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25.octobre.201625.10.2016 // Les Crises

Duterte aligne les Philippines avec la Chine, et dit que les États-Unis « ont perdu », Reuters

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Encore un nouvel « ennemi » pour nos médias – celui-ci étant pour le coup vraiment moins sympa que Poutine…

Je rappelle que les Philippines (100 millions d’habitants, 12e pays mondial) ont été la principale colonie des États-Unis de 1898 à 1942.

Duterte aligne les Philippines avec la Chine, et dit que les États-Unis « ont perdu » – Reuters

Source : Ben Blanchard, Pékin, Reuters, 20/10/2016

Le président philippin Rodrigo Duterte a annoncé sa « séparation » avec les États-Unis ce jeudi, déclarant qu’il s’était réaligné avec la Chine étant donné que les deux pays ont convenu de régler leurs différends sur la mer de Chine méridionale par des pourparlers.
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Duterte a fait ces commentaires à Pékin, où il était en visite avec au moins 200 hommes d’affaires pour ouvrir la voie à ce qu’il appelle une nouvelle alliance commerciale, alors que les relations d’alliance de longue date avec Washington se détériorent.

« À l’occasion de cette visite, j’annonce ma séparation avec les États-Unis, » a dit le présidente Duterte aux hommes d’affaires chinois et philippins, qui ont applaudi, lors d’un forum dans le Grand Hall du Peuple en présence du vice Premier ministre chinois Zhang Gaoli.

 » À la fois au niveau militaire, peut-être pas au niveau social, et aussi au niveau économique. L’Amérique a perdu. »

Les efforts de Duterte pour se rapprocher de la Chine, des mois après qu’un tribunal de La Haye a jugé que Pékin ne disposait pas de droits historiques en mer de Chine méridionale, dans une affaire introduite par l’administration précédente à Manille, marque un renversement de la politique étrangère ; l’ancien maire de 71 ans a pris ses fonctions le 30 juin dernier.

Son secrétaire au commerce, Ramon Lopez, a déclaré que des partenariats commerciaux d’un montant 13,5 milliards $ seraient signés au cours de son voyage en Chine.

« Je me suis rallié à votre positionnement politique et peut-être que j’irai aussi en Russie pour parler à (Vladimir) Poutine et lui dire que nous sommes au moins trois contre le reste du monde – La Chine, les Philippines et la Russie -. C’est la seule issue,  » a dit Duterte à son auditoire à Pékin.

Quelques heures après le discours de Duterte, ses conseillers économiques ont publié une déclaration disant que, alors que l’intégration économique asiatique se faisait « attendre depuis longtemps », cela ne signifiait pas que les Philippines tournaient le dos à l’Occident.

« Nous allons maintenir des relations avec l’Occident, mais nous désirons une plus forte intégration avec nos voisins », ont déclaré le secrétaire des finances Carlos Dominguez et le secrétaire de la planification économique Ernesto Pernia dans une déclaration commune.

« Nous partageons la même culture et avons la meilleure compréhension de notre région. Les Philippines sont intégrés à l’ASEAN, comprenant la Chine, le Japon et la Corée du Sud. »

ACCUEIL AVEC TAPIS ROUGE

La Chine a mis le paquet pour la venue de Duterte, en faisant venir une fanfare lors de la cérémonie de vœux officiels à l’extérieur du Grand Hall du Peuple, ce qui n’est pas offert à tous les dirigeants.

Le président Xi Jinping, qui a rencontré Duterte tôt dans la journée, a appelé la visite une « grande étape » dans les relations entre les deux pays.

Xi a dit à Duterte que la Chine et les Philippines étaient frères et qu’ils pourraient « gérer de manière appropriée leurs différends », mais il n’a pas mentionné la mer de Chine méridionale dans ses remarques faites devant les journalistes.

« J’espère que nous pourrons respecter les souhaits de la population et utiliser cette visite comme une occasion de construire des relations entre la Chine et les Philippines sur des bases amicales et améliorer entièrement les choses », a déclaré Xi.

