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18.avril.201218.4.2012 // Les Crises

[Article commenté] « Nous, économistes, soutenons Hollande »

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Vous avez été nombreux à m’interroger sur le buzz du jour, la tribune parue dans le Monde d’économistes soutenant Hollande.

Je vais le reprendre, puis la commenter.

La Tribune

Nous, économistes, soutenons Hollande
Le Monde.fr | 17.04.2012 à

Par Philippe Aghion, Michel Aglietta, Julia Cagé, Thomas Chalumeau, Daniel Cohen, Elie Cohen, Jean-Hervé Lorenzi, Jacques Mistral, Thomas Piketty…

Nous sommes économistes et suivons avec attention les débats en cours et les annonces faites par les candidats à la présidence. Nous jugeons leur ambition économique à la pertinence des options qu’ils proposent, en particulier pour ce qui concerne la reprise de la croissance et de l’emploi, le redressement de notre compétitivité, la régulation financière et la vision des politiques économiques européennes. Mais nous jugeons aussi de la crédibilité de leur projet, notamment la cohérence d’ensemble des propositions, leur impact sur la cohésion sociale de notre pays, la constance et la fiabilité des engagements et leur compatibilité avec les contraintes budgétaires. Un candidat se dégage à nos yeux, le plus apte à redresser la France et rassembler les Français. Ce candidat, c’est François Hollande.

En effet, l’heure est aux choix. La crise de la zone euro montre que le pire reste possible : une course absurde vers le moins-disant social, des politiques d’austérité qui brisent la croissance, et finalement la tentation du chacun pour soi qui devient la plus forte. Il faut mettre un terme à ces politiques qui dévastent les économies européennes. La crise de la dette ne pourra se régler si la croissance est brisée et le pouvoir d’achat en berne. Une réorientation de la construction européenne est urgente, au service de la croissance et des citoyens européens, avec notamment la négociation d’un nouveau Pacte de responsabilité, de croissance et de gouvernance avec nos partenaires européens.

La croissance des dettes publiques rend indispensable l’assainissement des finances publiques. L’objectif de revenir à l’équilibre budgétaire à la fin du quinquennat constitue un cadre exigeant mais crédible. La grande réforme fiscale annoncée par François Hollande devra certes être précisée et son calendrier accéléré. Mais le cap fixé est le bon, avec une réorientation de la politique fiscale dans le sens d’une plus grande justice sociale et d’une plus grande efficacité économique. Il faut mettre un terme à la sous-taxation du capital et des rentes, qui conduit non seulement à l’aggravation des inégalités, mais aussi aux excès spéculatifs à l’origine de la crise financière.

L’efficacité et la justice se rejoignent donc pour rendre nécessaire une remise en cause des avantages fiscaux inefficaces, plutôt qu’une augmentation des impôts des ménages les plus fragilisés ; par la sélection, voire la sanctuarisation des dépenses d’investissement indispensables à la croissance à moyen terme, en particulier l’éducation et la recherche.

En fixant une norme d’évolution des dépenses publiques strictement inférieure à celle du PIB, François Hollande montre qu’il veut un Etat efficace et soucieux des deniers publics. Mais il tourne le dos aussi à la politique menée depuis 2007 qui réduit la modernisation de l’Etat à une simple équation comptable : le non-renouvellement d’un fonctionnaire sur deux. Cinq ans plus tard, nos administrations sont désorganisées, nos fonctionnaires démobilisés et la qualité des services publics dégradée… Il est temps de mettre un terme à des pratiques budgétaires qui n’ont de cesse d’entamer la légitimité de l’action publique. Restaurer notre crédibilité financière, ce n’est pas simplement jouer sur des paramètres financiers, c’est redonner à l’Etat le sens de sa mission et de ses responsabilités.

En matière d’emploi et de pouvoir d’achat une nouvelle orientation est nécessaire. La France dispose d’un atout exceptionnel, celui d’une jeunesse nombreuse et dynamique. Mais celle-ci connaît un taux de chômage inacceptable. L’accent doit donc être mis sur les mesures en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes, à travers la sécurisation des parcours professionnels, la réorientation des efforts de formation professionnelle, le développement de contrats ciblés – tels que les contrats de génération – et le renforcement de l’éducation nationale. Redonner leur place aux syndicats – en organisant une Conférence nationale pour la croissance et l’emploi – est également crucial pour que les salariés contribuent à la transformation du monde professionnel sans être cantonnés à la seule critique de décisions déjà prises par l’employeur. Comment faire évoluer sinon la mixité sociale, l’égalité hommes-femmes, les mobilités interentreprises et les stratégies d’embauche et de promotion dans les entreprises et les administrations ?

La mondialisation a été porteuse de croissance et de diffusion des connaissances mais a aussi engendré un monde plus fragmenté et, paradoxalement, moins solidaire, augmentant les inégalités de salaires et favorisant les délocalisations. La finance internationale n’a pas joué son rôle de catalyseur de la croissance et a fait revenir le capitalisme à ses pires travers. Des mesures indispensables pour remédier à ces défaillances du système financier sont nécessaires. Ainsi, la séparation des activités bancaires entre spéculation et économie réelle permettra de circonscrire les risques, et donc de limiter les engagements futurs de la puissance publique en cas de crise bancaire.

L’interdiction d’utiliser les paradis fiscaux est également nécessaire, et permettra de réduire l’évasion fiscale, notamment si la mesure est étendue à l’ensemble des grands groupes français. Enfin, la mise en place d’une véritable taxe sur les transactions financières, l’interdiction des stock-options, le plafonnement des frais bancaires et l’encadrement du crédit à la consommation répondent au souci légitime de mieux protéger des dysfonctionnements de la finance.

En matière de compétitivité, le bilan des cinq dernières années – 350 000 emplois industriels perdus, 900 usines fermées et un déficit commercial structurel – atteste d’une erreur stratégique dans l’analyse des déterminants de la compétitivité française, laquelle repose principalement sur la qualité de nos produits, de nos processus industriels et de notre gouvernance. Création d’une banque publique d’investissement dotée d’un réseau régional, incitations fiscales à la localisation des investissements en France, baisse de la cotisation foncière pour les entreprises qui innovent, instauration d’un crédit impôt innovation ciblé sur les entreprises effectivement concernées par la concurrence internationale… Ces mesures du candidat socialiste s’inscrivent dans la perspective qui convient pour relever le défi de l’innovation qui se pose aujourd’hui.

Le débat sur la politique économique à suivre ne doit pas occulter les questions économiques fondamentales qui se posent maintenant. Voulons-nous toujours plus d’objets de consommation, à l’obsolescence accélérée, consommateurs d’énergie et générateurs de déchets ? Ou bien plus de santé, plus d’éducation, plus de qualité de vie ? Réussir la transition écologique, c’est changer de mode de vie, créer une nouvelle civilisation urbaine fondée sur des activités de proximité, mettre fin à l’étalement urbain – catastrophe économique, écologique et sociale – et mettre en œuvre les investissements considérables qui seront nécessaires à la transition énergétique.

Pour toutes ces raisons, nous appelons à voter pour François Hollande. Alors que le souvenir de 2007 nous oblige à la plus grande réserve sur les multiples promesses de campagne du candidat sortant, François Hollande a présenté un agenda de réformes qui dessinent à nos yeux la voie souhaitable. La crédibilité, l’ambition et la cohérence sont de son côté.

 

Philippe Aghion (Harvard), Michel Aglietta (Paris-X Nanterre), Yann Algan (Sciences Po Paris), Rémi Bazillier (université d’Orléans), Maya Beauvallet (Telecom Paristech), François Bélorgey (Irest), Françoise Benhamou (Paris-XIII), Eric Brousseau (Paris-Dauphine, Institut universitaire européen), Julia Cagé(Harvard), André Cartapanis (IEP Aix-en-Provence), Gilbert Cette (université de la Méditerranée), Thomas Chalumeau (Sciences Po Paris), Mireille Chiroleu Assouline (Paris-I), Daniel Cohen (Ecole normale supérieure), Elie Cohen(Sciences Po Paris), Brigitte Dormont (Paris-Dauphine), Bernard Gazier(Paris-I), Jean Imbs (Ecole d’économie de Paris, CNRS), Marc Fleurbaey (Princeton, Collège d’études mondiales), Samuel Fraiberger (New York University), André Gauron (Cour des comptes), Jérôme Gautié (Paris-I), Patrice Geoffron (Paris-Dauphine), Tristan Klein, Jacques Le Cacheux(université de Pau et des Pays de l’Adour), Jean-Hervé Lorenzi (Paris-Dauphine), Philippe Martin (Sciences Po Paris), Jacques Mistral (Harvard Kennedy School), El Mouhoub Mouhoud (Paris-Dauphine), Pierre-Alain Muet(fondateur du Conseil d’analyse économique, député socialiste, et membre de l’équipe de campagne de François Hollande), Fabrice Murtin (Sciences Po Paris), Dominique Namur (Paris-XIII), Romain Perez (Paris-I), Thomas Philippon (New York University), Thomas Piketty (EEP et EHESS), Michel Rainelli (université Nice-Sophia-Antipolis), Lionel Ragot (université d’Evry-Val-d’Essonne), Romain Rancière (EEP), Katheline Schubert (Paris-I), Laurence Tubiana (Sciences Po Paris, Columbia), Joëlle Toledano (Supélec),Dominique Villemot.

