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30.avril.201630.4.2016 // Les Crises

Nuit debout, convergences, horizontalité, par Frédéric Lordon

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Petit point sur les débats en cours…

Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 25-04-2016

Entretien avec Xavi Espinet, pour le journal barcelonais El Critic, réalisé le 16 avril, publié le 23 avril.

par Frédéric Lordon, 25 avril 2016

Avec les migrants sous le métro La Chapelle à Paris Felipe Vincenot / Mouvement de libération graphique et artistique #NuitDebout

Avec les migrants sous le métro La Chapelle à Paris
Felipe Vincenot / Mouvement de libération graphique et artistique #NuitDebout

D’après-vous, qu’est-ce qui a bien pu décider le gouvernement à proposer un tel projet de réforme, et de quoi la loi El Khomri serait-elle le symbole ?

Il n’y a aucune autre explication que l’aveuglement idéologique le plus absolu. Ce gouvernement dit de gauche fait en réalité, et dans tous les domaines, la politique la plus à droite qu’aucun autre gouvernement sous la Ve République. Quand on considère les choses avec un peu de recul, il y a là un réel événement politique à l’échelle historique du régime. Les conséquences ne vont pas tarder à s’en manifester — au plus tard lors des élections de 2017 — et elles seront de très grande ampleur. Nous sommes en train d’assister à la liquidation historique de la social-démocratie française — ce qui en réalité est un soulagement. Mais il aura fallu qu’elle aille plus à droite que n’importe quel autre gouvernement pour que celle liquidation soit acquise. Bref, c’est le fanatisme néolibéral du Parti socialiste qui aura conduit ce gouvernement à proposer cette loi que même un gouvernement Sarkozy n’aurait pas osé présenter. C’est dire l’état de décomposition intellectuelle et de perdition idéologique dans lequel se trouve ce parti qui n’a plus avec la gauche que des rapports d’inertie nominale. Mais en plus de l’enfermement idéologique, il faut avoir complètement perdu contact avec l’état réel de la société, et tout ignorer de la souffrance et de la précarité générales où se trouve pris le travail salarié, pour avoir l’idée folle de les approfondir encore.

Après la défaite des mobilisations contre la réforme sarkozyste des retraites, la rue gronde enfin à nouveau. Quels rapports devrait entretenir, selon vous, Nuit debout avec la mobilisation syndicale contre la réforme du droit du travail ?

Des rapports bien plus étroits que ceux qui existent actuellement. Il n’y aura pas de transformation politique d’ampleur sans un mouvement populaire de masse. Or un tel mouvement prend nécessairement, pour partie, la forme de la grève générale. Et il n’y a pas de grève générale sans le concours des organisations de salariés. C’est aussi simple que ça. Mais même sans aucune certitude (c’est une litote) quant au déclenchement effectif de la grève générale — et quoiqu’il nous faille faire tout ce que nous pouvons pour en relever la probabilité —, il est d’une importance stratégique d’opérer la jonction entre différentes fractions de la gauche que d’invisibles barrières sociologiques tiennent ordinairement séparées, et notamment la gauche militante des centre-villes et celle des classes ouvrières syndiquées. En dépit de tous les obstacles, il existe une base objective à cette convergence : la condition salariale. Le rapprochement est d’autant plus facilité que le néolibéralisme maltraite désormais aveuglément et uniformément, y compris donc sa propre base sociale a priori, à savoir les étudiants, futurs cadres du capitalisme, mais condamnés par lui à la précarité et à des formes de plus en plus dégradées de l’insertion dans le monde du travail — et ceci alors même que ces étudiants nourrissaient des ambitions en rapport avec leurs trajectoires scolaires… et découvrent qu’elles seront amèrement déçues. Il y a là tous les ingrédients pour des retrouvailles entre classes sociales que leur hétérogénéité tenait éloignées l’une de l’autre. Mais je ne peux pas terminer cette réponse sans mentionner l’existence d’une commission « grève générale » à la Nuit debout, à qui l’on doit les premières actions très concrètes, et notamment le fait d’avoir organisé une délégation d’étudiants à la gare Saint-Lazare pour aller à la rencontre des cheminots mardi 12 avril. Ces actions sont absolument exemplaires, et c’est en les multipliant que nous serons à la hauteur de notre propre mot d’ordre de convergence des luttes.

Beaucoup voient en Nuit debout un phénomène générationnel. Pourquoi cette jeunesse, qu’on prétendait par ailleurs dépolitisée, déploie son être politique en dehors des canaux institutionnels ?

Pour ma part je suis assez réticent à l’idée d’enfermer Nuit debout dans la catégorie de « phénomène générationnel ». Assez souvent, le recodage « générationnel » d’un phénomène social est le propre du commentaire médiatique — et, reconnaissons les choses avec lucidité, l’une des raisons pour lesquelles l’accueil médiatique de la Nuit debout n’a pas été jusqu’ici trop mauvais, les journalistes répondant, la plupart du temps sans s’en apercevoir, à des rapports d’affinité sociologiques — qui sont totalement absents lorsqu’il s’agit de mouvements syndicaux classiques : et, de manière tout aussi inconsciente, les médias s’abandonnent alors à un racisme social ouvert. En tout cas le point important est celui-ci : le recodage générationnel risque toujours de fonctionner comme un opérateur de dépolitisation ; c’est juste une « histoire de jeunes », donc une histoire sans importance qui passera dès qu’ils seront devenus vieux — le plus vite possible, espère-t-on, et entre temps on est prêt à faire preuve de mansuétude pourvu que ça n’aille pas trop loin. Voilà typiquement où mène l’analyse « générationnelle »… Ceci étant dit, j’observe, même si c’est depuis mon point de vue qui est partiel comme tous les points de vue, une effervescence intellectuelle et politique inédite de la jeunesse étudiante et même — c’est un fait extrêmement marquant — lycéenne. Je reçois de plus en plus de contacts, de sollicitations, de messages de lycéens, et des messages qui témoignent, je peux vous le dire, d’une conscience politique critique déjà très affûtée. C’est un phénomène tout à fait nouveau. Les gouvernements qui seront aux affaires dans dix, quinze ans, ont du souci à se faire : quelques sérieux problèmes les attendent, qui sont en train de mûrir dès à présent.

Lors de votre allocution du 31 mars, vous en appeliez au « désir politique qui pose et qui affirme ». En pleine crise de l’Etat-nation et du politique, qui serait le sujet de ce désir et de quels « objets politiques » pourrait-il/devrait-il se saisir ? Et que répondriez-vous à tous ceux qui qualifient cette « affirmation », renouvelée tous les soirs place de la République, de purement « volontariste » ?

Le sujet de ce désir est insaisissable ex ante. Le « nous » se construit dans le processus même de ses réalisations. « Convergence des luttes » est une sténographie qui dit son désir d’être le plus large possible — et si l’on veut en nommer plus explicitement les composantes : la jeunesse urbaine précarisée, les classes ouvrières syndiquées (et en réalité plus largement le monde du travail), les quartiers abandonnés des banlieues. Quant à ses objets, il les élira lui-même. Il est certain en tout cas que ce mouvement ne doit pas s’abandonner au ravissement intransitif de soi, et que si son énergie ne se convertit pas en désirs déterminés — en objectifs politiques explicites —, il restera improductif. Conserver ce sens de l’objet suppose d’en rappeler en permanence la nécessité dans les débats pour lutter contre l’éparpillement. Pour ma part, je pense à quelque chose comme un mouvement « télescopique », j’entends par là qui se donnerait une gradation d’objectifs, allant du (proche) retrait de la loi El Khomri à la (lointaine) écriture de la constitution d’une république sociale, en passant par toute une série d’idées « intermédiaires » à imposer dans le débat politique, à l’image par exemple de l’imposition faite aux banques de se désengager de toutes les activités spéculatives, mais on pourrait mentionner bien d’autres choses de ce registre. Y a-t-il dans tout ça un « volontarisme de l’affirmation » ? Mais quelle politique ne procède pas ainsi ? Même si évidemment elle ne peut pas s’en contenter, l’intervention politique joue essentiellement du performatif. Dire « il y a » est un moyen de contribuer à faire exister la chose dont on dit qu’elle existe avant qu’elle existe vraiment. Et c’est vrai : c’est un type d’intervention qui a tout du pari ! Pour autant, même si le pari est perdu, il sème quelque chose qui fera son chemin : une idée, le sens d’un problème, une exigence, etc.

Sieyès, lors de la Révolution française, énonçait le principe de la démocratie représentative : la volonté populaire ne peut s’exprimer que par les représentants du peuple. De par sa configuration même, Nuit debout remet en question ce principe et la démocratie représentative y est durement critiquée à chaque AG. Quels nouveaux modes de décision/légitimation/création politiques vous semblent laisser entrevoir Nuit debout ?

Ce que je vais dire a sans doute tout pour prendre à rebrousse-poil les inclinations spontanées de la Nuit debout mais tant pis. Je pense qu’à l’échelle macroscopique il n’y a pas de politique sans une forme ou une autre d’institutionnalisation, et même de représentation. Au demeurant l’AG de la Nuit debout n’est même pas conforme au modèle d’horizontalité pure qu’elle revendique d’accomplir. Par exemple, il n’y a pas d’AG sans règles — règle du tour de parole, règle du temps de parole, respect de la personne modératrice, règles gestuelles de manifestation des opinions, etc. — et ces règles ont par définition un caractère institutionnel et verticalisé puisqu’elles s’imposent à tous, qu’elles font autorité, que tous les reconnaissent — conceptuellement, la verticalité c’est cela. Nous avons donc d’emblée affaire, et dès cette échelle, à de l’institutionnel-verticalisé, ce qui prouve bien l’inanité d’un mot d’ordre maximaliste d’horizontalité pure, en fait intenable. La vraie question n’est pas dans d’absurdes antinomies « institutions vs. pas d’institution » ou « horizontal vs. vertical » mais dans la manière dont nous agençons nos institutions et dont nous parvenons à contenir la verticalité que nécessairement nous produisons du simple fait de nous organiser a minima collectivement. Quoiqu’elle se verticalise de son propre mouvement, la Nuit debout peut cependant se maintenir fermement dans une configuration aussi proche que possible de ses idéaux d’horizontalité et de démocratie directe. Mais elle ne le peut sans doute qu’en raison de sa taille et de l’échelle réduite à laquelle elle opère. Il faut donc tenir ensemble deux idées qui en réalité n’ont rien de contradictoire : d’une part la configuration institutionnelle d’une collectivité à l’échelle macroscopique, disons nationale, ne saurait être le simple décalque du modèle expérimenté à l’échelle de la place de la République ; mais inversement la Nuit debout illustre en elle-même des principes génériques qui doivent guider l’élaboration d’une configuration institutionnelle globale : subsidiarité maximale, c’est-à-dire la plus grande délégation d’autonomie possible aux niveaux locaux, méfiance à l’égard du potentiel de capture que représente toute institutionnalisation, contrôle serré des représentants et des porte-parole — contrôle qui signifie révocabilité permanente (quoique réglée) —, organisation de l’écoute constante des niveaux d’organisation inférieurs par les niveaux supérieurs, en particulier pour ne pas laisser aux niveaux supérieurs le monopole de l’initiative qui transformerait les niveaux inférieurs en simples chambres d’approbation : les idées doivent circuler dans les deux sens, et les niveaux supérieurs continuer de s’inspirer des niveaux inférieurs.

Savoir étendre Nuit debout aux classes populaires des banlieues vous semble être une condition nécessaire à son succès et a sa légitimité. Et quid des classes populaires de la « France périphérique », passablement lepenisées ? Comment s’adresser aux uns sans susciter la réprobation des autres ? Et, faute de trouver un langage commun, y aurait-il le danger d’une sorte de réaction populaire pro statu quo « gaulliste » comme en 68 ?

C’est une question tellement décisive qu’elle en est presque douloureuse… Quand on voit déjà les difficultés à simplement faire agir de concert des fractions politisées mais sociologiquement hétérogènes comme les classes ouvrières syndiquées et les milieux du militantisme urbain, on mesure plus lucidement les barrières à franchir pour nouer le contact avec d’une part les populations des quartiers, et d’autre part celles de ce que vous appelez la « France périphérique » — je n’ai même pas besoin d’insister sur tout ce qui d’ailleurs oppose ces deux populations… Il ne faut pas se raconter des histoires : un surgissement événementiel comme la Nuit debout n’a en lui-même aucun pouvoir de retravailler aussi profondément le terreau social pour y produire une modification massive comme la délepénisation. Ce sont là des affaires de militantisme local, opiniâtre, le plus souvent invisible, qui part à la reconquête des gens un par un ou presque. Ce à quoi peut toutefois contribuer un mouvement comme la Nuit debout, c’est de remettre en place dans le paysage politique d’ensemble une vraie proposition de gauche qui, si elle fait son chemin, pourra à terme apparaître comme une alternative envisageable par tous ceux pour qui le FN est devenu la seule figure de l’alternative. Inutile de le dire, c’est là une œuvre de longue haleine…

Nuit debout sonnerait le glas du réductionnisme revendicatif des luttes et dépasserait les ambitions de la mobilisation syndicale contre la loi El Khomri. Vous déclarez le décès de l’actuel ordre politique français et appelez de vos vœux une république sociale. Le roi est enfin nu ? Nuit debout, Assemblée constituante ? Et quelles dispositions adopter au sein du mouvement pour qu’il puisse effectivement en devenir une ?

