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« Maduro détruit l’économie et la souveraineté » – par Douglas Bravo

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Nous publions cet ancien article, d’un ancien chaviste, qui donne lui aussi une autre vision de la complexe situation au Venezuela…

Source : Paul Jorion, Douglas Bravo, 31-05-2016

Voici la traduction d’une seconde interview de Douglas Bravo, cette fois en mai 2016. Merci à Laurence M. Fournier pour la traduction et pour les notes. Ouvert aux commentaires.

DOUGLAS BRAVO : « MADURO DÉTRUIT L’ÉCONOMIE ET LA SOUVERAINETÉ »

« La dette n’est pas remboursable, il est immoral de la payer alors que des gens meurent dans les hôpitaux » dit Douglas Bravo ex-guerrillero

le 31 mai 2016

Carlos Díaz pour La Razón

« Nous sommes en train d’appeler à une grève générale qui expulse la totalité du pouvoir en place et forme un pouvoir constituant « originaire* », issu du peuple, affirme Douglas Bravo, ex-guerrillero et membre du mouvement Troisième Voie, lors d’un entretien avec « la Razón »

« Le gouvernement de Maduro a perdu sa légitimité», assure-t-il. « Le peuple s’élève depuis 17 ans face à ce régime dictatorial, militaire et violeur des droits humains, qui emprisonne des journalistes, qui interdit les libertés, qui a militarisé le pays, qui a autorisé la Garde Nationale à tirer avec des armes de guerre lorsque le peuple manifeste. Tout ceci est une violation de la Constitution, c’est un crime », ajoute-t-il.

Le 19 avril 1810, il y eut une grève générale, dit-il. « Ce jour là plus de 60% du peuple de Caracas s’est réuni autour de l’Hôtel de Ville. Ceci fut sans conteste une grève générale » précise-t-il. Un autre exemple, le 21 janvier 1958 contre Pérez Jiménez. « Assurément, à cette grève, il a manqué un détail : le Président devait être le journaliste Fabricio Ojeda ».

« Qui plus est, cette proposition, coupe les ailes au coup d’État, aux ententes des empires russe, chinois et nord américain et aux élections truquées – telles qu’elles l’ont toutes été. La grève générale est la seule possibilité pour que l’expression du peuple se réalise » souligne-t-il.

* sur le sens du terme « originaire » voir l’introduction du Mémoire de Master 2 à Panthéon-Assas soutenu en juin 2014 par l’avocate Rocío del Pilar Trujillo Sosa, traitant des problématiques de la constitution et des révisions constitutionnelles à propos de la Colombie de 1989 à 2012. (NDT)

« LA CONSTITUANTE DE CHÁVEZ NE FUT PAS APPELÉE PAR LE PEUPLE »

Une grève générale n’est-elle pas inconstitutionnelle ?

Non, car c’est une évolution décidée par le peuple et elle ne diffère pas d’un fait constituant « originaire » qui est admis par la Constitution. La constitution de 1961, comme celle de 1999 admettent le soulèvement populaire.

En quoi se distingue-t-elle du « blocage » général (paro general*) qu’appela l’opposition en 2002 pour faire tomber Chávez ?

Ce blocage ne fut pas appelé par le peuple, mais par les Fedecámaras**. Les États-Unis eux-mêmes ne soutinrent pas ce blocage, car ils étaient en train de préparer leur invasion en Irak et ils avaient besoin du pétrole vénézuélien. Il ne s’agit donc pas de destituer Maduro, mais le pouvoir en place.

* Paro (arrêt) general est une grève illimitée, une paralysie qui s’étend à la totalité du territoire, concerne tous les secteurs d’activité, vise à mobiliser l’ensemble de la société face au pouvoir en place, pour une durée indéfinie. Le Paro Nacional ou paro petrolero contre le gouvernement d’Hugo Chávez a eu lieu du 2 décembre 2002 au 9 février 2003 et a entrainé une perte de 9% du PIB. (NDT)

** Fedecámaras : abréviation de Federación de Cámaras y Asociaciones de Comercio y Producción de Venezuela, organisation principale d’associations d’entreprises regroupant 14 secteurs économiques du pays et 18 organisations étatiques. es.wikipedia.org (NDT)

Le Tribunal Suprême de Justice, l’Assemblée Nationale, l’Exécutif seront évincés ?

Tout. Le nouveau gouvernement devra convoquer une constituante « originaire ». Quand Chávez convoqua la Constituante, il employa la formule électorale n° 8 pour élaborer un ensemble de questions à soumettre au peuple. Le piège se situait dans la troisième question et nous l’avons dénoncé à la télévision : on a demandé au peuple s’il voulait ratifier tous les accords commerciaux et économiques préalablement établis.

Ce fut le traquenard commis par ce gouvernement. La Constituante de Chávez n’émana pas de bases populaires, mais des monopoles pétroliers de la bourgeoisie étatique. C’est pour ça qu’il n’a pas expulsé le pouvoir en place. Alors que le pouvoir constituant « originaire », c’est à dire la grève générale, évince le pouvoir en place. C’est se qui se passa lors de la Révolution Française.

EST-CE IMMORAL DE REMBOURSER UNE DETTE IMPOSSIBLE À REMBOURSER ?

Que pensez-vous des propositions de l’opposition pour sortir du gouvernement ?

Les quatre issues présentées par l’opposition, c’est à dire, la démission de Maduro pour raison de nationalité colombienne*, ce qui est la vérité ; le raccourcissement du mandat présidentiel ; la Constituante et le Referendum Révocatoire enferment les élites dans un compromis, mais pas les travailleurs, ni les étudiants, ni les intellectuels, ni les professeurs, ni les indigènes, ni les paysans et ni les petits et moyens producteurs.

