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15.janvier.201815.1.2018 // Les Crises

Noam Chomsky : « Si vous critiquez la politique du gouvernement, vous êtes antiaméricain »

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Source : Russia Today France, Noam Chomsky, 11-07-2017

Pour l’émission de RT On Contact, le linguiste Noam Chomsky revient sur l’évolution politique des Etats-Unis à partir de la transition vers le néolibéralisme et explique pourquoi le système américain prend des airs de totalitarisme.

RT : Il existe dix principes de concentration de la richesse et du pouvoir que vous avez définis dans votre livre Requiem pour le rêve américain. Le premier principe dont vous parlez est la «réduction de la démocratie». Qu’entendez-vous par là ?

Noam Chomsky (C. N.) : Je dois d’abord dire que l’élaboration de ces dix principes est, vraiment, une contribution des éditeurs. Ils ont regroupé des heures et des heures d’entretiens et de discussions, qu’ils ont édités sous cette forme. La «réduction de la démocratie» signifie la marginalisation progressive de la population, la réduction du rôle de la population en général dans la prise de décision, dans l’opinion publique. C’est une conséquence attendue et prévisible de la transition vers les principes néolibéraux à partir des années 1970 et par la suite.

Il y a fondamentalement deux phases qu’on peut distinguer dans l’histoire socio-économique des Etats-Unis d’après-guerre. La première étape a été celle de ce qu’on appelle parfois le «capitalisme régulé» : le libéralisme intégré des années 50 et 60, une période de croissance très forte, une croissance égalitaire, quelques pas vers une plus grande justice sociale, une participation démocratique de la population. Il y a eu un véritable engagement de la population dans la vie publique. Tout cela a eu divers effets. Un de ces effets a été la réduction, la baisse du taux de profit, ce qui était problématique. Un autre effet a été que la population s’est retrouvée «trop» impliquée dans les affaires publiques.

La rhétorique du Mémorandum Powell était tout à fait fascinante : il exprimait un point de vue, qui n’est pas rare au sein de ceux qui possèdent vraiment le monde et selon lequel le contrôle de ces derniers avait été très légèrement réduit

RT : Ce que Samuel Huntington a qualifié d’«excès de démocratie», c’est cela ?

N. C. : Un «excès de démocratie», oui. Deux publications très importantes ont vu le jour au début des années 1970 et toutes deux étaient consacrées à cette théorie. Elles étaient intéressantes, parce qu’elles représentaient deux extrémités du spectre politique mais sont essentiellement arrivées à la même conclusion avec, certes, des rhétoriques quelque peu différentes. L’une était le Mémorandum Powell, rédigé par un juriste d’entreprise travaillant pour des entreprises de tabac, devenu par la suite juge à la Cour suprême sous Richard Nixon. Son mémorandum était censé être confidentiel, mais il a fuité vers un groupe d’affaires de la Chambre de commerce des Etats-Unis. Sa rhétorique était tout à fait fascinante : il exprimait un point de vue, qui n’est pas rare au sein de ceux qui possèdent vraiment le monde et selon lequel le contrôle de ces derniers avait été très légèrement réduit. Et, comme pour un enfant de trois ans pourri gâté qui n’a pas eu sa friandise, cela signifiait que le monde touchait à sa fin. Vous devriez vraiment lire ce document pour en apprécier toute la signification.

RT : Il entendait par là qu’il y avait une attaque contre le système américain de libre entreprise ?

N. C. : Il disait que le monde des affaires était la cible d’une sérieuse attaque menée par Ralph Nader et Herbert Marcuse. «Nous survivons à peine à cette attaque contre tout ce qui a de la valeur dans notre système américain», explique-t-il avant de dire : «Eh bien, écoutez, après tout, nous, les hommes d’affaires, possédons globalement tout. Nous administrons les universités. Nous ne devons pas laisser ces jeunes faire n’importe quoi. Et nous pouvons contrôler les médias, nous avons ce pouvoir.» Il appelait le monde des affaires à se mobiliser pour se défendre…

Dans les années 1960, trop de gens, qui étaient auparavant généralement passifs et indifférents, tels qu’ils sont censés l’être, ont commencé à se manifester dans l’arène politique avec leurs exigences

Cela a eu un impact important sur la croissance des think tanks de droite et l’idéologie d’extrême droite. Voilà pour l’extrémité droite du spectre. Ensuite, vous passez de l’autre côté, essentiellement le progressisme de l’administration Carter. Ou plutôt, de ceux qui composaient et influençaient l’administration de Jimmy Carter : la Commission trilatérale et ses représentants de démocraties industrielles (Europe, Japon, Etats-Unis)… fondamentalement, il s’agissait là d’internationalistes progressistes. Leur publication s’intitule La crise de la démocratie. Et la crise de la démocratie c’est… qu’il y a trop de démocratie. Dans les années 1960, trop de gens, qui étaient auparavant généralement passifs et indifférents, tels qu’ils sont censés l’être, ont commencé à se manifester dans l’arène politique avec leurs exigences, à mettre en avant ce qu’on appelle leurs «intérêts particuliers» : jeunes, vieux, agriculteurs, ouvriers… autrement dit, de tout le monde. A part le secteur des entreprises, qui n’est pas mentionné car représentant l’intérêt national. Ces intérêts particuliers mettaient trop de pression sur l’Etat. Donc, la conclusion était qu’il devait y avoir plus de modération dans notre démocratie. Les gens devaient redevenir passifs et indifférents… Samuel Huntington parle, avec une certaine nostalgie, de la période où, comme il le dit, Harry Truman était en mesure de diriger le pays en coopération avec quelques avocats et cadres de direction de Wall Street. Il n’y avait pas de crise de la démocratie.