La formule « nous ne revendiquons rien » demande à être adéquatement comprise — je me suis rendu compte post festum qu’elle avait créé toute une série de malentendus notamment du côté syndical où elle semblait attaquer de front la grammaire même de l’action qui est fondamentalement revendicative. Il est tout à fait évident qu’il ne s’agit nullement de déclarer caduques les luttes revendicatives là où elles ont lieu — ce serait dénué de pertinence et même passablement bouffon. Mais il s’agit d’attirer l’attention sur le fait que les revendications, par construction, viennent s’exprimer dans un cadre qui lui-même demeure inquestionné… et ceci alors même que ce cadre dessine les conditions de possibilité (ou d’impossibilité) de certaines revendication. Le succès d’une revendication de hausse du Smic, par exemple, devient hautement improbable si l’on oublie de mettre en question aussitôt les structures de la mondialisation néolibérale — le pouvoir actionnarial, le libre-échange sans frein, les délocalisations — qui opposent objectivement toutes sortes de contraintes à l’augmentation salariale. Demander « un autre partage des richesses » est vain si on ne s’intéresse pas aux structures qui déterminent le partage des richesses. Le célèbre TINA (There Is No Alternative) demeurera vrai tant qu’on n’aura pas déplacé notre attention sur l’ensemble des structures néolibérales qui le rendent vrai ! Et hors duquel il cesse instantanément d’être vrai. Pour remplacer TINA par TIAA (There Is An Alternative !) il faut en recréer les conditions de possibilité structurelles — c’est-à-dire refaire le cadre. Refaire le cadre c’est autre chose que revendiquer. C’est entamer un processus hautement politique de reconstruction institutionnelle, au sens large du mot « institutions ».

Ce processus prend une portée plus grande encore quand il s’élève à un niveau constituant, pour le coup le méta-cadre. On voit bien qu’il n’y a personne auprès de qui apporter la « revendication » d’une Constituante ! C’est le peuple lui-même qui se saisit de ce désir, qui l’affirme et qui le pose. Maintenant il faut préciser le statut d’un appel à une Constituante qui relève de deux interprétations différentes. La première a à voir, une fois de plus, avec le registre performatif de l’intervention politique. En appeler à une Constituante est une manière de poser des problèmes, deux en particulier :

nous estimons que le système institutionnel actuel, celui de la Ve République, est à bout de souffle, qu’aucune transformation significative du cadre ne peut s’y produire, et qu’il doit être entièrement refait, pour le redémocratiser, et pour rendre à nouveau possibles des différences politiques significatives — car en définitive c’est cela la démocratie : la possibilité toujours ouverte de faire autrement ;

une Constituante s’impose également non comme un jeu juridique formel hors-sol mais comme le moyen de donner la plus haute forme juridique aux principes fondamentaux d’un modèle de société : de même que les constitutions successives des républiques françaises, par-là bien toutes les mêmes !, avaient pour finalité réelle de sanctuariser le droit de propriété qui donne sa base au capitalisme, il apparaît que le projet d’en finir avec l’empire du capital sur la société ne peut que passer par une destitution du droit de propriété et une institution de la propriété d’usage (quand je parle ici de propriété, il n’est évidemment question que des moyens de production et pas des possessions personnelles). Seul un texte de la portée juridique ultime que revêt la constitution peut opérer ce changement à proprement parler révolutionnaire.

Et voilà, du coup, la deuxième lecture de l’appel à une Constituante, une lecture historique et stratégique : il faut bien voir en effet tout ce qui nous éloigne en réalité d’un processus constituant, à plus forte raison qui déboucherait sur une république sociale telle que je la pense, à savoir débarrassée du droit de propriété (au sens que j’ai indiqué à l’instant) ! Dans cette deuxième lecture, positive, la Constituante est la consécration d’un processus révolutionnaire à venir, qui en est en réalité la condition de possibilité. Mais alors pourquoi se projeter ainsi dans un horizon quasi-irréel ? Parce que c’est une manière de mettre des problèmes à l’agenda du débat public. C’est une manière de poser fermement dans l’espace public qu’il y a un problème avec les institutions de la dépossession, et qu’il y a un problème avec l’empire du capital sur la société — comme la loi El Khomri a la vertu de nous le faire voir plus clairement que jamais. C’est sans doute une longue marche qui nous sépare de la solution à ces deux problèmes. Raison de plus pour nous mettre en route tout de suite !

[Question inévitable de journal ibérique] Les élections 2017 approchent. Outre le fait que le paysage politique à gauche du PS ne semble pas se prêter à la création d’un nouveau parti, vous affirmez qu’envisager un Podemos à la française serait se méprendre. Pourquoi ?

La Constituante est aussi une réponse à cette question. Je crois qu’il nous faut sortir de ce que j’appellerai l’antinomie Occupy Wall Street (OWS) / 15M-Podemos. D’un côté OWS, mouvement qui a malheureusement fait la démonstration de son improductivité politique directe (ceci dit sans méconnaître tous les effets de Occupy qui ont cheminé souterrainement, et à qui l’on doit sans doute, par exemple, la possibilité aujourd’hui d’un Bernie Sanders). De l’autre 15M qui n’est devenu productif qu’en se prolongeant sous la forme de Podemos… c’est-à-dire sous une forme qui en trahissait radicalement l’esprit des origines : un parti classique, avec un leader classique, classiquement obsédé par la compétition électorale, et décidé à en jouer le jeu le plus classiquement du monde : dans les institutions telles qu’elles sont et sans afficher la moindre velléité de les transformer. L’appel à une Constituante est une manière de sortir de cette contradiction de l’improductivité ou du retour à l’écurie électorale. Il faut que le mouvement produise « quelque chose » mais ce « quelque chose » ne peut pas être rendu au fonctionnement des institutions en place. Conclusion : le « quelque chose » peut consister précisément en la transformation des institutions.

Frédéric Lordon

Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 25-04-2016


L’inquiétant projet de Nuit debout

Source : Challenges, Bruno Roger-Petit, 25-04-2016

Contrairement à ce que ses organisateurs tentent de faire croire, le mouvement Nuit debout dispose d’un vrai projet politique, dévoilé la semaine passée par l’économiste souverainiste Frédéric Lordon. Qui se comporte en maître-à-penser.

L'économiste Frédéric Lordon, tel un

L’économiste Frédéric Lordon, tel un « guide » de Nuit Debout intervenait longuement à la Bourse du Travail le 20 avril. DR/Capture d’écran

Avec l’économiste Frédéric Lordon, Nuit debout a renouvelé le genre ancien du culte de la personnalité. On n’avait pas vu cela depuis les années Mao et révolution culturelle. La dernière apparition du maitre à penser du mouvement en atteste. Nous sommes mercredi soir, à la Bourse du travail, et pour la troisième fois le guide Lordon apparait à ses disciples. Signe qu’il n’est pas un Nuit debout comme les autres, il exige de disposer d’une chaise afin de pouvoir livrer sa parole aux fidèles assemblés à la Bourse du travail. Les disciples s’empressent d’obéir. Vite une chaise pour Lordon ! La règle commune, on parle debout à Nuit debout, souffre d’une exception pour l’universitaire charismatique. Privilège assumé d’autorité : « Je suis le représentant du courant l’université assise ». Comme il se doit la scène est mise en ligne …par la Télé de gauche Paris.

A Nuit debout, tout le monde est à égalité mais Lordon est plus égal que les autres. En chaise à défaut d’être en chaire.

Sont rassemblés là, face au guide, les têtes pensantes de Nuit debout, les éléments les plus actifs et militants, les permanents de la place de la République. C’est une minute de vérité. Il faut voir et revoir cette intervention de 11 minutes, parce qu’elle livre la vérité sur Nuit debout. Qui le pense. Qui l’organise. Qui le manipule.

Et Lordon de dénoncer la secte malfaisante, celle de la « chefferie éditocratique »

Dans un premier temps, Lordon désigne l’ennemi. Les médias et la presse. Non pas les « journalistes de terrains, jeunes et précarisés » qui se reconnaissent en Nuit debout (pas fou Lordon) mais « la chefferie éditocratique » qui « confisque la parole autorisée ». Lordon met ses troupes en garde. La « chefferie éditocratique » veut pousser Nuit debout à débattre dans un cadre démocratique, afin d’imposer encore et encore « le citoyennisme intransitif, qui débat pour débattre, mais ne tranche rien, ne clive rien, et est conçu pour que rien n’en sorte ». Lordon tranche, il faut refuser cette démocratie « All inclusive ».

A Nuit debout, on ne débat pas, on combat. Pour Lordon, le débat démocratique, c’est l’impasse qu’entendent imposer « la secte malfaisante, la secte de l’oligarchie néolibérale intégrée », celle des « médias organiques de l’ordre social ».

Et Lordon de justifier l’intimidation physique infligée à Alain Finkielkraut, l’ennemi suprême : « Nous voilà sommés d’être inclusifs, violence du capital et violence identitaire raciste, violence dont Finkielkraut est peut-être le propagateur le plus notoire ». Et de réitérer le refus de la confrontation avec l’ennemi désigné : « Ces médias nous demandent d’accueillir Finkielkraut et bien non ! Pas d’animation citoyenne all inclusive comme le voudraient Laurent Joffrin et Najat Vallaud Belkacem ! » Et de conclure avec des mots lourds de sens : « nous ne sommes pas ici pour être amis avec tout le monde, et nous n’apportons pas la paix, nous n’avons aucun projet d’unanimité démocratique ».

Convenons que Lordon est cohérent. Et transparent. Le voici qui précise ensuite comment Nuit debout doit désormais mener le combat, hors du champ démocratique.

D’abord en dépassant le cadre revendicatif traditionnel des luttes sociales, qui n’est pas révolutionnaire : « Revendiquer est une nécessité, parfois même vitale », mais de portée limitée, « ceci n’aura pas de sens tant que nous ne mettrons pas en question les structures du néolibéralisme ». En vérité, Lordon veut casser le cadre dans lequel évolue les rapports de forces entre partenaires sociaux : « S’il n’y a plus d’alternative dans le cadre, il y a toujours possibilité de refaire le cadre. C’est de la politique, pas du revendicatif. On chasse les gardiens du cadre ».

Une fois le but assigné, Lordon passe à la méthode, celle « des grains de sable » : « Il faut mettre des grains de sable partout » lance-t-il, illustrant cette stratégie à l’aide d’exemples concrets : « C’est débouler dans une réunion d’Anne Hidalgo, c’est débouler dans la conférence d’une association d’étudiants à l’ESCP qui invite Florian Philippot ». Et de scander : « C’est faire dérailler le cours normal des choses, les harceler, leur ôter toute tranquillité ! »

Et Lordon de compléter le cours de méthode : grâce à la stratégie des « grains de sable », s’opérera « la jonction », soit la coagulation du « militantisme de centre-ville, des classes ouvrières et de la jeunesse ségrégée des quartiers », et « cette force sera irrésistible ». Constituée, elle se lancera à l’assaut du « cadre à refaire », notamment « les traités assassins, les traités européens et le TAFTA ». Lordon fait dans le prophétique, qui ne cache pas à ses ouailles que « La nuit debout, la grève générale, la république sociale, c’est loin ».

Et voilà.

Nuit debout a bien une feuille de route, tracée par un chef

Mercredi dernier, le rideau Nuit debout s’est déchiré. En réalité, l’évènement initié par François Ruffin et ses camarades dispose d’un cerveau qui montre le chemin, établit la feuille de route et fournit le prêt-à-penser des objectifs et de la méthode.

Nuit debout est bel et bien pensé, monté et organisé par des professionnels de la politique. Révisons notre Lénine. Là où il y a organisation, il y a direction. Là où il y a direction, il y a guide. Et ce guide, c’est Frédéric Lordon, dont les interventions savamment mises en scène le hissent au-dessus du bruit médiatique. A Nuit debout, tout le monde parle, mais on entend que Lordon. Rassurons Emmanuel Todd, qui s’inquiétait de l’avenir du mouvement « Pas de révolution sans organisation », l’organisation de Nuit debout, pour qui veut bien la voir, est bien là. Présente. Active. Et menaçante.

Relisons bien Lordon, et méditons. Le sous-texte de son intervention, applaudie à tout rompre, est empreint de sentiments qui ont peu à voir avec la gauche de Jaurès ou Blum. Refus du débat démocratique organisé. Haine de l’Europe du libre-échange. Promotion du populisme souverainiste. Négation de la liberté de la presse. Rejet de l’autre à raison de sa différence de pensée. Appel à des perturbations de réunions publiques… Est-ce vraiment un programme politique destiné à libérer les opprimés ? A apaiser le pays ? A libérer les consciences ? Osons la question : s’il se trouve des esprits pour passer à l’acte selon les préceptes de Lordon, quelle sera l’étendue des dégâts à constater ?

