Les Crises Les Crises
21.octobre.201521.10.2015 // Les Crises

Le prétexte de l’État islamique et les guerres qui viennent en Libye par Ramzy Baroud

Merci 110
J'envoie

Source : Foreign Policy Journal,

Que la Libye soit bombardée par les Arabes ou par les puissances occidentales, la crise qui y sévit va probablement s’intensifier, voire empirer, comme l’histoire l’a amplement démontré.

Une autre guerre se prépare en Libye : reste à savoir « comment » et « quand » ? Alors que la perspective d’une autre épreuve de force militaire a peu de chance de délivrer la Libye des bouleversements sécuritaires et conflits politiques qu’elle connaît actuellement, elle pourrait changer la nature du conflit dans ce pays arabe riche, mais divisé.

Un important pré-requis à la guerre est de trouver un ennemi ou, si nécessaire, d’en inventer un. Le soi-disant « État Islamique » (Daech), quoique ne représentant pas vraiment une composante importante de la politique divisée du pays, est probablement destiné à devenir cet adversaire.

La Libye est actuellement clivée : politiquement, entre deux gouvernements, et géographiquement, entre moult armées, milices, tribus et mercenaires. C’est un État défaillant par excellence, bien qu’une telle désignation ne fasse pas justice à la complexité du cas libyen ni aux causes profondes de cet échec.

Maintenant que Daech a quasiment conquis la ville de Syrte, jadis une place forte de l’ancien chef libyen, Mouammar Kadhafi, et le bastion de la tribu al-Qadhadhfa, la scène devient plus sombre que jamais. L’opinion reçue est que l’avènement du groupe opportuniste et sanguinaire est un évènement naturel étant donné le vide sécuritaire résultant des conflits politiques et militaires. Mais l’histoire ne s’arrête pas là.

Plusieurs évènements majeurs ont conduit à la présente impasse et au pur chaos en Libye. L’un fut l’intervention militaire de l’OTAN qui fut promue, à l’époque, comme une façon d’aider les Libyens dans leur soulèvement contre leur chef de longue date, Kadhafi. La mauvaise lecture intentionnelle de la résolution 1973 de l’ONU par l’OTAN s’est traduite par l’opération « protecteur unifié » qui a renversé Kadhafi, tué des milliers de personnes et confié le pays aux mains de nombreuses milices qui étaient collectivement qualifiées, à l’époque, de « rebelles ».

Le caractère d’urgence que l’OTAN a attribué à sa guerre – dont le but était, prétendument, de prévenir un possible génocide – a laissé de nombreuses personnes des médias soit solidaires, soit silencieuses. Peu d’entre elles osèrent parler franchement :

« Alors que le mandat de l’ONU confié à l’OTAN était de protéger les civils, l’alliance a, en pratique, perverti cette mission. Jetant tout son poids derrière l’une des parties au cours d’une guerre civile dont l’objectif était d’évincer le régime de Kadhafi, elle devint la force aérienne des milices rebelles au sol », écrivit Seumas Milne dans The Guardian en mai 2012.

« Ainsi, alors que le nombre de morts était peut-être entre 1000 et 2000 lorsque l’OTAN est intervenue en mars, en octobre il était estimé par le CNT (Conseil National de Transition) à 30 000, y compris des milliers de civils. »

Les élections furent un autre événement important. Les Libyens ont voté en 2014, engendrant une étrange réalité politique où deux ‘gouvernements’ clament être les représentants légitimes du peuple libyen : un à Tobrouk et Beida, et l’autre à Tripoli. Chaque ‘gouvernement’ dispose de ses propres branches militaires, alliances tribales et bienfaiteurs régionaux. De plus, chacun d’entre eux est impatient de revendiquer une part plus importante de l’énorme richesse pétrolière du pays et l’accès aux ports, développant ainsi sa propre économie.

Tout ce que ces gouvernements sont arrivés à accomplir, cependant, est une paralysie politique et militaire interrompue par des batailles mineures ou majeures et un massacre occasionnel. C’est-à-dire, jusqu’à ce que Daech apparaisse sur la scène.