Après leur rencontre, au cours de laquelle Duterte a précisé que les relations avec la Chine étaient entrées dans un nouveau « printemps », le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Liu Zhenmin a déclaré que la question de la mer de Chine méridionale ne représentait pas la totalité de leurs relations.

« Les deux parties se sont mises d’accord pour faire ce qu’elles ont convenu il y a cinq ans, à savoir poursuivre le dialogue et les échanges bilatéraux dans la recherche d’un règlement approprié sur la question de la mer de Chine méridionale », a déclaré Liu.

La Chine réclame la majeure partie de la mer de Chine méridionale, riche en ressources énergétiques, à travers laquelle environ 5 milliards de dollars de marchandises passent chaque année. Ses voisins Brunei, la Malaisie, les Philippines, Taiwan et le Vietnam ont également des revendications sur cette zone.

En 2012, la Chine a saisi le contesté récif de Scarborough et refusé l’accès des pêcheurs Philippins à cette zone de pêche.

Liu a dit que le récif n’avait pas été mentionné. Il n’a pas répondu à une question qui demandait si les pêcheurs philippins y seraient autorisés. Il a dit que les deux pays avaient convenu de mettre en place une coopération entre les garde-côtes et sur les zones de pêche, mais n’a pas donné de détails.

LA DISPUTE MARITIME EST « MISE DE CÔTÉ ».

Le ton de Duterte envers Beijing contraste fortement avec les mots qu’il a utilisés contre les États-Unis, après avoir été exaspéré par la critique américaine dans sa sanglante guerre contre la drogue.

Il a traité le président américain Barack Obama de « fils de pute » et lui a dit d’« aller en enfer », tout en faisant allusion à la rupture de ses liens avec l’ancienne puissance coloniale.

Ce mercredi, sous les acclamations de centaines de Philippins à Pékin, Duterte a déclaré que la politique étrangère des Philippines se réorientait vers la Chine.

« Je n’irai plus en Amérique. Là-bas, nous serons juste insultés », a déclaré Duterte. « Il est donc temps de dire au revoir mon ami. »

Le même jour, environ 1 000 manifestants anti-américains se sont rassemblés devant l’ambassade des États-Unis à Manille demandant le retrait des troupes américaines de l’île méridionale de Mindanao.

Cependant, il est peu probable que le brusque basculement de Duterte de Washington vers Pékin soit majoritairement populaire dans le pays. Mardi, un sondage d’opinion a montré que les Philippins font toujours bien plus confiance aux États-Unis qu’à la Chine.

Duterte a déclaré mercredi que l’arbitrage de la mer de Chine méridionale « serait mis de côté » lors des pourparlers, et qu’il attendrait que les Chinois soulèvent la question avant de le faire lui-même.

Xi a déclaré que les problèmes qui ne pourraient pas être résolus immédiatement devraient être mis de côté, selon le ministère chinois des Affaires étrangères.

La Chine a accueilli avec satisfaction l’approche des Philippines, alors même que Duterte a juré de ne pas abandonner toute souveraineté à Pékin, qui considère la décision de La Haye sur la mer de Chine méridionale comme nulle et non avenue.

La Chine a également exprimé son soutien à sa guerre contre la drogue, qui a soulevé des inquiétudes dans les capitales occidentales sur les exécutions extrajudiciaires.

(Ecrit par Michael Martina et Ryan Woo, édité par Nick Macfie et Alex Richardson)

Source : Ben Blanchard, Pékin, Reuters, 20/10/2016


Les insultes :


Je complète par une analyse de l’activiste André – que je trouve comme souvent avec lui un peu excessive dans la forme, mais pas inintéressante sur le fond. À prendre avec recul donc, et à confronter avec la vision d’autres médias.


La réaction :

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Eh oui, pour l’AFP c’est de « la confusion »…

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Hmmm, ça semblait pourtant clair, non ?

