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17.février.202217.2.2022
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Expansion de l’OTAN : les origines de la grave crise actuelle (3/3)

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Nous vous proposons aujourd’hui la troisième et dernière partie de la chronologie de la crise actuelle liée à l’expansion de l’OTAN vers l’Est.

Plan de l’article, en 3 billets

Partie 1/3

Partie 2/3

Partie 3/3

VIII. 2008-2010 : L’agression de la Russie par la Géorgie tout juste adoubée par l’OTAN

Alors que la Russie venait l’année précédente de plaider pour un renouveau du partenariat avec l’Occident, l’OTAN fit un pas de plus vers le désastre, en promettant le 3 avril 2008 à l’Ukraine et à la Géorgie qu’elles rejoindraient l’organisation.

Mais face au désaccord entre George Bush d’une part, favorable à une adhésion, et d’Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, très réticents, aucune date n’a été avancée. Cela a été défini comme la politique de « la porte ouverte ». [s ; s]

La légèreté de ceci transparait bien dans ce bref résumé du sommet [s] :

« C’était un compromis de dernière minute, arraché pour éviter l’embarras d’un sommet de l’OTAN qui se serait sinon conclu sans annonce forte. En ce mois d’avril 2008, dans la capitale roumaine de Bucarest, les lignes sont clairement tracées : le président américain George W. Bush veut offrir à la Géorgie ainsi qu’à l’Ukraine un « plan d’action pour l’adhésion », ou MAP, c’est-à-dire une feuille de route qui déboucherait sur l’adhésion de ces deux pays frontaliers de la Russie à l’alliance militaire nord-atlantique.

Face à lui, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy sont unis dans leur opposition, craignant qu’une telle annonce ne soit vue comme une provocation. Ils ne sont, certes, pas les seuls. En amont du sommet, l’ambassadeur américain à Moscou, William J. Burns, avait câblé à Washington son inquiétude : « L’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN est la plus rouge des lignes rouges pour l’élite russe », écrit-il, ajoutant entre parenthèses « pas seulement Poutine ».

C’est avec la médiation du Royaume-Uni que le compromis est finalement trouvé, et ancré dans un communiqué de presse : « Nous sommes d’accord pour dire que (l’Ukraine et la Géorgie) deviendront membres de l’OTAN. » Le MAP, processus très concret qui aurait eu valeur de pré-adhésion, laisse place à une vague promesse dépourvue de calendrier. »

Ted Charpentier conclut [s] :

« En privé, cependant, quelques responsables plus perspicaces ont reconnu que les relations avec la Russie n’avaient pas été bien gérées. Dans ses mémoires, Devoir, Robert M. Gates, qui a été secrétaire à la Défense dans les administrations de George W. Bush et de Barack Obama, a fait des aveux intéressants. « Quand j’ai rapporté au président mon point de vue sur la conférence de Munich, j’ai partagé ma conviction qu’à partir de 1993, l’Occident, et en particulier les États-Unis, avaient gravement sous-estimé l’ampleur de l’humiliation russe en perdant la guerre froide » Pourtant, même cette évaluation brutale donnée à Bush n’a pas pleinement saisi les vues de Gates sur la question. « Ce que je n’ai pas dit au président, c’est que je pensais que les relations avec la Russie avaient été mal gérées après que [George HW] Bush a quitté ses fonctions en 1993. » Entre autres faux pas, « les accords américains avec les gouvernements roumain et bulgare pour faire tourner les troupes dans les bases de ces pays étaient une provocation inutile ». Dans une réprimande implicite au jeune Bush, Gates a affirmé que « tenter de faire entrer la Géorgie et l’Ukraine dans l’OTAN était vraiment exagéré ». Cette décision, a-t-il soutenu, était un cas « d’ignorance imprudente de ce que les Russes considéraient comme leurs propres intérêts nationaux vitaux. »

En 21007, Poutine avait bien indiqué que qu’elle s’opposait à l’entrée de l’Ukraine et de la Géorgie dans l’OTAN au vu des menaces pour sa sécurité.

Ses craintes ne sont hélas pas restées vaines puisque, enhardie par ce soutein de l’OTAN, dans la nuit du 7 au 8 août 2008, après plusieurs jours d’accrochages frontaliers entre la milice des séparatistes sud-ossètes, soutenue et formée par la Russie, et l’armée géorgienne, les hostilités commencent par un assaut des troupes géorgiennes qui fait 12 morts dans les forces de maintien de la paix de la Communauté des États indépendants (CEI, à prépondérance russe) et 162 victimes sud-ossètes selon le bilan officiel de la Justice russe donné en fin d’année 2008. S’en suivent cinq jours de combats acharnés. [s ; s ; s]

BMP-2 de la 58e armée russe du district militaire du Caucase du Nord lors de ce conflit

Malgré la propagande récurrente, la responsabilité du déclenchement du conflit est établie [s] :

Le 1er avril 2009, la Croatie et l’Albanie intègrent l’OTAN.

