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16.novembre.202216.11.2022 // Les Crises

Chine : Qu’a dit Xi Jinping dans son discours du 20e Congrès du Parti Communiste ?

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Voici un résumé par NPR (National Public radio) des points clés tirés du discours de Xi Jinping.

Pékin, Chine – Le président chinois Xi Jinping a prononcé un discours de près de deux heures lors du congrès du Parti communiste, donnant le coup d’envoi du prolongement de son autorité pendant une deuxième décennie.

Plus de 2 300 délégués triés sur le volet dans tout le pays ont convergé vers Pékin pour cet événement long d’une semaine, qui a lieu tous les cinq ans. Il donnera le ton de la politique des années à venir et permettra un remaniement parmi les hauts responsables du pays.

Dans le Grand Hall du Peuple, sur la place Tiananmen, Xi a claironné les prouesses du parti depuis son arrivée au pouvoir il y a dix ans et a tracé les principes de la gouvernance et des politiques du parti pour les années à venir.

Source : ScheerPost, John Ruwitch / NPR
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Voici quatre points essentiels de son discours à retenir :

Xi ne fait pas marche arrière concernant la politique « zéro COVID ».

Dès les premiers jours de la pandémie, les politiques chinoises mises en place pour contrôler la COVID se sont traduites par des frontières étanches, des tests de masse obligatoires, une surveillance numérique invasive, des quarantaines forcées et des confinements en un éclair — souvent de villes entières.

Au cours du 20e Congrès du Parti, Xi a déclaré que l’approche de la Chine est d’« accorder toujours la priorité au peuple et à la vie humaine ». Il n’a pas laissé entendre que les règles strictes du COVID prendraient fin de sitôt.

« En lançant une guerre populaire et globale pour stopper la propagation du virus, nous avons fait en sorte que la vie et la santé de notre population soient protégées au maximum et que la coordination entre la lutte contre l’épidémie et le développement économique et social obtienne des résultats positifs importants », a-t-il déclaré.

Ce n’est guère une surprise. Le nombre de cas et de décès en Chine a été maîtrisé. Et Xi a mis en jeu sa réputation en soutenant fermement, à maintes reprises la politique dynamique du « zéro COVID ».

Mais après pratiquement trois ans de cette politique, la frustration et la lassitude se font de plus en plus sentir en Chine. À peine trois jours avant le début du congrès, des banderoles de protestation ont été accrochées sur un viaduc de Pékin pour dénoncer les politiques relatives à la COVID et appeler à l’éviction de Xi, dans une rare manifestation de désobéissance civile.

L’amélioration de l’économie se confirme, mais la bataille sera ardue.

La Chine a débuté l’année en visant une croissance économique d’« environ 5,5 % ». Cet objectif n’a pas été officiellement revu à la baisse, mais les autorités n’ont pas la moindre chance de l’atteindre – en grande partie en raison de la politique dynamique du « zéro COVID ».

Selon un sondage Reuters publié samedi, les économistes s’attendent à une croissance du PIB de seulement 3,2 % cette année. Après le plongeon de 2020, date à laquelle le COVID a frappé pour la première fois, il s’agira de « la plus mauvaise prestation depuis 1976 – la dernière année de la Révolution culturelle qui a duré dix ans et a anéanti l’économie.»

L’économie était déjà en perte de vitesse avant le COVID, et Xi a souligné le fait qu’un « développement de haute qualité » était la clé de l’avenir de la Chine, tandis que le parti devrait également avoir pour objectif la progression du revenu des habitants et l’assurance que la population mène une vie heureuse. Il a déclaré que les cinq prochaines années « constitueront une période cruciale ».

Il a également évoqué mais seulement du bout des lèvres la « réforme et l’ouverture », qui ont pourtant été les principes directeurs du parti au cours des quatre dernières décennies, ce qui a permis de libérer les forces du marché et de stimuler l’économie chinoise.

« Nous devons redoubler d’efforts pour promouvoir la réforme et explorer de nouveaux terrains, et nous devons rester déterminés à étendre le processus d’ouverture sur l’extérieur », a-t-il déclaré.

Xi a déclaré que l’engagement de la Chine en faveur de la réforme et de l’ouverture ne faiblirait pas. Dans le même temps, il a renforcé le rôle de l’État dans les affaires économiques et pris des mesures spectaculaires pour encadrer ce qu’il considère comme des secteurs indisciplinés, tels que l’immobilier, la technologie et l’éducation extra scolaire.

Xi a souligné l’objectif du parti, il s’agit de rendre la Chine plus autosuffisante dans des domaines tels que la production alimentaire. Il a déclaré que le pays devait consolider sa « position de leader dans les industries où nous excellons » et combler les faiblesses dans les domaines qui sont vitaux pour la sécurité nationale de la Chine.

