Les Crises Les Crises
13.mai.201913.5.2019 // Les Crises

Retirer l’échelle. Par Anis Chowdhury et Jomo Kwame Sundaram

Merci 103
J'envoie

Source : Consortium News, Anis Chowdhury & Jomo Kwame Sundaram, 22-02-2019

Le 22 février 2019

Les pays industrialisés ont progressé par des moyens qui ont été ressentis comme inadmissibles pour le monde en voie de développement, écrivent Anis Chowdhury et Jomo Kwame Sundaram à Kuala Lumpur.

Agence Inter Press

La notion de BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et plus tard Afrique du Sud) a été concoctée par Jim O’Neill de Goldman Sachs. Son acronyme de 2001 a d’abord été perçu comme une reconnaissance opportune, sinon tardive, de la montée du Sud.

Mais si l’on sort la Chine des BRICS, il ne reste plus que les RIBS. Si les RIBS se sont sans doute développés au cours des dernières décennies, leur expansion a été assez inégale et beaucoup plus modeste que celle de la Chine, tandis que l’économie post-soviétique russe s’est contractée de moitié pendant les trois premières années de « thérapie de choc » de Boris Eltsine en 1992-1994.

Comme on pouvait s’y attendre, Goldman Sachs a tranquillement fermé son fond d’investissement BRICS en octobre 2015 après des années de pertes, marquant la « fin d’une époque », selon Bloomberg.

Les poussées de croissance dans le cône sud de l’Amérique du Sud [région géographique et culturelle au sud du Tropique sud comprenant le Chili, l’Argentine et l’Uruguay, et plus largement le sud du Brésil, le Paraguay et la Bolivie, NdT] et en Afrique subsaharienne ont duré plus d’une décennie, jusqu’à l’effondrement des prix des produits de base provoqué par les saoudiens à partir de 2014. Mais la récente montée en puissance du Sud et la convergence des pays en développement avec l’OCDE, dont on a fait l’éloge récemment, sont restées en grande partie une problématique est asiatique.

Empêcher l’émulation

De plus en plus, la Chine et la Corée du Sud poursuivent leur ascension après le « big bang » financier du Japon et la stagnation qui s’en est suivie il y a trois décennies. Ils ont progressé et connu une croissance rapide pendant de longues périodes précisément parce qu’ils n’ont pas suivi les règles établies par les économies avancées.

Bukchon Hanok Village, Séoul, Corée du Sud. (Doug Sun Beams via Flickr)

La politique industrielle – impliquant les entreprises publiques, les accords de transfert de technologie, les marchés publics, les conditions strictes pour les investissements étrangers directs et d’autres interventions en faveur du développement – a été condamnée par le Consensus de Washington, qui encourage la libéralisation, la privatisation et la déréglementation en faveur des grandes sociétés transnationales.

Des entreprises d’État bien gérées, des pratiques d’approvisionnement du gouvernement et une protection efficace dépendent de la promotion des exportations pour accélérer la transformation structurelle. Lorsque les sociétés étrangères étaient autorisées à investir, elles étaient généralement tenues de transférer la technologie à l’économie hôte.

Les pays n’ont progressé qu’en utilisant judicieusement la politique industrielle lorsque l’espace politique disponible était suffisant, comme c’était la norme dans la plupart des pays développés.

Mais la plupart des pays en développement se sont vu refuser de telles pratiques de développement au cours des dernières décennies. Le Nord met maintenant l’accent sur les dangers de la politique industrielle, des subventions, des entreprises d’État et des accords de transfert de technologie pour justifier l’interdiction de leur utilisation par d’autres.

IBM Bangalore. (Wikimédia)

Au lieu de cela, la mondialisation dirigée par les entreprises continue d’être considérée comme le moyen de se développer et de progresser. Les grandes économies de l’OCDE semblent vouloir resserrer les règles internationales pour réduire encore la marge de manœuvre des pays en développement sous prétexte de réformer le système commercial multilatéral afin de le sauver.

Le président Donald Trump et d’autres qui contestent ce discours néolibéral n’offrent pas de meilleures options pour le Sud. Néanmoins, leur rhétorique nationaliste et chauvine a sapé les revendications pieuses et la légitimité même de leurs rivaux « mondialistes » néolibéraux de droite.

Le financement d’infrastructures

Le rapport sur le commerce et le développement 2018 de la conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement met l’accent sur le lien entre l’infrastructure et l’industrialisation. Il soutient que le succès de l’industrialisation de l’Angleterre depuis le XIXe siècle dépend essentiellement des investissements publics dans les infrastructures pour la croissance économique et la transformation structurelle.

