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Les États-Unis et la Chine redéfinissent les termes de la guerre

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Source : Consortium News, Michael T. Klare, 19-02-2019

Le 19 février 2019

Aujourd’hui, la guerre signifie tellement plus que le combat militaire, écrit Michael T. Klare. Elle peut avoir lieu alors même que les dirigeants des puissances belligérantes se réunissent pour négocier.

Dans son livre encensé de 2017, « Destined for War » [Destinés à la guerre NdT], le professeur de Harvard Graham Allison a évalué la probabilité que les États-Unis et la Chine se retrouvent un jour en guerre. En comparant les relations américano-chinoises aux rivalités entre grandes puissances depuis la guerre du Péloponnèse au Ve siècle avant J.-C., il a conclu que le risque futur d’une conflagration était considérable. Comme beaucoup d’analyses actuelles des relations américano-chinoises, cependant, il a manqué un point crucial : à toutes fins utiles, les États-Unis et la Chine sont déjà en guerre l’un contre l’autre. Même si leur conflit actuel à feu couvant ne produit pas la dévastation immédiate d’une guerre chaude conventionnelle, ses conséquences à long terme pourraient s’avérer tout aussi désastreuses.

Suggérer cela, signifie réévaluer notre compréhension de ce qu’est la guerre. Du point de vue d’Allison (et de celui de tant d’autres à Washington et ailleurs), « paix » et « guerre » sont des opposés polaires. Un jour, nos soldats sont dans leurs garnisons à s’entraîner et nettoyer leurs armes ; le lendemain, ils sont appelés au combat et envoyés sur un champ de bataille. Dans ce modèle, la guerre commence lorsque les premiers coups de feu sont tirés.

L’auteur Graham Allison, à gauche, animant une discussion avec le ministre de la Défense Ash Carter au Forum John F. Kennedy Jr. de l’Université Harvard à Cambridge, Mass. 2015. (Photo du DoD prise par le sergent Clydell Kinchen, 1re classe de l’armée américaine)

Eh bien, réfléchissez encore à cette nouvelle ère de lutte et de concurrence grandissante entre les grandes puissances. Aujourd’hui, la guerre signifie tellement plus que des combats militaires et peut avoir lieu alors même que les dirigeants des puissances belligérantes se réunissent pour négocier et partager de la viande séchée affinée et de la mousseline de pommes-de-terre (comme les présidents Donald Trump et Xi Jinping à Mar-a-Lago en 2017). C’est exactement là où nous en sommes lorsqu’il s’agit des relations sino-américaines. Considérez ça comme une guerre sous un autre nom, ou peut-être, pour reprendre un terme à la retraite depuis longtemps, une version brûlante d’une nouvelle guerre froide.

Avant même que Trump n’entre dans le Bureau ovale, l’armée américaine et d’autres branches du gouvernement se préparaient déjà à une quasi-guerre à long terme, impliquant une pression économique et diplomatique croissante sur la Chine et un renforcement des forces militaires à la périphérie de ce pays. Depuis son arrivée, de telles initiatives ont dégénéré en combats de type guerre froide sous un autre nom, son administration s’étant engagée à vaincre la Chine dans une lutte pour la suprématie économique, technologique et militaire mondiale.

Il s’agit notamment de la « guerre commerciale » du président avec la Chine, dont on a beaucoup parlé, qui vise à entraver la croissance future de ce pays ; d’une techno guerre destinée à l’empêcher de dépasser les États-Unis dans des domaines technologiques clés ; d’une guerre diplomatique visant à isoler Beijing et à déjouer ses plans grandioses d’ouverture mondiale ; d’une guerre informatique (largement cachée au public) et d’une série de mesures militaires aussi. Ce n’est peut-être pas une guerre au sens traditionnel du terme, mais pour les dirigeants des deux camps, ça en a le même aspect.

Pourquoi la Chine ?

Les médias et de nombreux politiciens continuent de mettre l’accent sur les relations américano-russes, en grande partie à cause des révélations sur l’ingérence de Moscou dans les élections présidentielles américaines de 2016 et de l’enquête Mueller en cours. Dans les coulisses, cependant, la plupart des hauts responsables militaires et de la politique étrangère à Washington considèrent la Chine, et non la Russie, comme le principal adversaire du pays. Dans l’est de l’Ukraine, dans les Balkans, en Syrie, dans le cyberespace et dans le domaine de l’armement nucléaire, la Russie constitue en effet une menace sérieuse pour les objectifs et les désirs de Washington. Pourtant, en tant qu’État pétrolier entravé sur le plan économique, il n’a pas la force qui lui permettrait de contester véritablement le statut de puissance dominante mondiale de ce pays. La Chine est une toute autre histoire. Avec sa vaste économie, ses prouesses technologiques croissantes, son projet d’infrastructure intercontinental « Belt and Road » (nouvelle route de la soie, NdT) et sa modernisation militaire rapide, une Chine enhardie pourrait un jour égaler ou même dépasser la puissance américaine à l’échelle mondiale, un résultat que les élites américaines sont déterminées à éviter à tout prix.

Les craintes de Washington face à la montée de la Chine ont été pleinement mises en évidence en janvier avec la publication, en 2019, de l’Évaluation mondiale de la menace pour la communauté du renseignement des États-Unis, une synthèse des points de vue de l’Agence Centrale du Renseignement (CIA) et d’autres membres de cette « communauté ». Sa conclusion : « Nous estimons que les dirigeants chinois tenteront d’étendre la portée économique, politique et militaire mondiale du pays tout en utilisant les capacités militaires de la Chine et ses investissements dans les infrastructures et l’énergie à l’étranger dans le cadre de l’initiative Belt and Road pour diminuer l’influence américaine. »

Pour contrer ces efforts, on s’attend maintenant à ce que chaque branche du gouvernement mobilise ses capacités pour renforcer le pouvoir américain – et diminuer celui de la Chine. Dans les documents du Pentagone, cette position est résumée par le terme « overmatch », qui se traduit par la préservation éternelle de la supériorité globale américaine vis-à-vis de la Chine (et de tous les autres rivaux potentiels). « Les États-Unis doivent conserver leur faculté à surclasser », insiste la Stratégie de sécurité nationale de l’administration, et préserver « une combinaison de capacités à une échelle suffisante pour empêcher le succès de l’ennemi », tout en continuant « à façonner l’environnement international pour protéger nos intérêts ».

