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26.avril.201826.4.2018 // Les Crises

Combien de victimes dans les guerres des États-Unis post-11 septembre ? (1/3) : L’Irak

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Article en lien avec les 15 ans de l’attaque de l’Irak en 2003.

Vu la sensibilité du sujet, on prendra évidemment avec prudence ces chiffres, qui ont le mérite d’alimenter le débat.

Source : Nicolas J.S. Davies, Consortium News, 22-03-2018

Le nombre de victimes dues aux guerres menées par les États-Unis depuis le onze septembre 2001 est loin d’être établi alors que faire face à l’ampleur réelle des crimes commis reste un devoir pressant, d’un point de vue moral, politique et juridique.

Combien de personnes ont été tuées dans les guerres menées par les États-Unis après le onze septembre ? Je mène des recherches et j’écris à ce sujet depuis que les États-Unis ont déclenché ces guerres, qu’ils ont essayé de justifier en alléguant que c’était une réponse aux attentats terroristes qui ont fait 2996 victimes aux États-Unis, le 11 septembre 2011.

Samar Hassan, en train de crier après l’assassinat de ses parents par des soldats américains en Irak en 2005.

Pourtant aucun crime, aussi abominable soit-il, ne peut justifier qu’on fasse la guerre à des pays et à des gens qui ne sont pas responsables des crimes commis, comme le procureur du procès de Nuremberg Ben Ferencz l’avait infatigablement expliqué à l’époque.

The Iraq Death Toll 15 Years After the US Invasion [Le nombre de victimes iraniennes 15 ans après l’invasion par les États-Unis, NdT] , que j’ai écrit en collaboration avec Medea Benjamin, estime le nombre de victimes en Irak de la façon la plus précise et la plus honnête possible. Selon nous, environ 2 400 000 personnes ont été tuées en Irak suite à l’agression historique, en 2003, des États-Unis et du Royaume Uni. Dans cet article, je vais expliquer de manière plus détaillée comment nous en sommes arrivés à cette estimation et fournir le contexte historique. Dans la deuxième partie, je procéderai à une évaluation similaire du nombre de personnes tuées jusqu’à maintenant lors des autres guerres menées par les États-Unis après le onze septembre.

Les études du nombre de victimes par opposition aux compte rendus passifs.

J’ai étudié ces mêmes questions dans le chapitre 7 de mon ouvrage Blood On Our hands : the American Invasion and Destruction of Iraq [Du sang sur nos mains : l’invasion américaine en Irak et la destruction du pays, NdT] et dans des articles qui ont précédé, depuis Burying the Lancet Report… and the Children [L’enterrement du rapport du Lancet… et des enfants, NdT] en 2005 jusqu’à Playing Games With War Deaths [On sous-estime le nombre des victimes de guerre, NdT] en 2016.

Dans chacun de ces exposés, j’explique que les évaluations de victimes de guerre régulièrement publiées par les agences des Nations unies, par des groupes de contrôle et par les médias sont presque tous basés sur « un compte rendu passif » et fragmentaire, non sur des études exhaustives du nombre de victimes.

Des pays où les États-Unis et leurs alliés font la guerre depuis 2001, l’Irak est le seul où des épidémiologistes ont étudié le nombre de victimes en employant les meilleures méthodes, élaborées et expérimentées dans d’autres zones de guerre, comme l’Angola, la Bosnie, la République démocratique du Congo, le Guatemala, le Kosovo, le Ruanda, le Soudan et l’Ouganda. Dans tous ces pays, comme en Irak, les résultats de ces études épidémiologiques de grande ampleur ont révélé que le nombre de victimes était de 5 à 20 fois supérieur à celui qui avait été publié auparavant et qui était basé sur le compte rendu passif de faits.

Body Count : Casualty Figures After 10 Years of the « War on Terror » [Nombre de victimes après 10 ans de « guerre contre le terrorisme », NdT] , un rapport publié par Physicians for Social Responsability (PSR) ( les Médecins et la responsabilité sociale ) a conclu en 2015 que l’étude du Lancet était la plus complète et la plus fiable de toutes celles menées en Irak, ceci en se fondant sur le type de l’étude, l’expérience et l’indépendance de l’équipe de recherche, le peu de temps écoulé depuis les morts qu’elle recensait et sa cohérence avec d’autres chiffres sur les violences commises en Irak depuis l’occupation. Selon cette étude, environ 601 000 Irakiens ont été tués dans les 39 premiers mois de la guerre d’Irak et de l’occupation du pays, sans oublier que la guerre avait été aussi à l’origine de 54 000 morts non violentes.

Pour les autres pays touchés par les guerres menées par les États-Unis depuis le 11 septembre, les seuls rapports au sujet du nombre de victimes sont ou bien compilés par les Nations unies et basés sur les enquêtes à propos de drames rapportés aux missions d’assistance des Nations unies, comme en Irak et en Afghanistan ou bien encore par des groupes de contrôle comme l’Observatoire syrien pour les droits de l’homme, l’Irak Body Count (IBC) et Airwars qui se fondent sur des compte- rendus passifs émanant des organisations gouvernementales, des antennes médicales ou des médias locaux ou étrangers.

Ces rapports passifs sont régulièrement présentés par les organes des Nations Unies, les agences gouvernementales, les médias et même par des militants comme des « estimations » du nombre de morts, mais ce ne sont pas des estimations. Par définition, aucune compilation de rapports fragmentaires ne peut réussir à se transformer en estimation réaliste de toutes les personnes tuées dans un pays ravagé par la guerre.

Au mieux, il est possible que les comptes rendus passifs de faits révèlent le nombre minimum de victimes de guerre. Cependant comme on ne trouve souvent dans ces rapports qu’une petite fraction du nombre effectif de victimes, il est on ne peut plus trompeur de présenter ce chiffre comme « une estimation » du nombre total des victimes. C’est la raison pour laquelle des épidémiologistes ont élaboré des méthodes d’échantillonnage scientifique qu’ils savent utiliser pour proposer des estimations exactes du nombre des victimes de guerre grâce à des études statistiquement fiables.

