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14.février.202314.2.2023 // Les Crises

François Ruffin : « Il est temps de mettre fin à l’ère néolibérale »

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Le réalisateur François Ruffin est devenu l’un des principaux critiques de la destruction du modèle social français. Aujourd’hui député, il explique à Jacobin comment la gauche peut redécouvrir sa raison d’être – et rallier à nouveau le mécontentement de la France rurale et périphérique.

Source : Jacobin Mag, Cole Strangler
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

François Ruffin, député à l’Assemblée nationale, se bat contre la réforme des retraites en France. (Avec l’aimable autorisation de François Ruffin)

Entretien par Cole Stangler

Ancien journaliste et fondateur du journal alternatif Fakir, le réalisateur français François Ruffin s’est attiré en 2016 des comparaisons avec Michael Moore pour son documentaire satirique acclamé Merci Patron ! Le film suit des ouvriers du textile confrontés à une fermeture d’usine alors qu’ils poursuivent le PDG milliardaire de la société mère de leur employeur, Bernard Arnault – aujourd’hui l’homme le plus riche du monde. La même année, Ruffin a contribué à lancer le mouvement Nuit Debout, au cours duquel des manifestants ont occupé les places des villes pour s’opposer aux réformes du travail favorables aux employeurs.

Très vite, Ruffin s’est également fait une place dans la politique institutionnelle. Élu pour la première fois à l’Assemblée nationale en 2017, Ruffin a été réélu pour un second mandat de cinq ans en juin dernier. Membre du groupe parlementaire de La France Insoumise, Ruffin est connu pour son côté indépendant et son insistance à gagner des électeurs dans les zones rurales et périphériques qui ont vu un soutien croissant pour l’extrême droite, comme sa région natale de Picardie, dans le Nord post-industriel du pays.

Aujourd’hui, il se bat contre les plans du président Emmanuel Macron visant à augmenter l’âge de la retraite – une attaque clé contre le modèle social français. Quelques heures avant un rassemblement contre la réforme, Ruffin s’est assis avec Cole Stangler de Jacobin dans un café près de l’Assemblée nationale à Paris. Ils ont discuté du projet de loi sur la réforme des retraites, de l’état de La France Insoumise et de sa large alliance parlementaire, de la façon dont la gauche devrait attirer les électeurs en dehors des grandes villes, et de la raison pour laquelle Ruffin embrasse l’idéal du « réformisme révolutionnaire. »

Cole Stangler : Le gouvernement est sur le point de dévoiler son projet de réforme des retraites tant attendu, qui portera l’âge d’ouverture du droit à la retraite de soixante-deux à soixante-quatre ans, et accélérera la mise en place progressive du seuil [de quarante-trois ans de travail] requis pour obtenir une pension complète. Qu’en pensez-vous ?

François Ruffin : L’histoire du mouvement ouvrier est l’histoire de la lutte pour la réduction du temps de travail. Cela a commencé par la fin du travail des enfants, puis le repos du dimanche, puis du samedi après-midi, puis les congés payés. Puis ce fut la retraite, que le ministre du Travail a qualifiée en 1945 de « nouvelle phase de la vie ». En 1982, les Socialistes au pouvoir ont abaissé l’âge de la retraite à soixante ans. Depuis cette période, nous n’avons plus gagné de congés payés.

Comment est-ce possible, alors qu’au cours des quarante dernières années, nous avons connu des progrès en matière de robotique, de technologie, de numérisation – des gains de productivité qui devraient se traduire par une réduction du temps de travail ?

Cette tendance a commencé aux États-Unis. J’ai été très surpris d’apprendre qu’à la fin des années 1970, le pays occidental où les gens travaillaient le moins était les États-Unis – moins que l’Allemagne, la France et l’Italie. Mais ensuite, les États-Unis ont « libéré l’énergie », comme dit Macron ici, en produisant une augmentation du temps de travail qui a permis aux plus riches de s’enrichir encore plus et a obligé les autres à multiplier les emplois juste pour joindre les deux bouts. Finalement, cela s’est produit ici aussi, avec un retard. Depuis 2005, nous nous dirigeons vers une augmentation du temps de travail.

Je pense que fondamentalement, la question de la retraite ouvre la porte à la question de la direction que prend l’histoire.

En même temps, l’augmentation de l’âge de la retraite a des effets très concrets. Quand on est passé de soixante à soixante-deux ans, le taux de pauvreté a augmenté, le taux de personnes bénéficiant du Revenu de solidarité active (RSA) a quadruplé chez les personnes de soixante à soixante-deux ans. Ces personnes ne peuvent plus travailler parce qu’elles ont peut-être de graves douleurs au dos ou aux épaules, mais elles ne sont pas encore à la retraite. Le risque est que ces personnes doivent tenir encore plus longtemps. Une retraite bien méritée est remplacée par des allocations de pauvreté.

Cole Stangler : C’est une réforme qui revient en arrière ?

François Ruffin : Cela fait quatre décennies que ça dure. Aux États-Unis, le tournant a été l’arrivée au pouvoir de [Ronald] Reagan qui, fondamentalement, a été une contre-révolution : un grand retour en arrière sur le plan social et économique mais aussi environnemental et dans le rapport au temps de travail. Les tendances de l’histoire ont été inversées.