Les institutions responsables de l’endoctrinement des jeunes échouent dans leur mission

RT : Et ils ont réussi à refouler ces aspirations… on en arrive au principe suivant, la formation de l’idéologie. Vous parlez de la différence entre Madison et Aristote. Les deux ont compris que si inégalités il y avait, il y aurait des tensions entre riches et pauvres. Madison appelait le gouvernement à limiter la démocratie et Aristote à réduire les inégalités. Votre deuxième principe est la formation de l’idéologie. Nous avons mentionné le Mémorandum Powell et la Commission trilatérale. Pour être précis, ils ont ciblé divers pans de la société. Vous parlez de la façon dont ils ont créé les plans architecturaux des universités pour que de grandes manifestations ne soient pas possibles, de la dette estudiantine comme méthode d’esclavage, de la destruction des institutions publiques… Pourriez-vous évoquer ce processus visant à refonder l’idéologie en une forme de néolibéralisme ?

N. C. : Je ne veux pas laisser entendre que la Commission trilatérale aurait contrôlé ces développements. Il s’agissait plus ou moins d’un consensus des élites progressistes sur ces questions. Pour cette raison, et c’est assez intéressant, «l’endoctrinement de la jeunesse», c’est en fait leur formule – la formule de leur consensus : les institutions responsables de l’endoctrinement des jeunes échouent dans leur mission.

Il devrait y avoir endoctrinement, les étudiants ne devraient pas penser librement. Ils ne le disent évidemment pas ainsi, mais cela signifie que les étudiants ne devraient pas essayer d’obtenir plus d’informations, de penser, de contester…

RT : C’est une façon intéressante de décrire les universités…

N. C. : C’est un peu comme le commentaire nostalgique sur Harry Truman étant capable de diriger le pays ensemble avec quelques avocats d’entreprise, etc. Mais c’est l’idéal : il devrait y avoir endoctrinement, les étudiants ne devraient pas penser librement. Ils ne le disent évidemment pas ainsi, mais cela signifie que les étudiants ne devraient pas essayer d’obtenir plus d’informations, de penser, de contester. C’est exactement ce que les jeunes devraient être encouragés à faire dans un système éducatif de qualité. Mais c’est dangereux, parce qu’ils remettent en question trop de vérités éternelles, y compris celle selon laquelle les élites doivent dominer et contrôler. Cela se constate tout au long de l’histoire.

RT : Ont-ils réussi ?

N. C. : Leur consensus a induit plusieurs développements et ils ont rencontré un succès raisonnable. On a par exemple commencé à imposer une sorte de business model aux collèges et aux universités. On a assisté à une croissance énorme de la bureaucratie, faisant pencher la balance du contrôle du corps professoral vers celui de la bureaucratie. Les frais de scolarité ont été considérablement augmentés. Dans les années 1960, un jeune homme pouvait dire : «Bon, je vais prendre une année sabbatique pour m’impliquer dans un mouvement pacifiste ou dans un mouvement féministe, ou autre chose. Après cela, je reviendrai et reprendrai le cours de ma vie.» Or, vous ne pouvez pas faire cela si vous êtes endetté. Vous sortez de la fac de droit en pensant : «J’aimerais être un défenseur des causes publiques, mais j’ai 200 000 dollars de dette.» Il vous suffit de vous rendre dans un cabinet d’avocats servant les intérêts privés et de vous faire à cette culture. De telles mesures à effet disciplinaire sont imposées de multiples façons.

L’antiaméricanisme est un concept très intéressant. Un concept de «traîtrise patriotique» qui n’existe que dans les Etats totalitaires. En dehors des Etats-Unis, je ne connais aucun pays non totalitaire et non autoritaire où ce concept existe

RT : Vous évoquez le fait que les critiques de l’empire américain, ou du capitalisme américain, sont étiquetés «anti-américanistes»…

N. C. : L’anti-américanisme est un concept très intéressant. Un concept de «traîtrise patriotique» qui n’existe que dans les Etats totalitaires. Par exemple, si quiconque en Italie critique le gouvernement de Silvio Berlusconi – il n’est pas accusé d’être anti-italien. Sous l’ancienne Union soviétique vous pouviez être condamné pour antisoviétisme ; sous l’ancienne dictature militaire brésilienne vous pouviez être qualifié d’anti-brésilien. Mais, à part les Etats-Unis, je ne connais aucun pays non totalitaire et non autoritaire où ce concept existe. C’est tout à fait frappant. Si vous critiquez la politique du gouvernement, vous êtes antiaméricain. En fait, tout cela a une origine biblique assez intéressante. Ce concept a été utilisé pour la première fois par le roi Akhab, roi du mal absolu dans la Bible. Il appela le prophète Elie qui critiquait ses actions et lui demanda pourquoi il détestait Israël. C’est un concept de base : si vous défiez le pouvoir, vous vous opposez en tout à la société, à la culture et à la communauté.

