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25.novembre.201925.11.2019 // Les Crises

Les gens importants ont souvent la mémoire courte . Par Guillaume Berlat

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Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 28-10-2019

« Les gens importants ont souvent la mémoire courte » (proverbe chinois). Qui se souvient encore des quolibets adressés par un Occident sûr et dominateur, il y a peu encore, au nouveau Tsar, Vladimir Poutine lorsqu’il décidât, en 2015, d’engager ses troupes en Syrie pour sauver le soldat Bachar mais, au passage, pour réimplanter la Russie dans la zone ? Qui se souvient encore des propos du comique ministre des Affaires étrangères et du développement international (MAEDI), Laurent Gaffius d’août 2012 annonçant la fin prochaine du régime du bourreau de Damas ? Qui se souvient encore des ratés (dans un premier temps, une sorte d’incrédulité) et des bourdes occidentales (dans un second temps, une guerre héroïque pour éliminer le tyran Kadhafi…) lors des premiers balbutiements des mal nommés « printemps arabes » fin 2010-début 2011 ? Qui se souvient des armes distribués manu larga par ces mêmes Occidentaux aux groupes terroristes (les petits gars qui faisaient du bon boulot sur place, pour reprendre la formule célèbre de Laurent Fabius) pour qu’ils chassent Bachar Al-Assad du pouvoir et y installe un régime démocratique, laïc, attaché au libéralisme et aux fameuses valeurs occidentales ?

Un constat d’évidence s’impose : le monde a profondément changé depuis, et plus particulièrement en cette année 2019. Certains experts évoquent la fin d’un monde, en particulier pour l’Occident. Une page qui vient d’être définitivement tournée. L’Occident qui a désormais tout loisir de méditer sur les raisons de sa défaite cuisante dans la région : « l’étrange défaite », pour reprendre le titre de l’ouvrage de Marc Bloch. Voudra-t-il en tirer toutes les conséquences qui s’imposent pour éviter que la défaite ne se transforme en débâcle ? La Russie peut, elle au contraire, savourer sa victoire incontestable. Un retour en arrière s’impose pour comprendre l’étendue de la défaite occidentale et la portée de la victoire russe opérée en quatre années d’intenses activités de toutes sortes. Comme souvent, on ne comprend le présent qu’à travers une connaissance du passé – surtout dans l’Orient compliqué – et on anticipe l’avenir qu’à travers une réflexion libre qui combine histoire et géographie. Exercice vain et inutile pour Jupiter et toute sa clique de courtisans qui confondent les lois de la finance et celles de la diplomatie qui n’ont pourtant rien à voir, qui confondent stratégie et communication.

UNE DÉFAITE CONSOMMÉE DE L’OCCIDENT

« On apprend peu par la victoire, mais beaucoup par la défaite » (proverbe japonais)

Aujourd’hui, le résultat de cette diplomatie occidentale de Gribouille de l’Occident, États-Unis et France en tête de gondole, est pour le moins piteux, pour ne pas dire catastrophique. Le tableau clinique est clair : l’Occident a largement contribué à déstabiliser durablement une région, qui n’en avait pas besoin, par une politique erratique, incohérente et inconstante. Par ailleurs, il a creusé sa propre tombe en se discréditant d’une manière impensable à l’occasion de l’opération turque dans le nord de la Syrie, visant à éliminer les « terroristes » kurdes. Petites causes, grands effets, pourrait-on dire. La défaite est lamentable.

Un Proche et Moyen-Orient au bord du précipice

Le tableau est inquiétant. Et les Occidentaux n’ont pas de quoi pavoiser. L’implosion de la Libye provoque une onde de choc de déstabilisation pérenne dans le Sahel et pousse des millions de migrants vers l’Europe. La Tunisie va de crise en crise institutionnelle. Le Yémen est à feu et à sang grâce à la générosité légendaire de l’ébéniste saoudien, MBS. L’Égypte a retrouvé un militaire fort qui tient le pays d’une main de fer. Israël peine à trouver un successeur à Benjamin Nétanyahou1. L’Irak peine toujours à se remettre de l’intervention américaine de 2003, connaissant une nouvelle vague de violences et de répression. La Jordanie, le Liban2 (les mesures annoncées par le gouvernement ne semblent pas convaincre la rue3) et la Turquie ont dû accueillir des millions de réfugiés syriens sur leur sol, provoquant une catastrophe humanitaire de grande ampleur. Il aura fallu plusieurs années à la coalition occidentale pour démanteler l’EIIL. Mais peut-on définitivement gagner la guerre contre une idéologie ? En Syrie, Bachar Al Assad, avec le soutien sans faille des Iraniens et des Russes, regagne petit à petit le terrain perdu. Aujourd’hui, les Kurdes honteusement abandonnés à leur triste sort par une Amérique isolationniste et par une Europe inexistante, sont contraints de négocier avec lui pour éviter d’être laminés par le nouveau Sultan d’Ankara. Qui sème le vent, récolte la tempête ! Toutes choses que les Occidentaux ne semblent toujours pas comprendre en dépit de leurs multiples défaites sur les champs de bataille aux quatre coins de la planète, les mêmes causes produisant les mêmes effets. Ils excellent dans le rôle d’excellents pyromanes mais aussi de piètres pompiers, ce qui est particulièrement savoureux lorsque l’on se permet de donner, chaque année à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU, des leçons de diplomatie à la terre entière comme le fait Emmanuel Macron4.