L’avènement soudain de « Daech » fut bien commode. Au départ, la menace « Daech » apparut comme une allégation exagérée des voisins arabes de la Libye pour justifier leur propre intervention militaire. Puis, elle fut établie par des vidéos montrant des « géants » de Daech modifiés visuellement en train de trancher la gorge de pauvres travailleurs égyptiens sur une mystérieuse plage. Puis, peu de choses s’étant passées entre-temps, les combattants de Daech commencèrent à prendre le contrôle de villes entières, déclenchant des appels de chefs libyens à intervenir militairement.

Mais la prise de contrôle de Syrte par « Daech » ne peut pas être expliquée avec une telle désinvolture comme le simple fait d’un groupe militant cherchant à faire des incursions dans un pays divisé politiquement. Cette prise de contrôle soudaine a eu lieu dans un contexte politique spécifique qui peut expliquer la montée en puissance de « Daech » de façon plus convaincante.

En mai, la 166e Brigade de l’Aube libyenne [groupes armés liés au Nouveau Congrès Général national, NdT] (affiliée à des groupes qui contrôlent actuellement Tripoli) se retira de Syrte sans grande explication.

« Un mystère continue d’entourer le retrait soudain de la brigade », écrivit Kamel Abdallah dans Al-Ahram Weekly. « Les officiels n’ont toujours pas présenté leur compte-rendu, nonobstant le fait que cette action ait aidé les forces de Daech » à se procurer une mainmise incontestée sur la ville. »

Alors que des combattants salafistes et des membres armés de la tribu al-Qadhadhfa ont agi pour mettre un terme aux avancées de « Daech » (avec de terribles massacres signalés, mais pas encore vérifiés), les deux gouvernements libyens doivent encore agir de façon tangible contre « Daech». Même le général Khalifa Heftar, farouchement pro-guerre et anti-islamistes, et sa soi-disant « Armée Nationale Libyenne » n’ont pas accompli un grand effort pour combattre « Daech», dont l’emprise s’étend aussi à d’autres parties de la Libye.

À la place, pendant que « Daech» avance et consolide son emprise sur Syrte et ailleurs, le Premier ministre Abdoullah Al-Thinni basé à Tobrouk a exhorté les « nations arabes sœurs » à venir en aide à la Libye et à conduire des attaques aériennes sur Syrte. Il a également exhorté les pays arabes à faire pression sur l’ONU pour mettre un terme à l’embargo sur l’armement à destination de la Libye, qui est déjà saturée d’armes qui sont souvent livrées illégalement depuis diverses sources arabes de la région.

Le gouvernement de Tripoli appelle également à agir contre « Daech », mais les deux gouvernements, qui n’ont pas réussi à dresser une feuille de route politique pour l’unité, refusent toujours de travailler ensemble.

L’appel à une intervention arabe dans l’état de pagaille sécuritaire de la Libye est motivé politiquement, bien sûr, car Al-Thinni espère que les attaques aériennes mettraient ses forces en position d’étendre leur contrôle sur le pays, en plus de renforcer la position politique de son gouvernement dans tout accord futur négocié sous l’égide de l’ONU.

Mais une autre guerre se prépare ailleurs, cette fois impliquant les suspects habituels de l’OTAN. Les intrigues occidentales, cependant, sont bien plus sophistiquées que les desseins politiques d’Al-Thinni. Le London Times a signalé le 1er août que « des centaines de troupes britanniques sont alignées pour se rendre en Libye dans le cadre d’une nouvelle mission internationale majeure », laquelle inclura également « du personnel militaire d’Italie, de France, d’Espagne, d’Allemagne et des États-Unis… dans une opération qui semble conçue pour être activée une fois que les factions rivales en conflit en Libye se mettront d’accord pour former un seul gouvernement d’unité nationale. »

Ceux impliqués dans l’opération qui pourrait, selon une source du gouvernement britannique, se matérialiser « vers la fin août », sont des pays avec des intérêts économiques sur place et sont les mêmes protagonistes que ceux qui étaient derrière la guerre en Libye en 2011.

