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Le dollar américain va-t-il perdre son titre de première devise mondiale ?

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Gerald Epstein examine l’impact que la perte du statut de monnaie de réserve du dollar pourrait avoir sur l’économie américaine et mondiale.

Source : Truthout, C. J. Polychroniou
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Bien que le dollar reste la principale monnaie de réserve mondiale, les monnaies de réserve autres que le dollar ont considérablement augmenté au cours des 10 à 15 dernières années. THOMAS EYE DESIGN / GETTY IMAGES

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et surtout depuis que Washington a imposé des sanctions radicales à Moscou, un certain nombre de pays à travers le monde – dont le Brésil, la Chine, l’Inde, l’Iran, l’Arabie saoudite et l’Afrique du Sud – s’opposent à l’hégémonie du dollar américain dans l’économie mondiale. Alors que ce mouvement de dédollarisation prend de l’ampleur, nous sommes obligés de nous poser la question suivante : la domination du dollar américain est-elle menacée ? La fin de l’hégémonie du dollar américain serait-elle bénéfique pour le monde ?

L’économiste progressiste Gerald Epstein éclaire le débat sur la dédollarisation dans cet entretien exclusif pour Truthout. Il explique le rôle que joue le dollar en tant que monnaie internationale dans le maintien de l’hégémonie mondiale des États-Unis, détaille comment l’impérialisme contribue à renforcer le rôle du dollar en tant que monnaie, et analyse si la dédollarisation est réellement en cours et comment la perte du statut de monnaie de réserve du dollar pourrait affecter à la fois les États-Unis et l’économie mondiale. Epstein est professeur et codirecteur de l’Institut de recherche en économie politique (PERI) à l’université du Massachusetts Amherst, et auteur d’un livre à paraître aux Presses de l’université de Californie, intitulé Busting the Bankers’ Club : Finance for the Rest of Us [Faire exploser le club des banquiers : la finance pour le reste de la population, NdT].

C. J. Polychroniou : Le dollar américain est la principale monnaie de réserve mondiale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, grâce à un accord conclu par les États-Unis et leurs alliés à Bretton Woods en 1944 pour créer un régime international d’échange de devises dans lequel le dollar était rattaché à l’or. Les États-Unis ont unilatéralement rompu les liens entre le dollar et l’or en 1971, mettant ainsi fin au système de Bretton Woods, mais le dollar reste la monnaie de réserve internationale, bien que les monnaies de réserve autres que le dollar aient considérablement augmenté au cours des 10 à 15 dernières années. Quel est le rôle actuel du dollar en tant que principale monnaie de réserve de l’économie mondiale ?

Gerald Epstein : Le dollar américain est la « monnaie internationale » dominante utilisée dans la majeure partie du monde. Il s’est imposé au moins depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et probablement un peu avant. Il convient tout d’abord d’expliquer le rôle que joue la « monnaie internationale. »

Comme la « monnaie nationale » – le bon vieux dollar américain utilisé aux États-Unis, par exemple – la monnaie internationale joue plusieurs rôles différents. Elle sert de « moyen d’échange » dans les transactions quotidiennes, c’est-à-dire que vous l’utilisez lorsque vous achetez une pizza ou une nouvelle voiture. Elle sert également de « réserve de valeur » pour conserver une partie de votre épargne. Par exemple, si vous avez une tirelire, elle contient très probablement des billets ou des pièces de monnaie. Troisièmement, il est utilisé comme « unité de compte , c’est-à-dire l’unité dans laquelle les prix sont annoncés. Par exemple, nous utilisons le dollar comme unité de compte lorsque nous disons : « Cette banane coûte 1 dollar et 75 cents », ou « Cette maison coûte 1,750 millions de dollars », ou « Je dois 25 mille dollars de prêts étudiants que je dois encore payer à cause de la Cour suprême. » La monnaie internationale est également utilisée comme « moyen de paiement », c’est-à-dire qu’elle sert à rembourser les dettes.