John Maynard Keynes pensait qu’à la fin du vingtième siècle, nous travaillerions moins de vingt heures par semaine. L’écrivain français Jean Fourastié, qui n’était pas du tout un gauchiste, pensait que nous travaillerions trente-cinq ans pour trente heures par semaine – et ce serait fini. Nous sommes maintenant dans une nouvelle phase parce que les forces de l’argent, si vous voulez, sont capables de contrôler nos vies – y compris le dimanche, qu’elles essaient de réintégrer dans le temps économique, dans le temps de la production et de la consommation.

La question est de savoir comment remettre l’histoire dans le bon sens. Comment faire en sorte que les grandes entreprises soient plus taxées que les gens ordinaires ?

Il y a une autre question en jeu ici, que j’appelle l’a-capitalisme. Les gens ne sont pas nécessairement anticapitalistes. Le week-end, lorsqu’ils emmènent leurs enfants sur le terrain de football avec leurs voisins, ils ne sont pas nécessairement contre le capitalisme, mais ils ont pris cet espace en dehors du domaine de la marchandisation. En dehors du fait de gagner de l’argent. Hors de l’économie.

La question est de savoir comment remettre l’histoire dans le bon sens. Comment faire en sorte que les grandes entreprises soient plus taxées que les gens ordinaires ? Comment faire en sorte que nous ayons des normes environnementales, des contraintes sur le libre-échange qui nous permettent de remettre le dentifrice dans le tube ?

Cole Stangler : Vous avez fait référence à Reagan. Est-il juste de dire que Macron est le Reagan français ?

François Ruffin : J’en suis convaincu. Quand il est arrivé au pouvoir, j’ai dit que c’était du thatchérisme avec un visage de bébé.

Dans les années 1980, on a vu apparaître des mots-clés comme concurrence, croissance, mondialisation, qui sont pour moi autant de pivots. Aujourd’hui, on voit à quel point ils sont épuisés. Ces mêmes mots ne suscitent aucun enthousiasme chez les gens. Ils inspirent au mieux l’indifférence, mais en général, ils provoquent un malaise. Nous avons un libéralisme économique qui ne gagne plus le cœur et l’esprit des gens, mais qui augmente néanmoins son emprise sur la société.

En 2017, Macron en est devenu le nouveau visage. Il applique les mêmes politiques que celles mises en œuvre depuis quarante ans, mais plus profondément. Regardez ce que la réforme des retraites va permettre de financer. Elle va permettre de baisser les impôts sur les entreprises et les grandes sociétés.

En 1983, le premier secrétaire du Parti socialiste français Lionel Jospin disait : « Nous ouvrons une parenthèse libérale. » Aujourd’hui, la question est : comment la refermer ? Je pense que c’est vrai pour la gauche, partout dans le monde.

Cole Stangler : Macron a une image plutôt positive sur les questions climatiques à l’étranger. Cette image est-elle bien méritée ?

François Ruffin : C’est l’illusion qu’il a réussi à donner à Donald Trump. Il y avait très peu de choses dans son programme présidentiel de 2017, mais Macron s’est accroché à cela pour se présenter comme un contrepoint à Trump, en disant « Make Our Planet Great Again. »

Aujourd’hui, la solution qu’il propose en France même, c’est la technologie. Parce qu’il y a un refus de changer la société, de réguler, de réguler les inégalités – fondamentalement, un refus d’intervenir dans l’économie pour la réguler au niveau de la mondialisation ou au niveau des inégalités.

Il y a un plan de 54 milliards d’euros qui s’appelle France 2030. Il ne s’agit pas du tout d’organiser la société différemment pour s’adapter aux conséquences du changement climatique. Pour dire les choses clairement, ça voudrait dire une attaque sur les marges de profit, et ce n’est pas possible.

Cole Stangler : Quelles sont les autres grandes questions auxquelles le public français est confronté ? Que vous disent les gens que vous représentez ?

François Ruffin : Sans vouloir dresser un tableau trop sombre, nous avons un système hospitalier qui est au bord du gouffre. Il y a une grande bataille pour avoir simplement des trains qui partent à l’heure le matin. Cela affecte les étudiants et les personnes qui pourraient perdre leur emploi en raison de leur retard chronique. Il y a l’incertitude autour de l’énergie : y aura-t-il des coupures de courant ? Dans le même temps, il n’y a pas assez d’enseignants dans les salles de classe et il faut donc recruter des enseignants temporaires en ligne.

Il ne s’agit pas d’une coïncidence. Il s’agit d’une conjonction [de facteurs]. Je reviens à mon histoire de quarante ans : c’est le temps pendant lequel les dépenses dans les services publics ont diminué. En fin de compte, nous n’investissons pas dans la santé, les transports en commun, les écoles ou l’énergie parce que nous voulons économiser de l’argent – et nous nous retrouvons donc avec un système vidé de sa substance.

Je suis également confronté à un déclin industriel qui dure depuis quarante ans. À proximité, il y a une usine qui ferme, Carelide, qui fabrique des poches à perfusion. Elle ferme parce que les hôpitaux français n’achètent pas français. Ce que je demande, c’est l’équivalent d’un Buy American Act qui protège les secteurs industriels clés comme la santé et la médecine.

