Source : Foreign Affairs, Philip H. Gordon
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Depuis les années 1950, les États-Unis ont tenté d’évincer des gouvernements du Moyen-Orient une fois par décennie en moyenne. Ils l’ont fait en Iran, en Afghanistan (deux fois), en Irak, en Égypte, en Libye et en Syrie – une liste qui ne comprend que les cas où la destitution des dirigeants d’un pays et la transformation de son système politique étaient les objectifs de la politique américaine, et où Washington a fait des efforts soutenus pour les atteindre. Les motifs de ces interventions ont été très variés, tout comme les méthodes de Washington : dans certains cas, il s’agissait de parrainer un coup d’État, dans d’autres, d’envahir et d’occuper un pays, et dans d’autres encore, de s’appuyer sur la diplomatie, la rhétorique et les sanctions.
Toutes ces tentatives ont cependant un point commun : elles ont échoué. Dans tous les cas, les décideurs politiques américains ont surestimé la menace à laquelle les États-Unis étaient confrontés, ont sous-estimé les défis que représente l’éviction d’un régime et ont cru aux assurances optimistes d’exilés ou d’acteurs locaux peu puissants. Dans tous les cas, sauf celui de la Syrie (où le régime s’est maintenu au pouvoir), les États-Unis ont prématurément déclaré la victoire, n’ont pas su anticiper le chaos qui allait inévitablement s’ensuivre après l’effondrement du régime et se sont finalement retrouvés à supporter des coûts humains et financiers massifs pour les décennies à suivre.
Pourquoi un changement de régime au Moyen-Orient est-il si difficile ? Et pourquoi les dirigeants et les experts américains continuent-ils à penser qu’ils peuvent y arriver ? Il n’y a pas de réponses faciles à ces questions, et il est important de reconnaître que dans chaque cas, les alternatives au changement de régime étaient peu attrayantes. Mais lorsque les décideurs politiques américains considèrent les défis à relever dans cette région difficile, ils devraient constater les tendances à l’aveuglement et les erreurs de jugement qui ont rendu le changement de régime si tentant et, en fin de compte, si désastreux.
Un peu d’histoire
En 2011, alors que les hauts fonctionnaires débattent de l’opportunité pour les États-Unis d’utiliser la force militaire contre le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, le secrétaire américain à la Défense Robert Gates – le membre le plus expérimenté de l’équipe de sécurité nationale du président Barack Obama – a rappelé à ses collègues que « quand on commence une guerre, on ne sait jamais comment elle va se dérouler ». L’avertissement de Gates était un euphémisme : dans chaque cas, même s’il a été soigneusement préparé, le changement de régime au Moyen-Orient a eu des conséquences imprévues et malvenues. L’exemple le plus frappant de ce phénomène est sans doute l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003, lorsque Washington a mis fin au régime de Saddam Hussein mais a aussi, par inadvertance, donné le pouvoir à l’Iran, alimenté le djihadisme, démontré aux dictateurs du monde entier la valeur potentielle de la possession d’armes nucléaires (pour dissuader de telles invasions), accru les doutes dans le monde entier sur la bienveillance de la puissance américaine et aigri l’opinion publique américaine sur l’intervention militaire pour les décennies à venir.
L’Irak était à peine une exception : dans tous les autres cas, les conséquences les plus importantes ont été involontaires. En Iran, en 1953, la CIA a aidé à évincer le Premier ministre nationaliste irritable Mohammad Mosaddeq, espérant qu’une fois ce dernier évincé, le shah iranien, Mohammad Reza Pahlavi, serait un allié régional plus fiable et maintiendrait l’Iran hors du camp soviétique. Mais la corruption débridée du shah et la dure répression – encouragée par ses bienfaiteurs américains – ont finalement conduit à la révolution de 1979, qui a porté au pouvoir un régime islamiste intensément anti-américain soutenant le terrorisme et déstabilisant la région depuis lors.
