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14.juin.201614.6.2016 // Les Crises

Jacques de Larosière : « Les gouvernements ont démissionné face aux marchés financiers »

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Source : Les Echos, Guillaume, Maujean, 10/06/2016

Jacques de Larosière a été notamment directeur général du Fonds monétaire international et gouverneur de la Banque de France. - DR

Jacques de Larosière a été notamment directeur général du Fonds monétaire international et gouverneur de la Banque de France. – DR

Jacques de Larosière, auteur de « 50 ans de crises financières » (éd. Odile Jacob), était ce vendredi 10 juin 2016 l’invité de la matinale des Echos.

Né en 1929, l’année de la plus grande crise financière, Jacques de Larosière a ensuite vécu au plus près les grandes déflagrations économiques, de la fin du système de Bretton Woods à la chute du bloc soviétique. Il a été successivement patron du Trésor et du FMI, gouverneur de la Banque de France, président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Il vient de publier un livre mémoire, « 50 ans de crises financières » (éd. Odile Jacob). L’occasion de faire le point avec lui sur l’actualité de la finance et de la monnaie.

L’excès d’endettement à l’origine de toutes les crises

J. de Larosière fustige le manque de discipline des pays développés qui sont assis sur des montagnes de dettes. Et met en garde : « toutes les crises ont été créées par un excès d’endettement, car quand on est trop endetté, le marché vous tient… ».

Les marchés financiers, les maîtres du jeu

« Après la guerre, on pensait que les gouvernements étaient maîtres de leurs politiques économiques et de leurs systèmes de change… mais aujourd’hui, en réalité, ce sont les fonds financiers, les mouvements de capitaux… » Jacques de Larosière se montre d’ailleurs assez critique du programme de rachats d’actifs de la BCE (de l’ordre de 1.500 milliards d’euros) qu’il accuse de créer une bulle.

« Le choix des bonnes dépenses publiques »

« La question n’est pas de réduire la dépense publique pour le plaisir de la réduire, la question est d’avoir un budget intelligent. » Jacques de Larosière met en avant le système des pays nordiques qui chaque année remettent à plat la dépense publique : « pas un Français ne serait contre car cela permettrait de rationaliser la finance publique ».

Source : Les Echos, Guillaume, Maujean, 10/06/2016

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Commentaire recommandé

visiteur // 14.06.2016 à 02h13

Une très grave omission dans les propos de M. de Larosière : ce sont les spéculateurs boursiers et immobiliers PRIVES qui ont causé la crise d’endettement et le chaos financier de 2008 — pas les Etats. Ainsi, l’Irlande et l’Espagne étaient largement en dessous des fameux 60% de Maastricht.

Qui s’est endetté astronomiquement pour acquérir des immeubles ? Les ménages européens et nord-américains (et australiens).

Qui a empilé les montages financiers inextricables pour accroître les effets de levier et soutenir la croissance des bilans et des bénéfices ? Les banques des USA, d’Islande, de Grande-Bretagne, d’Espagne, d’Allemagne, de Belgique…

Qui a spéculé avec des fonds externes sur les eldorados espagnol, chypriote, russe, letton, angolais…? Les banques allemandes, grecques, autrichiennes, suédoises, portugaises…

Ce sont bien la BCE et la Commission Européenne qui ont forcé les gouvernements Chypriote, Grec, Irlandais… à prendre à leur charge les dettes PRIVEES d’instituts financiers au bord de la banqueroute. Ce sont bien les gouvernements britannique, français, belge, italien, espagnol… qui ont dû colmater les bilans des banques privées à coup de centaines de milliards.

Mais pas un mot sur les banques et les profondes réformes de structure auxquelles celles-ci devraient procéder, ou les ménages et leur frénésie immobilière.

24 réactions et commentaires

  • Arfeuilleres // 14.06.2016 à 01h46

    C’est la sagesse même. Mais nos dirigeants sont – soit ignorants de tout et surtout de ce qu’il est bon de faire et de dire – soit des comédiens plus ou moins doués, grassement payés pour dire et faire tout le contraire.