Un Occident durablement discrédité

Durant ce temps de troubles structurels, Américains et Européens se contentent d’un strapontin de spectateur dans la recomposition actuelle du Moyen-Orient. Ils n’avaient pas vu le coup venir. Encore une nouvelle « surprise stratégique », pourtant très prévisible à condition d’ouvrir les yeux. Iraniens, Turcs (puissance régionales) et Russie (puissance extrarégionale) apparaissent comme les grands gagnants du nouveau mercato oriental. À ces trois pays revient le rôle d’architecte de la nouvelle Maison régionale. Aux Occidentaux revient le rôle d’imprécateur. Comme les faits sont têtus, les mouches ont changé d’âne. Au moment où elle envisage de quitter l’Afghanistan après deux décennies de guerre stériles5, l’Amérique ne fait plus la pluie et le beau temps dans la région surtout après son retrait rapide du nord de la Syrie pour laisser la place à la Turquie6. Elle laisse désormais à la Russie le soin de jouer en même temps sur le registre de la diplomatie (rôle dans lequel elle excelle, y compris dans le rôle de médiateur) et des armes (rôle dans lequel elle sait mettre le paquet en cas de besoin). Les faits sont têtus. Une sorte de revanche de l’Histoire qui risque de ma finir !7La déroute de Paris et de Bruxelles est éclatante8. Désormais, on y boit le calice jusqu’à la lie et on va à Canossa/Moscou/Brégançon9 pour tenter de se réinsérer sur l’échiquier syrien alors que les carottes sont cuites10. Nous apprenons qu’Emmanuel Macron et Vladimir Poutine se sont entretenus le 21 octobre 2019 de l’Ukraine et de la Syrie11. Où sont donc passées les leçons de morale à géométrie variable de nos « hémiplégiques de l’indignation » (Natacha Polony) qui passent tous ses caprices au prince saoudien à la tronçonneuse, MBS qui commet des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité au Yémen avec des armes américaines, britanniques et françaises. Pas très glorieux lorsque l’on brandit en permanence ses (fausses) valeurs qui n’impressionnent que quelques énergumènes fréquentant les cafés du faubourg Saint-Germain. C’est la fable de l’arroseur arrosé qui n’a rien vu venir du tuyau d’eau. La France, comme ses alliés, s’est discréditée en en respectant pas sa parole (Cf. ses déclarations, ses gesticulations et ses décisions symboliques). À tout le moins, elle ne devrait pas demander que la Turquie quitte l’OTAN, elle devrait quitter cette organisation, survivance de la Guerre froide12.

Quel rôle joue désormais la Russie dans cette région dont elle était presqu’absente depuis la fin de l’URSS ?

UNE VICTOIRE INCONTESTABLE DE LA RUSSIE

« Il n’y a qu’une réponse à la défaite, et c’est la victoire » (Winston Churchill).

En cet automne 2019, presqu’une décennie après le début des « révolutions arabes », le moins que l’on puisse dire est que les temps ont bien changé. Même si dans les relations internationales, rien n’est jamais acquis pour l’éternité, quelques conclusions – fussent-elles provisoires – s’imposent. Les dernières péripéties (turco-kurdes) traduisent un retour gagnant de la Russie en Syrie et au Moyen-Orient, voire en Afrique13 (on l’y accuse même de l’emploi de procédés qui feraient penser à la défunte, mais toujours vivace, Françafrique14)15. Moscou est devenu, lentement mais sûrement, un interlocuteur incontournable dans la région. Vladimir Poutine est devenu l’ami de tous, y compris de certains des meilleurs alliés des États-Unis dont l’Arabie saoudite. Quel retour de bâton, impensable il y a peu tant ceci paraissait invraisemblable !

Un retour gagnant en Syrie

De 2015 à 2019. En 2015, lorsque Vladimir Poutine décidait d’engager ses troupes en Syrie dans la défense du régime de Bachar el-Assad, il laissait entendre que sa priorité consistait à sauvegarder la base navale de Tartous, la seule que possédait la Russie en Méditerranée. Quatre ans plus tard, le président russe est en passe de devenir, sinon le nouveau roi du Moyen-Orient, tout au moins le faiseur de rois de la région. Manifestement, sa communication est aussi minimale que sa stratégie de long terme est gagnante. La Russie est le vainqueur stratégique de l’épisode en grande partie en raison de l’inconséquence, de l’incohérence des Occidentaux.

Du retrait américain au coup de maître de Sotchi. Depuis que Donald Trump a, par ignorance ou conviction isolationniste, ce n’est pas très clair, retiré les troupes américaines du nord de la Syrie et favorisé l’offensive militaire turque, le président russe a parfaitement illustré la manière dont il conduit la politique étrangère qui lui a permis de reprendre pied au Moyen-Orient : résolution et flexibilité, un cadre stratégique global mis en œuvre grâce à un opportunisme forcené. En quelques jours, Vladimir Poutine a permis au régime syrien de se réinstaller dans un territoire qu’il ne contrôlait plus depuis des années, il a favorisé la réintégration des Kurdes de Syrie et, même s’il n’y est pas pour grand-chose, il a offert au président turc Recep Tayyip Erdogan ce qu’il convoitait depuis longtemps : une zone tampon en Syrie débarrassée de ses ennemis kurdes16 qui va lui permettre de renvoyer les réfugiés syriens dans leur pays à défaut de chez eux. Le 22 octobre 2019, les présidents turc et russe se retrouvent à Sotchi pour conclure un accord de coopération (après six heures de négociation) sur le contrôle de la frontière nord-est de la Syrie, prenant le contrôle commun de cette zone après le retrait des forces kurdes17. Ils ont décidé de déployer des patrouilles militaires russe et turques dans cette bande frontalière. Ces patrouilles auront pour objectif de « faciliter » le retrait des forces kurdes YPG et leur désarmement dans une zone « profonde de 30 km » le long de la frontière syro-turque. Puis, « 150 heures » plus tard, des patrouilles communes, cette fois russo-turques, évolueront dans la zone. La Turquie gardera néanmoins la haute main sur la zone située entre la ville de Tal Abyad, qu’elle a prise au début de l’offensive, et celle de Ras al-Aïn, dont les derniers combattants kurdes se sont retirés dimanche. Soit une zone de sécurité d’une longueur de 120 kilomètres sous son contrôle direct, sur les 440 qu’elle réclamait à l’origine. Quel bel exercice de diplomatie conduit dans la plus grande discrétion ! Les deux présidents n’intervenant que pour conclure l’accord au grand jour et à la face d’un Occident médusé. Une fois encore ! Une belle leçon de diplomatie. Discrétion et efficacité.