Un micro-robot exposé en 2017 à Aberdeen Proving Ground, Maryland, dans la vitrine des microsystèmes autonomes et de la technologie, ou MAST, collaboration entre l’industrie, la recherche universitaire et l’armée. (Photo de l’armée américaine par Jhi Scott)

En d’autres termes, il ne peut jamais y avoir de parité entre les deux pays. Le seul statut acceptable pour la Chine est celui d’une puissance nettement inférieure. Pour assurer un tel résultat, les responsables de l’administration insistent sur le fait que les États-Unis doivent prendre des mesures quotidiennes pour contenir ou entraver leur ascension.

Dans les époques précédentes, comme Allison l’indique clairement dans son livre, cette équation – une puissance dominante cherchant à conserver son statut dominant et une puissance montante cherchant à surmonter sa subordination – a presque toujours abouti à un conflit classique. Dans le monde d’aujourd’hui, cependant, où le combat armé des grandes puissances pourrait se terminer par un échange nucléaire et l’anéantissement mutuel, le conflit militaire direct est une option nettement peu attrayante pour toutes les parties. Au lieu de cela, les élites dirigeantes ont développé d’autres moyens de guerre – économiques, technologiques et secrets – pour atteindre de tels objectifs stratégiques. Vu sous cet angle, les États-Unis sont déjà en mode de combat presque total par rapport à la Chine.

Guerre commerciale

Lorsqu’il s’agit d’économie, le langage trahit trop clairement la réalité. La lutte économique de l’administration Trump avec la Chine est régulièrement décrite, ouvertement et sans réserve, comme une « guerre ». Et il ne fait aucun doute que les hauts fonctionnaires de la Maison-Blanche, à commencer par le président et son représentant commercial en chef, Robert Lighthizer, voient les choses de cette façon : comme un moyen de pulvériser l’économie chinoise et de réduire ainsi la capacité de ce pays à concurrencer les États-Unis dans tous les autres domaines du pouvoir.

Ostensiblement, l’objectif de la décision de Trump de mai 2018 d’imposer 60 milliards de dollars de droits de douane sur les importations chinoises (augmentés en septembre à 200 milliards de dollars) était de corriger un déséquilibre commercial entre les deux pays, tout en protégeant l’économie américaine contre ce qui est décrit comme le comportement malsain de la Chine. Ses pratiques commerciales « constituent manifestement une grave menace pour la santé et la prospérité à long terme de l’économie des États-Unis », comme l’a déclaré le président lors de l’annonce de la deuxième session des tarif douaniers.

L’examen des demandes présentées aux négociateurs chinois par la délégation commerciale américaine en mai dernier donne toutefois à penser que l’intention première de Washington n’a pas été de corriger ce déséquilibre commercial, mais d’entraver la croissance économique de la Chine. Parmi les dispositions auxquelles Pékin doit acquiescer avant de recevoir un allégement tarifaire, selon des documents divulgués par des négociateurs américains qui ont été diffusés sur les médias sociaux chinois :

  • l’arrêt de toutes les subventions gouvernementales aux industries manufacturières de pointe dans le cadre de son programme Made in China 2025, une initiative qui couvre 10 secteurs économiques clés, dont la construction aéronautique, les voitures électriques, la robotique, les puces informatiques et l’intelligence artificielle ;
  • accepter les restrictions américaines sur les investissements dans les technologies sensibles sans mesures de rétorsion ;
  • l’ouverture de ses activités tertiaires et agricoles – domaines dans lesquels les entreprises chinoises ont un avantage indéniable – à la pleine concurrence américaine.

En fait, cela devrait être considéré comme une pure et simple déclaration de guerre économique. Accepter de telles demandes signifierait accepter un statut de subordination permanent vis-à-vis des États-Unis dans l’espoir de poursuivre une relation commerciale profitable avec ce pays. Eswar Prasad, professeur d’économie à l’Université Cornell, a décrit avec précision ces développements en ces termes : « La liste se lit comme les termes d’une reddition plutôt que comme une base de négociation ».

Réunion de Trump avec des industriels américains au sujet de son décret exécutif pour « acheter et embaucher des Américains » 31 janvier 2019, Bureau ovale. (Photo Maison Blanche par Shealah Craighead)

Guerre technologique

Comme le suggèrent les exigences commerciales des États-Unis, l’intention de Washington n’est pas seulement d’entraver l’économie de la Chine aujourd’hui et demain, mais pour les décennies à venir. Cela a donné lieu à une campagne intense et de grande envergure visant à la priver de l’accès aux technologies de pointe et à paralyser ses principales entreprises technologiques.

Les dirigeants chinois ont compris depuis longtemps que, pour que leur pays atteigne la parité économique et militaire avec les États-Unis, ils doivent maîtriser les technologies de pointe qui domineront l’économie mondiale du XXIe siècle, notamment l’intelligence artificielle (IA), les télécommunications de cinquième génération (5G), les véhicules électriques et la nanotechnologie. Il n’est donc pas surprenant que le gouvernement ait investi de façon importante dans l’enseignement des sciences et de la technologie, subventionné la recherche dans des domaines novateurs et aidé à lancer des entreprises prometteuses, entre autres, tout comme Internet et d’autres innovations informatiques et aérospatiales américaines ont été financés et encouragés par le Département de la défense.

