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18.mai.201818.5.2018 // Les Crises

S’en prendre à la Russie, par Paul Fitzgerald et Elizabeth Gould (1/2)

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Source : Paul Fitzgerald & Elizabeth Gould, Consortium News, 29-04-2018

Dans cette première d’une série en deux parties, Paul Fitzgerald et Elizabeth Gould retracent les origines du ciblage néoconservateur de la Russie.

Le magazine allemand Der Spiegel a rapporté en septembre dernier que « Stanley Fischer, 73 ans, vice-président de la Réserve fédérale américaine, connaît bien le déclin des riches de ce monde. Il a passé son enfance et sa jeunesse dans le protectorat britannique de Rhodésie… avant d’aller à Londres au début des années 1960 pour ses études universitaires. Là-bas, il a vécu en direct le démantèlement de l’Empire britannique… Maintenant citoyen américain, Fischer est en train de voir une autre grande puissance prendre congé de la scène mondiale…. les États-Unis perdent leur statut de puissance hégémonique mondiale, a-t-il dit récemment…. Le système politique américain pourrait entraîner le monde dans une direction très dangereuse… »

Avec l’effondrement de l’Union soviétique en 1991 et la création de la Doctrine Wolfowitz en 1992 sous l’administration de George Herbert Walker Bush, les États-Unis ont revendiqué le flambeau de la première et unique puissance unipolaire du monde avec l’intention d’écraser toute nation ou système qui s’y opposerait à l’avenir. Le nouvel ordre mondial, prévu il y a quelques années à peine, devient de jour en jour plus désordonné, aggravé par des degrés divers d’incompétence et d’avidité émanant de Berlin, Londres, Paris et Washington.

Signe supplémentaire des secousses sismiques en cours, au moment où l’interview de Fischer est apparue dans la version en ligne du Der Spiegel celui-ci avait déjà annoncé sa démission en tant que vice-président de la Réserve fédérale – huit mois avant la date prévue. Si quelqu’un est au courant du déclin et de la chute des empires, c’est le « mondialiste » et ancien président de la Banque d’Israël, Stanley Fischer. Non seulement il a fait l’expérience du démantèlement de l’Empire britannique lorsqu’il était jeune étudiant à Londres, mais il a aussi participé directement au démantèlement total de l’Empire soviétique dans les années 1990.

En tant que produit avoué de l’Empire britannique et homme de confiance pour ses objectifs impériaux à long terme, cela fait de Fischer non seulement l’ange de la mort de l’empire, mais aussi son chiffonnier.

Aux côtés d’une poignée d’économistes de Harvard dirigés par Jonathan Hay, Larry Summers, Andrei Shleifer et Jeffry Sachs, dans le « Harvard Project », plus Anatoly Chubaïs, le principal conseiller économique russe, Fischer a contribué à plonger 100 millions de Russes dans la pauvreté du jour au lendemain – en privatisant ou, comme certains diraient, en piratant – l’économie russe. Pourtant, les Américains n’ont jamais eu la vraie histoire parce qu’un récit anti Russie partial a couvert la vraie nature du vol du début à la fin.

Comme le décrit Janine R. Wedel, spécialiste des politiques publiques et anthropologue, dans son livre Shadow Elite [les élites de l’ombre] de 2009 : « Présenté en Occident comme une lutte entre les réformateurs des Lumières essayant de faire avancer l’économie par la privatisation, et les Luddites rétrogrades qui s’y sont opposés, cette histoire a déformé les faits. L’idée ou le but de la privatisation n’était pas controversé, même parmi les communistes… le Soviet suprême russe, un organisme communiste, a adopté deux lois jetant les bases de la privatisation. L’opposition à la privatisation était enracinée non pas dans l’idée elle-même, mais dans le programme de privatisation mis en œuvre, dans la manière opaque dont il a été mis en place et dans l’utilisation du pouvoir exécutif pour contourner le parlement. »

Intentionnellement mis en place pour faire échouer la Russie et le peuple russe sous le couvert d’un faux récit, elle poursuit : « Le résultat a fait de la privatisation « une fraude de facto », comme l’a dit un économiste, et le comité parlementaire qui avait jugé que le plan Chubaïs pour « offrir un terrain fertile pour les activités criminelles » s’était révélé vrai. »

Fischer : Fruit de l’Empire britannique.

