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7.avril.20237.4.2023 // Les Crises

Marchés financiers sans éthique : quels sont les risques ? Eva Sadoun -Thinkerview

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Eva Sadoun : Entrepreneure LITA.co ( https://fr.lita.co/fr ) et Rift ( https://riftapp.fr/ ), militante et autrice

Source : Thinkerview, Youtube, 22-03-2023

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Commentaire recommandé

Incognitototo // 08.04.2023 à 00h02

Outre que je vais éviter de reprendre les nombreuses erreurs factuelles d’analyse – comme par exemple : la financiarisation commence en 90 (sic !) – j’ai été sur leurs sites et c’est très décevant. Franchement, je ne vois pas en quoi la grande majorité des entreprises qui sont financées pourrait changer quoi que ce soit aux fondamentaux qui nous font aller dans le mur. « Consommer responsable », c’est toujours consommer ; et ce n’est pas parce qu’une entreprise fait partie de l’économie sociale qu’elle se soustrait de facto aux contraintes de productivité et de rentabilité capitalistiques dictées par la concurrence et le contexte mondialisé.

Au cours des années 80-90, avec bien d’autres j’ai aidé des centaines d’entreprises dites « différentes » :
– ça n’a pas changé la face du monde,
– toutes les entreprises ont viré « entreprises classiques » quand elles ont réussi à gagner beaucoup d’argent,
– les effets de taille annihilent assez rapidement toutes les « belles déclarations » de l’économie sociale,
– en réalité, on a juste remplacé l’exploitation de l’homme par un autre homme par l’exploitation de l’homme par lui-même…

Mais surtout, pendant que je créais mon « monde idéal » en pensant que c’est ainsi que je changerais le « monde global », le capitalisme prédateur et le néolibéralisme imposaient leurs lois partout dans le monde et dans toutes les politiques.
Le constat est amer : j’ai, avec tous ceux qui nourrissaient ce type d’idéaux, largement perdu la bataille globale et je ne pense plus du tout que c’est par l’accumulation des actions individuelles qu’on pourra changer ce monde.

Il y a une contradiction centrale insoluble : on ne peut pas changer un système en perpétuant de fait les mêmes valeurs sur les fondamentaux. Ces entreprises, si différentes soient-elles, subissent toutes les contraintes des entreprises classiques (rentabilité, concurrence, système comptable commercial, et cetera) et ce n’est pas parce que l’humain y est en principe mieux traité (ce qui reste à prouver parce que j’ai connu aussi beaucoup d’entreprises dites de « gauche » qui étaient pires que certaines directions paternalistes de droite) que le système global se modifiera.

Bref, tant mieux qu’il y ait encore des jeunes pour vivre leurs idéaux, mais de là à croire et penser que c’est ainsi qu’on changera le monde aux endroits où il a besoin de l’être, non certainement pas.

10 réactions et commentaires

  • Incognitototo // 08.04.2023 à 00h02

    Outre que je vais éviter de reprendre les nombreuses erreurs factuelles d’analyse – comme par exemple : la financiarisation commence en 90 (sic !) – j’ai été sur leurs sites et c’est très décevant. Franchement, je ne vois pas en quoi la grande majorité des entreprises qui sont financées pourrait changer quoi que ce soit aux fondamentaux qui nous font aller dans le mur. « Consommer responsable », c’est toujours consommer ; et ce n’est pas parce qu’une entreprise fait partie de l’économie sociale qu’elle se soustrait de facto aux contraintes de productivité et de rentabilité capitalistiques dictées par la concurrence et le contexte mondialisé.

    Au cours des années 80-90, avec bien d’autres j’ai aidé des centaines d’entreprises dites « différentes » :
    – ça n’a pas changé la face du monde,
    – toutes les entreprises ont viré « entreprises classiques » quand elles ont réussi à gagner beaucoup d’argent,
    – les effets de taille annihilent assez rapidement toutes les « belles déclarations » de l’économie sociale,
    – en réalité, on a juste remplacé l’exploitation de l’homme par un autre homme par l’exploitation de l’homme par lui-même…

    Mais surtout, pendant que je créais mon « monde idéal » en pensant que c’est ainsi que je changerais le « monde global », le capitalisme prédateur et le néolibéralisme imposaient leurs lois partout dans le monde et dans toutes les politiques.
    Le constat est amer : j’ai, avec tous ceux qui nourrissaient ce type d’idéaux, largement perdu la bataille globale et je ne pense plus du tout que c’est par l’accumulation des actions individuelles qu’on pourra changer ce monde.

