Les Crises Les Crises
25.juillet.201825.7.2018 // Les Crises

Index du déshonneur, par Craig Murray

Merci 97
J'envoie

Source : Craig Murray, 22-04-2018

22 avril 2018

La deuxième moitié de ma vie a été un processus continu de désillusion sur les institutions que j’avais respectées. Je suppose que cela a commencé avec le FCO [Foreign and Commonwealth Office, ou bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth, NdT] où je suis passé du statut de plus jeune ambassadeur de Grande-Bretagne à celui de licencié pour m’être opposé à l’utilisation de renseignements provenant de la torture, tout en ayant un point de vue d’initié sur les mensonges au sujet des ADM (armes de destructions massives) irakiennes qui ont servi de prétexte à l’invasion et à l’accaparement des ressources.

J’avais encore un certain respect résiduel pour la BBC, qui a disparu lors du référendum sur l’indépendance écossaise où la propagande de la BBC et le mépris de la vérité étaient vraiment éhontés. Mon amour pour les universités a été mis à rude épreuve pendant ma période comme recteur de l’Université de Dundee, quand j’ai vu à quel point le modèle d’entreprise avait transformé des communautés universitaires qui développaient les gens et recherchaient le savoir, en d’impitoyables machines à produire en série des diplômés irréfléchis et de recherches financièrement rentables, ayant presque complètement perdu toute esprit de communauté. Mon respect pour les organisations caritatives a disparu lorsque j’ai découvert que Save the Children payait son directeur général 370 000 livres sterling et était devenu un havre pour les politiciens du Nouveau Parti travailliste avec des salaires énormes, ce qui explique pourquoi il était si impliqué dans la promotion d’un récit pro-guerre en Syrie. Lorsque Justin Forsyth et Brendan Cox – deux employés aux salaires colossaux qui sont entrés dans Save the Children depuis la porte tournante du bureau de Gordon Brown – ont été démasqués à cause de la prédation sexuelle, cela semblait être le résultat naturel d’organismes de « bienfaisance » dirigés par de riches politicards plutôt que par de simples personnes essayant de faire le bien. Quant au respect du Parlement, eh bien le scandale des frais exagérés et tous ces pédophiles protégés…

Il est devenu difficile de s’accrocher au respect de toute institution, ce qui est troublant.

Ce qui m’amène aux prix annuels de la semaine dernière de Index on Censorship. Les lauréats des prix – de Cuba, de la République démocratique du Congo, du Honduras et de l’Égypte – semblent tous assez dignes, et il y a même un certain écart par rapport à la narration néoconservatrice dans la reconnaissance d’un problème de droits de l’homme en Égypte.

Mais le président d’Index on Censorship est, incroyablement, Rupert Murdoch hack David Aaronovitch, et il a présidé les prix, la semaine même où le journal pour lequel il écrit a produit cette attaque épouvantable contre la liberté d’expression :

À l’intérieur, il y avait une autre attaque de deux pages contre des universitaires nommés qui ont la témérité de demander des preuves des allégations gouvernementales sur la Syrie, y compris les distingués professeurs Tim Hayward, Paul McKeigue et Piers Robinson. Le Times a également attaqué des journalistes et blogueurs nommés et, pour couronner le tout, a terminé avec une chronique alléguant une collusion entre les nationalistes écossais et l’État russe.

Il n’est malheureusement pas surprenant que le président de « Index on Censorship » soit associé à ce genre d’attaque contre la liberté d’expression, la liberté de pensée et la liberté de recherche. La liste des invités de la cérémonie de l’Index avait une teinte distincte de droite, y compris A.C. Grayling et Sara Khan, ainsi qu’un bonne poignée de gens de la BBC, qui était également représentée au sein du jury. L’ironie du fait que le radiodiffuseur d’État fasse partie d’un groupe d’experts sur la liberté d’expression est manifestement perdue.

