Hélas, « ON » ne le laissera évidemment pas fournir ce prétexte pour que l’armée russe intervienne…
    Déjà qu’ils doivent hésiter parce-qu’il leur faut AB-SO-LU-MENT contrôler le Donbass (zone tampon la plus riche à population russophone avec en plus les gisements de gaz de schiste) d’une façon ou d’une autre…
    Le pravy sector tente encore d’imposer sa vision radicale sur le gouvernement Porochenko et de conserver son influence avant les législatives.
    Si les russes ont des preuves solides (ce qui doit être le cas) sur les massacres et les différents crimes de guerre (phosphore blanc etc…) contre les civils, ils doivent HAUSSER LE TON!
    Ils sont déja ostracisés et ont perdu (provisoirement) le marché Européen, mais doivent respecter lers engagements vis à vis des russophones ukrainiens et se positionner pour le futur.
    Ni L’OTAN, ni les USA ne feront rien : c’est un bluff!

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    • pikpuss // 18.06.2014 à 22h29

      Il va y avoir une réaction des populations européennes au fur et à mesure que des pans entier de l’économie vont s’écrouler plongeant de nouvelles classes de gens dans la pauvreté et la précarité.
      Le potentiel eurasiatique est colossal et permettrait de donner du travail aux jeunes générations.
      Seulement les mafieux de Wall Street et de la City ne l’entendent pas de cette oreille et nous plongeront probablement dans une guerre. Il font actuellement tout pour qu’il y ait une confrontation Chrétiens contre Musulmans. En France ils préparent une guerre civile. Alain Juppé, membre de la  » communauté organisée  » vient de valider le projet d’un énorme centre islamique des frères musulmans à Bordeaux, alors que ceux-ci viennent de se faire virer d’Egypte.

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  • Philou // 18.06.2014 à 19h26

    Ist Herr Todd Todd ?

    Oui, il souffre d’un sénile tropisme atlantiste, malgré toutes ses critiques passées et présentes à l’égard de Nos Bons Maîtres, Défenseurs du Monde Libre et animateurs, mais aussi porte-paroles de « la communauté internationale »; critiques qui furent et restent très insuffisantes.

    L’Allemagne est à tout le moins déchirée, ambivalente, et ne paraît pouvoir être maître d’oeuvre de rien, car elle n’est qu’un leader éléphantesque paralysé par la goutte rentière et sans plus d’idée novatrice, que ce soit pour une sortie de crise en Ukraine ou pour la nécessaire refonte (ou abandon) de l’euro, c’est un mastodonte dirigiste, certes, mais il l’est « par défaut » de nos zélites homonculesques…

    En revanche, les USA, visités et possédés à plusieurs reprises par les trotsko-fascistes néo-cons, sont bien les instigateurs du chaos ukrainien. En ce moment où la presse-Système oublie tout à fait la guerre civile slave à nos portes, on peut dire que ces fous, washingtoniens mais planétaires, sont sauvés par le gong irakien, c’est-à-dire par une crise plus immense encore, et plus susceptible de signer et proclamer leur effondrement (Bagdad = remake de La Prise de Saïgon ?).

    Vil Loup

    (cherche l’heure au CNRS, à ses heures perdues)

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  • anne jordan // 18.06.2014 à 20h21

    en tout cas , quel que soit; l’état d’esprit de Merkel &co , les jeunes allemands ne veulent ni la guerre ni les mensonges médiatiques qu’on nous inflige à longueur d’année .

    Un printemps allemand en juillet ?
    tous les lundis dans une centaine de ville les  » Montagsdemos  » rassemblent des foules brandissant des pancartes pour dénoncer les va-t-en -guerre et les médias .

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  • Nicolas // 18.06.2014 à 21h18

    Un tournant?