Commentaires

Bon, quelques points intéressants, certes, mais enfin…

Déjà, je n’aime pas cette idée d’aller non seulement clamer son vote, mais surtout d’aller essayer d’influencer les autres, façon « vous êtes un peu lobotomisés, on va vous expliquer comment bien voter » (comme en 2005) est une insulte à l’intelligence des citoyens. C’est pour cela d’ailleurs que je ne me suis pas prononcé, et ne le ferai pas.

Qu’en plus, ce soit une foule d’économistes, je trouve cela très drôle en revanche. (sérieusement qui a eu l’idée du pompeux « Nous, économistes… » ?)

Tiens j’en prends un au hasard, et après une petite recherche sur le web en 2007-2008, je trouve :

« Dans quelques semaines, le marché se reformera et les affaires reprendront comme auparavant » [Elie Cohen, Le Monde, 17 août 2007]

Merci Élie, je te fais donc toute confiance pour décider du bon choix pour mon avenir… 😉

Rappelons par exemple que Maurice Allais, notre seul prix Nobel d’économie français avait en revanche parfaitement tracé les grandes lignes de la crise à venir en 1998… (voir ce billet)

De plus, j’aime encore mois ces regroupements corporatistes. « Nous, économistes », comme si on choisissait son candidat à cause de l’économie seulement. En quoi sont-ils qualifiés pour le reste ? Alors si on a demain « Nous diplomates, soutenons Sarkozy » (ok, imaginons, juste…), on fait quoi ? On arbitre entre le chômage et la guerre ? Et « Nous, producteurs de rillettes de porc », c’est pour quand ? ». Bref, seul un « Nous citoyens », trouverait grâce à mes yeux, mais bon, ça ne passerait pas dans le Monde…

Enfin, je trouve cela contre-productif, cela risque de laisser à penser qu’on accourt pour chercher des prébendes auprès du futur (possible) vainqueur… Je ne dis pas que c’est le cas, bien entendu – d’autant que j’ai une grande admiration pour certains des signataires…

Commentaire du texte, sur un ton humoristique :

 

Nous sommes économistes [nul n’est parfait, je suis bien actuaire….] et suivons avec attention les débats en cours et les annonces faites par les candidats à la présidence [merci de cette information précieuse – il est temps de réagir…]. Nous jugeons leur ambition économique à la pertinence des options qu’ils proposent, en particulier pour ce qui concerne la reprise de la croissance et de l’emploi, le redressement de notre compétitivité, la régulation financière et la vision des politiques économiques européennes. Mais nous jugeons aussi de la crédibilité de leur projet, notamment la cohérence d’ensemble des propositions, leur impact sur la cohésion sociale de notre pays, la constance et la fiabilité des engagements et leur compatibilité avec les contraintes budgétaires. Un candidat se dégage à nos yeux, le plus apte à redresser la France [rien que ça ? Évitez d’ailleurs de reprendre ce slogan de campagne d’Hollande, il est de sinistre mémoire ; en parler au collectif putatif « Nous, historiens… » ; et il sera ridule quand on fera le bilan dans 5 ans] et rassembler les Français [en quoi rassemble-t-il particulièrement ?]. Ce candidat, c’est François Hollande.

En effet, l’heure est aux choix [Bien vu, c’est les élections…]. La crise de la zone euro montre que le pire reste possible : une course absurde vers le moins-disant social [Parce que vous le combattez beaucoup depuis 25 ans ?], des politiques d’austérité qui brisent la croissance, et finalement la tentation du chacun pour soi qui devient la plus forte. Il faut mettre un terme à ces politiques qui dévastent les économies européennes. [Parlez-en aux prêteurs obligataires, ils vont apprécier…] La crise de la dette ne pourra se régler si la croissance est brisée et le pouvoir d’achat en berne [elle ne pourra se régler tout court, je tiens le pari]. Une réorientation de la construction européenne est urgente, au service de la croissance et des citoyens européens [Poncif éculé qui dure depuis 20 ans. d’ailleurs, la priorité, unique, c’est les citoyens], avec notamment la négociation d’un nouveau Pacte de responsabilité, de croissance et de gouvernance avec nos partenaires européens. [Ah bon, si on fait un Pacte pour la croissance, on est sauvé…]

La croissance des dettes publiques rend indispensable l’assainissement des finances publiques. [mais sans austérité donc, hmmmmm ?] L’objectif de revenir à l’équilibre budgétaire à la fin du quinquennat [mais sans austérité donc, hmmmmm ?] constitue un cadre exigeant mais crédible [SUPER crédible même, ça marche tellement du feu de Dieu ailleurs…]. La grande réforme fiscale annoncée par François Hollande devra certes être précisée [D’accord, elle est grande, mais pas précise donc ?] et son calendrier accéléré. Mais le cap fixé est le bon, avec une réorientation de la politique fiscale dans le sens d’une plus grande justice sociale [je me demande quel pourcentage des citoyens croit encore à ce genre de promesse… Pas compliqué pourtant, prenez un engagement de niveau de l’indice de Gini, point final.] et d’une plus grande efficacité économique. Il faut mettre un terme à la sous-taxation du capital et des rentes [c’est clair, mais il faudrait surtout mettre un terme aux nombreuses rentes indues…. Bon, ok, je sors…], qui conduit non seulement à l’aggravation des inégalités [qu’on refuse de mesurer clairement] , mais aussi aux excès spéculatifs à l’origine de la crise financière.

L’efficacité et la justice se rejoignent donc pour rendre nécessaire une remise en cause des avantages fiscaux inefficaces [truisme], plutôt qu’une augmentation des impôts des ménages les plus fragilisés [et des poly-handicapés cancéreux…] ; par la sélection, voire la sanctuarisation des dépenses d’investissement indispensables à la croissance à moyen terme, en particulier l’éducation et la recherche. [d’accord, mais si on sanctuarise les grosses dépenses, on fait comment pour revenir à l’équilibre ? ]

En fixant une norme d’évolution des dépenses publiques strictement inférieure à celle du PIB, François Hollande montre qu’il veut un État efficace et soucieux des deniers publics [mesure bêtement comptable à mon sens, car on y inclut les dépenses d’assurance maladie. Je signe si on les exclut]. Mais il tourne le dos aussi à la politique menée depuis 2007 qui réduit la modernisation de l’Etat à une simple équation comptable : le non-renouvellement d’un fonctionnaire sur deux. Cinq ans plus tard, nos administrations sont désorganisées, nos fonctionnaires démobilisés et la qualité des services publics dégradée… Il est temps de mettre un terme à des pratiques budgétaires qui n’ont de cesse d’entamer la légitimité de l’action publique. Restaurer notre crédibilité financière, ce n’est pas simplement jouer sur des paramètres financiers, c’est redonner à l’Etat le sens de sa mission et de ses responsabilités.

En matière d’emploi et de pouvoir d’achat une nouvelle orientation est nécessaire. La France dispose d’un atout exceptionnel, celui d’une jeunesse nombreuse et dynamique. Mais celle-ci connaît un taux de chômage inacceptable [c’est combien le taux de chômage des jeunes acceptable ?]. L’accent doit donc être mis sur les mesures en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes, à travers la sécurisation des parcours professionnels, la réorientation des efforts de formation professionnelle, le développement de contrats ciblés – tels que les contrats de génération [purée, encore des contrats bidons…] – et le renforcement de l’éducation nationale [hmmm, sans moyens en plus, donc ?]. Redonner leur place aux syndicats – en organisant une Conférence nationale pour la croissance et l’emploi – est également crucial pour que les salariés contribuent à la transformation du monde professionnel sans être cantonnés à la seule critique de décisions déjà prises par l’employeur. [encore une conférence bidon, mais ça remplira les journaux… Elles sont où les mesures pour redonner un peu de poids aux syndicats, abattus par la mise en concurrence internationales des salariés ?] Comment faire évoluer sinon la mixité sociale, l’égalité hommes-femmes, les mobilités interentreprises et les stratégies d’embauche et de promotion dans les entreprises et les administrations ? [Ben oui, comment ?]