Les épidémiologistes ont retrouvé dans de nombreuses zones de guerre, au niveau mondial, des disparités énormes – de 5 à 1 et de 20 à 1 – entre les résultats des études du nombre de morts et les rapports passifs. Dans des pays où les gouvernements occidentaux ne sont pas responsables de la guerre en cours, il n’y a pas eu de controverse à propos de ce type de résultats qui sont cités régulièrement par les responsables occidentaux et les médias.

Cependant les hommes politiques et les médias occidentaux rejettent et marginalisent les résultats des études à propos du nombre de morts en Irak, et ce, pour des raisons politiques. Les États-Unis et le Royaume-Uni sont, en effet, responsables de la guerre d’Irak, par conséquent l’ampleur du massacre est une question très sérieuse de responsabilité politique et juridique pour les hauts responsables qui ont choisi de ne pas écouter les mises en garde juridiques, cette invasion de l’Irak étant légalement une « agression criminelle ».

En 2006, des responsables britanniques ont demandé l’avis de Sir Roy Anderson, le conseiller scientifique en chef du ministère de la Défense du Royaume Uni et ce dernier leur a déclaré que « l’étude du Lancet était solide et employait des méthodes considérées comme quasiment « les meilleures » dans ce domaine ».

Le président George W. Bush sur une affiche de Robbie Conal (robbieconal.com)

La BBC a obtenu des copies des mails dans lesquels des responsables britanniques avouaient que l’étude était « probablement juste » et que « sa méthodologie ne pouvait pas être contestée, que c’était une façon éprouvée d’évaluer le nombre de morts dans des zones de conflit ». Cependant les mêmes responsables ont aussitôt lancé une campagne pour discréditer cette même étude. Le président George W Bush a déclaré publiquement : « Je ne considère pas ce rapport comme crédible » et les médias dominants états-uniens, dans leur servilité, ont vite dénié à cette étude toute importance.

Dans mon article Playing Games With War Deaths en 2016, je conclus : « Comme avec le changement climatique et d’autres problèmes, les responsables des Nations unies doivent s’affranchir des pressions politiques, se familiariser avec les bases scientifiques nécessaires et cesser de reléguer la grande majorité des victimes de nos guerres dans ce « trou de la mémoire » orwellien. »

Selon certains, il n’est pas important de savoir si nos guerres ont tué des dizaines de milliers de personnes ou des millions puisque toutes les victimes de guerre constituent des pertes tragiques et que nous devrions nous contenter de les pleurer au lieu de pinailler à propos de chiffres. Cependant, comme les auteurs de Body Count l’ont remarqué :

« Les seuls chiffres relayés par les médias devraient pourtant être déjà suffisamment terrifiants… Cependant on semble toujours les considérer comme tolérables et, en outre, faciles à expliquer, grâce à l’image de l’extrême violence d’origine religieuse qui règne dans la région. Le nombre de 655 000 morts dans les trois premières années de la guerre seulement, cependant, indique clairement que nous avons affaire à un crime contre l’humanité proche du génocide. »

Je suis d’accord avec les auteurs de Body Count, il est important de savoir si nos guerres tuent des millions de personnes ou seulement 10 000 comme, semble-t-il, d’après les sondages, la plupart des gens au Royaume-Uni et aux États-Unis le croient.

La plupart des Américains diraient qu’il importe de savoir si le rôle de l’Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale a été à l’origine de millions de morts violentes ou de seulement dix mille. Suggérer le second terme de l’alternative est, en fait, un délit en Allemagne et dans plusieurs autres pays.

Ainsi les hommes politiques, les journalistes et les citoyens américains qui affirment ne pas se soucier de savoir combien d’Irakiens ont été tués ont-ils, consciemment ou non, ce qui est moralement insoutenable, deux poids, deux mesures au sujet des conséquences des guerres menées par notre pays ; précisément parce que c’est notre pays qui les mène.

Une guerre qui continue à tuer.

Des experts indépendants comme les auteurs du rapport du Body Count considèrent certes l’étude du Lancet de 2006 sur le nombre de morts dus à l’invasion de l’Irak comme l’estimation la plus précise et la plus fiable des victimes de guerre dans tous les conflits que nous avons déclenchés après le onze septembre, mais elle a été menée il y a presque 12 ans, après seulement 39 mois de guerre et d’occupation de l’Irak. Malheureusement on était encore bien loin des chiffres catastrophiques de victimes dues à l’agression historique par les États-Unis et le Royaume Uni.

L’étude du Lancet de 2006 met en évidence la flambée de violence qui n’a cessé de croître dans l’Irak occupé entre 2003 et 2006 et beaucoup d’autres paramètres indiquent que l’escalade de la violence a continué dans le pays au moins jusqu’à la fin de « l’augmentation des troupes » en 2007. Le déferlement de corps mutilés, victimes des escadrons de la mort, qui envahissaient les morgues de Bagdad n’a pas atteint son maximum avant la fin de 2006 avec 1 800 cadavres en juillet et 1 600 en octobre. Puis les bombardements aériens de l’Irak ont été multipliés par cinq en 2007 et janvier 2008 a été le mois où le bombardement de l’armée américaine a été le plus intense depuis l’invasion de 2003.

Ces éléments rendent crédibles le rapport, en juin 2007, un an après l’étude du Lancet, d’une société de sondages respectée, Opinion Research Business (ORB), rapport selon lequel 1 033 000 Irakiens avaient déjà été tués.