Xi fait allusion à de nouvelles pressions sur Taïwan

Depuis l’arrivée au pouvoir du parti communiste en 1949, Taïwan a toujours été au centre des préoccupations de tous les dirigeants chinois, mais Xi a insisté sur cette question avec un sentiment d’urgence plus marqué.

Le moment le la journée où les applaudissements se sont faits les plus nourris, c’est lorsqu’il a dit : « La roue de l’histoire tourne, et son cours la dirige vers la réunification de la Chine et le renouveau de la nation chinoise. La réunification complète de la patrie devra être réalisée, et se réalisera certainement. »

Pékin considère l’île administrée de manière autonome comme une partie de la Chine et souhaite à terme la rattacher à la Chine continentale. Le parti considère qu’il s’agit là d’une mission sacrée, et Xi veut être le leader qui y parviendra.

« Nous continuerons à manifester la plus grande sincérité et à faire tout notre possible en vue de réaliser la réunification pacifique. Cependant, nous ne pouvons garantir que nous n’aurons jamais recours à la force et nous gardons toutes les options ouvertes.», a-t-il déclaré.

Taïwan est une question clef dans les relations entre la Chine et les États-Unis, qui se sont fortement détériorées ces dernières années. Les frictions au sujet de Taïwan se sont ont également accrues, et certains analystes estiment que le risque de guerre est élevé.

La Chine poursuit ses ambitions mondiales

L’un des principaux objectifs de Xi au cours de la dernière décennie a été de faire progresser « le grand renouveau de la nation chinoise », et cela passe notamment par la reconquête de ce que le parti considère comme le statut légitime de la Chine dans le monde.

Exit les politiques des prédécesseurs de Xi, qui suivaient une approche moins assertive sur la scène mondiale, conçue pour donner à la Chine le temps et l’espace nécessaires au développement de son économie et à la construction de sa force en toute tranquillité.

Xi a répété son mantra selon lequel il s’agit aujourd’hui d’une occasion historique de renforcer la position et l’influence de la Chine sur le plan mondial.

« Aujourd’hui, le monde connaît des changements majeurs inédits depuis un siècle, et ceux-ci s’accélèrent, un nouveau cycle de révolution scientifique et technologique ainsi que de transformation industrielle est en train de se déployer, et on assiste à un ajustement important des rapports de force sur la scène internationale, ce qui offre de nouvelles opportunités stratégiques à la Chine en matière de développement. » a déclaré Xi.

Il a ajouté que le parti devait encourager la population a avoir un esprit « de force de volonté, de courage et de fermeté inégalés… afin de ne pouvoir être bercés par des idées fausses, dissuadés par l’intimidation ou écrasés par les pressions. »

Il a réitéré les principes de la politique étrangère de la Chine – respecter les autres pays, rester indépendant et pacifique, et s’opposer sans équivoque à l’hégémonisme et à la politique du plus fort ainsi qu’aux mentalités de guerre froide » et aux « deux poids, deux mesures ».

 

Source : ScheerPost, John Ruwitch / NPR, 16-10-2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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John V. Doe // 16.11.2022 à 07h29

Le ton est donné dès l’introduction : le président chinois « claironne », suivent les mauvais chiffres soit 3.2% selon… « les économistes » mais uniquement les « occidentaux » qui se sont trompés avec constance partout dans le monde et spécialement sur la Chine en niant la réalité de sa progression pendant 45 ans. Au passage, 3.2% de progression de l’économie représentent juste un rêve rose en Europe.

Le reste du texte est du même tonneau néo-libéral en niant la nécessité vitale de contrôler et planifier l’économie ce qui a pourtant bien réussi à la Chine jusqu’ici. Un exemple : l’éducation où l’on cherche à protéger les jeunes en limitant sérieusement le bachotage « à mort » qui fit tant de dégâts au Japon, à coup de cours supplémentaires du soir, du WE, etc… Cette protection serait « le mal » selon l’article. Le contrôle de la bulle immobilière est aussi implicitement critiquée : faudrait-il la laisser gonfler et exploser comme les nôtres avec les résultats que nous savons ?

Le sommet est l’attaque contre la croissance de l’armée, pourtant très loin des sommets astronomiques du Pentagone, alors que le pays est agressé de plus en plus ouvertement par les USA depuis que ce dernier a réalisé la puissance montante que représente l’économie chinoise face à sa propre décroissance et son parasitisme mondial.

6 réactions et commentaires

  • John V. Doe // 16.11.2022 à 07h29

    Le ton est donné dès l’introduction : le président chinois « claironne », suivent les mauvais chiffres soit 3.2% selon… « les économistes » mais uniquement les « occidentaux » qui se sont trompés avec constance partout dans le monde et spécialement sur la Chine en niant la réalité de sa progression pendant 45 ans. Au passage, 3.2% de progression de l’économie représentent juste un rêve rose en Europe.