Source : Russia Today France, Noam Chomsky, 11-07-2017

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Jean // 15.01.2018 à 07h51

Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. La démocratie est un populisme et ceux qui méprisent le peuple ne veulent pas de la démocratie.

46 réactions et commentaires

  • yann // 15.01.2018 à 07h07

    Question:
    Définissez démocratie. Peu importe la réponse, tout ce qui compte c’est que la définition soit acceptée par 90% des participants.

      +3

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    • Jean // 15.01.2018 à 07h51

      Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. La démocratie est un populisme et ceux qui méprisent le peuple ne veulent pas de la démocratie.

        +39

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    • LeFredLe // 15.01.2018 à 07h54

      disons plutôt par 51% des exprimés n’est-ce pas?

        +3

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      • Sud // 15.01.2018 à 08h15

        Et voilà bien le gros problème de la différence entre la souveraineté nationale et la souveraineté populaire, que l’article 3 de notre Constitution s’empresse de glisser sous le tapis par une formulation machiavélique.

        C’est bien 51% des suffrages exprimés si la souveraineté est dite « populaire ».
        Mais si la souveraineté est dite « nationale », ce n’est plus que 51% des suffrages exprimés par les godillots du parlement élus au travers d’un découpage pourri des circonscriptions.

          +13

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        • Tepavac // 15.01.2018 à 16h32

          C’est l’inverse Sud!
          Ou plus exactement, tout est établi pour décourager l’investissement personnel des citoyens dans une quelconque entreprise civique.

          Au contraire, tout est organisé pour un contrôle maximal d’un vote prédéfini, soit par re découpage des circonscriptions, soit par la captation de courants minoritaires mais radicaux qui nuclėarisent le débat, soit encore par une propagande démesurée et pour finir par la mise sous tutelle de l’information par des moyens de coercition pénale et pécuniaire.

          Nous pouvons ajouter à ce triste paysage, la violation des lois cardinales de la République.

            +4

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      • Haricophile // 15.01.2018 à 09h00

        La bonne question est : L’école est elle une entreprise normalisatrice d’un certain ordre social ou, comme le nom le laisserait penser, un lieu d’émancipation ?

        Donne-t-on aux gens les moyens de voter dans leur propre intérêt ? Moi je pense que arrêter sa réflexion aux élections est on ne peut plus réducteur et le mépris des gens qui se font manipuler peu constructif pour la construction de l’intérêt commun.

        Le monde est complexe, ce dont on a besoin c’est de bon sociologues pour faire passer notre système social du chimpanzé à quelque chose qui soit en adéquation avec notre population et notre puissante et dangereuse technologie. A commencer par sortir de cette obsession occidentale de s’affranchir de la nature : Les délires actuels sur « l’homme augmenté » et l’IA n’ont rien a voir avec le progrès humain et tout avec la folie.

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        • Tepavac // 15.01.2018 à 17h02

          L’école est elle une entreprise normalisatrice d’un certain ordre social ou, comme le nom le laisserait penser, un lieu d’émancipation ?

          Les deux Haricophile, les deux.
          Votre interrogation est judicieuse car elle soulève la question combien et délibérément ignorée, celle de comprendre le monde dans lequel nous vivons.

          Comprendre l’architecture de notre organisation sociétal permettrait aux personnes de savoir qui élire et pourquoi.

          Temps et tant que 95% des citoyens zombies croiront qu’un président est le chef du gouvernement, les conséquences ne changeront pas.

          Et la raison en est simple, c’est une des conditions indispensable à la séparation des pouvoirs.

          Lorsque cette condition n’est pas respectée le reste en découle inexorablement.
          Manoeuvre judiciaire en premier, irresponsabilité des élus sur la foi du programme annoncės(n’importe quel bonimenteur se fait élire sans conséquence de la fraude sur les promesses électorales)….

          Enfin pour répondre, l’école est une entreprise de « normalisation » d’un désordre sociale. C’est délibéré et nos chers enseignants y participent. ..

            +2

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        • Christian Gedeon // 17.01.2018 à 18h36

          Lieu d’émancipation,donc. OK. Mais elle ne peut l’être que si on apprend d’abord aux écoliers à lire écrire et compter,et peut être meme,oh opinion réactionnaire,un peu de patriotisme et d’histoire de leur pays. Or l’école des pédagogistes,espèce redoutable,veut aujourd’hui lancer les enfants sur les pistes noires avant de leur avoir appris à chausser des skis…et veut faire de ce lieu sacré un espace d’apprentissage « ludique ». La vie n’est pas ludique,et c’est un crime de la faire croire aux écoliers,qui sont tout à fait capables de prendre la mesure des choses.

            +2

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      • William // 15.01.2018 à 11h30

        Euh,…en fait 50% des votes exprimés plus une voix.