La montée en puissance du programme néolibéral du Consensus de Washington a non seulement sapé les interventions publiques en général, mais aussi les recettes et les dépenses de l’État en particulier, surtout dans les pays en voie de développement. Mais même la Banque mondiale admet maintenant qu’elle a découragé à tort le financement des infrastructures, ce qu’elle préconise maintenant.

La plupart des institutions financières internationales sous contrôle occidental ont récemment préconisé des partenariats public-privé pour financer, gérer et mettre en œuvre des projets d’infrastructure. On présume que seul le secteur privé possède l’expertise et la capacité nécessaires pour être efficace et rentable. Dans la pratique, les états ont emprunté et assumé la majeure partie du risque, par exemple des passifs éventuels, tandis que les partenaires privés ont réalisé des bénéfices considérables, souvent avec des recettes garanties par l’état.

Les ministres africains des finances à la conférence de presse du FMI à Washington, D.C., 2007. De gauche à droite : Christina Duarte du Cap-Vert, Abou-Bakar Traore du Mali, Shamsuddeen Usman du Nigeria, Zakia Meghji de Tanzanie. (Thomas Dooley via Wikimedia)

Un espace politique inespéré

L’infrastructure, y compris sa construction et son financement, a joué un rôle central, non seulement dans le progrès de la Chine, mais aussi dans sa coopération internationale au développement. Le redéploiement financier de l’énorme excédent de la balance courante de la Chine a créé une alternative aux sources traditionnelles de financement des investissements, tant privés que publics.

La disponibilité des financements de l’infrastructure chinoise à des conditions préférentielles ou concessionnaires a été accueillie avec enthousiasme, notamment par des pays privés depuis longtemps de ressources d’investissement. Il n’est donc pas surprenant que cela ait entraîné des surinvestissements dans certaines infrastructures, ce qui a entraîné une sous-utilisation et un faible rendement des investissements.

Le fardeau de la dette qui en résulte et les problèmes connexes ont fait l’objet d’une large diffusion, sinon d’une exagération, de la part de détracteurs ayant des motivations différentes. Aujourd’hui menacés par la montée en puissance de la Chine, les gouvernements occidentaux et le Japon ont soudain trouvé des ressources supplémentaires pour offrir un financement concessionnaire similaire à leurs propres entreprises d’infrastructures.

Ainsi, à l’instar de la guerre froide entre les États-Unis et l’Union soviétique, la nouvelle menace que suscite la Chine a créé une nouvelle rivalité bipolaire. Cela a créé par inadvertance une marge de manœuvre politique et des concessions qui rappellent l’« âge d’or » de l’économie keynésienne et de l’économie du développement après la Seconde Guerre mondiale.

Anis Chowdhury est professeur auxiliaire à l’Université Western Sydney et à l’Université de New South Wales (Australie). Il a occupé des postes à responsabilité à l’ONU à New York et à Bangkok. Jomo Kwame Sundaram, ancien professeur d’économie, a été secrétaire général adjoint des Nations Unies pour le développement économique et a reçu le Prix Wassily Leontief pour l’avancement des limites de la pensée économique en 2007.

Source : Consortium News, Anis Chowdhury & Jomo Kwame Sundaram, 22-02-2019

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

Fabrice // 13.05.2019 à 06h50

Traduction les entreprises privées n’arrivent plus à créer des marcher nouveaux et demandent à l’état de leur donner des marchés captifs qui assurent une rente sans les frais de création (péages, marché des eaux, électricité,….) ou avec peu de choix vu la demande (soins, éducation, justice,…) qui développe le capitalisme de copinage et de parasitage en captant ce qui a été financé par les états avec souvent des situations de monopole or ce qui pire qu’un monopole d’état c’est bien un monopole privé.

33 réactions et commentaires

  • Fabrice // 13.05.2019 à 06h50

    Traduction les entreprises privées n’arrivent plus à créer des marcher nouveaux et demandent à l’état de leur donner des marchés captifs qui assurent une rente sans les frais de création (péages, marché des eaux, électricité,….) ou avec peu de choix vu la demande (soins, éducation, justice,…) qui développe le capitalisme de copinage et de parasitage en captant ce qui a été financé par les états avec souvent des situations de monopole or ce qui pire qu’un monopole d’état c’est bien un monopole privé.