Le Nuit debout de Lordon est bien loin de la vision idyllique que certains politologues tentent d’imposer, à l’image de Gaël Brustier déclarant (sans rire) au Figaro : « Il y a plutôt une forme de joie de vivre Place de la République… qui tranche justement avec la hantise du déclin commune à nos sociétés ». Cet éclairage fait honneur à la politologie contemporaine. Ainsi, quand Lordon déclare : « Nous n’apportons pas la paix » et « nous n’avons aucun projet d’unanimité démocratique », il est le Charles Trenet de Nuit debout chantant « Y a de la joie ». C’est tellement évident. Nuit debout, c’est fun. La politologie est (aussi) devenue un sport de combat.

Source : Challenges, Bruno Roger-Petit, 25-04-2016


Lordon debout dans la nuit…

Source : Russeurope, Jacques Sapir, 26-04-2016

La question de l’avenir du mouvement « Nuit Debout » se pose avec acuité. Nul n’en conteste l’importance, même si les différences que l’on peut trouver entre ce qui se passe à Paris et dans les villes de province est une évidence. Le mouvement parisien a donné de lui une image sectaire et semble vouloir retomber dans les errements de la « démocratie d’AG » post-68. Mais, juger ce mouvement à la seule aune de son apparence parisienne serait une profonde erreur. L’émergence de réunions se tenant sous la bannière de « Nuit Debout » dans des dizaines et des dizaines de villes de province, dont certaines ne sont nullement des centres universitaires, est une réalité tout aussi, et en un sens même plus importante, que les péripéties de la place de la République.

Fréderic Lordon vient de publier le texte d’une interview qu’il a donné à un journal espagnol[1]. Cette analyse est intéressante mais elle est aussi révélatrice des illusions de ce mouvement dont certaines sont reprises par Lordon. Il est par ailleurs férocement attaqué. On le sait, une presse aux ordres, car le magazine Challenges[2] est une succursale du Nouvel Obs’, lui-même succursale du P « S », lui attribue un rôle qu’il n’a pas[3]. Les délires complotistes de Bruno Roger-Petit seraient plutôt à porter au crédit de Lordon, et il peut considérer le fait d’être devenu la cible des sentines du vice et de la mauvaise littérature comme un honneur. Mais le dire ne signifie pas qu’il n’ait aucun rôle. D’où l’importance de son avis.

Lordon et l’extension sociale du mouvement

Quand il dit, répondant à la question sur l’extension de ce mouvement aux classes populaires et défavorisées : « C’est une question tellement décisive qu’elle en est presque douloureuse… Quand on voit déjà les difficultés à simplement faire agir de concert des fractions politisées mais sociologiquement hétérogènes comme les classes ouvrières syndiquées et les milieux du militantisme urbain, on mesure plus lucidement les barrières à franchir pour nouer le contact avec d’une part les populations des quartiers, et d’autre part celles de ce que vous appelez la « France périphérique » — je n’ai même pas besoin d’insister sur tout ce qui d’ailleurs oppose ces deux populations… », il traduit une évidence, mais il fait aussi un aveu. L’évidence, c’est le manque de liens concrets entre une partie du mouvement « Nuit Debout » et ces classes populaires et défavorisées[4]. C’est en particulier le cas à Paris, mais aussi dans les grandes villes, comme Marseille ou Lyon. Les difficultés rencontrées par le mouvement « Nuit Debout » marseillais quand il a tenté de « faire la jonction » avec les quartiers nord de la ville sont emblématiques de ces difficultés. La situation est un peu différente dans les villes moyennes où s’est développé le mouvement, et c’est d’ailleurs l’un de ses principaux intérêts.

Mais, Lordon montre aussi, dans cette même interview, qu’il n’a que peu idée du ressenti de ces classes sociales que ce soit celle de la « France périphérique »[5], ou que ce soit celle qui sont aujourd’hui en proie à l’insécurité culturelle[6]. S’il en avait la moindre idée il ne dirait pas les consternantes banalités qu’il aligne dans les lignes qui suivent. Ces classes demandent des réponses de fond, des réponses politiques. Et il ne faut pas s’étonner qu’elles se tournent vers le Front National si personne ne peut ou ne veut les donner.

La question de la grève générale

L’une des questions qui est donc posée dans ce texte est celle de la grève générale. Je l’ai moi aussi abordée dans un commentaire sur « Nuit Debout »[7]. Il écrit : « Il n’y aura pas de transformation politique d’ampleur sans un mouvement populaire de masse. Or un tel mouvement prend nécessairement, pour partie, la forme de la grève générale. Et il n’y a pas de grève générale sans le concours des organisations de salariés. C’est aussi simple que ça ». C’est entièrement vrai, sauf qu’il ne produit pas ce que l’on attend alors, c’est à dire une analyse politique de l’état de ces organisations syndicales, et il reste alors dans l’une des postures qu’il affectionne : l’imprécation. Non que cette posture soit inutile. Il m’arrive d’ailleurs de l’adopter. Encore faut-il qu’elle ne devienne systématique. Donc, poser la question de la grève générale n’a de sens que si on peut fournir au moins des éléments de réponse. Et, ces éléments exigent que l’on fasse de la politique, c’est à dire que l’on accepte, voir que l’on recherche le débat politique.

Or, c’est tout le contraire que fait Frédéric Lordon. Je sais qu’il peut y avoir un plaisir morbide à regarder un désastre en disant « je l’avais bien prévu » et en ajoutant « ah, si l’on m’avait écouté ». Mais cela, c’est de l’onanisme politique. Il faut donc, au risque de se tromper, et nul d’entre nous n’est omniscient, proposer des formules politiques qui soient susceptibles de nous conduire vers là où nous voulons aller.

La question qui est donc posée est celle des formes organisées qui pourraient permettre de faire pression sur les centrales syndicales, qui associeraient le cas échéant des militants syndicaux de ces dites centrales, et qui se nourriraient d’objectifs intermédiaires. J’ai fait des propositions en ce sens et n’y reviens pas[8].

La question de l’organisation

Ce qui conduit, bien naturellement, à la question de l’organisation du mouvement. Il fut un temps, dans les mois qui suivirent mai 1968, où l’on pouvait lancer le mot d’ordre « aux armes, à l’organisation ». Car, et c’est indubitable, l’organisation EST une arme. Mais, la mode est au discours sur la transversalité du mouvement. Fort bien ; encore faudrait-il tirer le bilan de ces mobilisations plus ou moins spontanée, lancée depuis les « réseaux sociaux », que ce soit celles du « printemps arabe » (et on pense à l’Egypte) ou que ce soit celles d’Ukraine. La très faible organisation, justement cette « transversalité » dont certains aiment bien se rincer la bouche, a aboutit à des mobilisations facilement récupérables. L’instrumentalisation y fut quasiment immédiate. Non que la « verticalité » soit le parangon de toutes les vertus, soit la réponse à toutes les situations. Mais, ce discours sur la « transversalité » ne peut être tenu que sur la base d’un bilan critique des mobilisations précédentes et de leur devenir.

Ceci soulève un autre problème. Si la « verticalité » totale d’une forme d’organisation est à proscrire, le degré de transversalité, ou pour user d’un autre mot d’auto-organisation spontanée, d’une mobilisation est directement proportionnel à l’homogénéité des représentations des personnes que l’on veut mobiliser. Lordon le reconnaît implicitement : « Au demeurant l’AG de la Nuit debout n’est même pas conforme au modèle d’horizontalité pure qu’elle revendique d’accomplir. Par exemple, il n’y a pas d’AG sans règles — règle du tour de parole, règle du temps de parole, respect de la personne modératrice, règles gestuelles de manifestation des opinions, etc. — et ces règles ont par définition un caractère institutionnel et verticalisé puisqu’elles s’imposent à tous, qu’elles font autorité, que tous les reconnaissent — conceptuellement, la verticalité c’est cela. Nous avons donc d’emblée affaire, et dès cette échelle, à de l’institutionnel-verticalisé, ce qui prouve bien l’inanité d’un mot d’ordre maximaliste d’horizontalité pure, en fait intenable »[9].

Mais il n’en tire pas toutes les conséquences. Il faut soit construire les institutions assurant une forte homogénéisation des représentations, soit trouver des mots d’ordre simples, unificateurs, qui assurent pour un temps une forme d’homogénéisation des représentations. Ce dont il est question, c’est un mot d’ordre général comme « la paix, le pain, la terre »[10]. Le discours sur l’écriture d’une nouvelle Constitution ou sur la création d’une alternative globale et cohérente n’est pas adapté à cela (même s’il contient des éléments qui sont « justes »). Ce mot d’ordre doit aussi permettre à la mobilisation de dépasser son objectif immédiat, et lui permettre de se projeter dans un futur, certes relativement proche, mais au-delà de la « Loi El Khomri ». Il peut concerner les élections présidentielles à venir, ou associer la question de la souveraineté et la question sociale.

Fondamentalement, un mouvement comme « Nuit Debout » est politique, et il exige que l’on fasse de la politique. Mais faire de la politique veut dire aussi quitter la posture où l’on prétend se garder les mains blanches. Cette posture, elle est celle du dirigeant politique qui se réfugie derrière les règles et les normes pour ne pas assumer les responsabilités de sa politique[11], comme elle peut être celle de l’intellectuel qui reste dans un discours volontairement complexe, qui se refuse à affronter les problèmes politiques d’alliance et de dynamique politique. Si Fréderic Lordon veut jouer un rôle dans ce mouvement, il est urgent qu’il assume ses responsabilités. Ou alors, il disparaîtra.

 

[1] http://blog.mondediplo.net/2016-04-25-Nuit-Debout-convergences-horizontalite

[2] http://www.challenges.fr/politique/20160425.CHA8346/quand-frederic-lordon-devoile-l-inquietant-projet-de-nuit-debout.html

[3] Ajoutons qu’il faut aussi attaqué par l’Opinion, cette gazette des maisons de retraites pour Juppéistes au bord de la crise de nerfs et de la maladie d’Alzheimer : http://www.lopinion.fr/edition/economie/nuit-debout-frederic-lordon-penseur-a-dormir-debout-100934

[4] Ce que j’écris dans ma note « Nuits debout », postée le 12 avril 2016, sur RussEurope, https://russeurope.hypotheses.org/4857

[5] Guilluy C., La France périphérique. Comment on sacrifie les classes populaires, Paris, Flammarion, 2014.

[6] Bouvet L., L’insécurité culturelle. Sortir du malaise identitaire français, Paris, Fayard, 2015.

[7] https://russeurope.hypotheses.org/4857 , op.cit..

[8] Idem.

[9] http://blog.mondediplo.net/2016-04-25-Nuit-Debout-convergences-horizontalite

[10] Mot d’ordre sur lequel les bolchéviques vont construire leur succès au printemps et à l’été 1917….

[11] Bellamy R., « Dirty Hands and Clean Gloves: Liberal Ideals and Real Politics », European Journal of Political Thought, Vol. 9, No. 4, pp. 412–430, 2010

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Commentaire recommandé

Kiwixar // 30.04.2016 à 02h34

« Il n’y a aucune autre explication que l’aveuglement idéologique le plus absolu » : ça commence mal. Lordon devrait ôter ses oeillères et être moins péremptoire dans ses affirmations (l’humilité ne fait de mal à personne, de manière génerale). Il pourrait y avoir une autre explication toute simple au projet de loi « Hollande-Valls-El Khomri » (biffer la bouc émissaire) : l’application des directives de Bruxelles-Berlin-Washington.

« Il faut avoir complètement perdu contact avec l’état réel de la société » : non, il savent TRES bien et exactement dans quel état sont la France et les Francais. Toutes les reformes anti-sociales, dans le pays (et au sein des entreprises) se font de la même manière : ils essaient une « réforme », si ca passe, tant mieux, si ça râle un peu, ils négocient et lâchent quelques points secondaires, et si ça râle vraiment, ils laissent tomber temporairement… avant de refourguer la même chose sous un autre nom.

83 réactions et commentaires

  • Spectre // 30.04.2016 à 02h26

    L’article de Bruno Roger-Petit n’inspire que de la pitié. On dirait une caricature taillée sur mesure pour illustrer le vieux proverbe : “Ceux que Jupiter veut perdre, il commence par leur ôter la raison.”

    Notez également l’impeccable scénarisation conspirationniste du texte — attention, je vais vous dévoiler ce qu’ils voulaient vous cacher ! — alors que la pensée du bonhomme en question était disponible à partir de n’importe quel moteur de recherche depuis des lustres.

    Autre grand classique du système, créer des chefs qui n’existent pas afin de mieux pouvoir les traîner dans la boue. Les médias alignés doivent enrager du superbe dédain que Lordon leur oppose systématiquement.

