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14.juin.202314.6.2023 // Les Crises

BlackRock et d’autres gestionnaires d’actifs contrôlent de plus en plus nos vies

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Les grands gestionnaires d’actifs comme BlackRock et Vanguard deviennent de plus en plus, mais imperceptiblement, propriétaires d’un nombre croissant d’aspects de notre vie, du logement aux routes, ou aux infrastructures énergétiques.

Source : Jacobin, Cal Turner, Sara Van Horn, Brett Christophers
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Les sociétés de gestion d’actifs jouent un rôle de plus en plus important dans le contrôle des infrastructures intégrées à nos vies. (saulgranda / Getty Images)

Entretien avec Brett Christophers

Interview par Cal Turner et Sara Van Horn

Complexes d’appartements, canalisations d’eau, écoles et routes à péage ; combustibles fossiles et infrastructures d’énergie propre. A travers le monde entier, ces ressources sont en train de passer dans les mains d’entités presque invisibles : les gestionnaires d’actifs, tels que BlackRock, Vanguard et State Street. Au cours des dernières décennies, ces administrateurs de comptes de retraite, souvent oubliés, ont cessé d’investir dans des actifs financiers tels que les actions et les obligations pour devenir propriétaires de certaines des infrastructures les plus fondamentales de notre vie quotidienne.

Dans Our Lives in Their Portfolios : Why Asset Managers Own the World [Nos vies dans leurs porte-feuilles : pourquoi les gestionnaires d’actifs possèdent le Monde], Brett Christophers, économiste politique et géographe économique, retrace l’histoire de la gestion d’actifs depuis ses débuts jusqu’à sa domination actuelle et expose l’emprise actuelle du secteur non seulement sur les marchés financiers, mais aussi sur les éléments constitutifs de la vie. En mettant en lumière les propriétaires invisibles de nos maisons et de nos routes, de nos canalisations d’eau et de nos écoles, Brett Christophers révèle les conséquences de la mainmise des gestionnaires d’actifs sur nos ressources fondamentales, à la recherche de profits.

Cal Turner et Sara Van Horn se sont entretenus avec Christophers pour Jacobin sur la manière dont les gestionnaires d’actifs en sont venus à occuper une position aussi puissante sur le marché mondial, sur ce que leur emprise croissante sur les ressources essentielles signifie pour notre avenir collectif, et qui profite réellement des rendements élevés des investissements.

CAL TURNER : Qu’est-ce que la gestion d’actifs ? Qu’est-ce qu’une société de gestionnaires d’actifs ?

BRETT CHRISTOPHERS : Les gestionnaires d’actifs sont des sociétés qui réalisent des investissements pour le compte de tiers. Principalement, ils réalisent ces investissements pour le compte d’investisseurs institutionnels, tels que des régimes de retraite et des compagnies d’assurance. Mais ils investissent également pour le compte d’investisseurs particuliers, comme vous et moi. La gestion d’actifs est un vaste secteur composé d’élements tels que le capital-investissement, les fonds spéculatifs et les fonds indiciels.

« Société de gestionnaires d’actifs » est un terme que j’utilise pour signaler une transformation qui s’est produite au cours des trente dernières années. L’industrie moderne de la gestion d’actifs trouve son origine dans les années 1960 et 1970, principalement aux États-Unis. Lorsque les gestionnaires d’actifs ont commencé à investir pour le compte des fonds de pension, ils ont investi exclusivement dans des actifs financiers : actions et obligations, y compris les obligations émises par les gouvernements et les municipalités.

À un certain niveau, le fait de savoir qui détient des actions de Microsoft ou de la dette publique a de l’importance pour la société dans son ensemble, mais cette importance est assez lointaine. Pour vous et moi, cela ne fait aucune différence dans notre vie quotidienne que cet investissement soit effectué par l’administrateur de notre fonds de pension directement ou indirectement par l’intermédiaire d’un gestionnaire d’actifs. Pendant longtemps, les activités des gestionnaires d’actifs étaient très éloignées de la vie quotidienne.

Mais dans les années 1980, les gestionnaires d’actifs ont commencé à diversifier leurs avoirs dans ce que l’on appelle généralement les « actifs réels ». Au lieu d’investir uniquement dans des actifs financiers, ils ont commencé à acheter des biens physiques, plutôt que de partager de simples certificats d’actions ou des chiffres numériques à l’écran. En particulier, elles ont notamment commencé à acheter des biens immobiliers commerciaux : bureaux, hôtels, centres commerciaux. Dans les années 1990, elles ont commencé à se diversifier dans de nouveaux types d’actifs réels. Les sociétés de gestionnaires d’actifs ont commencé à acheter des logements, en particulier des immeubles d’habitation, et des infrastructures, notamment des infrastructures essentielles dans les domaines de l’énergie, des transports et de l’approvisionnement en eau.

