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Ventes d’armes : France et Émirats arabes unis, partenaires dans les crimes commis au Yémen ?

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80 avions de chasse Rafale : le bilan spectaculaire de la tournée du président Macron dans les pays du Golfe en décembre 2021 vient illustrer la vitalité des exportations de matériel militaire français dans la région. La FIDH et ses organisations membres et partenaires, publient le rapport “Ventes d’armes : France et Émirats arabes unis, partenaires dans les crimes commis au Yémen ?”.

Source : LDH-france.org – 14-12-2021

Ce rapport est le produit d’une recherche menée en partenariat avec l’Observatoire des armements, entre avril 2019 et avril 2021 par la FIDH et ses organisations membres du Yémen, du Golfe et de la France, respectivement Mwatana for Human Rights, le Gulf Centre for Human Rights (GCHR) et la Ligue des droits de l’Homme (LDH), ainsi que son organisation partenaire l’Observatoire des armements. Il révèle que les entreprises et l’Etat français n’ont pas respecté certains de leurs engagements internationaux en matière de droits humains, ce qui les rendrait potentiellement complices des crimes commis par les Emirats arabes unis.

Lire l’intégralité sur rapport sur fidh.org – 14/12/2021

En droit français, les exportations de matériel militaire sont soumises au principe de prohibition sauf dérogation de l’exécutif. Il s’agit de s’assurer que l’armement “Made in France” n’alimente pas de conflit armé, de guerre civile, ni ne serve à commettre des violations des droits humains. Pourtant la France vend des armes aux Emirats arabes unis alors qu’ils sont engagés dans la guerre au Yémen, et donc à l’origine de la plus grande catastrophe humanitaire du monde selon l’ONU, qui a causé la mort de près de 400 000 personnes.

En décrochant la 3e place des plus gros exportateurs de matériel militaire au monde en 2020, la France se taille un succès commercial au détriment de ses engagements internationaux, puisqu’une part significative de ces fournitures équipe un régime accusé de violations du droit international des droits humains et du droit international humanitaire. Par l’intrication complexe des liens politiques, militaires et industriels tissés au fil des années afin de contourner le droit international, le partenariat étroit entre la France et les Emirats arabes unis fait figure de cas d’école. Il dessine les contours d’un véritable “système” pensé pour contourner les garde-fous légaux et moraux qui encadrent le commerce de l’armement.

Ainsi, la multiplication des transferts de technologies et l’implantation de grandes firmes de l’industrie hexagonale (ou de leurs succursales) au cours des dix dernières années ont fait d’Abu-Dhabi le cinquième plus important acheteur des équipements militaires français. La puissance du Golfe fait ainsi office de « zone grise » où vendre, fabriquer ou faire transiter du matériel français, sans entraves. Dénoncée depuis des années, et notamment au sujet du matériel de surveillance français fourni à l’Egypte d’Al-Sissi, cette duplicité institutionnalisée échappe toujours à tout contrôle démocratique efficace.

Notre rapport présente d’abord les obligations juridiques pour la France en matière d’exportation d’armement et documente l’implication d’Abu-Dhabi et de groupes affiliés dans le conflit au Yémen et dans la violation des droits humains. Il produit plusieurs témoignages directs et circonstanciés de victimes de ces exactions. Le second volet du rapport revient sur le développement du partenariat stratégique entre la France et ses alliés émiratis. Il met à jour le système qui permet le circuit d’exportations directes d’armement, le transfert de connaissances et de compétences françaises ainsi que le développement conjoint d’armements avec les Emirats, dans le cadre d’un projet impliquant d’autres fournisseurs (allemands, britanniques, etc.), et enfin le développement d’armements par des filiales étrangères d’entreprises françaises.

Les constats tirés de ces travaux viennent confirmer la pertinence des revendications portées par l’Observatoire des armements, la FIDH et ses organisations partenaires depuis des années. La première, reste d’interdire les exportations d’armes et de technologies de surveillance vers les Emirats arabes unis tant que de graves violations des droits humains sont commises par les autorités, les forces militaires et les forces mandataires de ce pays à l’intérieur du pays ou à l’étranger et notamment au Yémen. Et tant que les abus commis n’ont pas fait l’objet d’une enquête. Nous demandons aussi la création d’une commission d’enquête parlementaire permanente, chargée du contrôle systématique a priori et a posteriori, des exportations françaises d’armes et de matériel de surveillance vers des destinations sensibles. Nous demandons ensuite la réforme du processus d’autorisation des exportations d’équipements d’armement et de biens à double usage, dont l’opacité actuelle est particulièrement alarmante.