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Cet interlude artistique vous est offert par L’Art Contemporain


Le 22/10 :

Les Philippines maintiennent leur alliance avec les États-Unis

Le président philippin Rodrigo Duterte a affirmé vendredi 21 octobre ne pas rompre les relations d’alliance avec les États-Unis.

Devant des reporters à Davao, après sa visite d’État en Chine, le président Rodrigo Duterte a ajouté que le maintien des relations avec Washington était du meilleur intérêt pour les Philippines.

Auparavant, le ministre philippin du Commerce, Ramon Lopez, avait affirmé que Manille maintiendrait ses relations économiques et commerciales avec les États-Unis. La déclaration de « séparation » des États-Unis du président philippin avait pour but de souligner son souhait de renforcer ses relations avec la Chine et l’ASEAN, au lieu de ne dépendre que d’une seule partie.

Source : Le courrier.vn, 22/10/2016


Mais ils ont finalement compris je pense :

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Washington met en garde le controversé président des Philippines

Source : La Presse.ca d’après AFP, 24/10/2016

Les tirades incendiaires du président philippin Rodrigo Duterte provoquent la « consternation » et sont une source d’inquiétude croissante à travers le monde, a jugé lundi à Manille le plus haut diplomate américain pour l’Asie.

Aidons l’AFP : « Le Monde », c’est surtout le Monde occidental, hein… 1 milliard d’habitants sur 7

Le secrétaire d’État adjoint chargé de l’Asie-Pacifique, Daniel Russel, a rencontré les ministres philippins de la Défense et des Affaires étrangères quelques jours après que le président Duterte eut proclamé la « séparation » entre son pays et Washington.

Samedi, M. Duterte avait toutefois fait machine arrière en déclarant qu’il ne voulait pas torpiller une alliance américano-philippine vieille de 70 ans.

« La succession de déclarations et commentaires controversés, le réel climat d’incertitudes quant aux intentions des Philippines suscitent la consternation dans un certain nombre de pays », a néanmoins critiqué M. Russel.

« Pas seulement le mien et pas seulement parmi les gouvernements, mais aussi les populations, et la communauté des expatriés philippins, également dans les conseils d’administration. Ce n’est pas une tendance positive ».

M. Russel a ajouté avoir transmis au chef de la diplomatie de l’archipel, Perfecto Yasay, les préoccupations de Washington concernant la guerre contre la drogue lancée par le chef d’État philippin. Environ 3700 personnes ont été tuées en moins de quatre mois, ce qui fait craindre des meurtres extrajudiciaires.

M. Russel a « réitéré l’importance que nous accordons, et que d’autres accordent, à l’État de droit, et le fait que le respect des droits des citoyens joue aussi un rôle important dans la protection de nos populations ».

Simultanément à Washington, le département d’État a rendu compte lundi d’une conversation téléphonique, dimanche, entre son patron John Kerry et M. Yasay, son homologue philippin.

Les deux ministres « ont parlé des derniers défis qui affectent la relation », de « la rhétorique déplacée que nous continuons d’entendre des dirigeants philippins et de la confusion que cela provoque », a confié le porte-parole de la diplomatie américaine John Kirby.

Rodrigo Duterte a plusieurs fois exprimé sa colère face aux critiques américaines envers sa politique sécuritaire. Il a qualifié le président Barack Obama de « fils de pute », l’enjoignant d’« aller au diable ».

M. Duterte, qui se dit socialiste et entretient des liens étroits avec les communistes, cherche à s’éloigner des États-Unis pour se rapprocher de la Chine et de la Russie.

Sa sortie sur son divorce d’avec Washington a été faite lors d’un séjour à Pékin.

« L’Amérique a perdu », avait-il dit. « Je me suis réaligné sur votre mouvance idéologique [celle de la Chine] et je vais peut-être me rendre aussi en Russie pour parler au [président Vladimir] Poutine et lui dire qu’on est trois contre le reste du monde: la Chine, les Philippines et la Russie ».