Cole Stangler : Au niveau européen ou au niveau français ?

François Ruffin : Si on ne peut pas le faire au niveau européen, alors faisons-le au niveau français. Je suis un protectionniste.

Cole Stangler : Comme d’autres journalistes l’ont observé, votre style en politique évolue. Au début de votre premier mandat, vous aviez cette image d’une sorte d’agitateur extérieur. Cela venait de votre film Merci Patron !, mais je pense aussi au « Festival Macron » que vous avez organisé [une manifestation joviale à Paris en 2018, avec musique, marionnettes et pique-niques]. Maintenant, vous dites que vous voulez « social-démocratiser ». Vous dites que vous êtes un « réformiste ». Qu’est-ce que cela signifie d’être un social-démocrate ?

François Ruffin : Je n’ai jamais dit que j’étais un « social-démocrate ». L’Obs l’a repris comme titre d’interview. J’ai dit que j’étais « social » et « démocrate ».

Quand je vois le Parti socialiste, je leur dis : « Le problème, c’est que « social » et « démocratique » sont deux beaux mots, mais depuis quarante ans, vous n’êtes ni « social » ni « démocratique ». Si nous prenons ces mots au sérieux, être « social » signifie s’assurer que la charge fiscale pèse sur les grandes entreprises et les plus riches, et non sur les moins nantis. C’est s’assurer qu’il y ait des augmentations de salaire. Ce n’est pas ce qui s’est passé. Quant à la « démocratie », en 2005, 55 % des Français ont voté contre la Constitution européenne, contre une Europe de la concurrence effrénée, contre la libre circulation des capitaux, y compris avec d’autres pays. Si vous êtes « démocratique », vous devez le reconnaître.

Pour moi, « réformiste » n’est pas un gros mot. Le mouvement ouvrier n’a pas seulement avancé grâce à de grandes révolutions, mais aussi grâce à certains petits pas en avant.

Pour moi, « réformiste » n’est pas un mauvais mot. Le mouvement ouvrier n’a pas seulement progressé grâce à de grandes révolutions, mais aussi grâce à certains petits pas en avant : la fin du travail des enfants, l’obtention du dimanche comme jour de congé, l’obtention du samedi après-midi. Ce ne sont pas des révolutions, mais elles sont capables de faire deux choses : elles transforment très concrètement la vie des gens dans le présent. Cela compte. Et elles offrent une lueur de lumière au bout du tunnel. Ils montrent que « c’est possible » de vivre mieux. Ils donnent confiance aux gens et leur font prendre conscience de leur pouvoir.

Ce que fait Macron, comme d’autres avant lui au cours des quarante dernières années, est une contre-réforme. Être « réformiste », c’est se demander : « Comment remettre l’histoire dans le bon sens ? » On ne va pas gagner les étoiles tout de suite. Je dirai même que plus je promets les étoiles, moins les gens de chez nous vont me croire. Par contre, dire qu’on va remettre les trains sur les rails…

Cole Stangler : Peut-on dire que vous êtes dans la lignée de François Mitterrand, quelqu’un qui avait une vision ambitieuse mais qui promettait aussi des mesures très concrètes ?

François Ruffin : Je ne dirais pas ça. Il y a des figures que j’aime beaucoup dans l’histoire de la gauche. Abraham Lincoln, d’où vous venez [rires]. Mais ce terme de « réformisme révolutionnaire » vient de Jean Jaurès. Je ne me reconnais pas dans la figure de Mitterrand en ce qui concerne la manière dont il a exercé le pouvoir – c’est-à-dire un certain décalage entre les promesses et les actes. Peut-être que le chemin vers la victoire [à l’élection présidentielle de 1981] était intéressant. Mais ce n’est pas une figure que j’aime beaucoup. Il y a un livre de François Cusset, La décennie : le grand cauchemar des années 1980. Je pense que c’était un cauchemar : le moment où on a commencé la grande glissade, où la classe ouvrière a été trahie.

Cole Stangler : L’alliance de la gauche unie de France, la NUPES [Nouvelle union populaire écologique et sociale], a été créée il y a huit mois. Va-t-elle durer sur le long terme ?

François Ruffin : Je ne suis pas un prophète. Mais je sais que nous n’avons pas le choix. La nécessité l’impose.

On a un bloc libéral qui est en train de s’effondrer. Avant, ils avaient l’avantage de se diviser en centre-gauche et centre-droit, et d’alterner les tours au pouvoir sans offrir de réelle alternative. Il est fragile depuis 2005 et les crises successives l’érodent encore plus. Ils n’ont en gros qu’un seul candidat derrière lequel se rallier, Macron.

La question est de savoir où vont les particules qui tombent du bloc libéral. Aujourd’hui, dans la course entre l’extrême droite et la gauche, on est en retard. L’extrême droite est en train de gagner plus de soutien. Nous sommes obligés de nous unir car sinon la défaite est garantie. Il faut savoir d’où je parle, une région particulièrement déprimée politiquement. [La Picardie est une région historiquement ouvrière qui a envoyé à l’Assemblée nationale, pendant un siècle, un tas de communistes et de socialistes. Aujourd’hui, huit des dix-sept députés [représentant les trois départements] sont issus du Rassemblement national [de Marine Le Pen].