La monnaie internationale joue également d’autres rôles importants que la monnaie nationale ne remplit pas. Les plus importants sont les suivants : en tant que « monnaie d’intervention », utilisée par les banques centrales pour acheter et vendre des devises internationales afin d’influencer leur taux de change international (par exemple, lorsque la banque centrale mexicaine achète des pesos mexicains avec des dollars américains afin de soutenir la valeur du peso par rapport au dollar). Et en tant que « monnaie d’ancrage », lorsqu’un pays souhaite lier la valeur de sa devise à celle d’une autre devise (par exemple, lorsque la Namibie souhaite que la valeur de sa devise soit égale à celle du rand sud-africain). De même, la plupart des banques centrales détiennent des « réserves » (réserves de change) constituées de devises étrangères et, dans certains cas, d’or, afin d’intervenir sur les marchés des changes et de disposer de devises étrangères pour payer les importations et rembourser les prêts à l’étranger, le cas échéant.

Le dollar américain joue un rôle dominant dans bon nombre de ces utilisations en tant que monnaie internationale dans de nombreuses régions du monde. Le degré auquel il joue ces rôles varie en fonction du domaine, de la zone géographique et du temps. Mais, dans l’ensemble, aucune autre monnaie ne joue autant de rôles dans autant d’endroits que le dollar américain. En raison de cette prédominance, le dollar américain est souvent qualifié de « monnaie clé » internationale.

Mais le dollar américain n’est pas la seule monnaie à jouer ce rôle. Les plus importantes d’entre elles sont l’euro, la livre Sterling, le yen japonais, le franc suisse et, dans certaines parties du monde, le renminbi chinois.

Notez que peu de monnaies jouent ces rôles. Les monnaies de la plupart des pays ne jouent pratiquement aucun rôle en tant que monnaie internationale. Par exemple, la plupart des pays ne peuvent même pas emprunter sur les marchés internationaux des capitaux dans leur propre monnaie. Lorsque l’Équateur emprunte auprès de banques étrangères, les prêts sont libellés en dollars ou en euros, par exemple. Lorsque l’Équateur doit rembourser son emprunt, il doit disposer de suffisamment de dollars pour le faire. Lorsque les États-Unis empruntent à l’Arabie saoudite, ils n’ont qu’à rembourser en dollars, une monnaie imprimée par les États-Unis. Simple et facile.

Ainsi, si l’on fait grand cas de la différence entre la « devise clé » (le dollar américain) et tous les autres, une démarcation peut-être plus importante de l’inégalité et de la hiérarchie dans le monde est celle qui existe entre les monnaies dites fortes (monnaies qui servent également de monnaie internationale) et les monnaies faibles (monnaies qui ne servent pas de monnaie internationale). Les pays à monnaie faible sont gravement désavantagés parce qu’ils doivent acquérir des monnaies fortes pour survivre dans l’économie mondiale.

Je peux maintenant donner une perspective historique quantitative à ce sujet.

En 1950, les États-Unis produisaient 62 % de la production manufacturière mondiale. En 1975, près de 80 % des réserves officielles de change dans le monde étaient détenues en dollars et les États-Unis représentaient 43 % de la production manufacturière mondiale. En 2022, les États-Unis représentaient moins de 20 % de la production manufacturière mondiale, soit environ 22 % du PIB mondial. Mais 60 % des réserves internationales officielles du monde sont toujours détenues en dollars américains.

C. J. Polychroniou : Dans quelle mesure le rôle prééminent du dollar américain dans l’économie mondiale est-il lié à la taille et à la force de l’économie américaine ?