          +6

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    • Fritz // 15.01.2018 à 08h13

      Le gouvernement du peuple, directement et sans représentants. « Les députés ne peuvent donc être les représentants du peuple, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement » (Jean-Jacques Rousseau). Pour Sieyès, celui qui a guidé notre Révolution de 1789, un État représentatif ne saurait être un État démocratique.

        +13

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    • lupo // 15.01.2018 à 08h22

      le terme démocratie est pas assez explicite …

      S’agit-il d’une démocratie directe telle que Suisse et Suède?
      Le vote devrait rassembler plus de 70% des voix … à près de 50% des voix, c’est trop contesté.

      Ou de démocratie représentative ?
      Encore faudrait-il une égalité dans la représentation des personnes, pas juste que ce soit les plus médiatisés qui l’emportent …

        +3

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      • Tepavac // 15.01.2018 à 17h12

        Déjà si nous n’avions pas des médias de M. … avec des journalistes de M. …. aussi, alors peut être, je dis bien peut être que les prétendants n’oseraient venir débiter leur logorrhée.

        De toute façon, c’est perdu d’avance, ces questions et leur développement sont systématiquement effacées du programme des médias.

        Qui a part les Crises s’intéresse quotidiennement a ces problèmes? ??

          +3

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    • jm // 15.01.2018 à 11h43

      Ma préférée un peu remaniée : dans la république/démocratie parfaite, le citoyen, c’est l’individu qui peut et qui veut obéir et gouverner tour à tour dans le cadre d’institutions le lui permettant de manière formelle, et ceci suivant les préceptes de la vertu.

      Quand Chomsky dit « La «réduction de la démocratie» signifie la marginalisation progressive de la population, la réduction du rôle de la population en général dans la prise de décision, dans l’opinion publique. C’est une conséquence attendue et prévisible de la transition vers les principes néolibéraux à partir des années 1970 et par la suite. »

      tout engoncé dans une pensée « de gauche » antinéolibérale, il ne voit pas que c’est la forme même des régimes en vigueur qui entraine, au peu à peu de leur évolution, et forcément, la marginalisation de la population lambda par des mécanismes qui n’ont rien à voir avec le néolibéralisme.

      La pensée sur la démocratie est un des talons d’Achille de cet homme.

        +4

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  • Fritz // 15.01.2018 à 08h03

    Ce n’est pas simplement « l’antiaméricanisme » qui est criminalisé aux États-Unis (antiamericanism, dit Chomsky dans son entretien) : c’est le fait d’être « non-américain » (unamerican). Avant 1940, une commission du Congrès s’appelait le HUAC (House Unamerican Activities Committee), bien avant l’émergence du sénateur McCarthy en 1950.

    Imaginez des commissions similaires pour traquer les activités « non-russes », « non-chinoises », « non-iraniennes », et le tollé de nos médias, des ONG, de notre diplomatie…

      +12

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  • Francois DULIEGE // 15.01.2018 à 08h40

    Ce fonctionnement de la société américaine n’est pas nouveau :
    « En Amérique, la majorité trace un cercle formidable autour de la pensée. Au-
    dedans de ces limites, l’écrivain est libre; mais malheur à lui s’il ose en sortir. Ce n’est
    pas qu’il ait à craindre un autodafé, mais il est en butte à des dégoûts de tous genres et
    à des persécutions de tous les jours (Alexis de Tocqueville – De la démocratie en Amérique – Tome 1 – 2ème partie – Chapitre VII, 1830) ».

      +18

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    • Tepavac // 15.01.2018 à 17h27

      Voilà une réponse qui est claire et de 1830…
      Merci d’avoir rappelé l’essence de ce pays, derrière Disney se cache toujours un harvey weinstein ou une psychopathe Clinton.

      Il ne faut pas oublier que les Usa sont le pays où la publicité délibérément mensongère est une démarche normale du commerce. …

      Si quelqu’un ici est un ‘individualisme invétéré, alors les Usa sont le pays de ses ambitions.

      Je trouve qu’il est bon qu’un tel pays existe, mais qu’il ne nous oblige pas à lui ressembler.

        +3

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      • Jean // 15.01.2018 à 23h26

        L’idéal serait qu’il applique leur système, la compétition plutôt que la coopération, sur une planète rien qu’à eux et qu’elle soit le plus loin possible de ceux qui veulent vivre en paix, en bonne intelligence.

          +3

        Alerter
    • Brigitte // 16.01.2018 à 09h21

      Bien dit François DULIEGE. Penser que le pays de Donald s’est détourné de la démocratie dans les années 70 n’est pas crédible.
      La différence entre libéralisme et néo-libérallisme ou ultra-libéralisme est juste une question de degré. Le deuxième est donc l’apogée du premier.
      Pour moi, Il n’y a pas de démocratie populaire possible avec le libéralisme qui engendre de fait une caste dominante qui peut mener au totalitarisme, non pas étatique mais des puissances privées. C’est fait!
      La démocratie directe est réalisable au niveau local mais pas au niveau national et encore moins au niveau mondial, même en délirant avec les nouvelles technologies.
      Le système représentatif paraît incontournable. Cependant, il doit être amélioré pour que le peuple participe et exerce un contrôle. Ce qui nous manque cruellement, et de plus en plus, c’est le contrôle. Participer aux décisions et avoir le contrôle des organes représentatifs de pouvoir.
      Comment? comme le propose Chouard, en réécrivant la constitution.

