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30.décembre.202230.12.2022 // Les Crises

Le Néolibéralisme : Une contre-révolution anti-démocratie

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Un groupe d’intellectuels du XXe siècle a vu dans l’État-nation démocratique une menace pour la propriété privée. Leur solution : transférer le pouvoir à des organismes internationaux non responsables comme l’OMC, ce qui a contribué à ouvrir la voie à ce que nous appelons aujourd’hui le « néolibéralisme ».

Source : Jacobin Mag, Quinn Slobodian
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Friedrich Hayek, photographié en 1960 (Bettmann / Getty Images).

Entretien avec Quinn Slobodian par Daniel Denvir

L’ère néolibérale est souvent définie comme celle de la dérégulation, de l’émancipation ou de la libération des forces du marché qui avait été contenues, ou « intégrées », dans les décennies d’après-guerre. Dans son livre Globalists : The End of Empire and the Birth of Neoliberalism [Les mondialistes : La Fin de l’Empire et la Naissance du Néolibéralisme, NDT], l’historien Quinn Slobodian contredit cette acception. Au lieu de cela, Slobodian affirme que le tournant néolibéral visait plutôt à « encastrer » ou à protéger les marchés du contrôle démocratique et à établir un ordre international assurant au capital la capacité de circuler librement au-delà des frontières.

Daniel Denvir s’est entrenenu avec Slobodian à propos de son livre pour le podcast The Dig de Jacobin Radio. Cette transcription a été modifiée pour des raisons de longueur et de clarté.

Daniel Denvir : Dans sa critique de votre livre, Adam Tooze a écrit « Le néolibéralisme a de nombreuses histoires. Milton Friedman, l’école de Chicago, Pinochet, la révolution du marché de Thatcher et Reagan, l’ajustement structurel du FMI et les programmes de transition de la thérapie de choc pour les États post-communistes sont tous ancrés dans le récit du tournant néolibéral. » Quelle histoire du néolibéralisme racontez-vous dans votre livre, et comment se rapporte-t-elle à ces autres histoires ?

Quinn Slobodian : Je pense que l’histoire que je raconte est celle de personnes qui ont vu le problème du capitalisme non pas d’un point de vue national ou impérial, ni même racial ou sexué, mais d’un point de vue planétaire – en regardant le capitalisme mondial de très loin et en se disant : « Quelles institutions cette chose géante et grouillante doit-elle avoir pour continuer à se reproduire ?» Ainsi, la phrase de Theresa May « Un citoyen du monde n’est un citoyen de nulle part » est à bien des égards la position du sujet que j’essaie de creuser du point de vue de mes acteurs.

Daniel Denvir : J’aimerais que vous expliquiez cette idée qui est au cœur de l’École de Genève, à savoir la division proposée entre la gouvernance économique et la gouvernance des autres domaines, ce qu’ils envisageaient comme un double gouvernement. Pourquoi pensaient-ils que l’économie avait besoin d’être protégée des gouvernements nationaux ? Et comment pensaient-ils que cela pouvait se produire ?

Quinn Slobodian : Dans l’histoire que je raconte, le vingtième siècle est marqué par deux évènements en particulier. Le premier est la fin de l’empire, et alors associée à la généralisation du suffrage universel, ou de la démocratie – « Une personne, une voix. » Et cela, d’une certaine manière, est au cœur de ce qui est « néo » dans le néolibéralisme que j’étudie : ils se rapprochent d’un terrain sur lequel il y a cette universalisation d’une hypothèse selon laquelle les gens devraient avoir un territoire particulier habité par des gens qui leur ressemblent ou qui parlent comme eux, et ce territoire devrait en quelque sorte refléter le destin partagé ou les aspirations partagées de cette communauté de personnes ethniques ou nationales partageant les mêmes idées.

Ce principe, cette idée d’autodétermination nationale, ne va pas toujours, mais peut aller directement à l’encontre de la notion d’interdépendance économique mondiale. Donc, ce que les néolibéraux dont je parle dans mon livre ont vu, c’est que lorsque les gens ont eu droit au vote à un niveau de masse, lorsqu’ils se sont organisés en nations séparées des grands empires européens originaux, ils ont commencé à prendre des décisions qui ont interrompu la libre circulation des biens, la libre circulation du capital, et la certitude dont les capitalistes avaient joui pendant une grande partie du XIXe siècle que s’ils possédaient des biens dans une partie du monde qui n’était pas leur propre pays, ils pouvaient néanmoins compter sur sa sécurité à long terme, ou que sa sécurité serait garantie par des institutions financières nationales, l’intervention de canonnières, etc.

Ainsi, l’essor de la démocratie et de l’autodétermination nationale au XXe siècle produit une toute nouvelle série de dilemmes pour les néolibéraux qui tentent d’imaginer un cadre institutionnel capable de protéger le capitalisme mondial.

