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6.août.20166.8.2016 // Les Crises

« Face au moment le plus critique de l’histoire de l’humanité… » – par Noam Chomsky

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Source : Noam Chomsky, 18/07/2016

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Entretien réalisé par Agustín Fernández Gabard et Raúl Zibechi pour le quotidien La Jornada (Mexique) – 07/02/2016. Dans un long entretien, Noam Chomsky aborde les principales tendances du scénario politique international actuel, l’escalade militariste de son propre pays et les risques croissants de guerre nucléaire. Il avance aussi quelques réflexions sur les espoirs de paix en Colombie.

Noam Chomsky est l’un des plus grands intellectuels vivants selon le New-York Times ; philosophe et professeur au MIT, il est une référence mondiale dans le domaine de la linguistique et un connaisseur très critique de la politique étrangère de son propre pays, les Etats-Unis.

“Les Etats-Unis ont toujours été une société colonisatrice, qui a commencé à éliminer ses populations indigènes avant même de se constituer en tant qu’Etat ce qui a provoqué la destruction de beaucoup de peuples autochtones », synthétise le linguiste et activiste étasunien Noam Chomsky lorsqu’il lui est demandé de décrire la situation politique mondiale. Virulent critique de la politique étrangère de son pays, il soutient que celle-ci s’est tournée vers le monde à partir de 1898 avec le contrôle de Cuba, pays qui s’est littéralement transformé « en colonie ». S’ensuivit l’invasion des Philippines avec « l’assassinat de quelques centaines de milliers de personnes ».

Chomsky continue à parler en tissant le récit d’une sorte de contre-histoire de l’empire étasunien : « Les Etats-Unis ont ensuite volé Hawaï à sa population indigène, 50 ans avant de l’incorporer comme un état de plus ». Juste après la Seconde Guerre Mondiale, les Etats-Unis deviennent une puissance internationale. « Dotée d’un pouvoir sans précédents dans l’histoire, avec un système de sécurité incomparable, ils contrôlent l’hémisphère occidental et les deux principaux océans, et naturellement ils planifient l’organisation du monde à leur convenance ».

Chomsky reconnait que le pouvoir de la super-puissance a diminué par rapport à ce qu’il était en 1950, époque de splendeur durant laquelle les Etats-Unis accumulaient 50% du PIB mondial (25% aujourd’hui). Même ainsi, il lui paraît nécessaire de rappeler que les Etats-Unis restent encore le pays le plus riche et puissant du monde, dont le niveau de développement militaire n’a pas d’égal.

Un système de parti unique

Chomsky compare les élections dans son pays à un client qui devrait choisir entre différentes marques de dentifrice au supermarché. « Il n’y a qu’un seul parti politique aux Etats-Unis, le parti des entreprises et du business, avec deux factions, démocrates et républicains », proclame-t-il, même s’il considère que la période néolibérale a provoqué une mutation dans les traditions de ces deux camps. « Il y a les républicains modernes qui se font appeler démocrates, pendant que l’ancienne organisation républicaine est sorti du spectre politique, parce que ces deux groupes se sont déplacés vers la droite durant la période néolibérale, comme ce fut le cas en Europe ». Le résultat est le suivant : les nouveaux démocrates d’Hillary Clinton ont adopté le programme des vieux républicains, et ceux-ci ont été à leur tour complètement déplacés par les néoconservateurs. « Si vous regardez les spectacles télévisés dans lesquels ils « débattent », vous pouvez vous rendre compte qu’ils ne font en fait que se crier dessus et les seuls politiques qu’ils présentent font froid dans le dos ».

Par exemple, Chomsky rappelle que tous les candidats républicains nient le réchauffement climatique ou se montrent très sceptiques à ce sujet (…). « Pourtant le réchauffement global est le plus grand problème que l’espèce humaine ait jamais eu à affronter et nous nous dirigeons vers un désastre complet. » Selon lui, le changement climatique a des effets seulement comparables avec la guerre nucléaire. Pire encore, « les républicains veulent augmenter l‘utilisation des énergies fossiles. Nous ne sommes pas face à un problème qui se pose sur cent ans, mais sur une ou deux générations ».

La négation de la réalité, qui caractérise les néoconservateurs, répond à une logique similaire à celle qui promeut la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique. « Ces personnes que nous essayons de maintenir éloignées de nous sont en fait en train de fuir des situations catastrophiques dans leurs pays qui sont le résultat des politiques étatsuniennes.