De la transparence du soldat Sénémaud. Où se trouve l’excellent François Sénémaud, représentant personnel du président de la République française, Emmanuel Macron pour la Syrie ? Il suit vraisemblablement les développements de cette affaire sur son smartphone, comme vous et moi. Bravo, une fois encore, à la diplomatie de l’esbrouffe et de la culotte baissée de Jupiter dans la zone. Continuons à ne pas vouloir rouvrir notre ambassade à Damas pour continuer à rester sourd et aveugle à ce qui se passe dans le pays et nous continuerons à nous enfermer dans une impasse, sans parler de nos contradictions dans notre diplomatie proche-orientale18 !

Une débandade américaine. Plus généralement, Vladimir Poutine a eu l’immense satisfaction de voir les forces spéciales américaines débarrasser le plancher, penaudes et sans tirer le moindre coup de feu, remplacées dans leurs bases par des fantassins et mercenaires russes, « une victoire telle que la Russie n’en avait pas connu depuis le départ des GI’s du Vietnam en 1975 », s’est réjouie la presse russe. Quelle revanche inespérée ! Qui aurait-cru possible un tel retournement à la faveur des développements de la crise syrienne ? On ne pourra l’ignorer encore longtemps sous réserve d’un réveil particulièrement douloureux dans les mois, les années à venir. Mais, les somnambules sont un grand classique de l’Histoire surtout en Europe depuis la Première Guerre mondiale.

Un interlocuteur incontournable dans la région

N’en déplaise aux antisoviétiques primaires et il n’en manque pas dans les allées du pouvoir19, même le cessez-le-feu temporaire, officiellement proposé par et signé sous l’égide du vice-président américain Mike Pence le jeudi 17 octobre 2019, porte la marque de Vladimir Poutine. Les négociations définitives visant à régler le partage des territoires et les lignes de démarcation entre les belligérants seront d’ailleurs conduites à Sotchi, en Russie, à compter du 22 octobre, et leur issue dépendra de deux personnes : Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine. Il est difficile de savoir si en 2015, lorsque le chef du Kremlin décide de voler au secours du dictateur de Damas qui voit son pays lui échapper, il décèle déjà l’occasion considérable qui s’offre à lui. Ce qui est sûr, par contre, c’est que Vladimir Poutine est mû par sa volonté constante de regagner l’influence et le prestige que l’ex-URSS a perdus depuis la chute du mur de Berlin. C’est sa matrice, sa ligne directrice. L’ancien agent du KGB n’en a jamais fait mystère et c’est aussi la raison pour laquelle les Russes continuent de lui faire majoritairement confiance, près de vingt ans après son accession au pouvoir. Vladimir Poutine entend redonner à la Russie le rôle de grande puissance qu’elle avait sous l’ère soviétique. Sa décision de s’impliquer dans le conflit syrien est donc stratégique : il souhaite reprendre pied dans une région où Moscou ne pèse plus beaucoup depuis deux décennies. Qui plus est, il entend faire ravaler leurs commentaires humiliants aux États-Unis, qui, par la voix de Barack Obama, ont parlé de la Russie comme d’une « puissance régionale », qui allait au-devant de « l’enlisement dans un bourbier ».

Un ami de tous les Etats de la région

En caricaturant à peine, on pourrait presque dire que la Russie est l’amie de tout le monde dans la région, ce qui n’est pas d’un Occident qui joue les Sunnites (Arabie saoudite) contre les Chiites (Iran). Lors des révolutions arabes de 2011, Moscou avait pris le parti des pouvoirs en place, contrairement aux Américains et Européens, qui avaient lâché Moubarak et Kadhafi, et n’a jamais donné de leçons de morale aux tyrans moyen-orientaux – il aurait été bien en peine. « La politique étrangère de Poutine est peut-être brutale et impopulaire vue d’occident, mais elle est parfaitement réaliste et cohérente. On connaît ses intentions et il n’hésite pas à les appuyer par la force si nécessaire, juge un diplomate européen. Surtout, Poutine se saisit de la moindre opportunité pour la transformer à son avantage, en particulier les hésitations et les tergiversations occidentales ». La Grande-Bretagne a très tôt abandonné le dossier syrien, la France n’a jamais voulu y aller seule, et les États-Unis ont progressivement réduit leurs ambitions et leur empreinte dans la région, jusqu’à la décision radicale de Donald Trump de laisser tomber d’un seul coup ses alliés kurdes, mais également ses partenaires de la coalition antidaech sans même les informés au préalable20. Ils ont l’immense plaisir de découvrir la décision américaine dans un tweet de l’homme à la mèche blonde. Dans le même temps, Moscou, qui avait déjà facilité le traitement du dossier nucléaire iranien, s’est rapproché de Téhéran en refusant d’appliquer les sanctions américaines. L’inimitié qui existait entre les nations arabes du golfe Persique et la Russie est également en voie de se dissiper au nom d’un intérêt commun : un prix du pétrole plus élevé. Cela s’appelle la géopolitique, discipline que nos élites autoproclamées ont trop tendance à négliger superbement. Emmanuel Macron l’aurait confessé à des proches : « La Turquie, la Russie et l’Iran en sortent gagnants ». Confession terrible, s’il en est pour un narcissique qui pensait avoir tout compris d’un Orient de plus en plus compliqué. Bravo à Jupiter et à toute sa cellule diplomatique (quatorze brillants sujets qui n’ont rien compris ni aux fondamentaux de la diplomatie, ni aux véritables rapports de force au Proche et au Moyen-Orient.

