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24.février.202324.2.2023 // Les Crises

Le procès d’Assange pourrait entraîner la suppression du Premier amendement, selon des avocats

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Des avocats, journalistes et défenseurs des droits humains de premier plan affirment que le procès d’Assange représente une grave menace pour le journalisme.

Source : Truthout, Marjorie Cohn
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le lanceur d’alerte des Pentagon Papers, Daniel Ellsberg, a rejoint d’autres journalistes, avocats et défenseurs des droits humains de premier plan pour appeler l’administration Biden à abandonner sa demande d’extradition et ses accusations contre le journaliste et éditeur de WikiLeaks Julian Assange, invoquant la menace que le procès d’Assange pourrait représenter pour le journalisme mondial.

« Chaque empire a besoin de secrets pour dissimuler ses actes de violence qui le maintiennent en tant qu’empire », a témoigné Ellsberg devant le tribunal de Belmarsh, le 20 janvier au Club de presse nationale à Washington. Le tribunal est nommé d’après la prison londonienne de haute sécurité de Belmarsh, où Assange a été détenu pendant près de quatre ans, se battant contre son extradition aux États-Unis. Le tribunal de Belmarsh, inspiré par le tribunal Russel-Sartre pendant la guerre du Vietnam, a été parrainé par Democracy Now!, Defending Rights & Dissent, Courage Foundation, DiEM25, The Intercept, The Nation et Pen International.

Assange est poursuivi pour violation de la loi sur l’espionnage alors qu’il a divulgué les preuves des crimes de guerre des États-Unis et risque jusqu’à 175 ans de prison s’il est condamné.

La liberté de la presse est en jeu

L’ancien leader du Parti Travailliste britannique Jeremy Corbyn a expliqué que si Assange était condamné à la perpétuité dans une prison de haute sécurité aux États-Unis, cela aurait un effet paralysant sur les journalistes. Corbyn a dit ce que chaque journaliste à travers le monde va pense : « Dois-je vraiment rapporter l’information qu’on m’a transmise ? Dois-je vraiment parler de cette violation des droits humains, de cette erreur judiciaire dans n’importe quel pays du monde ? Parce que le bras long des États-Unis [La loi sur l’espionnage] pourrait m’atteindre et un traité d’extradition me mettre dans la même prison. »

Le philosophe, auteur et activiste politique Srećko Horvat, co-président de ce tribunal, a souligné que le gouvernement des États-Unis « défend officiellement la liberté de la presse, mais en même temps continue la persécution d’un éditeur, Julian Assange. »

Quand Biden était en campagne pour la présidence en 2020, il a déclaré lors de la Journée mondiale pour la liberté de la presse : « Nous sommes tous solidaires » avec les 360 journalistes emprisonnés dans le monde entier « pour leur travail journalistique. » Biden a cité la déclaration de Thomas Jefferson en 1786 : « Notre liberté dépend de la liberté de la presse, et ne peut pas être limitée sans se perdre. »

Cependant, depuis l’élection de Biden, son administration a refusé de lever les accusations portées par Donald Trump à l’encontre d’Assange. Biden a ignoré le fait que l’administration Obama-Biden, qui a poursuivi plus de lanceurs d’alerte grâce à la loi sur l’espionnage que toutes ses prédécesseures réunis, et a refusé d’inculper Assange à cause du « problème du New York Times. » Si elle poursuit Assange, l’administration Obama en a déduit qu’elle devrait aussi poursuivre le New York Times et d’autres médias qui ont également publié des secrets militaires et diplomatiques classifiés.

