Les Crises Les Crises
5.juillet.20165.7.2016 // Les Crises

Le « testament politique » de Michel Rocard

Merci 112
J'envoie

Je ne partageais pas toute sa vision, mais Michel Rocard était un sacré bonhomme, avec qui j’ai eu la chance de discuter plusieurs fois.

Je retiendrai de nos échanges sa grande humanité, son souci de la justice et l’attention portée au sort des plus humbles – caractères si rares aujourd’hui…

RIP Michel…

Source : à lire en intégralité dans Le Point, Michel Rocard, 23-06-2016

Ce qu’il dit de Mitterrand, Chirac, Hollande, Juppé, Macron… Son « testament politique »

Le Point : Nous vivons une période de rupture inédite. Quel projet politique crédible peut permettre d’adapter notre société à ces bouleversements ?

Michel Rocard : Pour diriger une société, il faut la comprendre. Or on ne peut plus se comprendre. On va rentrer tous ce soir chez nous et regarder les infos. Il y aura 60 % de faits divers. On ne nous donne ni la matière ni le temps pour comprendre.

Et la presse écrite se laisse entraîner par l’information continue, la télé, Internet… Le système fonctionne pour le divertissement. Comment, dès lors, comprendre le Moyen-Orient ou la crise économique ? Le monde du savoir ne produit plus de connaissances interdisciplinaires, les sociologues ne travaillent pas avec les économistes, qui ont peu ou pas de contact avec les politiques.

C’est donc une question de temps ?

Les politiques sont une catégorie de la population harcelée par la pression du temps. Ni soirée ni weekend tranquille, pas un moment pour lire, or la lecture est la clé de la réflexion. Ils n’inventent donc plus rien. On sent venir l’élection sans projet de société d’un côté comme de l’autre. La démocratie chrétienne avait un projet de société pour toute l’Europe, qu’elle a fini par abandonner. Le gaullisme a disparu. Le communisme s’est englouti dans son propre archaïsme. Le socialisme porte un projet, mais il n’est plus clair depuis longtemps. D’ailleurs, il n’y a plus guère que moi pour en parler… parce que je suis archaïque, probablement. […]

François Hollande bat des records d’impopularité. S’il ambitionnait un second mandat, quel serait votre conseil ?

Changer ! Le problème de François Hollande, c’est d’être un enfant des médias. Sa culture et sa tête sont ancrées dans le quotidien. Mais le quotidien n’a à peu près aucune importance. Pour un politique, un événement est un « bousculement ». S’il est négatif, il faut le corriger. S’il est positif, en tirer avantage. Tout cela prend du temps. La réponse médiatique, forcément immédiate, n’a donc pas de sens. Cet excès de dépendance des politiques aux médias est typique de la pratique mitterrandienne, dont François Hollande est l’un des meilleurs élèves. Or le petit peuple de France n’est pas journaliste. Il sent bien qu’il est gouverné à court terme et que c’est mauvais. Cela dit, je ne crois pas que François Hollande y puisse quelque chose. D’abord, c’est trop tard. Et puis, on ne change pas comme ça.

Votre pronostic est assez négatif !

L’espoir de l’actuel président de la République de repasser… D’abord, je me demande pourquoi il ferait ça. Il doit commencer à ne plus croire lui-même qu’il fera baisser le chômage. Mais, vous savez, l’attitude de François Hollande n’a pas beaucoup d’importance. Ce qui compte, c’est l’attitude des médias. La France est entrée dans un déclin profond à cause de la manière dont nous communiquons les uns avec les autres, et c’est irrémédiable. […]

Diriez-vous à la lumière de sa trajectoire que Mitterrand était, en fait, un homme de droite ?

Tout le démontre. C’est évident. Mitterrand était un homme de droite. N’oubliez pas qu’il est devenu premier secrétaire du Parti socialiste moins de trois jours après avoir pris sa carte… Comme accoutumance à une longue tradition culturelle, c’est un peu bref.

Y a-t-il une chose que vous regrettez de ne pas lui avoir dit ?

Non… On s’est tout de même dit beaucoup de choses, par écrit. Ce qui a scellé la qualité de nos relations, c’est quand j’ai écrit, pendant la guerre d’Algérie, qu’il était un assassin. Ministre de la Justice, il refusait d’instruire les demandes de grâce des condamnés à mort. Il faisait la grève administrative pour tuer. Forcément, il n’a pas aimé… Nous n’en avons jamais reparlé.

Jamais ?

Non, cela nous aurait compliqué le travail. Parce qu’on a bien travaillé ensemble. Avez-vous repéré un détail drôle ? Prenez le sondage de popularité du Journal du dimanche sur cinquante ans. Si vous additionnez les cotes de popularité des présidents et des Premiers ministres, nous sommes le binôme gouvernant le plus populaire ! Nous avions tellement peu de plaisir à être ensemble que nous travaillions très vite. Nous avons fait le RMI ensemble dans l’enthousiasme. Et puis il m’a laissé faire la Nouvelle-Calédonie à ma manière. Et la CSG, certes très discutée, mais qui est tout de même un impôt de justice, et les Français l’ont bien compris.

Pensez-vous, comme Régis Debray, que la gauche française a perdu la bataille des idées ?

Oui, la gauche a perdu la bataille des idées, et pas seulement en France. La crise est profonde, mondiale. Quel que soit le prochain président, il n’aura pas les moyens de résoudre tout seul la crise économique. Je ne me prêterai donc pas au jeu de rôles de savoir qui sera le prochain. On peut toujours s’en prendre au politique, mais ce n’est pas sérieux. Nous sommes passés de 5 à 6 % de croissance économique à 2 ou 3 % au mieux. L’autre phénomène est le mépris pour l’investissement : les détenteurs de fortunes préfèrent désormais jouer avec leur argent qu’investir. Les actionnaires s’y sont mis. Ils ont réclamé plus d’argent. Pendant les Trente Glorieuses, période de plein emploi, on rémunérait mal les actionnaires car on payait bien la main-d’oeuvre. Henry Ford avait donné le la en inventant la semaine de cinq jours payés six, « pour que mes travailleurs, disait-il, puissent acheter mes voitures ». Mais voilà, dans les années 70, on a doublé la part distribuée aux actionnaires. D’abord aux dépens des sous-traitants – le patronat a externalisé vers des entreprises petites et peu syndicalisées pour renégocier les contrats -, puis des employés maison. Cela s’est fait dans tous les pays développés. […]

Quel autre tabou la gauche doit-elle faire sauter ?

La gauche française est un enfant déformé de naissance. Nous avons marié deux modèles de société radicalement différents, le jacobinisme et le marxisme. Pas de souveraineté des collectivités territoriales, pas de souveraineté des universités, tout est gouverné par le sommet, ça c’est le jacobinisme. Avec la prétention d’avoir une analyse rationnelle de la production, ça c’est le marxisme. Et, particularité française, la volonté révolutionnaire de travailler à la démolition du capitalisme, ce qui explique l’absence de dialogue social et de culture économique. Pourquoi voulez-vous comprendre le système puisqu’il faut en mettre un autre à la place ? La gauche française se raconte aussi à travers la dynastie de ses chefs : Paul Faure, secrétaire général de la SFIO choisissant le ministre du Travail du maréchal Pétain, ou Guy Mollet, inoubliable créateur de la guerre d’Algérie. D’autres leaders ont contesté l’idée du Grand. Soir. Ces progressistes qui voulaient faire marcher l’économie s’appelaient Jean Jaurès ou Léon Blum. Blum, qui était le seul de la bande à avoir lu Marx, a eu cette phrase en 1936 : « A l’évidence, la situation n’a rien de révolutionnaire, nous ne pouvons être que des loyaux gérants du capitalisme. » Cette dissidence subversive est restée minoritaire. Les autres pays se sont débarrassés du marxisme. Les Allemands ont, après guerre, envoyé la dictature du prolétariat, la lutte des classes, Karl Marx et ses certitudes, aux oubliettes de l’Histoire pour se rallier à l’économie de marché.