En rentrant aux Philippines, il avait assuré qu’il ne voulait pas la rupture avec Washington. Ce qui ne l’avait pas empêché de se lancer dans une nouvelle tirade antiaméricaine.

« S’il y a un domaine dans lequel l’Amérique a lamentablement échoué, c’est celui de la dignité humaine ». « L’aide américaine ? Vous pouvez aller au diable ! », avait-il lancé.

Le gouvernement philippin a cependant pris livraison lundi d’un avion de transport américain C-130 d’occasion, acheté en vertu d’un accord bilatéral sur la fourniture à Manille d’équipements américains en surplus.

Source : La Presse.ca d’après AFP, 24/10/2016

À suivre – mais ça ne va pas durer longtemps à ce rythme…

Bonus – tout va bien :

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Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

Duracuir // 25.10.2016 à 07h45

Encore un qui va se faire saddamisé. A moins qu’on ne le kadhafise ou encore qu’on somalise son pays comme le sud-Soudan, L’Ethiopie, la Syrie, le Congo, le Yemen, l’Irak, l’Afghanistan, l’Ukraine, le Kosovo. C’est vrai que ça manquait en Asie une bonne petite anarchie sanglante façon hamburger

30 réactions et commentaires

  • Darras Guillaume // 25.10.2016 à 02h14

    Un personnage intéressant à voir si l’Empire se permettra de l’éliminer.

      +13

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  • L’aieuil // 25.10.2016 à 03h04

    Duterte est une cible facile. Il est vrai que son approche de la drogue (et des consommateurs pas que des dealers) est très facile à juger du haut de nos lits douillets d’occidentaux où la police est disciplinée et à 15 min d’un coup de téléphone.
    Ce n’est pas le cas aux Philippines où les drogues dures (dont le monopole et l’invention du trafic fut anglais, puis repris très largement par la CIA durant la guerre froide il faut se rappeler) et l’argent qu’elles génèrent ravage les populations, l’économie locale et sape jusqu’à disparation l’existence de l’État.
    Arrivé a un certain point de corruption et de disparation de l’État de droit le para-légal devient, malheureusement, le seul moyen d’obtenir des résultats.
    Qui plus est dans la région tout le monde (occidental) encense Singapour, dernière dictature fasciste pure et dure de la planète…

      +41

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  • Joe Bserve // 25.10.2016 à 03h54

    C’est intéressant, il va être compliqué de se débarrasser d’un homme qui affiche si ouvertement sa position sans passer mondialement pour de vulgaires assassins.
    Quand aux philippins ils estimeraient sans doutes que c’est une déclaration de guerre et la vie des soldats US aux Philippines deviendrait impossible.

    D’un autre côté si ils le laissent faire il va faire des émules du côté des petits pays qui en ont assez de se faire marcher dessus, il faut faire un (nième) exemple.

    A l’image de la Belgique ces derniers jours et à rebours du discours dominant pas besoin d’être une « super puissance » pour faire entendre sa voix, simplement un peu de courage (et sans doutes d’inconscience).

      +41

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    • martin // 25.10.2016 à 07h13

      De courage, sans doute, mais peut-être aussi du réalisme politique.

      Les USA ne cessent d’exiger des pays de l’Asean un alignement exclusif sur Washington. L’Asie du Sud-Est n’a certes pas envie de trop contrarier les USA, mais elle n’a aucun désir de se fâcher avec la Chine. Elle aurait trop à y perdre. D’où le blocage dans les négociations sur le traîté Pacifique, qui est certes signé mais dont la ratification est très mal partie.

      D’autre part, les Philippines font partie du dispositif insulaire censé contenir la Chine et l’empêcher d’accéder au Pacifique (Japon, Taiwan,Philippines). En faisant sauter le verrou Sud, Duterte fait à la Chine un cadeau qu’elle n’oubliera pas.

      A part le chewing-gum, la corruption et la misère, les Philippines n’ont pas reçu grand’chose des Etats-Unis depuis un siècle. La Chine, en revanche incarne un espoir réel d’amélioration.