Horvat a affirmé : « Tous les pays ont des lois pour le secret d’État. Certains pays ont des lois très draconiennes en la matière. Si ces pays essayaient d’extrader des journalistes et éditorialistes du New York Times pour avoir divulgué leurs secrets, nous crierions à juste titre au scandale. Cette administration veut-elle être la première à commettre l’acte sans précédent de demander l’extradition de journalistes et éditeurs étrangers pour avoir violé leurs propres lois ? »

Le 28 novembre 2022, le New York Times, the Guardian, Le Monde, Der Spiegel et El País ont conjointement signé une lettre ouverte appelant l’administration Biden à abandonner les charges de la loi sur l’espionnage à l’encontre d’Assange. « Publier n’est pas un crime », ont-ils écrit, soulignant le fait qu’Assange est le premier éditeur à être poursuivi sous le coup de cette loi pour avoir révélé des secrets gouvernementaux.

En 2010, les cinq signataires de la lettre ouverte ont collaboré avec WikiLeaks pour publier « l’affaire des télégrammes » – 251 000 télégrammes confidentiels du Département d’État des États-Unis qui « ont révélé des scandales diplomatiques, de la corruption et des affaires d’espionnage à l’échelle mondiale. » Ces documents, d’après le New York Times, ont révélé « l’histoire sans fard de la façon dont le gouvernement prend ses plus grandes décisions, celles qui coûtent le plus cher au pays en vies humaines et en argent. »

L’inculpation d’Assange remonte aussi aux révélations de WikiLeaks sur les rapports de la guerre en Irak – 400 000 rapports de terrain qui documentent les 15 000 morts non recensés de civils irakiens ainsi que le viol, la torture et le meurtre systématique après que les forces américaines aient « remis des détenus aux mains d’escouades irakiennes connues pour leur pratique de la torture. » L’inculpation couvre également le rapport sur la guerre en Afghanistan : 91 000 rapports de pertes civiles par les forces de la coalition de plus que ce que l’armée américaine avait signalé.

La divulgation la plus connue WikiLeaks est la vidéo de 2007 connu sous le nom de « meurtre collatéral », qui montre la cible de l’attaque d’un hélicoptère Apache de l’armée américaine et la mort de 11 civils non armés, incluant deux membres de l’agence Reuters et un homme venu pour secourir les blessés. Deux enfants ont été touchés. La vidéo révèle les preuves de 3 violations de la Convention de Genève et du manuel de l’armée de Terre des États-Unis.

Amy Goodman, co-représentante de Democracy Now! et co-présidente du tribunal, a affirmé que les évènements montrés dans la vidéo de meurtre collatéral « n’auraient jamais eu lieu » si les rapports de la guerre en Irak avaient été rendus publics six mois auparavant. « Une enquête aurait été lancée », a supposé Goodman. « C’est pourquoi la liberté de la presse et la libre-circulation des informations sauvent des vies. » Elle a déclaré que ce n’était pas seulement la liberté de la presse qui était en jeu dans le procès d’Assange, mais aussi le droit du public d’avoir accès à l’information. Ironiquement, Assange avait pour la première fois diffusé la vidéo de Collateral Murder au club de la Presse internationale, il y a plus d’une décennie.

Cependant, comme Ben Wizner, directeur de ACLU Projet pour la Parole, la Vie Privée et la Technologie et avocat principal d’Edward Snocden, l’a remarqué, « aucun gouvernement ne va volontairement divulguer ses propres crimes. C’est pour cela que nous avons besoin de sources courageuses qui disposent de preuves directes, et nous avons également besoin d’une presse libre et d’éditorialistes courageux qui soient volontaires pour apporter ces informations à la population, à qui elles appartiennent. »

Wizner a continué en expliquant que le gouvernement des États-Unis « caractérise la collaboration entre une source courageuse et un éditeur courageux comme étant de la conspiration. Bien sûr que c’était de la conspiration. » Wizner poursuit : « Du bon journalisme d’investigation, c’est toujours de la conspiration. C’est une conspiration visant à abolir le monopole de l’information par les gouvernements qui le contrôlent et donner à la population la place qu’elle doit avoir afin que nous puissions juger les puissants et les tenir responsables. Mais c’est la première fois (…) que le gouvernement [des États-Unis] accuse ce genre de conspiration comme une activité criminelle. »