J’ai réalisé que quelque chose n’allait pas du tout avec Index on Censorship lorsque je les ai contactés il y a plus d’une décennie, lorsque Jack Straw a tenté d’interdire la publication de mon livre Murder in Samarkand, après qu’il eut passé avec succès le processus exhaustif d’autorisation du FCO au cours d’une année longue et fastidieuse. J’ai essayé de les intéresser à nouveau lorsque mon deuxième livre The Catholic Orangemen of Togo a été abandonné par mon éditeur suite aux menaces de diffamation du commandant mercenaire Tim Spicer d’Aegis/Executive Outcomes/Sandline. Dans les deux cas, on m’a dit que John Kampfner, alors directeur général d’Index, ne considérait pas ces tentatives d’interdiction de livres comme des incidents de censure. Probablement parce qu’elles n’avaient pas lieu dans un endroit comme Cuba ou le Zimbabwe…

L’attaque vraiment épouvantable du Times contre les universitaires faisait partie d’une campagne coordonnée et dirigée par le gouvernement pour délégitimer quiconque doute du récit officiel de Salisbury et de la Syrie. La BBC a pesé dans la balance avec cet acte effroyable :

Le gouvernement a alors publié un communiqué de presse ridicule qualifiant les gens honnêtes de « bots russes » juste pour s’être opposés à la politique britannique en Syrie. Dans un épisode de maccarthysme si macabre que je ne peux croire que cela arrive vraiment, un homme apparemment sympathique et normal appelé Ian a été passé au grill en direct sur Sky News de Murdoch, après avoir été désigné par son propre gouvernement comme un robot russe.

Le Guardian a publié sans critique les accusations du gouvernement dans leur intégralité, et a semblé étonnamment fier de ne pas avoir tenté d’enquêter sur leur véracité, mais d’avoir simplement publié ce que le gouvernement souhaitait qu’ils publient :

Le Guardian était naturellement aussi fiable que la BBC pour faire passer le message que quiconque doutait de la parole du gouvernement sur la Syrie était un négationniste de la vérité :

M. Freedland est bien sûr une représentation parfaite d’un fait intéressant. Ceux qui nous disent le plus activement que nous devons attaquer la Syrie, et que quiconque remet en question les prétextes du gouvernement est fou ou mauvais, sont précisément les mêmes personnes qui ont soutenu la guerre en Irak et attaqué ceux qui doutaient de l’existence des ADM irakiennes. En effet, ces personnes – Jonathan Freedland, David Aaronovitch, Oliver Kamm, Alan Mendoza, Andrew Rawnsley, John Rentoul, Nick Cohen – sont les leaders du petit nombre insignifiant de personnes qui croient encore que l’invasion de l’Irak était à la fois justifiée et bénéfique dans ses résultats.

Pourtant, ces personnes qui ont prouvé leurs lamentables capacité de jugement, eux et d’autres de leur classe médiatique, sont les arbitres qui sont autorisés à dicter les termes de ce qui est et de ce qui n’est pas une déclaration publique acceptable sur la situation en Syrie.

Lorsque Jeremy Corbyn est devenu chef de l’opposition, il fallait que l’une des deux choses suivantes se produise. Soit la fenêtre d’Overton [La fenêtre d’Overton, aussi connue comme la fenêtre de discours, est la gamme d’idées que le public acceptera, NdT] devait être déplacée pour refléter les vues du chef de l’opposition officielle et de ses innombrables partisans, soit le chef de l’opposition devait être fustigé et humilié comme un fou déraisonnable. Le scepticisme rationnel de Corbyn à l’égard de la participation britannique au conflit en Syrie est un moment clé de ce processus. Malgré le fait que le scepticisme de Corbyn est soutenu par un large éventail d’opinions diplomatiques et militaires au Royaume-Uni, il doit être présenté comme marginal, extrême et irrationnel.