        +3

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  • BOURDEAUX // 15.01.2018 à 09h13

    Le concept de traitrise patriotique dont parle ici Chomsky, que j’appelle mécanique d’excommunication, ou injonction d’inconditionnalité, est tristement commun dans nos démocraties, et directement branché sur la nature profonde de tout pouvoir. Car tout pouvoir est naturellement « de droite », où ceux qui l’exercent sont naturellement enclins à en abuser pour le conserver. Contrairement à une idée fort répandue et jamais discutée, nous vivons bel et bien un temps ou l’inconditionnalité chasse l’esprit critique, et depuis belle lurette. Lorsque la gauche marxiste trouve un socialiste un peu trop libéral, il est « de droite », un catholique français qui, dans les années 60 critique la politique Gaullienne ne peut être qu’anti-français, un individu vaguement attaché à la cohésion nationale qui refuse une politique migratoire sans bornes est immédiatement rejeté à l’extrême droite, et s’il s’aventure à émettre une réserve sur le mariage homosexuel, on le soupçonnera facilement de vouloir organiser des pogroms à la prochaine marche des fiertés. Bref, le signe des temps actuels, c’est que les hommes de pouvoir en particulier, et les intellectuels en général, acceptent volontiers des partisans et des ennemis, mais refusent systématiquement qu’on leur présente un interlocuteur.

      +14

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    • Pinouille // 15.01.2018 à 12h02

      @Bourdeaux
      « Lorsque la gauche marxiste trouve un socialiste un peu trop libéral, il est « de droite » […] »
      Très vrai. Et sur ce blog comme ailleurs.
      Je ne compte plus le nombre de fois où ici l’on m’a (moi comme d’autres) attribué nombre de qualificatifs réducteurs (parfois contradictoires) de la manière dont vous la décrivez.

      Il serait intéressant d’analyser les mécanismes intellectuels qui conduisent à ce comportement qui se généralise. Amha, cela dépasse largement les clivages politiques.

        +3

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      • gotoul // 15.01.2018 à 12h29

        Honnêtement Hollande et Valls sont-ils des hommes politiques de gauche ? Que ce soit en politique intérieure ou extérieure.

          +8

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        • Pinouille // 15.01.2018 à 14h48

          Amha, le sujet qu’a soulevé Bourdeau dépasse largement votre point (même s’il est pertinent). F Taddei l’avait bien exprimé dans son entretien sur thinkerview: les positions se rigidifient de toutes parts. Du style « ceux qui ne partagent pas mes idées sont des ennemis et doivent rendre des comptes ». Position d’autant moins tenable que les idées adverses sont quasiment systématiquement caricaturées.
          Dans la dernière émission de Z&N, R Enthoven allait dans ce sens en disant qu’il était étonné de la violence des propos à son encontre sur les réseaux sociaux.
          Pour ma part, j’ai une tendance naturelle à rejoindre l’état d’esprit de F Taddei, E Todd, R Enthoven et bien d’autres où les certitudes sont rares, voire dangereuses car aveuglantes. La rigueur intellectuelle doit être le fil conducteur de toute analyse. Et si cette dernière amène à remettre en cause certains acquis, il faut avoir l’humilité de les reconsidérer. Ainsi, confronter ses idées avec ses contradicteurs est bienvenu et salutaire.

            +4

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        • Opp’s // 15.01.2018 à 21h23

          Accordez leur qu’ils ne surjouent pas les grands hommes de gauche.

          De plus , au pouvoir , il n’y a pas beaucoup d’homme de gauche qui aient pratiqué une vrai politique de gauche ou alors le peu qu’ils en ont fait n’a pas duré longtemps … ou encore ceux qui en ont pratiqué plus longtemps ont vite glissé vers l’échec .. ou le totalitarisme ! Il y a peut-être un problème de fond.

            +2

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      • Jean // 15.01.2018 à 13h16

        Le libéralisme est inévitablement de droite, ceux qui prétendent le contraire ne le font que pour abuser de la crédulité des électeurs. C’est l’hypocrisie du PS actuel : Je veux bien être de gauche pour me donner bonne conscience, mais je serais plus impitoyable que le plus féroce des prédateurs. On ne peut pas prétendre défendre les pauvres et voter les lois qui les appauvrissent.
        L’un des problèmes de notre époque me semble plutôt être l’ostracisme dont on frappe ceux qui veulent dialoguer avec leurs opposants politiques. Si l’objectif est de faire en sorte que le peuple ne puisse pas se réconcilier, ou à défaut permettre qu’il s’entende sur l’essentiel, c’est une réussite.