* La mère de Nicolás Maduro, Teresa de Jesús Moros est née en Colombie, son fils est colombien au titre de l’article 96 de la Constitution de ce pays. Il a aussi été dit que N. Maduro, serait né à Cúcuta, ville à la frontière, mais située en Colombie et non à Caracas. Selon l’article 227 de la Constitution du Venezuela pour être élu Président de la République, il faut être vénézuélien et ne pas avoir d’autre nationalité, l’opposition a donc accusé le président M. d’exercer sa charge illégalement, mais le Tribunal Suprême en décembre 2016 a décidé que les citoyens ayant une autre nationalité, en sus de la vénézuélienne, pouvaient briguer la présidence. (NDT)

Quelle est votre analyse de la crise économique dont souffre le citoyen vénézuélien ? Quelles sont les causes des queues, des prix élevés, et de la pénurie d’aliments et de médicaments ?

Le mur de Berlin est tombé parce que ce processus politique n’avait rien à voir avec le socialisme, ni avec le communisme. Ce processus a amené la faim, la destruction des entreprises, la paralysie de l’agriculture et du commerce, les dettes et crises financières en Europe Orientale. Alí Rodríguez Araque, Rafael Ramírez et Chávez, dirent bien sûr que les prix élevés du pétrole allaient persister.

Ils méconnaissaient que l’ère industrielle que nous étions en train de vivre s’épuisait parce que l’énergie fossile, elle aussi s’épuisait, comme Jeremy Rifkin (sociologue et économiste états-unien) l’avait prévu. L’ère pétrolière touchait à sa fin. Avant cela vient la révolte planétaire des foules, ainsi que je l’ai dénommée, et le Venezuela conduira cette révolte en Amérique Latine.

Est-il éthique et moral que le gouvernement continue à servir la dette extérieure quand les gens ne peuvent pas se procurer de nourriture et meurent dans les hôpitaux faute de médicaments ?

Cette dette est une dette impossible à rembourser, il est immoral de la payer alors que des gens sont en train de mourir dans les hôpitaux, par conséquent on ne doit pas continuer à la payer. Qui plus est, un mécanisme international devrait se mettre en place et permettre de savoir dans quels pays sont déposés les fonds des fonctionnaires de ce gouvernement et puis les rapatrier pour qu’ils soient utilisés afin de résoudre les problèmes de faim, de pénurie, de santé et d’éducation.

IL Y A UN MÉCONTENTEMENT DANS LA FANB

Pourquoi avez-vous exprimé publiquement qu’il y a une agression envers la souveraineté nationale ?

Personne, même pas Juan Vicente Gómez, n’a vendu la souveraineté vénézuélienne dans les termes dans lesquels le gouvernement l’a fait avec les entreprises mixtes dans la Bande pétrolifère de l’Orénoque. On a renoncé à la souveraineté pour presque un siècle, elle a été cédée à des entreprises étrangères pour quarante ans et cent trente ans de prorogation. Personne ne l’avait jamais fait avant. Chávez signa ceci le 31 mars 2006 et aucun des 13 pays intégrant l’OPEP n’a cédé sa souveraineté sous la forme d’entreprises mixtes.

Maduro aussi est en train de compromettre la souveraineté ?

Chávez a livré l’arc pétrolier de l’Orénoque et maintenant Maduro fait la même chose avec l’arc minier en Guayana. Maduro suit les pas de Chávez quant à la vente de la souveraineté. En conséquence, il ne doit pas être jugé pour être colombien, mais pour la destruction de la souveraineté, pour la destruction de l’économie : PdVSA* est à terre, les raffineries de Jose et Punto Fijo produisent moins de 40%, les entreprises de Guayana également sont détruites. On doit le juger pour les dommages qu’il a engendrés.

*La société publique pétrolière vénézuélienne : Petróleos de Venezuela S.A. (NDT)

Dans quel état est la Force Armée Nationale Bolivarienne (FANB) ?

La FANB a été détruite, démantelée et aujourd’hui, ils persécutent les officiers patriotes qui se sont prononcés contre la pratique du narcotrafic, contre la corruption, contre les contrats souscrits avec d’autres pays pour leur donner accès à l’énergie pétrolière, ils se sont aussi prononcés contre le gel du processus de récupération de l’Esequibo*. Sept officiers de Maracay furent accusés de conspiration et peut-être étaient-ils en train de contester des faits internes à la FANB. Nous avons connaissance d’officiers qui disent qu’ils ne peuvent pas tenir tête à des narcotrafiquants. C’est une contestation ferme, un véritable désaveu du Président et du Ministre de la Défense.

Ainsi, récemment de jeunes officiers de la FANB appréhendèrent 150 personnes d’un navire étranger qui étaient en train d’extraire du pétrole dans l’Esequibo. C’est un acte digne de louanges et on doit leur serrer la main, car ils ont pris le risque de passer outre aux instructions auxquelles ils sont soumis afin de préserver la souveraineté vénézuélienne.

* Territoire de 159 000 km2 partie occidentale du Guayana que réclame le Venezuela se fondant sur le traité de Genève du 17 février 1966 et l’article 10 de sa propre constitution. fr.wikipedia.org (NDT)

LE GOUVERNEMENT A DÉTRUIT L’INDUSTRIE PÉTROLIÈRE

L’inquiétude sur la situation critique du pays augmente-t-elle dans les casernes ?

Étant donné que le gouvernement exprime la conception géopolitique des Empires de Russie et de Chine, la MUD* exprime celle des États-Unis. Et dans la FANB le courant qui ne souhaite pas que nous continuions d’être une colonie a progressé et ils savent que le Venezuela est toujours une colonie, hier des États-Unis et aujourd’hui de la Russie et de la Chine. Nous recherchons l’indépendance totale, nous ne pouvons être sous la dépendance d’aucun autre pays. Par exemple, l’accord signé avec la Chine, qui autorise sa participation à l’arc pétrolier de l’Orénoque représente un dommage économique immense.