En Afghanistan dans les années 1980, le soutien américain aux moudjahidines islamistes a contribué à miner l’Union soviétique, mais aussi a mené à une décennie de chaos, à une guerre civile, à la montée du gouvernement taliban brutal, à un mouvement jihadiste mondial renforcé – et, finalement, à une autre intervention militaire américaine, après les attaques du 11 Septembre 2001, qui ont été planifiées par les terroristes d’Al-Qaïda basés en Afghanistan. Après un soulèvement populaire en Égypte en 2011, les États-Unis ont utilisé leur influence diplomatique pour aider à mettre fin au régime répressif de Hosni Moubarak, qui durait depuis des décennies. La situation s’est toutefois détériorée dans les années qui ont suivi. En 2012, des élections ont porté au pouvoir un gouvernement islamiste exclusif. L’année suivante, ce gouvernement a été violemment renversé et remplacé par un nouveau régime militaire dirigé par le général Abdel Fattah el-Sisi, qui s’est avéré encore plus répressif que celui de Moubarak.
Chaque fois qu’un régime existant est détruit, un vide politique et sécuritaire émerge et une lutte pour le pouvoir commence.
En 2011, l’éviction de Kadhafi soutenue par les États-Unis et l’effondrement de l’État libyen qui a suivi ont conduit à une violence généralisée, ont permis aux armes de proliférer dans la région, ont exacerbé l’instabilité au Tchad et au Mali voisins, et ont renforcé la détermination de la Russie à ne plus jamais permettre au Conseil de sécurité de l’ONU d’adopter une résolution qui faciliterait un changement de régime, comme elle l’a fait dans le cas de la Libye. Les partisans d’un changement de régime en Libye avaient espéré que le renversement de Kadhafi amènerait d’autres dictateurs à accepter de quitter le pouvoir ou à subir le sort de Kadhafi. En fait, l’intervention a eu l’effet inverse. En Syrie, par exemple, le président Bachar al-Assad a vu Kadhafi brutalement torturé et tué par les rebelles libyens et a décidé de sévir encore plus impitoyablement contre ses opposants, créant ainsi une opportunité pour les jihadistes, qui se sont ensuite répandus en Irak voisin et y ont sapé le gouvernement.
La tentative des États-Unis et d’autres pays de destituer Assad en soutenant les rebelles de l’opposition s’est avérée encore plus catastrophique. La Russie et l’Iran étant déterminés à maintenir Assad au pouvoir, des années d’assistance militaire extérieure à l’opposition syrienne ont conduit non pas à l’éviction d’Assad comme prévu, mais plutôt à une contre-escalade de son régime et de ses commanditaires étrangers, alimentant une guerre civile féroce, une tragédie humanitaire, des flux de réfugiés d’une ampleur jamais vue depuis la Seconde Guerre mondiale (qui ont eux-mêmes provoqué un contrecoup populiste en Europe), et une explosion de l’extrémisme jihadiste. La volonté de renverser le meurtrier Assad était compréhensible. Mais les conséquences du renversement raté – en partie parce que personne n’avait envie d’envahir et d’occuper la Syrie moins d’une décennie après le désastre irakien – se sont avérées pires que de ne rien faire du tout.
La nature a horreur du vide
Le cœur du problème est que chaque fois qu’un régime existant est détruit (ou même simplement fortement affaibli par des forces extérieures, comme en Syrie), un vide politique et sécuritaire apparaît et une lutte de pouvoir s’engage. En l’absence de sécurité, les gens n’ont d’autre choix que de s’organiser, de s’armer et de se tourner vers des réseaux de parenté, des tribus et des sectes pour se mettre à l’abri, ce qui exacerbe le sectarisme et les rivalités internes et conduit parfois à des demandes de sécession. Dans la perspective d’une intervention, des groupes ayant peu en commun forment des coalitions de convenance. Mais une fois le régime tombé, ils se dressent rapidement les uns contre les autres. Trop souvent, les groupes les plus extrêmes ou violents l’emportent et les forces plus modérées ou pragmatiques sont mises sur la touche ; inévitablement, les exclus du pouvoir s’emploient à saper ceux qui s’en sont emparés.
Lorsque les États-Unis ont essayé de combler le vide eux-mêmes, comme ils l’ont fait en Irak et parfois en Afghanistan, ils se sont retrouvés la cible des populations locales et des États voisins qui résistaient à l’ingérence étrangère et ont fini par sacrifier des milliers de vies et dépenser des milliards de dollars sans parvenir pour autant à créer la stabilité.