L’étude du Lancet estime que 328 000 ou plus des morts violentes avaient eu lieu entre mai 2005 et mai- juin 2006. Alors si l’estimation de l’ORB est exacte, cela signifierait qu’environ 430 000 Irakiens ont été tués l’année qui a suivi l’étude du Lancet.

Le chiffre d’un million de morts est certes choquant, mais l’augmentation constante du nombre des victimes révélée par le rapport de l’ORB cadre bien avec d’autres indicateurs de la violence de l’occupation, qui a continué à augmenter à la fin de 2006 et en 2007.

La violence en Irak a décru en 2008 et pendant les quelques années qui ont suivi. Cependant ont continué à faire régner la terreur parmi les Arabes sunnites du nord et de l’ouest du pays les escadrons de la mort de la police spéciale, qui ont été recrutés, entraînés et lâchés en Irak par le ministre irakien de l’Intérieur, les forces d’occupation des États-Unis et la CIA entre 2004 et 2006 (ces escadrons seront d’ailleurs rebaptisés police nationale après la révélation au monde de leur centre de torture Al-Jadinyah, avant de devenir police fédérale en 2009). Leurs exactions ont provoqué une reprise de la résistance armée et elles ont amené, en 2014, de grands pans du pays à se soumettre à l’autorité de l’EI, vu comme une alternative aux abus continuels du gouvernement irakien, corrompu et sectaire, et de ses escadrons de la mort.

Le Body Count d’Irak basé au Royaume Uni a compilé des compte rendus passifs à propos des morts de civils en Irak depuis l’invasion, mais il n’avait enregistré que 43 394 morts en juin 2006 alors que l’étude du Lancet avait estimé le nombre de morts violentes à 601 000, ce qui nous donne un ratio de 14 à 1. Just Foreign Police (JFP) aux États-Unis a créé le « Iraqi Death Estimator », un outil d’estimation des victimes irakiennes qui a mis à jour l’estimation de l’étude du Lancet en allant chercher les victimes rapportées par l’Iraq Body Count et a multiplié leur nombre par le ratio entre l’étude sur les victimes de guerre et le compte rendu passif de l’IBC de 2006.

Puisque l’IBC se base principalement sur des articles de médias anglophones, il a peut-être sous-dénombré les victimes, et ce, encore plus après 2007, puisque les médias occidentaux se désintéressent peu à peu de l’Irak. D’autre part, comme les responsables gouvernementaux et les journalistes courent beaucoup moins de risques à se déplacer en Irak, il est possible que ces rapports soient devenus plus précis. Ou peut-être ces facteurs se sont-ils combinés à d’autres pour donner plus de précision à l’Iraqi Death Estimator du JFP. Il est probable cependant qu’au fil du temps, il ait perdu de sa précision et on l’a arrêté en septembre 2011. À ce moment, les victimes de la guerre d’Irak se chiffraient à 1 460 000.

En 2013, la revue médicale PLOS a publié une autre étude du nombre de victimes, qui allait jusqu’en 2011. L’auteur de l’éditorial a déclaré au National Geographic que son estimation de 500 000 morts en Irak était « probablement basse ». L’étude avait une marge d’erreur plus importante que celle du Lancet et les équipes d’enquêteurs ont décidé qu’il était trop dangereux de travailler dans deux des grappes qui avaient été choisies de façon aléatoire.

Le problème le plus sérieux avec l’étude PLOS est, semble-t-il, que tellement de maisons ont été détruites ou abandonnées et tellement de familles ont été exterminées ou sont simplement disparues qu’il ne restait personne pour rapporter le nombre de victimes de ces familles aux enquêteurs. Il est même arrivé qu’on considère qu’il n’y avait eu aucune victime dans des maisons ou des immeubles entiers où tout le monde avait été tué ou s’était enfui.

Après l’extrême violence qui a sévi en 2006 et 2007 et quelques années de plus de conflit moins brutal, l’effet de la destruction et du déplacement des populations sur l’étude de PLOS doit avoir été plus marqué qu’en 2006. Un famille sur six en Irak a été obligée de déménager au moins une fois entre 2005 et 2010. La UNHCR [l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, NdT] a enregistré 3 millions de réfugiés à l’intérieur ou hors du pays, mais elle a concédé qu’un bien plus grand nombre n’était pas enregistré. Les auteurs ont ajouté 55 000 morts à leur total pour tenir compte des 15% des 2 millions de réfugiés qui ont perdu, chacun, un membre de leur famille, mais ils ont reconnu que c’était là une estimation très prudente.

Les auteurs du Body Count ont calculé que, si seulement 1% des maisons prises en compte par les enquêteurs étaient vides ou détruites et que dans chacune de ces familles, il y avait une ou deux victimes, l’évaluation globale de l’étude de PLOS aurait augmenté de 50%. Que les deux grappes qui représentaient les parties les plus dévastées de l’Irak n’aient pas été prises en compte doit avoir eu un effet similaire. La méthode de l’enquête par échantillonnage repose sur l’étude d’un échantillon représentatif de différentes zones, aussi bien les plus touchées que celles qui ont été relativement épargnées et où il y peu ou pas de victimes. Les victimes qui sont mortes le plus violemment sont souvent concentrées dans un petit nombre de grappes, ce qui donne, pour l’exactitude de l’évaluation finale, une importance énorme à des grappes comme les deux qu’ont évitées les enquêteurs de PLOS.

Carte d’Irak. Le territoire kurde se trouve dans le nord-est.

Depuis 2011, le guerre est entrée dans une nouvelle phase. Il y a eu un printemps arabe en Irak en 2011, mais il a été réprimé brutalement, poussant Fallujah et d’autres villes à entrer en rébellion ouverte une fois de plus. Plusieurs villes importantes ont succombé à l’EI en 2014, elles ont été assiégées par les forces gouvernementales irakiennes avant d’être détruites par le bombardement aérien des États-Unis, l’artillerie et les roquettes des Irakiens et de leurs alliés. Le Iraqi Body Count et la mission d’assistance des Nations Unies à l’Irak ont collecté des rapports passifs sur des dizaines de milliers de civils tués lors de cette phase de la guerre.