Le 17 août 2009, « l’alliance purement défensive de l’OTAN » lance l’Opération Ocean Shield (Bouclier océanique [sic.]) visant à détruire des navires de pirates le long de la côte est-africaine. Elle a duré 7 ans. [s]

L’USS Farragut (DDG-99) détruisant une embarcation de pirates somaliens dans le golfe d’Aden, mars 2010

IX : 2011 : la trahison de la Russie par l’OTAN en Libye

Le 17 mars 2011, « l’alliance purement défensive de l’OTAN » lance l’Opération Unified Protector visant à bombarder la Libye – qui n’avait pourtant agressé aucun de ses États membres. Il y a eu près de 7 000 sorties aériennes en 7 mois.

Lancement d’un Tomahawk par le destroyer USS Barry le 29 mars 2011

Comme pour le Kosovo une dizaine d’année auparavant, l’opération est basée sur une opération de propagande de guerre mensongère grossière, faisant état de massacres à grande échelle par Kadhafi contre sa population [s ; s] :

BHL joua un important rôle dans cette propagande de guerre [s] :

On sait aujourd’hui que ceci était faux, et quand, il y avait des combats, c’était face à des djihadistes, comme le rappelle Patrick Haimzadeh (ancien diplomate français en Libye, qui est un de nos spécialistes de ce pays) [s] :

Contrairement à son homologue français, le parlement britannique a clairement établi les mensonges et la responsabilité française dans cette guerre [s ; s] :

Fabrice Arfi a également fait la lumière sur cette opération [s] :

Cette guerre a au final miné la confiance de la Russie dans l’OTAN, celle-ci ayant violé l’accord obtenu avec elle au Conseil de Sécurité de l’ONU. [s]

X. 2012-2020 : En route vers le mur

Depuis décembre 2012, l’OTAN mène l’Opération Active Fence, qui vise à protéger la région de la frontière sud de la Turquie avec la Syrie dans le cadre de la guerre civile syrienne, par le déploiement de missiles Patriot. [s]

Des membres des services américains se tenant près d’une batterie de missiles Patriot à Gaziantep, en Turquie, le 4 février 2013,

Après la crise politique qui suit le coup d’État du Maïdan, l’Ukraine a abandonné son statut de « pays non-aligné » fin 2014. [s]

En 2017, le Monténégro intègre l ‘OTAN.

En 2019, l’Ukraine a inscrit dans sa Constitution sa volonté d’adhérer à l’UE et à l’OTAN. [s]

Le 27 mars 2020, la République de Macédoine du Nord est devenue le 30e État membre.

En juin 2020, l’OTAN a accordé à l’Ukraine le statut de partenaire « nouvelles opportunités ». [s]

En février 2021, le président ukrainien a indiqué que sa première question à Joe Biden concernerait l’adhésion de son pays à l’OTAN. [s]

En juin 2021, le président ukrainien a demandé à Biden de lui répondre par « oui » ou «  »non » pour l’adhésion de l’Ukraine. [s]

En septembre 2021, le président ukrainien a rencontré Biden, et lui a demandé… d’accélérer l’adhésion de l’Ukraine. [s]

Le 21 octobre 2021, la Russie indique qu’elle estime que la taille de l’armement militaire de l’Ukraine opéré par l’OTAN menace sa sécurité, même si l’Ukraine n’est pas encore membre de l’OTAN. [s]

En effet selon Lawrence Freedman, professeur émérite d’étude des conflits au King’s College de Londres [s] :

« C’est pour cela que l’on a cette crise. Pas tant à cause de la perspective d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, mais parce que les Russes considèrent que la coopération actuelle entre l’OTAN et l’Ukraine équivaut à une adhésion de facto. Il est important de comprendre le point de vue de Poutine, mais il faut aussi voir que tout cela découle des actions qu’il a entreprises en Ukraine en 2014. C’était une énorme erreur de jugement de sa part et il n’est plus possible de revenir en arrière. »

Biden n’ayant pas refusé, la Russie a commencé à déplacer certains de ses soldats près de la frontière russo-ukrainienne. C’était un message clair, encore plus clairement exprimé le 18 novembre 2021 : pour Poutine, l’Occident prend les lignes rouges de la Russie bien trop à la légère. [s]

Le 30 novembre 2021, il a confirmé que cela concernait bien l’expansion vers l’Est de l’OTAN. [s]

Le 7 décembre 2021, il a demandé à Biden des garanties sur le non-élargissement de l’OTAN. [s]

Le 9 décembre 2021, la réponse de Biden est de dire à l’Ukraine que son adhésion à l’OTAN repose entre ses mains. [s]

Le 10 décembre 2021, l’OTAN refuse de donner à la Russie les garanties qu’elle demande. [s]

Le 16 décembre 2021, le président ukrainien est reçu à l’OTAN. [s]

et dans la foulée de ce sommet, l’OTAN et l’UE menacent la Russie. [s]

La Russie a alors demandé par écrit aux États-Unis un engagement à ne plus étendre l’OTAN, ainsi que des garanties de sécurité. Des négociations se sont alors engagées début 2022, mais elles n’ont pas débouché sur un accord.