          +5

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        • Opp’s // 15.01.2018 à 21h13

          1) Et le socialisme inévitablement totalitaire ?
          2) Ca se complique quand les pauvres votent à droite …
          3) Un peu de radicalité fait toujours du bien face à la violence du système et puis la construction de soi-même passe par celle d’un ennemi !
          Cordialement 🙂

            +3

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          • Jean // 15.01.2018 à 22h45

            1) Aucune organisation politique n’est à l’abri de la dérive totalitaire et nous sommes dans une sorte de totalitarisme économique avec le néolibéralisme, puisqu’il n’y a pas d’alternative.
            2) Si vous vous demandez pourquoi les pauvres votent à droite, je vous conseil de regarder du côté des médias.
            3) Mon ennemi c’est l’injustice, c’est grave docteur ?

            Cordialement aussi.

              +0

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            • Pinouille // 16.01.2018 à 09h41

              @Jean
              Amha, vous avez parfaitement résumé dans votre com un peu plus haut l’amertume d’une partie grandissante de la population française/européenne/mondiale.
              L’augmentation des inégalités atteint des sommets historiques, qui met en danger la cohésion sociale de nombreux pays, et qui sape l’économie mondiale (donc les riches aussi, à terme). Je doute qu’il existe une personne qui remette en question ce constat (tout contre exemple est le bienvenu).
              C’est la réponse à apporter à ce problème envahissant qui divise: ceux qui expriment leur scepticisme envers les solutions « de gauche » ne sont pas mécaniquement des suppôts de satan au service du grand capital. Leur ennemi est certainement le même que le vôtre. Dès lors le dialogue est nécessaire.

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            • Jean // 16.01.2018 à 15h16

              @Pinouille

              Je ne raisonne pas de façon binaire mais cela ne m empêche de voir le mal où il est en le jugeant ainsi pour ce qu il produit. Je ne prétends pas être exempt d erreurs, ce qui me rend indulgent pour l erreur de l autre. En outre je crois au miracle de la rédemption, instantanée et totale, qui peut radicalement transformer le plus perdu d entre-nous au point d en faire un exemple à suivre.
              Cela dit je pense que les libéraux se trompent parce que leur liberté est un luxe qu ils réservent à une partie de la population. Mais je pense aussi que face à l ampleur de la crise actuelle, qui ne peut que s intensifier, il est urgent de faire front commun face au péril qui menace le fonctionnement même de nos sociétés.

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        • BOURDEAUX // 16.01.2018 à 11h51

          @jean : Le libéralisme vise à limiter les empiètements de l’état dans la société, caractéristique faiblement ressentie par nos ancêtres qui vécurent sous le joug monarchique, sous la dictature d’un Pinochet ou Mussolini, autant de régimes éminemment de droite. Ensuite, il existe un immense décalage entre la peinture que vous semblez faire de notre société, et les faits : la société française aujourd’hui est à mille lieux d’être libérale, et pourtant elle est perçue comme injuste à bien des égards, et à juste titre. Bornons-nous donc à nous interroger sur l’efficacité d’une politique en terme de liberté et de justice, et sur la viabilité des modes de vie qui nous sont proposés, plutôt que de macérer sans cesse dans des idéologies qui furent formulés par des hommes qui n’avaient aucune idée des enjeux contemporains auxquels nous allons faire face.

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          • Pinouille // 16.01.2018 à 14h00

            Tout à fait d’accord.
            Je me permets de rajouter que nos pays développés sont dans une situation économique (dette, faible croissance, chômage) qui fait que tout changement de cap (du moins ceux proposés) les ferait revenir au moyen âge –> TINA (ce qui explique en partie la « censure » médiatique). Mais ce TINA ne tiendra que le temps que l’édifice global s’écroule. C’est amha inéluctable : on ne peut pas tenir indéfiniment avec une croissance largement inférieure à l’endettement.
            Après l’effondrement, je doute que le peuple accepte de tout reconstruire à l’identique. Il aura une fenêtre pour se faire entendre. Pas avant.

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          • Jean // 16.01.2018 à 15h45

            @Bourdeaux
            Vous me faites pensez aux trotskistes qui critiquent le stalinisme sans percevoir que leur doctrine conduirait aux mêmes conséquences négatives. Je pense qu il faut rechercher le juste milieu entre le communisme et le libéralisme, cad qu il faut respecter la liberté individuelle tant qu elle ne nuit pas à l intérêt général. Et qu il faut toujours se méfier des dogmes.

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  • Roger // 15.01.2018 à 10h29

    Chomsky a depuis longtemps montré comment les media « fabriquent le consentement », de même qu’il a souvent rappelé que la constitution US était de nature ploutocratique: les fameux pères de la dite constitution étant un groupe d’hommes blancs rassemblés par leur réussite dans les affaires. A la base de leur raisonnement: puisque nous savons comment devenir riche (=réussir), nous savons donc comment conduire les affaires du pays dans son intérêt. Il faut qu’il soit dirigé par une élite de la réussite à qui il appartiendra de savoir convaincre le peuple d’accepter leur politique, par tous les moyens, notamment ceux, softs, de la Propagande (E. Bernays), rebaptisée depuis « Relations publiques » ou « Communication ».
    C’est ce  » modèle Américain » que nos « élites » s’emploient à mettre en oeuvre (presque de manière caricaturale avec Macron et les élus BCBG de LREM).
    Lire Chomsky, qui ne travaille que sur documents médiatisés, ou déclassifiés, c’est prendre une petite longueur d’avance sur ce qui nous attend. On comprend aussi pourquoi il est tant ostracisé en France…

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    • William // 15.01.2018 à 11h37

      Je crois que c’est de Toqueville qui a dit : »le suffrage universel ne me fait pas peur, car les gens voteront pour qui on leur dira ».