L’ancien ministre des Affaires étrangères Hoshyar Zebari a déclaré à Patrick Cockburn du quotidien britannique The Independent que les rapports des services secrets kurdes irakiens avaient estimé qu’au moins 40 000 civils avaient été tués dans le seul bombardement de Mossoul. Selon Zebari, il y avait probablement beaucoup plus de victimes dans les décombres, ce qui implique que les rapports dont il a pris connaissance faisaient jusque là référence à des victimes dont on avait retrouvé le corps et qui avaient été enterrées.

Une opération récente qui a consisté à débarrasser les décombres et à chercher les corps dans un seul quartier de Mossoul a donné 3 353 victimes, 20 % étaient apparemment des combattants de l’EI et 80 % étaient des civils. En outre, dans cette même ville, 11 000 personnes sont toujours considérées comme disparues par leur famille.

IBC a maintenant mis à jour le nombre de victimes pour la période qui va jusqu’en juin 2006, réduisant ainsi le ratio vis-à-vis de l’étude du Lancet de 11,5 à 1. Si nous appliquons la méthode du Iraqi Death Estimator du JFP depuis 2007 jusqu’à maintenant en employant ce ratio mis à jour et l’ajoutons à l’estimation de l’ORB de 1 030 000 morts jusqu’en juillet 2007, nous pouvons arriver à une estimation actuelle du nombre total des victimes irakiennes depuis 2003. Cette opération ne peut bien sûr, pas être aussi précise qu’une nouvelle étude complète sur le nombre de victimes. Cependant, à mon avis, c’est l’estimation la plus précise que nous puissions faire en nous basant sur ce que nous savons vraiment.

Et ceci nous donne une estimation de 2 380 000 victimes irakiennes depuis 2003 par suite de l’invasion criminelle de l’Irak par les États-Unis et les Britanniques.

Fourchette haute et fourchette basse.

Nous sommes loin d’être certains que cette estimation soit tout à fait exacte et il est donc important de calculer un nombre minimum et un nombre maximum basés sur les variations possibles des chiffres impliqués.

Pour arriver au nombre maximum et au nombre minimum des victimes probables de la guerre d’Irak, nous pouvons commencer avec les nombres minimum et maximum des personnes mortes de mort violente qui ont été établis avec une probabilité de 97,5 % par l’étude du Lancet, soit respectivement 426 000 et 794 000. L’ORB, en 2007, a donné, avec un échantillon plus important, un écart plus étroit entre les deux chiffres, mais cette enquête n’a pas été considérée comme aussi rigoureuse que celle du Lancet, sur d’autres aspects. Si nous appliquons les mêmes marges que dans l’étude du Lancet à l’estimation principale de l’enquête de l’ORB, cela nous donne un minimum de 730 000 et un maximum de 1 360 000 victimes de 2003 à juillet 2007.

Pour mettre à jour ces chiffres de nombres maximum et minimum en utilisant une variation de la méthode du JFP, nous devons aussi tenir compte des changements de ratio entre le décompte des victimes par IBC et le nombre réel de victimes. Les ratios des nombres minimum et maximum de l’étude du Lancet avec le compte revu à la hausse d’IBC pour juin 2006 sont d’environ 8 à 1 et 15 à 1.

Ces ratios sont caractéristiques des ratios entre les études complètes du nombre de victimes et les rapports passifs qu’on trouve dans d’autres zones de guerre au niveau mondial et qui varient de 5 à 1 à 20 à 1, comme je l’ai déjà fait remarquer. Cependant peut-être que l’IBC compte plus ou moins des victimes effectives depuis 2006 qu’il ne l’a fait auparavant. Il doit, en effet, sûrement essayer constamment d’améliorer la portée de sa collecte de données. D’ autre part, dans la phase la plus récente de la guerre, il y a eu beaucoup de victimes tuées par les bombes et les obus dans des zones gouvernées par l’EI, où des gens étaient punis ou même exécutés pour avoir essayé de communiquer avec le monde extérieur. Ainsi les données de l’IBC pour cette période pourraient-elles être plus fragmentaires que jamais.

Pour arriver à des nombres minimum et maximum réalistes, nous devons tenir compte de ces deux possibilités. Le ratio de 8 à 1 du nombre minimum de victimes tuées jusqu’en 2006 se rapproche peut-être du ratio minimum historique de 5 à 1 ou son ratio de 15 à 1 par rapport au nombre de l’étude du Lancet en 2006 peut avoir augmenté et atteindre le maximum historique de 20 à 1. En employant un ratio de 6,5 à 1 pour arriver au nombre minimum de victimes et celui de 17,5 à 1 pour le nombre maximum, on tient compte d’un minimum plus bas et d’un maximum plus élevé qu’en 2006, sans égaler les ratios les plus extrêmes jamais rencontrés dans d’autres conflits. Tout cela nous donne donc un minimum de 760 000 victimes irakiennes depuis juillet 2007 et un maximum de 2 040 000.

Nous avons ajouté ces chiffres au minimum et au maximum que nous avions calculés pour la période qui se terminait en juin 2007, ce qui nous donne des chiffres complets minimum et maximum depuis l’invasion de l’Irak par les États-Unis et le Royaume Uni. Nous pouvons estimer que le nombre d’Irakiens tués par suite de cette invasion illégale de leur pays doit se situer quelque part entre 1 500 000 et 3 400 000. Comme c’est généralement le cas avec ce genre d’amplitude statistique, le nombre réel de victimes se rapproche probablement davantage de notre estimation principale de 2 360 000 que des nombres minimum et maximum.