    Remercions en tout cas chaleureusement ces petits roquets grotesques et les vomissures quelconques qu’ils pondent sur commande (comme le précédent torchon de Libé http://www.les-crises.fr/frederic-lordon-lintransigeant-colerique-par-philippe-douroux/) : ils ne réalisent même pas à quel point ils contribuent à précipiter leur propre chute avec leur sainte bêtise, leur inculture crasse et leur arrogance de caste.

    Continuez donc à nous cracher dessus à loisir, nous saurons nous en souvenir le jour venu. 🙂

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    • caliban // 30.04.2016 à 03h26

      Je ne peux qu’approuver votre commentaire (« ils contribuent à précipiter leur propre chute avec leur sainte bêtise ») … toutefois si dans la prochaine constitution on pouvait faire en sorte d’arrêter de les subventionner avec nos impôts, la chute serait plus rapide.

      Car j’ai l’impression en lisant cet article d’un « déjà vu ». En 1995 lorsque Pierre Bourdieu, d’ailleurs très conscient des « risques » qu’il prenait, est descendu dans la rue. C’était il y a 20 ans, Bourdieu n’est plus là, les éditocrates si.

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  • Kiwixar // 30.04.2016 à 02h34

    « Il n’y a aucune autre explication que l’aveuglement idéologique le plus absolu » : ça commence mal. Lordon devrait ôter ses oeillères et être moins péremptoire dans ses affirmations (l’humilité ne fait de mal à personne, de manière génerale). Il pourrait y avoir une autre explication toute simple au projet de loi « Hollande-Valls-El Khomri » (biffer la bouc émissaire) : l’application des directives de Bruxelles-Berlin-Washington.

    « Il faut avoir complètement perdu contact avec l’état réel de la société » : non, il savent TRES bien et exactement dans quel état sont la France et les Francais. Toutes les reformes anti-sociales, dans le pays (et au sein des entreprises) se font de la même manière : ils essaient une « réforme », si ca passe, tant mieux, si ça râle un peu, ils négocient et lâchent quelques points secondaires, et si ça râle vraiment, ils laissent tomber temporairement… avant de refourguer la même chose sous un autre nom.

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    • LIBRAIRE // 30.04.2016 à 08h07

      Pour remuer le couteau dans la plaie de la déconnexion de nuit blabla avec l’état réel de la société,
      il est certain que le gouvernement à davantage conscience de l’état réel de la société qu’une assemblée de gens qui n’ont une intuition de ce qu’est la misère qui leur est préparée là.
      Élite intellectuelle refoulée par le pouvoir en place, ils se font connaitre en tant qu’élite de remplacement. les soucis des « classes populaire défavorisés » leur est éloigné: la preuve ils n’arrivent pas à entrer en contact avec les classes populaires.
      Vécu dans mon village: une poignée d’intellectuels éclairés se sont fait un meeting nuit debout le cul vautré sur la pelouse du parc, à 50 mètre de là des représentant des « classes populaires défavorisées  » (Chômeurs et ouvriers si l’on veut bien ne pas abuser de la novlangue) se faisaient une pétanque en buvant des bières.
      Aucun contact entre les deux.
      Passant entre les deux groupes j’aurais pu faire le lien, mais issu du monde prolétaire, étant de ceux qui bossaient pendant les vacances pour me payer ma fac, je ne saurais trahir les camarades avec qui j’ai appris à transpirer sur les chantiers.
      J’ai ignoré à droite à gauche et je suis allé bosser au jardin associatif destiner à nourrir une table ouverte, initiative locale salutaire et…superbement ignorée par ma gauche et ma droite!
      Je suis allé transpirer en toute liberté de choix, nous sommes légions….

      Je ne raccourcirai pas ce commentaire, au crises.fr de savoir quel degré une censure peu ou non s’appliquer ici.

        +28

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      • david // 01.05.2016 à 11h27

        bonjour,
        je suis passe plusieurs fois a la place de rep a paris. si vous quittez votre village et y venez vous entendrez des etudiants, des travailleurs, des immigres, des immigres illegaux, des cadres, des sdf, des sans-emplois, des …

        j’ai 46 ans, cadre d’une boite privee et franchement marre d’entendre dire ici et la que ce mouvement est un mouvement de jeunes, de planques intellectuels, de ces divisions qu’utilsent les dominants.

        pourquoi la jonction ne se fait pas entre ce mouvement et les banlieues, je ne sais pas mais arretez svp d’assener des verites sans les avoir vecues.

        et peut etre que dans votre village, ce sont des « intellos » (d’ailleurs c’est quoi un intello? une personne qui lit un livre par an ou un universitaire) qui tentent quelques choses.

        venez place de la rep (je vous offre le gite et le logis dans le 19eme) et ensuite vous parlerez.

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    • Durand // 30.04.2016 à 10h24

      Encore une fois d’accord avec vous , Kiwixar…
      Pas une seule fois l’union européenne et les GOPE (Grandes Orientations de Politique Économique dont émanent les injonctions de Bruxelles à l’adresse de notre parlement national…) ne sont évoquées dans ce long texte…

      Les acteurs de Nuit Debout n’ont aucune inquiétude à avoir car avec des soutiens comme Lordon, Todd ou Sapir, il resteront longtemps debout, dans la nuit de l’ignorance…

        +9

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      • Alain Trépide // 30.04.2016 à 13h41

        Vous vous méprenez, Lordon aborde (devrait – on dire démonte) dans ses livres l’UE et les GOPE des grandes largeurs jusqu’au détails de fonctionnement, en passant par des contre-propositions.
        Je pense plutôt qu’il considère avoir déjà fait assez de démonstration de ce côté là pour que ce soit aquis. Et c’est vrai si l’on considère ses livres et divers entretiens filmés que l’on peut trouver facilement sur youtube.

        C’est d’ailleurs aussi de cela qu’il parle dans ce texte lorsqu’il dit « le cadre ». Pas seulement les institutions de la Veme république.

        C’est une évidence pour qui s’intéresse à ses travaux.

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        • Durand // 30.04.2016 à 14h01

          Alain Trépide,
          Je m’intéresserait surtout aux conclusions de ses travaux s’il y en avait une, mais malheureusement Lordon fait partie de ceux qui ne n’osent pas conclure…

          Pour en finir avec tout ce qu’il dénonce, lui et tant d’autres et fort justement, il faut nécessairement se rassembler pour en finir avec l’Union Européenne.
          Après , et seulement après, les Français auront à nouveau la possibilité de choisir leurs politiques, sociale, économique, migratoire, etc…

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          • Durand // 01.05.2016 à 00h09

            Alexis,
            C’est Françoise Lino que je préfère, pour son honnêteté, sa conscience patriotique, sa compétence, sa pédagogie, son esprit pratique et son érudition. Dommage que l’on n’en parle pas plus souvent !

              +1

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          • smaksing // 01.05.2016 à 11h41

            Je suis peu d’accord avec vous la dessus.
            Lordon conclue généralement par « la révolution ». Et ce que vous proposez (se rassembler pour en finir avec l’union européenne) rejoint glogalement le propos de l’entretien ci dessus…

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          • Prométhée Enchaîné // 01.05.2016 à 12h43

            Faut le faire quand même… s’il y a bien quelqu’un qui a tiré les conclusions depuis longtemps c’est Lordon.

            A mon avis, « aveuglement idéologique » est la bonne analyse, puisque Hollande est depuis toujours sur la ligne Delors, à savoir européisme et libéralisation. Et même si Hollande a tenté un jour de discuter avec Merkel des traités, c’est bien parce qu’il est sur cette ligne qu’il n’a pas eu de mal a réorienté sa politique en faveur des exigences allemandes et européennes.

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      • Js2B // 30.04.2016 à 23h41

        L’ignorance de ceux qui jouissent d’une conjoncture qui les favorisent de façon indécente, ou plutôt celle de ceux qui prennent le risque de faire quelque chose pour la combattre?
        Frédéric Lordon à bien compris que tout est à revoir, que de simples replâtrages électoraux ne changeront rien. Il s’agit de redéfinir les fondements de la société, de la relation au travail, de la relation à la citoyenneté, à la famille, à la nature et bien sur à l’humain. Ceci doit se faire sur des bases d’échanges et de coopérations claires et le travail doit s’organiser en fonction des avancées technologiques et non plus de l’argent dont l’accumulation est à proscrire.
        Mais cela ne se fera pas tout seul derrière un pc et il faudra choisir entre collaborer au système qui nous conduit inexorablement à l’esclavage oubien voir au-delà des sombres perspectives d’avenir ou se mêlent Bfmtv, flicaille, lexomil et abrutissement final…
        Danièle Mitterrand, Epouse de François Mitterrand lui demandait ceci après 1981 :
        – Pourquoi maintenant que tu en as le pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avais promis ? Il me répondait qu’il n’avait pas le pouvoir d’affronter la Banque Mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Qu’il gouvernait mais sans réel pouvoir. J’appris qu’être président, ne sert pas à grand-chose dans ces sociétés sujettes, soumises au capitalisme. En France, on élit, et les élus font des lois qu’ils n’ont jamais voulues. La France est-elle une démocratie ? Une puissance mondiale ? Je le dis en tant que Française: cela ne veut rien dire. »
        http://www.syti.net/Topics.html

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      • François Labonté // 01.05.2016 à 15h02

        À vous de joindre le mouvement et y apporter vos lumières.
        Sinon vous faites quoi?
        Vous restez assis à râler sur tout et son contraire pour le reste de votre vie?
        Désolé d’être brusque mais franchement, j’en ai marre de gens qui ne font que dénigrer ceux qui veulent changer les choses.
        Si vous venez sur ce blog, j’imagine que vous avez conscience que la grande majorité des gens sur cette belle planète se fait exploiter par une infime minorité.
        Alors quand des gens se lèvent et se soulèvent pour revendiquer un changement, la moindre des choses c’est de les appuyer!
        Acceptez donc l’invitation de David ci-haut et allez passer quelques heures au rassemblement. Faites valoir vos idées à l’intérieur même du mouvement, ensuite on en reparlera.
         »Les chiens aboient, la caravane passe. »

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    • Sam // 30.04.2016 à 15h47

      Les deux me semblent vrais : Bruxelles fait preuve d’un aveuglement idéologique absolu. Et s’ils savent très bien dans quel état nous sommes, ce n’est que comme des variables d’ajustements, des chiffres, des pourcentages, … très loin de l’état réel de la société…

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    • V_Parlier // 30.04.2016 à 20h28

      « Il pourrait y avoir une autre explication toute simple au projet de loi “Hollande-Valls-El Khomri” (biffer la bouc émissaire) : l’application des directives de Bruxelles-Berlin-Washington ».

      Exactement! Mais c’est toujours à la fin, quand il est trop tard, que les contestataires français bien conformistes découvrent d’un seul coup la vie: Et oui, ça aura un effet sur eux, mince! Et ainsi des trotskystes débarquent et se font une légitimité, bref l’histoire qui se répète à l’infini… (avec des cycles de plus en plus courts).

      Notons tout de même que si je lis dans l’article du détracteur de Lordon cette accusation: « Haine de l’Europe du libre-échange. Promotion du populisme souverainiste », alors ça fait tout de même un bon point pour Lordon, lequel ne réoriente probablement pas le mouvement exactement comme il le devrait aux yeux du PS.

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    • Crapaud Rouge // 02.05.2016 à 00h16

      Il n’y a aucune autre explication que l’aveuglement idéologique le plus absolu” : cette explication est tout à fait pertinente. Derrière l’UE, Bruxelle et Cie, on ne sache pas qu’il y ait autre chose que leur ultra-néo-ordolibéralisme en dépit de ses dégâts considérables sur tous les plans, en dépit des « déséquilibres » qui n’ont de cesse de grandir avec l’Allemagne, en dépit de leur « politique » qui a fait exploser les accords de Shengen, en dépit des sanctions contre la Russie qui pénalisent des tas d’acteurs européens, en dépit de la haine populaire qui monte entre les pays de l’UE, etc. etc. etc. Votre « autre explication toute simple (…) : l’application des directives de Bruxelles-Berlin-Washington« , n’est que la conséquence de la première.

        +1

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  • Kiwixar // 30.04.2016 à 02h35

    « Il n’y a pas de grève générale sans le concours des organisations de salariés » : oui, c’était le cas il y a un siècle… Le Capital a bien compris ça, et ils utilisent leurs moyens gigantesques (l’imprimante à billets, les comptes à Saint-Gapour, la compromission individuelle via l’espionnage) pour s’assurer que les responsables syndicaux et les dirigeants du PCF sont plutôt dociles, pro-EU (entité néo-libérale et patronale dans les textes constitutants, hein), pro-euro, etc. Alors de temps en temps, pour faire croire que, ils promènent les moutons de Bastille (déplie les banderoles, camarade) à Nation (replie les banderoles, camarade), mais en gardant soigneusement les moutons parqués dans les paddocks. Si j’avais le contrôle de l’imprimante à billets, il y aurait la paix, la prosperité et l’harmonie sur terre, et des fontaines à chocolat sur les places des villages.