Si Fischer, un homme qui a contribué à la création d’une escroquerie de privatisation criminelle dans la Russie post-empire, dit que les États-Unis sont sur une voie dangereuse, le moment est venu pour les Américains post-empire de se demander quel rôle il a joué pour mettre les États-Unis sur cette voie dangereuse. Le brutal traumatisme imposé par Fischer et le projet « prestigieux » de Harvard à la Russie sous la direction de Boris Eltsine dans les années 1990 est peu connu des Américains. Selon James Carden du magazine The American Conservative, « Comme l’a noté le Center for Economic and Policy Research en 2011… « l’intervention du FMI en Russie pendant le mandat de Fischer a conduit à l’une des pires pertes de productivité de l’histoire, en l’absence de guerre ou de catastrophe naturelle ». En effet, un observateur russe a comparé les conséquences économiques et sociales de l’intervention du FMI à ce que l’on verrait à la suite d’une attaque nucléaire de niveau moyen ».

La plupart des Américains ne savent pas non plus que c’est le conseiller du président Jimmy Carter en matière de sécurité nationale, Zbigniew Brzezinski, qui, dans les années 1970, a élaboré le grand plan de conquête du cœur de l’Eurasie qui a fait boomerang pour terroriser l’Europe et l’Amérique au XXIe siècle. Brzezinski a passé une grande partie de sa vie à saper l’Union soviétique communiste et a passé le reste de sa vie à s’inquiéter de sa résurgence en tant qu’empire tsariste sous Vladimir Poutine. Il pourrait être injuste de dire que haïr la Russie était sa seule obsession. Mais une plaisanterie courante au cours de son mandat d’officier supérieur de la sécurité nationale du président était qu’il ne pouvait pas situer le Nicaragua sur une carte.

Brzezinski : Plan directeur pour la domination américaine

Si quelqu’un a fourni le plan pour que les États-Unis gouvernent dans un monde unipolaire après l’effondrement de l’Union soviétique, c’est bien Brzezinski. Et si l’on peut dire que quelqu’un représente le système financier fondé sur la dette qui a alimenté l’impérialisme post-vietnamien aux États-Unis, c’est Fischer. Son départ aurait dû faire frissonner tous les néoconservateurs. Leur rêve d’un nouvel ordre mondial s’est une fois de plus arrêté aux portes de Moscou.

Chaque fois que l’épitaphe abrégée du siècle américain [expression pour caractériser la domination politique, économique et culturelle des États-Unis au cours du XXe siècle, NdT] sera écrite, il sera sûr qu’elle mettra en vedette le rôle emblématique que les néoconservateurs ont joué dans l’accélération de sa disparition. Du chaos créé par le Vietnam, ils se sont mis au travail en restructurant la politique américaine, la finance et la politique étrangère à leurs propres fins. Dominé au début par les sionistes et les trotskystes, mais dirigé par l’establishment anglo-américain et leurs élites du renseignement, l’objectif des néoconservateurs, en collaboration avec leurs partenaires néolibéraux de l’École de Chicago, était de déconstruire l’État-nation par la cooptation culturelle et la subversion financière et de projeter le pouvoir américain à l’étranger. Jusqu’à présent, ils ont connu un succès écrasant au détriment d’une grande partie du monde.

De la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux années 1980, l’accent a été mis sur l’Union soviétique, mais depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, l’accent a été mis sur le démantèlement de toute opposition à leur domination mondiale.