Le vide sécuritaire créé par le changement de régime ne met pas seulement en place une lutte pour le pouvoir au sein des États, mais génère aussi invariablement une concurrence impitoyable entre les rivaux régionaux. Lorsque les gouvernements tombent (ou semblent susceptibles de le faire), les puissances régionales et même mondiales se précipitent avec de l’argent, des armes et parfois une force militaire directe pour mettre leurs propres représentants au pouvoir et attirer le pays dans leur orbite. L’affirmation répétée de la secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice, à l’époque de la guerre en Irak, selon laquelle la recherche par Washington de la « stabilité aux dépens de la démocratie » au Moyen-Orient n’avait produit ni l’une ni l’autre, n’est pas globalement vraie. Mais il s’est avéré qu’elle avait un corollaire, à savoir que la poursuite de la démocratie aux dépens de la stabilité pouvait également ne produire ni l’une ni l’autre, mais à un coût encore plus élevé.
Les interventions bien intentionnées au Moyen-Orient ont souvent conduit à une résistance violente.
Les Américains aiment à croire que leurs interventions à l’étranger sont généreuses, bénignes et largement appréciées, mais il s’avère que même lorsqu’elles contribuent à renverser des régimes impopulaires, elles ne sont pas nécessairement saluées comme libératrices. En effet, même les interventions bien intentionnées au Moyen-Orient ont souvent conduit à une résistance violente. Après le coup d’État de 1953 en Iran, l’antipathie envers les États-Unis pour avoir donné le pouvoir au shah dictatorial a conduit à un anti-américanisme virulent qui perdure encore aujourd’hui. En Afghanistan, où la suspicion à l’égard des étrangers est profonde, Hamid Karzaï, le leader que Washington a favorisé après son invasion en 2001, n’a jamais pu échapper à l’impression des Afghans qu’il était au pouvoir et soutenu par les étrangers. Aujourd’hui, débarrasser le pays des troupes américaines d’occupation reste le principal cri de ralliement de l’opposition talibane. La prédiction la plus célèbre du vice-président américain Dick Cheney, selon laquelle les troupes américaines seraient « saluées comme des libérateurs » en Irak, s’est avérée totalement fausse et a été suivie par des années d’insurrection anti-américaine sanglante.
Même les dirigeants prétendument amis que les États-Unis ont mis en place n’ont pas toujours agi selon les souhaits de Washington. Après tout, ils ont leurs propres intérêts locaux dont ils doivent se préoccuper et doivent souvent tenir tête à des puissances extérieures pour renforcer leur légitimité. Ils ont souvent défié Washington sur toute une série de questions nationales et internationales, sachant que leurs parrains américains n’avaient guère d’autre choix que de continuer à les soutenir. Et loin d’exercer une influence positive sur ces dirigeants et d’aider les États-Unis à surmonter ces défis, de nombreux acteurs régionaux et mondiaux font exactement le contraire. Pendant des décennies, le Pakistan a contribué à contrecarrer les efforts des États-Unis pour stabiliser l’Afghanistan. L’Iran a sapé les efforts américains en Irak en soutenant de violentes milices chiites. La Libye a été déchirée par des puissances extérieures concurrentes soutenant des puissances rivales. Et en Syrie, la Russie et l’Iran – déterminés à saper le changement de régime parrainé par les États-Unis en partie pour éviter que les Américains n’aient l’idée de l’essayer un jour à Moscou ou à Téhéran – ont répondu à l’escalade américaine par une contre-escalade de leur propre chef. Ces fauteurs de troubles régionaux réussissent souvent parce qu’ils ont plus d’influence locale et plus d’enjeux que les États-Unis, et il est beaucoup plus facile de provoquer le chaos que de l’empêcher.
Les interventions américaines les plus récentes au Moyen-Orient ont cherché à remplacer les régimes autocratiques par des gouvernements démocratiques. Mais même si ces actions avaient permis d’éviter les écueils posés par les lacunes en matière de sécurité, la résistance populaire et les représentants indignes de confiance, il est peu probable qu’elles auraient permis de mettre en place de nouvelles démocraties. Bien qu’il n’existe pas de recettes claires en matière de développement démocratique, des recherches scientifiques approfondies suggèrent que les principaux ingrédients comprennent un niveau élevé de développement économique ; une forte présence ethnique, politique et culturelle qui soit homogène (ou au moins une histoire nationale commune) ; et l’existence préalable de normes, pratiques et institutions démocratiques. Malheureusement, les États du Moyen-Orient contemporain ne possèdent pas tous ces attributs. Rien de tout cela ne signifie que la démocratie y soit impossible ou que la promotion de la démocratie ne devrait pas être une aspiration américaine. Mais cela suggère que la poursuite d’un changement de régime au Moyen-Orient dans l’espoir qu’il conduise à un développement démocratique relève à la limite d’un vœu pieux.