    « A la rencontre des cheminots » : ah chouette, le gouvernement va pouvoir lâcher du lest en direction des cheminots (retraite a 50 ans?).

      +36

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    • luc // 30.04.2016 à 12h13

      “Il n’y a pas de grève générale sans le concours des organisations de salariés”…

      ah bon? pourtant wikipedia me précise que « Environ 8 % des salariés français sont syndiqués en 2013. »

      donc c’est encore du foutage de gueule pour récupérer le mouvement populaire par des gens qui représentent personne…

      (surtout que comme beaucoup de gens le disent, les salariés ont du mal à rester la nuit debout dans la rue et la journée debout au boulot)

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      • Xavier // 07.05.2016 à 10h57

        Wikipédia vous donne un chiffre et vous en tirez les mêmes conclusions que les éditocrates et médias mainstream répètent à l’envi.
        Vous confondez comme 95 % des gens le taux de syndicalisation avec le taux représentativité. Combien de français ont leur carte à un parti politique ? Combien d’adhérents au PS actuellement ? et combien parallèlement à la CGT ? FO ? CFDT etc ?
        Puisque Wikipédia est votre source d’information, cherchez-y le taux de participation aux élections professionnelles qui lui détermine la représentativité. Et là vous allez vous rendre compte de la très grande différence entre les 2 chiffres.
        Si le nombre de syndiqués est descendu aussi bas, c’est pour une raison simple et purement technique : en France, contrairement à beaucoup de pays, il n’est pas nécessaire d’être affilié à un syndicat représentatif pour bénéficier des accords de branche ou d’entreprise. Syndiqué ou pas, le salarié lambda en bénéficie automatiquement. Alors quel intérêt pour lui de payer 15 ou 20 € par mois en plus ?

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  • Nicole // 30.04.2016 à 02h49

    Je ne sais pas si vous vous rendez compte que pour soulever vraiment les foules Lordon devrait d’abord être COMPREHENSIBLE . Or il ne l’est pas . Que cela excite l’intellect de praticiens du marxisme et d’une partie de la jeunesse en crise (mais qui a fait quelques études pour atteindre au sens de la parole du Maître) , d’accord. Qu’il y ait autre chose qu’une phénomène de groupe dans cette électrisation des personnes présentes dès qu’il apparaît, je n’en suis pas sûre . D’ailleurs cela ne se transmet pas d’une ville à l’autre. Paris fait sa parisienne . Dans les autres villes les jeunes s’agitent, plus ou moins cornaqués. Le problème est que partout ils attirent les casseurs et s’effarent ensuite de leurs méfaits. Dépeindre les troubles comme un « affrontement » entre deux groupes est en tout cas une belle saloperie de la part de la presse mainstream ..

      +19

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    • jp // 30.04.2016 à 05h44

      Je ne trouve pas F. Lordon (dès lors qu’il ne parle pas d’économie) difficile à comprendre ; par ailleurs, sur ce mouvement de contestation, il est accompagné par François Rufin qui lui est totalement compréhensible car il parle comme tout le monde. Si vous lisiez Fakir, vous verrez que les gens du (petit) peuple y ont la parole : ouvrièers, femmes de ménage, caissières, chômeurs, depuis sa création…

      « D’ailleurs cela ne se transmet pas d’une ville à l’autre.  »
      si, ça se « transmet » (vous en parlez comme d’une épidémie, pas très positif donc) https://nuitdebout.fr/ville/

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    • bluetonga // 30.04.2016 à 13h17

      Chère Nicole, je vous plussoie. Je trouve la prose de Lordon horripilante de préciosité sociologico-parisienne. Je suis d’accord qu’en y consacrant un peu d’effort, on finit par comprendre grosso modo ses intentions, mais je n’arrive pas à me départir de l’impression désagréable qu’il s’adresse d’abord aux cercles d’initiés et à la postérité. Or là, on a les mains dans le cambouis du présent et du futur proche.

      A l’instar de ce que je dis dans un autre fil, le boulot des intellos en période « révolutionnaire » c’est de pondre des concepts opérationnels, de trucs simples qui marchent et qui fédèrent, pas de s’astiquer le lexique pour rédiger dans la bibliothèque absconse.

        +10

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      • Xavier // 07.05.2016 à 11h06

        Ne cherchez pas à vous départir de cette impression car elle est saine.
        Lordon s’adresse en effet d’abord aux cercles d’initiés.
        J’irai même plus loin en disant qu’il s’adresse uniquement à eux.
        Même quand il est face à des ouvriers.
        Peut-être s’adresse-t-il seulement à lui même en définitive…

          +0

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  • caliban // 30.04.2016 à 03h39

    Lordon, Sapir et le journaliste espagnol – c’est certainement très prétentieux de le dire – font la même erreur.

    La « lepénisation » n’est pas un phénomène si massif dans les couches populaires. Le premier phénomène qui – me semble-t-il – devrait systématiquement être rappelé avant d’embrayer sur la smala Le Pen, c’est l’abstention. C’est à dire le rejet de la classe politique, y compris le FN.

    Bref, d’abord parler du cadre avant d’entamer la description du tableau me semblerait plus sérieux.

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  • Etiocle // 30.04.2016 à 06h23

    Justement, « les revendications, par construction, viennent s’exprimer dans un cadre qui lui-même demeure inquestionné » (Lordon). Les revendications s’inscrivent dans ce cadre. Mais le mouvement en cours, Nuit debout, remet en cause le cadre, c’est pourquoi il ne revendique rien qui légitimerait le cadre.

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    • François Labonté // 01.05.2016 à 15h57

      Bien d’accord avec vous Etiocle.
      Finalement ce que Lordon propose c’est la mise au rancard de la démocratie représentative.
      Il ne veut pas être élu Président ou sortir la France de l’euro, etc.
      Il exprime simplement la nécessité d’un changement de régime politique et demande la formation d’une assemblée constituante qui déterminera le nouveau cadre politique avec une nouvelle Constitution.
      À voir les candidats des partis politiques, les résultats d’élections, l’abstention et le cynisme grandissant; ont comprend facilement l’urgence de mettre à mort ce système qui finalement ne représente que les intérêts de l’élite avide et apatride.
      Franchement, avoir fait croire aux peuples des sociétés démocratiques, pendant toutes ces décennies, qu’ils sont maitres de leur destinées est une farce monumentale et hélas la plus grande réussite des quelques rapaces au sommet!
      Lordon me donne de l’espoir pour l’avenir, des gens comme vous aussi, Etiocle, mais aux vues des commentaires et appréciations sur cet article, on constate l’immense défi à relever…

        +4

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  • globule rouge // 30.04.2016 à 08h08

    Je crois que l’on cherche a mettre la charrue avant les boeufs en pensant qu’aujourd’hui les conditions sont reunis pour que les individus s’organisent politiquement en masse et qu’une organisations politique soit capable de mener un rapport de force fructueux.
    Au vu de l’etat politique de nos societes en terme de politisation des individus, je crois qu’on ne peut que faire un constat pessimiste et accepter cette realite, il faut reprendre a « zero ».
    Un mouvement « comme nuit debout », ne sert pas/ne peut aboutir a organiser, mais a conduire a un processus de conscientisation.
    Constater le mur, est une des etapes de la prise de conscience, une autre est de comprendre les limites de l’action individuelle et la necessité de l’action collective et ce qui en decoule. Pour cela il faut en passer par l’etape « sociabilisation », se connaitre, se parler, un truc basique que le militantisme ne sait plus faire.
    Tout ca n’a rien de nouveau, mais c’est triste de voir qu’il faut recommencer….

      +18

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  • Homère d’Allore // 30.04.2016 à 08h16

    Bruno Roger-Petit, décidément l’un des pires, pointe malgré lui la hantise du système: que quelqu’un soit le porte-parole de la révolte.

    Là, il attaque Lordon (perso, je préfère Sapir, mais c’est secondaire) et ironise sur le fait que « certains seraient plus égaux que d’autres », réference au plus mauvais Orwell de la « Ferme des Animaux » mais demain, il attaquera toute autre tête qui dépassera.

    Ce qui fait peur au système, ce n’est pas la horde grossissante des gueux et des sans-dents; c’est que celle ci s’organise.

      +20

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  • Matteo48 // 30.04.2016 à 08h52

    Si vous voulez comprendre mieux l’état dans lequel se trouve la société, je ne peux que vous conseiller de lire L’Homme unidimensionnel de Herbert Marcuse, écrit en 1967. On y retrouve toutes les critiques que le mouvement 68 pouvaient formuler à l’égard de la société (encore valables aujourd’hui), plus une analyse des raisons psycho-sociologiques de la domination. À titre d’exemple, et c’est un élément qui est peu abordé par les intellectuels, Marcuse explique que le système, dans son mode de fonctionnement et d’organisation, laisse croire à l’individu qu’il lui fournit tous les plaisirs et comblent tous les besoins et dans ce sens s’assure une inutilité sociable de la rébellion. Vous aimez votre Iphone et vos cookies intermarchés, pourquoi se plaindre alors ?

      +8

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    • noone // 30.04.2016 à 12h18

      Herbert Marcuse, l’un des fondateurs du marxisme culturel et de l’Ecole de Francfort. Demandez le programme : « Il croyait que la société peut être détruite si les valeurs qui la sous-tendaient étaient inversées : si ses principes fondamentaux étaient remplacés par ceux de groupes considérés comme marginaux, ou qui transgressaient activement les codes moraux de cette société. »

      – Subversion des valeurs de la culture occidentale et création d’un homme nouveau et transparent dans un monde abstrait ;

      – Destruction des nations, éclatement de la famille traditionnelle et de la société blanche, y substituer la famille monoparentale et homoparentale, l’éradication de l’homme blanc, le féminisme radical, le genre, le muselage de la parole, le crime de la pensée et d’arrière pensée.

      Cette stratégie fut appliquée à la lettre. Le haut est devenu le bas. Le bien est devenu le mal. Le juste est devenu l’injuste. Et vice-versa.

        +16

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      • patrick // 30.04.2016 à 14h55

        et au bout de cette stratégie , des gars paumés qui tirent dans le tas à la kalashnikov , pendant que d’autres se contentent d’acheter le dernier iphone et s’en servent pour poster des photos de Nuit Debout sur Facebook 🙂

          +10

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    • Alae // 30.04.2016 à 13h57

      Le marxisme culturel de l’école de Francfort (donc entre autres Marcuse), assez négligé en France, a représenté l’un des creusets majeurs de la gauche libérale au USA, avec pour résultat une « gauche » castrée, enfermée dans une succession de polémiques futiles (par exemple des revendications identitaires ultra-minoritaires clivantes au possible, les « identity politics »). En somme une parfaite larbine du système, à qui son pseudo-progressisme forcené fournit, par exemple, les fondements « philosophiques » de l’obsolescence programmée ou du narcissisme pathologique nécessaire à la régression dans la consommation pulsionnelle et l’enfouissement sous le gadget inutile (mais qui flatte l’ego) souhaités par le système.

      Alors merci, mais non merci. 🙂

        +11

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      • noone // 30.04.2016 à 19h48

        Le marxisme culturel/marxisme occidental, s’est donné pour mission avec Herbert Marcuse, Antonio Gramsci et tous les autres fondateurs de l’Ecole de Francfort de faire accepter progressivement sur plusieurs décennies ce qui aurait été rejeté avec horreur si l’ensemble du programme avait été appliqué à marche forcée en trois ou quatre ans. D’où la nécessité pour le pouvoir d’avoir eu recours à des courroies de transmission, des cautions intellectuelles et philosophiques, pour présenter le marxisme occidental comme un humanisme et faire taire les récalcitrants. Par exemple, les « théoriciens » de l’antiracisme avec SOS Racisme : ils ont été les relais actifs et participatifs du marxisme culturel dans toutes les institutions qui ont fait de la France ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Le marxisme culturel a fait tout le mal qu’il pouvait faire à la civilisation européenne qui va finir comme le dodo de l’île Maurice, éteinte.

          +6

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  • Lassomoire // 30.04.2016 à 09h32

    Le patronat s’en fout des baisses de salaire.. Le calcul est simple, quel est le meilleur moyen de gagner de l’argent ? En baissant le salaire ou en supprimant le salarié en le remplaçant par une machine, plus rapide et fini de payée en moins d’un an ?
    C’est comme la fiscalité pour délocalisation.. C’est une vaste connerie. Lorsqu’une entreprise délocalise c’est pas que pour payer moins d’impôts, c’est surtout pour supprimer les trois quart des emplois en mécanisant de fond en comble la nouvelle usine.. Cette loi El Khomri, c’est pour amuser la galerie.
    Pourquoi ce Lordon parle pas de ça au lieu de tourner autour du pot ?
    On dirait qu’il s’étonne que les patrons sont vraiment très très méchant.. Non mais lol, s’organiser pour se faire de la tune sur le dos de son prochain c’est ce qu’on fait tous et toute notre vie. Baser sa réussite sur l’échec des autres c’est ce que nous apprennent nos parents et nos professeurs.. Il sort de son bureau des fois ou bien quoi ?
    En plus il se contredit.. Il dit que les jeunes d’aujourd’hui vont créer des problèmes au gouvernement dans 15 ans alors qu’il admet plus haut que les médias jouent sur l’aspect générationnel sachant que les jeunes d’aujourd’hui sont les réactionnaires de demain..ça c’est vérifier avec les jeunes de 68..

