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12.novembre.201812.11.2018 // Les Crises

Les États-Unis intensifient leur guerre économique illégale contre le peuple iranien. Par Keith Jones

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Source : World Socialist Web Site, Keith Jones, 07-11-2018

Washington a lancé hier la deuxième phase, beaucoup plus pénalisante, de ses sanctions économiques unilatérales et illégales contre l’Iran.

Les nouvelles sanctions visent explicitement plus de 700 cibles : des banques, des entreprises, l’ensemble de la flotte d’Iran Air, compagnie publique, et divers responsables et hommes d’affaires. Elles ont pour but d’étouffer toutes les exportations d’énergie de l’Iran et de l’écarter du système bancaire mondial, de manière à faire effondre son économie. Les industries du transport maritime, de la construction navale et de l’assurance des navires sont également visées.

Au début du mois d’août, trois mois après que le président américain Donald Trump ait renié l’engagement de Washington dans l’accord nucléaire de 2015 avec l’Iran et insisté pour que l’Iran se soumette à un nouvel accord « made in USA », les États-Unis ont imposé des sanctions au secteur automobile iranien, son commerce d’or et de métaux de base qui sont essentiels à la production industrielle, et ses achats de dollars.

Lors d’une conférence de presse lundi matin, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo s’est vanté du fait que les sanctions actuellement en vigueur sont « les plus sévères », plus globales et punitives que celles imposées par l’administration Obama et ses alliés européens à l’Iran entre 2011 et 2015.

« Le régime iranien a le choix », a déclaré l’ancien directeur de la CIA et le tristement célèbre faucon de guerre contre Iran. « Soit Il peut faire demi tour en abandonnant son plan d’action hors-la-loi et se comporter comme un pays normal, soit il peut témoigner de l’effondrement de son économie. »

Pompeo a promis que les États-Unis poursuivraient leur campagne de « pression maximale » jusqu’à ce que Téhéran se soumette aux 12 demandes du gouvernement Trump émises en mai dernier. Celles-ci comprennent : renoncer à perpétuité à un programme nucléaire civil souverain ; mettre fin à son intervention militaire en faveur du régime syrien d’Assad ; abandonner essentiellement son programme de missiles balistiques ; et mettre fin à tout soutien au Hezbollah, au Hamas et aux autres groupes désignés comme « terroristes » par les États-Unis.

Dans l’ensemble, ces demandes constituent un ultimatum selon lequel l’Iran doit se désarmer et se mettre à la merci de l’impérialisme américain et de ses alliés dans la région.

Pompeo a dénoncé Téhéran pour avoir parrainé la terreur internationale et d’autres activités « malveillantes ». De telles accusations ne sont pas nouvelles. Elles ont été lancées, sous une forme ou une autre, par chaque gouvernement américain, démocrate ou républicain, depuis que la révolution iranienne de 1979 a renversé la dictature monarchique du Shah, soutenue par les États-Unis. Et elles ont été amplifiées au cours des deux dernières décennies à mesure que les États-Unis ont mené et fomenté une série de guerres prédatrices à travers le Grand Moyen-Orient, de l’Afghanistan à la Libye, qui ont rasé des sociétés entières.

Depuis des années, le gouvernement et les médias américains décrivent l’Iran comme un agresseur. À cet égard, Pompeo n’a pas déçu hier. Mais ce sont les États-Unis qui ont menacé l’Iran d’attaques militaires à maintes reprises, ont envahi les voisins de l’Iran, l’Irak et l’Afghanistan, et qui, à commencer par Israël et l’Arabie saoudite, ont armé ses États clients jusqu’aux dents et les ont encouragés dans leur belligérance envers l’Iran.

Il y a à peine trois semaines, Pompeo était à Riyad pour conseiller le régime absolutiste saoudien sur la manière de traiter l’indignation internationale suscitée par le meurtre brutal du journaliste saoudien dissident Jamal Khashoggi. Depuis lors, Riyad, avec le soutien logistique des États-Unis, a intensifié sa guerre féroce au Yémen, faisant en sorte que la plus grande crise humanitaire du monde décrite par l’ONU s’aggrave.