    Le choix des bonnes dépenses publiques ? Depuis plusieurs années, on voit bien que les maîtres du monde s’amusent à désigner des boucs-émissaires aux peuples abrutis par les propagandes officielles, grâce à la veulerie des médias.
    Elles n’ont donc pas servi, les catastrophes commises en ciblant Kadafi, aujourd’hui Poutine …et d’autres chefs défenseurs respectés de leurs peuples, au prétexte fallacieux d’imposer aux autres une démocratie qu’eux-mêmes se gardent bien d’appliquer chez eux ?

      +23

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  • silk // 14.06.2016 à 01h48

    tout les ans ?
    Pour info dans mon ministère, le budget à été triannualisé sur certains postes :
    Résultats, plus de dépenses d’investissement.
    On loue des locaux qui vont nous coûter plus cher au bout de 7 ans que si on avait fait construire.
    Mais on ne peux pas car le budget est sur 3 ans (pour ce type de dépenses).
    Bref avec une cour des comptes aux ordres du politiques on liquiderait tout les services publiques rapidement pour le laisser au privé sous couvert de diminuer les impôts. Et à l’arrivée les contribuables (qui en auront les moyens) paieront (cher) des services qui étaient gratuit avant.

    Et sa solution c’est d’accepter la démission des gvt face au marché et de s’adapter, subir la loi des marchés …
    c’est sur que c’est pas gagné avec lui.

      +35

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    • LS // 14.06.2016 à 09h48

      Je ne mets pas en doute votre chiffre (7 ans) mais savez vous si un particulier peut investir dans des locaux public ? C’est intéressant, la rentabilité est exceptionnelle.

        +3

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      • jubaka // 15.06.2016 à 07h55

        Non ils préfèrent louer à Bouygues ou Vinci 😉

          +4

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  • visiteur // 14.06.2016 à 02h13

    Une très grave omission dans les propos de M. de Larosière : ce sont les spéculateurs boursiers et immobiliers PRIVES qui ont causé la crise d’endettement et le chaos financier de 2008 — pas les Etats. Ainsi, l’Irlande et l’Espagne étaient largement en dessous des fameux 60% de Maastricht.

    Qui s’est endetté astronomiquement pour acquérir des immeubles ? Les ménages européens et nord-américains (et australiens).

    Qui a empilé les montages financiers inextricables pour accroître les effets de levier et soutenir la croissance des bilans et des bénéfices ? Les banques des USA, d’Islande, de Grande-Bretagne, d’Espagne, d’Allemagne, de Belgique…

    Qui a spéculé avec des fonds externes sur les eldorados espagnol, chypriote, russe, letton, angolais…? Les banques allemandes, grecques, autrichiennes, suédoises, portugaises…

    Ce sont bien la BCE et la Commission Européenne qui ont forcé les gouvernements Chypriote, Grec, Irlandais… à prendre à leur charge les dettes PRIVEES d’instituts financiers au bord de la banqueroute. Ce sont bien les gouvernements britannique, français, belge, italien, espagnol… qui ont dû colmater les bilans des banques privées à coup de centaines de milliards.

    Mais pas un mot sur les banques et les profondes réformes de structure auxquelles celles-ci devraient procéder, ou les ménages et leur frénésie immobilière.

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    • Chris // 14.06.2016 à 12h06

      Et l’autre omission est que le Traité de Lisbonne encourage et donne tous les outils aux excès que vous décrivez : libre circulation des capitaux, dérégulation financière, libre concurrence qui en réalité est une jungle aux dépens des services publics.

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  • pinaute // 14.06.2016 à 02h57

    Larosière a tort. Ils n’ont pas démissionné. Ils se sont soumis aux ordres.

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    • PatrickLuder // 14.06.2016 à 08h21

      … ni démission ni soumission, mais incompétence – ingérence – invisibilité – empêtrement => un manque de projets et de visions dans un trop plein de complexité … l’Etat s’occupe de tout sans s’occuper du principal : gouverner est d’abord fixer un but commun, et se donner les moyens d’y parvenir.

        +1

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      • Jeanpaulmichel // 14.06.2016 à 09h20

        Non, non et non. Mille fois non.
        Les gouvernements ne sont ni incompétents ni empêtrés dans des difficultés inextricables.
        Dire ceci est atténuer voire annuler leur responsabilité.