La mondialisation a été porteuse de croissance [ça dépend pour qui…] et de diffusion des connaissances [oui, nos savoirs faire que nous avons offert nos futurs concurrents…] mais a aussi engendré un monde plus fragmenté et, paradoxalement, moins solidaire [qui peut croire que la mise en concurrence des salariés, la « guerre économique » générerait de la solidarité ???], augmentant les inégalités de salaires et favorisant les délocalisations. La finance internationale n’a pas joué son rôle de catalyseur de la croissance [Purée, quel humour !!!!!!!!!] et a fait revenir le capitalisme à ses pires travers [il me semble que cela a d’ailleurs été très bien théorisé par Marx à l’époque…]. Des mesures indispensables pour remédier à ces défaillances du système financier sont nécessaires. Ainsi, la séparation des activités bancaires entre spéculation et économie réelle permettra de circonscrire les risques, et donc de limiter les engagements futurs de la puissance publique en cas de crise bancaire. [ce que ne propose pas réellement Hollande – pari tenu]

L’interdiction d’utiliser les paradis fiscaux est également nécessaire [trop fastoche] , et permettra de réduire l’évasion fiscale, notamment si la mesure est étendue à l’ensemble des grands groupes français [parce que quand on dit « L’interdiction d’utiliser les paradis fiscaux », cela exclut les grands groupes français ? Mon charcutier les utilise peu pourtant…]. Enfin, la mise en place d’une véritable taxe sur les transactions financières,[ridicule, comme expliqué ici] l’interdiction des stock-options, le plafonnement des frais bancaires [hein ?] et l’encadrement du crédit à la consommation [hein ?] répondent au souci légitime de mieux protéger des dysfonctionnements de la finance. [et donc, rien sur la spéculation, les produits dérivés, les rémunérations, al gestion des risques, la responsabilité personnelle des dirigeants et administrateurs, la distribution aux actionnaires, etc. ?]

En matière de compétitivité, le bilan des cinq dernières années – 350 000 emplois industriels perdus, 900 usines fermées et un déficit commercial structurel – atteste d’une erreur stratégique dans l’analyse des déterminants de la compétitivité française, laquelle repose principalement sur la qualité de nos produits, de nos processus industriels et de notre gouvernance. Création d’une banque publique d’investissement dotée d’un réseau régional, incitations fiscales à la localisation des investissements en France, baisse de la cotisation foncière pour les entreprises qui innovent, instauration d’un crédit impôt innovation ciblé sur les entreprises effectivement concernées par la concurrence internationale… Ces mesures du candidat socialiste s’inscrivent dans la perspective qui convient pour relever le défi de l’innovation qui se pose aujourd’hui.

Le débat sur la politique économique à suivre ne doit pas occulter les questions économiques fondamentales qui se posent maintenant. Voulons-nous toujours plus d’objets de consommation, à l’obsolescence accélérée, consommateurs d’énergie et générateurs de déchets ? Ou bien plus de santé, plus d’éducation, plus de qualité de vie ? [Bien dit, mais bon, après l’appel du pied à Mélenchon, ça fleure bon l’appel du pied de fin de missive à Joly] Réussir la transition écologique, c’est changer de mode de vie, créer une nouvelle civilisation urbaine fondée sur des activités de proximité [bon, faut se calmer aussi, on va déjà essayer de passer les 2 ans qui viennent…], mettre fin à l’étalement urbain – catastrophe économique, écologique et sociale – [aucun souci, le litre d’essence à 3 ou 4 € va vite régler ça…] et mettre en œuvre les investissements considérables qui seront nécessaires à la transition énergétique. [investissements financés comment ? Si c’est à crédit, c’est carton rouge…]

Pour toutes ces raisons, nous appelons à voter pour François Hollande [appelez, appelez…]. Alors que le souvenir de 2007 [vous parlez de quoi là ?] nous oblige à la plus grande réserve sur les multiples promesses de campagne du candidat sortant, François Hollande a présenté un agenda de réformes qui dessinent à nos yeux la voie souhaitable. La crédibilité, l’ambition et la cohérence sont de son côté. [Trop de critique tue la critique… J’aurais dit aussi « la foi incommensurable dans l’avenir glorieux du pays par notre petit père des peuples, souverain céleste de l’économie post-nouveau monde de la civilisation urbaine magnifiée »]

Épilogue

9 fois le mot croissance dans ce texte, voilà le problème fréquent de la vision des économistes proches du parti socialiste.

La croissance, c’est ça :

croissance

Alors j’aimerais bien qu’on m’indique les économistes qui sont en train de travailler sur « comment faire tourner une économie prospère à croissance 0 », quitte à ce qu’il y en ait en cas de bonne surprise.

C’est un champ absent des études économiques, « l’hypothèse interdite », alors que cela devrait être une priorité élémentaire…

Quant au reste, je crains que beaucoup de ces belles promesses ne voient guère le jour (comme avec tous les candidats d’ailleurs, que je ne cite pas – ils n’ont qu’à être 5 ou 6…], et que, en cas de victoire d’Hollande, nous subissions le « Syndrome Obama » : 2 mois de plaisir, 3 symboles, et au final : pas grand chose de changé, au fond…

En attendant, bon vote – pour ceux qui voteront…

196 réactions et commentaires - Page 2

  • Petrus // 19.04.2012 à 10h25

    Le programme éco de Marine Le Pen est-il aussi nul qu’on le prétend ?
    Les points principaux du programme économique de Marine Le Pen, exposés et commentés par Bruno Lemaire au Club Idées Nation : http://www.dailymotion.com/video/xq5sg8_programmeeconomique-de-marine-le-pen-partie-1_news#from=embediframe

    Il me semble qu’on a là des réponses possibles au constat fait par les blogs écos contrariants.
    J’aimerais avoir votre opinion le plus objectivement possible. Réponse possible après les élections ! 🙂

      +0

    Alerter
  • kimalu // 19.04.2012 à 12h05

     
    Crise de la dette (venue des USA ne l’oublions pas…) et notre dépossession lente mais continue depuis longtemps (notre ruine…) expliqués dés 1963…
     
    (Nota : je ne m’en lasse pas…)
     
    Extraits de C’ETAIT DE GAULLE d’Alain PEYREFITTE
    (Première publication : 1994…)
     
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    (Source Le Livre de Poche – 2009 – Tome II, pages 99 à 113)
     
    PARTIE I
     
     
    Chapitre 12
    « L’IMPERIALISME AMERICAIN LE PLUS INSIDIEUX EST CELUI DU DOLLAR »
     
     
    Salon doré, 27 février 1963.
     
    GdG : « L’impérialisme américain, aucun domaine ne lui échappe. Il prend toutes les formes, mais la plus insidieuse est celle du dollar.
    « Les Etats-Unis ne sont pas fichus d’avoir un budget en équilibre. Ils se permettent d’avoir des dettes énormes. Comme le dollar est partout la monnaie de référence, ils peuvent faire supporter par les autres les effets de leur mauvaise gestion. Ils exportent leur inflation dans le monde entier. C’est inacceptable, ça ne doit pas durer.
     
    AP. – Ca ne doit pas, ou ça ne peut pas ?
     
    GdG. – Ca peut très bien durer ! Tout le monde se couche. Ca durera… tant que nous ne l’aurons pas dénoncé et que n’y aurons pas mis le holà.
    « Heureusement que nous avons empêché les Anglais d’entre dans le Marché Commun. Sinon les investissements américains sur l’Angleterre se seraient multipliés. Elle aurait été le point de passage des capitaux américains envahissant l’Europe. Et tant pis si notre économie passait sous la coupe des Américains. »
     
    Curieux que le Général se lance ainsi dans une critique économico-financière qui ne lui est pas familière. Il est vrai qu’il ne lui faut pas longtemps pour assimiler une discipline nouvelle. En 1946, entre son départ du pouvoir et le discours de Bayeux, il avait, en quelques semaines, absorbé nombre de livres de droits constitutionnel et bâti pour notre pays une Constitution selon son cœur ; elle set la nôtre aujourd’hui. Voici que, plus âgé de dix-sept ans, il assimile les techniques de la finance internationale et des relations économiques extérieures.
    Il est vrai que Rueff doit être passé par là, relayé par les conseils de Burin et les éclaircissements de Lévêque (1). Ce que ces deux derniers me confirment dans l’après-midi.
     
     
    « L’inva/sion américaine se déroule comme le cours d’un fleuve »
     
    Salon doré, 30 avril 1963.
     