Gerald Epstein : Comme le suggèrent les chiffres que je viens de présenter, à l’époque où les États-Unis ont dépassé la livre Sterling aux alentours de la Première Guerre mondiale, la taille et la puissance économique des États-Unis étaient très importantes pour déterminer le rôle international du dollar. Mais au début du XXIe siècle, la taille et la puissance relatives de l’économie américaine ont considérablement diminué (en effet, l’économie chinoise est aujourd’hui ou sera bientôt la plus grande économie du monde), et pourtant le rôle global du dollar américain dans la monnaie internationale est resté prépondérant.

C. J. Polychroniou : Existe-t-il un lien entre la résilience du rôle du dollar en tant que monnaie mondiale et la dynamique de la financiarisation et/ou les mécanismes de l’hégémonie impérialiste américaine ?

Gerald Epstein : Oui, à ces deux questions. Alors que les États-Unis sont devenus beaucoup plus petits dans le monde en termes de production manufacturière et même de production de services non financiers, ils sont restés une énorme puissance mondiale sur le plan financier. Le dollar américain est utilisé pour 60 % des prêts et des dépôts bancaires dans le monde. Il représente près de 70 % de la dette mondiale émise en devises étrangères (par exemple, les emprunts internationaux du Brésil en devises étrangères). Et le dollar américain est impliqué dans près de 90 % de toutes les transactions de change mondiales, dont la plupart sont destinées à divers types d’échanges financiers et de spéculation.

Autrement dit, les États-Unis sont devenus l’un des pays les plus « financiarisés » de la planète et cette domination financière renforce le rôle international du dollar. Il est important de noter que le lien de causalité va également dans l’autre sens : le fait que le dollar soit la principale monnaie internationale renforce également le rôle, les profits et le pouvoir de la finance américaine dans le monde.

De même, l’impérialisme contribue à soutenir le rôle de monnaie clé du dollar américain et ce rôle de monnaie clé facilite le pouvoir politique et militaire mondial des États-Unis, c’est-à-dire l’utilisation du pouvoir international pour extraire des ressources d’autres pays au profit principalement des capitalistes américains et du 1 %.

Il existe de nombreuses preuves, à commencer par les travaux de mon ancien étudiant diplômé, Roohi Prem, qui identifient l’importance de la puissance militaire et diplomatique comme l’un des fondements du rôle de la livre Sterling, puis du dollar américain en tant que monnaie clé. Les pays qui dépendent des États-Unis pour leur soutien militaire et leurs ventes d’armes et qui font partie d’alliances diplomatiques et militaires américaines sont plus susceptibles de détenir des dollars américains comme réserves monétaires. Ce phénomène était très évident dans le cas de l’Allemagne de l’Ouest dans les années 1960, qui était totalement dépendante de la défense américaine, mais il apparaît aujourd’hui dans les données de manière plus subtile. Là encore, les liens de causalité sont multiples. Les pays utilisent leurs avoirs en dollars pour signaler qu’ils font partie du « camp » américain et les États-Unis considèrent les avoirs en dollars comme un signe de soutien.

Que retirent les États-Unis de tout cela ?

Cette question fait l’objet d’un débat entre économistes et politologues. Certains économistes, comme Robert McCauley, anciennement de la Banque des règlements internationaux (BRI), et Paul Krugman, du City College, affirment que la réponse est : pas grand-chose. Mais si c’était vrai, comment expliquer que le gouvernement américain se donne tant de mal pour protéger et renforcer le rôle du dollar. Par exemple, la Réserve fédérale américaine et le Trésor s’engagent dans des opérations massives de sauvetage financier en temps de crise, comme la crise financière de 2008 et la crise Covid de 2020, pour offrir des lignes de sauvetage en dollars aux banques centrales étrangères afin qu’elles puissent stabiliser l’utilisation du dollar par les banques et les autres institutions financières de ces pays. Ils utilisent le capital diplomatique pour s’assurer que le principal réseau mondial de transmission des transactions (SWIFT) est favorable au dollar, etc. Certains ont affirmé que les États-Unis ont fait beaucoup d’efforts pour s’assurer que les prix du pétrole continuent d’être libellés en dollars.