« A Boston, où j’habite, le gouvernement d’Obama a déporté il y a quelques jours un guatémaltèque qui habitait ici depuis 25 ans ; il avait une famille, une entreprise, il faisait parti de la communauté. Il avait fui le Guatemala qui avait été détruit pendant l’époque de Reaggan. Et quelle est notre réponse ? Construire un mur. En Europe c’est la même chose. Quand on voit que des millions de personnes fuient la Libye et la Syrie vers l’Europe, il faut se demander ce qui s’est passé durant les 300 dernières années pour en arriver à cette situation. »

Les invasions et le changement climatique se rétro-alimentent

La situation conflictuelle s’est complètement transformée au Moyen-Orient durant ces 15 dernières années « suite à l’invasion étatsunienne de l’Irak, le pire crime du siècle. L’invasion britannique-étasunienne a eu des conséquences horribles, ils ont détruit l’Irak, qui est aujourd’hui le pays « le plus malheureux du monde » ; l’invasion a provoqué la mort de centaines de milliers de personnes et des millions de réfugiés, qui n’ont pas été accueillis par les Etats-Unis et qui ont dû être reçu par leurs pays voisins, qui sont pauvres : ils ont été chargés de ramasser les ruines de ce que nous avons détruit. Et le pire de tout ça c’est que les Etats-Unis ont incité un conflit entre sunnites et chiites qui n’existait pas auparavant. »

Les mots de Chomsky rappellent la destruction de la Yougoslavie durant les années 1990 fomentée par l’Occident. Comme a Sarajevo, il rappelle que Bagdad était une ville dans laquelle divers groupes culturels partageaient les mêmes quartiers, des membres de différents groupes ethniques et religieux se mariaient entre eux. « L’invasion et les atrocités qui ont suivi ont alimenté la création d’un monstre appelé Etat Islamique, qui voit le jour avec un financement saoudien, un de nos principaux alliés dans le monde. »

Un des plus grands crimes a été, d’après Chomsky, la destruction d’une grande partie du système agricole syrien, qui assurait l’alimentation [des populations], ce qui a poussé des milliers de personnes vers les villes « créant des tensions et des conflits qui explosent juste après le début de la répression ».

Une des lignes de travail les plus intéressantes de Chomsky consiste en analyser les effets des interventions armées du Pentagone en croisant ces résultats avec les conséquences du réchauffement global.

Au sujet de la guerre du Darfour, par exemple, convergent les intérêts des puissances avec la désertification qui expulse des populations entières des zones agricoles, ce qui aggrave et intensifie le conflit. « Ces situations débouchent sur des crises épouvantables, comme c’est le cas en Syrie, où s’enregistre la plus grande sécheresse de l’histoire qui a détruit une grande partie du système agricole, provoquant des déplacement et attisant à son tour les tensions et les conflits ».

Beaucoup de personnes ne se rendent pas compte des conséquences du déni du réchauffement global et des plans des républicains qui prétendent l’accélérer sur le long terme : « Si le niveau de la mer continue de monter de façon précipitée, des pays comme le Bangladesh risquent de se faire engloutir, affectant des centaines de millions de personnes. Les glaciers de l’Himalaya fondent rapidement mettant en danger l’approvisionnement en eau du sud de l’Asie. Qu’adviendra-t-il de toutes ces personnes ? Les conséquences imminentes sont terribles, nous faisons face au moment le plus critique de l’histoire de l’humanité. »

Chomsky avance que nous nous trouvons à une croisée des chemins importante de notre histoire et que les êtres humains devons décider si nous voulons vivre ou mourir : « Je le dis clairement. Nous n’allons pas tous mourir, mais ce qui est certain c’est que nous sommes en train de détruire les possibilités d’avoir une vie digne ; de son côté le parti républicain voudrait accélérer le réchauffement climatique. Je n’exagère pas – insiste-t-il – c’est exactement ce qu’ils veulent faire. »

Il cite ensuite le Bulletin des Scientifiques Atomistes [http://thebulletin.org/] et son Horloge de la fin du monde, pour nous rappeler que les spécialistes soutiennent que lors de la Conférence de Paris sur le réchauffement climatique il était impossible d’obtenir un traité juridiquement contraignant, seulement des accords volontaires. « Pourquoi ? Et bien parce que les républicains ne l’accepteraient pas. Ils ont bloqué la possibilité d’aboutir à un traité juridiquement contraignant qui aurait pu représenter des avancées contre cette tragédie qui est massive et imminente, une tragédie comme il n’en a pas encore connue l’histoire de l’humanité. C’est de ça qu’il s’agit, ni plus ni moins. »