Pas la France, où Mitterrand, qui avait conquis le PS et voulait le pouvoir, avait un besoin stratégique du PC. Très vite, il a affirmé que les nationalisations étaient une revendication du milieu ouvrier, et que n’était pas socialiste qui s’y refusait. Alors que partout émerge une social-démocratie réformiste, ralliée à une économie de marché régulée pour limiter chômage et inégalités, la gauche française se distingue. La drôlerie, c’est le vocabulaire : les termes « socialisme » et « social-démocratie » sont interchangeables, alors qu’ils ne recouvrent pas la même définition. […]

La parole du politique est aujourd’hui discréditée, elle ne porte plus…

Oui, et elle n’est pas près d’être recréditée ! Rien de ce que je peux vous dire ne se résume en une minute trente à la télévision. Comment réussir à redonner un espoir aux Français si cet espoir n’est pas inscrit dans une durée, au moins celle de la longévité de nos petits-enfants ? Nous sommes aussi vaincus par l’individualisme. J’en ai beaucoup voulu à Manuel Valls de vouloir changer le nom du parti. L’histoire nous a dotés du seul mot qui fait primer le collectif sur l’individu : le « socialisme ». C’est même la seule chose que le socialisme veuille dire, et surtout pas « appropriation collective des moyens de production » ! Mais les frustrations sont telles que d’autres formes de pouvoir émergent. Les partis ne font pas leur boulot, alors les citoyens se prennent en main.

François Hollande a fait du dialogue social l’un des axes de son quinquennat. Cela peut-il fonctionner en France, où les syndicats sont si peu représentatifs ?

Evidemment non. Mais, comme il n’y a pas de substituts, la priorité est à la relance du mouvement syndical, avec interdiction au pouvoir politique ou patronal de trancher à sa place. Le patronat trouve commode d’être bonapartiste et qu’on lui fasse oublier ses partenaires obligés, il lui suffit de négocier secrètement avec l’Etat. Chaque fois que la gauche centralise trop – c’est l’héritage de Mitterrand -, elle prend le risque de donner un poids excessif au grand patronat. Or je ne crois pas à la symétrie des intérêts. En revanche, on diminue le frottement social avec de bonnes négociations. Mais, pour faire renaître une représentativité des syndicats, il va falloir un demi-siècle… […]

Défendez-vous toujours les 35 heures ?

On a pris de la plus mauvaise manière possible une mesure dont le sens général était bon. On y a mis trop d’administration. Comment, dans une usine automobile, par exemple, voulez-vous faire travailler au même rythme les gens qui sont à la production, en flux tendu, ceux qui, à la vente, s’adaptent au rythme des clients, et ceux qui sont à l’administration ou à la direction ? Que la loi ne s’en mêle surtout pas ! De toutes les démocraties, la France est la seule où la loi s’est occupée du temps de travail et, finalement, on fait moins bien que les autres… La seule chose qui ait marché, c’est la loi Robien, qui permet, dans des centaines d’entreprises, comme chez Fleury-Michon, de travailler 28 à 30 heures.

Mais le coût du travail en France est trop important. Or augmenter la durée du travail revient à le baisser…

Il y a un rééquilibrage à faire. La part des emplois dans le public est trop importante. Nous avons 1 million de fonctionnaires en trop, selon les calculs de la Cour des comptes. Le rêve, c’est l’équilibre danois, presque pas de chômage, et des gens qui n’ont pas peur d’y tomber car ils savent qu’ils ne resteront inactifs que quelques mois, parce qu’ils bénéficient d’une formation sûre et rémunérée, mais aussi, il est vrai… obligatoire.

Vous parlez de formation. Pourquoi notre système éducatif est-il à ce point déconnecté du monde du travail ?

L’école obligatoire est le fait des radicaux. Si elle avait été le fait des « hussards de la République », la relation avec le milieu ouvrier eût été infiniment plus forte. A l’inverse, la coupure a été totale. Elle a été orchestrée par les professeurs de l’enseignement secondaire, issus de la bourgeoisie, qui n’aimaient ni le peuple ni l’école primaire. Nous ne nous sommes jamais remis non plus de la fracture entre les milieux du savoir et ceux de l’économie, science méprisable, puisqu’elle cherchait à savoir comment faire du profit, alors qu’il fallait s’occuper de préparer la révolution. Cela nous a tenus pendant un siècle et demi au moins. Sans compter le monopole de l’Education nationale sur tout le savoir, y compris l’enseignement professionnel, qui s’en est trouvé délaissé, et qu’il faut réhabiliter absolument. […]

La France a déboursé 50 milliards pour les banlieues, mais pour quoi faire ?

La violence urbaine est une vieille affaire. En France, nos rapports avec nos populations immigrées ont été variables et assez étonnants. Nous avons eu énormément d’immigrés entre les deux guerres. Le recensement de 1936 donne 5 à 6 millions d’étrangers, à peu près autant qu’actuellement. Ils étaient belges, italiens, polonais pour l’essentiel. La presse les traitait comme on n’ose plus le faire. Mais tout ce petit monde s’est trouvé naturalisé, si bien que l’état-major de la CGT en a compté de nombreux. Tous les Belges se sont francisés. C’est devenu beaucoup plus calme. Et c’est à ce moment-là que la France a commis une de ses premières lâchetés : accélérer le développement en important beaucoup de main-d’oeuvre, notamment du Maghreb. Une population mâle, non formée, célibataire. Aucun accompagnement pour le logement, aucune anticipation des familles qui finiront par venir. Aucune disposition pour préparer l’alphabétisation, l’encadrement social. Rien. Quatre millions en trois ou quatre ans, de 1969 à 1973. Ce cynisme-là, c’est celui de Pompidou à la demande de nos industries minières, notamment les Charbonnages de France, et de l’UIMM, le syndicat métallurgiste. L’arrêt de cette procédure d’import massif, c’est Giscard. Avec lui, on permet le regroupement familial et on cesse l’ostracisme des immigrés d’Afrique du Nord dans les programmes de logement social. Depuis, l’immigration du travail s’est arrêtée, et l’immigration clandestine ne concerne pas plus de 200 000 personnes par an, soit peu de chose. Mais cela a créé des poches de colère dans le pays. La France n’est pas seule à importer de la main-d’oeuvre. L’Allemagne a fait pareil avec les Turcs, la Grande-Bretagne avec les Pakistanais, les Pays-Bas avec les Indonésiens… Toujours une population masculine, célibataire, sans accompagnement social. Mais la géographie a joué différemment.

Que voulez-vous dire ?

Quand les immigrés vont en Allemagne ou en Angleterre, ils tombent dans des pays où le tissu industriel est réparti sur tout le territoire. La géographie industrielle fait que les immigrés s’installent un peu partout. En France, dès le début, ils se concentrent dans le Nord-Pas-de-Calais et à Paris. Les conditions d’un ferment d’humiliation, d’aigreur, de colère ont été réunies en France plus qu’ailleurs. […]

On en revient à l’idée du respect…

Ou plutôt à sa disparition… Mon ami l’essayiste américain Jeremy Rifkin avait publié un livre intitulé Vers une civilisation de l’empathie (1). A ses yeux, l’empathie est la valeur structurante de la vie. C’est magnifique ! L’empathie, plutôt que la solidarité, qui apparaît plus comptable… […]

Le monde se numérise et rend notre pays vulnérable à la propagation d’idées extrêmes via Internet. Craignez-vous ce phénomène ?

Pour ce qui est des djihadistes, l’influence était essentiellement due à des événements français. Mais nous ne parlons que de quelques centaines d’individus. Dans la numérisation, je vois plutôt un danger pour notre langue. Avec les SMS et autres, il n’y a plus d’orthographe, de nuances, de doute. Le doute est l’accompagnateur infatigable du progrès. Sans le doute, une démocratie ne peut fonctionner. L’éthique, la générosité, la noblesse, l’intégrité n’ont pas leur place dans un système limité à la transmission de faits brutaux. Je ne crois guère au baratin de la restauration démocratique par Internet. […]

Aujourd’hui, quels conseils donneriez-vous à notre ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault ?

La première chose à faire eût été de soutenir Obama dans cette négociation très difficile, où la moitié de la table obéissait aux consignes du Premier ministre israélien Netanyahou, fou de méfiance et d’envie d’aller au choc avec Téhéran. Ce fut malheureusement la ligne Sarkozy-Levitte qui l’emporta, suivie par Juppé et reprise par Fabius sans examen interministériel, et moins encore présidentiel. Je pense que Fabius a joué contre son propre pays. Il reste maintenant à sortir de la méfiance et à passer aux travaux d’application. Les Iraniens ont besoin de nous dans le génie de l’eau, où nous sommes les meilleurs, dans le génie nucléaire civil, dans l’automobile bien entendu, dans la rénovation de leur agriculture… Cela suppose que Jean-Marc Ayrault restaure, avec les Américains, un niveau d’entente qui permette de faire la paix en Irak, puis de trouver une issue à la crise syrienne dans des conditions où l’on puisse reprendre langue avec les Russes.

Parlons de la Russie, justement. Que pensez-vous de l’attitude occidentale à son égard ?