C’est un cas classique d’escalade dans l’incompréhension. L’Ukraine se sent menacée, veut adhérer à l’OTAN, donc la Russie réagit, ce qui renforce la menace perçue par l’Ukraine, qui s’arme, etc. À ce stade, l’important n’est clairement plus de chercher un coupable, mais de chercher – et trouver – des solutions.

Espérons donc que la sagesse et la diplomatie l’emporteront, et que notre gouvernement défendra nos intérêts propres, et non pas ceux (d’une partie) de l’Ukraine ou ceux des marchands d’armes , comme le souligne l’américaine Tulsi Gabbard.

XI. 2022 : Et maintenant ?

Au regard des éléments que nous venons de présenter, nous comprenons mieux la rage de Stephen Wait, professeur de relations internationales à Harvard, lorsqu’il écrit que « la grande tragédie est de voir à quel point il aurait été simple d’éviter cette crise. » [s]

Mais, étrangement, cela ne semble pas aussi simple pour tout le monde [s] :

Cette crise montre l’incompétence de la diplomatie occidentale, empêtrée dans une promesse à l’Ukraine faite à la légère il y a 15 ans. Les pays membres, en particulier la France et l’Allemagne, comprennent bien qu’ils ne peuvent la concrétiser, car cela déclenchera une gigantesque crise avec la Russie, mais ils ne veulent pas perdre la face et revenir sur leur promesse : comme avec la Crimée, ils se sont mis dans une situation apparemment inextricable.

Mais, en réalité, il y a différentes solutions. Par exemple, une d’elle pourrai être décidée seul par le Président Macron : indiquer que la France met son véto à toute extension de l’OTAN, à commencer par l’Ukraine et la Géorgie et mettre en place pour ces pays un statut d’État neutre, garantissant leur sécurité, leur permettant de coopérer avec tous leurs voisins, ce qui les protégera finalement bien mieux. D’autant qu’on imagine très mal les États-Unis mettre en péril leur existence pour des problèmes frontaliers de l’autre côté de la Planète. I est d’ailleurs possible l’Ukraine, comprenant qu’en réalité elle ne rentrera probablement jamais formellement dans l’OTAN décide de se retirer du processus d’intégration et choisisse de rester neutre pour assurer sa sécurité.

Rappelons enfin que, non seulement l’extension de l’OTAN n’a rien d’obligatoire, mais qu’en 1990, certains percevaient très bien le danger de laisser persister un bloc unique, qui se chercherait forcément un ennemi pour justifier son existence. [s]

Pour conclure, il est important de comprendre que la crise actuelle n’a rien de soudain ni d’imprévisible. Elle a été longuement construite et elle avait donc pu être annoncée il y a 25 ans par les plus grands spécialistes (très rarement invités dans les médias). Terminons donc en donnant, de nouveau, la parole à George Kennan :

Article édité (erreur d’auteur)

6 réactions et commentaires

  • berthe // 17.02.2022 à 10h36

    Excellent travail. Merci beaucoup à l’équipe des Crises.

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  • RGT // 17.02.2022 à 11h26

    L’OTAN aurait dû être dissoute juste après la dissolution du traité de Varsovie (traité, pas « pacte » qui tient de la propagande), traité de Varsovie qui avait été créé APRÈS la création de l’OTAN et en réponse à cette menace potentielle qui visait directement l’URSS.

    Le fond du problème est bien là et il persistera tant que des alliances débiles obligeant les signataires à aller se battre pour sauver les fesses d’un de leurs membres « aventureux » persisteront.

    À sa création l’ONU avait été créée pour éviter que de telles situations se produisent à nouveau mais cette organisation (le « machin » disait De Gaulle qui avait tout compris) a en fait été corrompue par l’influence de ses membres les plus influents et surtout les plus prédateurs.
    Avec la chute de l’URSS, la principale opposition à l’expansionnisme US a été balayée et désormais c’est la « fête du slip » pour un pays aux velléités impériales démesurées qui souhaite s’approprier l’ensemble des ressources que compte cette planète pour son propre intérêt (plutôt celui de ses « élites »).