Les entreprises chinoises ont également exigé des transferts de technologie lorsqu’elles investissent dans des entreprises étrangères ou établissent des partenariats industriels avec elles, une pratique courante en matière de développement international. L’Inde, pour ne citer qu’un exemple récent de ce phénomène, s’attend à ce que d’importants transferts de technologie de la part d’entreprises américaines soient l’un des résultats de ses achats convenus d’armes américaines de pointe.

En outre, des entreprises chinoises ont été accusées d’avoir volé la technologie américaine par le biais du vol cybernétique, ce qui a provoqué une indignation généralisée dans ce pays. D’un point de vue réaliste, il est difficile pour les observateurs de l’extérieur de déterminer dans quelle mesure les progrès technologiques récents de la Chine sont le produit d’investissements courants et légitimes dans les sciences et la technologie et dans quelle mesure ils sont attribuables au cyber-espionnage. Compte tenu de l’investissement massif de Pékin dans l’enseignement des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques dans les cycles supérieurs et post-universitaires, on peut toutefois supposer que la plupart des progrès réalisés par ce pays sont le résultat d’efforts nationaux.

Il est certain que, compte tenu de ce qui est connu publiquement au sujet des activités de cybercriminalité en Chine, il est raisonnable que les autorités américaines exercent des pressions sur Beijing pour qu’elle mette un frein à cette pratique. Cependant, la volonté de l’administration Trump d’émousser le progrès technologique de ce pays vise également des activités parfaitement légitimes. Par exemple, la Maison-Blanche cherche à interdire les subventions du gouvernement de Beijing pour le progrès de l’intelligence artificielle au moment même où le ministère de la Défense investit des milliards de dollars dans la recherche sur l’IA au pays. L’administration agit également pour bloquer l’acquisition par la Chine d’entreprises technologiques américaines et l’exportation de composants de pointe et de savoir-faire.

Pour illustrer cette guerre technologique qui a récemment fait la une des journaux, Washington cherche activement à saboter les efforts de Huawei, l’une des entreprises de télécommunications les plus importantes de Chine, pour devenir le leader mondial dans le déploiement des communications sans fil 5G. Ces systèmes sans fil sont importants en partie parce qu’ils transmettront des quantités colossales de données électroniques à des débits beaucoup plus rapides que ce que l’on peut imaginer, ce qui facilitera l’introduction de voitures auto-dirigées, une automatisation généralisée et une application universelle de l’IA.

Huawei Ascend P7 à droite, 2014. (Karlis Dambrans via Flckr)

Deuxième après Apple en tant que fournisseur mondial de smartphones et producteur majeur d’équipements de télécommunications, Huawei a cherché à prendre la tête de la course à l’adaptation 5G dans le monde entier. Craignant que cela puisse donner à la Chine un énorme avantage dans les décennies à venir, l’administration Trump a essayé d’empêcher cette éventualité. Dans ce qui est largement décrit comme une « guerre froide technologique », elle a exercé d’énormes pressions sur ses alliés asiatiques et européens pour qu’ils interdisent à l’entreprise de faire des affaires dans leur pays, alors même qu’elle demandait l’arrestation au Canada de Meng Wanzhou, directeur financier de Huawei, et son extradition aux États-Unis pour avoir incité des banques américaines à aider des entreprises iraniennes (en violation des sanctions imposées par Washington à ce pays). D’autres attaques contre Huawei sont en cours, y compris une éventuelle interdiction de vente de ses produits dans ce pays. De telles mesures sont régulièrement décrites comme visant à renforcer la sécurité des États-Unis et de leurs alliés en empêchant le gouvernement chinois d’utiliser les réseaux de télécommunications de Huawei pour voler des secrets militaires. La vraie raison – à peine déguisée – est simplement d’empêcher la Chine d’atteindre la parité technologique avec les États-Unis.

Cyberguerre

Il y aurait beaucoup à écrire sur ce sujet, si seulement il n’était pas encore caché dans l’ombre du conflit croissant entre les deux pays. Il n’est toutefois pas surprenant de constater que peu d’informations sont disponibles sur la cyberguerre entre les États-Unis et la Chine. Tout ce que l’on peut dire avec certitude, c’est qu’une guerre intense se déroule actuellement entre les deux pays dans le cyberespace. Les responsables américains accusent la Chine de s’engager dans un cyber-assaut à grande échelle sur le pays, impliquant à la fois le cyber-espionnage pur et simple pour obtenir des secrets militaires et d’entreprise et une ingérence politique généralisée. « Ce que les Russes font est peu de choses par rapport à ce que fait la Chine », a déclaré le vice-président Mike Pence en octobre dernier lors d’un discours prononcé à l’Institut Hudson, bien que, typiquement concernant ce sujet, il n’ait pas fourni la moindre preuve à l’appui de ses affirmations.

Ce que ce pays fait pour combattre la Chine dans le cyberespace n’est pas rendu public. Tout ce que l’on sait d’après les informations disponibles, c’est qu’il s’agit d’une guerre à deux camps dans laquelle les États-Unis mènent leurs propres attaques. « Les États-Unis imposeront des conséquences rapides et coûteuses aux gouvernements étrangers, aux criminels et aux autres acteurs qui entreprennent d’importantes cyber-activités malveillantes », a affirmé la Stratégie de sécurité nationale de 2017. La forme que prennent ces « conséquences » n’a pas encore été révélée, mais il ne fait guère de doute que les cyber-guerriers américains ont été actifs dans ce domaine.