Cela remonte à 1991. Boris Eltsine, président de la Fédération de Russie, annonce au monde qu’il met fin au pacte de Varsovie. La suppression du pacte de Varsovie pose la question de l’utilité du Pacte atlantique. Et là, l’Occident commet une erreur tragique. Eltsine ne reçoit aucune réponse. Rien. Silence absolu. Six mois plus tard, le président américain réagit, au nom de l’Otan – mais sans avoir consulté aucun de ses membres -, pour dire en substance aux Russes : « C’est bien d’avoir abandonné le communisme et le pacte de Varsovie ; mais vous restez russes et, par conséquent, nous restons méfiants, nous allons donc étendre le Pacte atlantique jusqu’à vos frontières, et même incorporer d’anciennes républiques de l’Union soviétique, les trois pays baltes. » L’insulte. La gifle. La menace. Vladimir Poutine l’a vécu comme une humiliation. Il en parle tout le temps. Une fois au pouvoir, il va construire sa revanche. Dans l’agressivité russe, il n’y a pas que la volonté de se défendre, il y a aussi le refus de l’offense, la volonté de contre-insulter. Il est évident que l’on ne sortira pas de cette crise sans s’expliquer là-dessus.

Et puis il y a l’Ukraine. Peut-on parler de provocation occidentale ?

Oui, nos diplomates, et plus encore nos journalistes, ont oublié l’Histoire. On a habillé l’Ukraine en peuple opprimé, en Etat potentiellement indépendant. Or l’Ukraine, sur deux millénaires, doit avoir dix-sept jours d’existence comme Etat indépendant ! Elle n’était pas un pays constitué, mais un conglomérat de populations dont la moitié parle russe et l’autre ukrainien, et qui faisait partie des composantes de l’Union soviétique. Et l’Empire est né là, à Kiev. On se serait souvenu de ça, on aurait peut-être eu un vocabulaire et une geste différents. On doit faire passer le message qu’on s’est trompés. L’urgence est d’aider les Russes à résister à la pression chinoise qui veut récupérer la Sibérie ! La Sibérie est la dernière grande zone en dehors de l’Arctique, c’est une réserve de terres émergées dont beaucoup de ressources non exploitées permettraient de faire vivre les 2 milliards d’hommes supplémentaires qui arrivent ! Sa mise en valeur va pourtant se faire par un consortium sino-japonais : l’argent chinois et la technique japonaise. L’intérêt chinois est sans équivoque. Si on veut avoir notre place là-dedans, il n’y a que deux voies : la russe ou la turque. On s’est intelligemment fermé les deux ! Vous comprenez que je hurle devant toute cette imbécillité !

Donc Poutine est « notre nouvel ami », mais avec vigilance ?

Avec vigilance naturellement, mais ça commence par son accord à lui. Il a été amèrement déçu, et convaincu qu’il n’y a rien à faire avec l’Occident. D’où, incidemment, le caractère parfaitement géostratégique et décisif de la reconstitution de son tissu diplomatique autour de l’Iran, redevenu un pays « civilisé ». Nous n’avons pas de raison valable de faire confiance de manière définitive aux Iraniens ou aux Russes. Je serais moins méfiant vis-à-vis des Chinois. Cinq mille ans d’histoire. Envahis de multiples fois. Jamais d’intervention extérieure, sauf pour deux « Alsace-Lorraine », deux pays en incertitude nationale, le Vietnam et le Tibet. Mais ce n’étaient pas des agressions coloniales, les populations sont trop mélangées. Quand les élites chinoises vous disent que le différend avec les Américains se réglera par la guerre dans quelques décennies, mais pas à leur initiative, il y a du souci à se faire, et une indication de voie diplomatique. Je suis le confondateur du Forum Chine-Europe…

Et la Syrie ? Que faire de Bachar el-Assad ?

On l’a sous-estimé. La Syrie, c’est 51 % de sunnites wahhabites, les plus infréquentables ! Et après, vous avez une mosaïque : les Kurdes, les Druzes, trois ou quatre églises chrétiennes, plus les chrétiens maronites du Liban, et les alaouites. Le chiisme (30 à 35 %) comporte aussi ses sectes… Au milieu de tout ça, le facteur de maintien de l’ordre, c’était Bachar el-Assad, avec cette circonstance à laquelle on n’a pas fait attention : ceux dont Bachar avait le plus peur, c’était de ces sunnites qui ont une conception de la démocratie proche de celle de l’Arabie saoudite… En plus, nous sommes partis un peu vite. La France a pris l’initiative de créer et de soutenir une coalition nationale syrienne dont la moitié des membres sortaient de prison pour raisons politiques. Pas vraiment une culture de haute influence. Il y a aussi quelques malfrats dans le coup. C’est moins de 10 % de l’opinion syrienne. Là, on s’est plantés à la limite du ridicule. Laurent Fabius a jugé bon de désactiver la DGSE sur la Syrie. Nos meilleurs officiers de renseignement n’en reviennent pas de ne plus avoir l’autorisation de travailler sur la Syrie. Bachar el-Assad est aussi tueur que les autres, mais pas plus !

Sans compter que la plupart des factions de l’opposition syrienne sont des « faux nez » d’Al-Qaida ou d’autres…

Oui, et nous sommes maintenant absents de cette zone, alors que nous y étions les seuls Occidentaux respectés, car on s’est déshonorés moins que d’autres. Souvenez-vous du Liban. On avait envoyé des forces de l’Onu. Des kamikazes tuent en un seul « coup de camion » 50 ou 60 marines américains. L’Occident décide de s’en aller. Départ américain : 4 heures du matin. Personne au port. Départ français : plein midi. Levée du drapeau. Pleurs, etc. Nous sommes peu nombreux à le savoir… Mais j’étais très ami avec Louis Delamare, notre ambassadeur au Liban qui a été assassiné en 1981.

Vous avez déclaré : « Il faut écologiser la politique. »

Il faut classer le réchauffement climatique et les grandes épidémies comme des menaces pour la sécurité internationale. La COP21 a instauré une rupture et une opportunité considérables. L’Onu a réuni une assemblée générale qui a fini, certes, sans mesure collective contraignante, mais a su réunir de multiples parties prenantes : non seulement des Etats, mais aussi des pouvoirs régionaux, de grandes entreprises, des ONG… On peut donner une traduction juridique à tous ces engagements. La judiciarisation des problèmes de criminalité climatique internationale commence. Donc nous sommes dans une phase de risque d’enlisement, mais aussi de promesses. Enfin, le mandat du secrétaire général Ban Ki-Moon finit dans moins de deux ans, et « le tour » veut que la zone devant fournir le prochain soit l’Europe de l’Est. Compte tenu de ce qui s’est passé en Europe de l’Est, de son désintérêt pour toute diplomatie internationale, de son attachement viscéral à l’Otan et aux Américains, de sa volonté de réduire l’Union européenne à une grande Suisse et vu les personnels qui gouvernent dans ces pays, on a neuf chances sur dix d’avoir comme prochain secrétaire général un bureaucrate ex-KGB sorti d’un de ces pays. Les milieux « sérieux » de la planète commencent à se demander s’il ne serait pas temps de modifier les procédures pour ouvrir le champ de recrutement. Il reste des choses à faire pour un pays qui aurait des ambitions et voudrait recouvrer sa fierté…

Pour finir, la question de Bernard Pivot. Le jour où vous rencontrerez Dieu, qu’aimeriez-vous l’entendre dire ?

(Silence)… Oh, j’aimerais l’entendre me dire : « Petit, tu n’as pas trop mal travaillé. Tu as essayé de ne pas oublier les principes immuables de la société des humains. »

(1) « Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de l’empathie » de Jeremy Rifkin (Actes Sud/Les liens qui libèrent, 894 pages., 13 euros).

Propos recueillis par Emmanuel Berretta, Caroline Galactéros et Olivia Recasens

Source : à lire en intégralité dans Le Point, Michel Rocard, 23-06-2016

Capture d’écran 2016-07-03 à 20.29.30

Capture d’écran 2016-07-03 à 20.30.50

Capture d’écran 2016-07-03 à 20.29.43

Capture d’écran 2016-07-03 à 20.30.33

Capture d’écran 2016-07-03 à 20.31.06

 

4673-100234589

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

BA // 05.07.2016 à 06h11

Michel Rocard s’est trompé.

Michel Rocard a toujours cru qu’il fallait unir les nations d’Europe, alors que la grande tendance pluri-millénaire est AU CONTRAIRE la fragmentation des regroupements déjà existants.

Michel Rocard a tout sacrifié à cette folie suicidaire : la construction européenne, alors qu’elle est à contre-courant de la grande tendance pluri-millénaire.

Conséquence : les classes populaires et les classes moyennes votent de moins en moins pour le Parti Socialiste.

Michel Rocard avait tout faux. Tout ce qu’il avait espéré et prédit s’est finalement révélé être une erreur historique totale.