Daniel Denvir : C’est précisément ce que vous appelez le droit humain à la fuite des capitaux.

Quinn Slobodian : C’est l’une des choses que j’aborde dans mon livre, cette notion selon laquelle la liberté du capital de pouvoir partir quand il veut et revenir quand il veut est essentielle à la reproduction du système dans son ensemble. Il s’avère que ce droit a été bafoué dans ce que nous appelons le système de Bretton Woods, créé après la Seconde Guerre mondiale et qui a duré jusque dans les années 1970.

C’était une période où, contrairement à aujourd’hui, le capital n’était pas entièrement libre de circuler d’un pays à l’autre. Il y avait une sorte de normalisation de ce que l’on appelle les contrôles de capitaux. Même s’il s’agissait souvent d’un projet qui échouait, il existait néanmoins une sorte de norme selon laquelle les nations devaient avoir, dans leur répertoire d’outils et de souveraineté, le droit de contrôler le flux d’argent entrant et sortant de leur pays. Pour les néolibéraux, c’était un problème majeur qui s’est posé immédiatement après la Seconde Guerre mondiale et qui a été résolu par l’adoption d’un système de taux de change plus flexible dans les années 1970 et le discrédit général de l’idée de contrôle des capitaux.

Daniel Denvir : Ils ont donc proposé cette division entre un ordre mondial qui protège l’économie de l’interférence des gouvernements des États-nations. Et l’autre partie de cette division est ce que vous décrivez, ou qu’ils décrivent, comme la « culture », qui serait toujours du ressort de l’État-nation. Qu’est-ce que les néolibéraux voulaient précisément laisser à l’État-nation ? Parce que cela ne semble pas être grand-chose. Et pourquoi voulaient-ils que l’État-nation conserve sa souveraineté ornementale ?

Quinn Slobodian : Eh bien, je pense qu’il y a différentes façons de voir les choses. D’une part, la démocratie en tant que principe est louée par des gens comme Friedrich Hayek et Ludwig von Mises pour la raison qu’elle fournit encore le meilleur instrument de transition pacifique du pouvoir que les humains ont collectivement inventé. Ainsi, en moyenne, la démocratie permet de préserver un certain niveau de stabilité d’année en année et de décennie en décennie.

D’un autre côté, elle a toujours porté la menace de basculer dans la légitimation des atteintes au droit à l’existence du capital et du libre-échange, ce qui, pour eux, en fait quelque chose qui doit être contenu – placé dans des contraintes constitutionnelles, pas nécessairement de la même manière que les libéraux ont parlé de la contrainte de la démocratie depuis le début de la fondation des États-Unis. Ils ne sont donc pas si étranges à cet égard, dans leur idée qu’il doit y avoir des limites constitutionnelles au pouvoir majoritaire. La démocratie est fonctionnelle en ce sens.

L’idée de concurrence entre les différents régimes politiques peut être encore plus utile, l’idée étant qu’il est bon d’avoir un damier de différentes souverainetés car cela permet d’essayer des choses. Un État-nation peut essayer d’augmenter les impôts, un autre peut essayer de les diminuer, et voyons comment le capital décide de se répartir dans ce champ concurrentiel. Il y a donc une façon dont de nombreux États-nations démocratiques en concurrence peuvent fournir un champ d’expérimentation pour la politique que les néolibéraux ont vu et considèrent comme très utile.

Ainsi, l’idée de dissoudre le monde entier dans une seule entité politique ou un seul État n’est pas vraiment envisagée par les personnes dont je parle dans mon livre. Ils voient une sorte de vertu à la fragmentation politique, assortie d’un holisme institutionnel global ou d’une interdépendance institutionnelle économique globale unique, car cela peut permettre cette interaction entre les facteurs de production, suivant leur attraction vers les meilleurs sites de leur application. Et tant que cet équilibre n’est pas trop perturbé, c’est en fait le meilleur arrangement possible.

La souveraineté n’est pas nécessairement purement ornementale car, dans l’esprit de personnes comme Hayek et Buchanan, la souveraineté est accordée aux États par le biais de processus démocratiques aux gouvernements. Ensuite, ces gouvernements choisissent d’accorder leur souveraineté vers le haut à des choses telles que des accords contraignants comme l’Organisation mondiale du commerce. Dans leur esprit, la souveraineté, en fait, n’est pas violée. La souveraineté est exercée. Mais les États-Nations choisissent d’exercer leur souveraineté de manière à renforcer l’interdépendance économique mondiale. Donc, ils ne voient pas ce paradoxe que beaucoup de critiques du néolibéralisme voient.

Daniel Denvir : Il semble qu’un paradoxe similaire qu’un critique pourrait voir – mais qu’ils ne voient pas – est qu’ils semblent avoir des perspectives différentes sur la mobilité du travail et du capital. Ils veulent que le capital ait toujours le droit humain de se déplacer. Mais il existe une variété de points de vue différents sur la mobilité du travail que les différents néolibéraux de l’école de Genève adoptent.