Commentant le rapport, Jean Shaoul écrivit : « On s’attend à ce que l’Italie, l’ancienne puissance coloniale en Libye, fournisse le plus gros contingent de troupes terrestres. La France a des liens coloniaux et commerciaux avec les voisins de la Libye, la Tunisie, le Mali et l’Algérie. L’Espagne conserve des avant-postes au nord du Maroc et l’autre puissance majeure impliquée, l’Allemagne, cherche une fois encore à accéder aux ressources et aux marchés africains. »

Il devient de plus en plus clair que la Libye, jadis une nation souveraine et relativement prospère, se mue en un terrain de jeux pour une partie de géopolitique géante et de gros intérêts et ambitions économiques. Malheureusement, les Libyens sont ceux-là mêmes qui ont rendu possible la division de leur propre pays, les pouvoirs arabes et occidentaux complotant pour s’assurer une part plus importante de la richesse économique et de la valeur stratégique de la Libye.

La prise de contrôle de Syrte par Daech est présentée comme un tournant décisif qui, à nouveau, génère de l’hystérie guerrière – semblable à celui qui précéda l’intervention militaire de l’OTAN en 2011. Que la Libye soit bombardée par les Arabes ou par les puissances occidentales, la crise qui y sévit va probablement s’intensifier, voire empirer, comme l’Histoire l’a amplement démontré.

Source : Foreign Policy Journal, le 27/08/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Commentaire recommandé

karima // 21.10.2015 à 07h06

Dans la division et le chaos seules prospèrent les multinationales qui utilisent l’Otan, l’Onu et les pays occidentaux… Nos Etats ne sont là que pour être au service de ces Entreprises. Le peuple Libyen n’a plus aucune carte à jouer. Il a été le premier pion à bouger, et sur l’échiquier le Fou Daesh est activé pour permettre la justification de l’intervention perpétuelle des occidentaux… Comme en Syrie, comme au Mali, comme au Niger… Le jeu est bien rodé maintenant
1: révolte populaire en la chauffant à blanc sur toutes les bonnes raisons qui ne manquent jamais(dictateur, conflit ethnique, confessionnel, démocratie etc etc)
2: préparation mentale des populations occidentals avec nos merdias à accepter l’intervention militaire pour raison humanitaire et démocratique (parfois on met en avant un BHL qui passe bient à la télé)
3: gesticulation pour avoir un mandat onusien (histoire de se couvrire pénalement pour l’histoire, ça a marché pour la lybie et pas pour la syrie)
4: intervention militaire qui permet de liquider le pouvoir en place et armer tous les groupes qui veulent jouer à la guerre
5: quand ces groupes s’allient et commencent à discuter, Daesh intervient
6: et Hop re-intervention militaire et on reprend pour de très longues année à partir de 4

Pendant ce temps, le pétrole continue de couler et évidement à un prix bien en dessous du marché… Elles est pas belle la vie???

Alors pour les moutons qui essayent encore et encore de chercher des explication à ce merdier bien ordonné dans la religion, dans la culture et je ne sait quoi encore ferait bien mieux d’apprendre à jouer aux echèques

Haaaa ce cas de figure bien sûr ne fonctionne pas en Israel puisque ce pays est dans le camps des occidentaux donc cela n’ira jamais plus loin que la révolte populaire palestinienne. Là, pas de groupes sur militarisés qui débarquent pas de Daesh évidement… Les merdias occidentaux bien sûr ne chauffent pas à blanc la population en présentant les droits élémentaires bafoués des palestiniens et leur réalité sous occupation féroce mais en pleurnichant sur la sauvagerie des palestiniens contre ces bienfaiteurs de l’humanité que sont les israéliens…

J’en arrive presque à regretter de ne pas vivre pendant la révolution française ou mieux pendant les guerres d’indépendance… Là au moins lorsque le peuple se révoltait c’était pas récupéré par TOTAL et COCA…