Sa phrase la plus ahurissante :

– « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie. » (Michel Rocard, 27 août 1992, Ouest-France)

64 réactions et commentaires

  • Renard // 05.07.2016 à 01h17

    Saluons sa mémoire et son courage pour avoir osé critiquer et documenter les exactions de l’armée française lors de la guerre d’Algérie, il fera pour cela éternellement partie de ces citoyens ayant sauvé l’honneur de la France et des français dans cette époque trouble.

    Toutefois comment oublier que les idées qu’il a porté ont mené la gauche et Mitterand à la trahison des classes d’en-bas et au déchirement du pacte social ? L’Histoire retiendra aussi qu’il a fait partie des personnages clés ayant poussé Mitterand en 1983 à adopté le tournant de la rigueur, alors que le président envisageait encore la possibilité de la sortie du franc du système monétaire europpéen afin de mener une réelle politique de gauche. La face de l’Europe en eût été changé..

    Voir cette article de Fakir : http://www.fakirpresse.info/la-semaine-ou-la-gauche-a-bascule-a-droite

      +38

    Alerter
  • BA // 05.07.2016 à 06h11

    Michel Rocard s’est trompé.

    Michel Rocard a toujours cru qu’il fallait unir les nations d’Europe, alors que la grande tendance pluri-millénaire est AU CONTRAIRE la fragmentation des regroupements déjà existants.

    Michel Rocard a tout sacrifié à cette folie suicidaire : la construction européenne, alors qu’elle est à contre-courant de la grande tendance pluri-millénaire.

    Conséquence : les classes populaires et les classes moyennes votent de moins en moins pour le Parti Socialiste.

    Michel Rocard avait tout faux. Tout ce qu’il avait espéré et prédit s’est finalement révélé être une erreur historique totale.

    Sa phrase la plus ahurissante :

    – « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie. » (Michel Rocard, 27 août 1992, Ouest-France)

      +84

    Alerter
    • Chris // 05.07.2016 à 08h20

      Je pense que Rocard était un protestant intègre, égaré dans un sérail latin. Son parti l’a utilisé ou rejeté selon l’intérêt du moment.
      Quelque part, il me fait penser à Jimmy Carter, évangéliste baptiste : des gens de bonne foi, loyaux à leur camp, conscients de leurs limites mais espérant toujours faire passer leurs idées/éthique. Ils ne sont pas naïfs, seulement des hommes de conviction et de bonne volonté au service des autres. Cette foi fait qu’ils ne baissent pas les bras et s’accrochent sans vraiment se compromettre.
      L’envers d’un Mitterrand, calculateur, retors et opportuniste… pour un pouvoir partagé, s’arrangeant au gré des circonstances, pour apparaitre comme chef de meute.

        +14

      Alerter
      • Scorpionbleu // 05.07.2016 à 13h12

        Toujours la représentation du « protestant intègre », c’est amusant que cette image persiste, malgré leur présence forte dans les rangs du capitalisme en général et financier en particulier.

        Rocard a toujours joué cette carte ! Intègre et victime du grand prédateur Mitterand.

        Permettez- moi, mais ceux qui ont travaillé avec lui ne peuvent que sourire.

          +17

        Alerter
      • David // 05.07.2016 à 15h29

        Pour assez bien connaître les (des!) protestants évangéliques baptistes, milieu dont je suis issu, je suis assez éloigné de votre analyse…

        Sauf à appeler « honnêteté » la foi et la réduction simpliste de la réflexion à un petit monde (système) fermé.

          +1

        Alerter
        • Amsterdammer // 05.07.2016 à 23h26

          Les évangéliques baptistes, ça n’est pas tout le protestantisme.
          C’est comme de mettre la mère Boutin et un théologien jésuite dans le même sac.

            +1

          Alerter
          • David // 06.07.2016 à 07h55

            Sans vouloir faire un débat de spécialistes, il y a des tas « d’obédiences » protestantes ayant un point commun qui est le retour aux textes et la relativisation de l’importance des intermédiaires entre le croyant et Dieu.
            Les baptistes sont bien dans cette famille avec ce dénominateur commun.
            Maintenant si vous entendez par là qu’ils sont très différents des protestants Luthériens allemands, oui !
            Au passage, les USA et le monde anglo-saxon travaillent ferme depuis des décennies à l’évangélisation de la France à travers le financement de « missions » et la formation des cadres.
            C’est un volet bien moins anodin qu’il n’y paraît de leur volonté hégémonique…

              +2

            Alerter
      • RGT // 05.07.2016 à 19h59

        S’il avait réellement été un « protestant intègre » il n’aurait jamais trahi tous ceux qui croyaient sérieusement en lui…

        Il n’a été au final qu’un politicien parmi tant d’autres, plus cultivé et très intelligent, certes, mais aussi largement plus « enfumeur ».

        Avec « Tonton » ils ont formé une belle paire, et il le reconnaît.
        N’oubliez pas que sous son gouvernement la bourse a connu une croissance exponentielle.
        Ensuite, on s’étonne du « Mon ennemi c’est la finance !!! » .
        Pas besoin d’aller chercher bien loin l’origine de la trahison Hollandienne.

        Après Danièle Mitterrand et Michel Rocard, le prochain « Grand Visionnaire de Gôche » sera Lionel Jospin?

        Jamais deux sans trois dit le dicton populaire…
        Nous aurons là la plus belle brochette de traîtres que le peuple des « sans dents » n’ait jamais connu.

        Pour Jospin, je vous garantis que je me lâcherai et la modération ne saura plus où donner de la tête.

          +15

        Alerter
    • Xavier // 05.07.2016 à 11h39

      Comme on se confesse à l’aube de sa vie, il avait récemment avoué « en politique il faut beaucoup mentir « …

        +8

      Alerter
      • Macarel // 05.07.2016 à 15h57

        Je rajouterais : pour accéder au pouvoir, il faut beaucoup mentir.

        C’est pour cela que J Chirac disait : » Les promesses n’engagent que ceux qui les croient. »

        Ou autre variante : « Les promesses rendent les fous joyeux. »

        Car l’important, ce n’est pas le débat de fond, mais d’être celui qui décroche le pompon : c’est la tactique.

        Dans ce contexte, je suis étonné que tant de gens aillent encore applaudir « leurs champions » dans les meetings électoraux (Enfin… Si… Si ils y vont comme l’on va supporter une équipe de football…)

        Et croient encore, comme des enfants la veille de Noël, des slogans comme « Travailler plus pour gagner plus », ou « Mon ennemi c’est la finance. »

        C’est sans doute, que la majorité de la population est très faiblement politisée, très peu consciente des rapports de force dans le monde qui est le notre, et de simples réalités du monde physique.

        Malgré tout, chaque fois l’illusion collective prend le dessus sur la lucidité.

        Rocard n’était pas de l’espèce des illusionnistes, ça l’a desservi pour accéder au pouvoir suprême. Mais d’un autre côté, c’est le prix à payer pour être en paix avec sa conscience, et pouvoir se regarder dans un miroir le matin…

          +9

        Alerter
  • Fabrice // 05.07.2016 à 06h29

    Michel Rocard était un homme politique avec des convictions mais il faisait passer son parti politique avant celles-ci par loyauté.

    Hélas pour lui son parti était et est entre les mains d’hommes sans conviction prêt à toutes les trahisons, il n’a pas su ou voulu combattre ces personnes pour ne pas nuire au parti.

    Quel immense gâchis reposez en paix Monsieur Rocard.

      +19

    Alerter
  • Lyonnais // 05.07.2016 à 07h06

    Rocard était certainement un homme honnête mais il fut le champion toutes catégories du 49-3 et pour ce qui est de sa politique voir le lien ci-dessous:

    http://www.contretemps.eu/interventions/quand-rocard-pr%C3%A9parait-tournant-rigueur

      +6

    Alerter
  • FifiBrind_acier // 05.07.2016 à 07h11

    Michel Rocard était un fédéraliste européen, du genre:  » si ça ne marche pas, c’est qu’il n’y a pas assez d’ Europe, ajoutons-en une couche « …

    Depuis la création de la Banque de France en 1801, les gouvernements empruntaient à taux 0% pour financer l’ Etat et les Collectivités territoriales. La dette était anecdotique.
    Avec les Traités européens, c’est devenu interdit, il fallait emprunter aux banques avec intérêts.
    D’où la dette publique.
    http://www.jeanpierrepoulin.com/images/dette.gif

    Michel Rocard évoque ces faits,  » c’était moderne » « , dit-il, mais ne remet pas en question pour autant les Traités européens….
    https://www.youtube.com/watch?v=4TB85XwzqZk&feature=youtu.be

      +32

    Alerter
    • bourdeaux // 05.07.2016 à 07h55

      « D’où la dette publique. »
      Après la loi de 73, voici donc que ce sont les traités européens qui sont la cause de notre dette ? Ce qui était « moderne », c’était juste de remplacer l’impôt qui fait fuir l’électeur par l’emprunt qui ravit l’épargnant, c’est la fumisterie vieille comme le monde que les politiciens redécouvrent cycliquement pour reconvertir le contribuable grognon en électeur sourd et aveugle. Si les gouvernements avaient pu couvrir leurs dépenses par un PTZ auprès de la BDF, cela ferait longtemps qu’on ne paierait plus d’impôt .