    Ahttp://vz.ru/news/2014/6/18/691692.htmlA (Vzglyad semble être un journal assez neutre, pour le peu que je le lis)
    Gubarev affirme avoir reçu des tank en nombre suffisant pour espérer défendre Donetsk. Et 2 batterie de missile « grad » (grêle, en russe). Ils appellent tout le monde à prendre les armes, femmes et vieillards inclus (de fait, on voit sur les vidéos du front beaucoup de personnes qui sont en âge d’avoir servi en Afghanistan en tant qu’officiers…).
    Comme on dit en russe, внезапно? (hum… « Surprise! »… en gros) : Il serait temps que se rééquilibre le rapport de forces entre le Secteur droit armé par les É-U et ces idéalistes qui rêvent de lendemains qui chantent, dans un pays égalitaire où les bénéfices des industries et des mines de la région iraient aux travailleurs, et qui défendent leur rêve Kalash en bandoulière.
    Rappel: l’avion Il-76 était vide, l’annonce des 49 morts dans son supposé crash sert à couvrir un massacre entre soldats du Secteur Droit (de Lvov) et des conscrits de Dnepropetrovsk. L’Il-76 a 4 moteurs, et seuls 1 était touché. Rien n’explique qu’il se soit (se serait) écrasé, on peut poser un quadri avec 2 moteurs, il me semble. Un pilote dans la salle pourrait expliquer pourquoi un moteur en feu sur un quadrimoteur avec 5-6 personnes à bord cause la mort de 49 personnes ?

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  • Sumbawa // 18.06.2014 à 22h03

    Sur la première partie, si il ne sait pas pourquoi Merkel est plus « anti-russe » que ces prédécesseur, il a juste à se rappeler que Mme Merkel vient d’Allemagne de l’est et a vécu sous égide soviétique ce qui la place dans le même contexte psychologique que les polonais et baltes. Cela la différencie de Gerard Schröder qui lui, avait une approche plus pragmatique avec la Russie.
    Mais en gros, je suis tout a fait d’accord avec Todd sur le premier tiers, jusqu’à « Je vais faire une hypothèse surprenante »

    Après, bah il a prévenu : c’est du grand n’importe quoi incantatoire.
    Todd pensent à une alliance Russo-américaine… il n’a toujours pas compris que les US ne sont l’allié de personne.
    ils sont alliés avec EEIL en Syrie contre Assad, ils sont alliés avec l’Iran contre EEIL , ils sont alliés d’Israël contre L’Iran, ils sont l’alliés de l’Europe contre la Russie, etc….

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    • Crapaud Rouge // 19.06.2014 à 11h04

      Si, l’alliance Russo-américaine se défend en principe pour faire pièce à la Chine, la grande puissance de demain, qui consomme déjà un max d’énergie et se montre très agressive sur les frontières maritimes. Mais il ne présente pas l’idée de façon sérieuse, ne rappelle pas que la Russie se rapproche de la Chine, et, comme vous le montrez si bien, ne dit pas que les US sont incapables de s’allier à quiconque.

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      • pikpuss // 19.06.2014 à 12h42

        L’alliance avec les USA c’est comme l’alliance entre Hitler et Staline pour un pacte de non agression… Tôt ou tard…

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        • pikpuss // 19.06.2014 à 12h43

          Demandez à Saddam Hussein ou bien Kadhafi…

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  • Zer.O.rigine // 18.06.2014 à 22h43

    Cet Occident qui soutient des hommes cagoulés fait froid dans le dos.

    https://www.youtube.com/watch?v=sUjBZhF9L64

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  • Nérouiev // 18.06.2014 à 22h55

    Il y a aussi une façon simple de voir les choses. Le niveau de vie moyen américain demande d’énormes besoins énergétiques, deux fois plus que la France par individu. Pour assurer un tel besoin, voire plus dans le futur, les réserves et leurs emplacements commencent à poser des inquiétudes, surtout quand on connait le potentiel de l’ensemble Russie+ Kazakhstan. La solution gaz de schistes est une bouée de sauvetage pour les USA, mais l’utiliser pose de sérieux problèmes écologiques directs et indirects. Il faut donc trouver un moyen de le rendre indispensable afin de passer outre les problèmes générés. L’Ukraine est un excellent terrain expérimental, notamment dans la région de Lougansk. D’où le nettoyage humain dans cette région avec un acharnement dépassant toute convenance humaine. Après cet expérimentation, les USA pourront s’autoriser à généraliser les exploitations sans contrainte, le besoin immédiat étant le principal moteur. L’Europe pourra copier l’exemple pour maintenir son niveau de vie et la Russie aura une base de l’Otan à sa porte en Ukraine.