    GdG – « Les Américains sont engagés dans un processus de mainmise sur l’ensemble des circuits économiques, financiers, militaires, politiques dans le monde. C’est une invasion qui se déroule comme le cours d’un fleuve. Les Américains le voudraient-ils, ils ne pourraient pas s’y opposer. D’ailleurs, ils n’y a pas de risque qu’ils le veuillent. Qui dresse une digue ? Ce n’est pas le fleuve. Ce sont les hommes qui ont intérêt à se mettre à l’abri de l’inondation. Or, personne n’en a le courage. C’est donc à nous qu’incombe ce devoir. Vous verrez, on finira par suivre notre exemple, si nous le donnons avec éclat. »
    Il se reprend : « Avec éclat, mais sans arrogance. Il faut ménager l’amitié.
     
    AP. – Tant que vous serez là, cette ligne peut être suivie : contenir la poussée américaine, mais sans se fâcher. Seulement, votre successeur, quel qu’il soit, n’en aura pas la capacité.
     
    GdG – « C’est pourquoi, là comme ailleurs, il faut créer l’irréversible. L’irréversible, pour les monnaies, ce serait l’étalon-or. Nous y sommes théoriquement, mais pratiquement nous lui tournons le dos. Le dollar a remplacé l’or. Si nous retournions à l’étalon-or, les monnaies seraient sur des rails, dont elles ne pourraient pas dérailler. Ca supposerait que, chaque fois que nous avons des dollars, nous les convertissions en or, et que tout le monde en fasse autant. Les pressions politiques ne pourraient plus manipuler les monnaies, même si les gouvernements sont soumis aux pressions électorales ou sociales. Les autorités monétaires auraient les moyens d’empêcher les dérives.
    (C’est du Rueff pur sucre, mais concentré et cristallin.)
    « Tant que je serai là, j’obligerai le gouvernement à lutter contre le déficit et l’inflation (2), donc à tenir le franc. Quand je ne serai plus là, vous verrez, la facilité reprendra son cours. Mais le franc pourrait tenir s’il était rattaché à l’or, comme les autres monnaies ; ça obligerait les gouvernements à être raisonnables, le gouvernement américain et tous les autres comme lui.
    « L’élection populaire du président n’est pas faite pour moi, mais pour qu’après moi, l’état et le pays aient une tête. De même, il faut créer une situation telle que les autorités politiques et monétaires soient obligées, après moi, d’assumer leurs responsabilités. »
     
     
    « Bull, c’est vraiment une entreprise française ? »
     
    Conseil du mardi 18 février 1964.
     
    Le Général, méfiant, se tourne vers Giscard : « Bull, c’est vraiment une entreprise française, avec ce nom ?
     
    Giscard (incollable). – Bull était un ingénieur norvégien qui a vendu son brevet à une entreprise française. Cette société est venue demander au Crédit national un crédit de 45 millions. Dans une firme fabriquant des machines pour connaître à tout instant les comptes au centime près, on avait laissé se créer une situation financière désespérée, sans que personne s’en fût aperçu.
    «  La General Electric propose d’apporter de l’argent frais contre une participation de 20% au capital. Nous allons constituer une solution française. Non sans mal ; les compagnies voisines, qui sont jalouses de leurs prérogatives, ne voient pas l’importance de l’enjeu. Le nouveau groupe apporte 70 millions et détiendra deux tiers des parts, les anciens actionnaires ne disposant que d’un tiers. L’aide de l’état se fera sous forme de passation de marchés.
     
    Pompidou. – Les capacités financière et techniques des grandes sociétés américaines sont telles, qu’il n’y a guère de sociétés françaises, voire européennes, dans l’aéronautique, l’électronique, l’informatique, l’automobile, qui soient en mesure de résister à leur puissance, par absorption ou par achat, si les gouvernements ne se mettent pas en travers. Des entreprises familiales, incapables de soutenir le rythme, ne suivent pas l’avance technique et ferment les yeux devant le trou qui se creuse.
    « Il faut sauver cette entreprise, mais en lui gardant son caractère privé. Si nous la nationalisions, elle vivoterait aux crochait de l’Etat. Seule l’Europe formera un marché suffisant. Il ne faut pas s’imaginer pouvoir tenir, face aux colosses américains, avec un petit marché intérieur.
     
    GdG – Tout cela est bien préoccupant. C’était fâcheux que Bull soit menacé. Il s’agit d’une entreprise française de pointe, qui n’est quand même pas mal dans sa partie technique. (La foi dans le génie français est émouvante.) Si General Electric entrait dans le capital, ce serait le loup dans la bergerie. Mais si on s’allie avec un partenaire européen, il ne faut pas non plus tomber sous sa coupe ; Ce serait qu’une autre façon de tomber sous celle ses américains. »
     
    Pompidou me fait passer un billet : « Pas un mot de bull. On n’en a pas parlé. » (Non ! Si on m’interroge, je dirai : « No comment. »)
     
     
    « Sans indépendance économique, il n’y a plus d’indépendance tout court »
     
    Conseil du 18 novembre 1964.
     
    Giscard et Pompidou présentent au Conseil un projet de loi sur le vote plural. Il s’agit de protéger les entreprises françaises contre des immixtions étrangères, en accordant plusieurs voix à des actions qui sont restées depuis dix ans attachées à la même société.
     
    GdG (visiblement fort satisfait) : « C’est un gros coup. Comment croyez-vous que ça va passer à l’Assemblée ?
     
    Pompidou (sans hésiter). – Ca passera sans difficulté. »
     
    Après le conseil, le Général me commente ce texte :
    « Vous pouvez dire que cette disposition va permettre d’éviter que des capitaux américains ne viennent sauvagement faire basculer le pouvoir dans une société française. Vous savez sans indépendance économique, il n’y a pas d’indépendance tout court. »
     
     
    « Nous payons les Américains pour qu’ils nous achètent »
     
    Un an plus tard, au conseil du 20 octobre 1965, le sujet revient, à l’occasion d’une communication de Maurice Bokanowski (3)
     
    Bokanowski : « L’Allemagne, où les entreprise sont plus concentrées, poursuit la modernisation de son équipement à un rythme accéléré, et les moyens de nos deux pays s’écartent de plus en plus. Chez nous, les concentrations sont très difficiles, elles posent des problèmes insurmontables de personnes.
     
    GdG. – Nous devons nous armer pour amener, et au besoin pour contraindre, notre industrie à la concentration. Le mouvement général y pousse, mais je ne crois pas que ce soit suffisant.
    « Nous ne sommes pas non plus armés pour lutter contre l’invasion américaine. Compte tenu de l’énormité des Etats-Unis, nous ne pourrons tenir le coup qui si nous sommes capables de nous défendre. Je vous demande d’y réfléchir très sérieusement. C’est primordial. Comment ferons-nous pour empêcher que nous soyons submergés par un monstre comme General Motors ou IBM ?
    «  Les Américains exportent partout leur inflation, et à notre détriment. Ils veulent absolument investir à l’étranger, et ça ne leur coûte à peu près rien. Nous les payons pour qu’ils nous achètent !
     
    Pompidou. – Le traité de Rome nous interdit de faire aucune discrimination entre les entreprises installées dans le marché commun. Or, compte tenu des investissements étrangers très importants en Hollande, en Belgique, en Italie, nous ne savons comment faire pour empêcher ces entreprises d’essaimer ensuite chez nous.
    « Et puis, est-il de l’intérêt français de laisser Ford s’installer en Italie, ou plutôt en France de manière à faire travailler des Français ? De toute façon, les investissements se feront et nous n’y pourrons rien. »
     
    Pompidou, voici moins de trois ans, enchérissait sur la diatribe du Général contre l’invasion des capitaux américains (4). Il est devenu plus nuancé.
     
    Quand le Général ne voit encore dans l’investissement étranger en France qu’une défaite de la France, son Premier ministre y voit une source d’activité. Le premier reste méfiant. Le second, sur ce point, me semble avoir des vues plus sereines et sans doute plus justes.
     
     
     
    Chapitre 13
    « LE DOLLAR DECROCHERA, UN JOUR OU L’AUTRE, DE L’OR »
     
     
    Salon doré, 18 septembre 1963.
     
    GdG. – « Les Américains vont beaucoup s’intéresser à la prochaine réunion du Fonds monétaire. Le système monétaire mondial ne fonctionne pas correctement. Il oblige la France et l’Allemagne à garder aux Etats-Unis des dollars, qui sont une source d’inflation.
     
    AP. – Alors, vous allez dénoncer ce système ?
     