      +84

    Alerter
    • Geoffrey // 13.05.2019 à 08h43

      mais les entreprises n’ont jamais créé des marchés nouveaux : l’Angleterre a conquis l’Inde en détruisant son économie (artisanale) pour y fourguer ses « merdes » en laine..

      d’où la contestation pacifique pour un sari « made in India », par Gandhi.

      c’est l’économie libérale de marché qui est une utopie, et le communisme un modèle à dimension humaine (dans un cadre démocratique, ça va de soi – donc ni soviétique, ni cubain, ni khmers, ni nord-coréen…)

      Geof’-Rey, neo-communiste belge

        +8

      Alerter
      • septique // 13.05.2019 à 17h48

        Vous ne savez peut-être pas que la généralisation du sari en Inde est le résultat de la pudibonderie victorienne car la majorité des indiennes n’avaient qu’une pièce de vëtement, qui couvrait le bas et parfois une autre pièce supplémentaire, pour le haut, qui ne couvrait pas grand chose. A la campagne les femmes surtout aux champs étaient quasiment sans aucun vêtement.

        Les dames victoriennes se sont empressées de faire adopter aux indiennes (les hindous) le sari utilisé par les musulmanes indiennes depuis le 12 ième siècle (date de la colonisation moghol de l’Inde).

          +13

        Alerter
        • Geoffrey // 14.05.2019 à 08h25

          effectivement, je n’en savais rien : et quant bien même le « sari » n’est pas LE vêtement séculaire et sacré de l’Inde, il demeure que mon propos reste pertinent…

          je ne suis pas de ceux qui hurlent contre les « blancs », mais je sais qu’un capitaliste est rarement un humaniste : son intérêt avant tout.

          Geof’

            +3

          Alerter
          • Sam // 14.05.2019 à 10h21

            Exact. Les pays du nord inondent les autres de leurs invendus, détruisant le tissu artisanal (et donc social).
            En 2009, la Bolivie interdit cette pratique. A l’époque, on pouvait trouver toutes sortes de vêtements de marque pour quelques bolivianos : l’UE et les US les donnaient à l’Etat, qui les revendaient au kilo à des revendeurs de rue.
            Résultat, ce pays qui a une tradition textile millénaire s’est retrouvé déguisé en occidental (t-shirt de mickey, …) et a commencé à perdre son savoir faire.
            Les tejidos (tissus) traditionnels sont pourtant extraordinaires : des entrelacs de figures racontant l’histoire de ceux qui le portent.
            A noter, à l’époque les vendeurs de rue défilaient pour « dénoncer » cette « mesure injuste »…

              +6

            Alerter
        • RMM // 14.05.2019 à 16h46

          Je ne sais ce qu’l faut entendre par la « généralisation du sari », mais le vetement lui-meme est tres ancien:
          « History of sari-like drapery is traced back to the Indus Valley Civilisation, which flourished during 2800–1800 BC. » (wikipedia – « sari »)
          On peut supposer que les femmes travaillaient dans les champs peu couvertes, mais se drapaient pour aller au temple, aox marriages ou en visite…
          Interessant aussi de constater que la mode de laisser la taille nue a ete condamnee par les ecritures saintes, bien avant les colons-missionnaires – apparemment sans grand succes dans les deux cas, car les Indiennes continuerent a couvrir le bas du corps, laissant le haut partiellement nu:
          « In ancient India, although women wore saris that bared the midriff, the Dharmasastra writers stated that women should be dressed such that the navel would never become visible. » (Idem)

            +3

          Alerter
    • Patrick // 13.05.2019 à 09h17

      C’est le principe de base du capitalisme de connivence , aussi appelé la  » république des copains et des coquins « … élus , hauts fonctionnaires et dirigeants des grandes entreprises , tous issus du même monde et des mêmes écoles et qui se refilent les postes et les contrats…
      La question à se poser c’est comment éviter la formation de cette caste.

        +39

      Alerter
      • septique // 13.05.2019 à 17h34

        Bonne question et c’est précisément ce que Boris Elstine n’a pas fait. Il a distribué les entreprises, etc. a ceux déjà installés dans la hiérarchie du parti au pouvoir, le PC, provenant des mêmes écoles et du même sérail, chemin identique pour les autres, Hongrie, Roumanie, l’ex Yougoslavie, etc. Moins touché par ces pratiques l’ex Allemagne de l’Est, la Pologne ou ce sont les groupes occidentaux qui ont ramassé le gâteau.
        Pour Poutine il a continué dans la lancée de Elstine, il a commencé emprisonner, ceux mis en place par son prédécesseur, sous diverses raisons, a confisquer leurs entreprises et a ensuite procédé à leur distrbution aux gens proches de lui…
        C’est ce qui se passe quand le droit commercial n’existe pas et que la justice est disons complaisante..