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  • jacqueline // 18.06.2014 à 22h59

    C ‘est pas question d’émisphère N ou S, c’est parce que c’est plus proche de l’équateur : les nuits font 12 h et les jours aussi. Donc à 18 h par là, été comme hiver , il fait nuit.

    Plus on va vers les poles, plus les variations de durée jour nuit sont importantes entre été et hiver

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  • jacqueline // 18.06.2014 à 23h03

    C ‘est pas question d’émisphère N ou S, c’est parce que c’est plus proche de l’équateur : les nuits font 12 h et les jours aussi. Donc à 18 h par là, été comme hiver , il fait nuit.

    Plus on se rapproche des pôles, plus les variations de durée des jours et des nuits sont importantes entre été et hiver.

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  • Che // 18.06.2014 à 23h16

    Meeting contre la guerre, pour la paix en Ukraine 22 juin 12.00 place de la République
    La guerre en Ukraine continue.
    La population civile de l’Ukraine de l’Est en paie le principal tribut. Les morts se comptent désormais par centaines, des dizaines de milliers de personnes ont été contraintes à quitter leurs maisons, les infrastructures des villes assiégées sont systématiquement détruites lors des combats par les tirs d’artillerie et les frappes aériennes.
    Chaque nouveau jour de guerre rajoute de nouveaux noms à la liste de morts, chaque nouveau jour de guerre attise la haine.
    Nous faisons face à une nouvelle catastrophe humanitaire en Europe.
    L’Europe est à nouveau confrontée à des crimes de guerre. Les zones où la violence armée s’exerce s’étendent. L’ultranationalisme est exacerbé. La propagation des armes est massive, que ce soit des armes légères ou des missiles sol-air ; cela ne peut conduire qu’à une extension du banditisme et du terrorisme dans toute la région. Tous ces facteurs font planer la menace d’une intensification de la guerre.
    Devant ce drame, nous considérons que les peuples de Russie, d’Ukraine et des autres pays d’Europe doivent se prononcer pour une sortie de la crise pacifique privilégiant le dialogue plutôt que les armes.
    Telle est la motivation principale de notre rassemblement. Il se tiendra un jour symbolique pour tous les habitants de l’espace post-soviétique – le 22 juin, jour de deuil, car jour du lancement de l’invasion nazie de l’URSS. Cette nouvelle phase de la 2ème guerre mondiale entraîna la mort de 27 millions de Soviétiques.
    Nous considérons dès lors indispensable de :

    – Soutenir les forces politiques et sociales qui agissent aujourd’hui en Ukraine et en Russie en faveur de l’arrêt des hostilités et d’appeler la société civile française et européenne à leur assurer tout le soutien nécessaire dans cette tâche immense.
    – Exiger du gouvernement français, des autres pays européens et des Etats-Unis de se prononcer pour une solution pacifique à la crise en appelant à l’arrêt immédiat des combats.
    – Appeler les médias européens, russes et ukrainiens à une couverture plus objective et suivie de la crise ukrainienne.
    – Se prononcer pour l’organisation d’enquêtes internationales permettant d’établir les responsabilités dans les crimes de guerre commis en ce moment même ainsi que ceux ayant conduit au déclanchement de la guerre que ce soit sur le Maïdan, à Odessa ou dans les régions de l’est de l’Ukraine.