Capitalisme du Pentagone

La finance louche, les mésaventures impériales et le néoconservatisme vont de pair. Les fondateurs de la CIA se considéraient comme des partenaires dans cette entreprise et l’industrie de la défense les a accueillis à bras ouverts. R.T. Naylor, économiste de l’Université McGill, auteur de Hot Money and the Politics of Debt [capitaux spéculatifs et politique de la dette] de 1987, a décrit comment le « Capitalisme du Pentagone » avait rendu possible la guerre du Vietnam en vendant la dette du Pentagone au reste du monde.

« En effet, les marines américains avaient remplacé les convoyeurs de Meyer Lansky [Meyer Lansky, décédé en 1983, était un mafieux américain, associé de la famille Luciano,NdT] et les banques centrales européennes ont arrangé le « blanchiment » », écrit Naylor. « Lorsque le mécanisme a été expliqué au regretté [néoconservateur] Herman Kahn – le sauveteur du chef du think tank de l’époque et un homme qui a popularisé l’idée qu’il était possible de sortir avec le sourire d’une conflagration mondiale – il a réagi avec un plaisir manifeste. Kahn s’est exclamé avec enthousiasme : « Nous avons réussi la plus grande escroquerie de l’histoire ! Nous avons court-circuité l’Empire britannique ». En plus de leur noyau d’intellectuels ex-trotskystes, les premiers néoconservateurs pouvaient compter parmi leurs rangs des personnalités telles que James Burnham, le père de la Guerre froide Paul Nitze, le sénateur Daniel Patrick Moynihan, le sénateur Henry « Scoop » Jackson, Jeane Kirkpatrick et Brzezinski lui-même.

Dès le début de leur entrée dans le courant politique américain dans les années 1970, on savait que leur émergence pouvait mettre en péril la démocratie en Amérique et pourtant, les gardiens plus modérés de Washington leur ont permis d’entrer sans trop se battre.

Le livre désormais classique de Peter Steinfels de 1979, Les Néoconservateurs : Les hommes qui changent la politique américaine commencent par ces mots fatidiques. « LES POSTULATS DE CE LIVRE sont simples. Premièrement, qu’une perspective politique distincte et puissante a récemment émergé aux États-Unis. Deuxièmement, que cette perspective, préoccupée par certains aspects de la vie américaine et aveugle ou complaisante envers d’autres, justifie une politique qui, si elle prévaut, menace d’atténuer et de diminuer la promesse de la démocratie américaine ».

Mais bien avant les considérations de Steinfels en 1979, le programme néoconservateur qui consistait à faire passer leurs propres intérêts avant ceux de l’Amérique était en bonne voie, atténuant la démocratie américaine, sapant la détente et mettant en colère les partenaires américains de l’OTAN qui la soutenaient. Selon l’éminent spécialiste de l’URSS Raymond Garthoff du département d’État, la détente a été attaquée par les forces de droite et les forces militaro-industrielles (dirigées par le sénateur « Scoop » Jackson) dès son début. Mais l’appropriation de cette politique par les États-Unis a changé à la suite de l’intervention des États-Unis au nom d’Israël pendant la guerre d’octobre 1973. Garthoff écrit dans son volume détaillé sur les relations américano-soviétiques Détente et Confrontation, « Pour les alliés, la menace [à Israël] ne venait pas de l’Union soviétique, mais d’actions imprudentes de la part des États-Unis, prises unilatéralement et sans consultation. Le pont aérien [d’armes] avait été assez mauvais. Le potentiel agressif des forces militaires américaines en Europe était trop élevé. »

Jackson : Père fondateur des Néoconservateurs.

En plus de l’embargo pétrolier arabe paralysant qui a suivi, la crise de confiance dans le processus décisionnel américain a failli provoquer une mutinerie au sein de l’OTAN. « Les États-Unis avaient utilisé la situation de crise pour convertir un conflit arabo-israélien, dans lequel les États-Unis s’étaient plongés, dans une confrontation Est-Ouest. Puis ils avaient utilisé cette tension comme excuse pour exiger que l’Europe subordonne ses propres politiques à un pari diplomatique américain manipulateur sur lequel elle n’avaient aucun contrôle et au sujet duquel elle n’avait même pas été mise au courant, tout cela au nom de l’unité de l’alliance ».