        +1

      Alerter
      • FifiBrind_acier // 05.07.2016 à 08h11

        Obliger les Etats à emprunter avec intérêts aux Banques :

        – article 104 du Traité de Maastricht

        – devenu l’article 123 du Traité de Lisbonne.

        La BCE prête aux banques qui prêtent aux Etats avec intérêts.
        C’est moderne !

          +17

        Alerter
        • Olivier Berruyer // 05.07.2016 à 09h22

          « banques qui prêtent aux Etats avec intérêts. »

          non, ce ne sont pas les banques qui financent les États, mais les particuliers…

            +10

          Alerter
          • athena42 // 05.07.2016 à 09h31

            Vraiment?!! Je n’ai rien compris alors 🙁
            Pourtant, j’essaye, je vous assure

              +8

            Alerter
            • SanKuKai // 05.07.2016 à 14h22

              Si j’ai bien compris dans les faits, les Etats émettent des obligations que les particuliers se procurent contre interêts.
              Là ou c’est insidieux, c’est que ceux qui prêtent aux Etats le font via des intermédiaires genre fonds d’investissements, fonds de pension ou la branche investissement de nos banques (car elle ne sont pas séparées des banques de dépots).
              Mon opinion est que ces riches particuliers ne savent même pas quelle obligations ils possèdent ou dans quel pays ils investissent, pourvu que ca leur rapporte.

                +3

              Alerter
            • Fabrice // 05.07.2016 à 15h49

              Pas besoin d’être une fortune SanKuKai vérifiez votre épargne même si petite (style assurance vie, …) vous verrez les obligations d’état y figurer en première place, vous savez dors et déjà ce qui sautera en cas de défaut.

              Mais le plus « amusant » ce sera quand les assurances vies reflèteront réellement les taux négatifs (je vous laisser rechercher) ce qui est caché actuellement par des placement à risque certes qui compensent mais « à risque »

              le dindon de la farce est déjà plumé mais ne s’en rend pas compte Olivier l’a déjà montré mais aussi les éconoclastes…

                +8

              Alerter
            • athena42 // 05.07.2016 à 17h27

              Merci pour ces éclairages, j’avoue bien volontiers que je n’y connais strictement rien.
              Nous avons un peu de sous qui dort sur le compte courant, la banque nous harcèle pour qu’on prenne assurance-vie, j’avoue que j’hésitais. pas à tort donc 😉

                +1

              Alerter
          • FifiBrind_acier // 06.07.2016 à 05h58

            Bonjour Olivier,
            L’Etat emprunte au marché, et qui gère le marché ? Les banques, non ?

              +1

            Alerter
  • athena42 // 05.07.2016 à 07h14

    J’ai beaucoup de mal à cerner Michel Rocard.
    D’un côté, Olivier nous dit humanité, souci de justice et sort des humbles.

    De l’autre, il aurait en toute connaissance de cause amnistié des militaires assassins, dit que la loi travail était une bonne chose, admire Macron qui lui même admire Thatcher, met dans cette interview la lutte des classes dans le même panier que la dictature du prolétariat, comme s’il n’existait pas de lutte des classes dans le système capitaliste, alors qu’en fait il me semble que ne pas tenir compte de la lutte des classes vise à avantager…la classe possédante.
    http://rue89.nouvelobs.com/2008/08/19/nouvelle-caledonie-laveu-de-rocard-sur-laffaire-douvea-62556
    http://www.regards.fr/web/article/emmanuel-macron-en-flagrant-delit

    Je n’arrive pas à faire le lien entre toutes ces choses.

      +22

    Alerter
    • alfred // 05.07.2016 à 09h15

      Oui il y a tellement d’angles morts et de bons ditd dans son discours qu’on ne peut se résoudre à choisir : nous prenait il lui aussi à ce point pour des idiots ou était il lui aussi à cr point à côté de la plaque??
      Comme beaucoup de choses sont finement vues et dites et même en admettant quelques aveuglément idéologiques je penche pour la première solution. Ricard c’était la loyauté envers les élites pas envers le peuple. À vec la charité et les bonnes oeuvres certes mais c’est tout. C’est bien un des responsables de notre merdier.
      La seule chose qui le grandit c’est d’être compare à ceux qui ont suivi. Mais c’est vrai pour tous jusqu’à Chirac…
      En tout cas Fabius qui joue contre les intérêts de son pays je ne pensais pas le voir un jour ecrit dans le point, merci Rocard (et ce sera le seul prix qu’il aura à payer helas).

        +14

      Alerter
  • Homère d’Allore // 05.07.2016 à 07h18

    Ayant été proche politiquement dans ma jeunesse de Michel Rocard et l’ayant rencontré à plusieurs reprises, je garde le souvenir d’un homme honnête et soucieux du bien commun.

    Il était, en revanche, assez mal entouré par une cohorte de seconds couteaux qui ne retenaient de son discours qu’un centrisme économique et qui ne le soutenaient que par positionnement tactique vis à vis de leur plan de carrière.
    Je me souviens d’une réunion en petit où un ministre « rocardien », par ailleurs maire d’un arrondissement parisien avait, en 1989, déclaré en petit comité que Rocard était « trop honnête » et que son problème principal résidait dans le fait qu’il « croyait en ce qu’il disait ».

      +23

    Alerter
    • Grognard // 06.07.2016 à 02h09

      Trop d’énarques dans son entourage.
      Selon moi son proche le plus « valable » était Robert Chapuis.
      Vous avez certainement lu son: Si Rocard avait su. Publié par L’Harmattan.

      « Il était, en revanche, assez mal entouré par une cohorte de seconds couteaux qui ne retenaient de son discours qu’un centrisme économique et qui ne le soutenaient que par positionnement tactique vis à vis de leur plan de carrière. »

      Oh que oui.
      Il a servi d’ascenseur à certains.

      Ce serait « marrant » que l’on se soit croisé à LIP, aux Guyons voir à Convaincre.
      Rue Boromée je n’y passais jamais.

      Cordialement

        +1

      Alerter
  • athena42 // 05.07.2016 à 07h30

    Par ailleurs, j’aimerais demander l’avis des gens sur ce forum qui ont connu l’époque où il était au pouvoir sur certaines de ses affirmations:

    1) « Cet excès de dépendance des politiques aux médias est typique de la pratique mitterrandienne. » Cela vous paraît-il vrai? Je pensais peut-être naïvement que cela venait de l’époque actuelle.

    2) « De toutes les démocraties, la France est la seule où la loi s’est occupée du temps de travail et, finalement, on fait moins bien que les autres ». Idem, des avis éclairés sur le sujet?

    3) »la fracture entre les milieux du savoir et ceux de l’économie, science méprisable, puisqu’elle cherchait à savoir comment faire du profit, alors qu’il fallait s’occuper de préparer la révolution »
    N’est-ce pas l’inverse? En écoutant des économistes orthodoxes, ça donne tjs l’impression qu’ils méprisent les autres disciplines car la leur serait une « science dure », type maths.

    4) Enfin, ce fameux « tournant de la rigueur » en 1983 dont il aurait été l’un des promoteurs, et qui serait, d’après des gens de gauche, une trahison de la part de Mitterrand. Ceux de droite disent qu’il était inévitable, car situation éco catastrophique due à application programme en 81-83. Qu’en pensez-vous?

    Merci d’avance.

      +2

    Alerter
    • Homère d’Allore // 05.07.2016 à 08h22

      Sur le point 3, il faut replacer la phrase dans son contexte.

      Mitterrand était un homme très cultivé dans ce que l’on appelait les Humanités classiques mais se targuait de mépriser certains domaines de la connaissance comme la science économique.
      Or, Rocard, son concurrent, était mieux formé à jongler avec les chiffres et les concepts de cette discipline.
      La phrase que vous citez est une attaque biaisée contre François Mitterrand et ses promesses non tenues de « rupture du système capitaliste » qui, de plus, ont amené à une mauvaise gestion puisque les « gestionnaires malgré eux » ne connaissaient que mal cette même gestion, explicitée par la science économique.

      Avec du recul (et là lecture de Sapir « les Trous noirs de la Science Économique »), on sait désormais que cette pseudo-science masque des pre-supposés idéologiques (et même théologiques, selon Sapir).