    GdG. – Pas tout de suite. Nous ne ferons pas encore cette fois de proposition révolutionnaires. Pompidou, Giscard et Couve m’ont conjuré de ne pas bousculer le pot de fleurs. Je reconnais que ce n’est pas immédiatement nécessaire de dire leur fait aux Américains. Mais ils ne perdront rien pour attendre. »
     
    Le lendemain matin, je tamise cette confidence pour Pompidou : « Le Général m’a laissé entendre qu’il remettrait à plus tard… » Le Premier ministre éclate de rire :
    « Le Général voudrait dénoncer le système monétaire international, mais j’essaie de l’en dissuader. Ce n’est pas le moment ! »
    Pour Pompidou, on ne prend jamais assez de précautions. Pour le général, son premier ministre en prend trop, et l’inopportunité sans cesse invoquée ne lui paraît qu’un prétexte pour se dérober devant l’obstacle.
     
     
    « Il faut rendre à l’or son rôle de support essentiel »
     
    Conseil du 16 septembre 1964
     
    Un an plus tard, Giscard rend compte d’une nouvelle réunion du Fonds monétaire international à Tokyo. Cette fois, par sa bouche, la France a sinon « bousculé », du moins déplacé le « pot de fleurs ».
     
    GdG : « Nous avons lu la communication que vous avez faite à Tokyo ; elle correspondait bien à ce que nous pensions devoir être dit. Ce système monétaire ne peut pas durer. Il est américain. Il n’est pas mauvais parce qu’il est américain, mais parce qu’il est déséquilibré. »
     
    (En conseil, le Général ménage ceux de ses ministres qui pourraient s’offusquer de son «anti-américanisme ». Il ne tient pas à renouveler l’incident de la démission des ministres MRP (5).)
     
    Après le conseil, j’essaie d’aller plus loin : « Allez-vous prendre une initiative ?
     
    GdG. – Giscard a dit tout haut à Tokyo ce que beaucoup pensent tout bas, à savoir que tout ne va pas pour le mieux dans le système actuel des règlements monétaires internationaux. Ce système, établi au gré des circonstances, permet aux pays dits « à monnaies de réserve », c’est-à-dire les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, de solder les déficits chroniques de leur balance des paiements. Il est en grande partie responsable du déséquilibre des règlements internationaux, ainsi que des tendances inflationnistes qui se manifestent actuellement partout dans le monde.
     
    « Il faut donc rendre pleinement à l’or son rôle de support essentiel du système mondial des paiements. Seul l’or, parce qu’il est inaltérable et qu’il inspire confiance, échappe aux fluctuations des soi-disant « étalons de change or (6) » et à l’égoïsme des politiques nationales anglo-saxonnes.
     
    AP. – Vous prônez un changement radical du système actuel ?
     
    GdG. – Non, ce qu‘il faudrait, c’est une évolution progressive et concertée, qui devrait permettre un meilleur ajustement du système mondial des paiements aux besoins réels. En attendant, il faudrait mettre sur pied une surveillance multilatérale des politiques monétaires nationales. »
     
    Où l’on voit que le Général n’a pas la religion de la « souveraineté monétaire » des états. Il sait qu’ils ne l’utilisent que trop pour manipuler leur monnaie. L’or fait la police. Il est extrapolitique.
     
     
    « La livre est à bout de souffle, les Anglais aussi »
     
    Salon doré, 23 décembre 1964.
     
    Le Général m’annonce qu’il compte tenir une conférence de presse en février prochain.
     
    AP. « Quels thèmes comptez-vous développer ?
     
    GdG. – En particulier, la question monétaire internationale.
     
    (Ainsi, il aura attendu un an et demi avant de « bousculer le pot de fleurs ».)
     
    AP – D’ici là, le sterling risque d’être dévalué ?
     
    GdG. – Oh ! Les Anglais tiendront bien cahin-caha jusque-là, et même au-delà. Le trésor américain leur a donné assez de dollar pour ça. Mais ça va très mal. La livre est à bout de souffle, les Anglais aussi. Ils peuvent, comme les faibles, essayer d’abord une dévaluation masquée, vous savez, à la manière de Félix Gaillard ? Ils feront 10 %, 15 % , camouflés en prélèvement sur les importations et en détaxes sur les exportations. Et puis, ça ne suffira pas (7).
     
    AP. – Si le dollar suivait le sterling, nous serions obligés d’en faire autant nous-mêmes ?
     
    GdG. – Je ne sais pas encore. Cela dépendra des conditions. Les Anglais ont en caisse quatre milliards de dollars. Nous n’avons qu’un milliards trois cents millions de dollars en billets verts. Nous avons converti en or tout le reste, quatre milliards de dollars. Evidemment si tous les avoirs étrangers en dollars voulaient être convertis en or, ça mettrait à sec les réserves d’or américaines, ça démontrerait que le dollar n’est plus la monnaie de réserve qu’il prétend être. Seulement, si le dollar est dévalué, nos prix deviendraient tout de suite trop chers par rapport aux prix américains. Alors, pour nos exportations, ça deviendrait difficile. »
     
     
    « Nous ne sommes pas assez riches pour nous ruiner »
     
    Salon doré, 3 février 1965.
     
    AP. – « Annoncerez-vous des choses importantes demain, dans votre conférence de presse, sur le système monétaire international ?
     
    GdG. Je dirai que le Gold Exchange Standard est devenu caduc.
     
    AP. – C’est un vœu pieux ?
     
    GdG. – Ce n’est pas un vœu ! C’est ce qu’il faut faire. J’indiquerai que le Gold Exchange Standard ne repose plus sur les mêmes bases qu’autrefois et que, par conséquent, il faut un changement.
     
    AP. – Nous ne pouvons pas le changer à nous tout seuls ?
     
    GdG. – Le fait que nous le condamnons justifie à lui tout seul que nous ne voulions plus des dollars, mais de l’or. On nous imitera. Il suffit que nous le répétions assez longtemps pour que le Gold Exchange Standard finisse un jour par s’effondrer. Mais il faudrait mieux qu’il fût délibérément supprimé par une négociation.
     
    AP. – Les Américains, accessoirement les Anglais, vont prendre ça pour une agression.
     
    GdG. – Nous ne considérons plus le dollar comme de l’or, puisque maintenant nous échangeons systématiquement nos dollars contre de l’or… Un tas d’entreprises mondiales sont expropriées au profit des Américains, avec des capitaux qu’ils se procurent par leur inflation… Ils réagiront, mais ça n’a pas beaucoup d’importance.
     
    AP. – On dit que la France refuserait de participer au prochain relèvement des participations du Fonds Monétaire international.
     
    GdG. – Parfaitement ! Nous avons déjà énormément de participations internationales. Tout ça pour soutenir une livre qui, en définitive, ne sera pas sauvée, et un dollar qui commence à être ébranlé. Ca suffit comme ça ! Nous ne sommes pas favorables à l’augmentation des quotas. On les a déjà augmentés ! Nous ne sommes pas assez riches pour nous ruiner.
     
    AP. – Ca va nous faire quelques mois agités.
     
    GdG. – Les Américains n’ont qu’à faire ce qu’ils doivent faire pour redresser leur balance des paiements.
     
     
    Salle des fêtes de l’Elysée, 4 février 1965.
    Conférence de presse des grands jours. Les journalistes sont partagés entre l’éblouissement de cette leçon magistrale, la stupeur de voir ce militaire se lancer dans un sujet technique dont il devrait tout ignorer, et l’ironie de le voir monter allègrement à l’assaut de la forteresse dollar, inexpugnable par définition.
     
    A peine suis-je rentré dans mon bureau, que Rueff (8) me téléphone. Jamais il n’a entendu parler du dollar, du Gold Exchange Standard, du système monétaire international, avec tant de clarté, de profondeur, de maîtrise. Il est émerveillé.
     
    AP. – « Vous êtes content de votre élève ?
     
    Jacques Rueff – Je croyais qu’il était mon maître en toutes choses sauf pour celle-là. Je me demande s’il ne le devient pas aussi pour celle là. »
     
     
    « Rétablir l’équilibre, c’est une opération terrible. »
     
    Salon doré, 17 février 1965.
     
    AP. – « Ce que vous avez dit dans votre conférence de presse sur l’étalon-or est mal passé dans la presse anglo-saxonne et dans la presse française…
     
    GdG. – C’est la même chose !
     
    AP. – Mais c’est bien passé dans l’opinion, peut-être par patriotisme et puis parce qu’on a confiance dans l’or, pas dans le dollar.
     
    GdG. – Exactement. Dans le tréfonds français, on est pour l’or, parce que qu’on sait, héréditairement, que le règne de l’or s’est confondu avec une situation économique stable.
     