Xi et Trump au Grand Hall du Peuple de Pékin, 2017. (Photo Maison Blanche par Andrea Hanks)

Contrainte diplomatique et militaire

Pour compléter le tableau de la guerre en cours entre l’Amérique et la Chine, des pressions féroces s’exercent sur les fronts diplomatique et militaire pour contrecarrer les ambitions géopolitiques de Pékin. Pour faire avancer ces aspirations, le leadership de la Chine s’appuie fortement sur un programme très médiatisé, la Belt and Road Initiative, un plan d’un milliard de dollars pour financer et encourager la construction d’un nouveau vaste réseau routier, ferroviaire, portuaire et par pipeline en Eurasie, au Moyen Orient et en Afrique. En finançant – et, dans de nombreux cas, en construisant – de telles infrastructures, Pékin espère lier les économies d’une multitude de pays lointains et les rapprocher de plus en plus de la sienne, tout en augmentant son influence politique sur le continent eurasiatique et en Afrique. De l’avis des dirigeants de Pékin, du moins en ce qui concerne l’orientation de l’économie future de la planète, son rôle serait similaire à celui du plan Marshall qui a renforcé l’influence des États-Unis en Europe après la Seconde Guerre mondiale.

Et compte tenu de cette possibilité, Washington a commencé à chercher activement à saper la Belt and Road partout où il le pouvait – décourageant les alliés de participer, tout en suscitant un mécontentement dans des pays comme la Malaisie et l’Ouganda face aux énormes dettes qu’ils pourraient avoir contractées envers la Chine et à la manière autoritaire dont les entreprises de ce pays mènent souvent ces projets de construction outremer. (Par exemple, ils font généralement appel à des travailleurs chinois pour faire la plupart du travail, plutôt que d’embaucher et de former des gens du pays.)

« La Chine a recours à des pots-de-vin, à des accords opaques et à l’utilisation stratégique de la dette pour maintenir les États africains captifs des souhaits et des exigences de Pékin », a déclaré le conseiller à la sécurité nationale John Bolton dans un discours prononcé en décembre sur la politique américaine sur ce continent. « Ses investissements sont entachés de corruption et ne répondent pas aux mêmes normes environnementales ou éthiques que les programmes de développement des États-Unis », a-t-il ajouté. Bolton a promis que l’administration Trump offrirait une meilleure alternative pour les pays africains à la recherche de fonds de développement, mais – et c’est un peu toujours la même chose – aucune aide de ce genre ne s’est encore matérialisée.

Outre le retrait diplomatique, l’administration a entrepris une série d’initiatives visant à isoler militairement la Chine et à limiter ses options stratégiques. En Asie du Sud, par exemple, Washington a abandonné sa position passée de maintenir une parité approximative dans ses relations avec l’Inde et le Pakistan. Ces dernières années, elle s’est fortement orientée vers une alliance stratégique avec New Dehli, tentant de l’enrôler pleinement dans les efforts des États-Unis pour contenir la Chine et, vraisemblablement, dans ce processus punissant le Pakistan pour son rôle de plus en plus enthousiaste dans l’Initiative Belt and Road.

Dans le Pacifique occidental, les États-Unis ont intensifié leurs patrouilles navales et conclu de nouveaux accords de base avec les puissances locales, le tout dans le but de confiner les militaires chinois dans des zones proches du continent. En réponse, Beijing a cherché à échapper à l’emprise de la puissance américaine en établissant des bases miniatures sur des îles revendiquées par les Chinois dans la mer de Chine méridionale (ou même en construisant des îles artificielles pour y installer des bases) – des mesures largement condamnées par les faucons à Washington.

Pour démontrer sa colère face à l’effronterie de Beijing dans le Pacifique (autrefois connu sous le nom de « lac américain »), la Maison-Blanche a ordonné l’accélération des opérations dites de liberté de navigation (FRONOPs). Les navires de guerre de la marine naviguent régulièrement à portée de tir de ces mêmes bases insulaires, ce qui suggère une volonté américaine d’employer la force militaire pour résister aux futurs mouvements chinois dans la région (et crée également des situations dans lesquelles un faux pas pourrait mener à un incident militaire qui pourrait mener… enfin, n’importe où).

Carte approximative du Département de la Défense 2010 de la République populaire de Chine et d’autres revendications régionales.

À Washington, les avertissements concernant l’empiétement militaire de la Chine dans la région atteignent déjà leur paroxysme. Par exemple, l’amiral Philip Davidson, commandant des forces américaines dans le Pacifique, a décrit la situation dans cette région dans un récent témoignage au Congrès : « Bref, la Chine est maintenant capable de contrôler la mer de Chine méridionale quel que soit le scénario, sauf dans le cas d’une guerre avec les États-Unis. »

Une longue guerre d’usure

Ainsi que le suggère l’amiral Davidson, l’un des résultats possibles de la guerre froide en cours avec la Chine pourrait être un conflit armé de type traditionnel. Une telle rencontre, à son tour, pourrait s’intensifier jusqu’au niveau nucléaire, entraînant un anéantissement mutuel. Une guerre qui n’impliquerait que des forces « conventionnelles » serait en soi dévastatrice et entraînerait des souffrances généralisées, sans parler de l’effondrement de l’économie mondiale.

Même si une guerre sans merci n’éclate pas, une guerre géopolitique d’usure à long terme entre les États-Unis et la Chine aura, en fin de compte, des conséquences débilitantes et peut-être catastrophiques pour les deux parties. Prenons l’exemple de la guerre commerciale. Si ce problème n’est pas résolu rapidement et de manière positive, le maintien des droits de douane élevés imposés par les États-Unis sur les importations chinoises freinera gravement la croissance économique chinoise et affaiblira ainsi l’économie mondiale dans son ensemble, ce qui pénalisera tous les pays du monde, y compris celui-ci. Les droits de douane élevés augmenteront également les coûts pour les consommateurs américains et mettront en danger la prospérité et la survie de nombreuses entreprises qui dépendent des matériels et des composants chinois

Cette nouvelle forme de guerre conduira également à ce que les dépenses de défense déjà vertigineuses continueront d’augmenter, détournant les fonds des besoins vitaux comme l’éducation, la santé, l’infrastructure et l’environnement. Entre-temps, les préparatifs d’une future guerre avec la Chine sont déjà devenus la priorité numéro un au Pentagone, évinçant toute autre considération. « Alors que nous nous concentrons sur les opérations en cours », aurait déclaré Patrick Shanahan, secrétaire à la Défense par intérim, à ses cadres supérieurs lors de sa première journée au pouvoir en janvier, « souvenez-vous de la Chine, de la Chine et de la Chine ».