      À l’époque, le discours de Rocard me séduisait. Et j’ai même voté oui à Maastricht croyant bêtement à une Europe Sociale…

      Courbe la tête, fier sicambre, brûle ce que tu as adoré, adore ce que tu as brûlé…

        +15

      Alerter
      • athena42 // 05.07.2016 à 08h29

        Merci Homère d’Allore, d’abord pour votre pseudo, et pour la contextualisation. Effectivement, je n’avais pas compris ça. Pour Maastricht, je n’ai pas pu voter, pas majeure, mais si j’avais pu, j’aurais sûrement fait comme vous, alors que j’ai voté non au TCE. Vous n’y êtes pour rien, on vous a « enduit d’erreur », comme disait mon grand-père 😉

          +5

        Alerter
      • JR // 05.07.2016 à 11h04

        oui n’oublions pas le contexte de l’époque : fin du bloc soviétique, montée en puissance de la finance, « fin de l’Histoire », hyperpuissance américaine, années Tapie, M. Rocard, d’influence sociale démocrate,apparaissait comme un « modernisateur » plus en phase avec son temps.

          +2

        Alerter
  • bourdeaux // 05.07.2016 à 07h40

    Ca fait presque de la peine de voir Rocard décoré par Hollande. L’hommage du vice à la vertu…Un des rares hommes politiques de cette génération que je trouve respectable, et qui est resté « debout » pendant toute sa carrière.

      +6

    Alerter
    • Chris // 05.07.2016 à 07h57

      Debout certes, mais bien courbé au service du courant dominant…

        +20

      Alerter
  • Chris // 05.07.2016 à 07h55

    Entre une Danielle Mitterrand qui fait dire à son mari de président: “Je n’ai pas le pouvoir d’affronter la Banque mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme…. J’ai gagné un gouvernement mais je n’ai pas le pouvoir !”
    Et un Michel Rocard affirmant : « Compte tenu de ce qui s’est passé en Europe de l’Est, de son désintérêt pour toute diplomatie internationale, de son attachement viscéral à l’Otan et aux Américains, de sa volonté de réduire l’Union européenne à une grande Suisse et vu les personnels qui gouvernent dans ces pays, on a neuf chances sur dix d’avoir comme prochain secrétaire général un bureaucrate ex-KGB sorti d’un de ces pays »

    … on mesure à quel point l’Europe est engluée dans la nasse atlantiste oligarchique prédatrice. Comment espérer sortir de cette misère annoncée ? On n’a même pas la chance d’être « une grande Suisse » vu le déficit démocratique abyssal.
    Un TAFTA-TiSA-CETA sera le verrouillage complet.
    C’est là qu’on mesure à quel point nos politiciens sont de connivence avec les « corporates », ces mêmes (familles) qui trahissent les peuples depuis 150 ans. Ce sont des gens prétendument éduqués, connaissant leurs dossiers et les rouages politiques : ils ne peuvent ignorer ce qu’ils font. Ou bien les idéologies (s’ils en ont une !?) les aveuglent-ils à ce point ?
    Ou encore préfèrent-ils se ranger du côté du plus fort pour surfer sur leur carrière ?

      +24

    Alerter
    • athena42 // 05.07.2016 à 08h13

      Bonjour Chris.
      A mon avis, la réponse à votre question doit varier en fonction des individus. Pour Juncker, qui n’a pas hésité à mener la politique d’évasion fiscale que l’on sait = summum de l’égoïsme, ça doit être sa carrière qu’il privilégie. Pour Moscovici, qui ne m’a pas l’air très intelligent, le syndrome « faible avec les forts, fort avec les faibles » suffit certainement, lui donnant l’impression de jouer dans la cour des grands, avec les forts. Le CETA est signé, les reste nous pend au nez… C’est vraiment la cata.

        +14

      Alerter
    • alfred // 05.07.2016 à 09h20

      100% d’accord. C’est ce que j’évoquais à travers l’expression « angles morts ».

        +3

      Alerter
    • Prague // 06.07.2016 à 16h25

      …Et un Michel Rocard affirmant : “Compte tenu de ce qui s’est passé en Europe de l’Est, de son désintérêt pour toute diplomatie internationale, de son attachement viscéral à l’Otan et aux Américains, de sa volonté de réduire l’Union européenne à une grande Suisse et vu les personnels qui gouvernent dans ces pays, on a neuf chances sur dix d’avoir comme prochain secrétaire général un bureaucrate ex-KGB sorti d’un de ces pays”…

      C est presque fait avec gen. Pavel de Rep. tchèque, no. 2 d OTAN !

        +1

      Alerter
  • Scorpionbleu // 05.07.2016 à 08h12

    Rocard a fait prendre le tournant libéral à la Gauche !

    Jusqu’à la fin de sa vie il se présentera comme une « victime », victime de son père et de sa mère voir son dernier livre. Sans doute une psychanalyse non aboutie ?

    « Une victime » de Mitterrand, un homme de Droite, dira-t-il ! Mais qui a fait prendre le tournant à Droite, celui de l’austérité, de l’abandon de la lutte des classes au PS… ? Michel Rocard avec d’autres énarques, hauts fonctionnaires divers, Jacques Attali, Jean Peyrelevade, Jacques Delors, ont tout fait pour faire basculer « expérience socialiste ».
    Position qu’il signera plus tard par sa présence au Bilderberg, son amitié avec Parizot, les grands patrons mais surtout pas Antoine Riboud !

    Député européen pendant 14 ans.
    Oui à l’action de cette UE et toujours plus… oui à la Turquie.

      +19

    Alerter
  • Scorpionbleu // 05.07.2016 à 08h14

    Par son testament, Michel Rocard signe sa personnalité et nous interroge !
    Un testament d’un ton « autoritaire », de précaution ! Sans doute craignait-il d’être encore « victime et malmené » post-mortem ?

    – « un hommage national aux Invalides avec allocution du président de la République, mais aussi de l’ancien secrétaire général de la CFDT Edmond Maire »,

    – « une cérémonie au temple » protestant, protestant par sa mère, il se proclamait agnostique et laïque et pourtant il demande la présence dans ce Temple du Chef de l’Etat et du chef de Gouvernement.

    – hommage « à Solferino avec « intervention du Premier ministre Manuel Valls, de l’historien du PS Alain Bergounioux » et de Jean-Christophe Cambadélis lui-même, secrétaire général du Parti socialiste.

      +6

    Alerter
    • Homère d’Allore // 05.07.2016 à 08h31

      « une cérémonie au Temple »

      Agnostique ne veut pas dire que l’on ait rejeté sa culture religieuse. Cela signifie qu’on ne sait pas si Dieu existe ou non.

      Il ne faut pas confondre Agnostique et Athée.

      Quant à la cérémonie au Temple, Mitterrand avait bien eu sa cérémonie à Notre-Dame ! Et les plus athées comme Charasse (qui précédemment avait refusé de rentrer dans une église lors d’une cérémonie d’obsèques d’un douanier abattu par un malfrat) avaient répondu présents !

        +11

      Alerter
      • eole // 05.07.2016 à 11h40

        C’est bien ce que disait Rocard dans cette entrevue, les Français ne savent plus parler français! et vous avez entièrement raison en ce qui concerne « agnostique ».

          +6

        Alerter
      • Scorpionbleu // 05.07.2016 à 12h52

        Bien entendu je connais le sens du mot « agnostique ».

        Dans ma réaction, je m’étonnais seulement qu’un homme qui revendiquait si fort sa laïcité,
        convie à une cérémonie au Temple les Chefs d’Etat et de Gouvernement, pour ses obsèques.

        Il est vrai que tout est confusion, mais comparer la cérémonie d’un Chef d’Etat durant 14 ans à un Chef de gouvernement durant 3 ans est un peu rapide.

          +3

        Alerter
  • Fox 23 // 05.07.2016 à 08h55

    Les bons conseils quand on n’est plus aux commandes ! En sommes, yaka…

    Le même, premier ministre, révélant que le problème des retraites est capable de faire sauter le gouvernement.
    Comme la place est bonne que fit-il ? RIEN
    Et les suivants durent faire dans l’urgence sans qu’on soit aujourd’hui au bout des surprises.

    Les éternels donneurs de leçons.

      +9

    Alerter
    • Scorpionbleu // 05.07.2016 à 12h58

      En effet, concernant la question « des retraites », Rocard organisa rencontres et commissions et fit mettre la pression à ses services pour aboutir au » Livre Blanc sur les retraites ». Une fois prêt, les piles restèrent empilées, il n’y eu aucun débat à l’Assemblée et les exemplaires finirent au pilon.