        Ces gens ne sont pas des imbéciles. Il y a tout simplement collusion entre les politiques et le monde de la finance, tout désir démocratiquement exprimé contraire aux intérêts de Wall Street étant étouffé.
        Les grandes décisions étant prises en catimini.
        Exemples :
        référendum de 2005 : non à 55%
        Réunion du congrès : … Remise à zéro des compteurs .
        Tafta …

        Il y a au contraire une grande cohérence dans les politiques générales menées au profit d’une minorité : la minorité concentrant les richesses.
        Et cela va encore s’accélérer avec la loi travail et autres réjouissances prévues après 2017.
        Peu importe si plusieurs générations sont sacrifiées.

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  • Fabrice // 14.06.2016 à 06h31

    Toujours très marrant les convaincu du modèle capitaliste, les banquiers et autres tenants dû face je gagne pile tu perds!
    Merci de nous dire monsieur après toute une vie passée au service d’une industrie bancaire outrageusement rentable, démesurément tentaculaire et au combien aveugle de ce qu’elle laisse de misère derrière elle, toute une vie au service à la création monaitaire, celle là même que Rockefeler disait être le matrice de toutes les lois. Merci de nous dire si vous n’étiez vous meme pas un fervent defenseur de ce vent de liberté de 1973… Êtes vous sur, du haut de vos hautes fonctions très administratives et très techniques, que vous n’avez engendré ce trop dont vous faites état?!
    Enfin…mieux vaut pouvoir entendre ca qu’avoir une poutre dans l’œil! les marchés financiers ont bon dos, les gouvernements aussi,…ce ne sont que de simples gens cupides, de sales gosses à qui VOUS, banquiers, avez donné trop de pouvoirs.

      +40

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  • BA // 14.06.2016 à 07h19

    Le 28 octobre 1966, lors d’une conférence de presse, Charles de Gaulle répond à une question sur la baisse de la Bourse. Sa réponse devrait être méditée par tous nos dirigeants actuels. 

    « Je dirai un mot de la Bourse puisque vous m’en parlez. En 1962, elle était exagérément bonne, en 1966, elle est exagérément mauvaise. Mais, vous savez, la politique de la France ne se fait pas à la corbeille. »

    (Charles de Gaulle, Discours et messages, tome 5, Plon, page 110)

      +23

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  • shaman Otzi // 14.06.2016 à 09h02

    Non, ils n’ont pas démissionné: ils sont COMPLICES ! Si vous croyez encore que les gouvernants sont là pour le bien du pays, faut sortir, le soir.

      +32

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  • emmanueL // 14.06.2016 à 09h17

    Curieusement, il n’aborde pas le sujet des déficits des recettes fiscales, entre allègements amicaux, dumping et évasion, ce qui continue de contribuer à accroître la dette publique ; ni la limitation des mouvements financiers par des taxes, qui avec la remise sur pieds d’impôts progressifs, contribuerait au désendettement des États tout en empêchant les spéculations déstabilisantes.

      +17

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  • LS // 14.06.2016 à 09h40

    Amusant comme on évite de discuter de politique.
    Au delà de la question des intérêts de ce monsieur, des décisions qu’il a pris dans sa carrière et de la nécessité d’équilibrer le budget avec un minimum de création monétaire, Mr de Larosière termine par une lapalissade ce qui devrait être le début du débat, mais c’est peut être l’objectif de son papier : ramener le débat là ou il devrait commencer.
    « La question n’est pas de réduire la dépense publique pour le plaisir de la réduire, la question est d’avoir un budget intelligent » : un budget équilibré ne définit pas une politique, oui mais, un « budget intelligent » pour quelle politique ?

      +3

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  • BA // 14.06.2016 à 09h47

    Mardi 14 juin 2016 :

    ALERTE – Le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne négatif pour la première fois de son histoire.

    http://www.romandie.com/news/ALERTE–Le-taux-demprunt-a-10-ans-de-lAllemagne-negatif-pour-la-premiere-fois-/711715.rom

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    • Papagateau // 14.06.2016 à 12h52

      Et encore, il s’agit du taux nominal, le taux réel est négatif depuis maintenant très longtemps.

      Combien de pays d’Europe sont déjà en intérêt réel à 10 ans négatif ?

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  • Jules Vallés // 14.06.2016 à 11h36

    Et voilà encore un génie qui nous explique, que pour des raisons démographiques, il va falloir reconsidérer le système des retraites… (peut-être pour les augmenter pour les plus basses?)