29 réactions et commentaires

  • karima // 21.10.2015 à 07h06

    Dans la division et le chaos seules prospèrent les multinationales qui utilisent l’Otan, l’Onu et les pays occidentaux… Nos Etats ne sont là que pour être au service de ces Entreprises. Le peuple Libyen n’a plus aucune carte à jouer. Il a été le premier pion à bouger, et sur l’échiquier le Fou Daesh est activé pour permettre la justification de l’intervention perpétuelle des occidentaux… Comme en Syrie, comme au Mali, comme au Niger… Le jeu est bien rodé maintenant
    1: révolte populaire en la chauffant à blanc sur toutes les bonnes raisons qui ne manquent jamais(dictateur, conflit ethnique, confessionnel, démocratie etc etc)
    2: préparation mentale des populations occidentals avec nos merdias à accepter l’intervention militaire pour raison humanitaire et démocratique (parfois on met en avant un BHL qui passe bient à la télé)
    3: gesticulation pour avoir un mandat onusien (histoire de se couvrire pénalement pour l’histoire, ça a marché pour la lybie et pas pour la syrie)
    4: intervention militaire qui permet de liquider le pouvoir en place et armer tous les groupes qui veulent jouer à la guerre
    5: quand ces groupes s’allient et commencent à discuter, Daesh intervient
    6: et Hop re-intervention militaire et on reprend pour de très longues année à partir de 4

    Pendant ce temps, le pétrole continue de couler et évidement à un prix bien en dessous du marché… Elles est pas belle la vie???

    Alors pour les moutons qui essayent encore et encore de chercher des explication à ce merdier bien ordonné dans la religion, dans la culture et je ne sait quoi encore ferait bien mieux d’apprendre à jouer aux echèques

    Haaaa ce cas de figure bien sûr ne fonctionne pas en Israel puisque ce pays est dans le camps des occidentaux donc cela n’ira jamais plus loin que la révolte populaire palestinienne. Là, pas de groupes sur militarisés qui débarquent pas de Daesh évidement… Les merdias occidentaux bien sûr ne chauffent pas à blanc la population en présentant les droits élémentaires bafoués des palestiniens et leur réalité sous occupation féroce mais en pleurnichant sur la sauvagerie des palestiniens contre ces bienfaiteurs de l’humanité que sont les israéliens…

    J’en arrive presque à regretter de ne pas vivre pendant la révolution française ou mieux pendant les guerres d’indépendance… Là au moins lorsque le peuple se révoltait c’était pas récupéré par TOTAL et COCA…

      +73

    Alerter
    • Nasser // 21.10.2015 à 07h54

      Bonjour, Je n’ ai jamais lu une synthèse aussi claire de ce conflit. Merci :- ))

        +9

      Alerter
    • Alfred // 21.10.2015 à 08h44

      On peut comprendre et partager votre degout mais attention à ce que vous dites: Pendant la révolution française vous et votre famille auriez été contraints d’infliger et surtout de subir de multiples violences d’une part et d’autre part l’implication de certains milieux financiers déjà n’était pas anodine. La révolution a accouché de Bonaparte qui a été sélectionné par quelques grands banquiers parmis d’autres généraux talentueux issus de la révolution pour leurs plus grands bénéfices (création de la banque (privée an l’époque) de France notamment).
      Idem pour les décolonisations. En grattant assez profond on découvre juste des changements de maîtres (avec parfois des processus violents pour les pions).
      Rien de nouveau sous le soleil. Nos ennemis restent les mêmes. Attention de ne pas s’enflammer et souffrir pour simplement leur servir une meilleure soupe.

        +29

      Alerter
      • karima // 21.10.2015 à 13h26

        haaaa donc pour vous rien de nouveau alors… Je ne crois pas que Les Blacks, les métisses d’Afrique du Sud, ou bien encore les malgaches, les algériens auraient préfèrés resté une sous espèce humaine, juste bonne à fournir une MOD bon marché, maléable au possible etc…
        Pourquoi pensez vous que la Tunisie a évité de justesse le chaos à la Lybienne? même si elle n’est pas encore sortis totalement d’affaire???

        Comment pouvez vous croire que tous ces peuples là qui ont souffert bien plus que ce que vous imaginez, ne savent pas que les dictateurs qu’ils ont eu par la suite on bien été soutenus par les occidentaux?
        Demandez aux palestiniens si il ne préféreraient pas le joug du Hamas ou des fonctionnaires corrompus plutôt que la répression sans relâche des israéliens?

        Chaque peuple devrait pouvoir choisir son tortionnaire. Nous, on a bien mis Mollande et sa clique après avoir éjecté Sarko et sa bande à bono, non???