    Aux belligérants, nous demandons de :
    – Conclure un cessez-le-feu immédiatement. Il est nécessaire d’arrêter les combats, et avant tout d’exiger l’arrêt des frappes aériennes et des tirs d’artillerie aveugles contre des villes et des villages de l’Est ukrainien. A cette fin nous demandons aux Etats européens, à la France et à l’Allemagne en premier lieu, d’exiger une zone d’exclusion aérienne au-dessus des villes ukrainiennes. Enfin, les troupes doivent s’éloigner des zones de peuplement de civils.
    – Créer des couloirs humanitaires permettant l’évacuation des civils et l’acheminement de l’aide humanitaire et médicale dans les zones de combat.
    – Accepter la présence d’observateurs internationaux qui feront respecter les conditions d’un cessez-le-feu et la présence des ONGs pour procurer l’aide aux populations civiles.
    – Commencer les pourparlers sur la sortie politique de la crise, avec l’aide des médiateurs reconnus par toutes les parties du conflit.
    – Faire baisser l’hystérie nationaliste et la propagande de guerre dans les médias.

    Nous invitons à participer à notre rassemblement tous les gens de bonne volonté qui n’acceptent pas la violence comme moyen de résolution des crises, les nationalismes et le militarisme. Nous espérons que tous ensemble nous pourrons faire revivre les valeurs humanistes intangibles qui nous permettront de sortir de cette crise : le droit à la vie, le dialogue, la solidarité, la paix.
    Organisateurs : citoyens français, russes et ukrainiens, collectifs « Russie-France : Secours d’urgence », « Dialogue russo-ukrainien ».
    Contacts : 06.64.73.14.70 (Djordje Kusmanovic) 06.22.43.26.25 (Gueorgui Chepelev)
    Mail : Russie_Ukraine_Dialogue@yahoo.fr Facebook : https://www.facebook.com/events/682007078502292/

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    • ANNA // 19.06.2014 à 08h50

      Slogan « Contre la guerre en Ukraine » est un mauvais slogan ! Il va être détourné par les mérdias encore contre la Russie, car c’est toujours la « faute » a Russie et de Poutine. Le français lambda pense que c’est Poutine qui bombarde le Donbass.
      Si vous voulez de  » l’effet » les slogans doivent être clairement annoncés
      contre Porochenko
      contre Holland -Obama
      contre BHL
      contre OTAN

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  • Nicolas // 19.06.2014 à 00h18

    Juste comme ça : L’Abkhazie (qui a un accès à la mer) et l’Ossétie du sud viennent de reconnaître l’indépendance de la république de Lougansk.
    D’ici à ce que l’Abkhazie et la Transdnestrie déclarent simultanément la guerre à l’Ukraine, en y envoyant 2000 soldats, 20 tanks et 10 canons de 122 mm chacun… ça calmerait les amateurs d’histoire aryenne beaucoup plus armés mais pour l’essentiel sans expérience des combats et déjà démoralisés notamment par des pertes importantes (entre 150 et 1500 morts selon qui croire).
    D’ailleurs, il est possible que les tanks reçus aujourd’hui par Donetsk viennent d’Abkhazie.

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  • FL // 19.06.2014 à 09h44

    Je ne vais pas être très aimable à l’encontre d’E. Todd.

    Pour E. Todd la France n’est plus rien. La question de savoir si sa voix pourrait porter en Europe si elle était autrement dirigée ne l’effleure même pas.
    En cela il est un excellent représentant de cette bourgeoisie que Thiers n’aurait pas renié, bien au contraire.
    Toujours prête à céder les clefs du pays à qui les demandent si ses propres intérêts ont à y gagner.

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  • Nanker du CNRS // 19.06.2014 à 10h11

    « Un seul bémol: dans le couple Allemagne-Etats-Unis, qui tord le bras à l’autre? »

    Exact. il suffit de penser à la lamentable affaire du rapatriement de l’or allemand soi-disant entreposé aux USA. Obama a fait un bras d’honneur à Merkel et celle-ci a dit « merci Barack! ».
    De Gaulle en 65 s’en était mieux sorti : du papier toilette US contre le retour des lingots de la France…

    Sinon Todd reste un intellectuel « old school » : il monte en chaire (universitaire ou médiatique) assène son discours, se fait applaudir par son auditoire, et rentre chez lui en se disant : « quand même, je suis génial! »

    « Mais j’ai fait le deuil d’une élite politique française capable d’affronter la réalité de son échec et de passer à autre chose » : c’est bien, mais a-t-il fait le deuil « d’une élite INTELLECTUELLE française capable d’affronter la réalité de son échec et de passer à autre chose »? Non car en France faire son auto-critique quand on vient d’un certain milieu est une chose impossible.