En fin de compte, les États-Unis ont trouvé une cause commune avec leur ennemi soviétique de la Guerre froide en imposant un cessez-le-feu accepté à la fois par l’Égypte et Israël, confirmant ainsi l’utilité de la détente. Mais comme l’a raconté Garthoff, ce succès a déclenché un effort encore plus grand de la part des « nombreux soutiens de la politique israélienne » aux États-Unis pour commencer à s’opposer à toute coopération avec l’Union soviétique.

Garthoff écrit : « Les États-Unis avaient poussé Israël à faire précisément ce que l’Union soviétique (ainsi que les États-Unis) avait voulu : arrêter son avancée juste avant l’encerclement complet de la troisième armée égyptienne à l’est de Suez… Ainsi [les nombreux soutiens de la politique israélienne] ont vu la convergence des intérêts américains et la coopération effective en imposant un cessez-le-feu comme un signe avant-coureur d’une plus grande coopération future par les deux superpuissances en travaillant à la résolution du problème israélo-arabe-palestinien ».

Copyright © 2018 Fitzgerald & Gould Tous droits réservés. Cet article est d’abord paru sur Invisible History.

A suivre, Partie 2 : La stratégie globale d’après-guerre des néoconservateurs a été façonnée principalement par la Russophobie contre l’Union soviétique et maintenant contre la Russie.

Paul Fitzgerald et Elizabeth Gould sont les auteurs de Invisible History : Afghanistan’s Untold Story, Crossing Zero : The AfPak War at the Turning Point of American Empire et The Voice. Visitez leurs sites Web à invisiblehistory et grailwerk.com.

Source : Paul Fitzgerald & Elizabeth Gould, Consortium News, 29-04-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

DUGUESCLIN // 18.05.2018 à 08h24

C’est la façon dont la privatisation est utilisée qui pose un grave problème.
A partir du moment où on perd le contrôle de l’industrie et des infrastructures, les gouvernants n’ont plus de pouvoir de décision.
Par exemple si un pays n’a plus le contrôle de son industrie de l’armement, les financiers propriétaires peuvent du jour au lendemain décider de la finalité de cette industrie qui servira leurs intérêts supranationaux mais pas celle du pays où ils sont installés. Autre exemple, le domaine des transports qui sera organisé en fonction de leur rendement. Si ça ne paye pas, on ferme. Ou encore si la politique du pays ne leurs convient pas, on menace comme on veut, de fermeture, de délocalisation, de troubles sociaux et tout autres moyens.
Les gouvernants n’ont plus que le seul pouvoir de décider des impôts et des lois sociales qui en aucun cas ne peuvent déplaire aux financiers.
C’est surtout à ça que sert la privatisation dans le cadre de la mondialisation.
C’est le transfert d’un super pouvoir mondial à des financiers qui deviennent maîtres du monde.
Les « souverainistes » sont combattus pour qu’aucun pays ne puisse avoir la maîtrise de son destin. Ces financiers savent utiliser les idéologies supranationalistes ou internationalistes pour renforcer leur pouvoir au détriment des nations.

18 réactions et commentaires

  • Homère d’Allore // 18.05.2018 à 07h07

    Cette engeance néo-cons est autant influente en France qu’au USA.

    Il suffit de suivre les tweets de Tertrais, Tenzer, Lafon, Mas, « AbuJaffar », Hénin pour s’en convaincre.

    L’ouvrage « La face cachée du Quai d’Orsay », paru il y a deux ans, pointe aussi la « secte du Quai », véritable nid de vampires.