J’étais favorable à cette unité de la gauche. Déjà en 2017, j’ai été élu après avoir rassemblé les différents partis, à l’exception toutefois des Socialistes. Mais, la question est : « Qui conduit le train ? » Avant d’être élu, j’ai dit : « Nous ne voterons plus jamais pour le Parti socialiste ». Si la locomotive est le Parti socialiste et que nous sommes les wagons derrière, ça ne marchera pas du tout.

Vu le niveau d’inégalité dans le pays et la crise environnementale, on ne peut pas se contenter de mettre un pansement sur le système. Il faut rompre avec la concurrence, la croissance et la mondialisation. Comment faire, en tant que société, pour avoir moins de concurrence et plus d’entraide ? Moins de croissance et plus de partage ? Moins de mondialisation et plus de protection ? Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de concurrence, ni qu’il n’y a pas une partie de l’économie qui croît. Cela ne veut pas dire que nous mettons fin à tout échange et que nous devenons une autarcie. Mais comment opérer un changement majeur et faire évoluer le système vers autre chose ? Cela ne peut pas être cosmétique.

Cole Stangler : Il y a beaucoup de débats en ce moment sur la « locomotive » actuelle : la force motrice de NUPES, La France Insoumise. Est-il juste de dire qu’elle souffre d’un manque de démocratie interne ?

François Ruffin : Oui, je l’ai déjà dit plusieurs fois. Pour un parti qui appelle à la Sixième République [c’est-à-dire à une réécriture de la constitution pour transférer le pouvoir de la présidence], cela ne ferait pas de mal d’avoir un peu plus de démocratie.

Je ne pense pas qu’une organisation quelle qu’elle soit ait une démocratie parfaite. Je peux dire qu’après avoir participé au mouvement Nuit Debout, j’ai vu les limites du [modèle] d’assemblée générale permanente. Pour passer à l’action, il est également important d’arrêter de se regarder le nombril. Nous avons besoin d’être poussés vers l’extérieur. Je comprends tout cela.

En même temps, un peu plus de démocratie ne ferait pas de mal.

Cole Stangler : Pensez-vous que les choses évoluent dans le bon sens maintenant au sein de La France Insoumise ?

François Ruffin : Vous avez vu dans l’article où je parle de Jacobin, cette bataille n’est pas ma priorité. Je sais aussi qu’on ne peut pas faire l’autruche.

Cole Stangler : Je voulais terminer en parlant de stratégie politique. Tout le monde est plus ou moins d’accord pour dire que votre camp doit élargir sa base électorale s’il veut gagner. D’un autre côté, il y a beaucoup de débats sur la façon d’élargir cette base. Vous avez souligné les faibles scores de La France Insoumise et de la NUPES dans les régions rurales et périphériques de France. Que faut-il faire pour conquérir ces électeurs qui semblent s’éloigner de plus en plus de la gauche ?

François Ruffin : Quel est le bloc historique qu’il faut construire ? En France, il faut réussir l’alliance entre la classe moyenne et la classe ouvrière, qui est elle-même traversée par un clivage entre les gens des zones urbaines qui ont tendance à être d’origine immigrée, et les gens des zones rurales qui ont tendance à être plus blancs. C’est ce double divorce que nous devons résoudre.

Il est nécessaire de réussir l’alliance entre la classe moyenne et la classe ouvrière.

Dans notre histoire, nous n’avons jamais réussi sans cette alliance. La Révolution française, c’était l’alliance entre la bourgeoisie de l’Assemblée nationale – avocats et propriétaires terriens – et les classes populaires des villes et des campagnes. Le Front populaire de 1936 était l’alliance entre les intellectuels antifascistes et les travailleurs qui voulaient des semaines de travail de quarante heures et des congés payés. Mai 1968 a été mené par les étudiants et les ouvriers. L’élection de François Mitterrand en mai 1981 était une alliance dans l’isoloir – pas dans la rue, et je pense que c’est ce qui manquait – entre [les fonctionnaires] et les travailleurs.

Depuis lors, nous avons connu une scission de notre bloc historique. Pour moi, c’est dû à la mondialisation, qui coupe comme un couteau dans le beurre, marquant les gagnants et les perdants. Nous avons des personnes diplômées qui sont généralement protégées du chômage de masse. Le taux de chômage des professions intermédiaires a plus ou moins stagné depuis les années 1980. Il a quadruplé pour les ouvriers et a été multiplié par sept pour les travailleurs non qualifiés. L’expérience du chômage dans les familles ouvrières est une expérience familiale qui hante l’entourage. Cela signifie qu’il faut trouver beaucoup de petits boulots, se débrouiller dans des emplois qui manquent de stabilité.

Comment raccommoder les choses et mettre fin à ce divorce ? Avant, quand on disait qu’il fallait en finir avec la concurrence effrénée pour des raisons industrielles et économiques, c’était très populaire dans les classes populaires, mais les plus diplômés n’y étaient pas favorables. Aujourd’hui, avec l’écologie, il y a la possibilité de rassembler les gens autour de ça. Il est possible de dire que la concurrence effrénée est mauvaise pour tout le monde. C’est mauvais pour les travailleurs et c’est mauvais pour la planète. C’est un thème, mais il y en a d’autres.