Une société de gestionnaires d’actifs est une société dans laquelle les gestionnaires d’actifs jouent un rôle de plus en plus important dans le contrôle des infrastructures dans lesquelles s’inscrivent nos vies quotidiennes.

Ces gestionnaires d’actifs ont commencé à jouer un rôle très significatif dans la définition des conditions et des coûts de la vie quotidienne des gens, parce que maintenant, ils achètent, possèdent, contrôlent et gagnent de l’argent à partir des choses physiques dont nous dépendons tous – qu’il s’agisse du logement, des réseaux électriques qui fournissent notre énergie, des systèmes municipaux de canalisations qui approvisionnent les maisons en eau, ou des parkings où nous garons nos voitures. Une société de gestionnaires d’actifs est une société dans laquelle les gestionnaires d’actifs, qui sont souvent des institutions financières anonymes dont la plupart des gens ignorent l’existence, jouent un rôle de plus en plus important dans le contrôle de l’infrastructure dans laquelle s’inscrit notre vie quotidienne.

SARA VAN HORN : Quel est l’impact de la gestion d’actifs sur le logement, à la fois en tant que force du marché et pour ceux qui en ont besoin ?

BRETT CHRISTOPHERS : Les gestionnaires d’actifs considèrent le logement comme un actif : quelque chose qui produira un revenu régulier, qui correspond au loyer que le locataire paiera, et qui produira également une plus-value lorsqu’il s’agira de vendre cet actif ultérieurement. Étant donné que ce sont là leurs motivations sous-jacentes, que recherchent-ils lorsqu’ils investissent dans le logement ? Ce qu’ils recherchent, c’est la capacité d’augmenter les loyers qu’ils sont en mesure d’extraire de ce bien.

C’est le cas pour deux raisons. D’une part, un loyer plus élevé signifie plus de revenus à empocher, mais, bien plus important encore, un loyer plus élevé rend le bien plus précieux pour les acheteurs potentiels à un moment ultérieur. L’élément-clé à retenir des gestionnaires d’actifs, c’est qu’ils n’ont pas pour vocation d’acheter et de détenir des actifs à perpétuité. Leur activité consiste à acheter et à vendre des actifs. Lorsqu’ils achètent des actifs, leur principale préoccupation est de savoir comment gérer au mieux ces actifs de manière à ce qu’ils acquièrent une plus grande valeur sur le marché. L’augmentation des loyers est évidemment le principal moyen pour eux d’y parvenir en termes de logement.

Depuis une dizaine d’années ou plus, la stratégie la plus courante des gestionnaires d’actifs en matière d’achat de logements locatifs consiste à acheter dans des zones où les marchés locatifs sont très tendus, c’est-à-dire où il n’y a pas assez de logements locatifs pour répondre à la demande. Il y a une raison évidente à cela : sur de tels marchés locatifs, les loyers ont tendance à subir une pression à la hausse. Tout aussi important, si ce n’est plus, ils cherchent à acheter dans des endroits où ils pensent qu’il n’y a qu’une perspective limitée de construire plus de logements locatifs, parce que cela représenterait une menace claire et réelle pour leur modèle d’entreprise.

La raison pour laquelle j’insiste sur ce point est que ce qu’ils font va presque diamétralement à l’encontre de ce qu’ils disent être leurs intérêts dans les marchés du logement. Lorsqu’ils s’adressent aux hommes politiques, lorsque les médias leur demandent : « Que comptez-vous faire face à la crise du logement, à la pénurie de l’offre de logements et au fait que les locataires ne peuvent pas payer leurs loyers ? » Ces gestionnaires d’actifs répondent généralement : « Nous faisons partie de la solution ; nous voulons augmenter l’offre. » En fait, c’est faux. Ce n’est absolument pas ce qui les intéresse. Et si vous les entendez lors d’autres conversations, lorsqu’ils s’adressent aux investisseurs lors des appels de résultats, ils disent tout à fait le contraire. Et ce qu’ils disent aux investisseurs est beaucoup plus vrai.