* MUD Mesa de la Unidad Democrática (coalition de l’opposition) (NDT)

Cette dictature, telle que vous la définissez, va-t-elle continuer à gouverner ?

Nous, nous disons qu’elle va continuer. Le Venezuela a vécu des expériences de lutte sociale pour la défense des droits humains, pour la défense de la souveraineté, de la démocratie et des libertés démocratiques. Cette lutte aura un poids significatif. Ce qu’il y a eu dans tout le pays est une alliance civico-militaro-religieuse. Escomptons qu’il se produise un saut historique, un sursaut de grande envergure qui réunisse une grande alliance

Le gouvernement parle de guerre économique et de coup (d’état) lent* mais pas de crise humanitaire, qu’en pensez-vous ?

Le Venezuela vit une crise qui englobe l’économique, le financier, bancaire, agraire, pétrolier et toutes les entreprises de l’État. Ce n’est pas une crise importée de l’extérieur, par exemple le marché pétrolier a pris soin de satisfaire les demandes. L’Iran s’est engagé pleinement à combler ses clients pétroliers. Pourtant, il s’agit au contraire d’une crise de l’échec total d’un gouvernement qui a détruit l’industrie pétrolière, l’industrie de Guayana et l’agriculture.

Le gouvernement a saisi les principales entreprises agricoles et en ce moment aucune ne produit. Oui, la crise humanitaire existe. Cependant, je suis content car face à cela, le peuple fait les premiers pas pour retourner dans la rue. Je me souviens que dans les années soixante, les jeunes étudiants avaient un slogan : « les rues sont au peuple et non à la police ». Et aujourd’hui on commence à retourner dans la rue, à nouveau, dans les villages, dans les villes et à Caracas, pour les reprendre au gouvernement et à la police.

* Coup d’état doux ou soft : stratégie progressive d’affaiblissement d’un gouvernement, par étapes, visant à son renversement, comme exposée dans Gene Sharp, From Dictatorship to Democracy que Maduro a déclaré être à l’œuvre dans son pays depuis sa prise de fonction, sous l’impulsion de l’opposition de droite, soutenue par les États-Unis. Voir « Un golpe lento en marcha » d’Ignacio Ramonet. (NDT)

ILS VIOLENT LES DROITS HUMAINS

La bolibourgeoisie* continue à croître et à s’enrichir avec l’argent public ?

Depuis Páez**, au Venezuela la classe moyenne a commandé au nom des empires. Qu’ensuite elle se soit transformée en bourgeoisie, c’est autre chose. Puis vint la bourgeoisie « adeca »***, mais ensuite arriva la plus grande de toutes, la « chavista », la bourgeoisie du gouvernement. Elle surpasse l’aristocratie, la traditionnelle et celle des adecos. Cette bourgeoisie géra une rente pétrolière qui fut à 7 dollars sous Caldera**** et arriva à 125. Une rente de cette nature les rendit fous, les ébranla car ils n’avaient jamais manié quelque chose de similaire. Les vieux guérilleros sont ceux qui avaient conduit la politique pétrolière pendant 14 ans de suite.

* boliburguesía contraction des mots bolivarienne et bourgeoisie néologisme inventé par le journaliste Juan Carlos Zapata es.wikipedia.org (NDT)

** Jose Antonio Páez Herrera (1790-1873) militaire et politique, acteur de l’indépendance vis à vis de l’Espagne et de la séparation du Venezuela de la Grande Colombie, Président à 3 reprises 06.05.1830 au 20.01.1835, 1.02.1839 au 20.01.1843 et 29.08.1861 au 15.06.1863 es.wikipedia.org (NDT)

*** adeca abréviation de « Acción Democrática » parti politique vénézuélien fondé en 1941, initialement membre de l’Internacional Socialista, puis qui a évolué vers une tendance sociale-démocrate centre, centre-gauche et participé à la MUD lors des élections du 6 décembre (6D) en 2015. es.wikipedia.org (NDT)

**** Rafael Caldera (1916-2009) Président du Venezuela à 2 reprises du 11 mars 1969 au 11 mars 1974 et du 2 février 1994 au 2 février 1999 en.wikipedia.org (NDT)

Pourquoi y a-t-il quotidiennement des pillages et des lynchages sur une grande partie du territoire national ?

Le pillage est une réaction à la faim, à la perte de confiance dans le gouvernement et à la pénurie. En ce qui concerne les lynchages, ils ne sont pas une bonne chose car les gouvernements y poussent afin de motiver leur répression. Les OLP* sont contre le peuple pauvre. Pourquoi les OLP assassinent-elle les gens au lieu de les assigner devant les tribunaux ? Ils entrent dans les maisons et il n’y a pas de prisonniers, mais des morts, ceci est une violation des droits humains. Au fond, il y a une guerre contre le peuple. Pourquoi l’Armée a-t-elle des armes comme les AK-47 russes dans les « barrios » (quartiers) ? Pourquoi des grenades font-elles leur apparition ? Le gouvernement, à la recherche de suffrages, a créé des brigades armées et maintenant ces groupes agissent en accord avec ce qu’on appelle une autonomie d’action.

*Les Operaciones de Liberación del Pueblo, est un « plan contre le crime » créé le 13 juillet 2015, qui mène des actions « de sécurité » incluant les forces policières et de renseignement (Policía Nacional Bolivariana (PNB), Guardia Nacional Bolivariana (GNB), Dirección General de Contra Inteligencia Militar (Dgcim) et Cuerpo de Investigaciones Científicas Penales y Criminalísticas (Cicpc) et re-nommées Operaciones Humanista de Liberación del Pueblo (OLHP) en janvier 2017. Leurs actions sont qualifiées d’« exécutions extrajudiciaires », tuant des criminels, mais aussi des innocents, à 99% des hommes de moins de 25 ans. La procureure générale Luisa Ortega, limogée le samedi 5 août 2017 avait dénoncé cette violence en juillet 2016. (bbc.com/mundo/noticias-america-latina et lemonde.fr/ameriques) (NDT)

Maduro doit-il montrer son extrait de naissance ?