    Car bien sur c’est de là que découlent tous les problèmes: la voracité, que dis-je, la cupidité de tous ces créateurs de plus-value qui refusent de se sacrifier pour continuer à nourrir les parasites

    Quid du rôle des banques et autres profiteurs comme souligné dans de nombreux commentaires?

      +4

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  • Louis Robert // 14.06.2016 à 11h51

    Quel éloge, en termes si savamment voilés, de notre « système » économique et financier raté où rien ne va plus depuis belle lurette! Tout le vocabulaire animiste y passe; les « marchés », anonymes et voyous, devenus des personnes, y ont bien sûr bon dos…

    Or toute cette fiction à l’origine du château de cartes, cette imposture spéculative « créatrice » en permanence d’une fausse richesse, cette anarchie « au plus fort la poche », elles ne mènent qu’à une chose que l’on s’empresse constamment de taire, l’effondrement que l’on repousse comme on peut et qui est ruine.

    Dans pareil contexte, les mots n’ont plus de sens, les « réalités » dont on nous parle n’existent déjà plus. L’illusoire s’y substitue, à proprement parler un rêve éveillé devenu bientôt cauchemar.

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  • REINE DUMARCAY // 14.06.2016 à 13h46

    Monsieur de la Rosière est Conseiller du PDG de BNP PARIS BAS et Président du Comité Stratégies de la BANQUE DE FRANCE (voir Wikipédia).

    Ça fait tousser.

      +5

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  • openmind // 14.06.2016 à 14h32

    Mouaiiis?!?

    Ancien directeur du FMI…de la banque centrale française…c’est marrant tous ces vieux affranchis(Giscard a balancé aussi sur le sujet »tout ça est manipulé… ») au bord de la tombe qui se lâchent mais pas complétement 8 ans après la crise provoquée involontairement par la JP Morgan et ces CDS repris par les autres banques. Sur le moment on ne les a pas trop entendu…ils ne savaient pas (hahahaha) ou ils avaient une espérance de vie encore trop grande pour l’hypothéquer.
    Le courage juste avant de mourir c’est trop facile….mais bon ça confirme ce qu’on savait déjà et ça occupe le terrain médiatique à la place de personnes plus jeunes et indésirables dans les médias mainstream.
    Comme disait quelqu’un, il n’y a rien de pire pour défendre sa cause que le demi courage….en y réfléchissant c’est assez profond comme vérité.

      +10

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  • Olivier P // 14.06.2016 à 18h11

    la BCE et la Commission Européenne ont forcé les gouvernements Chypriote, Grec, Irlandais… à prendre à leur charge les dettes PRIVEES d’instituts financiers au bord de la banqueroute !!!

    Ce sont bien les gouvernements britannique, français, belge, italien, espagnol…

    qui ont dû colmater les bilans des banques privées à coup de centaines de milliards.

    TOUT EST DIT, merci Visiteur.

      +5

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  • Demos // 14.06.2016 à 20h09

    Nous sommes passés depuis longtemps (années 60-70 au moins) dans un système capitaliste monopolistique d’état. La fonction politique n’a plus pour but essentiel d’organiser la vie et la prospérité de la cité mais d’assurer qu’elle se plie aux besoins d’une économie financiarisée. Les gouvernements et le personnel politique ne sont plus qu’une extension opératoire de ce système. La mascarade de la représentation politique est usurpée par des agents agissant pour les intérêts supra-nationaux.

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  • grand-père // 14.06.2016 à 22h05

    Deux chiffres entendus de la bouche du Général Desportes sur une radio ( celui là qui s’est fait taper sur les doigts par Morin : les 4 fonctions régaliennes de l’état, ( défense, sécurité, justice, diplomatie) c’est 2;7 % du PIB, alors que l’ensemble des dépenses c’est 57 % ! L’état édredon a remplacé l’état régalien et rien ne va :cherchez l’erreur.

      +1

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  • Tom Jones // 15.06.2016 à 23h28

    Bizarre. Larozsière est cité dans le livre de Ruffin « faut-il faire sauter Bruxelles »
    Ne serait-il pas un peu responsable du système mis en place ?

      +0

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