      L’Asie a de la mémoire, et en ce sens elle fait contraste avec la « modernité libérale » qui ne croit qu’à l’éternel présent de la marchandise et de la communication.

      DM

        +34

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  • Subotai // 25.10.2016 à 04h37

    C’est pas pour dire, mais je sens venir dans les mois qui viennent comme une montée d’indépendantisme islamique sous forme de jihad dans le sud des Philippines. 🙂
    Chais pas…
    à moins que la déliquescence se transforme en effondrement avec le prochain POTUS.
    En tout cas le timing est bien joué avec l’élection du mois prochain et le flou décisionnel que ça entraine, surtout dans ces circonstances.

      +27

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    • Larousse // 25.10.2016 à 19h23

      C’est bien ce que je crains : je ne serai pas étonné de voir dans les prochaines semaines un énorme attentat islamiste aux Philippines (avec en « zone de préparation » des « drônes de la barbouzerie CIA » bien implantée dans ce pays). Il faut rappeler que la présence américaine aux Philippines est contraire à la « doctrine Monroe », donc elle est sur le fond « illégitime » en terme de « zones d’intérêt » Les méthodes de ce dirigeant Duterte manque de finesse mais face aux critiques européennes sur sa lutte contre la drogue : on peut se demander s’il n’y a pas quelque part un intérêt tacite à la corruption dans des pays « tiers » qu’il faut maintenir dans la soumission.

        +7

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  • Duracuir // 25.10.2016 à 07h45

    Encore un qui va se faire saddamisé. A moins qu’on ne le kadhafise ou encore qu’on somalise son pays comme le sud-Soudan, L’Ethiopie, la Syrie, le Congo, le Yemen, l’Irak, l’Afghanistan, l’Ukraine, le Kosovo. C’est vrai que ça manquait en Asie une bonne petite anarchie sanglante façon hamburger

      +50

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  • TienTien // 25.10.2016 à 08h20

    Ce weekend, je me suis délecté à lire les réactions et commentaires dans certains médias américains dont le WSJ. Les torrents d’insultes à l’adresse de Duterte et les cris et vociférations rageuses envers son pays indiquent clairement que les USA ont perdu un allié stratégique qu’ils imaginaient indéfectible.
    Il est évident que la Chine a bien plus à offrir aux Philippines que Washington qui n’a jamais cessé de considérer ce pays comme une vague (et pauvre) colonie entièrement acquise à leur politique et à leur stratégie d’encerclement maritime de Pékin. Des offres d’exploitation commune des récifs et ilots au large de Palawan ont déjà été évoquées par le gouvernement chinois.

      +21

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    • martin // 25.10.2016 à 08h51

      Je partage votre délectation, et je ne peux m’empêcher d’imaginer les yeux ronds d’incrédulité des princes de Washington. C’est un peu enfantin, bien sûr, mais après tout, les joies sont rares en ce domaine. Encore que. Depuis 4 ans, les occasions de se réjouir se font de plus en plus nombreuses.

      DM

        +23

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    • Raoul // 25.10.2016 à 10h28

      La perte des Phiippines est une catastrophe pour les États-Unis. Ils ont absolument besoin des bases aux Philippines pour encercler la Chine. Le mur patiemment établi aux cours des années est en train de s’écrouler.

      Leur comportement récent, malgré plusieurs mises en garde violentes de Duterte, montre, soit qu’ils ne comprennent plus rien, aveuglés par leur arrogance, soit qu’ils ont déjà établi un plan pour éliminer Duterte et mettre un pantin à leurs ordres à sa place. Ce ne serait pas la première fois.

      Les deux hypothèses ne sont d’ailleurs pas exclusives.