          +2

        Alerter
        • moshedayan // 13.05.2019 à 19h13

          Constat juste sur Eltsine, après Poutine a poursuivi un temps, suite à un « compromis » qu’on lui a imposé quand il fut premier ministre mais sa reprise en main a poursuivi deux objectifs : relancer l’investissement productif et limiter la « casse sociale ». Si vous ne prenez pas en compte cela, vous ne pouvez absolument pas comprendre pourquoi la Russie a connu une croissance dans les années 2002-2007 et pourquoi ses grandes villes ont bien changé aujourd’hui. C’est comme quand en France, on entend « grâce à l’UE, l’Europe de l’Est a maintenant des autoroutes… blablabla pro-UE pour les élections ». Eh bien, les programmes autoroutiers ont commencé dès les années 80 en Pologne, Yougoslavie, … et au-delà Biélorussie, Roumanie dans les années 90 les chantiers , c’est vrai traînaient à partir de Solidarnosc, crise polonaise… Mais c’est pas l’UE qui a commencé… L’histoire est bien plus compliquée qu’on le croit….

            +12

          Alerter
          • spetique // 13.05.2019 à 21h58

            Relations financières entre l’UE et la Pologne en 2017 (dernier bilan)

            Total des dépenses de l’UE en Pologne: 11,921 milliards d’euros
            Total des dépenses de l’UE en % du revenu national brut (RNB) de la Pologne: 2,67 %
            Contribution totale de la Pologne au budget de l’UE: 3,048 milliards d’euros
            Contribution de la Pologne au budget de l’UE en % de son RNB: 0,68 %

            La Pologne est donc bénéficiaire de près de 9 milliards d’euro

            Relations financières entre l’UE et la Hongrie en 2017:

            Total des dépenses de l’UE en Hongrie: 4,049 milliards d’euros
            Total des dépenses de l’UE en % du revenu national brut (RNB) de la Hongrie: 3,43 %
            Contribution totale de la Hongrie au budget de l’UE: 0,821 milliard d’euros
            Contribution de la Hongrie au budget de l’UE en % de son RNB: 0,69 %

            La Hongrie est donc bénéficiaire de près de 3.2 milliards d’euros par année.

            Je ne vais pas vous faire tous les pays..mais disons que les donateurs nets sont toujours les mêmes et ceux qui recoivent toujours les mêmes..pour les autoroutes je ne sais…

              +3

            Alerter
            • moshedayan // 14.05.2019 à 07h31

              Votre réponse n’est pas incompatible avec la mienne. Plan d’investissements nationaux prévus sous le socialisme puis gelés à cause de la crise… puis gros investissements de l’UE dans les anciens pays socialistes. Rien d’incompatible. Cela veut dire que pour les autoroutes et autres grosses infrastructures les dirigeants du Pacte de Varsovie savaient aussi » bien » les intérêts et objectifs en matière d’investissements lourds. La crise des années 80 a tout plombé… Puis défaite du communisme… Et Aucun doute ! L’UE a compris comment « parfaire » sa  » victoire »… C’est de bonne guerre (mais pour moi faut pas exagérer ou faire dire ce que l’Histoire ne dit pas… au fond on ne sait pas ce qu’aurait été… si… si – un fait réel montré dans un article d’Olivier Berruyer – le différentiel entre l’Europe de l’Ouest et celle de l’Est n’a pas changé fondamentalement (c’est même très fort pour des pays comme la Bulgarie, la Roumanie…)

                +4

              Alerter
            • Éva // 14.05.2019 à 22h47

              C’est une vue comptable mais on peut analyser bien autrement la situation des pays ex-socialistes.
              L’incroyable pillage et destruction en faveur des grandes entreprises occidentales nécéssite ces transferts financiers de la part de l’UE pour assurer que les gouvernements pro-occidentales puissent se maintenir au pouvoir et que le pillage puisse continuer. N’oubliez pas que nos pays ont perdu au moins 10% de leurs habitants et que les salaires sont maintenus tres bas.
              Donc ces financements ne sont nullement destinés á ameliorer les conditions de vie des habitants mais á perpetuer une situation extremement favorable aux grandes entreprises occidentales..

                +6

              Alerter
            • Krystyna Hawrot // 15.05.2019 à 14h04

              C’est vrai que pour que la camelotte occidentale circule de la Lithuanie jusqu’en Espagne, il faut des autoroutes toutes neuves… et que le plan autoroutier polonais, élaboré sous le capitalisme en 1997, n’a pas été touché avant l’arrivée de l’argent européen en 2007! Et ce sont les grands groupes de Bouygues à Kulczyk qui se sont gavés. Le régime communiste privilégiait le chemin de fer, terriblement appauvri depuis 1980 et la crise de la dette vis à vis de l’Occident.