Signataires : FIDH / Mwatana for Human Rights / Gulf Centre for Human Rights (GCHR) / Ligue des droits de l’Homme (LDH)/ L’Observatoire des armements


Made In France : les Émirats arabes unis (EAU), plateforme des ventes d’armes françaises dans le monde

En France, vendre et exporter des armes est interdit. Sauf exceptions expresses décernées par l’exécutif… Pourtant en 2020, c’est la France qui fait figure d’exception, en décrochant la 3e place des plus gros exportateurs de matériel militaire au monde. Un succès commercial au détriment des engagements internationaux, puisqu’une part importante de ces fournitures équipe des régimes accusés de violer les droits humains et d’alimenter des conflits. À ce titre, le partenariat étroit entre la France et les Émirats arabes unis fait figure de cas d’école.

Lire le rapport complet sur exceptions-francaises.fidh.org

Au fil des alliances stratégiques, des transferts de technologies et de l’implantation de grandes marques de l’industrie hexagonale (ou de leur succursales) au cours des dix dernières années, Abu Dhabi est devenu le cinquième client le plus important des équipements militaires français. La puissance du Golfe fait ainsi office de « zone grise » où vendre, fabriquer ou faire transiter du matériel « Made In France », sans entraves. Avec des conséquences dramatiques sur le terrain, au Yémen notamment. Le coût humain d’une aubaine commerciale, pour lequel la France pourrait être considérée comme un « partenaire de crime » au regard de cette duplicité institutionnalisée, et qui échappe à tout contrôle démocratique efficace.

Source : fidh.org – 14/12/2021


La France partenaire des crimes des Émirats arabes unis

Dans un rapport publié en exclusivité par Disclose, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) apporte les preuves des crimes de guerre perpétrés au Yémen par le 5e client d’armes de la France.

Lire l’article complet sur Disclose.org – 14-12-2021


La France continue d’alimenter en armes le conflit au Yémen

« Une sale guerre ». C’est ce que déclarait, le 28 mai 2019, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères pour parler du conflit au Yémen. Pourtant, cela n’a pas empêché la France de poursuivre ses livraisons de matériels de guerre aux principaux pays impliqués : l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.

En 2019, la France a continué de violer ses engagements internationaux. Alors que le conflit au Yémen fait toujours rage, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis restent des clients privilégiés, selon le rapport au Parlement sur les exportations d’armement, publié le 2 juin 2020, par le ministère des Armées.

La France a livré pour un montant de 1,379 milliards d’euros de matériels de guerre à l’Arabie saoudite et pour un montant de plus de 287 millions d’euros aux Emirats arabes unis. Ainsi, ces deux pays sont respectivement aux 2ème et 5ème rangs des pays clients de la France, en matière de livraisons de matériels de guerre.

Alertes, courriels, plaidoyer, campagne, rapports de recherche, enquêtes de journalistes, les autorités françaises sont parfaitement au courant de ce qu’il se passe au Yémen.

Lire l’article complet sur Amnesty.fr – 11-06-2020

Commentaire recommandé

Myrkur34 // 02.04.2022 à 09h54

Entièrement d’accord avec cet article sur l’hypocrisie des dirigeants français dans cette histoire, le complexe militaro-industriel français existe et fait partie des nombreux lobbies qui tiennent le véritable manche en France. Une des nombreuses subdivisions du capitalisme de base à la sauce mercantile.
Et nos ardents amis européens ne nous aident pas à changer nos vilaines habitudes vu qu’au moins 1/3 de ceux ci achètent du F-35 américain…pour être tranquille sur leurs autres produits d’exportation.
Et nos super amis allemands (sic) ne sont même pas capables d’acheter du Rafale pour penser au moins fois à cette fameuse construction européenne tant vantée par notre cabri national sur tous les tons.
Pour paraphraser Joe Pesci , les allemands nous enc….. dés que possible tant au niveau européen qu’au niveau industriel. Il n’y a aucun couple franco-allemand, nous sommes à peine un partenaire de fin de 1ère division qui a juste le droit de dire oui ou d’aller se faire voir.
Ps:(Et il y a encore des neuneus qui vont s’offrir le voyage pour la coupe du monde du football au Qatar (un autre parangon de démocratie) en novembre sans aucun remords, j’ai boycotté le ski industriel en Chine à la tv, je boycotterai la compétition future et les stades construits avec des esclaves, tarifés au petit bonheur la chance et 6500 morts sur 10 ans de construction)

10 réactions et commentaires

  • Fabrice // 02.04.2022 à 07h09

    Les armes sont le doit qui désigne la lune mais les munitions sont le plus important qu’en est-il des munitions.