La plus grande victime de ce conflit en cours sera peut-être la planète Terre elle-même et toutes les créatures, y compris les humains, qui l’habitent. En tant que principaux émetteurs de gaz à effet de serre, les États-Unis et la Chine doivent travailler ensemble pour mettre un terme au réchauffement de la planète, faute de quoi nous sommes tous condamnés à un avenir infernal. Avec une guerre en cours, même si elle n’a pas lieu d’être, les chances d’une telle collaboration sont pratiquement nulles. La seule façon de sauver la civilisation est que les États-Unis et la Chine déclarent la paix et se concentrent ensemble sur le salut de l’humanité.

Michael T. Klare, un permanent de TomDispatch, est professeur émérite d’études sur la paix et la sécurité mondiale au Hampshire College et chercheur invité principal à l’Arms Control Association. Son livre le plus récent est « La course pour ce qu’il reste ». Son prochain livre, « All Hell Breaking Loose : Climate Change, Global Chaos, and American National Security », sera publié en 2019. [« L’enfer se déchaîne : changement climatique, chaos mondial et sécurité nationale américaine » NdT]

Source : Consortium News, Michael T. Klare, 19-02-2019

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

Alfred // 21.03.2019 à 11h35

OUI. Un seul mot derriere cela: t.r.a.h.i.s.o.n.

Un petit rappel de la definition d’Intelligence avec l’ennemi en droit français contemporain:
Article 411-4 :
« Le fait d’entretenir des intelligences avec une puissance étrangère, avec une entreprise ou organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou avec leurs agents, en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France, est puni de trente ans de détention criminelle et de 450 000 euros d’amende.
Est puni des mêmes peines le fait de fournir à une puissance étrangère, à une entreprise ou une organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou à leurs agents les moyens d’entreprendre des hostilités ou d’accomplir des actes d’agression contre la France »
Le fait de livrer la seule entreprise pouvant fabriquer les trurbines des sous-marins delivrant la force de frappe française à une puissance étrangère tombe clairement sous le coup de cette loi… On peut trouver de multiples autres exemples (Que ce soit dans le cadre de transferts de pouvoirs vers « l’europe » o dans le cadre plus direct de notre vassalité de fait envers les états unis.)

29 réactions et commentaires

  • Catalina // 21.03.2019 à 06h58

    très fort ce journaliste, donc il donne le résultat avant la fin de l’enquête !!!
    On zigouille tous les « peaux-rouges » et ensuite, on légitime la rasion de la faire, modus vivendi us.
    Ni la Chine ni les Usa ne rédéfinissent ce qu’est la guerre, c’est ce journaliste qui manipule la narrative, une guerre, c’est quand on emploie des armes et que bcp de gens sont tués.
    Pour ma part, je pense qu’il emploie ce mot afin d’insinuer que la Chine est en guerre, autrement dit, les usa ne peuvent pas gagner une guerre d’agression contre la Chine comme ils l’ont fait ailleurs, du coup, nouvelle version, il faut mettre la Chine comme ennemi en parlant de guerre même si de tous temps les pays ont eu à bcp travailler pour conquérir des marchés, vous savez , Le marché, ce précieux qui rend dingue ceux qui deviennent accro à toujours plus d’argent et et qui donne leur dose à ceux qui en sont déjà addict.et on n’a jamais appelé ça guerre, les anfglo-saxons semblent vraiment n’avoir que ça à la bouche, guerre, guerre, bon…. ça se passe jamais chez eux, tiens dans la m^me veine,
    Les USA sont en guerre contre les Américains, Macron est en guerre contre les Français….L’ue est en guerre contre tous les peuples de l’ue…. etc
    et pis Trump, Trump, c’est comme Poutine, comme si ces hommes décidaient seuls et tout seuls la politique de leur pays, mais m’enfin !!! ils sont comme macron, il y a un marionnestiste dérrière, moins pour Poutine….

      +4

    Alerter
  • Ives // 21.03.2019 à 07h36

    Article vraiment très intéressant. Effectivement qu’il y a une lutte pour la suprématie et qu’elle prend de multiples formes.
    Je reste convaincu que chaque pays devrait vraiment réfléchir à ses intérêts nationaux. Quand on est une superpuissance, on joue dans la cours des grands. C’est « facile », il suffit de combattre l’adversaire avec ses alliés. Quand on est une puissance moyenne, ça devient un brin plus compliqué. Il faut :
    1 : avoir une ligne claire (pas trop visible quand même)
    2 : choisir ses alliés en fonction de cette ligne
    3 : ne pas se faire manger par un, mais plutôt s’en servir
    J’ai un sérieux doute sur notre potentiel. Mais c’est peut-être parce que nous ne sommes même plus une puissance moyenne. Ce qui est affligeant parce que nous en avons un potentiel :
    – espace maritime considérable
    – potentiel technologique non nul
    – possibilité de rayonnement culturel
    Sauf que ça fait des années que l’on nous fait croire que nous ne sommes rien, que notre seul chance de nous en sortir c’est de nous diluer dans l’europe – avec un petit e, c’est l’UE. Donc nous n’avons plus aucune espèce de grandeur, grandeur non pas dans le sens de superpuissance, ce qui me semblerait pour le coup illusoire, mais grandeur dans le sens de vouloir être plus grand que ce à quoi on peut s’attendre, l’art de viser plus haut, l’excellence.