Nous avons donc le spectacle extraordinaire d’un gouvernement coordonné et d’une attaque médiatique contre quiconque doute de leurs récits entièrement détachés des faits. Ceux qui se sont manifestement trompés complètement sur l’Irak sont présentés comme infaillibles et ont le plein contrôle de toutes les plateformes médiatiques de l’État et des entreprises, où ils se moquent de ceux qui avaient raison sur l’Irak comme des fêlés et des robots russes.

Entre-temps, la confiance du public dans les médias d’État et les médias d’entreprise atteint de nouveaux creux, ce qui est la partie heureuse de cette histoire.

Source : Craig Murray, 22-04-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

RGT // 25.07.2018 à 08h05

J’aimerais savoir ce que feront tous ces « grands-petits hommes » quand un retour de balancier mettra en évidences toutes les turpitudes auxquelles ils se sont livrées.

Pour sûr, leur première réaction sera d’accuser les « ennemis de la Démocratie » (au choix : Poutine, Kim Jong Hun, Marc Dutroux, … complétez la liste).

Ensuite ils invoqueront le « conspirationnisme » qui s’acharne sur la « Vérité toute nue ».

Mais heureusement, ne vous en faites pas, ça ne risque pas trop d’arriver, l’accès aux moyens de diffusion d’informations de masse reste quand-même très bien verrouillé et aucun « chien de garde » ne prendra le risque de mordre la main qui le nourrit.

Et il n’est pas nécessaire d’aller chercher la source du problème dans de quelconques « idéologies », c’est juste pour chaque maillon de la chaîne le moyen de préserver ses moyens d’existence honteusement indus.

Imaginez seulement ces ploutocrates et leurs serviles « assistants » (médiatiques, politiques, etc…) aller pointer à Pôle Emploi et vivre dans un carton défoncé sous un pont.

Ils se serreront les coudes et se battront jusqu’à la mort pour éviter ça.

22 réactions et commentaires

  • Pierre D // 25.07.2018 à 06h00

    L’important n’est pas que ces nouvelles soient vraies ou fausses, mais c’est que dès qu’on en discute on légalise nos forfaits perpétrés en leur nom.

    La vraie question n’est pas de savoir si Saddam Hussein est un tyran ou pas, mais: au nom de quoi sommes-nous autorisés à intervenir en Syrie?

    La question n’est pas « ce que les autres font aux autres » mais « ce que nous faisons aux autres »… parce que c’est dans cette question et dans nulle autre que réside notre véritable responsabilité… tout le reste n’est qu’arguties.

      +41

    Alerter
    • RGT // 25.07.2018 à 08h05

      J’aimerais savoir ce que feront tous ces « grands-petits hommes » quand un retour de balancier mettra en évidences toutes les turpitudes auxquelles ils se sont livrées.

      Pour sûr, leur première réaction sera d’accuser les « ennemis de la Démocratie » (au choix : Poutine, Kim Jong Hun, Marc Dutroux, … complétez la liste).

      Ensuite ils invoqueront le « conspirationnisme » qui s’acharne sur la « Vérité toute nue ».

      Mais heureusement, ne vous en faites pas, ça ne risque pas trop d’arriver, l’accès aux moyens de diffusion d’informations de masse reste quand-même très bien verrouillé et aucun « chien de garde » ne prendra le risque de mordre la main qui le nourrit.

      Et il n’est pas nécessaire d’aller chercher la source du problème dans de quelconques « idéologies », c’est juste pour chaque maillon de la chaîne le moyen de préserver ses moyens d’existence honteusement indus.

      Imaginez seulement ces ploutocrates et leurs serviles « assistants » (médiatiques, politiques, etc…) aller pointer à Pôle Emploi et vivre dans un carton défoncé sous un pont.

      Ils se serreront les coudes et se battront jusqu’à la mort pour éviter ça.