Appel en faveur d’une nouvelle enquête sur les victimes de guerre en Irak.

Il est très important que le secteur de la santé publique fournisse à la communauté mondiale des études actualisées sur le nombre de victimes en Irak et dans les autres pays où les États-unis ont mené des guerres après le onze septembre.

Une nouvelle enquête sur les victimes irakiennes doit trouver un moyen d’étudier même les zones les plus dangereuses et elle doit finir par trouver des procédures réalistes pour estimer le nombre de victimes quand des familles entières ont été tuées ou quand des maisons ou des appartements ont été détruits ou abandonnés. On considère que ce problème peut mener à des résultats erronés dans toutes les études au sujet des victimes irakiennes depuis 2004 et son importance ne cesse de croître à mesure que le temps passe. C’est là quelque chose qu’on ne peut pas ignorer et on ne doit pas non plus compenser ce manque d’informations par des conjectures.

Les équipes d’enquêteurs compilent des dossiers à propos de maisons vides et détruites dans les grappes qu’ils étudient et ils pourraient poser des questions aux voisins sur ces maisons où un grand nombre d’habitants ou des familles entières ont peut-être été tués. Ils doivent aussi enquêter sur les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur du pays pour estimer le nombre de victimes dans ces populations.

Les épidémiologistes ont affronté des dangers très graves et de très sérieuses difficultés pour trouver des techniques qui mesurent avec exactitude le coût humain des guerres. Ils doivent continuer à travailler dans ce sens et à perfectionner leurs méthodes. Ils doivent s’affranchir des puissantes pressions politiques, y compris de la part de ceux qui sont coupables du carnage et les empêcher de politiser et discréditer leur travail incroyablement difficile mais d’une grande noblesse et d’une importance cruciale.

Lors du 15ème anniversaire de l’invasion illégale de l’Irak, le Center for Constitutional Rights [le Centre pour le respect des droits constitutionnels, NdT] des États-Unis a demandé de nouveau aux États-Unis de payer des dommages de guerre au peuple irakien. C’est une façon dont les pays qui sont coupables d’agression et d’autres crimes de guerre s’acquittent traditionnellement de leur responsabilité collective pour les morts qu’ils ont provoquées et les destructions qu’ils ont causées.

Dans Blood on Our Hands, je conclus mon exposé sur la guerre des États-Unis en Irak en lançant, de la même manière, un appel en faveur de l’allocation de dommages de guerre et pour des poursuites pénales contre les hauts responsables états-uniens et britanniques tant civils que militaires pour le « crime international suprême » d’agression et d’autres crimes de guerre systémiques en Irak.

Faire face à l’ampleur réelle des crimes commis demeure un devoir pressant, du point de vue moral, politique et juridique pour le peuple d’Irak, les États-Unis, le Royaume Uni et pour le monde entier. L’opinion mondiale ne demandera jamais aux plus haut placés des criminels de guerre de répondre de leurs crimes tant que les citoyens ne comprendront pas la réelle ampleur de l’horreur de ce que ces gens ont fait. Et le monde ne connaîtra pas la paix tant que les agresseurs les plus puissants pourront compter sur l’impunité dont ils jouissent pour « ce crime international suprême ».

Nicolas J.S. Davies est l’auteur de Blood On Our Hands: the American Invasion and Destruction of Iraq. Il a écrit aussi le chapitre sur Obama en guerre dans Grading the 44th President : a Report Card on Barack Obama’s First Term as a Progressive Leader.

Source : Nicolas J.S. Davies, Consortium News, 22-03-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

philbrasov // 26.04.2018 à 07h40

Mossoul : 10 000 morts, titre des journaux : libération de Mossoul

Ghouta : 1 600 morts, titre des journaux : génocide dans la Ghouta.

35 réactions et commentaires

  • philbrasov // 26.04.2018 à 07h40

    Mossoul : 10 000 morts, titre des journaux : libération de Mossoul

    Ghouta : 1 600 morts, titre des journaux : génocide dans la Ghouta.

      +103

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  • Terminator // 26.04.2018 à 07h46

    Cette étude prend-elle en compte les conséquences de l’embargo ?

      +12

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    • BabelleWeb // 26.04.2018 à 09h14

      Bravo pour la traduction et la publication de cet article !
      N’oublions pas non plus le terrible embargo qui a frappé les Irakiens à partir de 1990 …
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Sanctions_contre_l%27Irak
      http://www.micles.biz/droitvp/Irakblocus.html

        +14

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    • Fritz // 26.04.2018 à 10h06

      @Terminator : je ne pense pas, puisque l’embargo imposé en 1990 contre l’Irak a été levé après l’invasion du pays en 2003. L’étude de Nicolas Davies porte sur les victimes de l’agression anglo-américaine du 20 mars 2003.

        +2

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  • TC // 26.04.2018 à 07h50

    Je n’ose imaginer la souffrance de ce peuple et de celui de Libye, Syrie et Yemen. La guerre est une monstruosité que nos démocraties droit de l’hommisme n’ont pas hésiter à mener. Un contre sens total qui ne vient même pas à l’esprit des gouvernants du « camp du bien » qui se croient au dessus de tout. Puissent ils se rendre compte un jour de l’horreur qu’ils ont répandue et faire leur mea culpa.

      +31

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    • UnJournaliste // 26.04.2018 à 08h48

      La situation est que nous sommes en occident une génération qui n’a pas connu l’horreur de la guerre sur notre sol et avec des morts dans nos familles. Beaucoup n’ont plus comme image de la guerre que les films d’Hollywood. Il suffit de discuter avec des américains de moins de 50 ans pour comprendre comment les horreurs du Vietnam ont complètement été réécrites. Le Vietnam est devenu Platoon.