        +14

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      • martin // 25.10.2016 à 18h35

        @ Raoul

        Todd l’a superbement dit aujourd’hui même à la Grande Table de France Culture: Clinton et sa clique ne savent plus raisonner qu’en termes militaires, il leur faut des ennemis. Or, tout leur système d’intimidation se casse la figure sous les yeux du monde . Dans le même temps, beaucoup d’américains sont fatigués du néolibéralisme et désirent maintenant autre chose de plus social et « patriotique ». Autrement dit, la catastrophe qu’est pour eux la défection des philippins les renvoie à l’absolue nécessité de proposer quelque chose d’AUTRE que la guerre au peuple américain, qui pourrait bien être en train de préparer une espèce de seconde révolution. Les néocons sont littéralement en train d’être cisaillés des deux côtés, dedans et dehors à la fois. C’est quelque chose d’énorme.

        DM

          +10

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  • jessim // 25.10.2016 à 10h04

    Intéressant président. Un caractère bien trempé même si effectivement certaines paroles ne sont pas très corrects. Il y a un livre très intéressant de John Perkins à lire Confessions d’un assassin financier qui donne à cet article une dimension assez réaliste sur le comportement des américains et plus globalement des occidentaux en matière de Business.

    La phrase de l’ancien président Mitterand prend aussi tout son sens au sujet de la guerre économique. Pour en revenir au président Philippin, il faudra juger ses résultats, s’ils sont positifs je serais de voir le comportement de nos journaux sur le cas philippin

      +15

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  • Raoul // 25.10.2016 à 10h12

    Après l’arbitrage de la Cour de justice de La Haye en faveur des Philippines dans le conflit autour de la mer de Chine, tout semblait aller pour le mieux pour les États-Unis dans cette région.

    Puis Duterte est élu. Il entreprend de lutter, avec des méthodes très brutales, contre le trafic de drogue. Et, là, les États-Unis deviennent hystériques. Pourquoi ? En quoi le destin de trafiquants de drogue pouvait-il tant les préoccuper ? Étaient-ils en cheville avec les dits trafiquants (ce ne serait pas la première fois) ? Ou était-ce simplement le fait de leur interventionnisme habituel. Je penche pour la première hypothèse.

    Bien entendu, l’Europe a suivi en critiquant les méthodes employées, brutales, certes, mais je n’ai pas entendu de semblables critiques à propos de l’Arabie saoudite, par exemple lorsqu’elle a condamné un poète huit ans de prison et huit cents coups de fouet. Désolé, mais cet empressement à protéger des trafiquants me semble vraiment louche.

      +38

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    • Dids // 27.10.2016 à 12h08

      La drogue est depuis toujours utilisée comme arme de destruction des peuples prompts à se révolter , à remettre en question l’ordre établi ou la morale judéo-chrétienne…

        +1

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  • Max // 25.10.2016 à 10h41

    On est à l’aube d’une autre époque, le temps ou les USA/Occident faisaient la pluie et le beau temps est de plus en plus révolu.
    Pourquoi une telle évolution ?
    Jusqu’en 2006 les USA étaient les principaux partenaires économiques pour 126 pays mais en 2012 ce chiffre est tombé 76 pays.
    A contrario la Chine en 2006 était le principal partenaire économique pour 70 pays et en 2012 la Chine était le principal débouché économique pour 124 pays.
    En 2016 la Chine a sans doute encore creusé l’écart.
    Le tournant des philippines n’est que la conséquence de cette réalité.
    On le voit au Brésil ou la junte qui a fait tomber la gauche, avec le soutien des USA, finalement préfère une sécurité économique avec la Chine qu’un nouvel alignement sur les USA sans retombé économique.
    On le voit en Turquie âpres la tentative de coup d’état
    On le voit y compris au Vietnam ou finalement les USA n’auront pas leurs bases navales.
    L’Afrique suit la même tendance.
    La préoccupation pour ces pays est simplement celle-ci : quel est le pays qui peut le mieux nous aider à développer nos infrastructures industrielles et donc nos emplois ?
    Sur ces points vitaux les USA ne proposent que du militaire et des relations de servages alors que ces pays ont besoin d’emplois.
    Ce ne sera sans doute pas le grand amour entre la Chine et ces pays mais simplement la recherche de relations plus équilibrés basées sur des liens economiques plus fort ou les USA seront de plus en plus absents de part le naufrage interne de ces mêmes USA.