    Le reste du texte est du même tonneau néo-libéral en niant la nécessité vitale de contrôler et planifier l’économie ce qui a pourtant bien réussi à la Chine jusqu’ici. Un exemple : l’éducation où l’on cherche à protéger les jeunes en limitant sérieusement le bachotage « à mort » qui fit tant de dégâts au Japon, à coup de cours supplémentaires du soir, du WE, etc… Cette protection serait « le mal » selon l’article. Le contrôle de la bulle immobilière est aussi implicitement critiquée : faudrait-il la laisser gonfler et exploser comme les nôtres avec les résultats que nous savons ?

    Le sommet est l’attaque contre la croissance de l’armée, pourtant très loin des sommets astronomiques du Pentagone, alors que le pays est agressé de plus en plus ouvertement par les USA depuis que ce dernier a réalisé la puissance montante que représente l’économie chinoise face à sa propre décroissance et son parasitisme mondial.

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  • Fabrice // 16.11.2022 à 08h42

    Il faut reconnaître le succès de la Chine économiquement. Après ses ambitions sur la mer de Chine laisse interrogateur surtout pour les pays limitrophes espérons qu’elle évitera le piège de l’impérialisme.

    Les USA ont beau jeu de critiquer la réussite chinoise, ce sont eux en jouant avec les règles de l’OMC qui ont permis ce succès et nous européens de nous ruer dans cet eldorado alors que les minimum de réciprocité sur le protectionnisme n’étaient pas respectés faisant de nous les idiots de ce marché de dupes.

    Quand je vois le nouveau chancelier allemand se ruer en Chine et presque faire acte d’allégeance à la Chine et leur céder une bonne part de leur principal port à l’image des grecs quand pris à la gorge ils furent contraint de leur vendre le port du Piree, pour nous ce fut l’aéroport de Toulouse avec le fiasco qui en suivi, sans que personne ne s’étonne ou ne réclame des comptes sur l façon dont ce fut réalisé.

    l’Europe ne devait pas justement nous mettre à l’abri de ce genre de situation ou au contraire nous à livré pieds et poings liés ?

      +23

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  • Auguste Vannier // 16.11.2022 à 10h24

    La perception tordue de la réalité n’en finit pas de monter vers les sommets.
    On a là une belle manifestation de la « fausse conscience »* qui guide les actions des USA et ses suivistes occidentaux dans leurs actions.
    Ce qui était inquiétant depuis longtemps devient carrément dramatique avec des « élites » qui semblent envisager tranquillement une guerre nucléaire!
    *concept élaboré par le philosophe marxiste J.Gabel pour désigner les effets de l’idéologie sur la perception du monde

      +7

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  • Daniel // 16.11.2022 à 11h29

    Pour se faire une vraie idée, on peut avoir accès aux texte originaux traduit en Français sur le site de l’ambassade Chinoise. le lien vers le « Rapport au XXe Congrès du Parti communiste chinois » de Xi Jinping est ici :
    http://fr.china-embassy.gov.cn/fra/zgyw/202210/t20221031_10794492.htm
    De même plutôt que d’avoir les « synthèses » portant le biais idéologique des journalistes sur les déclarations de Poutine, je vais sur l’ambassade russe en France : il y a tous les textes ce qui permet de voir le « travail » des journalistes : un peu de vérité et un peu (beaucoup) d’idéologie.
    Par contre, sur le site de l’ambassade des USA en France, il n’y a AUCUN TEXTE du président Biden !!! peut-être parce que les journalistes font le « travail » pour lui ?

      +31

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    • Morne Butor // 17.11.2022 à 08h37

      Merci pour le lien. Il est intéressant de noter que les journalistes n’ont pas jugé le chapitre écologique digne d’être dans le résumé. Il est pourtant très synthétique, bien que très Green Washing dans son essence et en rien révolutionnaire.

        +2

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  • D.R. // 16.11.2022 à 15h11

    La question de Taïwan est très importante. Elle est souvent présenter comme une position idéologique, un poil nationaliste des Chinois. Mais voyons ce que serait un Taïwan « pays indépendant », revendication étasunienne ? L’ile « indépendante » serait une annexe étasunienne, qui se ferait un plaisir de passer des accords d’armement avec les USA ! Vous imaginez un pays hostile, armé par les USA à 160 kilomètres des cotes chinoises ? Ce serait une agression anti-chinoise gravissime. La Chine a donc bien raison de s’opposer à cette volonté étasunienne ! La politique « d’une seule Chine » est une offre de paix. La politique de deux Chines est une volonté de guerre. La Chine souhaite une réunification pacifique dans le temps long avec une politique « un pays, deux systèmes ». Mais, si les USA poursuivre leur volonté d’annexion et d’armement de Taïwan, la Chine leur dit : renoncer ou c’est la guerre ! N’est-ce pas une politique équilibrée ?

      +15

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