Il y a plusieurs thèses sur le thème de la nationalité dont nous avions discuté à l’époque de la guérilla. Ainsi, Simón Rodríguez a dit que la Patrie est l’Amérique. Nous devrions nous demander pourquoi Bolivar fut le président de la Nueva Granada (aujourd’hui, la Colombie) et le président de l’Équateur fut le vénézuélien Juan José Flores. Il y eu dans la guérilla vénézuélienne des guérilleros d’Argentine, Brésil, Portugal, Italie, Mexique, Colombie, Cuba et d’Amérique Centrale. Nous considérions que c’était une seule armée, le projet était de créer une seule force révolutionnaire qui devait s’appeler Force Armée de Libération Continentale, c’est à dire une guérilla pour toute l’Amérique Latine.

Nous maintenons encore aujourd’hui que l’Amérique Latine a besoin d’une armée qui lui soit propre pour sortir du giron nord-américain et russe. Je persiste à penser que nous sommes une seule nation et je considère qu’un homme doit être puni pour ses crimes, délits, manipulations financières et violation des droits humains. Si Maduro passe en jugement pour sa nationalité*, sa destruction du pays et l’attentat commis contre la souveraineté restent, pour autant, sans sanction judiciaire.

*Interview recueillie avant la décision du Tribunal Suprême en décembre 2016.

LA MUD NE PEUT PAS REMPLACER LE SOCIALISME DU XXIÈME SIÈCLE

Le gouvernement de Maduro est-il de gauche, de droite ou néolibéral ?

Il faudrait le positionner comme le gouvernement de Chávez, c’est à dire un gouvernement antipatriote, antinationaliste, violeur de la souveraineté nationale. Cette vieille gauche qui a gouverné avec Chávez et maintenant avec Maduro est la nouvelle droite d’aujourd’hui.

Quel a été le rôle de l’Assemblée Nationale ?

Au Venezuela, il faut chercher une voie distincte de celle du pacte adeco-copeyano* de Punto Fijo. Nous ne pouvons pas espérer que le Socialisme du XXIème siècle soit remplacé par la MUD, mais par une révolte des foules qui mettra en place des gouvernements patriotiques. La grève générale est le seul pacte populaire, les autres sont des accords de cliques.

* De Copei acronyme de Comité de Organización Política Electoral Independiente, parti politique vénézuélien de tendance humaniste chrétienne, mais a-confessionnel. Le pacte de Punto Fijo est l’accord de gouvernement entre 3 partis AD (Acción Democrática), Copei et URD (Unión Republicana Democrática) signé le 31 octobre 1958 avant les élections. es.wikipedia.org (NDT)

Que se passe-t-il avec la gauche en Amérique Latine quand nous voyons que le « kirchnerisme a perdu le pouvoir en Argentine, quand Evo Morales a perdu le référendum, quand la Présidence a été retirée à Dilma Rousseff et quand le Venezuela connaît une des crises les pires de son histoire ?

En Amérique Latine, il y a une tendance à sortir du Pacte de São Paulo et Porto Alegre qui créa les conditions pour qu’en Amérique Latine s’instaure un socialisme qui n’était pas du socialisme. C’est une influence venue d’Europe. Ignacio Ramonet qui vient de publier une biographie sur Chávez était le président de São Paulo.

DOUGLAS BRAVO

« CHÁVEZ NE M’A JAMAIS LEURRÉ »

Douglas Bravo a eu 84 ans le 11 mars passé (2016). « On me dit que je ne fais pas mon âge » dit-il. De surcroît, il est en bonne santé, assure-t-il, au regret du gouvernement. « Le médecin m’a recommandé de reprendre la natation, l’exercice physique et de m’alimenter avec plus de protéines pour endiguer quelques douleurs de la colonne vertébrale. »

« Pendant 20 ans j’ai porté 25 kilos : un sac à dos, un fusil de 7 kilos et des munitions et cela m’a usé le dos », explique-t-il.

Il a combattu pendant 10 ans Pérez Jiménez, 40 ans contre AD y Copei – dont 20 dans la guérilla – et maintenant depuis 17 ans contre Chávez et Maduro. « Je suis le premier à avoir dénoncé ce vers quoi tout cela menait » note-t-il. « Les gens ne comprirent pas que l’approche de Chávez était celle d’un capitalisme d’État attardé. Je ne m’y suis jamais trompé », assure-t-il.

« Chávez, qui a milité avec nous pendant dix ans, savait qu’il y avait deux forces hégémoniques sur la planète : le capitalisme d’État russo-chinois et le capitalisme d’État des grands consortiums nord-américains et internationaux », dit-il.

« Un jour, alors qu’il était déjà Président, il m’appela pour que nous ayons une réunion privée. Nous nous accordâmes sur le lieu et l’heure. Ce jour là il avait un meeting et je l’ai attendu. J’ai reçu l’appel d’un général qui m’a demandé de l’attendre. Je l’ai attendu. Ensuite j’ai reçu un autre appel me disant que Chávez n’aurait que le temps de sortir de la voiture et de me saluer. J’ai refusé et leur ai dit que le programme était une réunion privée. Ils me dirent d’attendre et j’ai attendu. Ils m’appelèrent à nouveau, me disant que Chávez allait m’attendre dans la tribune pendant le meeting. Bien sûr, j’ai encore plus refusé. Il voulait que je sois dans la tribune pour lui lever la main. J’ai refusé, il me tendait un piège », se souvient-il.