        +46

      Alerter
      • Le Belge // 25.07.2018 à 10h27

        La dernière fois, en France, c’est en 1789 que le retour de bâton s’est produit. Malheureusement, ceux qui ont pris le pouvoir ont littéralement singer la noblesse en se prenant pour des gens très important alors qu’ils sortaient du petit peuple et ont confié le pouvoir à un Bokassa avant la lettre (vous savez, le vaincu de Waterloo, le 18 juin 1815), général sans loyauté et aventurier au possible. Ils écrivirent des lois interdisant les coalitions ouvrières (la loi Lechapelier), rabaissèrent la femme au rang de mineur à vie (alors que les femmes avaient le droit de donner leur avis lors de la convocation des Etats-Généraux et pouvaient élire les édiles locales), renforcèrent l’esclavage dans les fameuses iles à sucre, déclarèrent la guerre à toute l’Europe pour la piller et assassinèrent le mieux formé et éduqué des chefs d’Etat que la France n’aie jamais eu (Louis XVI, le seul chef d’Etat français a pouvoir parler six langues).
        La prochaine fois arrive, mais la vigilance s’imposera pour que ça ne dérape pas comme en 1789.
        Macron n’est pas légitime, ni même (si on applique le prince qu’un citoyen est automatiquement électeur) démocratiquement élu. Cette ploutocratie parisienne ne l’est pas non plus. Ils seront, bientôt, déchus.

          +9

        Alerter
        • Sandrine // 25.07.2018 à 11h21

          « ’ils sortaient du petit peuple »… Ben non, pas exactement.
          C’était bien là tout le problème justement.

            +14

          Alerter
        • RGT // 26.07.2018 à 08h11

          Erreur, ils ne sortaient pas du peuple, ils étaient tous des bons bourgeois bien dodus et se sont vite débarrassés des quelques « gueux » qui les gênaient.

          N’oubliez surtout pas que leur référence était Voltaire, membre de la même caste et qui trouvait normal d’exploiter les moins nantis.

          Ils ont réussi à être califes à la place du calife.

          De toutes façons, depuis que les humains se sont « socialisés » TOUTES les révolutions importantes ne furent que des révolutions de palais qui ont permis de renouveler l’aristocratie au dépens du peuple qui a été instrumentalisé.

          Les rares exceptions (Cuba par exemple) sont insignifiantes et servent surtout, suite à une propagande « salvatrice » à effrayer les populaces des autres contrées pour qu’elles restent dans le « droit chemin ».

          Quand une révolution risque réellement de foutre le bordel dans un pays en risquant de servir d’exemple aux autres peuples il suffit d’appeler Franco, Pinochet, voire Trotsky pour réparer l’affront.

            +5

          Alerter
      • raouf // 25.07.2018 à 14h06

        RGT

        Je profite votre commentaire, très intéressant , pour lancer un cri, dans le désert d’internet, pour la défense de l’expression en français.

        Je vous suggère donc d’utiliser ‘pure vérité’ ou une autre expression du français, plutôt que ‘vérité nue’ qui sonne comme un calque de l’anglais.
        « Conspirationniste » est entré dans notre langue; que va devenir « complotiste » ?

        Bien sûr, ces deux exemples anodins ne portent guère à conséquence.
        Le danger pour nous est de ne plus avoir de mots autres que empruntés à une langue et donc à une logique, étrangères.
        Le risque est de n’utiliser que des mots-concepts pensés en anglais à partir d’un lexique anglais.

        Il n’y a aucun intérêt pour nous à penser_ ni a nous exprimer ainsi. Sauf si bien sûr nous voulons nous appauvrir de nous outils de raisonnement.
        Il n’y a pas non plus de nécessité. Avec un peu de vocabulaire et de créativité, nous pouvons tout dire dans note langue et ainsi pouvoir penser les choses, le monde, à notre mode.

        Je précise que je n’ai que de la sympathie pour le message de rgt et pour la belle langue anglaise.