Mises, je crois, a plaidé en faveur de la liberté de circulation, mais Haberler a insisté sur le fait que non seulement elle n’était pas nécessaire au libre-échange, mais qu’elle ne serait même pas souhaitable si elle était possible. Et il ne croit pas que cela soit possible. Et Hayek défend finalement les restrictions d’immigration de Margaret Thatcher. Expliquez-nous un peu l’approche de l’École de Genève sur la mobilité de la main-d’œuvre et ce qu’elle révèle sur leur cadre idéologique plus généralement.

Quinn Slobodian : Il s’agit d’une intrigue secondaire dans le livre que j’ai écrit et, rétrospectivement, j’aurais aimé la développer davantage. Mais c’est quelque chose qui, je l’ai réalisé après avoir écrit cet ouvrage, se produit en quelque sorte sans que j’attire l’attention du lecteur. Mais ce qui se passe, c’est que les choses changent au cours du vingtième siècle. Au début du vingtième siècle, le cadre de référence pour des gens comme Hayek, Mises et Haberler est vraiment l’Empire des Habsbourg, puis le bassin danubien ou la zone de l’Europe de l’Est qui comprend les différents États-nations qui ont succédé à l’Empire des Habsbourg. Lorsqu’ils examinent cet espace, ils sont en fait assez doctrinaires dans leur soutien à la liberté du travail de se déplacer d’un côté à l’autre.

Pour Mises, en particulier dans ses premiers travaux, il est tout à fait orthodoxe sur la nécessité absolue de la liberté du travail – que le travail, comme tous les autres facteurs de production, doit être en mesure d’aller là où il est le plus nécessaire. Dans son esprit, il s’agit d’un processus salutaire qui conduira probablement à la dissolution de certaines nations, mais qui pourrait ensuite conduire à leur recombinaison sous différentes formes une fois que les gens auront émigré. Et il n’y a pas de problème essentiel à cela. Pour lui, les nationalités et les ethnies ne sont pas liées à tel ou tel territoire. Elles devraient pouvoir se former dans l’immigration autant qu’elles peuvent le faire dans les lieux où elles ont des racines ancestrales.

Il s’agit donc encore d’une sorte de vision du XIXe siècle des grandes migrations qui ont déplacé des personnes d’Europe centrale et orientale vers l’Amérique du Nord, ainsi que des énormes migrations internes de la campagne vers la ville, qui ont été le moteur de la révolution industrielle. Cette position autrichienne précoce est assez absolue dans sa croyance en la mobilité du travail en tant que principe.

Ce qui change, ce sont les guerres mondiales. Ainsi, la Seconde Guerre mondiale produit une situation dans laquelle la mobilité humaine est désormais perçue comme une menace assez aiguë pour la sécurité nationale, en particulier si l’on pense à la manière dont toute la population japonaise des États-Unis a été soupçonnée d’être une sorte de cinquième colonne pour l’empereur. La population allemande, dans une moindre mesure, était également stigmatisée et suspectée, même si elle était là depuis des générations. Et ce que des gens comme Mises ont dit, en regardant cette situation, c’était, effectivement, « C’est un problème, mais c’est un problème temporaire. Mais pour l’instant, essayons de concevoir un système de capitalisme mondial qui ne repose plus sur la libre mobilité de la main-d’œuvre. » Donc, disent-ils, étant donné ces contraintes, « Que pourrions-nous voir comme un modèle provisoire de quelque chose qui pourrait encore fonctionner ? »

Et dans cet état d’esprit, quelqu’un comme Haberler propose la théorie des coûts comparatifs, qui avance, en termes formels d’économie du commerce international, l’argument selon lequel si vous avez suffisamment de mouvements de biens et de capitaux, alors vous pouvez profiter tout autant des politiques de libre-échange et de libre circulation des capitaux que si vous aviez la libre circulation de la main-d’œuvre. Ainsi, il produit une sorte de fondation épistémologique ou d’alibi pour une position de fermeture des frontières pour les personnes. Non pas, je pense, parce qu’il a une sorte d’antipathie inhérente envers les étrangers ou les personnes de races différentes, mais parce que les circonstances des frontières qui sont apparues au cours de la Seconde Guerre mondiale sont prises au sérieux.

Daniel Denvir : Pourtant, il est révélateur, peut-être, que si les néolibéraux sont capables de cultiver une telle disposition utopique envers les marchés, ils sont prêts à être réalistes lorsqu’il s’agit des frontières des États-nations pour les gens ordinaires.

Quinn Slobodian : Non, absolument. Je pense que c’est incontestable. Et la façon dont cela se développe ne fait que renforcer ce point, parce que ce que nous obtenons au cours du vingtième siècle, bien sûr, ce n’est pas seulement la survenue de deux guerres mondiales majeures, mais aussi la migration du Sud vers le Nord en quantités importantes que nous n’avons pas vues depuis la migration massive forcée de l’esclavage, qui a effectivement fondé les États-Unis et le mouvement des travailleurs asiatiques vers l’Ouest des États-Unis, le Canada et l’Australie à la fin du dix-neuvième siècle, et qui a été arrêté par des lois d’exclusion.