Source : Paul Jorion, Douglas Bravo, 31-05-2016

Voir aussi : Venezuela – Rectification concernant la rupture entre Douglas Bravo et Hugo Chávez, par Floréal Cuadrado

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Commentaire recommandé

Duracuir // 26.01.2019 à 08h21

Ancien Chaviste, ancien Chaviste, ça ne veut rien dire « ancien Chaviste »
On est un chaviste ou un renégat, c’est tout.
Y en a marre de ces anciens quelque chose, qui se drapent de l’honneur d’un mouvement qu’ils ont renié, voire trahi pour mieux tapiner avec leurs « pseudos » pires ennemis d’hier.
On parle des anciens trostskistes, ancien maos, anciens staliniens devenus les plus farouches zélateur des ordres néo-libéraux et néoconservateurs?
On parle des anciens « gaullistes »? Sarkozy, Fillon?
Des anciens sans-culottes les plus sanguinaires reconvertis sous Napoléon puis pairs de France sous Louis XVIII?
Des ancien socialiste Mussolini? Déat? Doriot?
Que ce type se revendique d’une nouvelle opinion c’est son droit, mais qu’on mette en avant son statut d' »ancien » chaviste est lamentable et répugnant.

31 réactions et commentaires

  • Duracuir // 26.01.2019 à 08h21

    Ancien Chaviste, ancien Chaviste, ça ne veut rien dire « ancien Chaviste »
    On est un chaviste ou un renégat, c’est tout.
    Y en a marre de ces anciens quelque chose, qui se drapent de l’honneur d’un mouvement qu’ils ont renié, voire trahi pour mieux tapiner avec leurs « pseudos » pires ennemis d’hier.
    On parle des anciens trostskistes, ancien maos, anciens staliniens devenus les plus farouches zélateur des ordres néo-libéraux et néoconservateurs?
    On parle des anciens « gaullistes »? Sarkozy, Fillon?
    Des anciens sans-culottes les plus sanguinaires reconvertis sous Napoléon puis pairs de France sous Louis XVIII?
    Des ancien socialiste Mussolini? Déat? Doriot?
    Que ce type se revendique d’une nouvelle opinion c’est son droit, mais qu’on mette en avant son statut d' »ancien » chaviste est lamentable et répugnant.

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    • Canal // 26.01.2019 à 08h50

      Sur le fond, plutôt d’accord avec vous. Peut-être un peu raide sur la forme.

        +12

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      • Garibaldi2 // 27.01.2019 à 03h19

        On dit qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, mais ce sont les renégats qui le prétendent.

          +3

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  • RV // 26.01.2019 à 08h57

    Oui ! il y a une opposition de « gauche » au Venezuela.
    Ceux qui en doutent ne sont sans doute pas assez curieux.
    Le texte proposé omet quelques faits, tout comme ceux que je vous propose.

    https://venezuelainfos.wordpress.com/2018/11/29/comprendre-le-blocus-contre-le-venezuela-le-vecu-et-les-faits-1-2/
    https://www.legrandsoir.info/comprendre-le-blocus-contre-le-venezuela-le-vecu-et-les-faits-2-2.html
    (lien effacé-erreur 404)
    https://www.pressenza.com/fr/2018/09/pretexter-une-crise-migratoire-pour-envahir-le-venezuela/

      +2

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  • Fritz // 26.01.2019 à 10h31

    Douglas Bravo (on dirait l’indicatif d’un avion US), à propos du coup d’État tenté contre Hugo Chávez en 2002 :
    « Les États-Unis eux-mêmes ne soutinrent pas ce blocage ».
    Ha ha ha ha ! Hi hi hi ! Ouaf ouaf !!
    C’est paru sur le blog de Paul Jorion, un « ancien dissident » (voir l’analyse de Duracuir).

      +17

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    • Mr K. // 26.01.2019 à 13h28

      Sur le coup d’État de 2002 contre Chávez, orchestré principalement par les USA : le documentaire exceptionnel « La révolution ne sera pas télévisée ».

      Ou comment une équipe de la télévision irlandaise préparant un documentaire sur le président vénézuélien Hugo Chavez, s’est retrouvée à filmer « en direct » le coup d’état du 11 avril 2002 au sein même du palais présidentiel, le « palacio Miraflores ».

      https://www.les-crises.fr/video-coup-detat-contre-chavez-la-revolution-ne-sera-pas-televisee/

      Un scénario incroyable, avec prise de pouvoir d’opérette (« d’opérette » parce qu’elle n’a pas réussi), …, et retour final du président enlevé.
      Ou comment la réalité dépasse la fiction.

      A regarder ne serait-ce que pour voir, sentir, comprendre, à quel point le pouvoir dirigeant un pays peut paraître si inébranlable et être finalement si fragile à certains moments clés.

        +6

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  • yack2 // 26.01.2019 à 10h36

    Dans une situation de guerre perpétuelle, il n’y a pas 3 côtés sur une barricade,il faut malheureusement choisir un camp, il semble qu’il l’ai fait:Un joli prototype de gauche CIA!!!

      +22

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    • Mr K. // 26.01.2019 à 13h44

      La métaphore de « la barricade » que vous utilisez, ne présentant que deux côtés, est aussi grossière que celle employée par George W. Bush après le 11 septembre 2001, avec son « axe du mal » et donc en opposition un « axe du bien » conduit par les USA.

      Sans souscrire pour autant à tout ce qu’écrit M. Douglas Bravo, je trouve tout à fait sain qu’il énonce que la Russie et la Chine capitalistes (d’état ou pas) ont elles aussi des intérêts privés et/ou d’état au Venezuela.

      Dans les relations internationales d’un pays, au moins en théorie, il y a autant de côtés qu’il y a d’autres pays dans le monde.

      Alors, « gauche CIA », vous allez peut-être un peu vite?