          +9

        Alerter
        • lvzor // 25.07.2018 à 21h16

          Pour « la vérité (toute) nue », il faudra étendre votre critique à des anglomanes furieux tels que Robert Arnauld d’Andilly (1589 – 1674) auteur de « La vérité toute nue », 1652, ou Saint-Simon (1675 – 1755) dans ses mémoires, sans mentionner ma grand-mère dont c’était une expression favorite.
          https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Arnauld_d%27Andilly
          https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_de_Rouvroy_de_Saint-Simon#cite_note-Mémoires,_vol.V1985469«_Caractère_de_Louis_XIV_»-93

            +3

          Alerter
        • RGT // 26.07.2018 à 08h21

          Je suis un grand défenseur de la langue Française (loi de 1994 que je cite en permanence au boulot, ce qui me vaut le privilège d’être considéré comme un « emmerdeur ») et je peux vous confirmer que le terme « vérité toute nue » est un gallicisme pur jus.

          Ou au moins un « allobrogisme » du même métal.

          Je n’ai pas connaissance d’un équivalent dans la langue de Donald Trump ou dans celle de Margaret Tatcher.
          A moins qu’il ne s’agisse d’une expression française qui ait été importée par Guillaume le conquérant à l’insu de mon plein gré, comme de nombreuses expressions « britiches » d’ailleurs (honni soit qui mal y pense !!!).

          Je vous invite d’ailleurs à lire quelques-uns de mes commentaires dans lesquels j’étrille avec volupté touts les anglicismes que je trouve incongrus.

          Cordialement,

            +2

          Alerter
      • Koui // 25.07.2018 à 18h57

        Pour les armes de Saddam Hussein, ils ont dit que leur erreur était due aux mensonges et tergiversations du tyran irakien, mais que c’était finalement positif de l’avoir éliminé. Ces gens la croient leurs propres mensonges et en inventent d’autres quand ils sont obligés de reconnaître leur fausseté. Hitler aurait apporte de fausses armes de destruction massives en Irak car c’était un fou criminel cynique et non un idiot affabulateur. Bush, Blair et leurs journalistes croient réellement que leur invasion de l’Irak a fait 100000 morts et pas 2 millions. Parce que le second chiffre leur paraîtra toujours exagéré. Ce sont des idéologues aveugles comme les communistes au temps de Staline mais avec la corruption comme substitut au lendemain qui chante.

          +4

        Alerter
    • Francil // 25.07.2018 à 08h41

      « La question n’est pas “ce que les autres font aux autres” mais “ce que nous faisons aux autres”… parce que c’est dans cette question et dans nulle autre que réside notre véritable responsabilité… tout le reste n’est qu’arguties. »

      C’était le discours de Chomsky à l’époque, que je trouvais très sain. Balayer devant notre porte ne signifie pas croire que seul l’Occident est responsable à lui seul de tous les travers du monde, simplement qu’en théorie c’est la seule zone où nous avons de l’impact en temps que suj… citoyens de nos pays respectifs.

      Ce n’est pas être un « apologiste » de Poutine ou d’Assad que de refuser d’avaler sans ciller les salades dignes des « si vous n’êtes pas avec nous vous êtes contre nous » ou « l’axe du mal » puérils de Bush Jr.

      Aujourd’hui les allégations sur les interférences russes dans l’élection américaine ont tellement été ressassées sans preuves que je m’attends bientôt à ce que cela soit inscrit dans les livres d’histoire, tant nos humoristes, journalistes et contemporains le répètent comme si c’était une vérité incontournable. L’intimidation culturelle prévient le débat et jette l’opprobre sur les rares courageux qui osent émettre des doutes ou simplement rappeler que rien n’est factuel dans cette histoire. C’est désespérant de voir des personnages publics qui ont ma sympathie répéter des âneries car ils n’ont jamais creusé l’affaire en-dehors de la doxa.