Selon un article paru samedi dans le Washington Post, le commandement central du Pentagone fait pression pour que des forces militaires supplémentaires soient déployées au Moyen-Orient afin d’appuyer la campagne de « pression maximale » du gouvernement Trump contre l’Iran.

L’unilatéralisme et la criminalité américains

Lors de la conférence de presse de lundi, Pompeo a annoncé que huit pays – la Chine, l’Inde, le Japon, Taïwan, la Corée du Sud, la Grèce, l’Italie et la Turquie – avaient bénéficié d’une « dérogation » temporaire pouvant aller jusqu’à six mois concernant l’embargo mondial imposé par Washington à l’importation de pétrole iranien.

Ce faisant, Pompeo a souligné que les États-Unis étaient résolus à réduire à zéro les exportations d’énergie iraniennes dans un proche avenir et que ceux qui bénéficiaient de « dérogations » avaient déjà réduit leurs importations de pétrole iranien et s’étaient engagées à procéder à de nouvelles réductions. Ils ont également accepté de placer l’argent qu’ils auraient payé à l’Iran sur des comptes séquestres dont Téhéran pourrait y accéder uniquement pour l’achat d’un nombre limité d’articles « humanitaires ».

Pompeo a affirmé que les dérogations avaient été accordées pour éviter une flambée des prix mondiaux du pétrole et que certains pays dotés de raffineries calibrées pour le brut iranien ont besoin de plus de temps pour trouver d’autres sources de pétrole.

Le secrétaire d’État américain a été assisté à la conférence de presse hier par le secrétaire au Trésor, Steve Mnuchin. Cela est dû au fait que l’axe central de la guerre économique américaine contre l’Iran dépend de sa domination du système financier mondial et de sa capacité à manier l’arme des sanctions secondaires, menaçant les entreprises et les banques impliquées dans le commerce avec l’Iran, ou celles ne faisant que traiter avec des tiers, d’exclusion du marché américain, d’amendes massives et d’autres pénalités.

Pompeo et Mnuchin se sont vantés du fait que plus d’une centaine d’entreprises avaient fui l’Iran de peur des sanctions américaines, et qu’une vingtaine de pays ont cessé d’importer du pétrole iranien et qu’avant même que l’embargo américain ne soit officiellement instauré, les exportations de pétrole iranien avaient chuté de plus d’un million de barils par jour, ou environ 40 pour cent.

Pompeo a également déclaré qu’une dérogation aux sanctions devait être accordée aux agences impliquées dans la réaffectation de deux installations nucléaires iraniennes afin de les mettre en conformité avec l’accord nucléaire iranien, ou Plan d’action global commun (JCPOA).

Tous les autres signataires de cet accord – la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et l’Union européenne – insistent sur le fait que l’Iran a rempli toutes ses obligations dans le cadre du JCPOA. Il en va de même pour l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’organe de l’ONU chargé de vérifier le respect des obligations iraniennes.

La Russie a promis d’aider l’Iran à enfreindre les sanctions américaines et, bien qu’elle soit l’un des principaux exportateurs de pétrole au monde, aurait accepté d’acheter du pétrole iranien en roubles que Téhéran utiliserait ensuite pour acheter des produits russes.

Notant que la Russie est elle-même la cible des sanctions économiques américaines, le ministre russe de l’Énergie, Alexander Novak, a déclaré vendredi au Financial Times : « Nous ne reconnaissons pas les sanctions introduites unilatéralement sans les Nations Unies, nous considérons ces méthodes comme illégales en elles-mêmes. »

Les puissances européennes, qui ont joué un rôle crucial dans la campagne du gouvernement Obama contre l’Iran, s’engagent également à défendre le JCPOA et à contester les sanctions unilatérales des États-Unis.