        +15

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    • Jean // 26.04.2018 à 09h55

      Ce n’est pas un contre-sens si l’on considère que les “démocratie droit de l’hommiste“ ne sont que des hochets pour divertir les peuples tandis que la raison d’État s’applique avec une implacable cruauté. Ne croyez pas que ceux qui décident les guerres soient naïfs ou idiots, la vie humaine ne représente rien pour ceux que l’argent ou le pouvoir ont rendus fous. La réaction de H Clinton lors de la mort de Kadhafi est représentative de cet état d’esprit.

        +22

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      • Micmac // 26.04.2018 à 14h48

        Si encore ces guerres étaient dictées par le cynisme et la raison d’état… On ne fait pas de bonne politique avec des bons sentiments, comme on dit.

        Pour ce qui nous concerne, il semble bien nous menons et avons mené des guerres en Libye et en Syrie, contre nos propres intérêts…

        Les mauvais sentiments ne semblent pas être non plus le gage d’une bonne politique en fin de compte.

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    • Kami74 // 26.04.2018 à 11h26

      « Puissent ils se rendre compte un jour de l’horreur qu’ils ont répandue »

      Ils ne s’en rendront pas compte, car pour eux ces vies ne comptent pas.

      Chomsky écrivait que lorsque nos gouvernements tuent, c’est comme s’ils écrasaient des fourmis en marchant dans la rue : pour eux ce n’est ni bien ni mal, car cela ne relève pas de la morale. Seul importe le but à atteindre : éliminer un gouvernement qui ne nous est pas inféodé, prendre pied dans un pays en y envoyant des troupes, se rendre indispensable en déstabilisant une région, empêcher la Russie ou la Chine d’étendre leur influence, etc.

      Bref, pour ces psychopathes seul compte le « grand jeu », le sort des fourmis est sans aucune importance…

        +12

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  • Toff de Aix // 26.04.2018 à 08h37

    Il a fallu un très grand courage à ce monsieur pour oser écrire un rapport aussi accablant au pays de l’héroïsme, du patriotisme et du drapeau érigé en gloires nationales.

    Ne peut on pas espérer une qualification en génocide, vu l’ampleur des morts et des destructions, et espérer voir un jour Bush, cheney & co traînés devant le TPI pour crimes de guerre et crimes contre l’ Humanité ?

    Je sais, je rêve…

    En tout cas je me garderai de généraliser car ils sont nombreux, aux États-Unis, à avoir désapprouvé et condamné ces atrocités. Hélas il faut reconnaître que là aussi, la propagande impérialiste est efficacement relayée par des grands médias propriété de seulement quelques uns, un peu comme chez nous. Du coup la majorité des citoyens sont dépolitisés, et adhèrent au pire sans chercher plus loin, (voire s’en foutent carrément) .

    La vraie démocratie n’existe pas, quand les médias parlent d’une même voix, en faveur de l’oligarchie, du complexe militaro-industriel et de l’héroïsme guerrier. Seule l’injustice, la fuite en avant et la prédation des ressources peuvent l’emporter.

      +33

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  • Vjan // 26.04.2018 à 08h44

    Assigner Captain America et ses sidekicks au tribunal pénal international ?
    Il faudra un gros travail d’éducation et d’information pour déchirer le voile du mythe et dessiller les yeux de nos contemporains.
    L’Empire décline et il y a fort à parier qu’à la manière d’une étoile qui meurt, il enflera démesurément et entraînera dans sa chute un grand nombre de mondes.

      +13

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    • Kami74 // 26.04.2018 à 11h36

      « Assigner Captain America et ses sidekicks au tribunal pénal international ? »

      Impossible malheureusement dans ce monde où règne la loi du plus fort.

      Ce qu’il faudrait c’est un boycott mondial des entreprises des États-Unis, pour leur faire mal au portefeuille et cesser d’être complices de leurs crimes en les finançant.
      Si Amazon, Apple, Google, McDo, etc demandent à leur gouvernement de cesser de tuer à tout-va parce que c’est mauvais pour leurs affaires, ils seront entendus.

        +2

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      • Philou // 26.04.2018 à 20h05

        Personnellement, je boycotte TOUS les produits états-uniens (pas facile en matière de PC et de softs, mais on y arrive) depuis mars 2003, y compris citron, pop-corn et autres glaces… c’est ma part de colibri !

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  • UnJournaliste // 26.04.2018 à 09h00

    Je garderai toujours dans ma mémoire le témoignage d’un de mes collègues actuels, ex soldat français en Irak en 91 me racontant comment il a roulé avec son char sur les soldats irakiens vivants. C’est ça la guerre et pas les belles images de rafales au décollage communiquées par le ministère de la défense. Même en France, et en particulier chez les politiques, on a été lobotomisés pour être capables d’aller sur tous les plateaux de tv pour réclamer « des frappes ».

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  • christian gedeon // 26.04.2018 à 09h29

    Le nombre de morts est effroyable,et les conséquences à moyen et long terme catastrophiques. Mais quitte à déranger,je voudrais rappeler un détail qui a son importance.les guerres menées par les US après le 11 septembre,donc. »Après le 11 septembre » a son importance,parce qu’il y a eu un 11 septembre,n’est ce pas? mais c’est surtout le « menées par les US » qui est incomplet. Parce que les US,France exclue heureusement,ont été soutenus par,on ne les compte plus,nations régionales et du monde,dans cette guerre truquée,fabriquée et télévisée. Qui ne se rappelle d’un Goupil demandant encore plus et vouant aux gémonies Jacques Chirac et son ministre,n’est ce pas? L’intelligentsia internationale(sic!) était POUR,à des très rares et inaudibles exceptions. Les Pays arabes étaient pour,à l’exception de la Syrie et de l’Algérie. les alliés européens hors France étaient POUR. les embedded étaient absolument POUR. Vous avez dit guerre des Etats Unis? Seuls? En êtes vous bien sûr?