    Il y a une contradiction centrale insoluble : on ne peut pas changer un système en perpétuant de fait les mêmes valeurs sur les fondamentaux. Ces entreprises, si différentes soient-elles, subissent toutes les contraintes des entreprises classiques (rentabilité, concurrence, système comptable commercial, et cetera) et ce n’est pas parce que l’humain y est en principe mieux traité (ce qui reste à prouver parce que j’ai connu aussi beaucoup d’entreprises dites de « gauche » qui étaient pires que certaines directions paternalistes de droite) que le système global se modifiera.

    Bref, tant mieux qu’il y ait encore des jeunes pour vivre leurs idéaux, mais de là à croire et penser que c’est ainsi qu’on changera le monde aux endroits où il a besoin de l’être, non certainement pas.

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    • Cévéyanh // 09.04.2023 à 09h18

      Je suis d’accord avec vous : « consommer responsable, c’est toujours consommer ». Il faudrait rajouter consommer lorsque « c’est utile et non futile. » 🙂

      Certes, les entreprises de l’économie solidaire ne peuvent se soustraire à 100% du contexte économique. C’est parce qu’aussi les individus en majorité ne plébiscite pas ce modèle. Cela commence à changer mais ce n’est pas encore un changement fulgurant. Pour autant, cela pourra beaucoup plus évoluer qu’auparavant car il y a internet maintenant et les adultes d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes que dans les années 80-90. De plus, les informations ne viennent plus uniquement des médias grand public (pour pouvoir constater aussi cette évolution https://positivr.fr/). Puis tant que la majorité des humains ne perçoive pas la positivité de ce changement et de se mettre en mouvement vers un monde où l’argent compte moins que le bien-être de la société, il n’aura pas lieu à moins de contraintes environnementaux peut-être ou imposées (voire autoritaire, est-ce vraiment souhaitable ?).

      Votre constat amer est dû peut-être aussi au fait que vous avez placé le curseur trop haut : « je changerais le monde global ». Ce n’est pas uniquement à vous que le changement peut être possible. C’est aussi avec de plus en plus de personnes étant dans le même mouvement. S’il n’y a pas asssez d’eau à contre-courant, le courant ne change pas de sens. En plus, le courant peuvent vous dissuadez d’être à contre-courant. (1/2)

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      • Cévéyanh // 09.04.2023 à 11h10

        Ce n’est pas à contre-courant (mauvais image) mais plutôt aller vers une autre direction : S’il n’y a pas assez de gouttes d’eau vers une autre direction, le courant ne change pas de direction. De plus, des gouttes d’eau du courant peuvent vous dissuadez de changer de direction et de continuer avec elles dans la même.

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    • Cévéyanh // 09.04.2023 à 09h29

      Vous avez consacrer des années à aider des entreprises qui poursuivaient votre idéal de changement de société. N’est-ce pas déjà un constat positif d’avoir au moins pu choisir le chemin qui correspondait à un sens en plus à votre vie ? Tout le monde ne le peuvent pas. Le regrettez-vous parce que ces entreprises sont devenues des « entreprises classiques » ? Vous pensez que cela n’a servi à rien ? Des personnes travaillant dans ces entreprises ont pu peut-être travailler en donnant un sens en plus et peut-être qu’elles ont quitté l’entreprise lors de son changement pour créer leur propre entreprise solidaire ou elles ont touché d’autres personnes par leur acte(s) et ces personnes se sont tournées vers d’autres entreprises solidaires (changement possible aussi dans l’éducation de leurs enfants etc) et cela peut se faire des années après. Les humains sont connectés entre eux. Vous ne pouvez percevoir tous les possibles modifications de vie dû à votre aide à ces entreprises et aux contacts que vous avez eu avec elles. Certes, vous n’avez pas constaté le grand changement global souhaité. Pour autant, cela ne signifie pas que la société n’a pas changé un peu grâce à vous.

      Il semble que vous pensez aujourd’hui qu’il faut un changement du système par le haut mais tant que la majorité ne veut pas de ce changement et ainsi modifier leurs habitudes et désapprendre, il y aura toujours de dures oppositions aux changements. Par exemple : En France, changement de limitation de vitesse de 90km/h à 80km/h sur les routes nationales qui a été modifiées sur certains routes car non voulu ; s’il n’y a pas de radar, non respect des limitations de vitesse faite pour limiter les bruits sur des autoroutes. Est-ce seulement le système ou des humains (trop individualistes) qui veulent rouler vite pour gagner soi-disant du temps ?