L’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne s’offusquent du fait que le gouvernement Trump a fait dérailler ce qui avait été une ruée des entreprises européennes vers l’Iran pour exploiter des opportunités commerciales lucratives. Elles craignent les conséquences économiques et géopolitiques catastrophiques d’une nouvelle guerre provoquée par le conflit au Proche-Orient et estiment que, dans un contexte d’intensification de la guerre commerciale mondiale et de concurrence stratégique, elles doivent s’opposer à l’unilatéralisme de Washington, notamment son recours à des sanctions secondaires, afin de poursuivre leurs propres intérêts et intrigues impérialistes.

L’Union européenne est en train de mettre en place un Special Purpose Vehicle (SPV), mécanisme permettant d’effectuer des échanges commerciaux avec l’Iran, en dehors du système financier dominé par les États-Unis, et a invité d’autres pays, notamment la Russie et la Chine, à y participer. Cependant, le SPV est encore loin d’être opérationnel, à cause de l’inquiétude des puissances européennes quant aux implications d’un tel affrontement ouvert avec Washington.

Les responsables du gouvernement Trump, quant à eux, n’ont pas de scrupules à menacer leurs rivaux européens de sanctions agressives à l’égard de toutes entités impliquées dans une quelconque transaction future par le SPV.

L’Iran s’engage à mobiliser son économie de « résistance »

Le régime nationaliste bourgeois iranien s’est engagé à résister à la guerre économique américaine contre l’Iran, notant que l’Iran a été soumis à diverses sanctions américaines depuis 39 ans.

De grandes foules ont pris part à des manifestations dimanche marquant l’anniversaire du lancement en 1979 de l’occupation estudiantine de l’ambassade américaine, une action entreprise pour protester contre la décision du président américain Jimmy Carter d’autoriser le Shah déchu à se rendre aux États-Unis, et les intrigues de la CIA contre les opposants anti-impérialistes en Iran. De nombreux participants portaient des pancartes improvisées se moquant de Trump et jurant de défier les menaces américaines.

Même les reportages des médias occidentaux ont mis en avant la colère populaire palpable contre la campagne américaine visant à appauvrir encore plus le peuple iranien – notamment en les privant d’accès à des médicaments essentiels – et les prétentions absurdes de Trump et Pompeo à être du côté du « peuple » contre le régime bourgeois-religieux iranien.

Cela dit, il ne fait aucun doute que le régime iranien est en proie à une crise à mesure qu’il cherche à manœuvrer entre un impérialisme américain rapace et en crise profonde, et une classe ouvrière de plus en plus militante, mécontente des années d’austérité et du recul depuis des décennies des acquis sociaux limités que les mollahs avaient introduit pour consolider leur pouvoir au début des années 1980, tout en réprimant impitoyablement toutes les organisations de gauche de la classe ouvrière.

Le président iranien Rouhani, avec le soutien du guide suprême, l’ayatollah Khamenei, a cherché un rapprochement avec les puissances impérialistes américaine et européennes dans le cadre de l’accord sur le nucléaire iranien, ceci afin de renforcer leur position face à la classe ouvrière, tout en faisant adopter des réformes néolibérales.

Mais le boom de l’investissement européen n’a pas répondu aux attentes, puis a brusquement pris fin lorsque Trump a annoncé que les États-Unis se retiraient du JCPOA et « réimposaient » les sanctions. Depuis lors, l’économie iranienne est en chute libre et la monnaie iranienne a perdu environ 70 pour cent de sa valeur.

Sur le plan intérieur, les dirigeants de la République islamique ont répondu en redoublant d’appels à « l’unité nationale », qualifiant de déloyal l’opposition croissante de la classe ouvrière à la pauvreté et aux inégalités sociales. Au niveau international, Téhéran se fie aux puissances impérialistes européennes et vante l’Iran comme étant de meilleur garant de l’ordre mondial par rapport aux États-Unis, dirigés par Trump. Il oscille entre la lutte contre la menace d’une action militaire américaine avec une fierté des capacités militaires de l’Iran et le fait qu’il est prêt, si Washington annule les sanctions, à négocier un accord complémentaire au JCPOA.