La guerre nucléaire n’est pas a écarter

Noam Chomsky n’est pas du genre à se laisser porter par des modes académiques ou intellectuelles ; son raisonnement radical mais serein cherche surtout à éviter les emportements, et c’est peut-être pourquoi il se montre réticent à présager au haut-parleur la souvent annoncée décadence de l’empire [américain]. « [Les USA] ont 800 bases [militaires] autour du monde et investissent dans leur armée autant que le reste de al planète entière. Aucun autre pays n’est à ce niveau, avec des soldats combattants sur les quatre coins de la terre. La Chine a une politique principalement défensive, elle n’a pas de programme nucléaire important, bien que celui-ci puisse croître dans le futur ».

Le cas de la Russie est différend. C’est le principal caillou dans la botte de la domination du Pentagone, parce qu’elle « a un système militaire énorme ». Le problème est que ces deux pays sont en train d’accroître leurs systèmes militaires, « tous deux agissent comme si la guerre était envisageable, ce qui est une folie collective ». Chomsky considère que la guerre nucléaire est irrationnelle et qu’elle ne pourrait arriver qu’en cas d’incident ou d’erreur humaine. Néanmoins, il coïncide avec William Perry, ex-secrétaire de Défense, qui a déclaré récemment que la menace d’une guerre nucléaire était aujourd’hui plus importante que lors de la Guerre froide. Chomsky estime que le risque se concentre autour de la prolifération d’incidents qui mettent en cause les forces armées des puissances nucléaires.

« Nous sommes passés très près de la guerre de très nombreuses fois », admet-il. Un de ses exemples favoris est l’incident survenu lors de la présidence de Ronald Reagan, lorsque le Pentagone a décidé de tester les défenses de l’Union Soviétique en simulant une attaque contre ce pays.

« Le problème c’est que les Russes ont pris l’exercice très au sérieux. En 1983, le système de défense automatisé des soviétiques a détecté une attaque de missile étatsunien. Le protocole prévoyait dans ces cas là que l’information soit directement remontée au haut commandement et de lancer une contre-attaque. Un soldat devait transmettre cette information, Stanislas Petrov, mais il a décidé qu’il s’agissait d’une fausse alarme. C’est grâce à lui si nous sommes tous vivant et capables d’en parler aujourd’hui. » [1]

Il affirme que les systèmes de défense des Etats-Unis souffrent de graves erreurs, comme l’a confirmée l’information diffusée il y a quelques semaines au sujet d’une situation qui s’est déroulée en 1979, quand l’armée américaine a détecté une supposée attaque massive de missiles provenant de Russie. Alors que le conseiller à la sécurité nationale Zbigniew Brzezinski décrochait son téléphone pour appeler le président James Carter et lancer une attaque en représailles, une autre information annonçant qu’il s’agissait d’une fausse alerte est arrivée. [2] « Il y a des douzaines de fausse alertes chaque année », assure-t-il.

Dernièrement, les provocations des Etats-Unis sont constantes. « L’Otan effectue des manœuvres militaires à 200 mètres de la frontière avec l’Estonie. Nous ne tolérerions jamais un tel comportement à la frontière mexicaine. »

Le cas le plus récent est l’affaire de l’avion russe qui bombardait des forces djihadistes en Syrie abattu fin novembre. « Une partie de la Turquie est presque entourée par le territoire syrien et l’avion russe l’aurait traversée pendant 17 secondes, et il a été abattu. Une énorme provocation à laquelle la Russie n’a fort heureusement pas répondu par la force, mais elle a tout de même envoyé son système antiaérien le plus avancé –qui permet d’abattre des avions de l’OTAN- dans la région ». Chomsky rappelle que des provocations ont aussi lieu en mer de Chine, de façon presque continue.