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    • caliban // 26.04.2018 à 11h49

      Vous avez raison, soyons précis
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Coalition_militaire_en_Irak

      250 000 militaires des Etats-Unis, 40 000 britanniques et quelques confettis.

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      • Christian Gedeon // 26.04.2018 à 12h53

        Wikipedia donc…sérieusement?!non,c’est beaucoup plus grave que les anglo americains,les présences meme symboliques ayant tout leur importance pour légitimer cette guerre ahurissante. Les plus atterrants ont été les pays arabes dans leur presque totalité. Et toute la bien pensance médiatique française et européenne . Limiter les choses aux seuls americains est une erreur .

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      • caliban // 26.04.2018 à 16h42

        @Christian Gedeon

        Qu’est-ce que vous reprochez à Wikipedia au juste ? Ne tenteriez-vous pas de décrédibiliser une source qui vous permettrait justement de vérifier vos dires ? Vous indiquez qu’on « ne compte plus » les soutiens du gouvernement des Etats-Unis … ben si, justement faites le décompte : https://fr.wikipedia.org/wiki/Coalition_militaire_en_Irak#/media/File:Multinational_force_in_iraq_countries.PNG

        Ils ne sont pas si nombreux les Etats à se rallier à « l’Axe du bien ». Tout bêtement parce qu’ils ne voyaient aucun intérêt à soumettre les Relations internationales à la loi du plus fort. Ils attendaient peut-être une résolution de l’ONU.

        L’exemple de l’Europe de l’Est est très parlant je trouve : c’est parce que ces gouvernements cherchaient à s’attirer les bonnes grâces des Yankees (et leur parapluie militaire) qu’ils se sont engagés dans la coalition. De toute évidence le gouvernement étatsunien leur a forcé la main.

        Quant aux pays arabes je n’en vois pas beaucoup sur la carte. Comme tout le monde ils savaient que les ADM étaient du flan et que l’Irak étaient déjà tellement en ruine qu’elle ne présentait aucun danger.

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        • Christian Gedeon // 26.04.2018 à 18h12

          Ce que je reproche à Wikipédia? Ben tout en fait, Articles souvent imprécis,incomplets,dirigés. Ne s’improvise pas encyclopédiste qui veut. En Irak,j’ai bien peur que comme tout occidentalo centré,vous ne mesuriez pas l’impact de l’indifférence complice des arabes et des pays musulmans dans l’affaire irakienne. La tardive tentative de Saddam d’islamiser le combat irakien,notamment en inscrivant la Ilah illa l’Allah sur le drapéau a ete une erreur, monumentale. Monsieur,et sans vouloir vous agressér ,le MO est compliqué,tres compliqué…et vous essayez d’y plaquer des analyses en noir et blanc.

            +0

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        • caliban // 26.04.2018 à 21h56

          @Christian Gedeon

          Vous énoncez des contre-vérités et ensuite vous reprochez à Wikipedia de truquer les chiffres des contingents impliqués. Ensuite vous me reprochez de voir le monde en bichromie alors que justement je vous rappelle les faits : les Etats qui se sont impliqués dans la coalition l’ont fait par calcul politique.

          Le monde est sans doute très compliqué, mais c’est quand même plus simple quand on n’essaie pas de tronquer la réalité ou de diluer les responsabilités de ce massacre commis
          • au nom de la défense de l’Occident
          • pour en réalité s’approprier les richesses du sol

          Suis-encore trop manichéen pour vous ?

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          • Christian Gedeon // 27.04.2018 à 07h17

            Je crois que nous ne nous comprenons pas…la question ne porte pas sur le nombre des effectifs de tel ou tel pays…evidemment que les anglos étaient l’écrasante majorité. Mais sur le fait que les autres et nombreuses participations militaires et politiques ont été une catastrophe,notamment dans les pays arabo musulmans qui n.ont pas craque un cil..vous sous estimez très largement les conséquences de cette attitude,et les frustrations politiques qu’elle a créé dans les dits pays.

              +2

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  • Jean // 26.04.2018 à 09h35

    Pourquoi commencer ce décompte en 2001 alors que l agression occidentale à commencée en 1990 ?

    Source : https://www.les-crises.fr/quatre-millions-de-musulmans-tues-dans-les-guerres-occidentales-depuis-1990/

      +7

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    • Le Minotaure // 26.04.2018 à 21h36

      Vous avez raison mais on peut remonter indéfiniment. Je pense que 2001 constitue effectivement un tournant dans la stratégie américaine, le début de la fameuse « guerre contre le terrorisme », « dont nos enfants ne verront pas la fin » comme disait G. W. Bush.

        +0

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  • Chokk // 26.04.2018 à 10h10

    Cette chanson est l’une des chansons contre la guerre en Irak qui frappe le plus juste. Elle raconte l’histoire d’un jeune américain partie à la guerre pour la gloire, le voyage et la paie, et qui découvre ce qu’est la guerre.
    https://www.youtube.com/watch?v=MOV3X0dxed0

    A hero of war
    Is that what they see?
    Just medals and scars
    So damn proud of me
    And I brought home that flag
    Now it gathers dust
    But it’s a flag that I love
    The only flag that I trust

      +1

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    • Alban // 26.04.2018 à 16h47

      Un héros de guerre
      C’est ce qu’ils voient ?
      Juste des médailles et des cicatrices
      Tellement fier de moi
      Et j’ai ramené ce drapeau à la maison.
      Maintenant, il recueille la poussière
      Mais c’est un drapeau que j’aime.
      Le seul drapeau en qui j’ai confiance

        +4

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  • Fritz // 26.04.2018 à 10h22

    Publiée en 2006, l’étude irréprochable du Lancet estimait à 655 000 morts le bilan humain de la guerre d’Irak, déclenchée trois ans plus tôt par les régimes de George Bush et Tony Blair à la suite d’une campagne de mensonges, et avec la bénédiction d’une bonne partie des dirigeants européens (Aznar, Berlusconi, Durao Barroso, entre autres). Cette étude a été quasiment étouffée par les médias français, alors que la France de Chirac s’était opposée (assez mollement) à la guerre d’Irak.