                +0

              Alerter
            • septique // 15.05.2019 à 19h59

              [modéré]
              Je sais tout ca et alors ? les 10 % de la population sont partis ou ? GB, France, USA, Canada, ils ont voté avec leurs pieds. On voit maintenant en Pologne l’immigration provenant de l’Ukraine, de la Bielorussie et de la Russie…c’est sans doute que ces 2 derniers pays ne sont pas les paradis décrits ici par certains…

              J’ai une partie de ma famille qui vit en Pologne, Lublin, Krakow, Varsovie et j’ai eu la joie (?) de connaître l’Allemagne de l’Est…ses sympathiques VoPo…

              Il suffit de comparer la Pologne en 1980 et maintenant, pas l’impression que les Polonais désirent revenir en arrière…la camelotte occidentale…remplace avantageusement les tristes produits (quand on trouvait quelque chose) du paradis socialiste.

                +0

              Alerter
        • Geoffrey // 14.05.2019 à 08h31

          @septique

          le droit appliqué dans une société ? celui du plus fort, capable de l’imposer.

          c’est du contrôle sur la matière que jaillit le droit et la liberté,
          le reste ? de l’encre sur du papier…

          paradoxalement, je suis d’accord avec les libéraux : pour être libre, il faut posséder ; mais comme « on » ne peut tous posséder un bien de prod’ (à moins de redistribuer les terres), il faut les gérer collectivement. CQFD

          Geof’

            +1

          Alerter
    • stef74 // 13.05.2019 à 20h45

      Le capitalisme fustige « l’économie planifiée », mais une entreprise qui a un monopole sur un marcher tout entier (le but ultime dans le capitalisme) a évidement son agenda, et planifie ce qu’elle veux… Mais cela on ne l’appelle pas « économie planifiée »…

        +4

      Alerter
  • Alfred // 13.05.2019 à 07h11

    C’est exactement le cœur du problème du développement (ou du dé-developpement dans notre cas qui n’est pas si éloigné mais tétons en aux pays en voie de développement): seule la planification étatique et le protectionnisme peuvent permettre de développer conjointement le niveau d’éducation et d’infrastructures industrielles (comprendre infrastructures de production industrielle) qui permettent de développer un secteur tertiaire. C’est ainsi que se sont développés à des moments divers TOUS les pays développés (du Royaume Uni à la Corée du Sud en passant par nous et les Yankees). Le secteur tertiaire moins délocalisable peut à la rigueur être soumis entièrement à la « concurrence libre et non faussée ». Pour les secteurs primaires et secondaires le concept de concurrence libre et non faussée est une arnaque des plus puissants qui ne peut conduite qu’à l’échec pour de très nombreuses raisons convergentes (diminution du taux de profit et circulation faible des ressources « sociales » que sont les hommes comparées aux ressources financières). Un encravaté qui prône la concurrence libre et non faussée est soit trop payé pour son costume (ça ne peut pas marcher et il y croit comme à la terre plate) soit un mercenaire sans âme (il le sait et est un criminel). Bienvenue en Europe exploiteuse ET exploitée. Quittons la en tant que nation. Et redéveloppons en laissant nos voisins du Sud se développer à leur rythme. Un gros marché international est une saleté. Des échanges réduits à ce que l’on ne sait pas produire sont plus respectueux des hommes et de la planète.

      +47

    Alerter
  • Pierre D // 13.05.2019 à 08h27

    … Ou le chant du cygne du néolibéralisme… on a faillit attendre.

      +8

    Alerter
  • Geoffrey // 13.05.2019 à 08h47

    vers un capitalisme d’état ?

    oui mais alors…quid de la méritocratie ? comment en effet justifier que l’état protège ses bourgeois nationaux ? pq protéger un secteur et pas l’autre ?

    et si la concurrence est faussée, comment encore garantir aux prolo’ la possibilité et le droit de sortir de sa condition de prolo’ ? dans le cadre de la jungle libérale, tout les coups sont permis ; aux audacieux/téméraires/cyniques sourient la fortune… mais si l’état pipe les dés ?