Un nouvel ami particulier dans la zone

L’Arabie saoudite et ses voisins ont toujours eu besoin d’un « protecteur » qui, depuis 70 ans, s’avère être Washington. Or, le choc de voir Donald Trump hausser les épaules après l’attaque iranienne sur ses installations pétrolières, puis la trahison des Kurdes de Syrie ont ébranlé Riyad : les Américains ne sont plus fiables. Par conséquent, la récente visite de Vladimir Poutine en Arabie saoudite (l’hymne russe y a été massacrée par quelques musiciens de pacotille) et aux Émirats arabes unis à la mi-octobre s’apparente à la fois à un démarchage commercial et à une tournée de victoire. L’ambassadeur saoudien au Royaume-Uni, qui n’est autre que le prince Khalid ben Bandar ben Sultan de la famille régnante, a confirmé cette nouvelle donne récemment, lors d’une discussion publique : « La Russie devient un acteur important de la région – qu’on apprécie cela ou pas, c’est la réalité. D’une certaine manière, les Russes comprennent mieux l’Orient que les occidentaux. » Il est évident que Moscou n’a aucune intention de donner des leçons de démocratie ou de défense des droits humains aux pays du Moyen-Orient, et que cela est apprécié. Par contre, étant donné les bonnes relations que Moscou entretient avec l’Iran, il semble clair que Vladimir Poutine pourrait/devrait servir de médiateur entre Riyad et Téhéran. « Quel que soit l’avenir de la Russie au Moyen-Orient, et il faut rester très prudent avant de proclamer que Poutine est le nouveau maître de la région, étant donné les soubresauts perpétuels qui agitent ces pays et le nombre d’acteurs régionaux aux intérêts divergents, mais il est évident qu’il est parvenu à ses fins », estime un autre diplomate européen, qui a servi en Russie et en Iran21. L’esprit du Pacte du Quincy semble bien lointain. Un air du vieux monde qui n’a plus cours en ce début de XXIe siècle où la grammaire des relations internationales est en pleine réécriture. Saurons-nous tenir la plume (être « penholder » comme on le dit à New York au Conseil de sécurité du l’ONU) ou bien laisserons-nous à d’autre le soin de la tenir à notre place ? Là est la question cardinale que pose le réveil de la Russie au Proche et au Moyen-Orient.

LE DÉCLIN DE L’OCCIDENT

« Les hommes parlent de la victoire comme d’une chance. C’est le travail qui fait la victoire » (Ralph Waldo Emerson). Et, la Russie a travaillé à sa victoire par une diplomatie discrète, efficace basée sur une stratégie de long terme mise en œuvre par le meilleur diplomate du circuit, Serguei Lavrov. Contrairement aux Occidentaux, elle n’a jamais joué la carte de la communication, de l’émotion, du rêve. Aujourd’hui, Vladimir Poutine peut se réjouir de l’évolution du rapport de forces dans la région. Il est parvenu à replacer la Russie au centre du jeu géopolitique international. Il a déstabilisé son vieil ennemi l’OTAN22, une sorte de désalliance atlantique23. Il a mis en évidence l’inertie de l’Union européenne, une sorte de roi nu. Il questionne la crédibilité de la France24, une sorte de leader en carton-pâte. Il a tissé de nouvelles alliances avec la Turquie, l’Iran et l’Arabie saoudite, et même avec Israël, ce qui n’est pas peu dire. Et, au passage, il retire le bénéfice de son investissement de 2016 sur le candidat Donald Trump. En Syrie, l’abandon des forces kurdes et le départ des troupes américaines décidé par le président américain signe la défaite de l’Occident dans la région, et cela pour un long moment. La Russie est ainsi redevenue une « puissance mondiale »25.

Après les perdants, les gagnants. En effet, dans le même temps, ce dernier épisode du feuilleton syrien signe la victoire de la Russie grâce à une constance et une volonté dans l’adversité qui méritent louange, au nom du réalisme le plus cynique. Les clairvoyants observateurs du quotidien de référence Le Monde en sont contraints à dresser, aujourd’hui, ce constat implacable ! Le clairvoyant ex-ambassadeur de France à Damas, Michel Duclos incite nos dirigeants à traiter avec ceux qu’il vomissait hier (« Il faut tenter de faire avec la Turquie ce que nous tentons par ailleurs avec la Russie, d’autant que nos différends sont moindres »). Ces commentateurs de l’actualité diplomatique nous rappellent ceux qu’Honoré de Balzac qualifie de « rienologues » en 1843 : « La page a l’air pleine, elle a l’air de contenir des idées ; mais, quand l’homme instruit y met le nez, il sent l’odeur des caves vides. C’est profond, et il n’y a rien : l’intelligence s’y éteint comme une chandelle dans un caveau sans air ». Tout change pour que rien ne change.

En cette fin d’année 2019, Vladimir Poutine au Moyen-Orient, c’est un subtil cocktail de guerre et de paix, de Diplomator, de Terminator et d’Imperator !

Guillaume Berlat
28 octobre 2019

1 Claire Bastier, Nétanyahou renonce à former un gouvernement, Le Monde, 23 octobre 2019, p. 3.

2 Benjamin Barthe/Laure Stéphan, Liban : peuple dans la rue contre ses dirigeants, Le Monde, 22 octobre 2019, p. 4.

3 Benjamin Barthe, Au Liban, des annonces ambitieuses, mais qui ne convainquent pas, Le Monde, 23 octobre 2019, p. 3.

4 Guillaume Berlat, 74ème Assemblée générale de l’ONU : minilatéralisme !, www.prochetmoyen-orient.ch , 30 septembre 2019.