Jean-Luc Mélenchon a gagné les deux tiers de la mise. Il a réussi à séduire les jeunes des villes, il a réussi à séduire les jeunes de certains quartiers populaires. Il lui manquait la France périphérique, la France rurale, la France des gilets jaunes – je veux dire qu’il y a mille façons différentes de décrire cela, mais il y a une grande pièce manquante. Comment reconquérir cet électorat ? Je ne dis pas que c’est facile, mais il faut commencer par l’identifier comme un objectif et se demander quelles sont les voies à suivre.

Il manquait à Jean-Luc Mélenchon la France périphérique, la France rurale, la France des gilets jaunes.

J’ai proposé plusieurs choses. Par exemple, les travailleurs dits de « première ligne » pendant la crise du Covid-19 – les aides à domicile, les travailleurs agricoles et alimentaires, [et d’autres] – devraient être applaudis comme les nouveaux héros de notre temps. Nous devrions nous demander, métier par métier, comment nous allons revaloriser ces professions sur le plan symbolique et sur le plan matériel. Je pense que c’est un point de départ. Ensuite, il y a la question du système ferroviaire, que l’on peut relier aux problèmes actuels du métro parisien et du réseau de trains de banlieue de Paris. S’emparer de tels thèmes permet de façonner la réalité de la vie quotidienne des gens.

J’ai lu un livre de Luc Rouban, La vraie victoire du RN. Il est clair que le Rassemblement national fait son chemin parmi ces professions que je décrivais. Ils ont un sentiment de mépris de ne pas être reconnus par la société et d’être méprisés. [Rouban] dit que la force du discours de ce parti est qu’il apparaît comme un discours de la vie réelle, alors que la gauche entre immédiatement dans un discours théorique. Je pense qu’il faut se réapproprier la vie réelle. Il faut aussi montrer des figures positives de la gauche dans les zones [rurales]. Il y avait autrefois l’instituteur du village ou le militant socialiste qui était aussi le trésorier de l’équipe de football. Ces figures ont disparu. Le terrain est ouvert, et nous devons le reprendre. Je pense aussi que nous devons défendre le travail comme une valeur de gauche.

Cole Stangler : Cette stratégie signifie-t-elle aussi qu’il faut éviter de parler de certains sujets ? Je pense à l’immigration, au racisme et aux violences policières.

François Ruffin : Il ne faut pas arrêter de parler de ces sujets. D’un autre côté, la question est de savoir autour de quoi on se recentre. Je ne pense pas qu’il y ait de difficultés à parler de ces questions, à établir des positions, et idéalement des positions très claires.

Par exemple, sur la question de la violence policière, je ne l’ai pas évitée. J’ai présenté un projet de loi et un rapport législatif sur le sujet en rencontrant les syndicats de police. Je ne la balaie pas sous le tapis. Mais quand est-ce qu’on en parle ? À quel moment d’une campagne électorale décide-t-on que c’est un thème qui va rassembler les gens ou, au contraire, un thème qui va servir de croque-mitaine ? Nous devons être intelligents, mais je ne pense pas que nous devions éviter ces questions. D’un autre côté, nous devons nous demander : « Qu’est-ce qui rassemble le plus de gens ? » et « Qu’est-ce qui offre le plus de résonance ? »

Cole Stangler : Je pense à une autre chose que vous avez dite [après les élections législatives] : « Nous ne pouvons pas devenir la gauche des grandes zones urbaines contre la droite et l’extrême droite des petites villes et des champs. » Ce que vous dites maintenant, c’est que l’objectif est d’être la « gauche des grandes zones urbaines » et la « gauche des petites villes et des champs ». C’est de faire les deux à la fois ?

François Ruffin : Oui. Je dirais que les thèmes que je mets dans le débat public ne sont pas des thèmes spécifiques à la France rurale. Nous avons organisé une rencontre à l’Assemblée nationale [qui mettait en scène] des aides-soignantes de Caen qui, pour faire simple, sont des femmes blanches, aux côtés de caristes de la banlieue parisienne de Gennevilliers qui, pour faire simple, sont des hommes d’origine maghrébine. Le dialogue était formidable parce qu’ils se racontaient la même chose : leur rapport au temps, comment ils vivent avec 1 100, 1 200, 1 300 euros par mois, comment leurs corps sont impactés par leur travail.

J’ai été élu pour représenter les quartiers populaires d’Amiens, qui ont une forte présence de personnes issues de l’immigration, et Flixecourt, qui est une France plus blanche. La question est de savoir comment trouver les thèmes qui, au lieu de les diviser, vont les rassembler.

Cole Stangler : Êtes-vous optimiste pour la suite des événements ? La gauche va-t-elle sortir renforcée après cinq nouvelles années de Macron ?

Vous connaissez la citation d’Antonio Gramsci ? « Pessimisme de l’intelligence et optimisme de la volonté ? » La situation politique actuelle n’est pas glorieuse. Mais nous verrons bien ce que nous parviendrons à en faire.