        +4

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      • yack2 // 26.01.2019 à 16h16

        Ne vous déplaise,c’est bien parce que Bush a énoncé le principe des axes que nous en sommes là, le Venezuela comme tant d’autres n’aspirent qu’à avoir la paix et n’ont que la guerre ( et risque fort de l’avoir dans sa forme la plus dure). Les Usa ne laissent aucun choix et surtout pas à une troisième voie, vous pourrez bien tourner les métaphores avec se genre de zozos dans tous les sens, il y a des agresseurs et des agressés. Allez donc demander à Zapatero (bolchévique s’il en est) ce qu’il pense des médiations avec se genre de zozos.

          +9

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  • Chris // 26.01.2019 à 11h41

    A survoler ce témoignage, intéressant en soi, je me dis que tous les peuples du monde, où l’appropriation des ressources et espaces fait rage (selon la formule d’Henri Laborit), devraient se serrer la main !
    Finalement, les Français lambdas ne sont guère mieux lotis que les Vénézuéliens. Les appellations changent, mais le fond reste exactement le même : lutte des classes et des clans.

      +5

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  • Sinoué // 26.01.2019 à 13h52

    Finalement être d’accord avec le coup d’Etat au Vénézuela qui doit renverser Maduro, aux côtés des États Unis, de l’Europe et de la France qui marche avec du Macron, serait considérer Maduro comme unique responsable de l’état dans lequel le pays se trouve, y compris la faute ultime de payer les dettes aux banques commerciales du pays qui l’affament davantage encore…

    Je propose que la France arrête de payer sa dette aux banques, dettes aujourd’hui augmentées des deux tiers grâce aux taux d’intérêts, avec les 50 milliards de nos impôts sur le revenu qui partent directement dans les poches des banques commerciales pour payer l’usure, au lieu d’alimenter nos Hôpitaux, rétablir une justice sociale, une justice fiscale, réduire la misère, recréer des emplois qui ont du sens, passer aux énergies renouvelables, l’hydrogène, relever la démocratie qui se fait enculée depuis des plombes dans le lit de l’oligarchie triomphante.

    Un RIC ne coûte pas cher à la démocratie, mais va coûter cher à l’oligarchie.

    Voilà en toute laideur ce qui apparaît au Vénézuéla aujourd’hui, le pouvoir des oligarchies dominantes, mondiales, en train de tout faire depuis des années pour renverser un pouvoir qui a osé reconstruire sa démocratie et sa souveraineté…

    Si nous faisions aussi, tous en même temps de part le monde, cette reconstruction de nos démocraties, avec la vraie démocratie, de couleur jaune, balayant sur son trottoir les vieilles oligarchies, les ringuards du capital.

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    • Un_passant // 26.01.2019 à 15h51

      Oui enfin… en Amérique du Sud, dans le triangle du pétrole, que ce soient les fascistes ou les socialistes, ils s’arrangent toujours pour finir en régime autoritaire qui affame le peuple, avec ou sans l’aide des autres pays…
      L’information semble fiable selon laquelle Maduro aurait pactisé avec les narcotrafiquants de Colombie pour asseoir le pouvoir de son clan et ses arrières financières. Drôle de socialisme quand on s’enrichit sur le dos du peuple en détournant le pétrole pour son propre intérêt. Non? D’où, d’ailleurs, la partie où Douglas Bravo évoque la Chine, puisque c’est, semble-t-il, elle qui achète ce pétrole « privatisé ».

        +2

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  • Un_passant // 26.01.2019 à 17h17

    Que la méthode d’interventionnisme labellisée CIA soit la plus stupide, difficile de dire le contraire. Mais aller accuser le libéralisme comme certains le font, c’est un peu fort, est-ce qu’un pays comme le Venezuela, avec les premières réserves pétrolières au monde a besoin du socialisme? A en juger par la Norvège, il semble que non.
    La faute au libéralisme, aux USA, ou aux reliques d’un communisme qui devrait avoir disparu depuis longtemps?
    L’intérêt commun, pour le bien du peuple vénézuélien? Une gestion à la norvégienne avec un fond souverain ad hoc. Les USA seraient contre? Cette blague. Ce sont bien les milices communistes transformées en milice narcotrafiquantes qui sont l’une des pires plaies de l’Amérique du Sud.
    C’est bien le régime chaviste puis Maduro qui sont à l’origine de ce navrant désastre.

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    • Mr K. // 26.01.2019 à 18h40

      Il me semble que vous suivez un raisonnement dans lequel équivaudraient choux et carottes.

      D’ailleurs une expression française le démontre bien : « La Norvège c’est pas le Pérou ».

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      • Un_passant // 26.01.2019 à 18h54

        Bon, je vais expliquer…
        On accuse les USA, « l’axe occidental » d’impérialisme et j’en passe. On omet systématique le fait que la Norvège est grosso-modo leur seul pays au monde dont on peut dire qu’il a échappé à la « malédiction du pétrole ».
        Pourquoi aucun pays (encore que pétromonarchies du Golfe et Brunei commencent à l’imiter) ne s’en inspire?
        Le Venezuela de Chavez a choisi un socialisme dans sa forme caricaturale au lieu de prendre modèle sur la Norvège et bien sûr c’est la faute des USA. L’idéologie socialiste et l’antiaméricanisme les plus primaires ont primé sur l’intérêt collectif.
        Accessoirement l’expression, c’est seulement « C’est pas le Pérou » en référence à la légende d’Eldorado.

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        • yack2 // 26.01.2019 à 19h11

          Chavez a pris un pays avec la moitié de la population pauvre , dont 25% dans l’extrême pauvreté,avec des taux d’analphabétisme très élevés, un manque d’éducation générale. Il a eu contre lui toute l’élite du pays , élite qui a fait sécession avec le pays à tous point de vue, économique,démocratique…..C’est pourquoi la comparaison avec la Norvège……n’explique absolument RIEN.

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          • Un_passant // 26.01.2019 à 19h29

            Oui, enfin… il a géré la situation avec la logique du Zimbabwe : on nationalise, on exproprie et…ah bah zut il ne reste personne qui sache gérer. Au lieu de chercher à les associer, il a simplement fait dans le socialisme le plus stupide et le plus péremptoire (malgré tous les précédents depuis soixante ans qui montrent que c’est la pire des décisions, la pire des méthodes) : « Les riches, c’est mal, les USA c’est mal, que tout ce petit monde dégage! »
            Et vous appelez ça de la politique.