      +5

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  • Furax // 30.04.2016 à 09h38

    Je suis du même avis que Kiwixar.

    Nuit debout, ce n’est que le fort Chabrol d’opérette des mouvements gauchistes qui protestent contre le glissement vers le centre de la gauche de gouvernement.

    Nuit debout c’est certes une majorité de « jeunes » (étant entendu qu’on a tendance à étendre cette notion jusqu’à 35 ans) mais aussi pas mal de tempes grises, les mêmes qu’on retrouve dans la nébuleuse alternative, zadiste et trotskiste.

    Et effectivement, je ne peux que désapprouver un mouvement ultra-minoritaire qui prétend dicter sa loi, s’ériger porte parole d’un peuple qui rejette pourtant à 90% son idéologie faite d’un accommodement de vieux restes marxistes.

    On ferait mieux de s’occuper des vrais problèmes et des réalités politiques. Parce que les véritables sujets de préoccupation, en France comme dans les autres pays occidentaux, se lisent dans la montée impressionnante des extrêmes droites et des enjeux identitaires qui sont l’autre face de la médaille de la demande de protection économique.

    Les gauchistes de NdB apportent une réponse totalement hors sol par rapport à ces autres mouvements qui, eux, cartonnent electoralement.

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    • Etiocle // 30.04.2016 à 10h25

      Quels sont ces autres mouvements qui cartonnent électoralement ? NdB a-t-il eu l’occasion de s’affronter à une échéance électorale depuis sa naissance ?
      Au fond, « Nuit debout, c’est fun », comme le pense Challenges ?

        +5

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      • Furax // 30.04.2016 à 16h05

        Vous avez suivi les résultats électoraux de décembre dernier ? Avec un FN qui fait 28% au 1er tour et dont, même si ça me fait mal au derche, il faut bien reconnaître qu’il est devenu le 1er parti de France (devant LR qui déborde pourtant de candidats à sa primaire dite de la droite et du centre) et en particulier un parti dans l’électorat duquel les jeunes, les ouvriers, les actifs de 35 à 49 ans, et les gens bossant dans le privé (secteur non protégé) sont surreprésentés.

          +2

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        • Furax // 01.05.2016 à 09h58

          Ah oui ? Et au 2eme your, ils ont fait entre 42 et 46% des voix.

          Et surtout vous avez tort d’avoir une vision statique. Regardez l’Autriche, la Pologne, la Hongrie, la Finlande, le Danemark, les Pays-Bas, les USA.

          Vous vous trompez aussi sur l’abstention. Le FN progresse quand la participation augmente pour la simple et bonne raison qu’un abstentionniste c’est quelqu’un de mécontent. Et quand quelqu’un de mécontent décidé d’aller finalement voter, il ne va pas voter pour des modérée ni pour des gauchistes hors sol expliquant qu’il faut une société multiculturaliste, sans autorité, sans flics fachos, et qu’il ne faut surtout rien faire contre la diffusion du séparatisme islamiste mais au contraire laisser venir tous les migrants musulmans qui le veulent.

          Dès 2005, Giscard qui est beaucoup plus intelligent que la plupart de ses collègues l’avait bien compris en voyant les sondages se retourner contre le TCE. Et il avait conseillé aux mécontents de manifester leur colère en s’abstenant plutôt qu’en allant voter non au TCE.

          Pour mémoire, Le Pen est donnée entre 28 et 32% au 1er tour de 2017. Et à la présidentielle l’abstention est toujours faible.

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    • François Labonté // 01.05.2016 à 14h27

      Nuit Debout est justement une réponse à la montée de l’extrême droite.
      Ne pas voir ça c’est être aveugle!
      Allume!

        +1

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      • Xavier // 07.05.2016 à 12h28

        Votre cécité est pas mal non plus…
        Tant que vous chercherez une « réponse à la montée de l’extrème-droite », vous agirez comme le médecin qui vient chez vous et vous prescrit un sirop pour la toux mais qui laisse ouverte la porte qui vous a fait attraper froid.
        L’extreme-droite comme vous la nommez est le symptôme, pas la maladie.
        Questionnez les électeurs du FN, vous commencerez enfin à avancer…

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  • DvD // 30.04.2016 à 09h44

    Tout cela est vraiment fascinant … si on n’a rien de mieux à faire.

    Or, s’agissant du « travail », il y a beaucoup mieux à faire : trouver pourquoi l’économie française n’a créé aucun emploi marchand de qualité en 40 ans alors que la population a cru de 10 millions de personnes. Et y remédier.

    On attend la réponse des représentants politiques, des Lordon, Roger-Petit et autres pseudo experts, tous d’accord sur l’essentiel, à savoir la préférence objective pour le non-travail et le chômage de masse.

    Évidemment, il sera impossible d’attendre 40 ans de plus…

      +8

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    • Furax // 30.04.2016 à 10h29

      Vous êtes vraiment persuadé que l’économie française n’a créé aucun emploi marchand de qualité ????

      Le problème c’est que c’est archi faux. Business objects, combien de salariés il y a 40 ans ? Dassault systèmes combien d’emplois il y a 40 ans ? Airbus combien d’emplois il y a 40 ans ?

      Je vous laisse rechercher pour compléter. L’économie française s’est beaucoup transformée depuis 40 ans. Et elle a aussi créé beaucoup de nouveaux emplois de qualité et bien rémunérés pour remplacer ceux qu’elle détruisait.

      Même si globalement elle n’a pas créé assez d’emplois.

        +3

      Alerter
      • DvD // 30.04.2016 à 10h47

        De la « rupture » de 1974 à 2015 :

        Population totale +12 millions
        Population active +10 millions

        Emploi total +4.4 millions, dont
        – Emplois agricoles -1.4 millions
        – Emplois marchands non agricoles +2.6 millions, dont +2.3 millions de CDD, intérimaires et stagiaires
        – Emplois non marchands +3.2 millions, dont +0.9 millions de CDD, intérimaires et stagiaires

        Chômeurs (toutes catégories) +5.3 millions

        Dépenses des administrations publiques en % de la valeur ajoutée du secteur marchand : de 59% en 1974 à 93% en 2015

        Dette publique en % de la valeur ajoutée du secteur marchand : de 29% en 1974 à 158% en 2015

        Un désastre qui a consisté à fabriquer constamment pendant 40 ans des emplois publics (+2.3m), des travailleurs précaires (+3.2m) et des chômeurs (+5.3m). En net, pas un seul emploi marchand de qualité créé en 40 ans. Le tout financé par une fuite en avant de la fiscalité et de l’endettement public, qui a totalement explosé la base fiscale représentée par la valeur ajoutée marchande.

          +18

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        • Furax // 01.05.2016 à 10h06

          Certains de vos chiffres paraissent faux. La dette publique approche 100% du PIB. Y mettre les engagements de retraités futurs n’a aucun sens.

          Effectivement on a beaucoup d’emplois précaires ou de bureaucraties. Mais il y a beaucoup d’effets de périmètre. Par exemple, le système de santé privé américain est beaucoup plus coûteux et moins efficace que le notre.

          On a notre armée mexicaine de fonctionnaires qui produisent de la norme coûteuse et dont certaines dépenses sont inefficaces. D’autres ont leur armée mexicaine d’avocats et de banksters qui vivent sur la bête de manière encore plus étouffante.

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          • DvD // 01.05.2016 à 10h41

            Mes chiffres sont corrects de source Insee et Dares. Vous pouvez très facilement les vérifier.

            J’ai exprimé la dette publique en % de la valeur ajoutée du secteur marchand, soit 158% en 2015. Cela correspond en effet à ~ 100% du PIB. Les engagements de retraites n’y sont pas inclus. Exprimer la dette publique en % du PIB est une erreur conceptuelle manifeste dont le seul but est de minimiser la dette publique. En effet, le PIB ne correspond pas à la base fiscale, seule capable d’assurer le service de la dette publique. D’une part, le PIB inclue tous les amortissements des entreprises qui sont des charges déductibles fiscalement, certainement pas de la base fiscale. D’autre part, le PIB inclue le secteur non marchand qui, s’il produit de la valeur ajoutée, ne produit pas ou peu de base fiscale nette, ainsi que je vous l’ai déjà démontré en commentaires de l’article « Déchéance de nationalité, un veille tradition … » du 5 janvier 2016. La valeur ajoutée marchande est la meilleure approximation de la base fiscale du pays.

            Le reste de votre commentaire est sans rapport avec le désastre de l’emploi en France, qui est ce qui nous occupe ici.

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            Alerter
            • Wilmotte Karim // 01.05.2016 à 20h42

              « En effet, le PIB ne correspond pas à la base fiscale, seule capable d’assurer le service de la dette publique »

              Les personnes bénéficiant d’un revenu public (assurance sociale, salaire de fonctionnaire, etc) ne payent pas d’impôt ou taxe?

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              Alerter
            • DvD // 01.05.2016 à 23h30

              Wilmotte Karim, merci de vous référer à la démonstration déjà donnée en commentaires de l’article « Déchéance de nationalité, un veille tradition … » du 5 janvier 2016. Elle répond à votre remarque.

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              Alerter
            • Wilmotte Karim // 03.05.2016 à 16h56

              Sauf que le secteur public produit aussi de la valeur ajoutée/valeur économique.

              Effectivement, étant centré sur la production de service (qui peuvent être à faible valeur ajoutée), la production est moindre. Et il n’y a pas de plus-value (mais on peut l’introduire si c’est nécessaire).

              Par ailleurs, le public peut produire à des prix inférieurs (la caricature de différence de prix pour richesse égale ou inférieure entre le système de soins US et le système français).

              Le fait qu’une production soit public ou privée, n’a en soi aucun impact sur la base fiscale.

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              Alerter
            • DvD // 03.05.2016 à 19h35

              Mon explication du 5 janvier 2016 sur ce site est très claire et détaillée :

              – Oui, le secteur non marchand produit de la valeur ajoutée.

              – Non, il ne génère pas en net de base fiscale, comme démontré pour chaque grande catégorie de recette fiscale (impôts sur les personnes morales, impôts sur les personnes physiques, impôts sur la valeur ajoutée).

              Avec quelle partie précise de mon argumentation du 5 janvier 2016 êtes vous en désaccord ?

                +0

              Alerter
  • oscar // 30.04.2016 à 10h27

    Même si je suis très critique avec Lordon et largement d’accord avec Sapir, un point sur lequel je comprends Lordon c’est la bouée de secours constituante. Quand on est dans ce genre de mouvement gauchiste ectoplasmique, la seule solution pour éviter le délitement et les petites querelles intarissables de leur « horizontalité » idéologique et d’éviter tout débat de fond pour ne parler que du cadre, des règles du jeu.
    Je ne suis même pas sûr qu’un mot d’ordre ultra simpliste comme « du pain, du vin, du boursin » soit suffisant pour stopper les interminables prêchi-prêchas. J’aime bien la formulation de Todd « ce sont des soixante-huitards au carré, quasiment ontologiques ». 🙂
    Ils peuvent déjà commencer par lire Lénine « Le gauchisme : la maladie infantile du communisme » puisqu’ils se disent de gauche. C’est du light.

      +10

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  • François Lacoste // 30.04.2016 à 10h37

    De mon point de vue, Lordon dit la nécessité de réunir largement les opposants au système, tous si possible.
    Or dans le même temps, il proscrit le FN. Nombreux sont ceux qui comme lui pensent que ce parti est dangereux, ou en tous cas le craigne, c’est mon cas, mais on ne peut nier que le FN pour une part importante de son discours, dénonce le Système.
    Vouloir la démocratie représentative et commencer par exclure 30% des votants est un paradoxe qui n’échappe à personne et surtout pas aux électeurs ainsi désignés. Car dire que l’on veut attirer les votants FN en dénigrant la qualité démocratique de leur choix est un leurre, dans le meilleur des cas et certainement une erreur Politique Kolossale.
    Politiquement, du FN il ne faut pas en parler mais s’attacher à en faire décroître l’importance. Mélenchon l’a démontré, lui qui a commis l’erreur de monter au créneau et pour quel résultat?
    C’est exactement ce qu’attend le PS et le LR autrement dit le Système. Créer et maintenir la zizanie au sein du bas peuple.

    Donc zéro pointé à Lordon sur le sujet.

    Pour le reste il parle, bien…d’où il est, c’est à dire de sa chaire de professeur, ce qu’on ne peut lui reprocher et nous avons certainement intérêt à l’écouter. Mais s’il veut entrer dans le combat politique il doit en accepter certaines règles intangibles, en premier lieu la cohérence et aussi le fait de devoir faire des concessions, autrement dit de se salir les mains.
    J. Sapir l’explique parfaitement. Lui qui a déjà mis les mains dans le cambouis à propos du FN, en demandant de ne pas l’exclure.