Ce comportement s’accompagne également d’un court-termisme inhérent, car le gestionnaire d’actifs sait qu’il doit vendre ces actifs peu de temps après les avoir achetés. Ce court-termisme inhérent est vraiment inapproprié et destructeur lorsqu’il s’agit d’actifs tels que le logement, les réseaux d’approvisionnement en eau et les réseaux de transport d’électricité. Les gestionnaires d’actifs ne sont pas les gérants appropriés de ces types d’actifs. Ils sont aussi inappropriés qu’on puisse l’imaginer.

CAL TURNER : Vous écrivez que l’énergie – en particulier les énergies renouvelables – est le secteur le plus important pour les gestionnaires d’actifs investissant dans les infrastructures, et que les gestionnaires d’actifs ont également des intérêts dans d’autres infrastructures climatiques, telles que les transports. Qu’est-ce que cela signifie pour notre avenir énergétique et notre climat en général ?

BRETT CHRISTOPHERS : Lorsqu’ils pensent au climat et aux gestionnaires d’actifs, la plupart des gens pensent au côté sale de l’équation. Ils s’intéressent au fait que les gestionnaires d’actifs restent largement investis dans des entreprises de combustibles fossiles et dans de nombreuses autres sociétés qui continuent à être responsables de grandes quantités d’émissions.

L’une des principales raisons en est que les plus grands gestionnaires de fonds, comme BlackRock, Vanguard, Fidelity et State Street, sont essentiellement des gestionnaires passifs : leurs fonds les plus importants suivent des indices de marché particuliers. Si vous avez un fonds qui suit l’indice S&P et que cet indice inclut Exxon Mobil et Chevron ou, dans le contexte européen, BP, Shell et Total, vous êtes tenu, de par la nature de votre fonds, de rester investi dans ces actifs. Les grands gestionnaires d’actifs, en vertu de la nature de leur modèle, restent les principaux propriétaires de sociétés de combustibles fossiles et d’autres grands émetteurs. Une grande partie de l’attention portée par les universitaires et les activistes à la question du financement de la lutte contre le changement climatique se concentre sur les gestionnaires d’actifs en tant que propriétaires d’actifs polluants.

Le court-termisme inhérent aux gestionnaires d’actifs est vraiment inapproprié et destructeur lorsqu’il s’agit d’actifs tels que les logements, les réseaux d’approvisionnement en eau et les réseaux de transport d’électricité.

Dans mon travail, j’ai tendance à me concentrer sur l’autre aspect de la question, à savoir les gestionnaires d’actifs en tant que propriétaires d’actifs propres – les actifs qui sont créés pour essayer de sortir l’humanité de la crise. Le domaine qui m’intéresse le plus est celui des actifs liés à l’énergie propre. Si l’on examine la propriété des infrastructures de production d’énergie propre et, en particulier, si on la compare aux infrastructures de production d’énergie sale, on constate que les infrastructures d’énergie propre sont beaucoup plus concentrée dans les mains du secteur privé que dans celles du secteur public. Environ 50 % des actifs liés aux combustibles fossiles sont détenus par l’État, soit directement, soit indirectement par l’intermédiaire d’entreprises publiques. Ce chiffre est loin d’être le même pour les infrastructures d’énergie propre, qui sont à près de 90 % privées.

Au fur et à mesure que nous avançons dans la transition énergétique, il semble que nous nous dirigions vers un système de propriété des infrastructures plus privatisé, simplement en raison du fait que les infrastructures d’énergie propre ont historiquement été généralement investies par des entreprises privées. Plus précisément, les plus gros investisseurs dans les infrastructures d’énergie propre sont de plus en plus souvent des gestionnaires d’actifs.

Par exemple, Brookfield Asset Management, qui est une société canadienne et l’une des principales sociétés dont je parle dans le livre, est l’un des plus grands propriétaires d’infrastructures d’énergie renouvelable au monde. BlackRock est de plus en plus en train de devenir un propriétaire majeur de ces infrastructures. Lorsque les dirigeants d’entreprises comme BlackRock s’adressent aux décideurs politiques sur les questions climatiques, ils leur parlent non seulement du côté sale de l’équation, mais aussi du côté énergie propre de l’équation.

Les gestionnaires d’actifs ont été parmi les plus grands lobbyistes et parties intéressées par la loi sur la réduction de l’inflation de l’année dernière, qui visait à encourager les investissements privés dans les infrastructures énergétiques propres aux États-Unis. La prolongation de dix ans des subventions mises en place par la loi sur la réduction de l’inflation est une mesure pour laquelle les gestionnaires d’actifs ont exercé un lobbying actif, et ils ont par la suite fait part de leur enthousiasme à l’égard de ces mesures d’incitation. Dans la mesure où la crise climatique est une crise des infrastructures, elle concerne les gestionnaires d’actifs, qui deviennent de plus en plus les principaux investisseurs et propriétaires d’infrastructures de tous types, y compris d’infrastructures climatiques.