Mais ce que vous obtenez dans la période d’après-guerre – les années 1950, 1960 et 1970 – vous commencez à avoir le mouvement des colonies françaises et ensuite des anciennes colonies françaises vers la métropole française. Des travailleurs invités arrivent en grand nombre d’endroits comme la Turquie et le Maroc dans des pays comme l’Allemagne de l’Ouest et les Pays-Bas. Et vous avez des gens du Commonwealth britannique et de l’ancien Empire britannique qui migrent vers le Royaume-Uni. Ainsi, la création d’une Europe multiculturelle et multiraciale – une Grande-Bretagne multiraciale, une France multiraciale, une Allemagne multiraciale – fait apparaître ce « problème » d’un choc entre différents styles culturels d’une manière que les néolibéraux sont maintenant obligés d’affronter.

La façon dont ils y sont confrontés n’est, comme vous le dites, pas vraiment inspirante dans l’uniformité avec laquelle ils appliquent leurs principes absolus aux personnes comme aux biens et au capital. Ce que Hayek conclut à la fin des années 1970 en regardant la politique de Thatcher, qui était de mettre effectivement fin à l’immigration en provenance des pays du Sud si elle avait pu agir à sa guise. Hayek la soutient. Il ne s’y oppose pas par principe et ne dit pas que les gens méritent les mêmes droits et mouvements que le capital. Ce serait au moins une sorte de position libertaire honorable, pourrait-on dire.

Mais il a dit, non, les gens sont une sorte spéciale de facteur de production, en effet, et ils peuvent être très perturbateurs. Et comme il le dit, les origines du racialisme viennent de l’incapacité des résidents de longue date des pays à accueillir les nouveaux arrivants. Il crée donc une analogie avec Vienne, à propos de l’arrivée d’un grand nombre de Juifs en provenance de l’Europe de l’Est et de la Russie. Et il dit que lorsque les Juifs sont arrivés, ils n’ont pas pu s’assimiler rapidement, et ils ont fini par être une force perturbatrice, et cela a fini par produire de l’antisémitisme. Leur présence a produit de l’antisémitisme.

Danil Denvir : Il n’approuve en aucun cas le discours d’Enoch Powell intitulé « River of Blood » [La Rivière de Sang, NdT], mais il naturalise en quelque sorte la perspective qui le sous-tend.

Quinn Slobodian : C’est difficile à dire. Je veux dire, il a déjà critiqué directement Powell. Il y a une excellente nouvelle biographie que je recommande à tous ceux que cela intéresse, écrite par une historienne nommée Camilla Schofield, et elle y documente – et j’ai même vu les originaux dans les archives – un Powell, qui se hérisse vraiment à la façon dont Hayek vient le critiquer. Il utilise un terme comme « rêves de fièvre dérangés » en parlant de Powell. Ce n’est pas une douce insulte ou un dénigrement de Powell que Hayek livre. Donc, j’hésite vraiment à les mettre dans le même panier, parce que je pense qu’il y a une différence substantielle entre eux. En fait, c’est un sujet dont je suis sûr que nous allons parler, mais il mène à la substance de ma recherche actuelle. Mais il y a une différence avec la position de Hayek, qui consiste essentiellement à dire que les gens ont du mal à s’entendre à court terme, mais qu’à long terme, ils s’adapteront à la présence de l’autre. Mais nous devons être conscients du problème à court terme et probablement mettre des limites strictes à la migration pour le moment.

C’est une position par rapport à la position de Powell, qui consiste à dire qu’il y a quelque chose d’essentiellement différent dans ces deux groupes raciaux ou culturels et qu’ils méritent d’être séparés, maintenant et pour toujours. Et cette dernière position, celle du culturalisme ou du racisme fort, a sa propre généalogie, et il se trouve que ce n’est pas celle de Mises et Hayek.

Daniel Denvir : Avant de poursuivre, Powell était un membre conservateur du Parlement qui, en 1968, a prononcé ce discours intitulé « River of Blood », qui n’est qu’une mise en garde hyperbolique contre l’invasion de la Grande-Bretagne par des non-Blancs.

Quinn Slobodian : Il est devenu une sorte d’icône de la résistance blanche de la Little Britain face à l’évolution démographique de leur pays et du monde en général. C’est un certain type de position conservatrice réactionnaire qui correspond à certaines des personnes sur lesquelles j’écris, dans le sens où il se trouve que Powell est également un fervent partisan de l’étalon-or. Il croit que l’or doit circuler, même si les gens ne le font pas.