    Geof’-Rey – la lutte des classes fait son grand retour

      +8

    Alerter
    • Alfred // 13.05.2019 à 11h16

      Il ne s’agit pas forcément de capitalisme d’état (qui au demeurant existe presque partout au sens où les capitalistes se sont presque partout accaparés l’état..et pipé les dés) mais d’une forme de protectionnisme qui établit des priorités (un chenin plus ou moins logique de construction de la richesse).
      Il y a trois évolutions possible au capitalisme sous protectionnisme (qui a permis l’émergence d’industries).
      1- La croissance se fait verticalement puis horizontalement par la construction de conglomérats diversifiés comme en en Corée ou au Japon. C’est une capitalisme particulièrement oligarchique qui peut très bien se prêter à une forme de fachisme. Le prolo ne quitte sa condition que par connivence.
      2- La croissance est redistribuée dans la population qui voit son niveau de vie augmenter (croissance et diversification intérieure). C’est ce qui a été tenté en France après guerre avec la participation et la redistribution sociale. Le prolo pourrait quitter sa condition de prolo dans un système fermé (si un bourgeois « descend »). En pratique les uns s’arrangent pour ne pas descendre.
      3- La croissance est « allouée » par l’état planificateur (ou… prévaricateur) à travers de grands projets. Cela s’est fait en Chine « alter-communiste » (grands chantiers, routes de la soie), en Union Européenne (redistribution des « aides » européeenes, aux USA (programes spatiaux et militaires). Le prolo ne quitte sa condition que par connivence.
      Dans la vraie vie les trois existent en proportion variées partout. Le sujet n’est pas le bouleversement des hiérarchies mais le développement.

        +7

      Alerter
      • Geoffrey // 14.05.2019 à 08h43

        très bon commentaire…

        je reste néanmoins communiste : gérer ensemble/démocratiquement l’économie dans l’intérêt de tous, car on a tous des besoins communs (manger, se loger, se soigner…) identifiés et collectivisables (dans les limites du bons sens – une seule table à manger pour tous, mais…longue ? ben non).

        l’article dit quoi ? que le capitalisme libéral est un mythe, une fable ; que tjrs de l’argent public a dû être avancé pour permettre l’exploitation capitaliste privée…(praxis : l’Algérie française – l’état s’est ruiné à construire des routes pour..permettre la rapine privée des « grandes familles »). Que c’est plus efficace de NE PAS faire de la compèt’, de « planifier » les investissements/gains futurs plutôt que d’évoluer sur un marché soi-disant parfait…

        Geof’-rey

          +3

        Alerter
      • Sam // 14.05.2019 à 10h39

        Dans vos trois exemples, il s’agit toujours de structures centralisées.
        L’exigence de démocratie, c’est aussi une exigence de décentralisation.
        Décentralisation du pouvoir, de l’argent (redistribution), mais aussi de nos structures urbaines.

          +1

        Alerter
        • Alfred // 14.05.2019 à 12h17

          Vous finirez toujours inéluctablement par atteindre cette structuration centralisée. C’est le propre du capitalisme que la concentration du capital à plus où moins long terme. Fatalement ce pouvoir s’invite et mes ses pieds dans les chaussures du pouvoir étatique. C’est le constat d’une dynamique (contre laquelle on peut lutter), pas une solution.
          Je vous rejoins sur ce qui est souhaitable. Après il ne faut pas être dogmatique comme un Mao Zedong avec ses hauts fourneaux à la campagne. Certaines industries, si nous devions les recréer demanderaient une forme de concentration de capital.
          Il me semble que l’urgence à court terme serait de préserver ce qui existe encore :
          https://www.la-croix.com/Economie/Entreprises/Menaces-turbines-gaz-General-Electric-Belfort-2019-05-09-1201020514
          Rappelez vous il ne s’agit pas de General Electric (« France ») mais d’Alsthom avant la TRA-HI-SON.

            +3

          Alerter
  • relc // 13.05.2019 à 08h52

    « Les pays industrialisés ont progressé par des moyens qui ont été ressentis comme inadmissibles pour le monde en voie de développement »
    « … by means that have been impermissible to the developing world »

    La suite du texte montre que « impermissible » doit être pris au sens de « not allowed » et qu’il faut lire
    « … par des moyens qui n’ont pas été accordés au monde en voie de développement »

    [cf. plus bas la phrase « Mais la plupart des pays en développement se sont vu refuser de telles pratiques »]

    Les moyens en question sont explicités dans les deux paragraphes
    « La politique industrielle – impliquant les entreprises publiques, …  » et
    « Des entreprises d’État bien gérées, … » où ici il faut corriger

    « Des entreprises d’État bien gérées, des pratiques d’approvisionnement du gouvernement et une protection efficace dépendent de la promotion des exportations pour accélérer la transformation structurelle. » en
    « […] et une protection efficace dépendant de la promotion des exportations ont accéléré la transformation structurelle. »
    [C’est-à-dire que ces pratiques ont été efficaces.]
     » … and effective protection conditional on export promotion accelerated structural transformation. »

    « un financement concessionnaire »
    en français vulgaire, c’est un financement « à prix d’ami » (« concessionary »), à un prix inférieur à la normale.