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        • Mr K. // 26.01.2019 à 22h30

          @Un-passant
          « La Norvège c’est pas le Pérou » expression renversant en quelque sorte la hiérarchie était une plaisanterie de ma part.

          Votre comparaison entre un pays de la vieille Europe et un pays « récent » du nouveau monde ne me semble pas valable.

          De plus les pays nordiques dont la Norvège sont réputés mondialement pour leur modèle social.
          Ce sont justement des pays dont on peux dire qu’ils mettent (ou mettaient) en œuvre une démocratie à l’idéologie sociale.

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          • Un_passant // 27.01.2019 à 09h12

            Idéologie sociale ne veut pas dire socialisme pur et dur. Or c’était bien l’intention de Chavez que de faire dans le « socialisme pur » oubliant au passage que Bolivar était plutôt libéral (peut-être libéral social à la norvégienne mais certainement pas socialiste).
            On reproche aux élites d’avoir fait sécession, et pour cause : nationalisations sauvages, expropriations pures et simples. Aucune nuance, aucune progressivité. C’est bien ce que je reproche : approche autoritaire et verticale, sans discernement.
            Toujours cette antienne d’accuser les riches de tous les maux sans jamais mettre les politiciens face à leur acariâtreté idéologique. C’est d’ailleurs ce qu a principalement été reproché à Chavez, une gestion typique des pays souffrant de la malédiction du pétrole : vision court-terme et clientélisme, dont le »socialisme idéologique » le plus crasse amplifie dramatiquement les effets.

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  • Patrick // 26.01.2019 à 17h26

    Bonjour, ce message est volontairement excessif voir provocateur mais les idées qui y sont développée sont en fait assez fidèle a mes pensées (qui ne sont pas figés). Ça peut partir dans tous les sens, désolé.

    En quoi un pays (et quand je dis un pays je parle de n’importe quel pays et pas spécifiquement du Venezuela), qui par un hasard géographique et géologique pourrait s’enrichir et bénéficier d’un pouvoir sur la dépendance énergétique et en matériaux rares sur d’autres pays.
    Une mutualisation mondiale des ressources énergétiques et des matières premières me parait une « solution idéale » qui pourrait être la suite logique en politique internationale d’un pays qui a pour devise « liberté, égalité, fraternité ». (Il me semble d’ailleurs que le président russe Poutine avait développé cette idée concernant spécifiquement le combustible nucléaire), vœux pieux
    Bon je sais que tout cela est utopique et ne sera jamais accepté par les pays qui bénéficient de telles ressources (aussi bien par les puissants qui dominent les faibles que par les faibles qui résistent aux puissants).
    Cette mutualisation ne se fera jamais, ou plutôt si mais en partie et de manière inégalitaire, elle se fera mais par l’impérialisme de l’axe occident (quand l’axe aura mis la main sur les ressources des faibles partout ou cela est possible).

      +1

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    • Patrick // 26.01.2019 à 17h26

      Je regarde actuellement la session extraordinaire du Conseil de Sécurité des Nations unies sur le Venezuela et je suis frappé qu’a aucun moment il n’est été prononcé le mot « pétrole ». En tout cas il permet de distinguer l’axe occident (et ses pays « alliés » faibles déjà soumis) contre le reste du monde. L’axe occident avance masqué et n’assume pas ouvertement son impérialisme. C’est la grande hypocrisie de notre civilisation, un impérialisme non assumé aux yeux des gens ordinaires.

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    • Un_passant // 26.01.2019 à 18h28

      Quel gestion est préférable : à la norvégienne ou à la Chavez/Maduro? Quel peuple vous semble le plus heureux, le plus libre entre les deux?
      La critique de « l’axe occidental » masque très mal le fait que le socialisme « appliqué » a abouti systématiquement à des dictatures.
      Franchement, vous imaginez que les USA s’opposeraient à ce que le Venezuela décide de réformes en se basant sur le modèle norvégien? Ce sont les socialistes les plus durs qui seraient vent debout contre une telle approche!

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      • Patrick // 26.01.2019 à 18h48

        Je suis assez curieux, pouvez-vous me donner plus de détails concernant la gestion a la norvégienne ainsi que de celle a la vénézuélienne, merci.

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        • Un_passant // 26.01.2019 à 20h48

          La Norvège reste fondamentalement libérale et limite son interventionnisme à quelques points essentiels, le Venezuela a nationalisé à la sauvage tout et n’importe quoi. Le Venezuela pouvait modifier la réglementation sur le pétrole, il a préféré nationaliser, là même ou la Norvège n’est plus qu’actionnaire majoritaire de la Statoil.
          Disons que la Norvège fait dans la subtilité là où le Venezuela fait dans la force stérile.
          La Norvège est généralement dans le top 10 (top 15 au pire) des pays où investir ou créer une entreprise.

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  • Volodia // 26.01.2019 à 18h57

    Il y a des moments pour discuter et refaire le monde à sa guise (de mille et une façons différentes d’ailleurs) et il y a des moments pour s’engager.
    Aujourd’hui au Vénézuela c’est d’un côté ou de l’autre.
    Maduro peut avoir tous les défauts possibles, mais c’est le Président élu de son Pays. Elu selon le même système électoral que celui qui a donné l’Assemblée Nationale à l’opposition. Si donc Maduro est illégitime, l’AN l’est aussi. Et même si Maduro était illégitime, qui donne le droit aux US de menacer voire de programmer une invasion militaire, directement et/ou via ses supplétifs brésiliens ou colombiens?
    Fera-t-on à nouveau « le bien » du Vénézuela contre le Vénézuela? Comme on l’a fait en Irak, en Lybie et dans des dizaines d’autres pays dévastés sur toute la planète par l’Empire du « Bien »?