La loi sur l’espionnage devrait être annulée

« La loi sur l’espionnage devrait être rayée des textes juridiques », a témoigné l’intellectuel de notoriété publique Noam Chomsky. « Elle n’a pas sa place dans une société libre et démocratique. Nous ne devons pas être surpris que cette loi puisse aujourd’hui être utilisée pour punir l’exercice du journalisme. »

D’autres témoignages ont rejoint la critique de cette loi par Chomsky. L’avocat Jesselyn Radack, qui a défendu la plupart des lanceurs d’alertes entendus et condamnés sous le coup de cette loi, a déclaré : « Les accusés ne peuvent pas avoir un procès juste avec cette loi. Ces affaires sont empreintes de secrets et définies par leurs caractéristiques kafkaïennes. »

« Il est virtuellement impossible de se défendre contre cette loi », a affirmé l’avocat Jeffrey Sterling, un ancien officier clandestin de la CIA qui a été injustement accusé d’avoir violé la loi en faisant fuiter des informations à un journaliste. « La vérité n’est pas une protection. En réalité, toute ligne de défense liée à la vérité sera interdite. » Sterling a observé qu’Assange « n’aura pas eu accès à une seule des soi-disant preuves utilisées contre lui. »

Par ailleurs, Sterling a remarqué que cette loi « n’a pas été jusque là utilisée pour combattre l’espionnage. Elle a été utilisée contre des lanceurs d’alertes et Julian Assange pour empêcher la population d’être au courant des mauvaises actions et actes illégaux du gouvernement afin que ce dernier puisse maintenir son autorité, le tout au nom de la sécurité nationale. »

Chip Gibbons, le directeur stratégique de Defending Rights & Dissent a confirmé. « Ne faites pas d’erreur, cette mise d’Assange sous les verrous fait partie d’une opération globale visant à réduire au silence ceux qui essayent d’exposer au grand jour les crimes de l’empire militariste et de l’État de sécurité nationale des États-Unis », a-t-il témoigné. « Assange est un journaliste et un éditeur, et pas un lanceur d’alerte ou une source, cependant la normalisation de l’utilisation de la loi sur l’espionnage contre les lanceurs d’alerte a ouvert la voie à l’inculpation sans précédent d’Assange. »

« Si vous comptez utiliser cette loi contre un journaliste en violant ouvertement le Premier amendement, témoigne Ellsberg, le Premier amendement est en fait mort. »

Les journalistes « écrivent les notes de bas de page de l’Histoire »

« Les journalistes sont les personnes les plus importantes (…), car elles écrivent les notes de bas de page de l’histoire », a déclaré au tribunal l’activiste et écrivaine Suchitra Vijayan. « Les mensonges commencent les guerres et le silence permet l’impunité », a-t-elle ajouté. « Assange est un prisonnier politique et un dissident de l’Ouest. Son crime : exposer les actes brutaux et violents, les abus de pouvoir ainsi que les crimes à l’encontre de civils innocents. »

John Shipton, le père d’Assange, a dénoncé « les abus vicieux et continus » dont son fils a été victime lors de sa détention au Royaume-Uni. Shipton affirme que la gestion de l’affaire Assange est « une honte » qui a sapé toute prétention du Royaume-Uni à respecter la liberté de parole et la primauté du droit.