« Il ne s’agit pas forcément d’une administration différente », a déclaré le ministre des Affaires étrangères iranien Javad Zarif a USA Today ce week-end, « mais il nécessite une approche différente » pour expliquer ce qui serait nécessaire pour Téhéran de reprendre les pourparlers avec Washington.

Les intentions criminelles du gouvernement Trump à l’égard de l’Iran – sa répudiation du JCPOA et le déclenchement de la guerre économique contre l’Iran – marque une nouvelle étape dans l’effondrement des relations entre États au niveau mondial. Cela a placé Washington et Téhéran sur le chemin de l’affrontement, menaçant de déclencher une guerre dans tout le Moyen-Orient et exacerbant énormément les tensions entre les grandes puissances et entre les pays impérialistes.

(Article paru en anglais le 6 novembre 2018)

Source : World Socialist Web Site, Keith Jones, 07-11-2018

 


 

Les États-Unis étendent les sanctions illégales et unilatérales contre l’Iran

Source : World Socialist Web Site, Mike Head , 08-11-2018

Intensifiant son agenda mondial agressif des «États-Unis d’abord», l’administration Trump a confirmé la semaine dernière qu’elle imposera de nouvelles sanctions à l’Iran, conçues pour paralyser son économie, affamer son peuple et renverser son gouvernement afin d’imposer un régime pro-américain servile.

Le président américain Donald Trump a tweeté vendredi une photo de lui dans le style d’une publicité pour la série télévisée fantastique Game of Thrones, avec le slogan: «Les sanctions arrivent, le 5 novembre». Il s’agit d’une référence à «L’hiver arrive» («Winter is Coming»), le premier épisode de la série qui a pour thèmes la violence, la vengeance et la guerre. Plus tard, Trump s’est vanté devant les journalistes: «L’Iran prend un très gros coup.»

Les mesures annoncées par Washington sont si vastes qu’elles équivalent à une déclaration de guerre. De plus, elles sont associées à par menaces d’action militaire si l’Iran persiste à défier les diktats américains. Ces sanctions violent les résolutions de l’ONU endossant l’accord nucléaire conclu en 2015 entre l’Iran, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Russie et la Chine) en plus de l’Allemagne et de l’Union européenne.

Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a effectivement confirmé que Washington, qui a installé et maintenu la dictature du Shah Reza Pahlavi pendant plus de 25 ans de 1953 à 1979, cherche une fois encore à établir une hégémonie incontestée sur ce pays riche en pétrole.

«Tous les efforts visent à donner au peuple iranien non seulement le gouvernement qu’il veut et qu’il mérite», a déclaré l’ancien directeur de la CIA, en employant le langage intimidant et méprisant associé aux opérations américaines de changement de régime dans le monde.

Pour parvenir à ses fins, l’administration Trump punit directement le peuple iranien, dont des dizaines de milliers pourraient mourir à cause des obstacles américains à l’importation de nourriture et de médicaments. Elle vise également les rivaux européens de l’impérialisme américain qui, vendredi dernier, ont condamné conjointement les mesures américaines et se sont engagés à trouver des moyens de les défier.

Conformément au vœu de Trump de couper complètement les revenus pétroliers iraniens, les exportateurs de pétrole, les banques et les pétroliers feront partie des 700 compagnies, individus, navires et avions qui seront ajoutés à une liste noire des sanctions américaines existantes.

Le secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin a également annoncé que SWIFT, le service de messagerie financière privée basé à Bruxelles qui permet aux banques de communiquer en toute sécurité, serait également passible de sanctions. «Nous avons informé SWIFT qu’elle doit déconnecter toute institution financière iranienne que nous désignons dès que cela sera techniquement possible», a-t-il déclaré.

Les puissances européennes, ainsi que la Russie et la Chine, sont menacées parce que les sanctions américaines doivent être appliquées par des sanctions secondaires punitives. Les entreprises et les pays qui commercent avec l’Iran risquent d’être exclus du marché américain et de se voir imposer des sanctions financières et autres pénalités très lourdes.