    Rappelons que Todd en 1995 a fait élire Chirac en qui il voyait un homme politique de 1er ordre.
    Chirac qui n’a jamais pu supporter les intellectuels devait être mort de rire en pensant qu’il avait roulé dans la farine le grand benêt démographe…

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  • Crapaud Rouge // 19.06.2014 à 10h47

    Finalement, je me range parmi les déçus. Écrire que « la prédominance américaine en Europe est, (…), la moins pire des solutions étant donné l’état d’effondrement idéologique dans lequel se trouve notre continent« , c’est compter pour rien les innombrables exactions des Américains partout dans le monde. Pour se justifier, il aurait dû expliquer ce que serait la « pire des solutions » : une domination allemande ? Mais l’Allemagne domine déjà l’Europe, et l’on ne voit pas que « la prédominance américaine » nous en protège.

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    • Pikpuss // 19.06.2014 à 10h59

      La domination allemande… Quelle domination ? ! ! L’Allemagne est l’acteur économique le plus important en Europe avec ses 82 millions d’habitants, épaulés par 10 millions d’Autrichiens et de Suisses… Ce n’est pas rien. C’est une puissance naturelle tout comme le serait un Aigle face à un coq ( Si vous voyez ce que je veux dire, lol ) Et bien cette puissance ne bombarde pas la moitié de la planète pour sauver sa monnaie et dominer le monde. Je préfère de loin avoir les Allemands comme voisins que les Américains à 5 000 km. Partout où ils passent, ce n’est que désolation, pillage et destruction pour le profit d’une bande de malfaiteurs. Les Allemands travaillent et sont disciplinés : ce n’est pas une tare que je sache. Et comme ils bossent et sont rigoureux, ils ont le fruit de leur travail : c’est tout de même plus moral que le pillage par la guerre et la spéculation voire la planche à billet. C’est que Emmanuel Todd fait partie d’une communauté qui a une haine viscérale de l’Allemagne et une adoration sans borne pour les USA où règnent les  » cousins « , surtout du côté de New York. Un lieu où il pourra se réfugier si ça pète de tous les côtés en Europe, une fois que les Ricains auront mis le feu partout.

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      • Crapaud Rouge // 19.06.2014 à 11h57

        Comment ça « Quelle domination ? » ??? Vous ne le saviez donc pas ? L’euro est le résultat d’un copié/collé du mark, demandez à Lordon. Posez aussi la question à bien d’autres économistes sérieux : tous vous diront que l’euro est parfait pour les Allemands, mais que c’est une calamité pour tous les autres.

        « Et comme ils bossent et sont rigoureux » : raz le bol d’entendre ce genre de propos !!! Raz le bol de ce type d’argument « essentialiste », aussi intelligent que « les Bretons sont têtus ».

        « Emmanuel Todd fait partie d’une communauté qui a une haine viscérale de l’Allemagne » : quelle « communauté » ? Vous portez là une accusation inadmissible.

        « New York. Un lieu où il pourra se réfugier si ça pète de tous les côtés » absurde et inadmissible. Vous n’êtes pas le premier à dire ça, mais le premier à le dire sous une forme aussi intolérable. Je note par ailleurs qu’il est le seul intellectuel à être l’objet de ce type d’attaque, et je me demande pourquoi.