Mais néanmoins, ce que je vois dans l’évolution autrichienne, dans le cas de mes personnages, Hayek et Mises, c’est que ce qui commence comme une position absolue de la libre mobilité se transforme en une mise entre parenthèses provisoire, en disant que nous faisons une exception parce que c’est la guerre. Mises dit que nous ne pouvons pas attendre des États-Unis qu’ils laissent entrer des hordes de Japonais ou d’Allemands en plein milieu de la guerre. Et il dit dans cette phrase éminemment digne d’être citée – citée maintenant par les libertaires de droite – « Il n’y a pas un homme qui ne frémirait pas à l’image de masses de personnes de couleur vivant parmi eux », ou quelque chose de ce genre. On reconnaît donc que les humains sont imparfaits et que la xénophobie existe, mais on n’en fait pas un élément central de leur système.

Ce que Hayek laisse entrevoir dans la période Thatcher et un peu plus dans ses écrits des années 1980 sur la moralité, c’est cette idée qu’il pourrait y avoir un patrimoine de certaines vertus culturelles qui adhèrent à certains groupes culturels et pas à d’autres. Cela devient alors un moyen dangereux de défendre une version fortement séparatiste ou ségrégationniste du libéralisme du marché libre – ce qui semble être une contradiction dans les termes, mais ne l’est pas.

Daniel Denvir : Vous affirmez que, contrairement à l’image standard du néolibéralisme comme étant le déchaînement ou la libération du marché, ou pour ceux qui suivent Karl Polanyi, le « désenchevêtrement du marché », le néolibéralisme a en fait consisté à encastrer ou à protéger les marchés du contrôle démocratique et ce, de manière assez spécifique au niveau mondial. Expliquez votre argument.

Quinn Slobodian : Je pense que la formulation que j’utilise, surtout dans l’introduction, vise à repousser une métaphore commune dont on entend parler, surtout depuis les années 1970, comme d’une ouverture des marchés. On entend parler de commerce sans entrave ou de mouvements de capitaux sans entrave. Lorsque l’on étudie la pratique et l’histoire du droit économique international, c’est une étrange façon de décrire ce qui s’est passé depuis les années 1970, car ce que l’on observe en fait depuis les années 1970, c’est une prolifération d’instruments juridiques, d’institutions juridiques, de pouvoirs et de compétences, de nouvelles formes de droit économique international pour contrôler, superviser, réglementer et parfois appliquer la législation non seulement à la frontière, mais au-delà de la frontière et dans le comportement privé des États. La Cour européene de justice, par exemple, a le droit d’annuler des décisions prises au niveau national ou même de contraindre des nations à faire certaines choses, comme cesser de soutenir des entreprises nationales ou vendre des industries nationales, comme elle l’a fait.

Tout cet appareil est devenu de plus en plus complexe depuis les années 1970. L’un des articles les plus marquants sur l’émergence du droit économique international, écrit par David Kennedy, professeur à la Harvard Kennedy School, fait une sorte de blague à la fin de l’article, en disant que ce que cette émergence du droit économique international devrait faire comprendre aux avocats, c’est qu’il est temps de sortir les CV, parce que vous allez avoir plus d’offres d’emplois. Il s’agit en fait d’un domaine en pleine croissance. La surveillance, l’arbitrage, les litiges et le règlement de toutes ces affaires occupent des armées entières d’avocats et de bureaucrates.

Ainsi, l’image que nous avons de la mondialisation comme une sorte de zapping des forces dans le monde entier en réponse au paysage en constante évolution de l’offre et de la demande – cette idée que le monde est plat et que les choses se déplacent simplement là où elles sont nécessaires et que tout cela se fait sans friction, et c’est un problème, nous devons le ralentir – je pense que c’est trompeur. Je pense que la réalité de la mondialisation est un maquis toujours plus dense d’instruments juridiques visant à pousser le commerce, les investissements et la migration dans un sens et pas dans un autre. Et ce que j’ai essayé de décrire dans le livre, c’est la logique normative au cœur des personnes qui réfléchissent à la manière dont elles veulent que l’économie mondiale soit régulée.

Cela nous éloigne donc de l’idée que le néolibéralisme est une déréglementation, ce qui, à mon avis, est vraiment trompeur. Cela nous éloigne de l’idée du fondamentalisme du marché en partant du principe que nous avons réellement quelque chose qui pourrait être appelé un marché libre ou un marché désincarné. Ce que nous voyons plutôt, c’est un type particulier de marché intégré, une forme particulière de réglementation. J’ai trouvé que l’idée d’encastrer un ensemble particulier d’arrangements, plutôt que d’être dépourvue de sens, est en fait descriptivement beaucoup plus proche du monde dans lequel nous vivons.

Contributeurs

Quinn Slobodian est ACLS Frederick Burkhardt residential fellow à la Weatherhead Initiative on Global History de l’université de Harvard et professeur associé d’histoire au Wellesley College. Son livre le plus récent s’intitule « Globalists : The End of Empire and the Birth of Neoliberalism » [Les mondialistes : la fin de l’Empire et la naissance du néolibéralisme, NdT].