          +14

        Alerter
    • Anouchka // 21.10.2015 à 09h17

      Dans votre analyse, je ne comprends pas bien comment vous expliquez la nécessité d’entretenir des groupes comme DAesh. Pour des simples raisons de profit économique? Parce que les guerres et les destructions relancent la production et la croissance?
      A mon avis vous sous-estimez la composante idéologique. Les hommes ne sont pas que des êtres de raison et de besoin, ce sont aussi des êtres de désir et de pulsions.

        +3

      Alerter
      • Gibbs // 21.10.2015 à 10h53

        Je pense que dans chaque soulèvement, encadré par l OTAN ou non, il y a toujours un part de révolte légitime du peuple qui réclame des droits.
        De la, l’Otan/Onu entre en piste et les réels commanditaires alimente le conflit (arme, bombardement…) jusqu a obtenir ce qu ils recherchent (contrats, pétrole,…) Une la convoitise obtenu ou en cas d échec total, il font entrer en scène les dangereux fous qui discréditerons tout politique autre que le chaos.
        Et le peuple en vient a regretter son soulèvement.

          +5

        Alerter
        • Vladimir K // 21.10.2015 à 15h11

          La part de révolte légitime des peuples lors de soulèvement est équivalente à la notion de nécessité dans notre monde consumériste.

          Je m’explique : Les Libyens avaient autant besoin de virer Kadhafi (ou les ukrainiens de virer Yanukovich) que vous avez besoin de remplacer votre iPhone 5 par un iPhone 6.

          Peut-être est-ce mieux, peut-être que vous aurez plus de problèmes, mais en fin de compte, est-ce vraiment vous qui faites votre choix ? Ce changement est-il indispensable, et combien vous coûte-t-il ?

          Comme les consommateurs, les peuples qui se sont vus « offrir » une aide de l’OTAN l’ont souvent payé très cher, pour des bénéfices qui restent encore un trouver.

            +15

          Alerter
      • karima // 21.10.2015 à 13h56

        la composante idéologique??? haaa donc des repris de justice incultes et des nouveaux convertis à l’islam, sont plus proche de l’Islam que des mercenaires sans fois ni loi qui se prostituent au plus offrant???

        Anouchka, il n’y a qu’une idéologie qui tiennent dans ces guerres, depuis la fin de la colonisation (et il n’y en reste plus qu’une à ma connaissance qui n’est pas achevée), c’est le profit rien d’autre!

        je vous recommande l’excellent film, « lord of war »… pour esseyer de palper la réalité et d’arrêter de verser du spirituel et de la religion à toute les sauces…

        dois je vous rappeler qu’elles sont les enjeux économiques colossaux qui sont en tain de se jouer???

        Ahhh et suivez donc l’actualité (pas celle des merdia) et expliquez moi pourquoi les US ont livré des toyotas flambants neufs à Daesh qui se pavanent avec pour ses films de propagande?

          +12

        Alerter
    • Pierre Davoust // 21.10.2015 à 10h23

      Pour ce qui est de la révolution française, il n’a fallu que quelques années pour qu’elle soit récupérée par la bourgeoisie, celle-là même qui s’est approprié plus tard et comme vous dites Total, Coca cola.

        +7

      Alerter
      • Anouchka // 21.10.2015 à 10h44

        Quelques années? Mais moi je croyais que la révolution francaise avait précisément ete faite par la bourgeoisie qui en avait ras le bol d’être exclue du pouvoir par une classe noble devenue totalement inefficace et inutile économiquement parlant. Les bourgeois etaient la classe dominante mais cet état de fait n’était pas reflété dans les institutions. C’est ca que la révolution a changé.
        A part ça, les riches sont restés riches et les pauvres pauvres.

          +18

        Alerter
        • cording // 21.10.2015 à 21h45

          La bourgeoisie telle qu’on la définit au 18è siècle n’a pas le même sens, ni même contenu que de nos jours.