L’impression que donnent ses analyses est que si les puissances agressées par les Etats-Unis agissaient avec la même irresponsabilité que Washington, notre sort serait scellé.

entretien réalisé par Agustín Fernández Gabard et Raúl Zibechi

La Jornada – dimanche 7 février de 2016

Traduit par Luis Alberto Reygada (Twitter : @la_reygada)

[2] A ce sujet, consulter l’article The 3 A.M. Phone Call http://nsarchive.gwu.edu/nukevault/ebb371/

Source : Noam Chomsky, 18/07/2016

Commentaire recommandé

Macarel // 06.08.2016 à 08h42

Le système capitaliste est sans doute le système de production de biens matériels le plus efficace jamais inventé. S’il est si populaire, c’est qu’il permet une consommation de toutes sortes de biens, y compris les plus inutiles.
Mais ce système qui n’a plus « d’adversaire » sur le plan politique depuis la fin de l’URSS*, est en train de s’autodétruire. D’une part parce qu’il crée spontanément des inégalités toujours plus grandes, entre une minorité de profiteurs, et une majorité d’exploités. D’autre part parce qu’il ne connaît pas de limites dans ses pulsions prédatrices, ce faisant il détruit souvent de façon irréversible l’environnement planétaire qui lui a permis de se développer.
La question n’est pas de savoir si ce système va disparaître, mais sur quelle échelle de temps, et avec quelles convulsions, pour les sociétés et la nature qu’il exploite sans frein.
Le capitalisme, lui même, est soumis à l’obsolescence programmée, mais quid du chaos sociétal et environnemental qu’il laissera derrière lui ?

* L’URSS ne se distinguait d’ailleurs du système actuel, que par le fait que c’était un système productiviste entièrement contrôlé par d’Etat et le PCUS. Ce système a logiquement, aussi, produit des ravages environnementaux, en plus d’avoir supprimé les libertés individuelles.

30 réactions et commentaires

  • jp // 06.08.2016 à 02h13

    Pas de quoi être le moins du monde optimiste sur le devenir de l’humanité.

    si les républicains continuent à nier le détraquement climatique parce que le sort des miséreux dont les pays sont en voie de disparition pour cause de montée des eaux les indiffère (y a pas que le Bangladesh ni les Philippines ni des îles du Pacifique), ils vont devoir faire avec la menace sur leurs propre bases militaires, sur leur propre sol
    « une grande partie des bases militaires aux États-Unis, qui se trouvent le long de la côte Atlantique et dans le Golfe du Mexique, sont menacées par la montée des océans – conséquence directe du réchauffement climatique.  » http://www.lefigaro.fr/international/2016/07/29/01003-20160729ARTFIG00198-des-bases-militaires-americaines-menacees-par-la-montee-des-oceans.php
    Vont-ils conquérir d’autres parties du monde (pas polluées, ça va être difficile à trouver) pour y mettre encore d’autres bases ?

      +9

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  • J // 06.08.2016 à 07h38

    Je l’avais fait, il me semble. Dans ce texte comme à l’accoutumée, Chomsky ne semble voir (ou on ne semble voir à travers lui), en tout cas pointer, de danger que d’un seul côté (le djihadisme, comme le communisme en son temps, n’étant que des retombées de ce danger essentiel).
    Il semble donc ici n’envisager de menace d’emploi d’arme nucléaire que « classique » (concrètement un missile haut-de-gamme). A partir du moment où on en dispose, il n’est pas très difficile de faire passer une bombe sous couverture commerciale quelconque et de la mettre en action dans un local quelconque, voire un camion, dans la ville cible.

      +1

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  • Orangine Twist // 06.08.2016 à 08h26

    Bonjour à tous,

    D’accord avec le commentaire de « mmanson », oui svp étayez votre question d’autant qu’elle porte en germe une prise de position et un jugement (« prophète ») , ça favorise le débat à moins qu’il ne s’agisse d’une question relevant juste d’une provocation visant à orienter les commentaires à venir vers des coms réactifs et non actifs, dans la pensée.

      +1

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  • Wakizashi // 06.08.2016 à 08h37

    Je suis globalement d’accord avec Chomsky, surtout s’agissant de la menace d’une guerre nucléaire. Mais pour vous répondre et émettre une critique, je ne souscris pas à cette mode de la paranoïa concernant le réchauffement climatique et la montée des eaux.

    Premier point : de réchauffement climatique, il n’y a plus. Je suis bien conscient que cela peut paraître hérétique de le dire de manière aussi abrupte, mais c’est pourtant la réalité des mesures : le réchauffement global connaît un palier depuis 1998, soit presque 20 ans. C’est là un des plus grands tabous médiatiques de notre époque.