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    • Un_passant // 26.01.2019 à 20h58

      Non, ça serait encore pire. De toute façon, on verra bien dans dix ans (tant pis pour les vénézuéliens) qui a raison : est-ce que le Venezuela va se redresser ou est-ce que Maduro va confirmer les signes plus qu’inquiétants d’orientation pétro-dictatoriale voire narco-mafieuse.
      Il peut choisir d’adoucir sa politique et libéraliser à la norvégienne ou imiter Cuba et quelques autres.
      Le plus triste, c’est qu’il est peut-être meilleur allié des américains en mettant en place un gouvernement « contrebandier » qu’il ne le serait en étant libéral à la norvégienne. Mais pour faire comprendre ça des socialistes…

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      • yack2 // 26.01.2019 à 22h21

        Il semble que vous soyez dure à la comprenette, les élites économiques, industrielles, médiatiques ont fait sécession au Venezuela…..sécession, sabotage,putch,para-militarisme,attentats, violences de toutes sortes…..Et avec 50% de pauvres dont beaucoup d’illettrés, sans formation, pas soignés….on ne fait pas tourner un pays comme en Norvège…..Il est donc IMPOSSIBLE de prendre cet exemple …..Pour ce qui est du narcodictatomafieux corrompu …je vous laisse à vos slogans trumpistes, bonne soirée!

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        • Un_passant // 27.01.2019 à 09h21

          Bien entendu, tout le mal vient d’un côté, il y a un gentil et plein de méchants. Quand on prône le socialisme le plus crasse, il ne faut pas s’étonner des résistances surtout quand depuis soixante ans, on connaît toutes les conséquences néfastes bien réelles du socialisme pur.

          Chavez n’a tenu que parce que le pétrole était à presque 100 dollars, pas parce qu’il gérait bien! Et c’est bien tout le problème et le plus gros reproche qui lui a été fait : privilégier le socialisme, gaspiller la rente pétrolière plutôt que de favoriser la diversification de l’économie et provisionner une partie dans un fond souverain.

          Ma vision serait déraisonnable? Excessive? A d’autres! Vous ne voulez pas voir toutes les conséquences néfastes du socialisme appliqué, malgré tous les exemples depuis près d’un siècle.

          Le socialisme pur ruine les pays, ça c’est l’expérience historique! La Chine s’en sort justement parce qu’en réalité elle a une approche bien plus libérale que n’importe quel socialisme typique!

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          • JLR72 // 28.01.2019 à 17h02

            Vous parlez des « conséquences néfastes du socialisme pur ». Pour ma part, j’y ai vu, surtout, une petite clique au pouvoir souhaitant s’arroger tous les pouvoirs pour son propre bénéfice.
            « diversification de l’économie et provisionner une partie dans un fond souverain ». Certes Chavez aurait dû lancer une politique de diversification mais la diversification n’est pas une chose aisée et nécessite du temps, beaucoup de temps. L’urgence du Vénézuela à l’époque était de sortir une grande partie de sa population de la pauvreté et de l’analphabétisme, un objectif long et coûteux. Hors les prix élevés du baril n’ont duré que moins d’une décennie.
            Par ailleurs, vous comparer un pays dont le développement social et culturel remonte à 1 siècle avec un pays dont la majorité était pauvre et sans éducation il y a de cela 30 ans. En outre, la gestion d’un pays disparate et émergent de 32 millions d’habitants et contraint par tous types d’embargo est un peu plus délicate que celle d’un pays de 5 millions comme la Norvège.
            Quels sont les pays disposant d’un fond souverain??
            Les pays peu peuplés (<10m d'habitants) et/ou de paradis fiscal.
            J’ajouterai enfin que le pétrole vénézuélien est de moins bonne qualité que celui qui fait la richesse des sous-sols saoudiens ou emiratis car son extraction et raffinage demandent des coûts bien plus élevés que le pétrole léger du Moyen-Orient. Le Venezuela a donc bien plus de difficulté à transformer et rendre commercialisable son or noir.

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            • Un_passant // 28.01.2019 à 18h25

              La Chine ou le Vietnam montrent très clairement la différence entre le socialisme pur et le mono-partisme qui se revendique « social » voire « communiste » mais se montre économiquement quand même très libéral…

              A l’opposé, on voit la Corée du Nord (ou Cuba en un peu atténué) qui se veut « orthodoxe » et dérive en autocratie contrebandière.

              Conclusion? Le réel semble assez incompatible avec l’idéal socialiste, qui voudrait voir l’être humain comme bon mais perverti par le système, quand Laborit ou Lévi-Strauss rappellent que l’être humain est avant tout héritier de son instinct de conservation, l’opportunisme de survie.

              D’où le libéralisme qui se méfie de l’Etat (éviter de mettre trop de pouvoir entre peu de mains) mais considère qu’il est aussi un régulateur indispensable, c’est le seul organe social acceptable pour la partie régalienne de la société.

              Je précise au passage : Attention à ne pas confondre libéralisme et laisser-fairisme. Ma vision distingue les deux.

              Enfin : quand on exproprie ou nationalise sauvagement, il ne faut pas s’étonner de ne pas trouver d’alliés pour développer ou participer à la diversification de l’économie. Spécifiquement au Venezuela, étrangement, la Chine et la Russie semblent avoir été autorisés à « se servir » et le régime organiser la contrebande (via délégation à l’armée) à la cubaine… Drôle de « socialisme » (enfin, sauf si on regarde l’Histoire, auquel cas le résultat était prévisible).

              J’anticipe : Les sanctions sont une mauvaise excuse, l’URSS avait une taille suffisante pour les contourner. L’Iran montre aussi qu’une dose suffisante de libéralisme économique rend bien plus résilient aux sanctions.

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