Dans la mesure où la crise climatique est une crise des infrastructures, elle concerne les gestionnaires d’actifs, qui deviennent de plus en plus les principaux investisseurs et propriétaires d’infrastructures de tous types.

SARA VAN HORN Vous décrivez comment la propriété des gestionnaires d’actifs est généralement invisible, même si elle affecte directement des aspects très concrets de notre vie quotidienne. Vous appelez cela un type de propriété « très physique mais aussi étrangement intangible ». Pouvez-vous nous parler des effets de cette invisibilité ?

BRETT CHRISTOPHERS : Les gestionnaires d’actifs sont de plus en plus souvent propriétaires de formes d’infrastructures très importantes qui affectent réellement nos vies – pourtant, la plupart des gens ne savent pas que les gestionnaires d’actifs sont propriétaires de ces infrastructures. Ils ne reconnaîtraient probablement pas le nom de la plupart de ces sociétés.

Si Brookfield Asset Management est le propriétaire final de l’immeuble dans lequel vous vivez, vous ne le saurez certainement pas. En général, il y aura une société de portefeuille locale, un intermédiaire, qui est enregistré en tant que propriétaire de l’appartement. Le nom de Brookfield ne serait pas visible. Même si elle était enregistrée en tant que propriétaire, ce ne serait pas avec Brookfield que vous auriez des relations en tant que locataire, pour ce qui est de l’entretien et du traitement des retards de paiement des loyers.

Une grande partie du travail quotidien de gestion de ces différents types de logements et d’infrastructures n’est pas effectuée par le gestionnaire d’actifs, ni même par une société qu’il possède : ce travail est sous-traité. Macquarie Infrastructure and Real Assets, qui est, avec Brookfield, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde en termes de propriété d’infrastructures, estime qu’environ cent millions de personnes dépendent chaque jour des infrastructures qu’il possède dans le monde. Pourtant, je parierais qu’à peine quelques milliers de personnes sur ces cent millions savent qu’elles utilisent des infrastructures dont Macquarie est le propriétaire final.

Quelles sont les conséquences de cette invisibilité ? La principale est qu’elles deviennent très éloignées des critiques potentielles. Pour les personnes qui luttent contre de mauvaises conditions de vie et des loyers qui augmentent rapidement, ou contre des canalisations d’eau qui éclatent et des tarifs d’eau qui augmentent, il est très difficile de s’opposer aux sociétés de gestion d’actifs, qui sont les propriétaires finaux de ces actifs, si les gens ne savent pas qu’ils sont en fait les propriétaires. Cela devient une configuration structurelle très dépolitisante. De nombreux activistes se sont penchés sur ces questions pour tenter de rendre visible ce qui était auparavant invisible.

CAL TURNER : Malgré l’invisibilité générale des gestionnaires d’actifs, certains d’entre eux ont récemment été critiqués pour leurs investissements dans des secteurs tels que les combustibles fossiles. Lorsque les gestionnaires d’actifs sont questionnés sur l’impact de leurs investissements, comment justifient-ils leurs choix ?

BRETT CHRISTOPHERS : L’un des arguments souvent avancés par les gestionnaires d’actifs pour justifier leur action est qu’en fin de compte, il est dans votre intérêt, en tant que citoyen ordinaire, que nos fonds obtiennent de bons résultats. Si les résultats sont bons, votre épargne-retraite augmentera, donc si vous nous critiquez, c’est vous qui en souffrirez.

C’est un discours qui convainc beaucoup de gens. Mais c’est aussi un discours trompeur, pour plusieurs raisons. Il est certain qu’une grande partie de l’argent investi dans le logement et les infrastructures par les gestionnaires d’actifs provient, en fait, de l’épargne-retraite. Mais il serait fallacieux d’affirmer que cette épargne-retraite est principalement constituée de l’épargne des travailleurs ordinaires. L’épargne-retraite représente une forme de richesse qui, comme toutes les formes de richesse, est inégalement répartie au sein de la population. Aux États-Unis, environ 50 % de l’ensemble de l’épargne-retraite est détenue par les travailleurs appartenant aux quintiles de revenus les plus élevés, tandis que les travailleurs appartenant aux quintiles de revenus les plus bas n’a pratiquement pas d’épargne-retraite.

Lorsque les fonds des gestionnaires d’actifs sont performants, les investisseurs finaux le sont également. Mais suggérer qu’il s’agit principalement de travailleurs ordinaires est très loin de la vérité.