    Du fusil en passant par le char ou l’avion tous ont besoin de munitions sans elles c’est « joli » mais ça sert à pas grand chose, c’est là qu’il faut porter notre attention surtout que notre propre défense se plaint du manque de munitions http://www.opex360.com/2022/03/16/sagissant-des-munitions-les-forces-francaises-manquent-depaisseur-pour-un-conflit-de-longue-duree-selon-m-cambon/

    Ce qui signifierait que l’on sacrifie notre défense national pour aider à des crimes de guerre cela serait un double scandale et prouverait l’incurie de nos dirigeants en plus de leur complicité.

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  • Yann // 02.04.2022 à 07h24

    Les Yéménites (et les Ukrainiens) dénoncent avec la plus grande fermeté la violence inacceptable de la gifle de Will Smith aux Oscars. Du moins…ceux qui sont encore vivants.

      +7

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  • Cherchieur // 02.04.2022 à 08h48

    Faire la fine bouche sur les clients, c’est la mort de l’industrie militaire francaise et la soumission à l’industrie américaine. La peste ou le choléra? Dans les deux cas ca vous donne du grain à moudre pour de futurs articles.

      +4

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    • Obermeyer // 02.04.2022 à 17h20

      On peut toujours produire pour sa propre armée , son propre pays sans exporter des armes létales …. ça coûte plus cher c’est sûr , mais c’est plus moral .

        +2

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    • Grd-mère Michelle // 08.04.2022 à 14h25

      « On » pourrait aussi arrêter de produire et d’acheter(en accord avec les pays partenaires de l’EU, pour commencer), avec l’argent récolté grâce à notre force de travail et notre consommation « machinale », des armes et des munitions, et consacrer les ressources (humaines, naturelles, énergétiques et financières), nécessaires à cette production, à leur « recyclage » dans les domaines des infrastructures et de la construction, par exemple… pour établir une société plus vivable, plus apaisée, moins souffrante, où la dignité et la santé de chacun-e serait la préoccupation principale…
      Et, conjointement, rompre « l’Alliance atlantique » qui, comme d’aucun-e-s le soulignent régulièrement, intelligemment, n’a plus aucun sens…
      QUI oserait attaquer une UE désarmée?

      Car, sinon, nos protestations légitimes seront toujours étouffées dans la douleur et le sang par la force brutale des « autorités » malveillantes(et/ou mal-avisées).

        +1

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  • Myrkur34 // 02.04.2022 à 09h54

    Entièrement d’accord avec cet article sur l’hypocrisie des dirigeants français dans cette histoire, le complexe militaro-industriel français existe et fait partie des nombreux lobbies qui tiennent le véritable manche en France. Une des nombreuses subdivisions du capitalisme de base à la sauce mercantile.
    Et nos ardents amis européens ne nous aident pas à changer nos vilaines habitudes vu qu’au moins 1/3 de ceux ci achètent du F-35 américain…pour être tranquille sur leurs autres produits d’exportation.
    Et nos super amis allemands (sic) ne sont même pas capables d’acheter du Rafale pour penser au moins fois à cette fameuse construction européenne tant vantée par notre cabri national sur tous les tons.
    Pour paraphraser Joe Pesci , les allemands nous enc….. dés que possible tant au niveau européen qu’au niveau industriel. Il n’y a aucun couple franco-allemand, nous sommes à peine un partenaire de fin de 1ère division qui a juste le droit de dire oui ou d’aller se faire voir.
    Ps:(Et il y a encore des neuneus qui vont s’offrir le voyage pour la coupe du monde du football au Qatar (un autre parangon de démocratie) en novembre sans aucun remords, j’ai boycotté le ski industriel en Chine à la tv, je boycotterai la compétition future et les stades construits avec des esclaves, tarifés au petit bonheur la chance et 6500 morts sur 10 ans de construction)