      +18

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  • LIBRAIRE // 30.04.2016 à 10h41

    Pour remuer le couteau dans la plaie de la déconnexion de nuit blabla avec l’état réel de la société,
    il est certain que le gouvernement à davantage conscience de l’état réel de la société qu’une assemblée de gens qui n’ont une intuition de ce qu’est la misère qui leur est préparée là.
    Élite intellectuelle refoulée par le pouvoir en place, ils se font connaitre en tant qu’élite de remplacement. les soucis des « classes populaire défavorisés » leur est éloigné: la preuve ils n’arrivent pas à entrer en contact avec les classes populaires.

      +2

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    • LIBRAIRE // 30.04.2016 à 10h42

      Vécu dans mon village: une poignée d’intellectuels éclairés se sont fait un meeting nuit debout le cul vautré sur la pelouse du parc, à 50 mètre de là des représentant des « classes populaires défavorisées  » (Chômeurs et ouvriers si l’on veut bien ne pas abuser de la novlangue) se faisaient une pétanque en buvant des bières.
      Aucun contact entre les deux.
      Passant entre les deux groupes j’aurais pu faire le lien, mais issu du monde prolétaire, étant de ceux qui bossaient pendant les vacances pour me payer ma fac, je ne saurais trahir les camarades avec qui j’ai appris à transpirer sur les chantiers.
      J’ai ignoré à droite à gauche et je suis allé bosser au jardin associatif destiner à nourrir une table ouverte, initiative locale salutaire et…superbement ignorée par ma gauche et ma droite!
      Je suis allé transpirer en toute liberté de choix, nous sommes légions….
      http://www.territoiresenliens91.org/nos-projets/carte-des-initiatives-locales/
      http://www.bastamag.net/La-carte-de-France-des
      Et d’autres
      Le pouvoir est dans l’action, hélas l’action politique est récupérable par toute idéologie, toute idéologie est un fascisme si elle s’impose par le biais d’un pouvoir politique.

        +5

      Alerter
      • Homère d’Allore // 30.04.2016 à 13h55

        « toute idéologie est un fascisme si elle s’impose par le biais d’un pouvoir politique »

        C’est exactement le genre d’assertions qu’on entend à Nuit debout et qui paralyse l’action !

        Le « fascisme » est assimilé à toute autorité, même légitime, même compétente, même nécessaire…

        Pour un peu, un pilote d’avion serait un « fasciste ». Mieux vaudrait voter pour savoir quelle manette enclencher, quel bouton enfoncer, quelle fréquence de radio utiliser…

        Et oui, un « pouvoir politique » sera nécessaire pour nous débarrasser de la bande de vauriens stipendiés par la finance qui nous gouvernent depuis Bruxelles ou Washington.
        Et pour faire le ménage, il ne faudra pas être gentil-gentil…

        Ce jour là, j’espère même que le « pouvoir politique » que vous craignez sera terrible et impitoyable.

        Un peu comme Robespierre…

        Appellez ça « fasciste » si vous voulez.

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        • Libraire // 30.04.2016 à 14h41

          @ Homere d’Allore
          La problématique se limite pour vous à remplacer une ploutocratie par une autre ploutocratie…..
          De nouveaux paradigmes concernant les organisations sociales à venir naissent.
          Les systèmes pyramidaux s’effondrent, de leur décomposition nait une innovation sociale indéniable:
          :http://noubel.fr/le-compost-de-lintelligence-collective/

          Non pas en raccourcissant des têtes, l’évolution à venir ne sera pas violence, n’en déplaise aux couillus de tous bords.

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          • Homère d’Allore // 30.04.2016 à 15h06

            « ploutocratie »

            Bien au contraire, en combattant le pouvoir des forces de l’argent et en, par exemple, limitant les écarts de revenus de 1 à 20 (ce qui n’est pas communiste, vous en conviendrez), on détruira la ploutocratie (qui aujourd’hui existe car il y des écarts de 1 à 500 voire plus).

            Et ça, seul un pouvoir politique fort (et terrible) pourra l’imposer.

            Ensuite, il y aura des écarts de revenus significatifs (1 à 20) incitant au travail, à l’innovation, à l’esprit d’entreprise, tout ce que vous voulez, mais plus de ploutocratie…

            Quant à la violence, accoucheuse de l’Histoire, elle est malheureusement nécessaire. Car le rapport de forces ne se fera pas dans les urnes, cf les déclarations de Jean-Claude Juncker.

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            • Libraire // 30.04.2016 à 17h12

              Ah! d’accord, si tous les soucis de notre civilisation tiennnent dans les écarts de salaire ça va être vite réglé……une bonne guerre civile sera inutile.

              Pour combattre les force de l’agent Noubel propose cela:
              l’argent une technologie devenue toxique:

              http://noubel.fr/largent-une-technologie-devenue-toxique/

              OU vers une société post-argent

              http://noubel.fr/vers-la-societe-post-argent/

              Il faut oser du nouveau puisque le ressassé à fait preuve de son inefficacité.

              Quant à a violence accoucheuse de l’Histoire…. pensée acquise, certitude démontrée ……donc il est impossible de penser autrement et surtout de pratiquer autrement…..

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          • Homère d’Allore // 30.04.2016 à 17h59

            Je ne parlais des écarts de revenus (et non de salaires) que parce-que vous évoquiez la « ploutocratie ».

            Quant à une société sans argent, personnellement, je suis plutôt pour (à long terme) mais je pense qu’il est illusoire d’y réfléchir à court et même moyen terme.

            En tout cas, je vois très mal les « élites » actuelles accepter ce type de changement de société sans eux-mêmes user de la violence la plus extrême.
            Donc le choix sera de combattre ou de se soumettre, par peur des conséquences du combat car, oui, le sang, ça tache et la guerre, c’est pas beau.

            La morale a les mains propres mais elle n’a pas de mains.

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            • Furax // 01.05.2016 à 10h09

              Ah oui ? Et pourquoi ? Avez-vous pensé un peu à ce qu’est l’argent ? Un moyen d’échange très liquide, c’edt-à-dire d’abord un formidable outil de liberté. Sinon on en revient au troc et aux sociétés rurales où la plupart étaient par nécessité attachés à la glèbe.

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        • Alae // 30.04.2016 à 18h14

          « Le “fascisme” est assimilé à toute autorité, même légitime, même compétente, même nécessaire… « 

          Oui. Foucault, entre autres, a fait des dégâts considérables. Et tout l’appareil de la propagande capitaliste s’est engouffré dans cet espèce de libertarisme illimité pour le renforcer, le « je suis libre » aboutissant à « d’acheter ce que je veux sans aucun frein ou responsabilité envers qui que ce soit d’autre que moi-même et ma soif de gratification immédiate ».
          Leur « Ni Dieu, ni maître » m’a toujours fait doucement rigoler, au passage, parce que tant qu’on est assujetti ne fût-ce qu’à l’obligation de manger tous les jours, personne n’est libre. Ensuite, si on y ajoute les impôts, le salaire dont il va falloir négocier une augmentation, le crédit sur la bagnole et l’apparte, les factures récurrentes et la peur de se faire licencier, le tableau s’assombrit encore.
          Bref, c’est de la théorie conceptuelle composée de mots décoratifs sans rapport (même lointain) avec la réalité, et d’autant plus cocasses qu’il n’y a pas plus soumis au totalitarisme de son groupuscule qu’un gaucho qui clame « Ni Dieu ni maître » (j’ai vu leur police de la pensée interne, c’est effrayant d’efficacité. A les croire télépathes).

          Et merci, Homère, de vous être laissé aller à des penchants révolutionnaires radicaux que je ne suis pas loin d’approuver. 🙂

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        • Xavier // 07.05.2016 à 13h09

          Vous vous trompez sur le cas de l’Incorruptible. Il a été dépassé sur sa gauche par des ultras (Collot-D’Herbois, Billaud-Varenne, Barrère au CSP, Marat, les hébertistes et le Père Duchesne à l’extérieur etc) pour certains manipulés et financés par la Banque pour l’obliger à la surenchère et discréditer in fine le mouvement révolutionnaire qu’il avait fini par incarner malgré lui aux yeux du peuple. Nous savons de part les plus récentes recherches historiques que Robespierre a tout fait pour tenter d’arrêter le « terrorisme » alors que dans son dos certains l’attisaient. Et il y a en cela une raison : il était le seul à prôner une réelle république sociale. Il en avait conscience et a tenté de le dénoncer (lire ses discours). Voyant qu’il n’y avait rien à faire, il a fini par lâcher prise les dernières semaines. Semaines durant lesquels le terrorisme a redoublé. Ceci est avéré factuellement.
          Ce que vous apprenez à l’école de la révolution française est un mieux une falsification grossière de la réalité.

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  • Django // 30.04.2016 à 11h54

    Je signale que le mouvement nuit debout en Belgique est un bide total.
    Le simple choix des places où ont lieux les rassemblements est totalement stupide (éloigné des centres de pouvoirs, où personne ne passent, avec des constructions en carton type sdf, bref…).

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  • lon // 30.04.2016 à 12h30

    J’aime beaucoup Lordon mais là il rêve complètement . Frédéric, laisse tomber, t’as vu comment a fini mai 68 ?

    Comme bien souligné ici par d’autres, il faut personnaliser le débat et désigner les  » meneurs » , certainement futurs dictateurs massacreurs de leur propre peuple , c’est le but du torchon de Roger-Petit .

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  • Charlie Bermude // 30.04.2016 à 15h43

    Lordon a bien quelque chose de Spinoza . Comme lui seul contre tous , il ne lache pas le morceau , méme à la veille de la chute de la Hollande et de son merveilleux éveil au 17 e siécle où elle éclairait le Monde . ( aucune ressemblance avec d’autres personnes connues du méme nom qui n’ont jamais rien éclairé et non aucune notion d’optique ) . J’ai du mal à comprendre ce qu’il veut dire mais il a surement raison à voir la meute de chiens qui lui aboient dessus . Sapir aurait du s’abstenir , il y croit à son alliance Le Pen !

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  • shaolin // 30.04.2016 à 23h18

    Elles sont rares les failles historiques, telles que celles qui permettent l’émergence d’un nuit debout… Je ne sais pas de quelle nature est le mouvement d’émancipation des peuples que vous attendez, mais il ne ressemblera jamais à ce quoi vous imaginez… Donc bon…

    Je crois que ce mouvement va mourir, c’est bien dommage, parce que les gens intelligents sont apparemment suffisants aussi, il semble que rien n’est assez bien pour eux, et ne mérite donc leur présence… Pensez vous? des petites gens qui se réunissent pour chercher des solutions politiques aux défis qui s’annoncent! en essayant de reformuler les structures qui sous tendraient la société! Et sur leur temps libre! Mouarf! Quelle bande de pimpims! On ne peut que se méfier ou se moquer, et pour la plupart, dénigrer sans jamais y avoir mis les pieds…

    Dommage encore une fois… attendons tous le mouvement parfait!! celui qui correspond à une soixantaine de millions de français en même temps! c’est pas comme si ça arrivait tous les jours!

    Et enfin, c’est un mouvement ouvert, dans lequel quasi n’importe qui peut prendre la parole! J’ai lu tellement de choses intéressantes et pertinentes sur ce site, gardons les pour nous ici, ces petits gauchistes en voie d’embourgeoisement ne pourraient pas comprendre de toutes façon…

    Le mépris de classe ordinaire… La lâcheté des visionnaires…

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  • FifiBrind_acier // 01.05.2016 à 07h09

    C’est la classe moyenne qui constitue l’essentiel des Noctambules, rattrapés par la paupérisation, malgré les études et les diplômes. La liaison avec les autres salariés risque d’être difficile. La classe ouvrière est paupérisée depuis Maastricht, les années 90, délocalisée massivement à Paul Lemploi depuis longtemps…, dans l’indifférence générale.

    « Le poids du secteur manufacturier réduit de moitié depuis 1970. »
    http://www.capital.fr/a-la-une/actualites/le-poids-du-secteur-manufacturier-reduit-de-moitie-depuis-1970-1122192#
    75% des salariés travaillent désormais dans le tertiaire.

    Ce qui échappe à Lordon, c’est que les Français n’ont pas plus confiance dans les dirigeants syndicaux que dans la classe politique…. Thierry Lepaon est la caricature même de l’ apparatchik dont ils ne veulent pas, ni dans le domaine syndical, ni dans le domaine politique.
    Pas plus qu’il ne veulent de Hollande, du FN ou de Sarkozy.