Le fait que le dollar soit la principale monnaie mondiale donne au gouvernement américain un pouvoir important pour prendre les décisions financières dans l’économie mondiale. Il donne un avantage aux institutions financières américaines dans l’économie mondiale parce qu’elles ont un accès facile aux dollars américains de la Réserve fédérale. Et il facilite le financement de l’énorme déficit budgétaire américain et des emprunts à l’étranger.

C. J. Polychroniou : Ces dernières années, le dollar américain a été mis à mal par le renminbi et l’euro, à tel point que des pays comme le Brésil et les nations d’Asie du Sud-Est demandent de plus en plus que les échanges commerciaux se fassent dans d’autres monnaies que le dollar américain. En effet, la Russie et la Chine ont développé leurs propres moyens de paiement et de plus en plus de pays cherchent des alternatives au dollar américain. Diriez-vous que la dédollarisation est réelle ? Et est-ce une bonne chose ?

Gerald Epstein : Comme vous l’avez dit, il y a des tentatives pour réduire la dépendance du monde à l’égard du dollar américain. Dans certaines régions, notamment en Asie, le renminbi est de plus en plus utilisé pour libeller les échanges commerciaux. En Europe également, les échanges sont facturés davantage en euros et moins en dollars. Il y a donc une tendance à la dédollarisation dans certaines régions. Néanmoins, comme je l’ai déjà indiqué, la force globale du dollar est restée très élevée. Cela s’explique en partie par la puissance financière, militaire et politique des États-Unis, et en partie par la simple inertie. Une fois qu’un grand nombre de personnes dans le monde parlent anglais, l’anglais reste la langue internationale. Une fois qu’un grand nombre de pays utilisent le dollar, ils continuent à l’utiliser.

La dédollarisation serait-elle une bonne chose ? Cela dépend, dans une certaine mesure, de ce qui la remplace. Si, comme l’envisageait l’économiste John Maynard Keynes, une monnaie mondiale gérée par une banque centrale mondiale et reflétant mieux les intérêts et les besoins de la population mondiale devait remplacer le dollar : oui, ce serait probablement une très bonne chose. Si le renminbi le remplaçait ? Ou s’il y avait un partage plus large entre plusieurs monnaies, comme c’est l’évolution la plus probable ? Oui. Ce serait presque certainement mieux. La domination de la finance américaine et de l’aventurisme militaire mondial des États-Unis, soutenu par le dollar, est malsaine pour le monde. Un rôle plus partagé pour la défense mondiale serait, à mon avis, un résultat beaucoup plus équitable et, espérons-le, pacifique.

Bien sûr, le rôle du dollar en soi n’est pas la source de tous les maux, et l’apprivoiser ne sera pas une solution à tous les maux. Mais cela pourrait aider.

C. J. Polychroniou : L’argument le plus souvent avancé contre la dédollarisation est qu’il n’existe en réalité aucune alternative crédible, tandis qu’il est souvent dit que si les pays commençaient à commercer entre eux dans leur propre monnaie, il y aurait un risque de change accru et des fluctuations potentiellement sauvages des taux de change. Ne s’agit-il pas là d’arguments solides contre la dédollarisation ?

Gerald Epstein : Il y a peut-être une part de vérité là-dedans. Mais, d’un autre côté, le problème persiste déjà pour les pays en développement : des capitaux spéculatifs à court terme entrent et sortent encore plus rapidement. Le problème clé ici est celui des flux spéculatifs incontrôlés de capitaux internationaux, et non celui de l’existence d’un système multidevises.

C. J. Polychroniou : Que se passerait-il si le dollar américain était détrôné en tant que première monnaie de réserve mondiale ? Comment cela affecterait-il l’économie mondiale, l’économie américaine et les classes laborieuses ?