Pompeo a déclaré que huit «juridictions» se verraient accorder des dérogations temporaires – c’est-à-dire une « autorisation » américaine de continuer à importer du pétrole ou du gaz naturel iranien après l’entrée en vigueur des sanctions américaines – mais seulement sous réserve qu’elles cessent leurs importations ou les réduisent considérablement dans les prochaines semaines. L’objectif, a-t-il réitéré, est de priver dès que possible l’Iran de tout revenu provenant des exportations d’énergie.

Pompeo n’a pas nommé les pays à exempter, si ce n’est pour dire clairement que l’Union européenne n’en faisait pas partie. Il s’agirait de l’Inde, du Japon, de la Corée du Sud et peut-être de la Chine, qui s’est jusqu’à présent conformée aux exigences américaines en réduisant ses importations de pétrole en provenance d’Iran. La Turquie, voisine au nord de l’Iran, a déclaré qu’elle était l’une des huit.

Six pays s’étaient mis d’accord pour «réduire considérablement» leurs achats de pétrole, a dit Pompeo, et deux autres ont déclaré qu’ils mettraient bientôt fin à leurs importations de pétrole iranien. L’argent provenant des ventes aux pays exemptés serait conservé dans des comptes à l’extérieur de l’Iran, a-t-il dit, et ne pourrait être dépensé qu’en articles humanitaires ou en biens approuvés.

Loin d’exempter les denrées alimentaires et les médicaments de base des sanctions, l’administration Trump, selon des responsables européens, a fait en sorte qu’ils soient soumis à l’embargo américain en fait, sinon officiellement.

Gérard Araud, l’ambassadeur de France à Washington, a déclaré cette semaine: «Bien sûr, les biens humanitaires ne sont pas sanctionnés. Mais le fait est que les banques sont tellement terrifiées par les sanctions qu’elles ne veulent rien avoir à faire avec l’Iran. Cela signifie que dans quelques mois, il y a un fort risque de pénurie de médicaments en Iran si nous ne faisons rien de positif.»

En septembre, les ambassadeurs du Royaume-Uni, de France et d’Allemagne aux États-Unis ont effectué des visites conjointes auprès des départements du Trésor et d’État américains pour tenter de persuader l’administration Trump d’établir une «liste blanche». Cela donnerait des lignes directrices sur les canaux que les banques et les entreprises européennes pourraient suivre pour effectuer des transactions exemptées.

Sous les sanctions précédentes, les banques et entreprises étrangères ont évité toutes les transactions avec l’Iran par crainte d’être pénalisées, ce qui a entraîné de graves pénuries de médicaments vitaux et de produits alimentaires de base dans les années précédant l’accord de 2015.

«Il ne fait aucun doute que la vie de milliers de patients sera en danger», a déclaré Ahmad Ghavideh, de la société iranienne d’hémophilie, dans une entrevue au Guardian par téléphone depuis Téhéran. «Tout retard dans l’approvisionnement en médicaments, en particulier dans le secteur dans lequel je travaille, aura des conséquences catastrophiques», a déclaré le responsable de l’ONG.

Vendredi, l’envoyé spécial du département d’État pour l’Iran, Brian Hook, a exclu de prendre des dispositions spéciales pour les biens humanitaires. «Ce n’est pas aux États-Unis qu’il incombe d’identifier les voies de communication sûres», a déclaré M. Hook aux journalistes. «Les banques n’ont pas confiance dans le système bancaire iranien… C’est le problème de l’Iran, pas le nôtre.»

Ellie Geranmayeh, conseillère politique au Conseil européen des relations extérieures, a déclaré aux journalistes: «J’ai parlé à un certain nombre de sociétés pharmaceutiques européennes et elles disent que leurs banques ont signalé qu’elles allaient avoir du mal à faire face à tout paiement en provenance d’Iran. Cela n’est pas conforme à la politique déclarée de l’administration Trump selon laquelle les sanctions ne sont pas contre le peuple iranien.»