Julian Assange a interjeté appel de l’ordonnance d’extradition du ministère de l’Intérieur du Royaume-Uni devant la Haute Cour de justice, soutenant qu’il serait extradé pour un délit politique en violation du traité d’extradition entre les États-Unis et le Royaume-Uni. Comme l’a déclaré la rédactrice en chef de WikiLeaks, Kristinn Hrafnsson, devant le tribunal, « non seulement l’espionnage est une forme pure d’infraction politique, mais l’acte d’accusation contre Julian Assange est truffé d’accusations de motifs politiques. »

*

Marjorie Cohn est professeure émérite à l’école de droit Thomas Jefferson, ancienne présidente de l’Ordre national des Avocats, et membre du bureau du Conseil national pour la défense d’Assange et des Vétérans pro-paix, ainsi que du bureau de l’association internationale des avocats démocratiques. Parmi ses livres : Drones and Targeted Killing: Legal, Moral and Geopolitical Issues[Drone et meurtres ciblés : des problématiques légales, morales et géopolitiques, NdT]. Elle est la co-animatrice de la radio Law and Disorder. [Loi et désordre, NdT]

Source : Truthout, Marjorie Cohn – 23-01-2023
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Commentaire recommandé

Fabrice // 24.02.2023 à 08h30

Il est clair que l’emprisonnement de Assange est un première qui ouvre la porte aux pires excès et en général l’exception devient la règle.

Seymour Hersh en dévoilant le sabotage de nordstream par les usa ce qui est un acte de guerre contre la Russie et les pays européens pourrait faire l’objet de poursuites et d’autres journalistes indépendants (c’est trop tard pour ceux qui font parti d’un media mainstream) pourraient être muselés et empêchés de dévoiler les pires crimes si contraire à la morale si « supérieure  » de nos pays qui se rapprochent chaque jour un peu plus des méthodes de ceux qu’ils ne cessent d’accabler comme le camp du « mal » et même souvent pire (sabotage, torture, désinformation, attaque de drones hors de tout cadre légal international, guerre, …).

On ne peut faire la morale au monde sans être irréprochable à moins de passer pour des hypocrites ou des Tartuffes du pire acabit.

19 réactions et commentaires

  • Fabrice // 24.02.2023 à 08h30

    Il est clair que l’emprisonnement de Assange est un première qui ouvre la porte aux pires excès et en général l’exception devient la règle.

    Seymour Hersh en dévoilant le sabotage de nordstream par les usa ce qui est un acte de guerre contre la Russie et les pays européens pourrait faire l’objet de poursuites et d’autres journalistes indépendants (c’est trop tard pour ceux qui font parti d’un media mainstream) pourraient être muselés et empêchés de dévoiler les pires crimes si contraire à la morale si « supérieure  » de nos pays qui se rapprochent chaque jour un peu plus des méthodes de ceux qu’ils ne cessent d’accabler comme le camp du « mal » et même souvent pire (sabotage, torture, désinformation, attaque de drones hors de tout cadre légal international, guerre, …).

    On ne peut faire la morale au monde sans être irréprochable à moins de passer pour des hypocrites ou des Tartuffes du pire acabit.

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    • yann // 24.02.2023 à 19h15

      Vu que seuls 3 des 4 pipelines ont explosé, j’espère que les enquêteurs suédois auront bien pensé à faire disparaître d’éventuelles charges intactes qui seraient restées accrochées au quatrième pipe-line.

        +4

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      • gracques // 25.02.2023 à 08h39

        Perso j’e’n étais reste à 2 qui ont sauté , les deux northstream et resteraient ceux passant par la Suède et le norvégien…. et ce sont ces derniers qui sont cités par le journaliste comme ayant été les supplétifs des USA.
        Détail peut être mais c’est une question de crédibilité de ce que vous écrivez.

          +1

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  • Foxy // 24.02.2023 à 08h40

    Guatanamo et prisons de haute sécurité aux US = Goulag
    L’organisation terroriste la plus criminelle depuis des décennies = CIA
    USA = rogue state
    Comme ils ne peuvent pas mettre en cause le 1er amendement, ils jouent la montre en laissant mourir Assange à petit feu dans une prison d’un vassal aux ordres. JA avait révélé des crimes de guerre américains restés impunis. Les mêmes demandent une enquête sur des crimes russes en Ukraine ! Même pas honte de leurs turpitudes et de leurs guerres sans fin pour faire tourner l’économie américaine et alimenter le pouvoir politique.