      +16

    Alerter
    • Alfred // 21.03.2019 à 11h35

      OUI. Un seul mot derriere cela: t.r.a.h.i.s.o.n.

      Un petit rappel de la definition d’Intelligence avec l’ennemi en droit français contemporain:
      Article 411-4 :
      « Le fait d’entretenir des intelligences avec une puissance étrangère, avec une entreprise ou organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou avec leurs agents, en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France, est puni de trente ans de détention criminelle et de 450 000 euros d’amende.
      Est puni des mêmes peines le fait de fournir à une puissance étrangère, à une entreprise ou une organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou à leurs agents les moyens d’entreprendre des hostilités ou d’accomplir des actes d’agression contre la France »
      Le fait de livrer la seule entreprise pouvant fabriquer les trurbines des sous-marins delivrant la force de frappe française à une puissance étrangère tombe clairement sous le coup de cette loi… On peut trouver de multiples autres exemples (Que ce soit dans le cadre de transferts de pouvoirs vers « l’europe » o dans le cadre plus direct de notre vassalité de fait envers les états unis.)

        +23

      Alerter
      • Courrèges // 23.03.2019 à 21h23

        Des américains amis aux chinois si différents…
        Ne s’entend-t-on pas mieux avec les amis les plus éloignés?
        La vocation de la France est desormais de jouer l’intermédiaire entre les mastodontes géopolitiques mondiaux.
        La France n’est pas un pays, c’est un empire sédimenté par le temps, et par là, elle est (pour l’instant ) encore en mesure de peser sur la façon dont les Etats nouveaux 5délimitent leur champ d’action.
        Xptdr.

          +1

        Alerter
  • politzer // 21.03.2019 à 07h39

    « diminuer l’influence américaine » , NON diminuer les capacités de nuisances de l’impérialisme américain !
    Oui il n y aura pas de 3e guerre mondiale comme je le soutiens depuis le conflit soviéto chinois des années 60 en raison de l existence des forces nucléaires de destruction mutuelles. Croyez vous que les milliardaires aient envie de vivre sous terre comme des rats confinés au sein de bunkers installés 300m sous terre dans le parc de Yellowstone ?
    Guerre contre la Chine ? NON contre l alliance russo-chinoise ….déjà potentiellement gagnante! La puissance manufacturière chinoise conjuguée au réservoir de matières premières et la puissance militaire russe, inégalée à ce jour, ont déjà mis fin à la suprématie proclamée de l ‘impérialisme américain. L avenir est à la paix en dépit des derniers soubresauts de la bête immonde agonisante . L avenir c est le Communisme , la fin prochaine de l esclavage salarié sur la terre.
    Et puis souvenons nous de la déclaration prémonitoire de Lénine : » L’impérialisme ns vendra la corde pour le pendre » !
    C est ça la force coercitive du système capitaliste qui s impose à tous quelles que soient les volontés individuelles . On appelle ça aussi une loi du matérialisme historique c est à dire une loi tendancielle scientifique dont la rationalité échappe aux « savants bourgeois » ! Nous avons de bonnes raisons d espérer !

      +6

    Alerter
    • Catalina // 21.03.2019 à 10h42

      Oui, je pense comme vous et les USA le savent, eux aussi :

      Un désastre militaire. La Russie et la Chine écrasent les États-Unis dans une simulation de combat.

      Comment Washington va-t-il y remédier ?

      Par David Axe – Le 11 mars 2019 – Source The National Interest

      https://nationalinterest.org/blog/buzz/defense-disaster-russia-and-china-are-crushing-us-military-war-games-46677

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    • Dominique65 // 21.03.2019 à 10h54

      « contre l’alliance russo-chinoise »
      Provoquée par ce qu’on appelle l’Occident. Au début de sa présidence, Poutine voulait rejoindre l’Europe. Mais les États-Unis ne le voulaient pas. Et l’U atlantiste a joué une fois de plus contre elle-même et a mis la Russie dans les bras de la Chine.

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  • Evariste // 21.03.2019 à 08h30

    L’article est intéressant parce qu’il donne le point de vue d’un américain « éclairé ». Il oublie quand même deux faits qui ont à mon avis une grande importance: 1) la Chine compte quatre fois plus d’habitants que les USA (je crois que c’est Mao qui disait que si une guerre nucléaire éclatait il resterait des centaines de millions de chinois alors qu’il n’y aurait plus beaucoup d’américains…); 2) la Russie pèse certes d’un poids économique beaucoup plus faible que la Chine mais sa vitalité est considérable et ses capacités militaires ont largement le potentiel de calmer toutes les ardeurs militaristes occidentales. Or la Chine et la Russie sont alliées dans cette guerre avec les USA. Autre point que je relève dans cet article: l’UE n’est même pas mentionnée. Dans ce grand jeu, elle n’existe tout simplement pas, c’est juste une dépendance US…

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  • Daniel // 21.03.2019 à 08h54

    Les nouvelles routes de la soie , autrement appelé « Initiative une Ceinture, une Route » (ICR) sont dotées d’institutions financière bien au delà de 1 milliards de dollars (je me demande d’où vient ce chiffre), cela correspond pour l’instant à plus de 20 fois le plan Marshall !!!
    Cela est en train de révolutionner la géopolitique, ou plutôt d’y mettre fin en créant quelque chose d’inédit dans les relations internationales .
    je vous invite à regarder le courrier de Xi Jinping envoyé à l’Italie en prévision de sa visite qui change les règles du jeu : c’est une piste pour la fin du néolibéralisme avec le culte de la libre concurrence à tout va :

    Voilà la base du monde de demain : des relations entre nations au dessus du pouvoir des multinationales et où l’économie est orientée vers l’amélioration des conditions de vie des gens et de la Terre :