    Second point : les causes du réchauffement (car il y a évidemment bien eu un réchauffement massif avant que celui-ci ne s’arrête) sont loin d’être évidentes. Si ce sont les gaz à effet de serre qui sont en cause, il y a une contradiction évidente avec l’arrêt du réchauffement, puisque les émission de gaz n’ont, elles, pas cessé d’augmenter depuis 1998.

    Le moins que l’on puisse dire, c’est que des questions se posent. Malheureusement, le débat est interdit. Ca rappelle d’autres débats, comme l’Europe par exemple…

      +1

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    • CQFD // 06.08.2016 à 10h03

      Un arrêt du réchauffement depuis 20 ans, vraiment? http://www.ncdc.noaa.gov/sotc/service/global/lo-hem/201606.gif

      Après, ce que je ne comprends pas, c’est la focalisation médiatique sur cet unique dérèglement à l’exclusion de tous les autres. De mon point de vue, ce n’est qu’un facteur parmi beaucoup d’autres contribuant à la catastrophe fondamentale, qui est l’effondrement de la biodiversité.

        +1

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      • sg // 06.08.2016 à 10h44

        Oui l’effondrement de la biodiversité est critique:

        “Human-induced greening of the northern extratropical land surface” in Nature Climate Change. Other ORNL participants and coauthors were Xiaoying Shi, Peter Thornton, Dan Ricciuto and Forrest Hoffman.

        https://www.change.org/p/m-claude-pour-une-loi-sur-la-biodiversit%C3%A9-ambitieuse/u/17460182
        Has land use pushed terrestrial biodiversity beyond the planetary boundary? A global assessment, Tim Newbold et al, Science, 2015.
        « D’après cette étude, la biodiversité des espèces a baissé de 15.4% sur plus de la moitié des terres émergées, alors que le seuil à ne pas dépasser avait été fixé à 10%. »
        « C’est une étude publiée dans la revue Science, qui conclut que 58 % de la surface terrestre, habitée par 71 % de la population mondiale, connaît une chute de la biodiversité terrestre remettant en cause la capacité des écosystèmes à subvenir aux besoins humains. »

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    • some // 06.08.2016 à 10h09

      euh, oui bien sûr, et les records de température à l’échelle globale battue année après année c’est du pâté ?
      http://www.les-crises.fr/point-sur-le-climat-en-graphiques/
      http://www.pauljorion.com/blog/2016/05/13/la-fievre-monte-a-el-pao/

      Le fait est que cette année, très spécifiquement, par l’accumulation des nuages dans l’atmosphère dû probablement à la fonte excessive des glaces, il se pourrait que nous battions des records de pluviométrie plutôt que de température.
      On verra cela en 2017.
      http://www.pauljorion.com/blog/2016/01/15/ch4-et-h2o-boucle-de-retroaction-positive-quand-tu-nous-tiens-par-philippe-soubeyrand/

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  • Macarel // 06.08.2016 à 08h42

    Le système capitaliste est sans doute le système de production de biens matériels le plus efficace jamais inventé. S’il est si populaire, c’est qu’il permet une consommation de toutes sortes de biens, y compris les plus inutiles.
    Mais ce système qui n’a plus « d’adversaire » sur le plan politique depuis la fin de l’URSS*, est en train de s’autodétruire. D’une part parce qu’il crée spontanément des inégalités toujours plus grandes, entre une minorité de profiteurs, et une majorité d’exploités. D’autre part parce qu’il ne connaît pas de limites dans ses pulsions prédatrices, ce faisant il détruit souvent de façon irréversible l’environnement planétaire qui lui a permis de se développer.
    La question n’est pas de savoir si ce système va disparaître, mais sur quelle échelle de temps, et avec quelles convulsions, pour les sociétés et la nature qu’il exploite sans frein.
    Le capitalisme, lui même, est soumis à l’obsolescence programmée, mais quid du chaos sociétal et environnemental qu’il laissera derrière lui ?

    * L’URSS ne se distinguait d’ailleurs du système actuel, que par le fait que c’était un système productiviste entièrement contrôlé par d’Etat et le PCUS. Ce système a logiquement, aussi, produit des ravages environnementaux, en plus d’avoir supprimé les libertés individuelles.

      +27

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    • Annouchka // 06.08.2016 à 12h29

      La question est de savoir si les humains ont connu autre chose que des systèmes capitalistes depuis le néolithique (la généralisation de l’agriculture)

        +4

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      • Tassin // 06.08.2016 à 12h46

        Je ne vois pas vraiment en quoi l’agriculture du néolithique était un système de production basé sur du capital. Jusqu’à l’invention des premières machines agricoles à vapeur début XIXème elle ne l’était pas.