            +4

          Alerter
      • karima // 21.10.2015 à 14h03

        la bourgeoisie éduquait ses gosses et avait compris qu’elle avait une carte à jouer pour s’accaparer le pouvoir… Elle l’a fait et ne la plus quitté depuis… Seule l’éducation, et la vrai, de tous les enfants pourrait changer la destinée des hommes… Mais, même ça est travertis aujourd’hui(on trouve l’école des riches qui permettra de faire sortir les élites qui nous dirigeront (pas tous évidement y arriveront…)

          +4

        Alerter
        • Anouchka // 21.10.2015 à 16h20

          Karima, Le niveau d’éducation est toujours corrélé avec le developpement economique. La noblesse d’ancien régime n’eduquait pas moins ses enfants que la bourgeoisie. En revanche elle avait un désavantage economique comparatif par rapport à la bourgeoisie: les nobles n’avaient pas le droit de faire du commerce sous peine de perdre leur statut de nobles. C’est ce qui explique que la bourgeoisie en France etait si puissante a la veille de la révolution. Et qu’elle avait conscience de sa puissance.
          En Allemagne, par exemple, la situation etait tres différente: les nobles avaient le droit de faire du commerce et du coup ils etaient tres riches, accaparaient toutes les fonctions de l’état et ne laissaient pas la bourgeoisie « monter ». Cette situation différente par rapport à la France explique le développement du romantisme et du sentiment national dans la bourgeoisie allemande a la fin du xviiie siecle. Les bourgeois avaient besoin de se « construire » une noblesse pour avoir le sentiment d’exister et d’avoir de la valeur : ils ont développé l’idéologie du sang germanique, de la noblesse liée a la nationalité (ce qui débouchera plus tard sur le nazisme).
          Comme vous le voyez, Karima, ces deux exemples montrent que si l’économique est certes prépondérant dans l’explication des phénomènes historiques, il n’est rien sans sans la force motrice constituée par l’idéologie des acteurs sociaux. Seule l’idéologie permet aux acteurs de trouver en eux l’énergie suffisante pour agir. L’interet economique en soi est rarement suffisamment motivant, sauf bien sur si il existe une religion de l’intérêt economique (ce qui est le cas aujourd’hui ).
          L’Islam agit en ce moment au Moyen-Orient comme un moyen de galvaniser les hommes, de les motiver pour agir. Certes, derrière se cachent des rapports de domination economique. Mais l’Islam est le carburant qui permet précisément les rapports de domination et d’exploitation de l’homme par l’homme. Pourquoi se voiler la face?

            +11

          Alerter
    • TC // 21.10.2015 à 13h08

      « Là au moins lorsque le peuple se révoltait c’était pas récupéré par TOTAL et COCA… »

      Détrompez-vous ! Le peuple a toujours été l’idiot utile des oligarchies pour s’accaparer le pouvoir (« Agitez le peuple avant de s’en servir »). C’était déjà valable du temps de la Révolution Française où la bourgeoisie en a chassé la noblesse ou encore pour l’indépendance des Etats-Unis où les marchands de thé voulaient s’affranchir de devoir payer des taxes à l’Angleterre.

      La guerre n’est avant tout qu’une question d’argent : « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels ».

        +13

      Alerter
    • karima // 21.10.2015 à 14h13

      sur le grand échiquier, ce plan capote lorsque la Russie intervient et fais bouger sa Reine cf Ukraine et maintenant Syrie…
      Le jeu devrait bientôt faire intervenir le pion Algérie… Wait and see

        +5

      Alerter
  • Bruno // 21.10.2015 à 07h31

    A propos du mensonge, lire Celine, Voyage au bout de la nuit.

    Mentir, baiser, mourir. Il venait d’être défendu d’entreprendre autre chose. On mentait avec rage au-delà de l’imaginaire, bien au-delà du ridicule et de l’absurde, dans les journaux, sur les affiches, à pied, à cheval, en voiture. Tout le monde s’y était mis. C’est à qui mentirait plus énormément que l’autre. Bientôt, il n’y eut plus de vérité dans la ville. Le peu qu’on y trouvait en 1914, on en était honteux à présent. Tout ce qu’on touchait était truqué, le sucre, les avions, les sandales, les confitures, les photos ; tout ce qu’on lisait, avalait, suçait, admirait, proclamait, réfutait, défendait, tout cela n’était que fantômes haineux, truquages et mascarades. Les traîtres eux-mêmes étaient faux. Le délire de mentir et de croire s’attrape comme la gale. La petite Lola ne connaissait du français que quelques phrases mais elles étaient patriotiques : « On les aura !… », «Madelon, viens !… » C’était à pleurer.