    Lordon devrait lire l’enquête sur les syndicats:  » Syndicats, corruption, dérives et trahisons » , de Lenglet et Touly, avant d’appeler à la convergence des luttes…
    https://www.youtube.com/watch?v=bZTgf16Fxmw

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  • Morane DURANTON // 01.05.2016 à 15h03

    Alors là j’en suis « baba » de lire tous ces commentaires de pros, qui ont tous des solutions ou bien qui ont tout compris à ce qui se passe et qui se contentent juste de les écrire !!!…On devrait avoir trouvé LA solution depuis longtemps avec tous ces spécialistes !!!…LORDON ??? : il mouille la chemise, il s’engage sur le terrain, il fait ce qu’il peut…en faisons nous autant ??? perso, je dis que non…

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    • shaolin // 01.05.2016 à 18h27

      Merci! Pourtant, combien de fois j’ai pu lire ces mêmes gens, sur ce site, exhorter à ce qu’il se passe enfin quelque chose… Et quand un mouvement a ce potentiel et ne veut plus jouer avec les règles du jeu…. bah… non… c’est pas encore assez bien! trop ci, pas assez ça…
      Finalement, on dirait que les gens sont tellement résignés, et persuadés que leurs concitoyens sont des neuneus, que tout le monde se cherche une excuse pour rester au chaud…
      Damn! En tout cas, il faudra en tirer les leçons, à savoir, que faut il à un mouvement pour rassembler large… Et encore, il faudra plutôt se questionner sur ce qu’il manque aux « dissidents » cultivés pour se bouger le cul!
      Et en ce qui concerne tout ce petit monde sédentarisé, je crois que j’en veux plus à ces têtes pensantes, toujours prêtes à citer tel auteur ou telle référence historique, plutôt qu’aux classes populaires, moins instruites, donc moins émancipées…

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      • Xavier // 07.05.2016 à 11h27

        Ce « mouvement » n’a strictement AUCUN potentiel étant donné que manifestement il faut être de gôôôche pour y accéder.
        Et ce ne sont ni des intellectuels auto-proclamés ni des anarchistes en culottes courtes qui vont abattre le Capital en jargonnant dans les amphis et en pétant des abribus.

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  • Crapaud Rouge // 01.05.2016 à 23h58

    Sur un autre billet, j’avais été très choqué par un commentaire affirmant que Lordon ne propose rien. La grogne et la politesse m’ayant retenu de faire la réplique cinglante que cela méritait, je réagis maintenant. Il a fait des tonnes de propositions ou soutenu des propositions connues, à savoir : sortir de l’euro, nationaliser les banques, supprimer la bourse, le SLAM, (« plafond de rémunération actionnariale totale au-delà duquel un prélèvement confisque la totalité du dépassement« ), et il suffit d’aller sur son blog et de remonter aux plus anciens billets pour voir qu’il propose beaucoup. (http://blog.mondediplo.net/-La-pompe-a-phynance-) De plus, il fait partie des « Économistes atterrés », il est donc peu ou prou solidaire des propositions et publications concrètes ou théoriques faites sous cette bannière.

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  • Crapaud Rouge // 02.05.2016 à 00h06

    Je me suis bidonné à lire « L’inquiétant projet de Nuit debout » : jamais je n’avais vu quelqu’un, (Lordon bien sûr), se faire étriller comme ça. Le journaliste y a mis tous ses trucs et astuces. Mais c’est bon signe, ça veut dire qu’il les emm… jusqu’à la gauche, parce que, au contraire des confrères économistes trop théoriciens, Lordon est capable de parler au peuple, comme le prouve son blog où l’expression pittoresque a toute sa place.

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  • Lt Anderson // 02.05.2016 à 16h38

    Kiwixar se trompe carrément de cible quand il pense que F. Lordon se trompe de cible.
    Quand F. Lordon dit “Il n’y a aucune autre explication que l’aveuglement idéologique le plus absolu”, il est surtout question de l’aveuglement des dirigeants-décideurs-ministres quand à la question de la lutte de classe. Selon ces « gens » il n’y aurait « plus de lutte de classe depuis la chute du Mur de Berlin », mantra ânnoné ad-nauseam depuis une génération par cette classe bourgeoisie qui estime avoir vaincu son ennemi le prolétariat dans son rôle politique.
    Oui il y aveuglement car le prolétariat est encore là par sa conscience, Nuit Debout n’en est juste qu’un signe.

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    • Furax // 03.05.2016 à 08h27

      Croire qu’on peut aujourd’hui répondre aux problèmes de la precarisation d’une part croissante et même croire que la lutte des classes se concentre sur la question de l’économie c’est avoir près d’un demi-siècle de retard.

      Lordon propose un tas de choses mais périmées périmées. Si nos affreux capitalistes faisaient le programme de Mélanchon, Lordon, Besancenot ou des 110 propositions de 1981, ils conduiraient le pays à un appauvrissement terrible et irréversible.

      Pourquoi ? Parce qu’il y a juste 2 phénomènes historiques que sont la globalisation (c’est-à-dire la diffusion des techniques et des capitaux à toute la planète) et la poursuite des gains de productivité via le progrès technique qui font que le monde n’a plus besoin de la France (ne pesant que 1% de la population mondiale) et la remplacerait en un clin d’œil.

      Tous nos très généreux systèmes de protection sociale n’étaient soutenables que dans un monde de pénurie des compétences, de moindre productivité et de vastes marchés à conquérir quasi réservés à nos entreprises qui pouvaient faire payer plus cher les clients.

      C’est fini. Je ne m’en réjouis pas mais c’est la réalité qu’il nous faut regarder en face. Sinon on va pleurer beaucoup plus. On va même saigner, chercher des boucs émissaires et ça ira encore plus mal. Cercle vicieux sans fin. Le pire est toujours possible et l’enfer est pavé de bonnes intentions.

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      • Lt Anderson // 03.05.2016 à 09h01

        Que voilà un discours bien formaté, tout empreint de cynisme et de fatalisme.
        « la globalisation » et « la poursuite des gains de productivité via le progrès technique (qui font que le monde n’a plus besoin de la France) » ne sont que des effets de l’achèvement de la phase finale du capitalisme, l’impérialisme au niveau mondial, cette phase ultime énoncée par Marx et ceux qui viendront à sa suite. Phase ultime, donc à terme fin du rôle historique du capitalisme. Sa persistance sera au mieux un anachronisme, au pire une catastrophe menant la société humaine à son déclin. Car au final il est bien question de décadence, thème qui n’est bien évidemment pas évoqué dans les grandes écoles.

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        • Lt Anderson // 03.05.2016 à 09h01

          En quoi « la poursuite des gains de productivité via le progrès technique » changent les fondamentaux du capitalisme, à savoir l’extraction de la plus-value issue du sur-travail non-rétribué? Rien. Ça ne change rien. Et le prolétariat est toujours là, plus que jamais, et au niveau mondial justement. Et donc votre « qui font que le monde n’a plus besoin de la France » est une tentative ridicule pour décrédibiliser mon propos. Je parle de prolétariat mondial et vous me parlez de la France. Ridicule.

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      • Furax // 03.05.2016 à 09h31

        Vous savez faire la différence entre expliquer un phénomène et se satisfaire d’un phénomène ?

        Je constate et j’explique. Soyez donc un peu plus marxien (Marx très grand économiste classique) et un peu moins marxiste (l’erreur socio-politique qu’a constitué le marxisme).

        Pour ma part, camarade, je revendique d’être un sceptique pragmatique.

        La poursuite des gains de productivité et l’intensification de la concurrence font juste qu’un modèle social coûteux ne tient pas le choc des concurrents à bas coût. Vous le savez parfaitement, sauf que comme vous n’aimez pas une réalité dérangeante, vous rechaussez les lunettes du dogmatisme et du volontarisme militant.

        C’est pourtant pas compliqué. Ce sont des maths. Hélas des maths. On ne peut durablement se payer un système généreux que via des activités suffisamment rares et précieuses pour qu’on puisse les vendre cher. Sinon on se fait éjecter car il y a une trop forte pression à l’alignement sur les prix les plus bas.

        Je suis pour les protections là où elles sont possibles, notamment pour les services où il faut supprimer la directive services de 1996, pour la TVA sociale. Mais ce ne sera qu’un amortisseur. La réalité de la concurrence est là et il y a beaucoup de services intégrés dans la fabrication des biens directement exposés à la concurrence étrangère.

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        • Lt Anderson // 03.05.2016 à 09h34

          Je parle « principes fondamentaux » et vous parlez « recette de cuisine », le tout noyé dans un verbiage convenu censé me déstabiliser.
          Clairement on est pas sur le même registre.

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          • Furax // 03.05.2016 à 10h19

            Je parle de réalités objectives, de mécanismes qui relèvent de lois mathématiques. C’est cela qui vous destabilise, pas moi.

            Comme vous, je préfère qu’il fasse beau temps, mais quand il pleut encore, encore et encore, et que le niveau de l’eau monte, il ne sert à rien de manifester ou d’exécuter la danse du soleil pour que la situation redevienne comme nous aimerions. Il faut en tirer les conséquences pratiques.

            Les principes dont vous parlez sont du déni de réalité, de l’idéologie à l’état pur. C’était sympa d’être relativement nanti par rapport aux autres pays quand ils étaient encore sous-développés. On pouvait leur donner des leçons de solidarité, de modèle social, … etc. On pouvait même surtout tenir des discours dégoulinants de sentiment de culpabilité et de supériorité morale à la fois sur le nécessaire partage des richesses avec les pays pauvres.

            Eh bien c’est fini tout cela. Les autres se mettent de plus en plus au niveau et notre situation devient nettement moins facile. Le partage des richesses, il a lieu. C’est notamment le partage des emplois et des activités qui se développent plus chez les autres et moins chez nous parce que les autres font du dumping social et s’ils ne le faisaient pas ce seraient encore d’autres qui le feraient à leur place. Il y a 7 milliards d’humains, dont plusieurs milliards sous-employés. Et il y a 66 millions de français.

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  • Krystyna Hawrot // 05.05.2016 à 23h15

    En fait, il faut arrêter la concurrence. Il faut planifier, réguler. Protéger par des frontières s’il le faut. La concurrence est la base du capitalisme oui, mais ce n’est pas un phénomène naturel, mais un mode d’organisation politique. Je ne vois pas pourquoi il ne serait pas possible de planifier une production (en y incluant la planification écologique chère au Parti de Gauche) au niveau européen et au niveau mondial. on a tout les outils qu’il faut, l’informatique, l’ONU, même la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire Internationale qu’il faudrait… nationaliser et les mettre au service de l’ONU! Mais tout cela on l’a déjà dit et écrit, notamment à ATTAC et dans les Forums Sociaux de 2003 à 2010…

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  • SanKuKai // 06.05.2016 à 15h45

    Pour moi le problème des Nuits Debout (à Paris) n’est pas dans les individus qui composent le mouvement mais plutot dans le fait qu’ils se trompent de Lieu.

    Qu’ils aillent plutot place de la Concorde.
    Entre l’ambassade US et l’assemblée Nationale ca aurait tout de suite plus de gueule et il y aurait surement davantage d’adhésion.

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  • Xavier // 07.05.2016 à 09h43

    Encore un énième « intellectuel » stipendié par l’État prétendant parler au nom du Peuple (donc à sa place), savoir ce qu’il doit penser (cf l’intervention de ce monsieur à la Bourse du Travail au sujet de l’action de la Commission dite « Accueil et Sérénité »…).
    J’ai encore en mémoire la réponse de François Ruffin à Yann Moix sur le plateau de ONPC (3 dernières minutes de son passage) qui résume parfaitement l’idéologie de ces gens-là. Je le cite :  » quand les gens voient le film, ils voient une fable. C’est une espèce de métaphore, vous avez les Klur qui sont l’incarnation des classes populaires, vous avez moi qui suit l’incarnation de la petite bourgeoisie intellectuelle (sous-entendu, la classe qui « pense », la précédente par opposition ne « pensant pas »), vous avez Bernard Arnault l’incarnation de l’oligarchie ». >>>

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    • Xavier // 07.05.2016 à 10h10

      >>> « Et l’une des morales peut-être à tirer du film, c’est que si moi j’y vais seul face à B. Arnault, j’ai pas de film, j’ai rien, je ne l’emmerde pas. Si jamais les Klur y vont tout seul, ils s’enfoncent dans la détresse et ils s’en sortent pas et qu’en fait il n’y a que l’alliance des 2, l’alliance de la petite bourgeoisie intellectuelle et des classes populaires qui permet d’aller chahuter l’oligarchie. »
      S’en suit un couplet d’une naïveté confondante et surtout d’une ignorance historique gigantesque sur 36 et la Révolution française.
      Conclusion: l’ouvrier a besoin d’un guide pour le conduire là où… le guide veut aller (et pas l’inverse bien évidemment). Et Nuit Debout c’est surtout l’alliance de la petite bourgeoisie de province (Ruffin) et parisienne (Lordon).
      Vivement qu’ils aillent se coucher !

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  • Xavier // 07.05.2016 à 11h12

    Compte tenu de mes derniers commentaires visant Lordon et Ruffin et m’attendant à être censuré je salue l’ouverture et le pluralisme de votre site Olivier. Je m’excuse même d’en avoir douté.

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