Gerald Epstein : Comme je l’ai suggéré, cela pourrait réduire l’aventurisme militaire américain. Toutefois, elle pourrait également réduire la capacité des États-Unis à enregistrer des déficits budgétaires et des déficits des comptes courants importants. Dans le premier cas, la classe ouvrière devrait acquérir et utiliser une plus grande force politique pour exiger que les priorités du gouvernement servent les besoins de la population, plutôt que ceux des 1 % les plus riches, des banques, des entreprises militaires et des sociétés de combustibles fossiles. Les déficits des comptes courants pourraient également accroître la production locale aux États-Unis, ce qui, dans de bonnes conditions, pourrait être une aubaine pour l’emploi national.

Quant au reste du monde, il pourrait faire basculer une partie du pouvoir financier et politique mondial ailleurs. La question de savoir si les travailleurs ou les capitalistes du monde entier, en dehors des États-Unis, s’emparent de ce pouvoir est une question importante, à laquelle je ne peux pas répondre ici.

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C .J. Polychroniou

C. J. Polychroniou est politologue/économiste politique, auteur et journaliste. Il a enseigné et travaillé dans de nombreuses universités et centres de recherche en Europe et aux États-Unis. Actuellement, ses principaux intérêts de recherche portent sur l’intégration économique européenne, la mondialisation, le changement climatique, l’économie politique ainsi que la politique des États-Unis et la déconstruction du projet politico-économique du néolibéralisme. Il contribue régulièrement à Truthout et est membre du Public Intellectual Project de Truthout. Il a publié de nombreux livres et plus de 1000 articles qui sont parus dans nombre de revues, de magazines, de journaux et de sites d’information populaires. Plusieurs de ses publications ont été traduites en plusieurs langues étrangères, notamment en arabe, chinois, croate, espagnol, français, grec, italien, néerlandais, portugais, russe et turc. Ses derniers livres sont Optimism Over Despair : Noam Chomsky On Capitalism, Empire, and Social Change (2017) ; Climate Crisis and the Global Green New Deal : The Political Economy of Saving the Planet (avec Noam Chomsky et Robert Pollin comme principaux auteurs) ; The Precipice : Neoliberalism, the Pandemic, and the Urgent Need for Radical Change, une anthologie d’entretiens avec Chomsky publiée à l’origine sur Truthout et rassemblée par Haymarket Books ( 2021) ; et Economics and the Left : Interviews with Progressive Economist (2021).

Source : Truthout, C. J. Polychroniou, 17-07-2023

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

Patience // 08.09.2023 à 08h14

Le dollar n’est gagé sur rien d’autre que sur la confiance de ceux qui l’achètent. Autrement dit sur du vent. D’où les dettes américaines compensées par la presse à billets et les bons du trésor.

https://www.bfmtv.com/economie/economie-social/monde/le-deficit-commercial-americain-bat-un-record-en-2022_AD-202302070648.html

En outre le gouvernement américain s’arroge le droit de juger, et le cas échéant de condamner au mépris de toute souveraineté nationale, tout pays ou société qui utilise le dollar, comme si celui-ci impliquait une territorialisation automatique sur sol américain.

7 réactions et commentaires

  • Patience // 08.09.2023 à 08h14

    Le dollar n’est gagé sur rien d’autre que sur la confiance de ceux qui l’achètent. Autrement dit sur du vent. D’où les dettes américaines compensées par la presse à billets et les bons du trésor.

    https://www.bfmtv.com/economie/economie-social/monde/le-deficit-commercial-americain-bat-un-record-en-2022_AD-202302070648.html

    En outre le gouvernement américain s’arroge le droit de juger, et le cas échéant de condamner au mépris de toute souveraineté nationale, tout pays ou société qui utilise le dollar, comme si celui-ci impliquait une territorialisation automatique sur sol américain.

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    • Dominique65 // 09.09.2023 à 09h23

      En effet, le racket exercé par l’extraterritorialité du droit américain (et la terreur, dinc la vassalisation qu’il suscite) n’est effective que grâce à la suprématie du dollar. Cette question est absente de l’interview.