    « Confrontées aux transformations et aux défis du monde d’aujourd’hui et inspirées par une appréciation profonde de l’histoire, « la Chine et l’Italie conçoivent un nouveau type de relations internationales bâti sur le respect mutuel, l’équité, la justice, la coopération gagnant-gagnant et une communauté de destin pour l’humanité ». »

    En attendant la Visite de Xi Jinping en Italie demain … puis en France …
    Vite un changement de paradigme avec les nouvelles routes de la soie 🙂
    http://french.xinhuanet.com/2019-03/20/c_137910315.htm

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    • Julie Péréa // 21.03.2019 à 09h33

      A la conférence de Milan du 13 Mars, la fondatrice de l’Institut Schiller est arrivée à la conclusion que pratiquement tout ce qu’on trouve sur la Chine dans les grands médias occidentaux est trompeur, quand ce n’est pas carrément de l’infox. En témoigne l’« explosion de la propagande anti-Chine », suite à la décision du gouvernement italien de signer un accord avec Beijing, dans un contexte stratégique particulièrement dangereux.
      « Nous sommes dans une situation qui s’est déjà produite seize fois dans l’histoire, à savoir que la puissance dominante se fait surpasser par la puissance en deuxième position jusque-là. Douze fois dans l’histoire, cela a mené à une guerre entre les deux puissances concurrentes, et dans quatre cas, la deuxième puissance a dépassé la première sans recourir à la guerre. »
      Toutefois, a-t-elle précisé, la Chine a fait savoir à maintes reprises qu’elle ne souhaite pas « suivre le précédent des douze exemples, mais qu’elle ne veut pas non plus remplacer les Etats-Unis dans le rôle de dirigeant d’un monde unipolaire ». Beijing veut un système de relations basé sur « la souveraineté, le respect des différents systèmes sociaux et la non ingérence ».

      un Chinois parle de comment échapper au « Piège de Thucydide »
      https://www.institutschiller.org/Le-futur-des-nations-europeennes-un-grand-dessein-economique-et-culturel-avec.html

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    • snoop // 21.03.2019 à 11h01

      La page de Wikipedia indique que le Plan Marshall représente 16,5 milliards de dollars de l’époque, soit l’équivalent de 173 milliards de dollars de 2019 … Bref.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Marshall

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  • Albert Charles // 21.03.2019 à 08h58

    Encore une analyse américano-centrée (qu’elle soit contestataire ou idolâtre de l’impérialisme Yankee n’y change rien). Comme Huttington et son Clash des Civilisations, l’auteur de cet article inclut mentalement toute l’Asie du Sud-Est dans le giron normal de la Chine. Ce sont des populations et des Etats aux aspirations marginales, aux cultures et aux revendications spécifiques qui n’ont pas lieu d’être prises en compte pour expliquer les tensons militaires locales (dans le Pacifique Sud): seuls comptent les Etats Chinois et US, pour ne pas dire les Civilisations dignes de ce nom: chinoise et américaine, donc ! Les autres ? Peanuts ! Pourtant, un Indonésien ce n’est pas un Chinois ! Donc, on oublie quasiment le souci des populations du Pacifique Sud de vivre indépendantes de tous les impérialismes locaux (USA et Chine) et d’être souverains sur leurs territoires et leurs îles (îles situées à quelques centaines de kms de leurs côtes, mais à plusieurs milliers de kms de la Chine et des USA): Philippins, Malais, Vietnamiens, Indonésiens en ont assez des invasions et occupations commises par les troupes chinoises sur leurs îles, depuis quelques décennies ! D’ailleurs, peut-être qu’un jour (dans 50 ans ?) on apprendra que l’avion malais disparu en dite « Mer de Chine » (appellation usurpée) a été abattu par un missile chinois, cette même année ou la marine chinoise a détruit et évacué une station pétrolière située aux large des côtes..indonésienne ! Pour se l’approprier, bien sûr…

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    • channy // 21.03.2019 à 20h40

      @D’ailleurs, peut-être qu’un jour (dans 50 ans ?) on apprendra que l’avion malais disparu en dite “Mer de Chine”
      1) Malais fait référence à une ethnie, merci de dire Malaisien quand vous désignez les habitants de ce pays, pour info les malaisiens de descendance chinoise représentent environ 1/4 de la population (surtout des hokkiens,hakkas,cantonais, teochew)
      2) Ou apprendre peut être aussi que l’avion Malaisien, a été abattu par la chasse Malaisienne..pour votre info, un article très curieux dans le StarMalaysia paru quelques mois avant la disparition de MH370 évoquait le scénario d un détournement d’avion qui irait se crasher dans les Petronas Towers ..l’article mentionnait que le scenario (donc aussi une réponse) avait été envisagé par les autorités Malaisiennes

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  • Chris // 21.03.2019 à 09h31

    « La Chine a recours à des pots-de-vin, à des accords opaques et à l’utilisation stratégique de la dette pour maintenir les États africains captifs des souhaits et des exigences de Pékin » Dixit Bolton.
    J’ai dû rire, car c’est un copié-collé des Américains…
    Quant à l’enrôlement de New Dehli dans le camp US, ça n’a pas l’air de bien marché si j’en crois les récentes options d’armement (S400), qui donne un coup de ciseau dans l’accord COMCASA, calqué sur les accords que Washington a conclus avec ses principaux alliés de l’OTAN et des traités. Ankara semble très inspirante :
    https://www.strategic-culture.org/news/2018/09/18/us-indian-relations-trump-gets-unique-partner-for-america-first.html
    Et autres calembredaines :
    http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2019/02/islamabad-a-le-pas-qui-se-tend.html

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  • Max // 21.03.2019 à 09h33

    Sur le constat, rien à dire.
    La Russie étant dans sa forteresse territoriale et ses armes militaires lui garantissent (semble t’il) la sécurité pour un temps.
    Le texte en conclusion rappel très justement que le conflit USA /Chine peut avoir comme conséquence non seulement la fin de la civilisation actuelle mais aussi la fin de l’humanité.
    Les dirigeants de ces deux pays n’étant pas connu pour leurs compassions, pour les plus faibles, espérons que l’instinct de survie prédominera.