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  • DUGUESCLIN // 18.05.2018 à 08h24

    C’est la façon dont la privatisation est utilisée qui pose un grave problème.
    A partir du moment où on perd le contrôle de l’industrie et des infrastructures, les gouvernants n’ont plus de pouvoir de décision.
    Par exemple si un pays n’a plus le contrôle de son industrie de l’armement, les financiers propriétaires peuvent du jour au lendemain décider de la finalité de cette industrie qui servira leurs intérêts supranationaux mais pas celle du pays où ils sont installés. Autre exemple, le domaine des transports qui sera organisé en fonction de leur rendement. Si ça ne paye pas, on ferme. Ou encore si la politique du pays ne leurs convient pas, on menace comme on veut, de fermeture, de délocalisation, de troubles sociaux et tout autres moyens.
    Les gouvernants n’ont plus que le seul pouvoir de décider des impôts et des lois sociales qui en aucun cas ne peuvent déplaire aux financiers.
    C’est surtout à ça que sert la privatisation dans le cadre de la mondialisation.
    C’est le transfert d’un super pouvoir mondial à des financiers qui deviennent maîtres du monde.
    Les « souverainistes » sont combattus pour qu’aucun pays ne puisse avoir la maîtrise de son destin. Ces financiers savent utiliser les idéologies supranationalistes ou internationalistes pour renforcer leur pouvoir au détriment des nations.

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  • Lysbeth Levy // 18.05.2018 à 08h45

    Le travail de sape américaine contre l’Urss n’a jamais cessé depuis sa fondation dans les années 20 (révolution d’octobre) , par tous les moyens possibles : mensonges, blocus, crises, propagande, terrorisme, menée a coups de milliards jusqu’à la chute finale des années 90 ! En pillant ensuite ce pays « ils se sont remboursé » sur la « bête » mettant en danger des millions de soviétiques, Brzezinski lui même se félicitait d’avoir ramené l’espérance de vie des (hommes) russes à 49 ans, soit un chiffre digne de l’Afrique. Alors je comprends les russes de nos jours et Poutine qui a décidé de ne pas se laisser faire, ni de revenir en arrière. Et la survie les russes connaissent quand on connait leur histoire dramatique sous la seconde guerre mondiale dont ils gardent encore des stigmates. Ces communicants haineux (Mendras, Henin, etc) font semblant de ne pas comprendre l’Histoire et le vécu de ce peuple pourtant pacifique envers d’autres peuples. Les néoconservateurs sont les héritiers des nazis qu’ils ont recruté en masse dès la fin de la dernière guerre. La comparaison faite par l’auteur entre la mafia (Meyer Lansky) et les méthodes du Départements d’état, est bien vu. Excellent article sur le sujet qui lie le présent et le passé.

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    • douarn // 18.05.2018 à 11h29

      Bonjour Lysbeth Levy

      Il me semble que les évènements de Bakou (cf. Auzanneau : Or noir, la grande histoire du pétrole) dans les années 20 sont trop souvent oubliés. Je crois que c’est le point de départ de la lutte des capitalistes occidentaux contre les idées socialistes et non pas la doctrine en elle même à l’époque qui, a priori ne s’est pas encore traduite dans les faits économiques.

      Sous autorité russe (1805), Bakou est l’une des aires majeures de production de pétrole à cette époque. Mais la zone est pillée de son pétrole, dans des conditions humaines d’exploitation effroyables, par des dynasties familiales fort influentes encore de nos jours : les Nobel (Branobel, 1873), Rotschild (1883) et Rockfeller. Un ouvrier du nom de Staline y organisait des émeutes ouvrières. Le Komintern y tient le premier congrès des peuples d’Orient pour leurs émancipations (1920). L’Azerbaïdjan et la Géorgie sont rattachées à l’Union soviétique (1921) avec socialisation des compagnies pétrolières.
      http://branobelhistory.com/

      Les néoconservateurs sont apparus, je crois, en réaction aux idées de progrès sociaux et sont mûs par la préservation sans empathie de leurs intérêts bien avant la WWII. Ils sont armés de 3 pouvoirs qui lient les poings des démocraties : l’énergie, l’armement et la finance.