      Cette époque post 11 septembre 2001 en Occident est un désastre pour le débat public et l’honnêteté intellectuelle, ça va faire 20 ans que la corporation journalistique se torche fièrement avec la charte de Munich, sauf que maintenant avec Internet, ça se voit. J’espère que de plus en plus de gens curieux vont trébucher sur l’anachronisme de trop dans le discours convenu de ces médias, j’espère que les petits messagers va-t-en-guerre de l’OTAN sentiront le vent tourner de mon vivant.

        +28

      Alerter
  • relc // 25.07.2018 à 07h22

    « Mais le président d’Index on Censorship est, incroyablement, Rupert Murdoch hack David Aaronovitch »

    lire
    « … est, incroyablement, le pisse-copies de proue de Rupert Murdoch »
    « … is, incredibly, Rupert Murdoch lead hack David Aaronovitch, »

    hack = un journaleux, un type de peu d’estime, qui ne se soucie pas de ce qu’il écrit du moment qu’on le paie.

    Rupert Murdoch est, comme chacun sait, le grand magnat de la presse, propriétaire en particulier du Times, où David Aaronovitch tient une chronique.

    ===========

    « le spectacle extraordinaire d’un gouvernement coordonné et d’une attaque médiatique »

    lire
    « … d’une attaque coordonnée du gouvernement et des médias »

     » a coordinated government and media onslaught  »
    = « a coordinated (government and media) onslaught »
    et pas
    « (a coordinated government) and (media onslaught) »

      +31

    Alerter
  • Pepin Lecourt // 25.07.2018 à 08h55

    Plus le temps passe et pire cela devient !

    Il y a-t-il un espoir auquel on puisse se rattacher ?

    Je ne vois rien poindre à l’horizon !

      +6

    Alerter
    • V_Parlier // 25.07.2018 à 11h01

      En effet, autant cet article est excellent autant il me désespère une fois de plus. (En tout cas inutile d’aller au Royaume Uni si on veut fuir les problèmes de la France. Ca semble même pire encore).

        +7

      Alerter
    • bluetonga // 25.07.2018 à 17h59

      L’espoir, c’est une réalité simple et incontestable, à savoir que la propagande en question est coincée dans une spirale de surenchère qui ne fait que la discréditer davantage au fil des jours. Il suffit par exemple d’aller jeter un coup d’œil aux fils de commentaires des articles russophobes mainstream pour se rendre compte que les dissidences d’opinions enflent chaque jour au sein du lectorat (en gardant encore à l’esprit que nombre d’entre-eux sont censurés ou simplement que les lecteurs ne se donnent pas la peine de réagir). Les gens sont de moins en moins dupes alors que les médias et gouvernements sont obligés d’en remettre une couche pour alourdir encore le trait de narratives déjà grotesques.

      Pour s’en convaincre, une récente étude de l’institut Gallup aux USA (juin 2018):

      https://news.gallup.com/poll/1675/Most-Important-Problem.aspx

      A la question : « quelle sont les plus grands sujets d’inquiétude que la nation doit affronter aujourd’hui? », moins de 0.5% des Américains répondent « la situation avec la Russie ». Les médias occidentaux ont beau se déchaîner, leurs citoyens s’en foutent éperdument. Sans doute que tout ce battage teinte la perception de la Russie (ou de la Syrie d’Assad, ou des républiques du Donbass, etc.) d’une coloration négative, mais il s’agit d’un vernis d’opinion très superficiel, et à mon avis facilement et rapidement réversible.