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  • pikpuss // 19.06.2014 à 12h35

    Cela dépend de quels  » Français  » ?…. S’ils sont comme Todd, je pense qu’il n’ont aucun souci à se faire.. S’ils sont Bretons ou Corses, ce sera beaucoup plus difficile…

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  • Badd // 20.06.2014 à 21h02

    Je n’irai pas jusqu’à nier « l’intelligence innovatrice » de la politique étrangère américaine (financement de jihadistes, organisation de coups d’états en s’appuyant sur des partis néo-nazis, noyautage de l’essentiel des ONG et de la presse occidentale, …) mais je peux difficilement trouver des raisons d’être aussi bienveillant à son égard.
    Je ne nierai pas non plus l’existence probable de partisans allemands d’une tension avec la Russie mais leur ministre des affaires étrangères me semble plus modéré dans ses injures russophobes que Mme Clinton.
    Enfin, je comprends mieux une Amérique désireuse de couper l’Europe du bloc eurasiatique qu’une Allemagne qui serait sans doute bénéficiaire d’un apaisement et d’une ouverture accrue vers l’Est.
    Sur ce coup là, je pense que M. Todd (dont j’admire les travaux) est un peu aveuglé par son tropisme anglo-saxon et son profond découragement à l’égard des peuples européens.

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  • BA // 25.06.2014 à 10h39

    Samir Amin (économiste franco-égyptien, directeur du Forum du Tiers-Monde) écrit :

    Elections européennes de mai 2014 : nouvelle étape dans l’implosion du projet européen.

    La construction européenne a été conçue et mise en œuvre dès l’origine pour garantir la pérennité d’un régime de libéralisme économique absolu. Le traité de Maastricht (1992) renforce encore ce choix fondamental, et interdit toute autre perspective alternative.

    Cette construction est donc par nature anti-démocratique et annihile le pouvoir des Parlements nationaux élus, dont les décisions éventuelles doivent rester conformes aux directives du pouvoir supranational défini par la pseudo-constitution européenne.

    Le « déficit de démocratie » des institutions de Bruxelles, à travers lesquelles opère la dictature néo-libérale, a été et demeure consciemment voulu. Les initiateurs du projet européen, Jean Monnet et autres, n’aimaient pas la démocratie électorale et se donnaient l’objectif d’en réduire le « danger », celui d’engager une nation hors des sentiers tracés par la dictature de la propriété et du capital.

    Avec la formation de ce que j’appelle le capitalisme des monopoles généralisés, financiarisés et mondialisés, à partir de 1975, l’Union européenne est devenue l’instrument du pouvoir économique absolu de ces monopoles, créant les conditions qui permettent d’en compléter l’efficacité par l’exercice parallèle de leur pouvoir politique absolu. Le contraste droite conservatrice/gauche progressiste, qui constituait l’essence de la démocratie électorale évoluée, est de ce fait annihilé, au bénéfice d’une idéologie de pseudo « consensus ».

    Ce consensus repose sur la reconnaissance par les opinions générales en Europe que les libertés individuelles et les droits de l’homme sont garantis, au moins dans la majorité des Etats européens sinon dans ceux de l’ex-Europe orientale, mieux qu’ailleurs dans le monde. C’est exact et à l’honneur des peuples concernés. Néanmoins la double dictature économique et politique des monopoles généralisés annihile la portée de ces libertés, privées de leur capacité de porter en avant un projet de société qui transgresserait les limites imposées par la logique exclusive de l’accumulation du capital.

    Par ailleurs l’unité européenne a été popularisée avec l’argument alléchant que celle-ci conditionnait l’émergence d’une puissance économique égale à celle des Etats-Unis et autonome par rapport à celle-ci. Mais en même temps la constitution européenne combinait les adhésions à l’Union européenne et à l’OTAN, en qualité d’allié subalterne des Etats-Unis. Le nouveau projet d’intégration économique atlantique devrait dissiper les mensonges de cette propagande : le marché européen sera soumis aux décisions du plus fort, les Etats-Unis. Adieu l’indépendance de l’Europe !

    Mais le régime économique libéral absolu, imposé par la constitution européenne, n’est pas viable. Sa raison d’être exclusive est de permettre la concentration croissante de la richesse et du pouvoir, au bénéfice de l’oligarchie de ses bénéficiaires, fût-ce au prix d’une austérité permanente imposée aux classes les plus nombreuses, à la régression des acquis sociaux, voire au prix de la stagnation économique.