      +34

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    • Castor // 24.02.2023 à 17h59

      Le Goulag était essentiellement une entité économique en URSS, capable d’employer de la main d’oeuvre esclave.
      Il s’avère que l’esclavage a été aboli aux Etats-Unis, sauf en prison. Les prisonniers sont obligés de travailler pour une obole (10 ct de l’heure par exemple). On peut donc qualifier le système carcéral états-unien de Goulag (et pas seulement les prisons de haute sécurité), même s’il est d’une taille inférieure au Goulag soviétique (20 M en 1953 et 3 M en 1980).

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  • Araok // 24.02.2023 à 08h47

    Allo Reporter sans Frontières, allô Pierre Haski ?
    Comment ça,  » il n’y a plus d’abonnés au numéro que vous avez demandé »?
    Damned!

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  • Spartacus // 24.02.2023 à 09h28

    Allo ? BHL, Orsenna…. Where are you ?
    By Jove ! Bloody hell !

    https://lundi.am/Affaire-Vincenzo-Vecchi

    Code Rocco et ses frères, la Meloni du bonheur.

      +12

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    • Dominique65 // 24.02.2023 à 09h58

      Le mandat d’arrêt européen date de 2016. Quel rapport avec Meloni ?

        +1

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  • Auguste Vannier // 24.02.2023 à 09h44

    D’abord, on a laissé les Media aux mains d’institutions et de structures capitalistes, qui en toute logique ne peuvent pas faire autrement que de servir des intérêts privés. Puis on a laissé se perpétuer les atteintes aux libertés d’expression, l’emprisonnement de journalistes, voire leur exécution ou leur assassinat. Dans le même temps on ne s’est pas soucié de protéger les lanceurs d’alerte, on a accepté l’étalage d’une industrie du lobbying, de la comm et des relations publiques qui organisent délibérément et avec efficacité toutes sortes de désinformation (fake news, manipulation rhétorique, mensonges, mises à mort sociale, propagande, influence, corruption…). Hé bien! nous y voilà, Julian Assange représente le point d’aboutissement et le condensé de tous nos renoncements.
    Que d’éminents juristes viennent nous expliquer que la suppression du 1er amendement de la Constitution US pourrait bien advenir, c’est juste ajouter de l’enfumage, dans un langage bien choisi, sur une situation désormais de mieux en mieux perçue: le « Meilleur des mondes » d’ Orwell n’était pas une dystopie, mais la description légérement anticipée (?) de notre monde.

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    • Dominique65 // 24.02.2023 à 10h20

      1989, d’Orwell. La dystopie d’Huxley est plus douce. Elle est presqu’un rêve pour beaucoup.

        +3

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      • Auguste Vannier // 24.02.2023 à 13h39

        Au temps pour moi, j’aurais dû écrire la dystopie « Le Meilleur des Mondes » d’Huxley et la fiction « 1984 » d’Orwell…Douceur d’Huxley…sauf pour ceux d’en bas et leur gibier d’en haut !
        Notre monde est sans aucun doute une synthèse approchée mais bien « réelle » de ces 2 anticipations de l’évolution des sociétés dans lesquelles nous vivons dès aujourd’hui (et demain?).

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        • utopiste rationnel // 27.02.2023 à 08h59

          Il faut comprendre que Orwell ou Huxley ont écrit non pas des dystopies mais des manuels à usage de « l’élite mondiale » (tous bords confondus). Un tel usage de la littérature était hier un opportunisme discret. Aujourd’hui, c’est assez ouvertement que les États engagent des rêveurs/penseurs à l’imagination féconde pour penser/rêver des solutions à leurs problèmes sans même que ces derniers sachent réellement, en tous cas au départ, quelles parties de leurs pensées vont être utilisées et dans quel but.