    « Goldman Sachs a tranquillement fermé son fond d’investissement »
    ==> son fonds d’investissement

      +12

    Alerter
  • Patrick // 13.05.2019 à 09h22

    à la place de l’auteur je serais beaucoup plus prudent à propos de la Chine.
    Les Chinois ont bâti des villes fantômes et des infrastructures complètement inutiles pour créer de la croissance du PIB.
    Chaque responsable de région avait des objectifs de croissance fixés par le gouvernement, donc il fallait absolument remplir les objectifs quitte à faire n’importe quoi et à truquer les chiffres. Il a fallu financer tout ça donc il y a eu création de crédit à la pelle ( voire même à la pelleteuse ) , et la banque centrale chinoise est en train d’imprimer du yuan à la tonne pour renflouer tout le système … pas très sain tout ça.

      +13

    Alerter
    • septique // 13.05.2019 à 15h42

      Totalement d’accord avec ce point de vue. Entre 2009 et 2018 la banque centrale chinoise a procédé à la création de 10.000 milliards de $ en yuan non convertibles, 2 fois plus que la croissance de son économie, la planche a billet.

      https://thesoundingline.com/chinas-money-supply-has-outgrown-its-economy-over-two-fold-since-2009/

      Il y a des régions entières vides avec des villes, des routes etc..vides…facile à trouver sur Youtube, un gigantesque crash immobilier associé à la faillite d’entreprises liés à la construction et des conglomerats financiers est dans les cartes..
      Les entreprises chinoises sont lourdement endettées et l’économie est au ralenti depuis le milieu de l’année 2018, il y a eu des licenciements massifs dans le secteur indutriel. Les comptes courants de la Chine sont déficitaires depuis la fin de l’année 2018 et la Chine a besoin de $ pour financer ses achats…la route de la soie (1500 à 2000 milliards de $).

      https://thesoundingline.com/kyle-bass-china-running-out-of-dollars/

      ON peut rappeler que 700 millions de chinois invisibles…vivent avec 2 $ par jour.

      et maintenant les sanctions américaines.

        +4

      Alerter
  • Louis Robert // 13.05.2019 à 19h07

    Son immense et alléchant marché intérieur aidant, la Chine radicalement souveraine s’est ouverte en définissant dans quelles conditions elle accepterait que l’on « brasse des affaires » avec elle. Dans une perspective de bénéfices réciproques, elle a privilégié la voie du partenariat, ainsi que du partage des connaissances et de l’expertise. En cela, la Chine n’a forcé personne à transiger avec elle. Bien au contraire, elle à plutôt été ardemment courtisée au portillon par un Occident en quête de croissance, donc de nouveaux marchés, et de produits lui procurant des profits très supérieurs. Ceux qui ont accepté de causer et de s’y mettre à l’oeuvre ne s’en sont pas repenti$…

    Poursuivant sur sa lancée et démontrant un leadership international exceptionnel, la Chine ne sera jamais le vassal de l’Empire, ce que comprennent difficilement les peuples devenus les fiers vassaux permanents dudit Empire.

      +5

    Alerter
    • septique // 14.05.2019 à 04h33

      Dans vos temps libres..rédigez-vous les communiqués officiels de l’organe central du Parti Communiste Chinois (PCC) ?. A vous lire on pourrait facilement le croire. Un leadership (un anglicisme) exceptionnel, c’est vrai les nombreux articles ici récemment sur ce site, les-crises.fr sur les pillages sans limite de la Chine surtout en Afrique le démontrent. Ici les aventures de vos amis dans la dévastation du secteur de la pêche en Afrique…

      https://www.voanews.com/a/chinese-overfishing-threatens-west-african-economies/3947764.html

      Ou la construction dans le milieu du parc national de Nairobi au Kenya (peut-être pour terminer la récolte des cornes de rhinocéros…) ou la récolte de l’ivoire…d’un chemin de fer…dont le tracé a été choisi parce que c’était le moins cher.

      http://silkroadregained.com/voa/voa-environmentalists-in-kenya-protest-china-backed-railway-construction

      A noter que ce site internet EST INTERDIT en Chine,inaccessible comme Gmail, Instagram, l’ensemble des services google, wikipedia, la liste est trop longue…du leadership….mais oui..