        +3

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  • cedivan // 08.09.2023 à 08h54

    « Je dois 25 mille dollars de prêts étudiants que je dois encore payer à cause de la Cour suprême. » En lisant cette phrase, on a compris que le gars est un pote de Bernie Sanders ou d’AOC. ce qui éclaire le reste du discours….

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    • Moussars // 10.09.2023 à 09h01

      Discours qui est par ailleurs excessivement modéré.
      Les historiens du futur se demanderont comment les pays du clan occidental (autres qu’Anglo-saxons) ont pu être cons et lâches à ce point et, ce qui leurs sert d’élite, aussi traîtres…

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  • Incognitototo // 08.09.2023 à 20h27

    Je ne comprends pas en quoi cette interview répond à la question du titre.

    En outre, il y a un aspect central qui n’est pas du tout abordé : en l’absence d’un système alternatif adopté par tous les pays et d’un plan de sortie progressive de toutes les dépendances au $, s’il y avait une réelle et brutale dédollarisation , tous les pays du monde seraient ruinés et ce serait l’Armageddon économique.

    Dans un système où les valeurs monétaires dépendent de l’offre et de la demande s’il n’y a plus de demande de la monnaie principale et de référence, que se passe-t-il ? Ou autrement posé, quand on arrête brutalement un système de Ponzi qui est ruiné ? La réponse est simple : tous ceux qui y ont participé, et par contagion également ceux qui ne comptent pas pour grand-chose dans l’histoire.

    2 rappels (entre plein d’autres possibles) :
    – Que deviennent les 3 500 Md$ de réserves de change de la Chine ? Et que devient en conséquence la valeur d’échange du Yuan ?…
    – Les 3 chocs pétroliers qui ont mis les économies des pays occidentaux à genou étaient la conséquence directe d’une dépréciation du $ (- 40 % pour le 1er choc pétrolier) et/ou d’une forte inflation aux USA. Je n’ose même pas imaginer ce qui se passerait si le $ perdait plus de 50 % de sa valeur…

    Surtout, par quelle valeur monétaire les cotations des marchés internationaux se feront-elles ? Même les échanges de gré à gré actuels passent par un prix fixé en $, donc c’est totalement fictif comme dédollarisation (trop long d’expliquer ici pourquoi). Aussi tant que le $ sera la valeur de référence des prix de marché autant arrêter de rêver sur une dédollarisation.

    Je rappelle en outre qu’acculer un prédateur est une solution dangereuse pour tous. Les USA sont probablement prêts à déclencher l’apocalypse plutôt que de perdre leur rente de situation qui leur permet de vivre à crédit sur le reste du monde et oblige toutes les politiques économiques et monétaires à se caler sur la leur. L’envahissement de Taïwan par la Chine sera à n’en pas douter un prétexte très suffisant pour procéder à ce « reset »… du moins s’il reste encore quelques humains pour continuer à vivre sur cette terre…

      +7

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    • Gaspard des montagnes // 09.09.2023 à 11h43

      Il faut écouter Jacques Sapir sur le sujet du dollar ici :
      https://www.youtube.com/live/0h-S_U61w0c?app=desktop

      d’ailleurs les choses changent progressivement :
      – 3500Md$ de réserve de change en 2022, mais seulement 3.160 à fin aout : soit -10% ! et le portefeuille chinois de treasuries US suit le même chemin, la Russie n’a pratiquement plus de dollars.
      – les chocs pétroliers : c’était il y a 50 ans (1973 !) avec la fin de la convertibilité du dollar en or, une autre époque, maintenant l’Arabie Saoudite vend son pétrole à la Chine en Yuan, et l’Iran vend le sien à l’Inde en roupie..
      – les BRICS+6 jettent les bases d’une nouvelle banque de développement, un panier de monnaies parait l’option la plus probable pour leurs échanges.
      – les US ont montré qu’on ne pouvait plus leurs faire confiance : le gel (voir la spoliation) des avoirs russes alarme tout le monde.
      – l’accumulation de dettes (budget, crédits étudiant, immobiliers) remet en cause la valeur réelle des dollars, le déséquilibre entre masses monétaires et la valeur des avoirs et leur production US se creuse rapidement.