Contributeurs

François Ruffin est rélisateur cinématographique et député de l’Assemblée nationale française.

Cole Stangler est un journaliste qui vit à Marseille et se spécialise dans le domaine du travail et la politique. Collaborateur de France 24, Cole a également publié des articles dans The Nation, le New York Times et le Guardian.

Source : Jacobin Mag, Cole Strangler, 20-01-2023

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

cover // 14.02.2023 à 14h08

Et bien je suis ce site depuis pas mal d’années et ce type d’article ne me pose aucun problème. Ruffin reverse la majeure partie de son indemnité parlementaire à des associations. Il n’est pas carriériste : il aurait pu tranquillement se faire une belle carrière de journaliste à France Culture comme Olivia Giesbert qui avait commencé comme lui chez Daniel Mermet. Non, au lieu de cela, il a lancé Fakir, a eu plusieurs procès en dénonçant les pratiques des entreprises de son coin. Et si on souffre c’est avant tout du néolibéralisme et en conséquence des politiciens qui n’ont pas d’autre souci ou projet que de lui aménager l’environnement économique le plus favorable au détriment de la population. Le »tous pourris  » est une impasse.

22 réactions et commentaires

  • Urko // 14.02.2023 à 07h43

    Relayer des auteurs, des philosophes, des historiens, des sociologues, économistes, lanceurs d’alertes, chercheurs etc sur lescrises.fr, oui ! Nous les lisons et les lirons avec intérêt. Relayer des politiciens avec des intérêts de politiciens et des discours de politiciens, non. Cela fait deux fois en très peu de temps que lescrises.fr offre une tribune à M. Ruffin et ce n’est tout simplement pas du tout ce que ceux qui parcourent ce site depuis des années veulent voir. La société française souffre assez de sa caste politique donneuse de leçons sans en outre avoir à subir la propaganda de l’un de ses représentants dans des médias qui justement se proposent d’adopter un regard distancié. Ruffin n’a pas plus sa place ici que Zemmour, Wauquiez, Macron, Rousseau ou Le Pen. Libérez lescrises.fr de cette engeance des politiciens.

      +12

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    • cover // 14.02.2023 à 14h08

      Et bien je suis ce site depuis pas mal d’années et ce type d’article ne me pose aucun problème. Ruffin reverse la majeure partie de son indemnité parlementaire à des associations. Il n’est pas carriériste : il aurait pu tranquillement se faire une belle carrière de journaliste à France Culture comme Olivia Giesbert qui avait commencé comme lui chez Daniel Mermet. Non, au lieu de cela, il a lancé Fakir, a eu plusieurs procès en dénonçant les pratiques des entreprises de son coin. Et si on souffre c’est avant tout du néolibéralisme et en conséquence des politiciens qui n’ont pas d’autre souci ou projet que de lui aménager l’environnement économique le plus favorable au détriment de la population. Le »tous pourris  » est une impasse.

        +52

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  • florian lebaroudeur // 14.02.2023 à 08h57

    Comme prévu, beaucoup de bons sentiments et d’émotions, mais peu de réfléxion de fond. Il ne faut pas déroger aux régles de la bonne pensée et des bons mots fixés par les « gens biens » qui ne manquent pas de scruter la moindre faute et le moindre écart déplaisant.
    Les dernieres personnes vraiment de gauche qui se débattent plus pour rester en vie politiquement que pour tenter de faire sauter en vain le verrou orwellien d’une gauche qui a pactisé avec le monde de l’argent pour garder le droit de conserver en retour son fond de commerce ne peuvent que constater les dégats du clientélisme sur les fractures de la société française.
    Avoir tout miser sur la défense des minorités quand les gens sensés savent pertinament bien que l’addition des minorités ne fond pas une majorité démontre l’état de compromission et le peu de considération pour l’individu lambda.
    Que faut-il faire ? Avoir le courage de lâcher les minorités pour reconquérir la majorité ?
    Ah non ça jamais, ce n’est pas à nous de prendre en considération les points de vues des autres, c’est les autres qui devront adhérer à nos principes qu’ils soient d’accord ou non, ben voyons…
    Où est la tolérance et la bienveillance parmi ces personnes qui s’en gargarInisent pourtant avec arrogance?

      +13

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    • ALIN JAVIER // 14.02.2023 à 09h54

      L’article dit tout le contraire , il ne s’agit simplement de ne pas abandonner les minorité , mais en même temps de remettre le système social et économique debout , au service de toutes les couches sociales au nom de l’égalité des droits à la citoyenneté, à commencer par le droit fondamental à une existence décente . Ceci implique de sortir du néolibéralisme qui porte si mal son nom puisqu’il est adossé à l’histoire de notre pays, la France et à celle de ses voisins « européens ».

        +31

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      • Joel // 14.02.2023 à 10h50

        Bonjour,
        « droit fondamental à une existence décente »
        Attention à « décente » je préfèrerai que l’on parle de partage des richesses ou partage pour bien vivre …
        Les richesses de notre pays sont produite par ceux qui travaillent, ils ont droit à leur part.
        Cordialement;

          +7

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    • vert-de-taire // 17.02.2023 à 08h21

      ****Comme prévu, beaucoup de bons sentiments et d’émotions, mais peu de réfléxion de fond.****

      à propos de Ruffin c’est se tromper.
      Il a fait de gros efforts pour comprendre la situation et y parvient pas mal du tout.
      C’est prendre ses propos à la légère.
      Ruffin ne ménage pas sa peine, son temps sa vie !!
      Et il fait tout cela avec une claitvoyance et une honnêteté rare !