    La création d’une nouvelle entité supranationale serait nécessaire, mais surtout que les membres de cette entité ne disposent d’aucun droit de veto et que tous les pays siégeant dans cette organisation soient réellement indépendants et à l’abri de toute sanction, influence ou corruption.

    Et là ce n’est pas gagné… Relisez « confessions d’un assassin économique » de John Perkins (pour mémoire ce billet de 2015 sur « les crises » : https://www.les-crises.fr/confessions-dun-assassin-economique-par-john-perkins/ et bien d’autres sources aussi).

    Je me répète mais tant que les humains suivront béatement « leurs guides » (en écoutant la propagande mais surtout par la contrainte et la violence) ils continueront à se massacrer pour le plus grand profit de ceux qui organisent ces massacres mais qui restent bien à l’abri de tout risque.

    Personnellement, je préfère mourir devant un peloton d’exécution pour « haute trahison » (envers qui ?) que d’aller tuer de pauvres types qui tentent de sauver leur peau dans un conflit qui leur a été imposé.

      +17

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  • christian gedeon // 17.02.2022 à 12h11

    Très intéressant. et documenté. Ce qui est encore plus intéressant, c’est de constater que l’anti russisme primaire, si j’ose dire, a changé de place sur l’échiquier politique… il est passé très nettement à gauche et au »centre ». A part JLM ,et encore ce n’est pas très clair,seul Roussel(que j’aime bien,qui est sympa et tout et tout,mais pour lequel je ne voterais pas) a des positions logiques. L’histoire vous réserve de ces surprises! la Russie éternelle et impériale(pas impérialiste) séduit logiquement la droite et la droite de la droite. Boboland pleure,les verts sont de plus en plus verts de rage et la macronie fulmine. Etonnant non? Une question philosophique mérite d’être posée. Toutes ces révolutions pour çà? Tout ce sang pour que dalle? je m’étonne,pour sauter du coq à l’âne ou presque,que les seules choses qu’on reproche à Sarkozy soient les comptes de campagne…je l’aimais bien au début. Puis il y a eu la réintégration à l’Otan,puis il y a eu le crime lybien,le renversement de Gbagbo…et j’en passe. Voilà des crimes comme ils sont beaux!

      +9

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    • patoche // 17.02.2022 à 21h54

      Les verts allemands sont devenus hystériquement va-t-en-guerre alors qu’à l’origine les grünen prônaient la résistance non-violente en cas de conflit.
      Leur soumission pro-usa les poussent à choisir le gaz de schiste américain pourri et cher plutôt que le gaz russe.
      Les nôtres suivent le même chemin.

        +7

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  • jeanbachelerie // 17.02.2022 à 13h43

    travail de recherches remarquable, souhaitons que nos chancelleries finissent par revenir sur terre et comprennent combien elles se font manipuler par l’administration américaine et les intérêts qui la soutiennent.
    Dans quelles années les écoles de journalisme prendront comme exemple de manipulation de l’information la communication belliciste et hystérique de l’administration américaine lors de la crise Ukrainienne en 2021/22.
    c’est u cas d’école, c’est tellement gros qu’il est permis de se demander jusqu’où va la soumission des gouvernements Européens, des médias et la Commission Européenne.
    Cela ne prêche pas pour cette construction européenne qui n’est que mercantile , au services des Oligopoles anglo-saxons et de leurs supplétifs, et non au service de la population des pays européens, et non plus au service des intérêts réels de l’Union européenne.
    sont ils les nouveaux somnambules qui joue avec le feu ou des irresponsables soumis à l’hyperpuissance par veulerie , intérêts et compromissions.

      +6

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  • ZazzarA // 27.02.2022 à 00h07

    Merci pour cet article, ces arguments on les trouve facilement dans la presse russe et jamais en occident. Les preuves présentées sont remarquables, jamais vu un bout de papier qui atteste les arguments.
    Je condamne la récente agression des russes, le peuple ukrainien va soufrir.
    Mais nous sommes tous responsables pour les politiciens qu’on vote en leur donnant droit d’agir.
    Ukraine, ayant une position geostratégique remarquable dans un jeu des adversaires avec la mentalité purement stratégique et militaire, a choisi comme president un comédien … incompatible avec les responsabilités et la situation globale.
    C’etait simplement le mauvais choix et fausses espoirs.
    J’espere voir le final comme un etat intègre Ukrainien.
    A mon avis, l’etat sera scindé en petites entités jamais si fortes pour creer un danger. Certaines regions, au final seront absorbés par leur anciennes métropoles: Roumanie, Hongrie, Pologne, Russie. J’espere me tromper et j’espère que des personnes compétentes vont travailler pour éviter ce choix.
    God bless Ukraine, they will need help.

      +3

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