    La spirale infernale de l’austérité produit pour l’ensemble européen la croissance permanente des déficits et de la dette (et non leur réduction comme le prétend la théorie économique conventionnelle, sans fondements scientifiques). Les exceptions (l’Allemagne aujourd’hui) ne peuvent l’être que parce que les autres sont, eux, condamnés à subir leur sort. L’argument avancé – « il faut faire comme l’Allemagne » – n’est pas recevable : par sa nature même le modèle ne peut pas être généralisé.

    Néanmoins le pouvoir absolu exercé par les monopoles généralisés et l’oligarchie de leurs serviteurs ne permet pas sa remise en cause par les « opinions générales ». Ce pouvoir absolu est déterminé à défendre jusqu’au bout et par tous les moyens ses privilèges, ceux des oligarchies, seules bénéficiaires de la concentration sans limite de la richesse.

    Les élections européennes de mai 2014 traduisent le rejet par la majorité des citoyens de « cette Europe » (sans nécessairement être conscients que « l’Europe » ne peut pas être autre). Avec plus de la moitié d’abstentionnistes dans le corps électoral (plus de 70% d’abstentions dans l’Est européen), 20% de votes en faveur de partis d’extrême droite se déclarant « anti-européens », les listes dites « europhobes » en tête au Danemark, en Grande-Bretagne et en France, 6% en faveur de partis de la gauche radicale critique de Bruxelles, cette conclusion s’impose.

    Certes, en contrepoint, la majorité de ceux qui ont participé au vote, se réclament toujours du (ou d’un) projet européen, pour les raisons données plus haut (« l’Europe garante de libertés et des droits ») et parce qu’ils pensent encore – avec beaucoup de naïveté – qu’une « autre Europe » (des peuples, des travailleurs, des nations) est possible, alors que la construction européenne – en béton armé – a été conçue pour annihiler toute éventualité de sa réforme.

    Le vote de défiance d’extrême-droite porte en lui des dangers qu’on ne doit pas sous-estimer. Comme tous les fascismes d’hier, ses porte-paroles ne mentionnent jamais le pouvoir économique exorbitant des monopoles. Leur prétendue « défense de la nation » est trompeuse : l’objectif poursuivi est – outre l’exercice de leur pouvoir dans les différents pays concernés de l’Union européenne – le glissement de l’Union européenne de son régime actuel administré par la droite parlementaire et/ou les sociaux-libéraux à un régime nouveau géré par une droite dure. Les débats sur les origines véritables de la dégradation sociale (précisément le pouvoir des monopoles) sont transférés vers d’autres domaines (l’exploitation du bouc émissaire de l’immigration en particulier).

    Mais si ce succès douteux de l’extrême droite « anti européenne » est celui qu’il est, la faute en revient à la gauche radicale (à gauche des partis du socialisme ralliés au libéralisme).

    Par son manque d’audace dans la critique de l’Union européenne, par l’ambiguïté de ses propositions, qui alimentent l’illusion de « réformes possibles », cette gauche radicale n’est pas parvenue à faire entendre sa voix.

    Dans le chapitre intitulé « L’implosion programmée du système européen » (1), je dessinais les lignes générales de la dégradation programmée de l’Union européenne. On aura alors :
    une petite Europe allemande (l’Allemagne, agrandie par ses semi-colonies d’Europe orientale, allant peut-être jusqu’à l’Ukraine), la Scandinavie et les Pays-Bas attelés à cette nouvelle zone mark/euro ;
    la France ayant choisi son adhésion « vichyste » à l’Europe allemande (c’est le choix des forces politiques dominantes à Paris), mais peut-être tentée plus tard par un renouveau « gaulliste » ;
    la Grande-Bretagne prenant ses distances et affirmant encore davantage son atlantisme dirigé par Washington ;
    la Russie isolée ;
    l’Italie et l’Espagne hésitant entre la soumission à Berlin ou le rapprochement avec Londres.

    L’Europe de 1930, ai-je alors écrit. On y va.

    Samir Amin.

    http://www.m-pep.org/spip.php?article3812

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