    AP. – Finalement, la presse elle-même a baissé le ton. Vous n’êtes plus guère contredit en France que par l’opposition, y compris par les MRP, qui disent que c’est un mauvais coup porté aux Américains…
     
    GdG. – Ou par Raymond Aron.
     
    AP. – Mais vous êtes suivi par la population.
     
    GdG. – La masse sent ce que les intellectuels ne veulent pas comprendre.
     
    AP. – Ca va déboucher sur quoi ?
     
    GdG. – Sur l’effondrement de la livre et, un jour ou l’autre, du dollar, qui cessera d’être convertible en or.
     
    AP. Mais nous ne pouvons pas souhaiter l’effondrement de la livre et du dollar !
     
    GdG. – Bah ! Pourquoi le craindre ?
     
    (Il pense à l’effondrement en tant que monnaie de réserve, alors que je pensais à l’effondrement en termes de dévaluation – qui nous  serait préjudiciable.)
     
    AP. – Nous sommes solidaires, quand même ?
     
    GdG. – Les Américains et les Anglais ont pu maintenir artificiellement leur suprématie. Tant qu’ils étaient en mesure de changer leur monnaie contre de l’or, et tant qu’ils avaient des balances de paiement favorables, ça n’incommodait pas les gens. Aujourd’hui, cette situation s’est retournée, leurs balances de paiement sont défavorables, et ils perdent de l’or.
    « Pour que les Américains arrivent à maintenir le Gold Exchange Standard, comme ils sont censés le faire, il faudrait que leur balance des paiements soit équilibrée. Mais ils en sont incapables. Alors, le dollar décrochera, un jour ou l’autre, de l’or, malgré toutes les pressions. Rétablir l’équilibre, c’est une opération terrible. Il faudrait une force politique qu’ils n’ont pas. Ile père Johnson ne l’a pas. Il ne peut pas faire ça. De même qu’il ne peut pas faire la paix avec l’Asie. Il a peur de ses lobbies.
     
    AP. – Ne croyez-vous pas qu’avant de revenir à l’étalon-or pur et simple, on sera obligé de passer par une monnaie de réserve autre que le dollar, peut-être un panier de devises ?
     
    GdG. – Il, ne faut pas se laisser couillonner ! Les Américains et leurs séides tâcheraient de garder quand même le dollar comme principale monnaie de réserve, parce qu’elle serait la plus forte des devises du panier ! »
     
     
    «  Les Américains se prennent pour les gendarmes du monde monétaire. »
     
    Conseil du 1er septembre 1965.
     
    Giscard : « Le secrétaire d’Etat américain au Trésor, Fowler, est venu à Paris. Il assure que les Etats-Unis ont mesuré les troubles provoqués par les déséquilibres continus de leur balance des comptes et considèrent son rétablissement comme un objectif prioritaire. Mais ils arguent que leur déficit financier est un déficit mondial. Fowler évoque la possibilité d’un panier de devises. Il reprend à son compte votre thème de la réforme monétaire internationale, mais sans lui donner de contenu pratique.
     
    GdG. – Les Etats-Unis se prennent pour les gendarmes du monde monétaire. Fowler a dit à la radio que le Fonds monétaire international serait le cadre approprié pour régler la question. En réalité, c’est pour donner l’impression de l’action, mais ils ne veulent rien faire.
     
     
    Après le Conseil, j’entreprends le Général sur cette démarche :
     
    GdG. : « La visite de Fowler n’a abouti à rien. Ca n’a été qu’une première prise de contact, inévitable, sur un sujet que j’ai mis à l’ordre du jour. Rien qui modifie les positions respectives.
     
    AP. – Le franc et le mark pourraient devenir monnaie de réserve ?
     
    GdG. : Les monnaies de réserve, ça suffit comme ça ! On ne va pas encore en inventer d’autres ! Il y a l’or. Le reste, c’est des histoires, c’est pour nous couillonner.
     
    AP. – Petit à petit, les Américains reconnaissent que le système actuel n’est pas satisfaisant.
     
    GdG. – Pour eux, il n’est plus satisfaisant du tout, puisqu’il a pour effet qu’ils perdent leur or !
     
    AP. – Nous allons continuer à changer nos dollars en or ?
     
    GdG. – Bien sûr ! Il n’y a pas de raison que ça s’arrête. Les Hollandais et les Suisses en font autant. Puis d’autres suivront. C’est pour ça que le dollar finira par décrocher.
     
    AP. – Quand même, les Américains ont un peu rétabli leur balance des paiements.
    GdG. – Ils l’ont rétablie pour un mois ; c’est peu, après des années d’insouciance. Ils sont en pleine inflation. Alors, ils fabriquent des dollars à la planche à billets, ils les exportent, les gogos les prennent comme si c’était de l’or ; c’est commode pour le Américains. Comment voulez-vous qu’ils renoncent à exporter des capitaux ? Il faudrait qu’ils cessent de les créer ! »
     
    Le Général surestimait quelquefois les difficultés des autres. En tout cas, il sous-estima sûrement la capacité politique de Washington de faire pression sur ses créanciers pour qu’ils ne présentent pas leurs créances. L’exemple français ne fut guère suivi. Et quand il le fut, plus tard, devant l’ampleur prise par la dette américaine, et que la situation fut devenue intenable, Nixon imposa en 1971 son coup de force monétaire : en découplant le dollar et l’or, il allégeait brutalement le fardeau de la dette américaine. Le Général, en un sens, avait gagné : il avait tué le Gold Exchange Standard. Mais, en un autre sens, il avait perdu : Nixon s’acharna à interdire tout retour à l’étalon-or. Mais ceci est une autre histoire…
     
     
    (1) Jean-Maxime Lévêque : inspecteur des finances, conseiller technique à l’Elysée.
    (2) premier avertissement d’un plan que le Général imposera en septembre 1963.
    (3) Ministre de l’industrie.
    (4) Cf. ci-dessus, p. 18 et 19.
    (5) Cf. tome 1, p. 171 sq.
    (6) Le dollar et la livre sterling.
    (7) La livre sterling tiendra pourtant encore trois ans, jusqu’en novembre 1967.
    (8) Inspecteur général des finances honoraires, économiste célèbre, chancelier de l’Institut, conseiller financier officieux du Général.
     

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    • chris06 // 21.04.2012 à 09h01

      merci kimalu pour ces rappels historiques qui montrent combien de Gaulle avait compris que la clef c’était la mise à plat d’un système monétaire international (SMI) dominé par le dollar.

      Le problème c’est qu’en 1971 on est passé d’un SMI dominé par le dollar-étalon de change or à un système dominé par le dollar-monnaie fiduciaire flottante.

      Mais aujourd’hui, si on regarde nos politiciens, a qui a t’on affaire? Parmi les 5 candidats principaux (en ordre alphabétique, Bayrou, Hollande, Le Pen, Mélenchon, Sarkozy) lequel par de cela?

      AUCUN.

      Les deux « favoris » n’en parlent absolument pas. Même chose pour Bayrou.
      Quand à Le Pen et Mélenchon, c’est encore pire, ils n’ont pas encore compris que dans un SMI de monnaies fiduciaires flottantes, un Etat qui emprunterait directement à sa banque centrale ne ferait qu’anéantir sa monnaie. Le Pen pense qu’en revenant au Franc flottant elle pourrait changer quelque chose, alors que cela ne fera qu’aider encore plus à la domination du dollar. Quand à Mélenchon, c’est à lui que revient la palme de la démagogie, il pense qu’il arrivera à convaincre les allemands, les italiens et les autres pays membres de l’euro à défaire l’art.123 du traité de Lisbonne pour que les Etats puisse se financer auprès de la BCE, sans comprendre que dans le SMI des monnaies fiduciaires flottantes cela ne fera qu’anéantir l’euro, et il pense que les gouvernements des pays de la zone euro seront suffisamment crétins pour le suivre!

      La France est vraiment mal barrée avec un bande de rigolos pareils!

      Ce qu’il nous faut c’est un homme ou une femme politique qui comprenne ce que de Gaulle avait compris que la clef c’est le SMI et qu’il faut d’urgence changer le SMI actuel des monnaies fiduciaires flottantes dominé par le dollar et qui propose une alternative crédible qui puisse convaincre les principaux partenaires. Il pourrait s’inspirer en cela des travaux de l’économiste post keynesien Paul Davidson qui a proposé une solution pour une réforme du SMI qui pourrait être mise en place immédiatement sans faire intervenir la création d’une banque centrale mondiale. La zone euro et les BRIC qui ont un intérêt commun à mettre en place un SMI multipolaire, c’est à dire non dominé par une monnaie nationale (eg le dollar) pourraient ensemble forcer les américains à négocier une telle solution.