Daniel Denvir est l’auteur de All-American Nativism [Le Nativisme américain, NdT] et l’animateur de The Dig sur Jacobin Radio.

Source : Jacobin Mag, Quinn Slobodian, 18-11-2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

Micmac // 31.12.2022 à 06h36

Vous pouvez trouver des mathématiques pour modéliser n’importe quoi, ce n’est pas ce qui prouve que votre théorie a un lien avec la réalité. Mathématiquement, le modèle de Ptolémée, avec la Terre au centre de l’Univers et tout le reste qui tournait autour, était parfait.

La seule chose qui permet de vérifier un modèle économique est de regarder ses résultats, et donc ce qui a été fait. Bien sûr, tout ceux qui ont connu les années 70-80 voient très bien que c' »était mieux avant ». Et là, les libéraux vous accusent d’être passéiste, contre le « progrès ». Ou bien qu' »on pouvait pas faire autrement ». Le destin, en somme.

C’est logiquement très bancal, ça n’a aucun rapport avec la méthode scientifique, mais ça marche. Jusqu’à maintenant en tout cas.

L’économie, c’est de la politique. Par exemple, le modèle communiste fonctionnait puisque il a réussi (finalement) à assouvir les besoins basiques des citoyens des sociétés soviétiques. Ce à quoi le libéralisme ne parvient même plus. Les soviétiques ont voulu autre chose, mais ça n’invalide pas le modèle.

On a le choix de la politique économique, ce choix fait parti du débat public. On peut très bien vouloir une société ultralibérale très inégalitaire (et donc in fine très autoritaire), mais il faut assumer ce choix autrement que par des arguments d’autorité « scientifiques ».

13 réactions et commentaires

  • calal // 30.12.2022 à 08h59

    « c’est un type particulier de marché intégré, une forme particulière de réglementation. »
    oui et beaucoup disent que c’est tout simplement un processus de domination arbitraire avec une regle pour toi et une regle differente pour moi avec evidemment la regle pour moi qui me donne un avantage competitif sur toi…

    L’auteur oublie de parler de ce qui a rendu tout cela possible: la monnaie et la quantite de monnaie. PArce que parler de Capital c’est quand meme un peu vague et trop general. Ne pas parler de monnaie alors que l’ere du dollar,monnaie de reserve universelle « as good as gold », semble toucher a sa fin…

      +12

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  • gracques // 30.12.2022 à 09h12

    En fait tout ceci me paraît bien ennuyeux et passablement hors sujet à l’ heure ou l économie politique est peu à peu marginalisée de la faculté …. tous ces ‘sujets’ traités ici’ne’sont plus que réflexions d historiens alors que la ‘vraie science économique’ est faite de math et de ‘modeles’ cf jean tirole sur ce point.
    Selon ce très écoute prix soit disant Nobel , ils ne sont plus dans’l idéologie mis dans ‘la,science ‘ même si,cette science produit les mêmes effets …..
    C est la critique de ce scientisme qui est importante aujourd’hui.

      +7

    Alerter
    • Jean // 30.12.2022 à 15h35

      @gracques,

      Ne serais-ce pas plutôt qu’ils font passer leur idéologie pour de la science ?
      Pour un scientifique toutes les idées se valent à priori et seule l’expérimentation dans le monde réel peut valider ou invalider une théorie selon sa reproductibilité. Pour le partisan d’une idéologie au contraire tout est déjà déterminé à l’avance et le réel, lorsqu’il est en désaccord avec la théorie, se trompe.

      Comment reconnaitre un esprit formaté par une idéologie ?
      Par son fanatisme, par le fait qu’il vous répondra, au milieu du chaos que son obsession à générée, que ça n’a pas marché car la transformation du réel par l’idéologie n’est pas encore complète. Car pour le fanatique, jusqu’à la folie, c’est la réalité qui doit s’adapter à son idéologie et non l’inverse.

      C’est cette capacité à adapter l’idéologie au réel qui explique la formidable réussite de l’économie chinoise et c’est notre incapacité à remettre en question le dogme néolibéral qui expliquera une faillite dont on ne mesure pas encore, non seulement l’ampleur, mais aussi les conséquences sur la réorganisation des rapports de forces internationaux.

        +9

      Alerter
      • jp // 30.12.2022 à 16h37

        tout à fait d’accord avec vous, ça fait 30 ans que je suis convaincue que « ils font passer leur idéologie pour de la science  » . Me semble que les syndicats de type la CGT le disaient dans des tracts dès les années 80

          +9

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        • john // 31.12.2022 à 00h10

          Je me souviens des cours d’économétrie où l’usage d’équations quelques peu absconses faisait prévaloir le sérieux de l’enseignement. Or les mathématiques demandent de la rigueur, et en matière d’économie cette rigueur est factice.