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  • Catalina // 21.03.2019 à 10h50

    Des usa ou de la Chine, qui est le pays qui envahit les autres pays constamment en se moquant des pertes humaines ? qui est le pays qui a balancé des bombes sur le Japon ? après que la seconde guerre mondiale soit finie ?

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  • Louis Robert // 21.03.2019 à 15h02

    La guerre totale redéfinie par l’Empire du « full spectrum dominance » se déploie sans cesse davantage, s’élargit, s’approfondit, contre la Chine et la Russie d’abord, mais pas seulement.

    Pendant ce temps, le Président Xi Jinping entreprend sa tournée européenne. À l’ordre du jour, les routes de la soie, discussions, ententes et accords; la caravane poursuit sa longue marche vers demain.

    Prométhéen, un nouvel ordre mondial est né, se met rapidement en place, à marches forcées. Derrière, au loin des aboiements douloureux se font encore entendre, autour du feu de minuit.

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  • Dixion // 21.03.2019 à 19h02

    La guerre est complexe, c’est évident, même ( surtout ) pour les militaires qui préparent toujours celle d’avant avec le narcissisme d’aujourd’hui. Les les US les premiers d’ailleurs – dont je signale au passage qu’ils perdent toutes leurs guerre – ; mais à trop vouloir démontrer, à comparer terme à terme … on ne fait que du Schlieffen.
    On oublie l’essentiel, la stratégie, la surprise, le « brouillard » de la guerre » comme le rappelle Clausewitz.
    Pour intéressant donc que soit ce qui est dit là, et je ne parle pas en amateur, je ne vois rien de déterminant sur une guerre future qui – oui – est déjà en cours, mais pour détruire le cerveau de l’autre. Et à cette aune – modulo toutes les destructions possibles – , les Chinois ont déjà gagné.
    Oui, je sais, c’est dur pour un Américain d’entendre ça.

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  • tchoo // 21.03.2019 à 19h25

    Il semble que dans le cyber espace les russes soit très avancé, capables plonger dans le noir l’armée des USA.
    De ce point de vue je ne doute pas que les chinois en soit aussi tres proche.
    Les USA ont des infrastructures en perdition parce que négligé depuis trop longtemps il y de fortes chance que cette course contre les chinois conduisent à l’effondrement de ce pays

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  • Dixion // 21.03.2019 à 19h49

    À titre de complément : reprenez l’histoire telle qu’elle se passe toujours. Il y a avant avec ses certitudes tel ce rapport, clair précis, .. puis il y a le  » brouillard de la guerre » ( Expression évoquant l’absence ou l’incertitude des informations quant aux forces, aux positions et aux objectifs des belligérants dans une guerre ).
    Souvenez vous Gamelin et les affiches où était écrit :  » nous ( Américains ) vaincrons parce que nous sommes les plus forts ( car un prof de Harvard me l’a dit ) « . Puis il y eut Rommel, Gamelin saute, Weygand arrive et fait pire, 6 millions de français hébétés sont sur les routes, mitraillés par les aviations italienne et nazie, puis Pétain est là – ovationné – , en quelques semaines ! Qui l’eut cru.
    À bas les certitudes, il faut réfléchir un peu …

      +1

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  • Louis Robert // 21.03.2019 à 22h06

    « Autre point que je relève dans cet article: l’UE n’est même pas mentionnée. Dans ce grand jeu, elle n’existe tout simplement pas… » (Evariste, plus haut)

    Sur l’UE, fantôme entre deux chaises, alors que la Chine et l’Italie vont de l’avant, je recommande de lire Pepe Escobar :

    « US Scrambles as China Extends Influence Everywhere; EU Caught in Middle»

    https://russia-insider.com/en/politics/us-scrambles-china-extends-influence-everywhere-eu-caught-middle/ri26585

    Le monde de demain nous ouvre les bras, nous appelle. Il est celui d’aujourd’hui, où les combats d’arrière-garde de l’Empire sont perdus à l’avance…

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  • martin // 21.03.2019 à 22h20

    Je suis d’accord

    Cet article parle au fond de la guerre sans limites telle qu’elle est théorisée par Liang Qiao et Xiansui Wang, or il ne paraît pas exagéré de dire que la Chine a déjà pris de l’avance dans tous les compartiments. Les équipes chinoises sont patientes, comme tout bon joueur de Weichi (Go), mais elles n’en accumulent pas moins des points en grand nombre. Au plan strictement militaire, la Chine n’a plus grand chose à craindre de Waschington, ainsi que le montre le dernier rapport de la Rand. (La déculottée, quoique moins sévère que contre les russes n’en est pas moins cuisante pour les gringos). Au plan scientifique et technologique, elle est passée devant les Usa. Au plan électronique et cybernétique, il y a bien longtemps que les calculateurs chinois sont sans rivaux. Au plan économique et monétaire, les politiques américaines précipitent la chute du Dollar, et la Chine n’a qu’à se donner la peine d’attendre. Les Etats-Unis n’ont plus les moyens de leurs ambitions, et même leurs avions civils capotent. C’est la fin.

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    • Louis Robert // 22.03.2019 à 00h33

      Empire: atteignant son apogée, débute son déclin, puis sa chute s’accélère vers l’écrasement de la fin.

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  • FREDO // 22.03.2019 à 13h07

    Mais la Chine, comme superpuissance mondiale, sera-elle meilleure que les US ? De l’irénisme caractérisé. Bon, faut faire son deuil de la libre expression, déjà…

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