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      • Patrick Luder // 21.04.2012 à 11h52

         
        « Ce qu’il nous faut c’est un homme ou une femme politique qui comprenne … »
           
        Ah ben zut alors, chris06, j’crois ben k c’est trop tard maintenant … 
          
        A moins d’un événement majeur (sic), vous en prenez pour 5 ans de malheurs.

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      • Christophe Vieren // 21.04.2012 à 19h10

        @Chris06 : pourvu qu’un économiste intelligent, tiens par exemple Attali que tu apprécies, lise ton idée. Il l’a proposera au PS et on aura sauvé la France grâce au seul économiste  (avec Davidson) compétent dans ce pays. Chris, ne coupe pas ton téléphone surtout. D’ici le 2cd tour peut-être que Hollande (ou Mélenchon) va t’appeler. Voire même leurs homologues Allemands, Italiens, …..
        (c’est vrai que la raillerie ca défoule).
        Plus sérieusement comment expliques-tu que personne n’ait pensé à proposer l’idée de Davidson ?
         

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      • chris06 // 22.04.2012 à 11h25

        @christophe, Patrick,

        vous croyez, vraiment, que je suis la seule personne au monde à avoir pensé qu’il faut d’urgence réformer le système monétaire international? 

        « Plus sérieusement comment expliques-tu que personne n’ait pensé à proposer l’idée de Davidson ? »

        pourquoi suppose tu que personne n’y ait pensé? Tiens, je te donne déjà un nom, pour commencer (mais il y en a bien d’autres), Zhou Xiaochuan, qui n’est rien d’autre que le gouverneur de la banque centrale de Chine.

        Il y a eu des personnages illustres de notre histoire (des noms comme Roosevelt, de Gaulle, Churchill et Adenauer) qui ont eu la faiblesse de penser que la clef de voûte de tout système politique, économique et financier, c’était le système monétaire international.

        Si le monde a été capable, par trois fois au cours du siècle dernier (accords de Gênes, 1922, Accords de Bretton Woods, 1945, Accords de la Jamaïque, 1976) de se mettre d’accord pour changer le système monétaire international car celui en vigueur été devenu hautement instable, été arrivé à la limite de l’explosion et ne correspondait plus aux besoins de l’humanité, je ne vois vraiment pas pourquoi, alors que le système actuel est exactement dans cette situation et peut exploser à tout moment, nous ne serions pas capables de nous mettre d’accord pour en changer une quatrième fois, et faire en sorte que ce nouveau système intègre la réalité et les problématiques du monde en ce début de XXIeme siècle.

        Et je pense aussi, que plutôt qu’attendre que les décisions viennent d’en haut et nous tombent dessus sans que nous ayons eu notre mot à dire, il est urgent que nous, « les petites gens », nous prenions conscience de l’importance qu’un tel changement peut potentiellement représenter pour la collectivité humaine, et que nous en débattions, non? Et comme tout bon débat démocratique sur un sujet donné ne peut se faire qu’entre personnes informées et qui cherchent à comprendre le sujet, c’est à dire ce qu’est la monnaie et comment le système monétaire influence l’ensemble de nos décisions politiques, économiques et financières, je pense qu’un blog comme celui ci est une plateforme d’une valeur inestimable pour rendre ce débat possible.

        Voilà, je ne viens ici que pour apporter mon modeste grain de sel et pour susciter ce débat qui me paraît d’une importance considérable pour l’avenir et le bien de l’humanité. Si je peux utiliser, parfois, des termes provocateurs, je m’en excuse, mais ce n’est pas mal intentionné. 

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        • Christophe Vieren // 23.04.2012 à 09h30

          @Chris06 : bon, admettons que ce soit la solution (cela me parait plausible. Qu’en pense le tenancier du blog ?).
          Tu « ne vois vraiment pas pourquoi, alors que le système actuel est exactement dans cette situation et peut exploser à tout moment, nous ne serions pas capables de nous mettre d’accord pour en changer une quatrième fois »,
          Puisque ce problème semble poser problème à beaucoup de monde, quels sont d’après toi les obstacles ? Qui s’y opposent ? Quels pays ? Quels intérêts particuliers ? Quels corporation ? Qu’est-ce qui peut permettre de les lever ? ….
          Car en attendant les peuples payent l’addition de 30 ans de dettes, dont une bonne par illégitime (on ne peut mettre au même niveau de responsabilités le citoyen lambda et les élus qui ont pris les mauvaises décisions, lesquelles n’ont que rarement étaient inscrites dans leur promesses électorales).
           
          _______________
          ps : concernant la nécessité de la loi de 1973, selon celui qui a pris la décision, un certain VGE, ce n’était pas l’abandon en 1971 du système de monnaies fiduciaires flottantes, mais :  » La réforme des statuts de la Banque de France, adoptée sous le mandat de Georges Pompidou et lorsque j’étais Ministre des Finances, est une réforme moderne qui a transposé en France la pratique en vigueur dans tous les grands pays”.
          L’échange avec AJHolbecq et VGE est ici : http://wiki.societal.org/tiki-index.php?page=DebatVGE

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          • chris06 // 23.04.2012 à 11h25

            @christophe,

            dans le système actuel le dollar est toujours archi-dominant (85% des transactions de change mondiales impliquent le dollar, 60% des réserves de change mondiales sont en dollar). Les USA n’abandonneront évidemment pas ce « privilège exorbitant », pour reprendre l’expression chère à VGE, simplement pour faire plaisir aux européens et aux BRICS. Quand Sarkozy, dans sa présidence tournante du G20 (et pourtant appuyé en cela par les chinois), est allé rencontrer Obama pour lui proposer de mettre la réforme du SMI à l’agenda, il a reçu un « NO » catégorique. C’était parfaitement prévisible!

            Tout est une question de timing, comme on dit en anglais, que se passera t’il quand la croissance mondiale, qui montre déjà des signes d’essoufflement, piquera désespérément du nez? Le SMI sera alors a deux doigts de l’explosion… voyons, les américains ont beau avoir tous les défauts de la terre, ce sont toutefois des gens pragmatiques et ils preffereront toujours la négociation à l’explosion.

            Sur l’échange Holbecq-VGE, j’en ai déjà maintes fois parlé sur le blog postjorion, si tu appelles ça un « débat » alors que Giscard n’a même pas répondu aux questions que lui posait André Jacques, je trouve cela intéressant!

            C’est justement ce court échange qui fut, en son temps, le point de départ de mes investigations, qu’avait bien voulu dire Giscard par cette courte proposition:
             » La réforme des statuts de la Banque de France est une réforme moderne qui a transposé en France la pratique en vigueur dans tous les grands pays : il s’agissait à l’époque de constituer un véritable marché des titres à court, moyen et long terme, qu’il soit émis par une entité privée ou publique. » 
            Il faut lire entre les lignes et vouloir creuser un petit peu, car tout est loin d’être dit, non? La question étant, « pouvait on faire autrement que passer cette loi, si oui, comment »?

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          • Christophe Vieren // 23.04.2012 à 13h35

             @chris : tu ne réponds pas tout à fait à ma question. Je me doute que les USA ont tout intérêt que le système – qui leur profite – perdure. Mais cela n’en fait qu’une nation même si elle reste première puissance économique. Pourquoi les autres pays auraient-ils besoin de l’accord des état-unis ? Que gagnent-ils à attendre ?
             

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          • chris06 // 23.04.2012 à 13h59

            sans accord des Etats Unis, que feraient ils de leurs dollars? Je te rappelle que 60% des réserves de change mondiales sont en dollars. Qu’en font ils? Ils les mettent à la poubelle?

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          • Christophe Vieren // 23.04.2012 à 14h05

            @Chris : et qu’est-ce qui fera que demain cette objection ne soit plus suffisante ?

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          • chris06 // 23.04.2012 à 16h10

            quand les Etats Unis entreront en récession de nouveau ils devront choisir entre 1) une troisième, voir peut être une quatrième opération de QE gigantesque en prenant le risque que les pays qui détiennent des réserves de change en dollars perdent confiance et cherchent à les convertir a n’importe quel prix en or ou 2) se mettre autour d’une table pour négocier.

            Comme je l’ai dit plus haut, tout est une question de timing, et ça n’arrivera sans doute pas avant les elections de novembre prochain. Mais après? Je ne vois pas comment les Etats Unis vont pouvoir éviter encore bien longtemps d’engager des négociations pour une refonte du système monétaire international. A moins, évidemment, qu’une guerre vienne changer la donne…

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          • Christophe Vieren // 23.04.2012 à 16h43

            @chris06 : et quel pourrait être alors l’impact de ce nouveau SMI sur les dettes publiques et la manière de résoudre la crise ?