        +6

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  • Fabrice // 14.02.2023 à 09h57

    Il est clair que le neoliberalisme comme le traite Charles Gave de capitalisme de connivences ou de parasitisme qui ne créé aucune valeur pour vivre sur le dos des peuples quitte à scier la branche sur laquelle il est.

    Demandant aux États de les sauver prioritairement tout en en empêchant ou sabotant les autres efforts pour sauver les populations qui ne sont « rien » et coûtent un argent de dingue qui serait plus « utile » (à leurs intérêts) entre leurs mains.

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    • vert-de-taire // 17.02.2023 à 08h37

      le capitalisme a toujours asservi toutes les forces pour se gaver. Un système.
      Avant même le néolibéralisme… (un nom absurde car anti-libéral … mais passons).

      C’est un système de prédation (des riches) par la coercition, le chantage.

      Et ce système n’est pas régulé sinon par crises et catastrophes – l’exacte contradiction de la notion de « faire société », de groupe social qui sert à améliorer le sort de chacun dans une organisation – ce système génère au contraire de la précarité – c’est dément de construire de telles contradictions.
      Quand au fameux marché régulateur n’est qu’un leurre pour hypnotisés : crises sur crises, aucune anticipation, guerres de prédations, gâchis monstre des ressources, dévastation de la planète, … c’est dément.

      C’est le seul problème de l’humanité : la dictature des riches via le capitalisme hypnotisant (avec en prime répandre la croyance à de la démocratie).

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  • Myrkur34 // 14.02.2023 à 10h00

    Ruffin est peut-être le seul espoir d’avenir de Lfi pour concrétiser un vrai changement car il essaye d’être novateur et de créer des passerelles entre les différents mondes de la classe moyenne et populaire française, blanche ou non.
    Mais dernièrement, il a été mis de coté, gentiment mais sûrement. Donc rendez vous en 2027 pour notre Meloni française qui s’empressera d’obtenir ses blancs-seings de la Commission Européenne et du Medef comme l’ont fait tout au long de l’histoire n’importe quel extrême-droite rénovée ou pas.
    Ps: Je rappelle en dernier lieu que le Medef qui s’élève à corps et à cri contre l’index senior, qui n’est qu’un simple affichage sur la politique de l’entreprise par rapport à ses salariés de plus de 50 ans sans aucune contrainte, est le principal responsable de l’immigration incontrôlée car il faut de la main d’oeuvre taillable et corvéable à volonté et par la même occasion instaurer une contrainte forte sur la hausse des salaires en France.

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    • cover // 14.02.2023 à 16h31

      Peu importe ce qu’il se passe à Paris. Le 4 pages sur les retraites de Fakir a reçu un excellent accueil dans la manif de notre coin de campagne : que ce soit par les FI, PC, CGT, CFDT et CNT présents, par les hospitaliers, paysans et artisans présents. C’est donc possible ; l’essentiel c’est d’agir et surtout ne pas se laisser impressionner par ce que disent les médias mainstream qui analysent la réalité à travers leur prisme grossissant et déformant. On fera tout pour que la » Meloni Française « (et ce n’est pas la mienne) ne soit pas là au second tour même si l’on sait que la Macronie travaille d’ores et déjà pour qu’elle y soit …

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    • Ellilou // 22.02.2023 à 11h54

      « Mais dernièrement, il a été mis de coté, gentiment mais sûrement. » Vous vous trompez, camarade: il a mené, avec d’autres, la bataille contre la destruction (je refuse d’utiliser le terme « réforme ») des retraites à l’ assemblée nationale. Vous appelez ça une mise à l’écart?

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  • step // 14.02.2023 à 11h18

    « Je pense aussi que nous devons défendre le travail comme une valeur de gauche. » Quand j’entends cela, cela résonne en moi comme le « Travail, Famille, Patrie » poussé par un socialiste pendant Vichy, sans parler du « Arbeit macht frei » tristement célèbre ou de l’esclave dans le champ de coton. Le « Travail » n’est pas une « valeur » c’est une nécessité de l’homme afin de subvenir à certains besoins (propres ou collectifs). Tous les gens précédemment cités « travaillaient » et il n’est pas bien dur de se rendre compte que ce travail n’était que néfaste pour eux. Le travail est un tournevis de l’humanité, et je ne me prosterne pas devant un objet. Le CONTEXTE d’EXECUTION du travail PEUT être socialisant, émancipateur, en fonction des CONDITIONS de son exercice et du tissu humain dans lequel il s’inscrit. Ne pas comprendre cela, c’est ne pas comprendre les vagues de burn-out, dépressions, suicides, de démissions et le développement de l’auto-entrepreneur (futurement uberisé mais c’est une autre histoire) comme moyens de fuir un travail salarié souvent rendu toxique (par la course au profit, par les techniques managériales…). Ne pas comprendre cela, c’est inscrire la gauche au début des années 2000. C’est mieux, elle n’a pas 40 ans de retards, mais elle en a toujours 20.