      Ensuite la guerre en Ukraine montre chaque jour l’impuissance des américains, dans le domaine de la guerre conventionnelle et la guerre nucléaire reste un interdit car les élites ne veulent pas être impactées (le rayonnement ne choisit pas ses victimes !)

      L’envahissement direct de Taïwan est peu probable, plutôt un blocus aéro-naval (avec destruction des ports et aéroports) que les US ne pourront pas desserrer sans affronter directement les chinois et il n’y aura pas de proxi en Asie pour ce coltiner les chinois !

        +8

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      • Incognitototo // 09.09.2023 à 18h08

        Vous avez lu cet article ou pas ? Juste 4 infos qui ont dû vous échapper, je cite :
        – le $ américain est utilisé pour 60 % des prêts et des dépôts bancaires dans le monde.
        – Il représente près de 70 % de la dette mondiale émise en devises étrangères.
        – le $ américain est impliqué dans près de 90 % (!!!) de toutes les transactions de change mondiales (ce qui est un point nodal de son hégémonie).
        – les USA représentaient moins de 20 % de la production manufacturière mondiale, soit environ 22 % du PIB mondial. Mais 60 % (!!!) des réserves internationales officielles du monde sont toujours détenues en $ américains.

        Donc si vous revenez à l’objet de mon commentaire, qu’est-ce qui se passerait s’il y avait une réelle dédollarisation sans qu’un autre système (qui programmerait en plus une sortie progressive des dépendances au $) soit adopté par tous ? Les réponses sont dans mon commentaire.

        Il ne faut pas connaître grand-chose à comment fonctionnent les marchés monétaires, ni les avoir concrètement pratiqués, pour être capable de penser, qu’un tiers des acteurs économiques mondiaux pourraient se passer du $ (sans plan concerté mondial) et qu’en plus cela arriverait sans catastrophe pour tous.
        Je répète donc : dans un système où les valorisations monétaires reposent sur l’offre et la demande si la demande pour la devise que tout le monde détient diminue, absolument tout s’effondre ! Par hypothèse si le $ perd 50 % de sa valeur : mathématiquement et grossièrement tous les actifs du monde perdent 50 % de leur valeur et tous les prix doublent. Mais tout ceci est « faux » à cause des effets en cascade, quand en 73 l’OPEP multiplie le prix du pétrole par 4 le $ n’a perdu que 30 % (rectif d’erreur dans mon dernier com) de sa valeur depuis 1969… Tous les chocs pétroliers y compris le dernier de 2008 répondent à cette logique ; et toutes les crises économiques sont consécutives à des variations du $, y compris celle que nous vivons actuellement.

        Aussi ne pas avoir encore mesuré que nous sommes totalement tenus par le $ (et la politique monétaire des USA) et pire prendre ses désirs pour la réalité (comme le font malheureusement beaucoup « d’économistes » qui parlent à partir d’un supposé savoir théorique, sans avoir jamais eu à gérer concrètement une entreprise internationale), c’est pour le moins pas très sérieux et ça ne résiste pas à l’épreuve des faits juste des faits.

        P-S. : J’espère que vous avez raison pour Taïwan, mais vous oubliez qu’ils ont des « proxis » possiblement opportunistes : l’Inde, le Vietnam, Les Philippines, le Japon, et cetera… Mais en réalité, cela dépend du délire messianique des USA et personne ne peut prévoir la réaction de ce pays y compris celle de se suicider et d’entraîner tout le monde dans sa chute…

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