      L’humain : « Il est à la fois individu, société et espèce. Chacun de ces termes produit l’autre. Ils sont à la fois distincts et indissolubles. » (Edgar Morin) (2/2)

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      • Incognitototo // 09.04.2023 à 22h51

        Bien sûr, même si magiquement je le pouvais, je ne changerais pas grand-chose à mes choix de vie professionnelle. J’ai rencontré des personnes remarquables et j’ai eu une vie relationnelle très riche ; ça n’a pas de prix par rapport à toutes les richesses matérielles que j’aurais pu acquérir et auxquelles j’ai renoncé par choix.

        Votre image initiale du courant allant dans le même sens n’est pas si fausse que cela. Si la nature des molécules est différente, en réalité elles sont bien obligées d’aller toutes dans le même sens et c’est ça qui ne va pas pour changer le monde global. On peut retourner le problème dans tous les sens, la vraie rupture se fera quand on inventera des entreprises où on apprendra et pourra faire le choix de l’être plutôt que de l’avoir (cf. : Erich Fromm : « Avoir ou être : un choix dont dépend l’avenir de l’homme »), sans pour autant disparaître..
        Problème : dans une société organisée « systémiquement » entièrement pour produire plus et selon certains critères de rentabilité (sous peine de faire faillite), on ne peut pas résoudre cette contradiction, quelle que puisse être la forme de l’entreprise et ses buts.

        Il y a donc bien un problème insoluble imposé par le haut et le contexte global, qu’en aucune manière ses entreprises (si différentes soient-elles) ne sont en mesure de modifier.
        C’est ça mon amertume, d’avoir été crédule en pensant que modifier la nature des molécules permettrait de changer la direction du courant. Pendant ce temps-là, pendant que je vivais mon « monde idéal », le monde a tellement muté à travers – notamment la mondialisation et la financiarisation – que ce sont ces états de fait qui imposent leur loi à tous.
        Je regrette en conséquence de ne pas avoir assez lutté politiquement pour que le néolibéralisme ne devienne pas l’alpha et l’oméga de nos sociétés développées. Dès 1982, quand les premières trahisons du PS ont démontré que ce parti se couchait devant le néolibéralisme et les diktats imposés par les USA, nous aurions dû au moins descendre dans la rue. Au lieu de cela, même le PCF attendra 1984 pour constater que les promesses ne seraient pas tenues et démissionner de ces gouvernements d’arnaqueurs avec le menteur en chef Mitterrand. Une vraie tragédie politique et un rendez-vous avec l’histoire totalement raté.

        Cette interview démontre que cette « illusion » de ma jeunesse perdure et qu’elle est aussi tenace que celle qui consiste à croire que c’est par le développement du commerce international que nous aurons une paix durable. C’est absurde ; et en réalité, ça empêche de s’attaquer aux « vrais problèmes ».

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        • Cévéyanh // 13.04.2023 à 19h23

          Puisqu’en 1982, personne n’est descendue dans la rue, c’est peut-être que le peuple a accepté le changement décidé par des humains politiques (aussi les causes données par eulles) en dépit de la trahison.

          C’est de même pour le référendum de 2005. La copie pratiquement conforme du traité approuvé par les parlementaires en 2008. En allant contre la volonté de 55% des citoyens/citoyennes, pas de prostestation en masse dans la rue pour dire que la démocratie n’a pas été respectée. Beaucoup ont aussi accepté les paroles des humains politiques. https://reporterre.net/Le-traite-de-Lisbonne-est-une-trahison-de-la-democratie

          C’est ce que j’écrivais : S’il n’y a pas de plus en plus de personnes(voulant aller) dans une autre direction, le changement ne peut se faire. Parce que voter, ce n’est pas ce qui fait uniquement la démocratie. C’est aussi le respect de la volonté du peuple (Même s’il vote « mal » selon des humains politiques).

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          • Incognitototo // 13.04.2023 à 23h40

            ? Le « peuple » n’a rien « accepté » du tout. Absolument tout – y compris et surtout la néolibéralisation de la société – s’est toujours fait sans que jamais on ne lui demande son avis.