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      • Grd-mère Michelle // 24.02.2023 à 16h05

        À lire aussi, « Un bonheur insoutenable » d’Ira Levin (publié en 1970), roman d’anticipation encore plus proche de notre société « numérisée ».

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    • Grd-mère Michelle // 24.02.2023 à 14h17

      « …on a laissé se perpétuer les atteintes aux libertés d’expression… »
      Oui, toutes celles que vous avez citées…
      …sans oublier qu’une simple manifestation pacifique, de soutien à l’une ou l’autre cause, et/ou de protestation, de contestation, est considérée comme illégale si elle n’a pas fait l’objet d’une demande officielle préalable auprès des « autorités » du lieu où elle se déroule, de sorte qu’elle peut donner lieu à des « arrestations administratives » pour « atteintes à l’ordre public » qui permettent à ces autorités de récolter, répertorier, classer, les diverses opinions citoyennes…
      (En Belgique, en tout cas…)
      À noter aussi l’interdiction, pour les fonctionnaires de l’Etat(ou employé-e-s d’entreprises privées, selon les décisions arbitraires de leurs patron-ne-s), de porter n’importe quel signe d’appartenance religieuse, politique ou philosophique…
      (Ou comment les lois contre les manifestations de haine et de discriminations sont utilisées pour établir une « normalisation » rampante et implacable, pour offrir un aspect lisse et soumis, des populations)

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  • Savonarole // 24.02.2023 à 13h52

    Ce qui m’amuse le plus c’est qu’il y ait encore des gens qui croient en la réalité du premier amendement et plus généralement du principe de liberté d’expression… en 2023.
    En 2023 la seule liberté d’expression qu’il reste consiste à parler mais surtout que personne ne puisse l’entendre… sauf à en répondre devant « la loi » , les guillemets s’imposant plus que jamais.

      +7

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    • gracques // 25.02.2023 à 08h45

      C’est sur…… sauf que vous n’aidez pas beaucoup ceux qui’essaient de rendre réelle cette drôle d’idée !
      Etant moi même d »un autre temps , vous me faites beaucoup penser aux papys des Muppets show regardant le monde de leur balcon et raillant ceux qui s’en dépatouillent

        +2

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      • Savonarole // 27.02.2023 à 17h55

        Bah si j’aide ! Aider les gens à se débarasser d’une illusion et les plonger cash dans le délicat monde des snowflakes et de la cancel culture ça peut éviter bien des déceptions.
        En même temps j’aime bien voir les gens débattre. Quoi de mieux qu’un débat à trois entre un Collon d’Hebron , un membre du Pravi Sektor et un LBGTQ.A.I.P.Z…S..U ? Tous armés bien sur ^^.

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  • Grd-mère Michelle // 24.02.2023 à 15h26

    Ce sont les armées de tous les pays, avec leurs services secrets, payé-e-s, entretenu-e-s par leurs citoyen-ne-s(taxes et impôts), qui maintiennent l’esprit de suspicion, de mépris, de haine et de rivalité nécessaire à la division des populations pourtant généralement (même si diversement) opprimées par des « autorités » dévouées aux richissimes industries de l’armement.
    Autrement dit, nous payons nous-même, nous contribuons à, toutes les grandes tueries qui nous désolent!

    « La plupart des guerres du vingtième siècle ont débuté à partir de mensonges amplifiés et diffusés par la presse grand public. Et vous pourriez dire :  » C’est une conjoncture horrible, c’est terrible que toutes ces guerres commencent par des mensonges. » Et je dis non, c’est une formidable opportunité, parce que cela signifie que les populations n’aiment pas la guerre et il faut leur mentir pour les entraîner dans une guerre. Cela signifie qu’on peut, avec la vérité, les « entraîner » dans la paix. C’est une raison d’espérer. »
    Julian Assange, dans le livre « Julian Assange parle » , page 130 (Éditions InvestigAction pour l’édition en français, 2021)

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