    Lorsque Wikileaks a commencé ses révélations, en 2010, quelques médias (Le Monde, RTL) ont évoqué des statistiques sous-estimées : 100 000 morts, alors que le nombre de victimes s’était multiplié en 2006 et 2007.

    Comme le souligne Davies, cette négligence qui minimise le bilan des guerres occidentales passerait pour du négationnisme si on l’appliquait aux victimes du IIIe Reich : elle serait même passible de poursuites judiciaires.

    Et pendant que nous commentons (et certes il faut échanger et commenter), George W. Bush, Tony Blair, José Maria Aznar, José Manuel Durao Barroso se prélassent et se pavanent. Romain Goupil et Pascal Bruckner n’ont pas été inculpés pour complicité de crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

      +21

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  • Landrix // 26.04.2018 à 10h45

    Petite erreur : irakiennes au lieu d’iraniennes

    « The Iraq Death Toll 15 Years After the US Invasion [Le nombre de victimes iraniennes 15 ans après l’invasion par les États-Unis, NdT] »

      +2

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  • Arcousan09 // 26.04.2018 à 11h21

    Tous ces morts, et c’est loin d’être fini, sont morts pour la « bonne cause »: libération du joug de dictateurs ou de « bouchers », démocratisation, pacification …. morts pour être libres et heureux !!!! sauce U.S.
    Au passage personne ne parle des morts de Gaza, du Yémen … Omerta, Omerta quand tu nous tiens

      +4

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  • Koui // 26.04.2018 à 12h21

    C’est un excellent article sur un sujet important. Lorsqu’il s’agit d’évaluer le nombre de victimes du communisme, tout y passe, même les enfants qui ne sont pas nés à cause des bouleversements conduits par les communistes. On arrive donc à 100 millions de morts. Mais quand il s’agit des guerres et révolutions dont les gouvernements « respectueux des droits de l’homme », les méthodes applicables aux ennemis ne sont plus pertinentes. Au moment de la guerre du Vietnam, toute personne tuée par les américains et leurs alliés était décomptée comme combattant ennemis éliminé, même les gosses. Cela donnait des communiqués triomphants où les pertes vietcongs étaient énormes, et des tableaux de chasse macabres. On se vantait de dépenser beaucoup pour défendre la liberté. Mais les américains ont fini par comprendre que revendiquer des massacres, des dépenses folles et montrer des piles de cadavres était contre-productif. Maintenant, on ne compte plus, ou bien selon des méthodes faussaires. On ne tue plus, il n’y a pas de chômeurs, le pouvoir d’achat augmente, les médias sont libres et notre argent n’est gaspillé que pour aider des feignants qui feraient mieux de travailler.

      +11

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  • occitan // 26.04.2018 à 17h00

    Etat voyou ? ah bon ! Mais non voyons, Etat vecteur de démocratie et de liberté. Mais de gré ou de force, plutôt de force d’ailleurs. Quelle forfaiture !

      +0

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  • JP4U // 26.04.2018 à 19h25

    Dans ce macabre décompte des vies humaines fauchées par la guerre il faut aussi hélas ajouter toutes les victimes ultérieures liées directement aux différents bombardements au phosphore blanc et à l’uranium appauvri. Car malheureusement il n’y a pas eu que Fallouja en avril 2004… Il faut savoir que les résidus de phosphore qui restent dans le sol s’il sont remis à l’air accidentellement, par un civil par exemple, se remettent immédiatement à bruler violemment. Quand aux poussières d’uranium une simple tempête peut en remettre en suspension et ces poussières inhalées sont particulièrement dangereuses. Le nombre de malformations et de cancers induits est malheureusement multiplié pour de nombreuses générations dans ces zones bombardées.

      +9

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  • Christian Gedeon // 26.04.2018 à 19h44

    Qui vit par l’épée,symbole omniprésent de Saddam Hussein périra par l’épée…bon okoumé lui ça a été la corde…ils me font marrer tous ces gens qui se retrouvent pro Saddam ou anti US une guerre trop tard…la gauche francaise était anti evidemment,sans trop savoir pourquoi,ce qui est une caractéristique habituelle de la gauche… La droite était divisée,sauf pour percevoir les dividendes des affaires françaises en Irak. A l’arrivée un peuple a été détruit ,avéc le complicité des arabes,bien tranquillement,pépere . Des anneés de guerre civile après,puis de guerre anti Deach( sic) ,rien n’a changé . Les gauches européennes avaient salué la chute du premier ministre Nouri Said,son assassinat et celui du roi… [modéré]

      +0

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  • fox 23 // 26.04.2018 à 21h49

    Ce qu’on sait de cet embargo, c’est un minimum de 500 000 enfants morts, cette bonne Albright ayant déclaré que c’était une décision difficile mais qu’il fallait la prendre !
    Plus largement, il serait intéressant de savoir combien ces grands défenseurs de la liberté (problème on ne sait pas laquelle) ont tués de civils innocents depuis la fin de la seconde guerre mondiale au cours des 23 agressions, sans autre raison que leur cupidité, sur la planète. un rapide calcul m’amène entre 10 et 15 millions.

      +5

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  • Henri Tanson // 03.05.2018 à 22h55

    Il y a une coquille au début de la traduction où il est écrit « The Iraq Death Toll 15 Years After the US Invasion [Le nombre de victimes IRANIENNES 15 ans après l’invasion par les États-Unis, NdT] , « . C’est le nombre de victimes iraquiennes, plutôt…

      +1

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