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      • Homère d’Allore // 18.05.2018 à 13h52

        Les néo-conservateurs ne sont pas « contre le progrès social ». Ils s’en accommodent ou non selon l’époque. Pour eux, ce n’est pas un critère très important, en bien comme en mal.

        Leur idéologie est celle de l’Empire.

        Si les citoyens de l’Empire peuvent se permettre de vivre correctement ou même plus en pillant le reste du monde, pourquoi pas ?
        L’important est que règne la Liberté, du moins celle représentée par « cette dondon new-yorkaise, aux tripes d’acier français, qui se voit depuis la mer »…

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        • douarn // 18.05.2018 à 17h20

          Bonjour Homère
          Mon commentaire sur l’opposition au « progrès social » ne faisait qu’évoquer ce qui me semblait être les conditions de l’apparition et les motivations des néoconservateurs dans le contexte des années 20-30.

          Vous avez certainement raison par la suite, les néoconservateurs s’accomodent très bien des pillages extra territoriaux pour alimenter les écosystèmes économiques des « démocraties occidentales » … pourvu que les voitures roulent sur les routes des vacances, que les consommateurs empruntent et que les sphères de pouvoirs soient un tant soit peu conciliantes.

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          • Homère d’Allore // 18.05.2018 à 19h11

            Bonsoir douarn,

            On appréciera d’autant cette citation attribuée au roi Mithridate par Salluste:

            « Tu ignores peut-être que les Romains, depuis leur origine ne possèdent rien qui ne soit le fruit du pillage; que de misérables fugitifs qu’ils étaient, sans patries et sans familles, ils se sont faits peuple pour devenir le fléau du monde; qu’aucune loi humaine ou divine ne les retient de spolier et d’anéantir leurs propres alliés, proches ou lointains, faibles ou puissants et de considérer comme ennemis tous ceux qui ne sont pas leurs esclaves, et tout specialement les royaumes. »

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            • douarn // 18.05.2018 à 20h08

              Merci, je ne connaissais pas

                +0

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        • Sandrine // 19.05.2018 à 14h16

          « Leur idéologie est celle de l’empire »
          Alors pourquoi chercheraient-ils a détruire l’empire américain? Pour établir un gouvernement mondial qui serait un réseau d’entreprises multinationales ?
          Quel serait le mobile fondamental? La quête de la puissance ? Créer un homme nouveau régit par un pur « connatus »?

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      • Lysbeth Levy // 19.05.2018 à 19h05

        Oui c’est exact que le pétrole est depuis le début un moyen historique pour les Usa pour asseoir a jamais leur suprématie économique, Rockfeller, Rottschid, Nobel furent les premiers a ce jeu : posseder tout le pétrole du monde .De fait c’est sous Regan conservateur que sont nés les « néoconservateurs » sachant proche la fin de l’Urss, leurs intellectuels, économistes ultra-libéraux ont décidé de « libéraliser a mort » l’économie, la société, la finance ce qui allait coincider avec la fin du seul pays qui représenter « en rêve » la fin du Capitalisme. D’ou la situation rétrograde actuelle quasi mondiale, le dollar faisant la pluie et le beau temps. Historiquement aussi c’est a ce moment là qu’apparait la ré-écriture de l’histoire de notre monde avec la visite de Reagan a Bitburg (réhabilitation des anciens nazis) Ernest Nolte, Courtois et Furet et les nouveaux philosophes allaient tenter de clouer le cercueil d’un régime (communiste, soviétique) en le mettant « a égalité avec le nazisme ». La fin des états nations européens, asiatiques ou africains est en cours afin que les Usa continuent dans la voie missionnariste de l’Empire unipolaire, dénoncé par certains auteurs. Que le drapeau américain soit sur toutes les mers voilà le crédo Us depuis le début ..