Il est tout simplement faux d’affirmer que si un fonds de gestion d’actifs obtient de bons résultats, les travailleurs ordinaires en bénéficient grâce à la croissance de leur épargne-retraite. La plupart des économies de retraite investies sont celles de personnes fortunées, et non de travailleurs ordinaires. Il s’agit des fonds de pension de consultants, de médecins, de banquiers et de cadres, y compris, bien sûr, des dirigeants des sociétés de gestionnaires d’actifs elles-mêmes.

Deuxièmement, il est vrai que les régimes de retraite contribuent de manière significative à ces fonds immobiliers et d’infrastructure. Mais ils sont de moins en moins les seuls. Une part croissante de l’argent investi dans ces fonds provient de sources desquelles il serait beaucoup plus difficile pour les gestionnaires d’actifs de raconter une belle histoire de relations publiques.

Il y a quelques années, par exemple, Blackstone a créé un important nouveau fonds d’infrastructure. Ainsi, environ 50 % des capitaux engagés dans ce fonds ne proviennent pas des régimes de pension et de l’épargne-retraite des travailleurs sous-jacents, mais du fonds souverain d’Arabie saoudite, une entité qui a fait l’objet d’un examen minutieux et de critiques de la part d’organisations de défense des droits de l’homme telles qu’Amnesty International. Une minorité de l’argent de ce fonds représente l’épargne-retraite, et une minorité de cette épargne-retraite représente l’argent des travailleurs ordinaires. Lorsque les fonds des gestionnaires d’actifs obtiennent de bons résultats, les investisseurs finaux le font également. Mais suggérer qu’il s’agit principalement de travailleurs ordinaires est très loin de la vérité.

CONTRIBUTEURS

Brett Christophers est professeur au département de géographie sociale et économique de l’université d’Uppsala.

Cal Turner est un écrivain installé à Philadelphie.

Sara Van Horn est une écrivaine qui vit à Serra Grande, au Brésil.

Source : Jacobin, Cal Turner, Sara Van Horn, Brett Christophers, 02-05-2023

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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3 réactions et commentaires

  • Savonarole // 14.06.2023 à 11h09

    La question que ne veut pas poser l’article même si elle est présente en fond c’est qu’on voit tous le truc virer à la dystopie , alors pourquoi personne n’y fait rien ? On a bien fait l’antitrust quand des monopoles menaçaient les mechanismes de formation des prix de marché , alors ?

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  • florian lebaroudeur // 14.06.2023 à 13h10

    « Quelles sont les conséquences de cette invisibilité ? La principale est qu’elles deviennent très éloignées des critiques potentielles. Cela devient une configuration structurelle très dépolitisante. »

    Il ne faut pas s’étonner que les contestations et les actions produisent de moins en moins de résultats, surtout si elles sont pilotés contre des exécutants à défaut de pouvoir identifier des donneurs d’ordres qui peuvent changer les intermédiaires pour donner l’illusion que la démocratie fonctionne.

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  • Grd-mère Michelle // 14.06.2023 à 14h27

    « Les gestionnaires d’actifs considèrent le logement comme un actif… ce qu’ils recherchent, c’est la capacité d’augmenter les loyers… »
    En effet, le logement (des non-propriétaires) est devenu un des principaux investissements dès que les « valeurs » monétaires sont devenues de moins en moins rentables à la suite des crises financières successives(d’où la « gentrification » des quartiers populaires de nos villes).
    Logique, « la brique » a toujours été une « valeur/refuge » (de riches) particulièrement solide, étant donné le BESOIN des « petites gens » de s’abriter(qui, faut-il le rappeler, est aussi un DROIT HUMAIN). Et le transport d’eau, de gaz et/ou d’électricité y est directement lié puisqu’il ne suffit pas de se loger mais aussi de se laver, de se chauffer, de cuisiner, pour espérer mener une vie digne en bonne santé et, éventuellement, un projet familial…
    D’où la nécessité, pour la grande majorité des citoyen-ne-s pauvres, de se coaliser pour que soient respectés les Droits Humains et pour exiger que les « biens » qui correspondent à des besoins soient désignés comme « biens communs de l’humanité » (à commencer par l’eau potable).
    Gare à l’appropriation de l’alimentation, aussi! (déjà en grande partie organisée, au travers du brevetage des semences, par ex, et des obligations contractuelles d’utilisation des engrais et autres produits phyto-sanitaires en tous genres produits par l’industrie chimique).

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