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      • Tepavac // 15.01.2018 à 19h52

        C’est Montesquieu, qui le premier démontra que le peuple du temps des romains à toujours eut la sagesse de confier ses intérêt à des personnes plus apte à diriger les « affaires » de la cité.
        Cela a été repris par Seyes et peut être par Toqueville.

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        • Opp’s // 15.01.2018 à 21h05

          C’est un des fondements de le pensée de Platon et de Socrate (dans une certaine mesure …). A l’époque c’était un progrès considérable que de rajouter ce critère à celui de la simple force.
          Ceci dit Sparte à vaincu Athène, et ce faisant a détruit pour des siècle , et le rêve de Platon , et celui de la ‘démocratie’

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          • Jean // 15.01.2018 à 22h57

            Platon était opposé au suffrage universel et à la démocratie athénienne.

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      • Opp’s // 15.01.2018 à 21h09

        En fait , et au fond, les gens votent pour leurs intérêts surtout.
        Et avec le caddie bien plus qu’avec leur bulletin.
        Bon.Difficile de leur reprocher.
        Le caddie : la démocratie réelle , immédiate, pour tous, à tout moment !

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      • Galvan // 16.01.2018 à 00h51

        Le problème n’est pas le vote, mais d’avantage le système de représentation : Quels sont les rôles et responsabilités de nos (soit disant) représentants ?
        C’est bien là tout le problème, ils ne sont pas suffisamment encadrés : ils ne devraient pas pouvoir voter des lois impactant les retraites, le code du travail, l’éducation, la santé, la justice, l’imposition etc … en gros tout ce qui concerne les thématiques régaliennes devraient être validées par le peuple en direct. Les représentants devraient préparer les lois et les expliquer au peuple qui lui, les validerait (ou pas). Qui plus est, un représentant devrait pouvoir être révoqué en cas de manquement à ses engagements : exactement comme un employé qui ne respecte pas ses attributions.

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  • Louis Robert // 15.01.2018 à 10h43

    Tandis qu’il en est encore temps et que « les dieux » nous le permettent… cet aveu (compromettant):

    moi, j’aime bien RT.

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  • Opp’s // 15.01.2018 à 20h40

    D’abord une idée générale : oui le système , le système américain, notre système , tente de « fabriquer du consentement » . Comme tous les systèmes . Et comme il ne peut en être autrement.
    En allant plus loin on pourrait dire que les systèmes intelligents fabriquent aussi de la contestation , car c’est dans et par cette dernière qu’ils évoluent , et se sauvent eux-mêmes , en évoluant dans ces failles.

    La démocratie ? oui , on sent qu’elle se réduit, qu’elle n’est plus en pratique qu’à peine sa propre ombre. Mais pour assoir cette impression, il faut se construire une période mythique où elle aurait existé (fouillons dans le passé les riches périodes où elle aurait existé … une trentaine d’années au siècle de Périclès ? -Socrate lui-même en doutait …) . Que cette période ait été pour Chomsky , aux USA , l’après-guerre est assez risible dans le sens o\u c’est la période où précisément les USA vont poser les bases de leur domination sur le reste du monde ! En fait sa comparaison est assise sur le plus profond de l’inconscient de l’idéologie américaine.

    A partir de là, de même qu’il y a une ‘crispation identitaire’, il y a la ‘crispation démocratique’ : avec son dévoiement’ total, utopique et contre-productif d’un gouvernement reflet de la volonté complète, de tous à tout moment.
    J’ai de gros doute sur la viabilité d’un tel système qui transformerait la démocratie en audimat permanent et en ferait le jouet des humeurs, des modes et de stratégies de manipulation permanente.

    D’ailleurs sait-on vraiment ce qu’on veut ?
    Car le système actuel se caractérise par le fait que nos micro-comportements sont autant de votes strictement inverses de ce que notre ‘idéal’ souhaite en surface.
    Et le plaisir de critiquer ce dont on chérit les causes … où serait-il alors ? … 😉

    En disant cela je ne suis pas contre des ‘améliorations’ pour un système plus ‘démocratique’ ou pour des luttes contre ce qui la détériore.Mais sans en oublier les limites … anthropologiques (qu’elles soient de l’ordre de la substance … ou de l’accident, comme dirait Aristote)

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    • Jean // 15.01.2018 à 23h11

      Un peuple sans conscience politique ne peut pas prétendre à la démocratie et le peuple est inconscient parce qu’on veut qu’il le soit. Il faudrait pour remédier à cela que l’éducation nationale forme des citoyens plutôt que des salariés.