          +9

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        • Annouchka // 06.08.2016 à 14h44

          Si, dés le néolithique, une minorité a concentré les moyens de production (terre et esclaves).
          On constate d’ailleurs que l’anthropophagie entre peuples ennemis a disparu à cette période au profit de l’esclavage : il devenait plus intéressant d’utiliser les prisonniers de guerre comme main d’œuvre plutôt que de les détruire en les mangeant.

            +4

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          • Tassin // 06.08.2016 à 14h53

            Je ne pense pas que le capitalisme se définisse par l’appropriation des moyens de production (lecture Marxiste orthodoxe) mais par la substitution de capital en lieu et place du travail (mécanisation).
            L’existence d’exploitation, d’inégalités ou d’esclavage ne veut pas dire qu’il s’agit d’un système capitaliste.

              +9

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            • Annouchka // 06.08.2016 à 16h42

              Dans ce cas la, le capitalisme, c’est bien : à terme les hommes n’auront plus besoin de travailler et seront servis par des robots…
              Non, le capitalisme, ce ne peut pas se définir uniquement par la propension à la mécanisation (capitalisme n’est pas égal à technique), car actuellement, il y a toujours besoin de travail humain pour concevoir les machines et les faire fonctionner.
              Or c’est justement l’exploitation de ce travail humain (non justement rémunéré) qui fait que le capitalisme est un système néfaste. Le capitalisme est un système injuste à cause des relations dominants/dominés qu’il présuppose, à cause de l’appropriation par certains des fruits du travail des autres.
              Et ça malheureusement, ça ne date pas d’hier (du reste, la technique non plus…)

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            • Tassin // 06.08.2016 à 18h05

              « Dans ce cas la, le capitalisme, c’est bien : à terme les hommes n’auront plus besoin de travailler et seront servis par des robots… »

              7 milliards de chômeurs dépossédés de leur autonomie et savoir-faire, sur fond d’effondrement écologique. Superbe perspective avec la mécanisation totale!

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            • Annouchka // 06.08.2016 à 20h04

              Oui terrible tableau en effet si il y a des dominants qui profitent de tous les avantages et des dominés qui n’ont rien…
              Personnellement je peux très bien me sentir épanouie et utile à la société sans travailler pour peu que j’ai des moyens matériels suffisants.
              La question écologique est un autre problème bien entendu. Mais elle est liée elle aussi à la question de l’exploitation (exploitation de la terre dont certains se sont déclarés maîtres et possesseurs)

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          • sissa // 06.08.2016 à 18h05

            Non, ce discours est celui des thuriféraires du capitalisme, qui cherchent à la faire passer pour une srte d’état de nature de l’humanité.
            Un système capitaliste est un système où les moyens de production n’appartiennent pas à ceux qui travaillent, lesquels sont rémunérés par des salaires. L’esclavage est un autre système, la féodalité qui s’appuie sur le servage également.
            Au passage, toute les sociétés agricoles n’ont pas fonctioné sur le mode de l’exploitation de la majorité par une minorité.

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            • Annouchka // 06.08.2016 à 20h11

              Pour moi il y a peu de différence entre l’esclavage et le salariat, si ce n’est que dans le système du salariat, patrons et salariés sont théoriquement égaux d’un point de vue juridique (et libres de rompre le contrat qui les lie) ce qui fait que le salarié a le droit moral de réclamer d’être rémunéré de manière équitable (donc de récupérer une partie de la plus-value qu’il génère).
              C’est une difference certes théorique mais qui est bien sûr de taille

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          • PierreH // 07.08.2016 à 14h31

            Alors ca n’est pas vraiment le sujet, mais ces interprétations de l’anthropophagie comme « destruction des ennemis » voire meme « régime alimentaire » dans certains commentaires me laisse un peu perplexe. A ce qu’il me semble, l’anthropophagie a toujours été a but rituel et symbolique (et elle continue tous les dimanches à la messe de manière abstraite). Pour détruire ses ennemis il suffit de les tuer…
            Mais bon, encore une fois, ca n’est pas vraiment le sujet…

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      • subotai // 06.08.2016 à 20h17

        L’humanité en général, jusqu’à la prépondérance du système marchand, à plutôt connu un communisme agraire. Et certaine culture ont même quasiment attendu le XXe siècle pour donner aux commerçants une prépondérance sociale sinon officielle au moins reconnue.
        Macron et son « tous milliardaires » est à coté de la plaque du comportement social de l’humanité. Aussi, vivent ils leurs derniers temps…

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    • RGT // 06.08.2016 à 20h42

      « Ce système a logiquement, aussi, produit des ravages environnementaux, en plus d’avoir supprimé les libertés individuelles. »

      Concernant la suppression des « libertés individuelles » je ne pense que le capitalisme soit en reste.