5 Adam Baczko/Gilles Dorronsoro, En Afghanistan, les dommages d’une politique étrangère américaine chaotique, Le Monde, 24 octobre 2019, p. 28.

6 D.F., Donald se Trumpe de combat…, Le Canard enchaîné, 23 octobre 2019, p. 8.

7 Nathalie Guibert, Trump ouvre une nouvelle ère entre politiques et militaires, Le Monde, 25 octobre 2019, p. 26.

8 Marc Semo, La déroute turque de Paris et Bruxelles, Le Monde, 22 septembre 2019, p. 27.

9 Guillaume Berlat, Que restera-t-il du sommet franco-russe de Brégançon, www.prochetmoyen-orient.ch , 26 août 2019.

10 Guillaume Berlat, Notre nouvel ami Poutine : c’est pas gagné !, www.prochetmoyen-orient.ch , 16 septembre 2019.

11 Agence Reuters, Poutine et Macron ont parlé de l’Ukraine et de la Russie, 21 octobre 2019.

12 Jack Dion, Plutôt que la Turquie, c’est la France qui doit quitter l’OTAN, Marianne, 25-31 octobre 2019, p. 58.

13 Benoît Vitkine, Poutine met en scène le retour russe en Afrique, Le Monde, 23 octobre 2019, p. 5.

14 Benoît Vitkine, Prigojine, homme des bases œuvres russes sur le continent, Le Monde, 23 octobre 2019, p. 5.

15 Vladimir Poutine réunit pour la première fois, les 23 et 24 octobre 2019, un sommet Russie-Afrique à Sotchi en la présence de 40 chefs d’Etat et de gouvernement africains pour définir les grandes lignes d’action entre Moscou et le continent africain.

16 Allan Kaval, Dans le désespoir et la peur, l’exil irakien des Kurdes de Syrie, Le Monde, 24 octobre 2019, p. 5.

17 Marie Jégo/Benoît Vitkine, À Sotchi, Poutine se porte garant du retrait des forces kurdes, Le Monde, 24 octobre 2019, p. 5.

18 Voir le dossier de Mediapart intitulé : « Proche-Orient : les contradictions françaises », www.mediapart.fr , 24 octobre 2019.

19 Isabelle Mandraud, Françoise Thom, la procureure de Poutine, Le Monde, 22 octobre 2019, p. 27.

20 Claude Angeli, Trump s’essuie encore les pieds sur ses alliés, Le Canard enchaîné, 23 octobre 2019, p. 3.

21 Thomas Cantaloube, La victoire de Poutine au Moyen-Orient, www.mediapart.fr , 20 octobre 2019.

22 Stéphane Breton/Patrice Franceschi, Il faut exclure la Turquie de l’OTAN, Le Monde, 22 octobre 2019, p. 25.

23 Nathalie Guibert/Jean-Pierre Stroobants, L’OTAN en crise face à Trump et Erdogan, Le Monde, 26 octobre 2019, p. 2.

24 Nathalie Guibert (propos recueillis par), Bernard Bajolet, « Le lâchage des Kurdes, une question pour la crédibilité de la France », Le Monde, 22 octobre 2019, p. 25.

25 Alexis Feertchak (propos recueillis par), Jean de Gliniasty : Comment la Russie est redevenue une « puissance mondiale », www.lefigaro.fr , 23 octobre 2019.

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Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 28-10-2019

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Commentaire recommandé

Fabrice // 25.11.2019 à 06h59

On se rappellera de nos présidents qui fermèrent l’ambassade en Syrie du fait du désaccord avec le gouvernement, mais c’est quoi cette approche de base qui ferme les ambassades quand on est en opposition.

Oh le gars ! une ambassade n’est pas une agence de publicité avec ceux avec qui on s’entend, mais bien justement un lien pour garder pieds dans un pays pour amoindrir les conflits inter-états, afin de garder notre capacité d’avoir des informations fiables et ne pas se fier à des sources qui nous fourvoierons.

Or maintenant la manie c’est de nous couper des pays et de passer pour des ignorants dans cette région (et d’autres) en suivant bêtement un ligne dictée et les affirmations diffusées par une puissance et nous retrouvant sans ressource quand elle lâche l’affaire, certains devraient être mis en accusation pour au minimum incompétence ayant causé des dommages aux intérêts de notre nation et au plus grave pour participation à la dislocation de pays avec crimes de guerre.

29 réactions et commentaires

  • Fabrice // 25.11.2019 à 06h59

    On se rappellera de nos présidents qui fermèrent l’ambassade en Syrie du fait du désaccord avec le gouvernement, mais c’est quoi cette approche de base qui ferme les ambassades quand on est en opposition.

    Oh le gars ! une ambassade n’est pas une agence de publicité avec ceux avec qui on s’entend, mais bien justement un lien pour garder pieds dans un pays pour amoindrir les conflits inter-états, afin de garder notre capacité d’avoir des informations fiables et ne pas se fier à des sources qui nous fourvoierons.

    Or maintenant la manie c’est de nous couper des pays et de passer pour des ignorants dans cette région (et d’autres) en suivant bêtement un ligne dictée et les affirmations diffusées par une puissance et nous retrouvant sans ressource quand elle lâche l’affaire, certains devraient être mis en accusation pour au minimum incompétence ayant causé des dommages aux intérêts de notre nation et au plus grave pour participation à la dislocation de pays avec crimes de guerre.

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  • basile // 25.11.2019 à 07h07

    réjouissant. Oui, je l’avoue, on en arrive à se réjouir de nos défaites. Ah la France des idéaux idiots, auxquels on s’accroche comme une vieille fille à sa virginité, comme une Greta à son écologie.