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          • Christophe Vieren // 23.04.2012 à 17h56

            @chris06 : et quel pourrait être alors l’impact de ce nouveau SMI sur les dettes publiques et la manière de résoudre la crise afférente ? Qu’est-ce que cela changerait pour chaque pays de la zone euro vis à vis de celle-ci ?

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          • chris06 // 23.04.2012 à 18h59

            @christophe,

            étant donné que les réserves de change sont, partout, sous forme d’obligations publiques des émetteurs des monnaies de réserve, il est évident qu’une refonte du SMI impliquera forcément une restructuration des dettes publiques des émetteurs des monnaies de réserve.

            Après, à l’intérieur de chaque nation émettant les monnaies de réserve, c’est à chaque gouvernement de décider de la méthode choisie pour restructurer ses dettes publiques.   

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          • Christophe Vieren // 23.04.2012 à 19h02

              @Chris06 : puisses-tu avoir raison et suffisamment vite avant qu’il ne soit trop tard( survenance de la peste brune et ce qui s’ensuit) !

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  • Yves Couvreur // 19.04.2012 à 16h56

    Les économistes soutiennent Hollande. Bon… Pourquoi pas? Chacun est libre de se divertir comme il veut, mais de là à croire que cet amusement a quoi que ce soit de sérieux et puisse avoir de réelles conséquence. c’est très ….divertissant de mon point de vie. Hollande c’est déjà mieux que DSK, mais les Français, et les zélotes du candidat socialiste devraient méditer qu’ils ont risqué de peu de devoir apporter leur soutien à l’ ancien directeur du FMI. Peut-être le feront – ils d’ailleurs quand les français auront été lassés de Hollande et auront oublié le passé de DSK en 2017. Le problème n’est pas de changer de Président, le problème c’est de savoir si les Français veulent se changer, eux. La réponse est : non! Mélenchon et Le Pen c’est un voyage sans retour; Sarkhozy et Hollande, c’est un retour sans voyage….

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    • Christophe Vieren // 20.04.2012 à 18h21

      Et donc qu’est-ce qu’on fait en attendant que les français « changent » (de chemises ?) ? On tire au sort le président ? Les autres élus pourquoi pas mais le président cela me parait hasardeux.

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    • Yves Couvreur // 20.04.2012 à 20h38

      Vous avez raison sur ce point, la France est un Pakistan qui aurait arme l’arme thermonucléaire. Mais j’admire votre volontarisme politique. Votez donc pour le plus insipide, pour le plus terne, pour le plus conservateur, en attendant que l’ Histoire change les Français,comme d’habitude dans d’affreuses convulsions. Pour mon compte, il y a longtemps que je m’en suis remis à la Providence.

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      • Christophe Vieren // 20.04.2012 à 20h49

        Si on est adepte du matérialisme historique, l’on peut faire l’hypothèse que le peuple subit plutôt qu’il ne choisit son destin. Cependant tout ayant une influence sur tout, c’est un peu plus compliqué. En l’occurrence, le Président (et autres élus) influe sur le peuple et réciproquement puisque le peuple peut changer le Président (e autre élus).
        La Providence, connais pas car un électeur suffit à élire n’importe quel représentant du peuple (y  pas de quorum). Et comme je fais plus confiance à moi-même (un peu d’orguei ne peut faire de mal) qu’à mon voisin (très charmant au demeurant), je vais toujours voter pour le « moins pire » (même Chirac en 2002, pour te dire !). Sinon ce sera celui qui aura la plus « famille » qui l’emportera !!!!

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        • Vénus-Etoile du Berger // 21.04.2012 à 04h58

          Au fait, en parlant du Président et du peuple…, vous l’avez reçu la lettre de Nicolas Sarkozy ? Il ne devait pas nous écrire ou bien j’ai loupé un épisode ? Si oui, à ce train-là, nous allons la recevoir après les élections(pour ma part je ne l’ai pas reçu). Quel est le coût de cette opération ?                     (une enveloppe+une feuille A4+un timbre (à moins que la poste fasse un geste)) × (le nombre de personne recensée à ce jour toujours vivante, en espérant qu’il ne l’envoie pas à des personnes décédées, je pense à la famille du défunt(e), elle ne le percevra pas très bien)..…je trouve quand même l’idée touchante…il a une petite pensée pour le peuple.

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          • Vénus-Etoile du Berger // 21.04.2012 à 08h06

            Merci Olivier.Je ne l’ai pas eu pourtant(ou justement à voir) le maire de mon lieu d’habitation est UMP. Merci beaucoup.  

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          • Vénus-Etoile du Berger // 21.04.2012 à 15h44

            Oui effectivement…Merci beaucoup Olivier. Post-scriptum : mdr page 60-61…

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  • Vénus-Etoile du Berger // 19.04.2012 à 18h01

    Marine Le Pen fait peur à ma fille, dés qu’elle l’aperçoit sur une affiche, elle l’observe déconcertée en s’exprimant naturellement « c’est la dame qui n’aime pas les noirs ».
    Je suis restée sans voix, comment lui expliquer. Son programme économique est-il réellement « économique ». Elle a du mal à donner la définition du PIB, comment peut-on parler de programme économique. Voilà no comment. The End.

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    • Petrus // 21.04.2012 à 09h30

      [Modéré : fin de la campagne]

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      • Patrick-Louis Vincent // 21.04.2012 à 10h24

        ++

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        • Petrus // 21.04.2012 à 19h57

          Modéré ? Doux euphémisme pour dire censuré ! Et le toutou ci-dessus qui met des ++, pas mal non plus.
          La fin de la campagne ne concerne pas le média internet.

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  • parnaud // 22.04.2012 à 09h45

    je suis en complet désaccord avec la critique faite par Olivier sur la démarche de ces économistes (je ne parle pas ici des sa critique des idées exposées dans le texte). Je n’y vois aucunement une tentative de nous « expliquer la vie ». 

    Les signataires de l’article avancent à visage découvert, et se présentent comme « économistes », ce qui nous permet donc à la fois d’être conscients des présupposés sur lesquels ils s’appuient, d’autre part d’aller à la recherche de ce qu’ils ont pu faire ou dire/écrire (ce dont Olivier ne se prive pas, à juste titre). 

    Ils présentent un texte argumenté, et qui comme tel se prête à toutes les critiques possibles. Olivier nous en donne un exemple assez convaincant, du reste, en évoquant entre autres la problématique d’une économie fonctionnelle en croissance zéro.

    Bref, en prenant parti à découvert, ils alimentent le débat public : la preuve, le nombre de commentaires suscité par ce post. N’est-ce pas là l’essence de la démocratie ? Personnellement, je ne verrais aucun inconvénient à ce que d’autres groupes / corporations prennent position au cours d’une campagne électorale, de cette manière argumentée. Cela me paraît beaucoup plus fructueux que le brouhaha de « sound bites » débiles, type « carnet de campagne », servi notamment par les chaînes de télévision. 

    Je suis persuadé que le débat démocratique gagne à ces exposés d’opinion publics et contradictoires. C’est faire peu de cas de l’intelligence moyenne du public que de croire qu’il peut être facilement influencé par ces prises de position. Ce blog montre bien que l’expression d’une opinion clairement structurée engendre au contraire une résonance critique tout à fait saine. 

    Et je trouve bien préférable que les corporations s’expriment publiquement, plutôt qu’elles ne pratiquent l’influence de façon souterraine, à travers leurs réseaux de relations, bref, qu’elles se livrent au lobbying.

    Pour résumer : le texte de ces économistes, combiné à la réponse d’Olivier et aux réponses des lecteurs à la réponse d’Olivier m’apparaît comme un signe rassurant sur l’état de santé du débat public.

    Et bien sûr, dans cette perspective, j’accepte par avance qu’Olivier détruise mon point de vue 🙂
     

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  • Christophe Vieren // 24.04.2012 à 19h15

      @Olivier : comme il sera beaucoup question du pacte budgétaire prochainement, peut-être as-tu de nous gratifier d’un article sur le sujet ? Car pour le coup, les avis des économistes vont encore phagocyter le débat public avec probablement une large part donné au Parti de la Presse et de l’Argent et ses nouveaux chiens de garde
    D’avance merci.

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  • Pierre // 24.04.2012 à 20h59

    Merci Olivier ! Je me suis bien régalé à lire ta version commentée…

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  • Gilles // 27.04.2012 à 06h25
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