            En 1982, quand Mitterrand refuse (entre autres) la première mouture des lois Auroux (celle qui aurait permis la cogestion des salariés) et le premier projet des lois Quillot (celle qui constitutionnalisait le droit au logement), tout s’est fait sans que personne (sauf ceux qui s’informaient autrement) ne soit au courant. Et le PCF mettra 3 ans avant de dénoncer le marché de dupes.
            En 2008, même duplicité du PS qui valide Lisbonne et en profite au passage pour procéder à une grande purge des derniers socialistes historiques qui avaient osé appeler à dire « non » à la Constitution européenne de 2005.

            Alors, ce n’est pas le problème du peuple, mais bien de cette racaille politique qui défend des intérêts particuliers ou bêtement leur place dans les appareils politiques.
            L’image de la trahison des élites n’est pas qu’un sentiment subjectif, elle est fondée (depuis 50 ans) par des faits qui pour certains seraient passibles d’inculpation pour haute trahison ; mais ce crime n’existe plus dans notre droit constitutionnel depuis 2007, certainement un hasard !…

            Bref, le peuple n’y est pour rien s’il est désinformé par une élite politique corrompue. Je ne vois pas d’issue à ce problème démocratique central, qui forcément va mal se terminer et ce d’autant plus que le système électif est totalement bloqué, avec en plus des médias mainstreams totalement à la botte de ces mêmes politiques.
            Quand tous les appareils de pouvoir sont tenus par des vendus, et que la perversion est érigée en système, aucune action individuelle – même si elle représentait une majorité – ne peut y mettre fin. Je ne sais pas ce que sera l’avenir, mais sans nouvelle « nuit du 4 août » tous les efforts du « peuple » sont vains. C’est désespérant, mais c’est ainsi.

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            • Grd-mère Michelle // 16.04.2023 à 18h23

              « Bref, le peuple n’y est pour rien s’il est désinformé… »
              C’est bien pourquoi une des principales actions individuelles qui peut faire changer les choses, c’est dans le domaine de l’information qu’elle doit se dérouler: témoignages(comme le vôtre, ou celui de la jeune Eva), publication de « secrets »(comme l’a fait J.Assange, entre autres), d’observations justes et sincères de faits(historiques et actuels) restés dans l’ombre, lutte contre la « culture » du mensonge et de l’omission(secret des affaires, et des « services de sécurité ») et développement de la « culture du débat », efforts pour transformer le système « éducatif » en enseignement de tout, sans tabous, libre d’accès à tou-te-s, « ateliers de parole » (où l’on apprend à se parler et à s’écouter) plutôt que des cours de religion ou de morale, soin particulier aux langues (afin que tout le monde comprenne la même chose)… règles plus strictes en ce qui concerne la publicité(!!!)
              Complétons la liste!

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  • Auguste Vannier // 08.04.2023 à 09h34

    Au fondement du capitalisme de marché il y a une anthropologie pessimiste autoréalisatrice: Rousseauiste l’homme est naturellement bon mais sa mise en société le pervertie, Hobbesienne l’homme est un loup pour l’homme il est fondamentalement mauvais et seule la contrainte lui permet de faire société.
    Ajoutons y un zeste de « religiosité », la croyance dans le « divin marché », c’est à dire la mystérieuse main invisible qui régule au mieux les échanges, avec un idéal illusoire: « la concurrence libre et non faussée »…
    Mélangez le tout avec la logique des profits privés, et vous obtenez la marche inéluctable vers un « Totalitarisme de marché »: tout doit prendre la forme d’un marché. Cela a commencé d’advenir par le développement et la prise de pouvoir des « Marchés Financiers », ça s’est poursuivi par l’éradication des « services publics » et l’affaiblissement de la dimension Politique de l’Etat. On assiste en ce moment à la « marchéisation » de la santé, de l’éducation, et bien entendu de la « sécurité sociale ».
    L’avenir ne peut pas en avoir avec le capitalisme de marché, même assaisonné d’une bonne dose d’Ethique…
    Inventer la révolution ou la transition nécessaire, « top down » et « bottom up », c’est pas une mince affaire!

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    • Grd-mère Michelle // 16.04.2023 à 18h34

      « Inventer la révolution…c’est pas une mince affaire! »
      Pour commencer, cesser d’employer le mot, comme des perroquets, dans le sens induit par l’oppression! Ex: « révolution » industrielle, « révolution » numérique

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