        +3

      Alerter
  • christiangedeon // 25.07.2018 à 09h26

    la question est :pourquoi ca se passe comme çà.? La « propagande  » n’existe pas d’aujourd’hui.Elle est vieille comme la politique et le pouvoir.Ce qui a profondement changé,c’est la force de frappe de cette propagande omniprésente qui utilise les incroyables moyens que fournissent aujouid’hui les médias « instantanés ». Ca matraque partout,tout le temps,jour et nuit avec une demultiplication sans limite. Ce qui a profondement changé aussi,c’est la r’sistance de plus en plus faible « des masses  » à la pénetration des messages omniprésents,avec un temps de réflexion réduit comme peau de chagrin. Et hélas,ce qui a profondément changé aussi,c’est la baisse générale de la culture historique,géographique, et politique au sens premier du terme,qui facilite, oh combien, le prêt à penser. Surtout si on le présente sous le camouflage « des libertés » et des « droits de l’homme « (dernier exemple en date, »le sauvetage des casques blancs qui fait pleurer dans les chaumières). C’est bien triste,mais les seuls responsables ne sont pas les manipulateurs. Les manipulés ont leur part de responsabilité,et elle n’est pas mince. Une évolution doit commencer par là. Et ca ne paraît pas être pour demain. le monde 2.0 ou 3 ou 4.0 comme on voudra,me paraît plus proche du zéro que du reste.

      +13

    Alerter
  • Master8 // 25.07.2018 à 10h00

    Difficile en effet d’avoir de l’espoir à l’échelle internationale ou nationale. Il y en en revanche aux échelles individuelles, associatives, communales etc. Avec parfois des remontées réelles ! Le colibri qui fait ce qu’il peut contre l’incendie toussa toussa…

      +5

    Alerter
  • Le Rouméliote // 25.07.2018 à 10h03

    Il est plein de bon sens, ce brave homme. Il s’aperçoit que le système ne tourne plus vraiment rond et que la propagande domine à tous les étages, avec un autre exemple : https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-185244-opinion-le-scepticisme-face-au-changement-climatique-ne-fait-pas-de-vous-un-complotiste-2193886.php#
    On se croirait en France ! Et c’est partout en Occident. Mais la bonne question est : pourquoi ? Et là, on attend des enquêtes, puis des réponses.

      +1

    Alerter
  • Tonton Poupou // 25.07.2018 à 10h04

    comme disait l’autre :
    « Si vous ne lisez pas la presse vous n’êtes pas informé. Si vous lisez la presse vous êtes mal informé. »

      +3

    Alerter
  • Chris // 25.07.2018 à 14h11

    « La deuxième moitié de ma vie a été un processus continu de désillusion sur les institutions que j’avais respectées »
    J’ai une longueur d’avance sur Craig, car je me suis toujours placée hors système, observatrice analytique impitoyable, tout en l’utilisant pour ma modeste survie sans me compromettre : un exercice d’équilibriste comportant heurts et malheurs. Faut pas être carriériste, même si finalement la carrière est honorable. A 40 ans, j’avais bouclé la boucle.
    Le plus difficile ? Accepter la solitude intellectuelle y compris avec ses proches !
    Vivre avec ce scepticisme sans tomber dans la désespérance en misant sur les sentiments positifs que tout humain recèle… et se taire au bon moment !

      +14

    Alerter
  • Nerouiev // 25.07.2018 à 14h14

    Ce n’est pas par manque de pierres que l’âge de pierre a pris fin. Quelque chose de plus sain est en train de se bâtir ailleurs et nous y serons fatalement transportés parce qu’il correspond à nos aspirations, objet de notre révolte interne actuelle, et partagée par le plus grand nombre.

      +4

    Alerter
  • Brigitte // 25.07.2018 à 18h49

    je me demande ce que ce monsieur Craig Murray pense de l’affaire skripal et du flacon de parfum trouvé par un type et offert à sa compagne, sans même l’avoir testé lui même sur sa peau ou au moins reniflé?
    Le parfum est-il si cher outre manche que l’on ramasse la moindre fiole qui traine pour en faire un cadeau (empoisonné)?

      +3

    Alerter
  • Afficher tous les commentaires

Les commentaires sont fermés.

Et recevez nos publications