      Un courageux politique Michel Rocard.

        +3

      Alerter
  • LanQou // 05.07.2016 à 09h25

    – l’interdisciplinarité n’a jamais été autant promue dans tous les secteurs de la vie sociale et du savoir: entreprises, universités, collèges, …
    les politiques qui ne travaillent pas avec les économistes, à l’heure où on a un banquier ministre et où la politique de courte vue n’est plus qu’économique…

    – on admire comment la sociale-démocratie qui a « émergé partout » a permis de limiter les inégalités et le chômage, sauf en France.
    Quel projet ambitieux d’ailleurs de vouloir « limiter ».

    -Rien en Ukraine n’a à voir avec l’oubli, les médias et politiques ont servi un projet précis et défini. Il a fallu en passer par le déni de l’Histoire, mais pas l’oubli.

    -« Comment, dans une usine […] Que la loi ne s’en mêle surtout pas ! »
    Gattaz et Macron approuvent: laissons les patrons définir leurs besoins, et laissons les travailleurs les satisfaire, l’équation est tout de même assez simple.

    -Absents de Syrie… à part la présence de quelques forces spéciales et avions de combat… paraîtrait même qu’on y construit une base militaire en toute discrétion. Alors plutôt qu’absence, disons qu’on a remplacé nos diplomates par des militaires, là encore question de choix politiques.

    -« La COP21 a instauré une rupture et une opportunité considérables. »
    C’est clair, on n’en finit pas de contempler tous les jours les effets considérables de la COP21..
    La judiciarisation des problèmes climatiques a commencé il y a 20ans avec les accords de Kyoto, contraignants, et la cop21 elle, n’est contraignante en rien. L’enlisement on est en plein dedans.

      +5

    Alerter
  • Xavier // 05.07.2016 à 09h45

    « Le monde du savoir ne produit plus de connaissances interdisciplinaires, les sociologues ne travaillent pas avec les économistes, qui ont peu ou pas de contact avec les politiques. »

    Michel Rocard n’aura pas retenu beaucoup de son passage (aux côtés de Laborit, Passet, Morin, etc.) au « Groupe des Dix » !
    Il oublie que gouverner c’est travailler avec des Hommes et donc que l’étude du vivant est aussi impérative !

    La politique est devenue l’art du langage alors qu’elle devrait être reliée au réel par 2 compétences :
    – la connaissance d’un minimum de thermodynamique pour avoir une capacité à comprendre la systémique, c’est essentiel afin d’éviter des dérives langagières de spécialistes dans leurs microcosmes,
    – celle des stratégies du vivants (la physique n’explique pas tout !) : catalyse enzymatique, symbioses, habituation (mère de nos comportements expansionnistes) etc. afin de comprendre les possibilités « naturelles ».

    Cf. « L’économique et le Vivant de René Passet » sur http://nouvellegrille.info/ressources.html

      +3

    Alerter
  • Michelle // 05.07.2016 à 10h04

    Michel Rocard fut mon député lorsque j’émergeais enfin un peu de la misère de mon enfance et je l’ai vraiment admiré. il était si facile d’aller lui serrer la main et d’entendre sa « bonne parole » puis au fil du temps, je ne comprenais plus rien à ce monsieur dit intègre et honnête et je fus bien contente de lire ce fil où tous les intervenants disent bien mieux que moi ce que je pensais.
    « il était protestant OK, il parait que chez eux tous très travailleurs, s’ils réussissent c’est que Dieu les récompense……..
    mais alors je m’interroge: S’il en est ainsi au final ils oublient complètement ce qu’ils disaient au départ. » Aider par leurs idées leur travail les plus démunis…… »
    Rocard l’ami des hommes de gauche, a envoyé les militaires faire taire les Kanaks, a travaillé avec Juppé pour Sarkozy et au final se faire décorer par Hollande!
    Rocard se faire photographier dans la piscine de son parc à Bougival en compagnie de ses chats…..cel ne passait plus du tout pour moi!
    Oui beaucoup d’hommes politiques finalement deviennent pitoyables.

    Il me semble simplement que petite je fus et le suis restée le plus honnêtement que possible. Ce fut mon idéal tout en pouvant converser sur ce fil avec des plus érudits que moi
    Merci à Vous.

      +10

    Alerter
    • Homère d’Allore // 05.07.2016 à 11h00

      Ce n’est pas Rocard qui a envoyé les militaires à Ouvea mais Pasqua.

      Rocard est devenu Premier ministre deux mois après. Et si il a caché les exactions faites précédemment, c’était pour éviter une escalade de la violence.

        +10

      Alerter
    • athena42 // 05.07.2016 à 11h21

      C’est marrant ce que vous dites: « Rocard se faire photographier dans la piscine de son parc à Bougival en compagnie de ses chats ». Ça me rappelle l’interview de Mélenchon (voire l’histoire du canari dans l’émission de Fogiel) racontant que sa mère, trop sensible au sort des animaux, trop « empathique », ça lui semblait dangereux et impossible à supporter au quotidien.
      Peut-être des types trop « affectifs » ou « émotifs » pour survivre en politique au final?

        +1

      Alerter
  • Gibbus // 05.07.2016 à 10h22

    L’histoire nous a dotés du seul mot qui fait primer le collectif sur l’individu : le “socialisme”. C’est même la seule chose que le socialisme veuille dire, et surtout pas “appropriation collective des moyens de production” !
    Sauf que la social-démocratie c’est la redistribution des bénéfices. Comme le dit le MEDEF il faut que le capital fasse des bénefs pour pouvoir « redistribuer ». Le pouvoir économique pour le capital et le pouvoir politique aux politiciens professionnels, c’est ça « la sociale démocratie réformiste ».
    De mon point de vu pour qu’il est « socialisme » il faut un meilleur partage du pouvoir économique et politique… le Socialisme ce n’est ni « URSS » ni la social démocratie.

      +5

    Alerter
  • Ailleret // 05.07.2016 à 11h03

    « Et là, l’Occident commet une erreur tragique » (l’extension de l’OTAN, malgré la dissolution du Pacte de Varsovie). Michel Rocard retrouve ici la formule prémonitoire de George Kennan : « a tragic mistake » (1998).
    http://www.nytimes.com/1998/05/02/opinion/foreign-affairs-now-a-word-from-x.html
    J’ai gardé une tribune de Rocard dans Le Monde (daté du 27 janvier 2006) où il critiquait cette extension et dénonçait la « surenchère nucléaire » qui menaçait l’Iran. Un texte clairvoyant, courageux et dissident.

      +2

    Alerter
  • Julian // 05.07.2016 à 11h32

    L’honnête homme Michel Rocard, souvent attachant et qu’on peut saluer, aura, en plus de 50 ans de vie publique particulièrement remplie, épousé à peu près toutes les lubies de son siècle et, conséquemment, se sera trompé à peu près sur tout.

    Comme -hélas- quasiment toute la jeune intelligentzia française, il méconnait la nature profondément humaniste de de Gaulle en qui il dénonce un vulgaire dictateur. Il confond gaullisme et réaction, alors que ce « pragmatisme politique » organise une formidable redistribution de la richesse pendant la période 1958-1973.

    Homme de valeurs éthiques revendiquées, il finit par cohabiter avec son ténébreux adversaire du camp socialiste, Mitterrand. Il est son ministre, il est son Premier Ministre, sans, factuellement, rompre avec les turpitudes et les errements de la période.

    Homme réputé intelligent, il cautionne le « tournant libéral » de 1983 et la loi bancaire de Delors qui ouvre le champ à la Banque universelle, ce mastodonte aujourd’hui maitre du jeu.

    Il consent à tous les dogmatismes européistes, à la religion de la concurrence libre et non faussée,
    et particulièrement au culte d’une monnaie unique qui, au contraire de la convergence promise, éloigne les économies et les peuples.

    On lui reconnait bien volontiers le désamorçage de la poudrière de Nouvelle-Calédonie et la création du RMI…

    L’hommage de la classe politique est aujourd’hui , à de rares exceptions, unanime.

    Cela l’exempte de faire son propre examen de conscience.

    Sous les fleurs, les décombres du temps.

      +22

    Alerter
  • Dom // 05.07.2016 à 13h05

    Je n’ai jamais oublié que c’est lui qui a inventé et mis en place la CSG avec une partie non déductible, ce qui veut dire nous faire payer un impôt sur une somme qu’on n’a jamais perçue. De ce jour, il a perdu tout crédit à mes yeux.

      +18

    Alerter
  • philbrasov // 05.07.2016 à 13h58

    Rocard c’est fidèle a ses convictions, mais surtout et avant tout fidèle au poste…

    Il ne juge le present que par les erreurs de son propre camp qu’il a aide a faire gagner tout au long de sa vie.
    paix a l’âme d’un opportuniste socialiste. Rien de plus.