    Et désolé de faire ce hors sujet, car un autre projet réjouissant est sur le point d’être finalisé, et que les MMS se gardent bien de parler, tout en le maudissant tout bas, tout en ayant espéré tout bas son capotage : le Nord stream 2 direct de Russie vers l’Allemagne, court-circuitant Ukraine et Pologne.

    Mettant en lumière le pragmatisme de l’Allemagne, et la bêtise des russophobes, ce qu’ils vont payer.

    faut voir les cris d’orfraie de France Culture, qui oubliant le mot culture, sombre dans la politique. Quand les perdants perdent les pédales, ils tombent le masque sans même s’en rendre compte.

      +49

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    • R. // 25.11.2019 à 07h16

      Parce qu’évidemment l’écologie est un idéal idiot?

        +3

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      • basile // 25.11.2019 à 07h26

        pratiqué comme ça, oui. Une rigidité quasi religieuse. Autrefois c’était pour Dieu, puis pour des idées, aujourd’hui pour l’écologie. Ces petits soldats de la bonne pensée, appelés parfois gardes, se retrouvent toujours chez les ados, ont toujours existé à travers les âges, les pays, les partis, sous des formes différentes, plus souvent violentes que pacifiques.

          +28

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        • océan de sagesse // 25.11.2019 à 08h36

          Basile tu viens encore de perdre une excellente occasion de te taire , les écolos violents ?
          https://www.huffingtonpost.fr/entry/164-militants-ecologistes-ont-ete-tues-en-2018-a-cause-de-leurs-convictions_fr_5d3fcfc9e4b0d24cde04e743
          NON , la violence est du coté des négationistes !!

            +5

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          • basile // 25.11.2019 à 08h56

            qui te dis que s’ils étaient nés à une époque sombre, ils auraient été écolo, vu que ça n’existait pas ?. Il aurait bien fallu qu’ils fassent passer leurs convictions, et surtout qu’ils libèrent leur trop plein de jeune énergie impérieuse, dans d’autres idées.

            tu ne vas pas me faire croire que la nature humaine est subitement devenue « vertueuse » au XXI siècle par l’opération du Saint Esprit, et qu’avant, il n’y avait que des sauvages égarés dans des idées moyenâgeuses. Alors que l’homme moderne, Oh miracle, est bon.

            je vois de ma fenêtre une bouteille de bière locale posée sur mon mur, une de ces bières dont raffolent moult jeunes branchés. Comme quoi il n’y a pas que les buveurs de Kro à être dég***

              +17

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            • Bouddha Vert // 25.11.2019 à 12h41

              La lucidité, c’est elle qui nous a manqué dans les actions que nous avons entrepris au MO, avec pour conséquence la perte de notre puissance diplomatique sur ces territoires, dommage évidemment.
              Quant aux motivations de Thunberg je ne vois pas à quel « idéal idiot » vous faites référence.

              L’idiotie consisterait à l’inverse à ne pas se préoccuper de l’avenir de notre biotope car la communauté des scientifiques nous permet de comprendre que nos productions et les services dont nous profitons se font à des vitesses et dans des volumes incompatibles avec ce que notre monde peut nous fournir durablement, régénérer et nettoyer.

              Pas plus compliqué que cela pour le constat mais plein de conséquences pour en tenir compte, ou pas!

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      • Pepin Lecourt // 25.11.2019 à 12h43

        Parce que le gaz liquéfié US serait plus écologique ?

        Franchement vous croyez que l’opposition US au Nord Stream II a des motivations écologique ?

        Comme l’idéal démocratique dans la destruction de l’Irak et de la Libye par les mêmes occidentaux ?

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      • Torpedo-los // 25.11.2019 à 13h51

        Oui certainement quand elle devient idéaliste et non pragmatique. Le mythe du bon sauvage.

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    • Grd-mère Michelle // 25.11.2019 à 15h53

      @Basile  » idéaux idiots… comme une Greta à son écologie. » Et allez, encore une occasion de taper sur le généreux mouvement environnemental d’une jeunesse perspicace qui y voit le moyen de retarder la disparition prématurée annoncée de la vie sur terre, et de ré-équilibrer des sociétés déboussolées par des guerres et des compétitions incessantes, en suscitant une solidarité internationale salvatrice.

      Sinon, en effet, il est utile de rappeler que la Russie, ce n’est pas seulement Poutine mais un immense peuple qui a besoin de se nourrir, notamment en vendant son gaz, alors que les anciens satellites de l’URSS se vendent corps et âme à la chimère de l’hyper-consommation.

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  • Catalina // 25.11.2019 à 07h13

    Bonjour,

    « Et, au passage, il retire le bénéfice de son investissement de 2016 sur le candidat Donald Trump »

    Dommage, le reste de l’article est bon.
    Le russiagate s’est terminé en flop, sans aucune preuve, que veux dire Berlat ?
    C’est quoi « linvestissement » de la Russie concernant Trump ?

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  • océan de sagesse // 25.11.2019 à 08h05

    Rappelons tout de meme que les « printemps arabes  » ne sont ni des mouvements de libération , ni des complots impérialistes occidentaux , mais tout simplement des émeutes de la faim !!!

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    • weilan // 25.11.2019 à 08h36

      « Des émeutes de la faim » en Tunisie, en Syrie, en Libye ?
      J’ignorais que l’on mourait de faim dans tous ces pays. Merci de nous l’apprendre !

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      • manuel // 25.11.2019 à 09h22

        Et oui, l’explication pour la Syrie est la concomitance d’une période de sécheresse et de l’ouverture au marché voulue par Bachar pour faire plaisir aux USA….