Pompeo a déclaré vendredi que les sanctions visaient à «priver le régime des revenus qu’il utilise pour répandre la mort et la destruction dans le monde entier». En réalité, ce sont les États-Unis, la plus grande puissance nucléaire du monde, qui ont une longue histoire documentée d’agressions militaires, de coups d’État, d’assassinats et de soutien au terrorisme, y compris la destruction de sociétés entières à travers le Moyen-Orient depuis 2001 – que ce soit la Libye, le Yémen, la Syrie, l’Irak ou l’Afghanistan.

De plus, les exigences formulées par Washington à l’égard de l’Iran l’obligent à cesser tout enrichissement d’uranium, c’est-à-dire à renoncer définitivement au droit de développer un programme nucléaire civil, y compris pour la production d’électricité et à des fins médicales. Téhéran insiste sur le fait qu’il s’est pleinement conformé à l’accord nucléaire de 2015, ce que l’Agence internationale de l’énergie atomique, l’organe de conformité des Nations unies, a confirmé à plusieurs reprises.

Depuis mai, lorsque Trump s’est retiré de l’accord nucléaire de 2015, connu sous le nom de Plan d’action conjoint, les exportations iraniennes de pétrole brut ont chuté d’environ un tiers, soit environ un million de barils par jour.

Cette situation et les sanctions américaines existantes à l’encontre de 168 individus, entreprises et groupes iraniens ont poussé l’économie iranienne au bord de l’effondrement. Sa monnaie a perdu environ 70 % de sa valeur cette année.

Les actions américaines alimentent les tensions géostratégiques et intensifient le risque de guerre. Pompeo et Mnuchin ont déclaré que les États-Unis tenteraient de contrecarrer tout effort européen visant à contourner les sanctions.

Le chef de la politique étrangère de l’UE, Federica Mogherini, a publié vendredi une déclaration commune avec les ministres des affaires étrangères britannique, français et allemand dans laquelle ils ont déclaré qu’ils continueraient à travailler sur les moyens de maintenir le commerce avec l’Iran. «Notre détermination collective à mener à bien ce travail est inébranlable», peut-on lire dans le communiqué.

La déclaration européenne fait allusion au danger de guerre et défend l’accord nucléaire de 2015 comme «étant essentiel pour la sécurité de l’Europe, de la région et du monde entier».

Source : World Socialist Web Site, Mike Head , 08-11-2018

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Fred // 12.11.2018 à 08h54

Inversion accusatoire typique chez ces gens-là. Les USA me dégoûtent au plus haut point. Qu’ils crèvent noyés dans leur (soit-disant) abondant pétrole de schiste.
Fred

18 réactions et commentaires

  • calal // 12.11.2018 à 08h05

    Ces sanctions americaines amenent deux reflexions:

    -quand adam smith et tous les partisans de la libre circulation des marchandises pronaient que la specialisation de chaque pays dans la production de biens dans lesquels il a un avantage comparatif amenaient la richesse des nations,ont ils oublie les consequences d’un blocus commercial?

    – ce qui arrive a l’iran peut-il nous arriver si on « vote mal »ou pour une autre raison?quand on entend qu’il y a deja des penuries de certains medicaments…

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  • Weilan // 12.11.2018 à 08h48

    Dire qu’il existe encore des imbéciles qui s’amusent à signer des traités avec les USA ! Traités qui peuvent être déchirés à tout instant et sous n’importe quel prétexte. Bref, des « chiffons de papier » comme disait Adolf…
    A ce sujet, le Traité de Versailles après la 1ère guerre mondiale contenait la promesse du président Wilson d’intervenir automatiquement au côté de la France en cas de nouvelle attaque germanique. Cette promesse solennelle ne fut tout simplement jamais ratifiée par le Congrès.

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    • Calal // 12.11.2018 à 11h42

      Bien sur que les traites se déchirent.Il faut être cohérent:si on est pour la sortie des traites européens,on doit admettre que d’autres veuillent sortir des traites qu' »ils » ont signes.c’est comme le prix de l’essence, fallait pas signer la cop 21 comme Trump l’a fait.