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    • step // 14.02.2023 à 11h32

      (par la course au profit, par les techniques managériales… la perte de sens pour reprendre des mots à la mode dans nos médias.

      Il y a aussi un biais dans son discours sur la pénibilité :
      Bien sûr que les explosés du dos, des genoux avant l’heure doivent être pris en charge par la société (tiens, une question : qui a omis de les protéger convenablement pendant qu’ils étaient « rentables » et demande maintenant à la solidarité de s’en charger maintenant qu’ils sont usés ?). Je connais un carreleur qui ne peut plus plier ses genoux à moins de 60 ans et qui n’a jamais vu, été formé à l’utilisation des prothèses de genoux qui permettent d’amortir le contact dur sol/genoux.

      Mais il y aussi les souffrances de l’immobilité : Une administrative qui après des décennies devant un ordi ne peut plus tourner le cou sans souffrir et dont le « poste adapté » consiste en un collage d’adhésif sur un écran pour le solidariser à une équerre en métal bricolée. La protection des salariés ? Bien sûr mais à conditions que cela ne coute pas d’argent !

      Enfin il serait enfin temps de considérer le cerveau comme un muscle comme les autres, dont la performance baisse progressivement à partir de 40 ans environ, et adapter le parcours professionnel en fonction de cette connaissance. A mettre la pression sur des cerveaux usés, on obtient… des dépressions, de l’épuisement, et en fin de circuit des suicides. Comme l’enterrement d’une collègue auquel je viens d’assister.

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  • Savonarole // 14.02.2023 à 12h56

    Entrevue emblématique du gap entre le politique qui essaye de se faire élire en empilant les catégories sociaux professionnelles et les étiquettes de partis plutot qu’en se concentrant sur des solutions qui pourraient résoudre les problèmes de tous.
    L’éléctorat n’est la propriété d’aucun parti , c’est d’ailleurs en jouant cette petite musique qu’on se retrouve avec des Young leaders à qui on a apris à promettre la lune et à ne pas tenir leur promesses dans tant de pays. Par exemple pas plus tard que le week-end dernier à Chipre.
    Entre les partis, la propagande et le niveau éducatif en baisse , c’est à se demander si la démocratie représentative est encore une forme viable en contexte.

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  • Widget // 14.02.2023 à 13h03

    Je trouve que F. Ruffin à toute sa place sur ce site. Il est un des rares politiciens à avoir une clairvoyance sur le monde qui nous entoure. Il est quasi seul à aller rencontrer, discuter avec les exclu.es et les opprimé.es pour faire de la vraie politique au sens de la vie de la cité. Il est à mon sens devenu politicien pour aller plus loin du travail qu’il faisait en tant que journaliste, et pour mouiller le maillot. Je trouve qu’il s’en sort relativement bien, malgré l’hostilité dont il fait l’objet, y compris chez la France Insoumise qui visiblement n’a pas encore compris ce que c’était la démocratie.

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    • cover // 14.02.2023 à 13h42

      Peut importe l’hostilité dont il fait l’objet : c’est aussi lié au prisme grossissant et déformant des media mainstream. Et peu importe ce qu’il se passe à Paris. Le 4 pages sur les retraites de Fakir a reçu un excellent accueil dans la manif de notre coin de campagne. L’essentiel c’est d’agir .

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  • calal // 14.02.2023 à 14h07

     » avec des forts en thème carriéristes tels Mélenchon. »
    melanchon a eu le courage de s’opposer a une minorite tres vocale en france et particulierement influente a gauche.Il l’a paye voir il continue de le payer ce qui est contradictoire avec votre qualificatif de « carrieriste » .
    [modéré]

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  • cover // 14.02.2023 à 16h21

    Peu importe ce qu’il se passe à Paris. Le 4 pages sur les retraites de Fakir a reçu un excellent accueil dans la manif de notre coin de campagne : que ce soit par les FI, PC, CGT, CFDT et CNT présents, par les hospitaliers, paysans et artisans présents. C’est donc possible, ce n’est pas juste un OVNI ; l’essentiel c’est d’agir . Vos propos sur la NUPES n’engagent que vous …

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  • paul // 14.02.2023 à 18h27

    Demi-tour ! Droite ! Arme au pied !!!

    La boucherie de 14-18

    Donc …

    1926 la chiourme n’est pas suffisamment profitable, il est
    nécessaire de remédier à ce problème …

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Cegos

    Résultat…

    https://www.histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france/2782-la-france-des-annees-1920.html
    Pour la petite bourgeoisie;(encadrement) , les hors cadres , les patrons ,les investisseurs ;
    les banques , les boursicoteurs de tous poils …

    Bien Evidement ; la gueuserie’’ trop bien payée’’… Devra patiemment attendre le bec dans le caviar et Moët & Chandon , pour les miettes du gâteau…

    https://www.cairn.info/la-france-ouvriere–9782708231641-page-57.HTML

    L’histoire béguai et les Vautours’’ nasillent ‘’ par proxy en faisant
    du zèle en skis .

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