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    • Marie // 18.05.2018 à 14h36

      « Le travail de sape américaine contre CUBA n’a jamais cessé depuis » la révolution (en marche..;toujours) de 1959…tout ce que vous écrivez sur l’URSS est ce que Castro confie à l’ex directeur du « Monde diplomatique » en 2007, concernant Cuba.Mot pour mot mais il n’y a pas de « chute finale des années 90 » . Heureux Cubains, j’en témoigne, peuple debout. Castro était cependant très critique à l’égard du modèle soviétique, sait-on qu’il n’a JAMAIS adhéré au parti communiste?

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    • konrad // 19.05.2018 à 06h21

      Bonjour,
      Vous écrivez : « ce peuple pourtant pacifique envers d’autres peuples. »
      Pardon pour cette parenthèse mais ce n’est pas ce que diraient les polonais au vu de leur histoire avec leur voisin russe.
      Il y a dans chaque pays, et à fortiori lorsqu’ils sont puissants, un prima qui est la défense de ses intérêts par divers moyens qui s’accordent mal avec la morale. La Russie n’échappe pas à la règle.
      Bonne journée.

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    • Sandrine // 19.05.2018 à 13h12

      « Les néons conservateurs sont les héritiers des nazis »
      Pourriez-vous développer ?

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      • Lysbeth Levy // 19.05.2018 à 18h35

        En effet c’est peut-être un peu « facile » mais les Usa ont si besoin de matières premières, d’être les grands « missionnaires » de ce monde, qu’ils ont intégré dès le début cette idéologie, déjà a travers l’eugénisme l’esclavagisme, le racisme (inhérent a ces deux idées iniques), La récupération des anciens collabos nazis, des responsables les plus criminels allemands, ce pour les mettre a leur service, au plus haut niveau de l’état, ont fait qu’ils en ont épousé tout naturellement les idées de suprématie : humaine, économique, politique, culturelle. L’Amérique na jamais été démocratique et a soutenu les pires régimes racistes de ce monde dont celui d’Hitler au début. pour aider a le détruire ensuite. Russ Bellant dans son livre « vieux nazis, nouvelle droite et leur influence sur le parti républicain « : https://fair.org/extra/the-gop-nazi-connection/ Il démontre que ces éléments ont gravement influé sur la politique étrangère américaine. Les néoconservateurs gagnant étaient anti-soviétiques reconverti en 1991 en anti-nations arabes/islamophobes et pro-israelien ont pris fait et cause pour « leur bras » armé « Israel », en passant par le trotskysme et les reaganisme.https://www.cia.gov/library/center-for-the-study-of-intelligence/kent-csi/vol40no5/pdf/v40i5a12p.pdf
        Christopher Simpson lui a écrit : » Blowback » et les effets sur la politique intérieure extérieure américaine : http://www.thirdworldtraveler.com/Fascism/Blowback_CSimpson.html Des criminels qui ont servi dans la lutte contre l’Urss et dont on voit les effets en Europe de l’Est en particulier. D’anciens « antisoviétique » devenus néocons, russophobes-pro-israeliens continuent à aider soutenir les pires fascistes.et les méthodes éprouvées ! (torture, escadrons de la mort, drogue, science dévoyée). Ce qui est dénoncé par les altermédias le plus souvent.et omis dans les médias mainstream.

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  • Leïla // 18.05.2018 à 10h24

    Il est un élément important qui n’est pas évoqué. La religiosité des états-unis.
    Les choix de ces  » néo-cons  » ne sont pas décidés par hasard. L’idéologie qui les sous-tend est très  » WASP « .
    Israël n’est qu’une tête de pont pour le contrôle du pétrole mais si vous demandez à un de ces protestant intégriste ce qu’ils comptent faire d’Israël, ce que j’ai fait….la réponse a été,  » ils se convertiront « .
    Les anciens Rhodésiens, Zimbabwe aujourd’hui sont aussi très religieux. On pouvait trouver à une époque 30 églises américaines dans un petit pays comme la Zambie ! Il n’y a pas que le contrôle des matières premières mais aussi celui des esprits. Les Russes ont commis l’irréparable…le communisme. On ne dira jamais à quel point les américains ont une phobie du communiste. Ce n’est plus vrai depuis longtemps mais cette génération a été instruite sous l’URSS. Communisme et religion ne faisaient pas bon ménage.