      +30

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  • alfred // 25.10.2016 à 10h56

    Cette affaire passionnante et enthousiasmante va nous renseigner aussi sur la relation chine-russie et sur la forme sue prendrait en réalité un nouvel ordre mondial multipolaire. L embassadeur russe aux Philippines leur a proposé de faire leur « liste de courses » avec son pays: materiel argent traité personnel? C est possible! Est ce une façon de faire pression sur la Chine pour qu elle prenne sa part du fardeau de la lutte anti empire (meme si en syrie la chine « y va » elle fait un peu sa chochotte; au philippines c est son coin du monde y a plus d excuses).
    donc la firme et le poids du soutient a duterte de la part des russes et des chinois va renseigner sur la réalité et la tangibilite de leur aliance. Si la chine ne plonge pas profondément dans le bain philippin la russie (qui soutiendra certainement duterte sans aller plus loin que la chine) cherchera des solutions de sortie plus rapide des crises qui la guettent au sud de son territoire.
    Il n est pas sur du tout que duterte soit en sécurité sous un parapluie que les chinois seront réticents à deployer (ce n est pas leur histoire meme si c est probablement leur destin). Les russes seraient plus fiables mais c est un « pont trop loin » pour eux.

      +12

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  • Dahool // 25.10.2016 à 11h24

    Bonjour

    Ceci
    « les Philippines ont évolué, comme l’Indonésie, en un « État défaillant », une catastrophe sociale et une friche intellectuelle. »

    Explique cela
    « Et l’opinion publique nord-américaine et européenne est totalement complaisante, endoctrinée et passive ; elle ne défend que ses propres intérêts étroits, jamais la victime, surtout si la victime se trouve quelque part dans un pays lointain peuplé de « non-personnes ».

    L’opinion est manipulée, c’est une erreur d’appréciation de l’auteur. Le marionnettiste est coupable.

      +8

    Alerter
  • triari // 25.10.2016 à 11h35

    Cela signifie-t-il donc que le traité Trans-Pacifique a du plomb dans l’aile ?

    Si c’est le cas, merci à vous M. Duterte ! Sincèrement !

    (La Chine a également exprimé son soutien à sa guerre contre la drogue, qui a soulevé des inquiétudes dans les capitales occidentales sur les exécutions extrajudiciaires.)

    Et qui sont-elles pour se mêler ainsi de la justice des Philippines ? Quand elles arriveront à empêcher les émeutes ethniques (France, Angleterre, USA), les agressions sexuelles collectives (Allemagne) ou à empêcher leurs voisins d’être des plaques tournantes de divers trafics (armes (Kosovo), drogue (Mexique), êtres humains (Turquie)) elles pourront donner des leçons de morale, pas avant !

      +11

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    • francois Marquet // 25.10.2016 à 13h23

      Le trafic de drogue, l’autre arme de la CIA (avec le wahabisme jihadiste) pour déstabiliser les états trop indépendants.
      La reprise de la culture du pavot en Afghanistan sous occupation US, que les Talibans avaient éradiqué, témoigne du besoin qu’ont les USA de l’arme de guerre qu’est l’héroïne, tant pour créer des troubles sociaux dans les pays visés que pour fournir des fonds hors du contrôle du congrès US, afin de payer des opérations clandestines. Des pays comme la Russie, l’Iran, les Philippines et la Chine sont vulnérables, ce qui explique la répression féroce du trafic chez eux. Et plus le potentiel de déstabilisation est grand (Philippine, Iran) plus la répression est dure: https://www.google.fr/search?q=iran+tous+les+hommes+d%27un+village+pendus&ie=utf-8&oe=utf-8&client=firefox-b&gfe_rd=cr&ei=uD0PWPzTGMHj8weUzaKgBQ

        +16

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      • Manant2 // 25.10.2016 à 21h12

        Il ne faut pas oublier l’Iran qui mène également une lutte impitoyable contre cette peste cultivée et exportée par des réseaux approvisionnés par la CIA : les pendaisons de trafiquants sont courantes en Iran.