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  • Urko // 25.11.2019 à 08h15

    Dire que toute la diplomatie française s’est plantée semble réducteur : plusieurs collaborateurs du quai d’Orsay, malgré les risques pris pour leurs carrières, avaient essayé d’avertir Fabius puis Juppé et alii que leur « stratégie » (sic) loufoque au Moyen-Orient ne déboucherait que sur des incohérences, des compromissions abjectes et une lamentable pantalonnade. Certes, cette vénérable institution a perdu beaucoup de ses serviteurs les plus avisés, alors plus soucieux d’efficacité que de moraline pseudo humanitaire douteuse. Ils ont en effet vieilli et peu à peu laisse la place à des courtisans à la culture parfois indigente (je n’exagère pas), se souciant davantage de plaire au quotidien de référence et auprès des petits marquis croisés dans les dîners parisiens que d’obtenir des résultats conformes aux intérêts du pays. Nos élites et leurs conseillers ne sont pas recrutés ni promus sur les bons critères : l’appareil d’État qu’ils sont censés servir se délabre donc. Il n’y a hélas pas que la diplomatie qui souffre de ce mal. Un symbole ? Aujourd’hui, Fabius préside le conseil constitutionnel. En compagnie de son compère Juppé. Cela paraît anecdotique mais révele l’ampleur du problème : le niveau moyen de certains parmi les plus hauts « serviteurs » (lol) de l’Etat a considérablement décru. Malgré leurs tripatouillages dégoûtants, leurs bourdes funestes, ils demeurent aux sommets, peinards, fiers d’eux. Inquiétant.

      +36

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  • Georges Clounaud // 25.11.2019 à 08h22

    Il est intéressant de lire cette tribune et de l’opposer à celle de Nicolas Tenzer chef de file néo-con en France écrite à quelques jours d’intervalles.

    http://theconversation.com/le-retour-dune-geopolitique-archa-que-serait-un-desastre-strategique-124818

    Celle-ci n’a que pour objectif de désigner l’ignoble Poutine comme à la fois l’unique responsable du désordre actuel, principale menace de la paix dans le monde et de pointer du doigt les dangers d’une géopolitique pragmatique dénuée de toute valeur, celle, inénarrable, du camp du bien.
    Ridicule plaidoyer d’un idéologue borné qui, tel une tortue sur le dos essaye piteusement de se retourner. Jamais il n’évoquera les lamentables errements occidentaux et plus particulièrement l’inconséquence pitoyable du Quai d’Orsay.
    On peut le comprendre. En tant que que philosophe politique à Sciences-Po – difficile de se retenir de pouffer – , il a largement contribué à la « formation intellectuelle » des génies du ministère des affaires étrangères qui ont voulu imposer leur vision du monde et nous ont conduit au désastre diplomatique et géopolitique actuel.
    En 1989 de tels néo-cons prédisaient la fin de l’histoire. En 2019, on ne peut que constater la fin de leur histoire.

      +43

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    • Genuflex // 25.11.2019 à 09h56

      Cet « article » de the conversation est édifiant. Les références mentionnées dans l’article le sont encore plus. Comment se prémunir collectivement contre ce prêt à penser belliciste du parti de la guerre ?

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  • Daniel // 25.11.2019 à 09h36

    Sur le cas exemplaire de la Syrie, Le vrai vainqueur est la Syrie en fait (aidé par la Russie).
    En Syrie, durant la guerre, il y a eu une vraie vision pour la reconstruction : « Le plan de reconstruction de la Syrie, pierre angulaire de l’extension de la Nouvelle route de la soie à l’Asie du Sud-Ouest et à l’Afrique »
    je vous invite à découvrir ce que disait une représentante syrienne il y a déjà 3 ans à ce sujet :
    https://www.institutschiller.org/Bouthaina-Shaaban-reconstruire-veritablement-monde-pluraliste-et-sur.html

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  • François Marquet // 25.11.2019 à 10h07

    Ne pas oublier que la fédération de Russie est une mosaïque de 83 éléments, dont 22 républiques qui constituent essentiellement des territoires d’ethnies, ce qui explique la meilleure appréhension qu’ont les Russes de la complexité des sociétés multiculturelles (Syrie, Israel, Liban), ou claniques (Libye), là ou le manichéisme occidental bloque toute compréhension de la réalité.

      +19

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  • nulnestpropheteensonpays // 25.11.2019 à 10h45

    quand on voit ce qui c’est passé au moyen orient et comment ça c’est passé , et que l’on met en perspective des mecs comme Busch , Fabius ,avec des gens comme Poutine , l’occident est mal barré , par le jeu de la communication par la prise de pouvoir des industriels sur la politique qui n’a pas besoin de gens intelligents aux postes de dirigeants , mais juste des corrompus , des imbus d’eux mêmes , des crapules , des imbéciles .Nous avons des incapables aux plus hauts postes .Ah ben du coup faut pas s’attendre a des miracles ! La plupart de ces mecs ne sauraient pas faire un paté de sable !

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  • Bouddha Vert // 25.11.2019 à 12h00

    Parmi les gens importants, les hommes et femmes qui donnent le ton des lignes éditoriales de nos journaux en sont d’autres, Guillaume Berlat est tout juste allusif sur le sujet, et c’est dommage!
    Parler du printemps arabe sans y voir l’ombre du changement climatique qui contraint un peu plus des pays sans autonomie alimentaire est également un aveuglement que nos médias refusent de dévoiler au plus grand nombre, mais l’ont ils compris?

    La mémoire courte évoquée dans cet article est surtout, à mon sens, un soutien inconditionnel au « seul pays démocratique » du MO, par aveuglement?
    Une action dans la région sous l’intérêt d’un Israël expansionniste et d’une Arabie conciliante avec nos besoins pétroliers, dont les réserves lui donnent encore notre plaisir à lui tendre l’oreille.
    Il est vrai qu’en la matière, la Russie dispose encore d’une autonomie énergétique qui l’autorise à s’engager dans une stratégie plus autonome, et là encore quid du sujet dans nos médias?