            +4

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          • Micmac // 31.12.2022 à 06h36

            Vous pouvez trouver des mathématiques pour modéliser n’importe quoi, ce n’est pas ce qui prouve que votre théorie a un lien avec la réalité. Mathématiquement, le modèle de Ptolémée, avec la Terre au centre de l’Univers et tout le reste qui tournait autour, était parfait.

            La seule chose qui permet de vérifier un modèle économique est de regarder ses résultats, et donc ce qui a été fait. Bien sûr, tout ceux qui ont connu les années 70-80 voient très bien que c' »était mieux avant ». Et là, les libéraux vous accusent d’être passéiste, contre le « progrès ». Ou bien qu' »on pouvait pas faire autrement ». Le destin, en somme.

            C’est logiquement très bancal, ça n’a aucun rapport avec la méthode scientifique, mais ça marche. Jusqu’à maintenant en tout cas.

            L’économie, c’est de la politique. Par exemple, le modèle communiste fonctionnait puisque il a réussi (finalement) à assouvir les besoins basiques des citoyens des sociétés soviétiques. Ce à quoi le libéralisme ne parvient même plus. Les soviétiques ont voulu autre chose, mais ça n’invalide pas le modèle.

            On a le choix de la politique économique, ce choix fait parti du débat public. On peut très bien vouloir une société ultralibérale très inégalitaire (et donc in fine très autoritaire), mais il faut assumer ce choix autrement que par des arguments d’autorité « scientifiques ».

              +15

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            • Anfer // 31.12.2022 à 12h32

              On peut rappeler que la numérologie et l’astrologie utilisent des chiffres et des « mathématiques », ça reste des balivernes.

                +2

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  • Danton // 30.12.2022 à 16h09

    Alors si je comprends bien la formation d’une idée politique, à la base, des élucubrations pseudo scientifiques ou et philosophiques d’un enfievré qu’on mettra quelques decennies ou siècles à remettre à sa juste place d’escroc ou de zozo. Généralement incompréhensible à la masse pour qui le sexe des anges importe moins que nourrir ses enfants, il se trouvent quelques interprétes, certains laudateurs et d’autres furieusement critiques. Ces interprétes chercheront un public en tirant l’avantage d’être les grands prêtres de la nouvelle religion. Bien sûr, si les élucubrations présentent un intérêt pour les puissants de ce monde(les vrais, pas les larbins dorés), l’inerprete va convraincre les conseillers des ploutocrates qui signeront le chéque en blanc pour divulgation, prosélitisme et guerre de communication. Argent puis mode, conformisme, lâcheté, paresse, avidite vont créer des armées d’eunuques de la bien pensance, la clericature intello-mediatico-politico-administrative.
    Et ainsi, les plus virulents zélateurs de la pendaison du dernier actionaire avec les tripes du dernier curé qui étaient de bon ton au début des années 70 sont devenus les plus acharnés militants du renard libre dans le poulailler libre. Le plus acharné libertaire gauchisant d’hier en appelle aujourd’hui à la cancellisation et au silence du contradicteur. Et comme les moutons d’Orwell, les eunuques bêlent dans le sens du vent.

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  • vert-de-taire // 31.12.2022 à 09h29

    Il ne me fait aucun doute que les ultra-riches ont de tous temps lutté par tous les moyens contre la démocratie, contre le pouvoir des gueux pour protéger leurs intérêts de classe.
    On le voit parfaitement dès les tous débuts de la révolution française. C’est parfaitement clair et normalisé en 1791 sous condition de s’être débarrassé des contes de fées réécrivant l’histoire pour les gueux. Les ultra-riches ont pris le pouvoir total et ne l’ont jamais lâché. Une illustration : les détenteurs de la création de monnaie et de son usage sont des banquiers privés. La banque centrale étant une réunion d’ultra-riches. ILS décident de ce que l’on produit et ce que l’on ne produit pas, ILS décident de toute l’Activité.
    Le modèle est capitaliste, un système normatif ploutocratique (où le + riche a tout le pouvoir) et néolibéral une étiquette plus présentable aux gueux que capitalisme. Néo/libéral/isme sont des mots captieux.
    On peut changer de point de vue, c’est instructif mais les faits sont têtus : ILS n’ont jamais lâché le pouvoir total. Les diverses méthodes comme déplacer les esclaves vers les usines ou le contraire sont des détails. Jamais les peuples n’ont eu à en décider et encore moins ni quoi produire, ni comment, ni … rien. La seule chose qu’on demande aux gueux c’est d’acheter ce qu’on leurs propose. Et s’ils se révoltent, ILS les terrorisent. ILS mènent la guerre pour leur survie et nous sommes menés comme leur bétail. Pas de chance, ce bétail devient inutile, les robots et les machines suffisent…

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  • Anfer // 31.12.2022 à 14h10

    Le liberalisme à la base repose sur des présupposés irrationnels, tout comme ceux des réactionnaires.