      +19

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    • Marcob // 02.04.2022 à 22h56

      « Et nos super amis allemands (sic) ne sont même pas capables d’acheter du Rafale pour penser au moins fois à cette fameuse construction européenne tant vantée par notre cabri national sur tous les tons »

      Nos super amis allemands sont tout à fait capables d’acheter du Rafale par contre ils sont incapables (ou empêchés) d’adapter les bombes atomiques US dessus… (évidemment le F35 est actuellement le seul appareil vendu par les Yankees capables d’emporter ces petites bombinettes).

        +2

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  • RGT // 02.04.2022 à 10h27

    La vente d’armes est et a toujours été une question « morale » à géométrie variable et au final c’est bel et bien la capacité du client à payer qui définira la « moralité » de cette vente…

    Particulièrement si ledit « client » a la possibilité de s’approvisionner chez un « concurrent ».

    Le principal problème consiste bien dans le comportement de la « communauté internationale®™ » qui condamne avec vigueur tout conflit qui ne satisfait pas ses propres intérêts.
    Que ces intérêts soient géopolitiques, colonisateurs, prédateurs ou simplement commerciaux avec des contrats mirobolants à la clé.

    Ensuite, « nos » élites ne vont pas s’encombrer de quelques centaines de milliers, voire millions de « moins que rien » qui seront victimes de « dommages collatéraux » causés par les « joyaux chirurgicaux de haute technologie ».

    Premier principe du commerce : Le client à toujours raison (tant qu’il paye rubis sur l’ongle et qu’il ne vient pas nous emmerder avec des réclamations à la con).

    Le SEUL moyen d’éviter ces conflits consisterait en l’approbation de chaque vente de matériel militaire par une autorité totalement indépendante des états et composée uniquement de « moins que rien » qui pourraient être les victimes de ces matériels.
    À mon avis, le lobby militaro-industriel se recyclerait immédiatement dans la fabrication de matériel civil bien plus utile pour l’ensemble de la population mondiale.
    Plus d’armes, plus de problème…
    Et ce n’est pas avec des pioches qu’il serait possible de commettre des massacres de masse avec un grande facilité.

    Mais il ne faut pas rêver, business is business…

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    • Grd-mère Michelle // 02.04.2022 à 16h35

      Oui, vous avez 1000fois raison, mais IL FAUT OSER RÊVER!
      Car c’est la lassitude et le découragement des partisan-e-s de la Paix qui les mènent à la soummission aux adeptes du « business as usual » (le fameux consentement à leur « ordre » établi dans le but de s’enrichir et de continuer à exploiter tout le monde, avec leur stupide et dépassée loi du plus fort, du plus armé).
      « You may say i’m a dreamer, but i’m not the only one… » J.Lennon, dans « Imagine »

      Ce rêve de Paix, né dès avant la première guerre mondiale pour qu’elle ne surgisse pas (par ceux et celles qui ont concouru à former « l’internationale socialiste ») et renforcé après la seconde par la tristesse et l’indignation face aux désastres causés par cette dernière(dont l’anéantissement de villes entières par des bombes atomiques), repris par la génération « Peace, Love and Freedom » face à la guerre au Vietnam, a pourtant toutes les raisons de subsister:
      car nous savons à présent que si nous n’y entrons pas, l’humanité disparaîtra à très brève échéance.
      « Entrez dans le rêve! » (Gérard Manset) EN MASSE…svp!

        +4

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  • konrad // 02.04.2022 à 12h05

    Bonjour,

    Ce dont il convient de se féliciter dans ce sujet c’est que nos bombes sont labellisées : convention de Genève, c’est à dire qu’elles ne sont à destination que des méchants. D’autre part lorsqu’elles frappent, elles sont chirurgicales, les civils et les innocents sont épargnés. Et pour conclure, elles sont à vertu démocratique !
    Si ceux qui les prennent sur la figure ne comprennent pas que leurs ressources nous appartiennent , il nous faut user de pédagogie, c’est à dire répéter à force de bombes la leçon.
    Parce que nous sommes le camp du bien, c’est pas difficile à comprendre.
    Et pourtant certains se refusent à cette évidence.
    Ah si tout le monde était comme moi…

      +15

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