    Mémoire courte, analyse globale déficiente, appareils médiatiques en panne…?
    Tout change, les épuisements nous épuisent et l’on continu nos business, as usual.

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  • politzer // 25.11.2019 à 12h14

    Politique » erratique » de l imperialisme occidental? Non mais agenda contrarié. La Russie n agresse personne, elle ne fait que de se defendre. Tartous est une de ses forteresses ni plus ni moins. Poutine est le digne continuateur de la politique etrangère de feu l urss. Les Russes comme les ex soviétiques sont davantage preoccupés de dvpt economique que de la conquête de marchés par la force. Ne jamais negliger le rôle joué par le complexe militaro industriel US et sa fonction economique. Ce sont des millions d emplois.

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  • Pepin Lecourt // 25.11.2019 à 12h40

    Guillaume Berlat parle souvent du  » cynisme de la Russie », je me demande en quoi cette dernière serait plus cynique que l’occident, tout au plus on pourrait dire que son cynisme est plus intelligent, et probablement plus respectueux des régimes de ces pays auxquels la Russie se garde de donner des leçons et d’en modifier la nature selon nos idéologies, respect qui tend à devenir réciproque de ce fait, entre les prétentions suzeraines de l’occident, et celles de collaboration respectueuse et fiable de la Russie, quoi de surprenant que les pays de la région penchent pour cette dernière !

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  • pie vert // 25.11.2019 à 14h11

    La fable du bœuf et de la grenouille n’a pas pris une ride :
    Chaque fois qu’une grande puissance devenu un Empire veut étendre toujours plus loin son action, elle finit par trouver ses limites, perdre sa cohérence, et se fragiliser au risque d’exploser sur elle même.
    La Russie de Poutine a appris de l’URSS et respecte encore la souveraineté des états (du moment qu’ils sont assez lointain..), sa politique est donc plus efficace.
    Comment un pays de 250 millions d’habitants peut-il songer diriger un monde complexe et divers de 7 milliards ?
    C’est impossible, les USA gagneraient à s’occuper de leur territoire qui souffre avant de prêcher la paix dans le monde, les taux de criminalités et de mortalités (désespérément haut dans certaine zone) ne devraient pas être possible au sein de la première puissance mondiale.

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    • Philou // 25.11.2019 à 20h04

      330 millions d’habitants, mais ça ne change pas grand-chose…

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  • martin // 25.11.2019 à 17h44

    Très bien! Berlat cesse de parler des erreurs de l’occident pour évoquer ses crimes.
    Quant à la désagréable surprise russe, il faut là aussi parler clair. Au début des années 2000, le plan américain est simple:
    1> Pousser la Russie dans sa propre profondeur (ceinture ABM, excitation de l’Asie centrale et du Caucase etc.).
    2> Fracturer l’Iran pour en faire une base destinée à déséquilibrer la Chine et la Russie.
    3> Enfin, pincer la Chine depuis l’ouest et l’est pour la contraindre à plier.
    Mais il y a eu la résurrection russe. Prétendument morte militairement, elle a surgi en 2014-2015 comme puissance capable non seulement d’assurer sa défense domestique, mais de pousser l’adversaire hors de sa zone de sécurité. La VIème flotte ne peut plus approcher la Méditerranée orientale sans risquer une déculottée mémorable, d’ailleurs elle s’en abstient depuis 2018. Du coup, tout le beau plan s’effondre.
    Pour une surprise, ce fût en effet une surprise! Et pour moi, je l’avoue, une joie immense. Enfin, quelqu’un se montrait capable d’arrêter les assassins!

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  • RV // 25.11.2019 à 20h42

    Personne ne relève que les Nord Américains sont aussitôt revenus en Syrie autour des puits de pétrole ?
    Bizarre . . .
    Aurais-je loupé quelque chose ?

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  • christian gedeon // 26.11.2019 à 10h56

    Ben dis donc! L’article est brillament écrit,et scénarisé,un peu comme un film de …Hollywood.Que les pays européens concernés par la Syrie aient joué et perdu une partie politique menée par des idiots,c’est une évidence. Que la Russie sorte en meilleure position qu’elle ne l’était avant est une auitre évidence.Et Poutine est effectivement « l’ami »(sic!) de tout le monde(resic!) au PO et MO maintenant. Mais faire de la situation actuelle une défaite des US,un Waterloo géostratégioque,c’est avoir des oeuillères,pour le moins. D’abord parce que les US n’accordent qu’un intêret très secondaire à la Syrie. Ensuite parce qu’il n’aura échappé à personne que les armées US sont présentes partout et en nombre,en Irak,en Jordanie,en Arabie,au Qatar etc…et qu’en nombre,elle se sont renforcées plutôt que le contraire. Pour terminer,ceux qui en sont encore à l’analyse US vs Russie,c’est à dire à une théorie de l’affrontement systématique,se trompent lourdement. Il faut plutôt lire US et Russie. Ces deux là sont à la vie à la mort….Vietnam en 1975? Regardez où en est le Vietnam aujourd’hui,sous protection US. Contre l’ogre chinois. In fine,les Us et la Russie sont et ne peuvent pas être autre chose que des alliés. Qu’on se le dise et se le répète. Jacques Bergier l’avit bien décrit dans un livre des annés 1970,la grande conspiration russo-américaine. la chèvre de M. Seguin a toujours été « l’Europe « ,et le restera.

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  • THMOS // 26.11.2019 à 13h45

    L’intérêt des puissances à la mode communication pour les candides connectés … « Sauver le soldat Bachar  » ! Les Russes n’ont jamais pu attendre la fonte de la glace au nord de leur littoral et doivent absolument garder un accès aux mers du sud. De tous temps y compris celui de la comm’ des commentaires sur les opinions et les sentiments qui pourraient donner l’impression d’en résulter

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