          +5

        Alerter
  • Nicolas // 25.10.2016 à 12h07

    Oui enfin comme on très bien noté les analystes chinois et russes, Duterte parle beaucoup mais Washington attend toujours une annonce officielle concernant la fin de la « coopération » militaire avec les USA. Pour l’instant en matière de changement stratégique des Philippines, on observe une grande gueule. Espérons que ça se concrétise, mais en attendant restons calme et ne vendons pas trop la charrue avant d’avoir battu le fer dans le même panier.

      +8

    Alerter
  • Arcousan09 // 25.10.2016 à 13h38

    Une nouvelle guerre en perspective afin de « libérer », « pacifier » et « démocratiser » un nouveau pays dont le peuple meurt sous le joug du dictateur …
    Il est bien plus glorieux et noble de mourir tué par les « libérateurs » …. comme en Libye, Afghanistan, Irak, Syrie et ailleurs …
    Mais eux n’ont pas de pétrole ni de gaz cela va être difficile de trouver un mobile afin de justifier l’oeuvre libératrice … la drogue par exemple ….

      +5

    Alerter
  • Duracuir // 25.10.2016 à 14h15

    C’est quand même marrant, depuis des années, le gouvernement Mexicain fait assassiner des dizaines de milliers d’Indiens au nom de la lutte contre les narco sans que ça dérange les USA. Pourquoi aux Philippines, si.

      +11

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  • Raoul // 25.10.2016 à 14h30

    Effectivement, et il ne faut pas oublier que les Philippines, devenues propriété des États-Unis après rachat à l’Espagne, se sont révoltées contre ce nouveau maître (guerre américano-philippine). La répression fut féroce, avec de nombreux massacres, entraînant la mort de plus d’un million et demi de philippins.

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  • Krystyna Hawrot // 25.10.2016 à 15h37

    La manifestation contre les USA à Manille – il y avait bien plus de 1000 personnes semble t il, même à louche en regardant les vidéos. Au mois 10 fois plus. Je me faisais la réflexion en y regardant la cérémonie ou on brûle le drapeau américain, ce que nous n’avons jamais fait en Europe. Ni en URSS ni nulle part ailleurs. Brûler un drapeau ne sert à rien et ne montre rien… mais effectivement refuser des bases ou un traité imposé comme le CETA… cela serait quelque chose.

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  • Louis Robert // 25.10.2016 à 16h07

    Se révélant indomptable comme il l’a fait à la face de l’Empire, le président Duterte a déjà gagné devant le monde entier, à commencer par l’Asie, quoiqu’il arrive. Duterte vient en effet de se révéler un modèle à imiter, montrant la voie qu’il est désormais possible d’emprunter. L’Asie qui n’oublie jamais n’oubliera pas ce bref aperçu du monde nouveau-né qui se met si rapidement en place…

    « Vous me parlez des droits de l’homme ? Que dire des millions que vous tuez dans le monde…? Qu’en est-il du peuple philippin que vous avez massacré ? »

    Retour sur ce traitement barbare que l’Empire fit subir au peuple philippin, le plus souvent totalement inconnu ou ignoré en Occident, par le co-auteur de « The Untold History of the United States ».

    Peter Kuznick, « American Exceptionalism and U.S. Imperialism » (entrevue en quatre épisodes)

    http://therealnews.com/t2/index.php?option=com_content&task=view&id=767&Itemid=74&jumival=10863

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  • Philou // 25.10.2016 à 20h39

    …et Mark Twain, journaliste « gonzo » avant l’heure, montrant une étonnante connaissance de la géographie administrative de la France, titra son billet humoristique de mise en garde, en ces journées enfiévrées de 1898 et alors que les USA allaient patriotiquement, bravement mais sans grand risque, se ruer sur les restes décrépits de l’empire hispanique :

    « Maine-et-gloire… Danger !! »

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