      +12

    Alerter
  • Nicolas // 21.10.2015 à 07h51

    Je me répète hein, mais le blog Foreign Policy Journal n’est pas le célèbre journal Foreign Policy. Ça n’enlève rien à la pertinence de cet article, mais ça explique simplement pourquoi l’article est aussi clairement anti-impérialiste alors que le journal Foreign Policy est l’un des outils du Ministère de la Vérité de l’Empire du Bien.
    Si on ne comprends pas ça on pourrait se dire que la rhétorique de l’Empire est en train de changer, ou que sais-je. Que nenni, c’est juste le blog d’un petit malin qui a pris le même nom que le célèbre journal (et qui publie des trucs intéressants, certes).

      +19

    Alerter
  • woiliwoilou // 21.10.2015 à 09h13

    étrange quand même que cette puissance militaire islamiste extrémiste ne s’attaque pas à Israël…, non ? après tout… ils pourraient avoir à coeur de sauver Gaza, non ?
    pourquoi attaquer d’abord leurs semblables… ?

      +20

    Alerter
    • karima // 21.10.2015 à 14h22

      excellente question, si il attaquait israel, Daesh ou qui que soit aurait derrière eux tous ceux que l’occupation et la colonisation d’Israel dégoutent au plus profond… Mais rien de tous ça, israel s’allient même à al qaïda via Al nosra… N’est ce pas là une alliance contre nature?

      Donc cessez de mettre de la religion dans ces conflits, juste des intérêts et des poches à se remplir

        +10

      Alerter
  • Gibbs // 21.10.2015 à 10h43

    Il a cependant un imprévu au plan coloniale de l’Otan : l’ émergence de la Russie.
    Mais nous vérifierons, en temps voulu, si elle a une réelle stratégie morale en apposant un veto le moment venu ou si l’exemple du cas Syrien ne sert que ses propres intérêt.

      +4

    Alerter
    • Anouchka // 21.10.2015 à 11h04

      Probablement cela ne sert que ses intérêts (je parle de la Russie) et c’est très bien comme ça.
      L’histoire a montré que les peuples qui cherchent à faire le bonheur de l’humanité en se mettant au service d’une grande idée éthique n’ont réussi qu’à créer l’enfer sur terre.
      La morale est une affaire personnelle, elle se pratique à l’échelle individuelle. Les états ne doivent être la que pour organiser (et défendre) les intérêts matériels des groupes humains.

        +13

      Alerter
  • scipio // 21.10.2015 à 11h22

    Retour au colonialisme du XIXéme.
    1/ On vient pour votre bien. Ici le mal à éradiquer c’est DAESH.

    2/ Autre particularité du colonialisme du XIXéme c’est que l’état intervenait pour favoriser des intérêts d’entreprises privées (banques, compagnies exploitant les ressources naturelles, …) mais ne retirait pas grand profit de la conquête d’autant plus qu’il devait assurer l’administration sur le terrain (pas question de confier les postes de responsabilité aux indigènes!).
    Ici c’est presque la même chose on vient pour « exploiter » le pays. Question ou sont passés les milliards de Kadhafi ? (question posé antérieurement sur une video sur ce blog (Prise de judo de Poutine à Obama).

    3/ Caractère plus exceptionnel par rapport au XIXéme on y va à plusieurs. Mais au XXéme c’est courant et il y eut des précédent au XIXéme l’expédition du Mexique sous Napoléon III.

    Au fond le monde arabo-musulman est l’objet d’un partage et d’un repartage, les USA ayant échoués à se l’approprier pour eux seuls, les autres France, Royaume Unis, Iran, Russie, etc.. voulant leur part du gâteau ou défendant leurs intérêts géostratégiques.

      +7

    Alerter
  • Quentin Alexandre // 21.10.2015 à 15h40

    pour ce qui est de la situation en Libye, Lugan est une référence,

      +1

    Alerter
  • Yannick // 21.10.2015 à 18h12

    Mélenchon sur la Syrie et l’intervention russe:
    https://youtu.be/LRSEWp4JOJg?t=2177

      +2

    Alerter
  • cording // 21.10.2015 à 21h49

    J’ai lu récemment que des tribus libyennes avaient investi Saif El Islam, l’un des fils de Khadafi comme son représentant. Est-ce vrai ou faux et/ou dans quelle mesure ? Peut-on m’apporter confirmation ou infirmation voire des précisions.