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    • Daniel Griffel // 16.01.2018 à 06h32

      « D’ailleurs sait-on vraiment ce qu’on veut ? »

      « On » sait mieux exprimer ce qu' »on » ne veut pas. Par exemple « Ni dieu ni maître » dit bien ce qu’il veut dire.
      Le fait qu’une vrai « démocratie » n’ait jamais existé ne disqualifie pas le concept, sauf pour les réactionnaires qui voient en toute nouveauté une menace.
      Vos « limites anthropologiques » ne sont que la version scientiste des fantasmes des dominants (« Je domine parce que c’est nécessaire .. »)
      Bien sûr on peut prendre son pied dans la soumission … perso, je trouve ça malsain.

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      • Opp’s // 16.01.2018 à 12h05

        Oui mais ce qu’ « on » ne veut pas, ne définit pas une action , une ligne, une direction.
        C’est là le problème.

        Bien sûr je ne disqualifie pas le concept de démocratie, mais je lui enlève son ‘illimitation’ magique dans laquelle les ‘progressistes’ voit forcément un ‘progrès’.

        Quant aux limites anthropologiques, je n’en fait pas une version scientiste d’une position cachée , mais une limite prudentielle -bien sûr subjective et intuitive-, à l’idée que la déconstruction de l’homme n’a pas de limite (Toujours ce concept capitaliste d’illimitation qui contamine insidieusement même sa propre critique).

        La rébellion vécue comme une version inversée et imaginaire d’une soumission fantasmée , ce n’est pas non plus très sain ! 😉

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    • Roger // 16.01.2018 à 18h24

      Puisque quelques commentaires se réfèrent à juste titre aux inventeurs de la démocratie, j’offre au débat cette citation d’Aristote, plus crédible que Platon (ou son avatar Socrate), dont la préférence allait au régime Aristocratique (le Prince philosophe).
      « La souveraineté d’une minorité ou d’une majorité n’est qu’un accident propre, soit aux oligarchies, soit aux démocraties, dû au fait que partout les riches sont peu nombreux et les pauvres une multitude…la vraie différence qui sépare entre elles oligarchie et démocratie, c’est la richesse et la pauvreté…
      La Tyrannie est une monarchie qui a pour objet l’intérêt du monarque
      L’Oligarchie a pour objet l’intérêt des riches
      La Démocratie celui des pauvres. » Aristote, Politique, Livre III
      La Démocratie est un horizon, dont l’exercice est d’autant plus fatigant qu’il faut apprendre à la faire fonctionner (ce qui est rarement le cas dans nos systèmes familiaux et éducatifs).L’aspiration vers cet horizon en devient fragile.
      Surtout, la démocratie n’est pas un régime d’une quelconque vérité Politique, mais un régime d’opinions, les anciens grecs en étaient si conscients qu’ils faisaient précéder leurs lois de la formule ; « il a semblé bon au peuple de… ». Les erreurs étant celles d’un collectif, elles étaient assumées collectivement, et corrigées par de nouvelles délibérations, toujours avec la conscience de l’inéluctable incertitude humaine, condition aussi de la liberté. On a dit plus tard « l’erreur est humaine », ce qui ne l’est pas c’est de persister dans l’erreur au nom d’une idéologie quelle qu’elle soit.

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  • rolland // 17.01.2018 à 04h35

    Toujours très intéressant ce Mr Chomsky.
    Ce qui semble être finalement le seul point à retenir, pour ne pas non plus se diluer dans tous les sujets critiques qui ne sont que les dérivés du premier, est que aujourd’hui comme de tous temps, il y a ce que l’on appelle les détenteurs du grand capital qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour continuer de s’accaparer toutes les richesses de ce monde, au détriment bien sûr du plus grand nombre.
    Le résultat d’insécurité qui en découle semble être également un point important de leur stratégie, puisqu’elle leur permet d’installer en toute « légitimité apparente » des lois pour le contrôle des masses, se tenants évidemment au plus loin de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen et des droits naturels humains, et de fait, par ce biais, ils institutionnalisent la « non considération » des peuples citoyens en tant que règle civilisationnelle contemporaine.

    Les peuples citoyens sont pris dans ce piège, dont les élites mondiales détentrices du grand capital, ont la capacité d’agir sans qu’aucunes des ficèles ne leur échappent et la seule façon de lutter contre ça, est que ce plus grand nombre le comprenne et agisse en oubliant les bienfaits du confort matériel dont il bénéficie, pour occuper l’espace public de manière indéfinie dans le temps et ainsi faire comprendre à tout ces formes de pouvoir que la machine ne se remettra plus en route tant que les choses n’auront pas été organisées pour l’intérêt et le bien du plus grand nombre….
    …Sans cela, alors les peuples perdront tout, jusqu’au droit de vivre, rien que ça !

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  • Christian Gedeon // 18.01.2018 à 10h00

    Oui,bof…c’est dans l’ADN de l’Amérique des pères fondateurs dont je rappelle quand même qu’ils étaient des puritains particulièrement intolérants. Et ça continue aujourd’hui avec un système de pensée particulieremnt binaire,y compris dans des affaires comme l’affaire Weinstein,à l’autre bout du spectre. L’antiaméricanisme et le politiquement correct sont les deux faces d’une meme monnaie. Qu’on se le dise et le comprenne. Sinon,on ne comprend rien aux USA,pays que j’aime par ailleurs pour y avoir passé de sacrés bons moments. Juger les américains en bloc est une erreur funeste.

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