      Depuis 2001, elles ont carrément été abolies aux USA et tout le « monde civilisé » se met au diapason au prétexte « d’attaques terroristes »…

      En occident, la seule « liberté individuelle » réelle est bien celle de con-sommer frénétiquement des produits inutiles ou nuisibles pour l’environnement afin de permettre au 0,01% d’assouvir leur soif psychotique de richesses.

      Avec du recul on se rend compte que le système de l’URSS et celui de l’UESARSS sont strictement identiques.

      En URSS le pouvoir était détenu sans partage par une minorité nommée « apparatchiks« , et en occident le pouvoir est aussi détenu sans partage par une minorité nommée « financiers« . Hormis la dénomination, ce sont les mêmes…

      Et entre le PC de l’époque et les « partis d’alternance » je ne vois pas de différence lors des élections : Au final, ce sont toujours les mêmes, quelle que soit la couleur du logo.

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    • Judit // 06.08.2016 à 23h09

      Efficacité en faveur d’une minorité et maintien de la tres grand majorité de l’humanité dans une pauvreté desespérante. Jamais avec le systéme capitaliste les pays pillés ne sortirons de leur « retard ».

      Cette efficacité est une ideologie en faveur du systéme. C’est visible d’ailleur de plus en plus, meme les pays « riches » sont en retard sur le bien etre que techniquement l’humanité pourrait atteindre.

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    • bats0 // 08.08.2016 à 02h09

      Ok avec toi Macarel, concernant les ravages de ce système capitaliste, mais pour autant, ce n’est pas le système qui serait à critiquer, car il pourrait très bien fonctionner, s’il était plus régulé. C’est comme tout (ou presque), toute invention pourrait être merveille, mais tout va dépendre de son utilisation.
      En fait, que ce soit le système capitaliste, communisme à la chinoise, ou socialisme à la russe, si on pouvait faire un mixe, je suis sur qu’on en obtiendrait un excellent système économique et social; le problème, il y a l’homme qui le façonne, et l’utilise à son avantage, sans se soucier des retombées de ses actions (c’est bien son dernier soucis).
      En fait, le réel problème, c’est l’humain lui-même, son égo, et ses déviances : on devrait vivre tous en parfaite harmonie avec les autres, et son environnement, si la liberté, et tout simplement, la vie étaient respectés. L’homme ne respecte pas sa propre vie, alors comment il pourrait respecter celle des autres.

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    • bats0 // 08.08.2016 à 02h13

      Alors d’où peut provenir cette déviance de l’égo ? Je crois que l’homme n’étant qu’un animale un peu plus avancé, du fait qu’il peut anticiper, et se projeter dans l’avenir, mais son instinct de survit qu’il a au fond de lui-même, l’empêche de concevoir toute notion de respectabilité, et de vision harmonieuse avec ce qui l’entoure.
      Je me répète sûrement, mais comme quoi je n’ai rien inventé, d’autres m’ont devancé concernant la bêtise humaine : “Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine… mais pour l’univers, je n’ai pas de certitude absolue.” Albert Einstein.

      PS : Désolé pour cette suite, mais sans elle, mon commentaire précédent serait incomplet. Merci pour votre indulgence.

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  • SPO // 06.08.2016 à 08h44

    Pour approfondir sur le lien entre les Revolutions de printemps, la guerre en Syrie et le réchauffement climatique, vous pouvez voir la vidéo de Jancovici: « de Daech à la COP 21 ».

    Alors quand en plus les USA jouent aux pyromanes sans qu’aucun pays occidental ne s’y oppose même légèrement…

    Tant qu’on aura les USA aux commandes mondiales (onu, fmi, omc, ôtant) promouvant le libéralisme, le libre échange, la réduction des souverainetés des états et des peuples, il n’y aura aucune réflexion sur le vivre ensemble en paix, sur les inégalités, sur le pillage et la raréfaction des ressources, les pollutions diverses et surtout…sur l’urgence de réfléchir à un nouveau modèle économique prenant en compte la réduction des gaz à effets de serre (/réchauffement climatique).