      +1

    Alerter
  • Dieselito // 21.10.2015 à 23h18

    Dans l’état actuel de ce chaos voulu et au final BHL n’est-il pas l’acronyme de Bien Heureuse Lybie?…….

      +1

    Alerter
  • karima // 22.10.2015 à 08h41

    j’ai juste une question qui me taraude l’esprit : quand un dictateur tombe ainsi que tous son clan que deviennent les milliards planqués en occident?

    Lorsqu’une entreprise fait faillite, un liquidateur est nommé et fait le partage de ce qu’il reste entre les créanciers, il réclame aussi le payement des créances de cette entreprise faite aux tiers… Rien de plus normal

    Mais lorsqu’il s’agit d’un dictateur ou d’un clan (peu importe) qui est liquidé (au vrai comme au figuré) que deviennent ses/leur avoirs à l’étranger?
    Les exemples ne manquent pas mais très peu d’info à ce sujet…
    Le Shah d’Iran, Khadafi, Moubarak, Ben Ali, Les Sanguinaires Africains(il y en a tellement), Sadam hussein, le petit dictateur haitien etc etc etc tous ont investis pour leur compte et celui de leur clan des sommes colloossales volées à leur pays et investis pas sur Mars mais bien sur Terre et pas non plus en Chine ou en Russie mais bien en occident, tout de même!!!
    Ces même pays occidentaux qui se targuent d’avoir une législation morale, n’est ce pas!!!!

    Si on fait la somme de tous ces avoirs (en immobilier, en argent, en or, en placement financier, en voiture, en montre de luxe ;)))) cela merite bien tout de même que de temps en temps on liquide un dictateur pour faire disparaitre son patrimoine immorale non? puisque personne n’en parle, hop ni vus ni connus dans la faillite on se sert :))))

      +3

    Alerter
  • superathée // 19.11.2015 à 16h07

    Tous ce que tu dis Karima est très fin et très juste…mais je pense que nous pouvons aller plus loin
    dans le cynisme de l’analyse.

    Nous voyons aujourd’hui les prémices d’une guerre de civilisation qui opposera l’occident au reste
    du monde. La raison de ce conflit est aujourd’hui le pétrole et demain il faudra ajouter l’accès à
    l’alimentation, à l’eau….à l’air,,,

    La réalité est si moche…nous nous multiplions à l’infini dans un environnement fini et l’inconscient collectif commence à le percevoir et panique.Il n’y a pas de manipulation
    « consciente » des masses par les multinationales ou L ONU ou L OTAN….c nous qui agissons
    chaque jour à accroitre par notre mode de vie la tension sur les ressources et les perspectives pour les pays non industrialisés…sont aujourd’hui réduite à néant.

    En fait si comme moi vos ne faites pas d’angélisme béa et si vous voulez maintenir le niveau
    de vie à l’occidental ( le seul modèle que je connaisse, ma réflexion ne me libérant pas de ma
    culture et de mon éducation…), si nous voulons vivre ensemble et ne pas nous trucider…il
    faudra réduire la population mondiale à 1 ou 2 milliards d’individus et c’est le seul vrai geste
    écologique que l’humain puisse faire !!!!

    Vous y croyez ? moi pas car comme l’explique Dawkins nous ne sommes là que pour transmettre
    nos gênes et rien de plus…donc l’humain ne sera jamais assez altruiste envers son espèce pour
    accepter (même inconsciemment) de renoncer à se reproduire…

    Bref on est foutu mais je serai mort depuis longtemps…dans un événement festif façon
    Daesh peut-être ou dans un accident de voiture ou de mort naturelle…

    Mai pour l’instant je m’en branle, étant occidental, peu sujet à l’empathie pour mon espèce à
    l’exception de mes proches…et fonctionnel dans le monde capitaliste que vous connaissez….
    je coule des jours relativement tranquille et heureux…

    Je suis inquiet pour mon fils…comment lui cacher qu’il est le fruit de mon égoïsme et de
    ma lâcheté face à ma pression biologique.

    Bon courage à tous

      +3

    Alerter
  • Afficher tous les commentaires

Les commentaires sont fermés.

Et recevez nos publications