        +1

      Alerter
      • Geoffrey // 14.05.2019 à 08h49

        j’ai beau être communiste, je reste occidental : je n’apprécierais pas vivre « à la chinoise ».

        l’un n’implique nullement l’autre (contrairement à ce que « pensent » les droitards de service).

        précisément, tout n’est pas le fait du communisme; en Chine, il me semble : on parle du facteur culturel ?

        comment expliquer que le régime nord-coréen soit à ce point similaire à celui du Myanmar ? il y aurait d’horribles dictatures (les rouges) et les régimes un peu autoritaires « maaaais ça va » (du genre ex-birman) ?

        Geof’-Rey

          +1

        Alerter
        • spetique // 14.05.2019 à 13h33

          La Chine c’est du capitalisme sans limite et sans vergogne, comme les autres, associé à une répression politique permanente, un parti unique, un profilage social qui peut vous empêcher de prendre le train, de postuler un emploi, un contrôle policier incessant de internet, des medias, l’enrichissement sans limite d’une minorité connectée au dépend de la majorité. Le pays est couvert d’usines dont les conditions de travail sont dignes de celles décrites par Zola.

          Ajoutons à ceci les politiques génocidaires au Tibet, les camps de travail et de ré-éducation (?) pour les musulmans, le saccage du pays et les destructions du sol, la déforestration…

          Un site comme celui-ci n’aurait strictement aucune chance d’exister en Chine, les gens qui critiqueraient le Macron local, etc, seraient soit en prison soit dans l’incapacité de travailler, de se déplacer.

          Communisme en Chine ? Je lisais récemment que la privatisation du système de santé est en route pilotée par le fondateur de Baidu (google local totalement censuré bien sûr).

          Le capitalisme a une longue histoire de méfaits planétaires mais il a trouvé un élève en Chine qui a dépassé le maître..

            +3

          Alerter
      • weilan // 14.05.2019 à 21h07

        Vous racontez n’importe quoi. Notamment sur la « déforestation en Chine » (mais pas que).

        La Nasa, organisme bien connu pour être à la botte de Pékin, dit le contraire:
        https://www.geo.fr/environnement/la-chine-et-linde-participants-actifs-a-la-reforestation-de-la-planete-194651

        Quant au chemin de fer au Kenya, il traverse tout le parc national en viaduc mono-piles qui laisse libre toutes les transhumances animales. Nombres de photos ont été publiées.

          +3

        Alerter
        • septique // 15.05.2019 à 21h27

          Bien sûr je raconte n’importe quoi sur la Chine…mais oui sauf pour les pro-chinois de ce site…

          Comme ca ?

          Le pays est couvert d’usines dont les conditions de travail sont dignes de celles décrites par Zola.

          Ajoutons à ceci les politiques génocidaires au Tibet, les camps de travail et de ré-éducation (?) pour les musulmans, le saccage du pays et les destructions du sol…

          Vous voulez des liens ou simplement vous ne voulez pas voir la vérité ? Tiens..

          http://factsanddetails.com/china/cat10/sub66/item389.html

          Un extrait…

          Illegal logging and slash and burn agriculture consume up to 5,000 square kilometers of virgin forest every year. In northern and central China forest cover has been reduced by half in the last two decades. The mountains in southwest China have suffered serious deforestation, logging, hunting and collection of plants and animals for traditional medicines.

          The last remaining large stands of forest are in northeast Manchuria. Even these are being cut down at an alarming rate to be « made into chopsticks, toothpicks and Ping Pong paddles. » Most of China’s rain forests along southern coast are threatened although a few areas are protected.

          The rain forest of the Congo and Cameroon in central Africa, the Amazon basin and the islands of Indonesia are all being heavily logged to supply China’s growing demand for wood and its rapidly-growing furniture industry.

          Pour l’Inde, je connais le pays du nord au sud..la reforestration…?…Vous y avez mis les pieds une fois dans votre vie ? Vous avez une idée de la pression démographique ?

            +0

          Alerter
  • Sam // 14.05.2019 à 10h40

    « Mais si l’on sort la Chine des BRICS, il ne reste plus que les RIBS ».
    Ribs, en anglais c’est les côtes. Jeu de mot qui veut dire que sans la Chine, il ne reste plus que la peau sur les os.

      +3

    Alerter
  • Afficher tous les commentaires

Les commentaires sont fermés.

Et recevez nos publications