        +2

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      • Linder // 13.11.2018 à 10h37

        C’est une norme de droit internationale : tout traité doit avoir une clause de sortie. Si un traité n’a pas de clause de sortie, on a le droit d’en sortir quand même en informant ses partenaires.

        Il y a donc la question de droit mais aussi la question de confiance. La façon dont un partenaire gère sa sortie d’un traité est sans doute déterminante. Les gouvernements américains successifs ne cessent de montrer que la seule norme de droit qui compte réellement pour eux est le droit du plus fort.

        Il me semble qu’un certain A.Hitler aurait dit qu’un traité n’est valide qu’aussi longtemps qu’il est mutuellement avantageux. Quelqu’un pourrait-il confirmer ou non qu’il a dit cela?

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  • Fred // 12.11.2018 à 08h54

    Inversion accusatoire typique chez ces gens-là. Les USA me dégoûtent au plus haut point. Qu’ils crèvent noyés dans leur (soit-disant) abondant pétrole de schiste.
    Fred

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  • Fritz // 12.11.2018 à 10h36

    Ces États-voyous, ça se croit tout permis. Mais leur dollar n’est qu’un tigre de papier.

    Pour paraphraser le faucon (pourquoi faux ?) Pompeo : « Le régime états-unien a le choix. Soit Il peut faire demi-tour en abandonnant son plan de sanctions hors-la-loi et se comporter comme un pays normal, soit il peut assister à l’effondrement de son économie. »

      +9

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  • christiangedeon // 12.11.2018 à 11h58

    Article franchement marrant…et çà commence par le titre…guerre illégale. Ah bon? Ilégale? Ah bon? Merci d’expliquer. Ce qui est énervant avec ce genre d’article,c’est qu’il part sur un faux constat…illégale? Non…moralement condamnable? Peut-être…les US ont le droit de dire celui qui commerce avec l’Iran ne commerce plus avec nous…il n’y a rien d’illégal là dedans. A force de trop vouloir prouver,on ne prouve rien du tout…article particulièrement idiot…

      +2

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    • Chris // 12.11.2018 à 15h13

      illégal quand un pays est signataire et partenaire de l’OMC…

        +17

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      • christiangedeon // 13.11.2018 à 09h53

        les US ne remettent pas en cause juridiquement l’OMC en l’occurence. Ils n’empêchent pas ceux qui veulent commercer avec l’Iran de le faire. Ils disent simplement,si vous commrcez avec l’Iran,vous ne commercez pas avec nous. J’aimerais bien que quelqu’un démontre que ce que je dis est faux.

          +0

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    • jdautz // 12.11.2018 à 22h57

      Illégal selon les diverses règles du droit international, qui est plutôt un ensemble de traités et accords plus que des loi c’est vrai, quoique elles sont parfois traduites en loi dans les pays, mais qui ont quand même été signées ou entériné par pas mal de monde dans le soucis de conserver un certain équilibre et éviter ce que les USA font.

        +8

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      • christiangedeon // 13.11.2018 à 11h23

        Expliquez moi ce « qu’ils  » font. On va finir par me prendre pour un fana des US,ma parole. mais ce serait bien d’éclaircir cette affaire. Que font les US en l’occurence? Est ce que je peux rappeller que l’UE est unn ensemble de traités et acoords,souvent traduits en lois,et que nous sommes nombreux ici à nous y opposer fermement? Alors,vérité en déça,erreur au delà?

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  • nulnestpropheteensonpays // 12.11.2018 à 12h02

    moi il y a un truc que je ne pige pas , dans une société libérale la notion la plus importante est le mérite , tu as de l’argent parce que tu bosses donc tu mérite celui qui ne mérite pas on ne l’aide pas . Alors pourquoi les états unis aide t il l’état Hébreux , c’est un non sens pour un pays libérale . Si l’état hébreux mérite il vivra si il ne mérite pas il mourra . D’ailleurs je ne suis plus loin d’être libérale parce que en réfléchissant bien , ne serait ce pas parce que les états unis aide l’état Hébreux que cela n’ a pas permis une paix qui aurait du advenir depuis longtemps . Sans aides , l’état Hébreux aurait du faire des concessions depuis longtemps et cet endroit du monde serait en paix , n’est il pas ?