    Bref, le pétrole a permis la révolution industrielle, la croissance économique et démographique, la mondialisation et le libéralisme et la consommation (y compris de produits inutiles).

    Face aux conséquences de cette consommation du pétrole à outrance (le réchauffement climatique), la politique libérale prédatrice communément partagée et plus ou moins imposée par les USA ne pourra et voudra rien changer. Seule une politique libérée de ces principes donc régulatrice, volontaire, coopérative et respectant les états pourrait permettre ce changement.

    Le parcours sera seme d’embûches. On peut toujours rêver…

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    • Madudu // 06.08.2016 à 12h04

      Tant que le dominant demeure dans son schéma de fonctionnement ancien, l’évolution ne se fera en effet qu’en demi-mesures et en reculant.

      Mais pour que le dominant adopte un autre schéma de fonctionnement, ou pour qu’un nouveau schéma de fonctionnement soit adopté par un nouveau dominant, il faut qu’un autre schéma de fonctionnement existe.

      Hors, à ma connaissance, il n’y en a pas encore.

      Si demain l’empire US tombe cela ne réglera pas nos problèmes environnementaux. Il faut aussi que nous ayons un plan B séduisant à proposer, sinon le plan A et les demi-mesures s’imposeront d’une manière comparable.

      Alors en attendant qu’une fois de plus la Russie nous libère de l’impérialisme (pour se libérer elle-même, pas par pure grandeur d’âme, mais quand même) nous pouvons faire oeuvre utile : travailler à un plan B, dans un monde sans croissance, low-tech, forcément davantage collectiviste qu’aujourd’hui, etc.

      C’est pas forcément dégueux, même si ça tranche avec l’avenir qui nous a été vendu.

      A nos crayons !

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      • RGT // 06.08.2016 à 21h04

        « forcément davantage collectiviste qu’aujourd’hui, »

        En tant que Proudhonien, je préférerais le terme de « mutuelliste« .
        Et sans oublier « la solidarité« , « l’entraide« , etc…

        Le collectivisme est un miroir aux alouettes car la gestion de ces biens collectivisés est faire par ceux qui deviennent rapidement des apparatchiks… Qui ensuite s’approprient toutes les richesses… Retour à la case départ.

        Dans le cas du mutuellisme, les biens appartiennent à ceux qui se sont mutualisés pour les obtenir…
        Sa pensée va même plus loin : L’outil de travail appartient exclusivement à celui qui l’utilise, à l’exclusion de tout parasite.
        De même, il est possible de vendre (ou échanger) le produit de son travail sans passer par un intermédiaire, ce qui garantit des revenus décents.

        Il faudrait aussi rétablir les corporations, qui permettaient de fixer les rémunérations, les horaires et les conditions de travail…

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        • Madudu // 06.08.2016 à 22h32

          Ouai, bon, vous m’avez bien compris : moins individualiste.

          Je vous rejoins à propos des corporations, sur lesquelles je suis peu renseigné mais qui dans le principe me semblent d’une rationalité exemplaire. Je crois qu’on a vraiment perdu un gros morceau de notre civilisation en perdant les corporations !

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  • Alin Javier Hannier // 06.08.2016 à 11h55

    L’analyse de Chomsky reste à la surface des choses, je préfère avec Alain Badiou mettre en évidence l’entreprise de destruction des Etats par le néolibéralisme financier, lequel , à ce point de destruction n’a plus besoin des Etats et préfère négocier (?), commercer avec des groupes contrôlant un territoire à leur propre profit, sans s’embarrasser de problèmes de droit ou de taxes comme dans « l’ancien monde » si décrié par Macron lui-même . La Libye, la Syrie, l’Afghanistan, l’Irak, en sont les illustrations les plus connues, mais le processus est en cours mondialement et la petite musique est allègrement reprise à l’envi par les politiques et autres organiques jusqu’à la catastrophe que tout le monde pressent , mais ne peut concevoir que comme incertaine.

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    • Seb F // 15.08.2016 à 13h59

      L’analyse ou l’interview ?
      S’il s’agit de juger de l’analyse de Chomsky, il vaut peut-être mieux se plonger dans ses bouquins que de commenter une interview qui sera forcément « moins en profondeur »

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