    La base du liberalisme ce sont les droits naturels, liberté mais surtout propriété.
    L’ origine ces droits est d’abord divine, puis avec le déclin de la croyance métaphysique et l’arrivée de la science, ils ont été naturalisés pseudo scientifiquement.

    Mais ce n’est pas un argument, c’est la même chose que l’affirmation réactionnaire du « c’est dieu/allah/le monstre spaghetti volant/la race supérieure/le grand recit mythique, etc… qui l’a voulu ainsi ! Alors ferme ta gue… sinon on te la fermera de force ».

    Si on enleve aux liberaux, le « c’est comme ça que ça se passe, parce que ça s’est toujours passé comme ça », qui n’est pas un argument, mais un raisonnement circulaire, il reste quoi ?

    Ben, pas grand chose, juste une morale de bourgeois propriétaires qui veulent garder leurs avantages.
    « Si vous aussi, vous voulez devenir un oisif rentier comme nous, alors travaillez pour accroître notre capital et soyez bien obéissants, sinon les flics viendront vous défoncer à coup de LBD »
    Ce que Macron et ses clones appellent « l’ordre républicain ».

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    • vert-de-taire // 01.01.2023 à 12h07

      Pas mal mais une objection :
      *** Le liberalisme à la base repose sur des présupposés irrationnels, tout comme ceux des réactionnaires. ***

      Le libéralisme repose sur une rationalité ‘naturelle’.
      Les plus doués entraînent le reste. Ils ont la liberté d’agir et de s »imposer par le service qu’ils rendent à la communauté. On retrouve un peu cela dans la méritocratie (un peu car cette méritocratie est d’abord une soumission, docilité).

      C’est ce que « fait » la nature dans les hordes animales comme les mammifères supérieurs nos ancêtres cousins.
      Je simplifie outrageusement étant ignare : Un alpha conquiert pour un temps le privilège de l’accès aux femelles et est prioritaire pour les ressources vitales. Il impose sa lignée comme champion avéré et s’impose comme ‘décideur’. L’espèce s’en renforce.
      Le libéral s’inspire de cet exemple.
      Mais le libéralisme a triché. Ou plutôt, les dominants n’ont pas respecté toutes les règles. Ils ont sélectionné : exemple les héritiers héritent du pouvoir. C’est contraire au principe, c’est en contradiction avec l’idée de sélectionner les plus doués.
      Parler de libéralisme est donc une supercherie. C’est un conte de fées pour hypnotisés. Mais si les gueux y croient….
      La seule chose qui est tangible et durable : les ultra-riches dominent, décident et se reproduisent. C’est une classe sociale qui parvient à hypnotiser les gueux avec un succès durable en mentant sur la réalité. Ceci depuis 1791 sans trêve.

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      • Anfer // 01.01.2023 à 13h33

        C’était le cas avant aussi dans la société tri-fonctionelle, ceux qui se battent (les nobles), ceux qui prient (le clergé), ceux qui travaillent (le reste +90% de la population).

        La noblesse représente le pouvoir de la coercition physique avec le droit exclusif de porter les armes, et le clergé qui est le pouvoir spirituel, justifie l’état des choses avec l’exclusivité de l’accès au savoir qui lui permet de donner un récit officiel unique.
        2 classes qui sont exemptés d’impôts, tout comme l’étaient les citoyens romains, qui formaient en leur temps une république oligarchique de propriétaires d’esclaves.

        Le récit à changé, car cette société était en décalage par rapport aux évolutions techniques et sociales.

        Les nobles ne se battent plus, la massification des armés et la sophistication de la guerre avec l’artillerie ont rendue le système de guerre féodale obsolète.
        L’imprimerie et l’alphabétisation ont diffusé le savoir qui n’est plus l’exclusivité du clergé.

        L’état central remplace ces structures plus locales, car lui seul a les moyens de fondre des canons, et se mobiliser de grandes armées.
        Il a besoin d’administrateurs civils instruits, pour sa bureaucratie naissante.

        On trouve ces changements ailleurs qu’en Europe, en Chine impérial à plusieurs reprises, mais les administrateurs de l’état n’ont jamais eu une idéologie favorable aux marchands qu’ils ont toujours méprisés.

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  • martin // 04.01.2023 à 21h29

    Dans La doctrine du fascisme, signé de la main de Mussolini, mais probalement écrit par Gentile, philosophe puissant, on peut lire que le fascisme est composé de deux éléments:
    1> Répression de toute forme de parole ou d’action hostile à l’Etat,
    2> Fusion du pouvoir d’Etat et des Corporations.
    Le lent mouvement entamé dans les années cinquantes et dont le néolibéralisme n’est qu’un aspect, n’est rien d’autre que cela, un fascisme.
    « Si le fascisme doit revenir, il le fera en prenant le masque du libéralisme » Pasolini

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