      +9

    Alerter
  • SanKuKai // 05.07.2016 à 16h59

    Peut-être ne devrait-on avoir que des élus en fin de vie…
    Quand Ils n’ont plus grand chose à perdre, Ils ont l’air plus sensés qu’eux mêmes plus jeunes.

      +7

    Alerter
  • cognominal // 05.07.2016 à 20h30

    Silence unanime de la presse francophone (et aussi des sites de réinformation) sur le rapport de 1959 de Rocart sur les camps de regroupement en Algérie et leur 200k morts, publié alors par le monde qui a ici la mémoire courte.
    Voilä un enterremment de premiere classe.
    Exception notable : jeune Afrique.
    Devoirs de mémoire á géométrie variable,

      +6

    Alerter
  • lisandru // 05.07.2016 à 21h17

    Rocard est, pour moi, l’archétype du politicien détestable.
    toute sa vie il aura navigué en eaux troubles, sans jamais énoncer le but réel de ses actions.
    sous le couvert du « socialisme », il aura grandement participé a créer ce monstre technocratique et a-démocratique qu’est l’UE.
    il aura été l’un des fossoyeurs de la gauche dans les années 80.
    Je ne serai pas mesquin au point de savourer la mort de cet homme, mais je ne le regretterai certainement pas, et je ne participerai pas aux louanges actuels…
    repose en paix bonhomme, mais si tu avais préféré une carrière de tourneur-fraiseur, ce pays irai probablement mieux aujourd’hui…

      +14

    Alerter
  • nico // 05.07.2016 à 22h10

    Mouais encore un bonimenteur qui nous quitte.

    Ses oeuvres :

    – La CSG qui devait être provisoire.

    On peut dire que c’est du provisoire qui dure …
    Cela dit il n’a rien inventé , il n’a fait que continuer les oeuvres de ses congénères.
    Je dis cela en pensant aux péages d’autoroutes qui devaient disparaitre une fois les autoroutes payées …

    – Le RMI qui n’est pas du social et non.

    C’est de l’accompagnement de la misère plutôt que de la combattre vraiment.
    Je pense ici bien sûr à tous ces politicards qui se félicitent chaque année ou les resto du coeur ouvrent.
    Ils devraient plutôt avoir honte car non seulement ils ne font rien mais laissent faire les autres tout en se félicitant , c’est à gerber mais personne ne dit rien on est en France bien sûr , on est trop gentil moi je trouve.
    Et donc pour revenir au RMI , non seulement c’est de l’accompagnement de la misère mais en plus c’est acheter la paix sociale.
    Rien de nouveau depuis le moyen âge : on jette les restes aux gueux pour qu’ils se tiennent tranquille.

    Bref Rocard c’est un inutile , il n’a rien fait de toute sa vie à part du blabla comme un politicien quoi.

      +10

    Alerter
  • peyo // 05.07.2016 à 22h14

    Rocard a sacrifié ses idées à son ambition. Le RMI n’est pas un exploit de politique sociale, il est un instrument qui participe à freiner, voire stopper, les vélléités de révolte, en payant la misère sociale avec les revenus de la classe moyenne. On peut comme ça continuer à détruire la société de partage, en disant qu’on s’en occupe tout en favorisant les financiers et les cartels, qui s’empressent de détruire les emplois français « trop payés » pour aller exploiter les peuples faibles et sous développés. Comme on est loin de l’autogestion… sinon oligarchique. C’était un participant de la décadence, en toute bonne volonté, mon oeil.

      +5

    Alerter
  • Krystyna Hawrot // 05.07.2016 à 22h29

    Le seul mérite de Rocard est d’avoir instauré le RMI… c’est tout ce que je vois.
    A part cela, son européisme béat était un vrai crime. Quand je pense que dans les pays de l’Est on crevait littéralement de faim sous le joug du nouvel ultralibéralisme, de des centaines de milliers de femmes et d’enfants ont été vendu dans la prositution et le crime organisé, que des régions entières étaient transformés en désert de désespoir… Rocard, lui, glosait sur la bel Europe qu’il nous préparaient et n’avait eu jamais aucun mot pour ces misérables barbares de l’Est. Comme si on n »‘existait pas, comme si tout allait bien, comme si la France devait définitivement s’effacer, se soumettre, alors que nous, là bas, on attendait tant de la France… surtout qu’elle nous aide à contrebalancer les Allemands et les Américains!

      +6

    Alerter
  • Crinck // 06.07.2016 à 02h15

    « L’école obligatoire est le fait des radicaux. Si elle avait été le fait des “hussards de la République”, la relation avec le milieu ouvrier eût été infiniment plus forte. A l’inverse, la coupure a été totale. Elle a été orchestrée par les professeurs de l’enseignement secondaire, issus de la bourgeoisie, qui n’aimaient ni le peuple ni l’école primaire. »
    Encore une idée reçue sur les professeurs du secondaires. Issus de la bourgeoise ? Allons donc, pour un bourgeois, le métier d’enseignant est minable, il doit être mal payé et mal reconnu. Les professeurs du secondaire qui n’aiment pas le peuple ? Qui aime le peuple ? Les socialistes peut-être ? A chaque fois qu’ils reviennent au pouvoir, ils pondent une réforme qui massacrent l’école de la république. Désastreuse politique de Jospin Allègre, qui a fait les choux gras de l’école privée. Continuation avec Peillon/Hamon/Najat : désorganisation de l’école primaire, puis catastrophique réforme des collèges, qui broute sans vergogne les horaires de français et de mathématiques, mépris des professeurs traités comme de simples exécutants… mais à qui on fera porter le chapeau des résultats, une fois de plus. Et la responsabilité des politiques, dans tout ça ?

      +3

    Alerter
  • BIBUS // 06.07.2016 à 10h34

    Comme toujours, la classe sociale des politiciens et de leurs valets médiatiques nous fait le coup du grand homme.
    Son impact politique a été parfaitement anodin. Il aura sans doute une place, rue, pont…à son nom.
    C’est là le problème. Qui sont les gens qui arrivent au pouvoir, quel impact réel ont-ils sur la vie collective des peuples?
    Comment trouver des personnalités hors du commun, marquant l’histoire de leur vivant, puis dans « l’inconscient collectif » ?

      +1

    Alerter
  • georges glise // 06.07.2016 à 11h30

    la « deuxième gauche » avec rocard, delors, attali et edmond maire s’est rapidement convertie au néo-libéralisme et en a introduit le virus au sein du ps; la concurrence libre et non faussée, la soumission aux marchés, le néo-atlantisme, c’est eux, le rejet total du marxisme et de la lutte des classes, c’est encore eux, l’élargissement démentiel de l’union européenne, c’est eux, la réintégration de la france dans une otan renouvelant la guerre froide contre la russie, c’est encore et toujours eux. la loi travail, c’est eux: valls a bien raison d’affirmer qu’il est le fils spirituel de rocard. les deux seuls apports positifs de rocard: ses positions contre la guerre d’algérie et sa gestion du conflit intercommunautaire en nouvelle-calédonie.

      +2

    Alerter
    • Alain Rousseau // 06.07.2016 à 22h34

      La deuxième gauche à droite, au fond du couloir…

        +1

      Alerter
  • Erich Mühsam // 06.07.2016 à 13h11

    « La gauche perd la bataille des idées », mouais. Le programme existe depuis 150 ans, s’il veut s’inspirer.

    Notons que le paragraphe ne parle pas d’idées, mais de la baisse de la croissance et du « mépris des actionnaires », qui succombent au court-termisme néfaste. Amusant. Il évoque ici sans pertinence la financiarisation de l’économie, puisque il n’y a plus d’investissements, tout est spéculation financière (+90% du volume).
    C’est ce que voulait combattre François, mais bon on peut pas tout faire. Maintenant Rocard a l’air à court d’idées sur comment si prendre et se serait le desarroi idéologique de la gauche.
    Le procédé est malhonnête puisque un enfant de 8 an saurait comprendre que la part de spéculation vient de la rentabilité, qui vient de l’absence de taxes qui la découragerai.
    Je me demande s’il reste au PS des gens qui se souviendrait de ce que signifie le S de l’acronyme.

      +1

    Alerter
  • xc // 06.07.2016 à 14h56

    Il s’est embrouillé dans le bilan des attentats de Beyrouth du 23 octobre 1983
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Attentats_de_Beyrouth_du_23_octobre_1983
    Mettons l’erreur sur le compte de l’âge. Sans quoi, elle serait impardonnable.

      +1

    Alerter
  • Afficher tous les commentaires

Les commentaires sont fermés.

Et recevez nos publications