      +12

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    • Calal // 12.11.2018 à 14h55

      A priori israël fournit qqch d’utile aux USA.théoriquement israël verrouille l’Afrique et le mo dans le camp occidental. Si les US n’ont en plus rien a faire du reste du monde,ou plutôt s’ils estiment que leur rôle de « gendarme » est trop coûteux ,trop peu paye et ingrat,la situation peut éventuellement changer (pour bcp de monde?).pis kikon appellera au secours si c’est le cirque?

        +1

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  • max // 12.11.2018 à 13h18

    La question principale est : cet embargo est-il efficace ?
    Au vu des pays ayant décidé de continuer à commercer avec l’Iran, notamment la Chine, la Corée (du sud) et le Japon ce n’est pas certain.
    Si on excepte l’UE, d’autres pays maintiennent leurs relations commerciales avec l’Iran, notamment une bonne partie de l’Asie centrale, la Russie et l’Inde.
    Si, il s’agissait en ce qui concerne l’Iran, l’objectif était la fin de la charia, je dirais chapeau bas mais quand on constate la qualité des liens des USA avec l’Arabie Saoudite ou les dirigeants afghans, ils s’en foutent.
    La raison principale de cet embargo, et par extension a la Russie, est de contraindre le monde à acheter les hydrocarbures exclusivement aux USA et chez les Saouds (ce qui reviens au même) et bien évidement en $.
    Ce serait possible si il n’y avait pas les pipelines, ceux-ci sont plus fiables moins chères que les voies maritimes et cerises sur le gâteau échappent au contrôle maritime des USA.
    Que va faire l’UE ?
    Soit elle achète pétrole et gaz a la Russie, soit elle les achète aux USA mais beaucoup plus chère, ce qui l’enfermera encore plus dans la zone $.

      +9

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    • Calal // 12.11.2018 à 14h57

      Il semble que les US investissent dans des infrastructures pour exporter leur gaz liquéfié moins cher d’après zerohedge.investissements payes avec l’argent de la dernière hausse du brut?

        +1

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  • Spartel // 13.11.2018 à 15h05

    Faire la guerre à plus faible que soit n’est pas très glorieux. Les héros US ne sont pas sur les champs de batailles ( sauf pour la 1ère GM et la 2ème GM, merci les gars pour avoir mis fin au nazisme, au fascisme et au communisme) mais seulement à Hollywood. Je ne parle même pas des pilotes d’avions ou de drones devenus de véritables tueurs à gages de civils sans prendre aucun risque puisque la chasse adverse est inexistante tout comme son système de défense électronique obsolète . Ils auront même essayé de nous vendre Mc Cain en héros de l’aéronavale, mais cela n’a pas marché.
    Maintenant feindre d’être une grande puissance en s’attaquant à la 4ème armée du Monde ( Irak ) puis à l’Iran aujourd’hui, c’est vraiment prendre la communauté internationale pour de sacrés guignols.
    Et le plus sidérant c’est que ça marche et que personne ne dit rien.
    Rappelons pour mémoire que la fin des accords sur le nucléaire permet aux États Unis de ne pas devoir rembourser quelques centaines de milliards de dollars iraniens conservés dans les Institutions US. La politique internationale est devenue le grand jeu du grand banditisme, bancaire, financier, narco , armes…Nous entrons dans une époque de grande incertitude.

      +3

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  • Vincent // 14.11.2018 à 00h21

    C’est amusant cet article écrit avec un gros biais trotskiste suranné qui n’a plus lieu d’être. Cela dit la vision prédatrice des USA est juste, mais tout ramener à la lutte ouvrière, comment dire…..;)

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    • Myrkur34 // 18.11.2018 à 17h41

      Moi je me demande ce qu’on apprend aux gosses dans les manuels d’histoire contemporaine aux states sur l’Iran, çà doit être un peu caviardé sur le fameux, « c’est lui qui a commencé ».

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