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    • Homère d’Allore // 18.05.2018 à 13h14

      Les néo-conservateurs ne sont pas religieux. Sauf si l’on considère les droits de l’homme comme une religion bien utile à rappeler au cas par cas.
      Les néo conservateurs sont nés à l’intérieur des milieux trotskystes US dans les années 30 à 50. Ils sont donc d’une famille politique très éloignée des conservateurs religieux. Lire à ce propos le livre de Justin Vaïsse.

      Leur alliance actuelle avec la droite religieuse évangélique est contingente. Toutefois, elle s’est déjà produite du temps de W.

      Mais leur vraie place forte, c’est l’aile droite du Parti Démocrate. Qui correspond en idéologie à En Marche chez nous.

      La confusion entre néo conservateurs et conservateurs religieux est volontairement entretenue par les néo cons français du type Caroline Fourest ou BHL qui, ainsi, se permettent de dire qu’ils n’en font pas partie.

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  • moshedayan // 18.05.2018 à 10h35

    L’interprétation du déroulement du conflit arabo-israëlien de 1973 ne correspond pas du tout à celle donnée par l’historiographie soviétique des années 80 (sourcée par les conseillers soviétiques en Egypte et en Syrie). Selon moi, l’historiographie russe n’a pas beaucoup changé. Selon l’URSS, l’objectif était de retrouver les territoires de 1967 et l’attitude de l’Armée égyptienne n’a pas été comprise (par les Soviétiques – arrêt prématuré de certaines opérations, Pourquoi ? contacts avec les Etats-Unis? )
    Le reste de l’article est un rappel de la stratégie américaine. Il faut espérer seulement que les autres pays, hormis l’UE qui n’a rien pour elle et ne signifie rien au fond, tireront la seule leçon valable : sortir du dollar et coopérer entre eux pour étouffer la puissance américaine.

      +2

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  • relc // 18.05.2018 à 11h37

    « Le pont aérien [d’armes] avait été assez mauvais. Le potentiel agressif des forces militaires américaines en Europe était trop élevé. »

    C’est le complément de la phrase précédente qui nous dit que les alliés des Etats-Unis préféraient garder leurs distances.

    Lire
    « le pont aérien avait déjà été une chose suffisamment mauvaise. La mise en état d’alerte des forces américaines en Europe était trop »

    The airlift [of arms] had been bad enough. The U.S. military alert of its forces in Europe was too much.”

    En ce temps-là les Etats-Unis n’avaient pas les moyens d’envoyer des avions directement depuis leur territoire jusqu’en Israël, une escale en Europe était nécessaire. Tous les Etats européens avaient refusé, sauf le Portugal qui avait prêté sa base de Lajes aux Açores, et les Pays-Bas, en catimini (les membres du cabinet n’étaient même pas tous au courant).

    Les avions partant des Açores devaient suivre une trajectoire très précise, bien au centre de la Méditérranée, pour ne survoler ni des territoires européens, ni des territoires arabes. Le parcours ayant été jugé dangereux, ils étaient accompagnés par des chasseurs de la sixième flotte dont le quartier général était à Naples.

    Dans la nuit du 24 au 25 octobre, les forces américaines, dont celles du commandement européen et la sixième flotte, avait été mises en état d’alerte, niveau DefCon3, « le plus haut depuis la crise de Cuba de 1962 », suite à des renseignements de la CIA laissant craindre la livraison d’armes nucléaires par des navires soviétiques.

    ==========
    « l’épitaphe abrégée du siècle américain »

    Ce n’est pas l’épitaphe qui sera abrégée, c’est le siècle américain.
    « Whenever the epitaph for the abbreviated American century is written, it will …  »

    « Quand l’épitaphe du siècle américain abrégé sera finalemernt écrite, »

      +7

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