L’apprentissage à la dure
Le désir profondément ancré des Américains de régler les problèmes du Moyen-Orient est à bien des égards honorable, mais il peut aussi être dangereux. La dure réalité – démontrée par des décennies d’expérience douloureuse dans la région – est qu’il y a des problèmes qui ne peuvent pas être entièrement résolus et que tenter de les résoudre aggrave parfois les choses.
Une partie du problème est que les décideurs politiques américains n’ont souvent pas une connaissance approfondie des pays en question, ce qui les rend susceptibles d’être manipulés par des acteurs ayant leurs propres intérêts. L’exemple le plus célèbre est celui de l’exilé irakien Ahmed Chalabi, qui a contribué à convaincre les hauts fonctionnaires de l’administration George W. Bush que l’Irak possédait des armes de destruction massive et que les forces américaines seraient accueillies comme des libérateurs en Irak. Des années après l’invasion, les autorités irakiennes ont arrêté Chalabi, accusé de contrefaçon et d’avoir prétendument travaillé à la promotion des intérêts de l’Iran. Des scénarios similaires se sont déroulés en Libye, en Syrie et ailleurs, où même des exilés bien intentionnés ont dit aux Américains et à d’autres ce qu’ils voulaient entendre afin de gagner le soutien des pays les plus puissants du monde. Dans chaque cas, cela a conduit à des erreurs de calcul massives sur ce qui allait se passer à la suite de l’intervention américaine, presque toujours dans le sens d’un optimisme excessif.
Le changement de régime tentera toujours Washington.
Les Américains continuent également à placer leurs espoirs dans leur expérience en matière de politique au Moyen-Orient, en raison d’une tendance persistante à sous-estimer le degré de ressources et d’engagement qu’il faudra pour se débarrasser d’un régime hostile, et stabiliser la situation une fois qu’il aura disparu. Mais de nombreuses décennies d’expérience démontrent que les régimes autocratiques ne renoncent jamais au pouvoir face aux seules sanctions économiques (qui font plus de mal au peuple qu’aux dirigeants) ou même face à une force militaire modeste. De nombreux dirigeants du Moyen-Orient ont été prêts à prendre des risques et même à perdre la vie plutôt que d’abandonner leur pouvoir volontairement. Il en résulte que lorsque les États-Unis veulent se débarrasser de ces dirigeants, ils doivent aller bien au-delà des remèdes peu coûteux souvent proposés par les partisans d’un changement de régime, comme la mise en place de zones d’exclusion aérienne, les frappes aériennes et la fourniture d’armes à l’opposition. Au lieu de cela, des déploiements militaires américains importants sont nécessaires pour déloger ces dirigeants, et même après leur départ, il s’avère toujours beaucoup plus coûteux de faire face aux conséquences que les partisans du changement de régime ne le suggéraient.
Et bien que les responsables à Washington supposent souvent que les partenaires régionaux ou internationaux les aideront à supporter les charges et à assumer les coûts du changement de régime, cela se produit rarement dans la réalité.
Certains de ces problèmes seraient gérables si l’engagement, la patience et la persévérance du public américain étaient infinis, mais ce n’est pas le cas. D’autant plus que les dirigeants américains et les partisans d’un changement de régime reconnaissent rarement les coûts élevés probables lorsqu’ils plaident en faveur d’une action, une fois que la crise immédiate est passée et que la perception du public des menaces en question diminue, le soutien du public s’amenuise. Au départ, la plupart des Américains ont soutenu les invasions de l’Afghanistan et de l’Irak. Au fil du temps, cependant, les majorités ont conclu que les deux interventions avaient été des erreurs. Et il n’y a pratiquement jamais eu de soutien public pour les opérations d’intervention ou de maintien de la paix en Libye et en Syrie. Dans tous les cas, à mesure que les problèmes se sont aggravés et que les coûts ont augmenté, le soutien public nécessaire au succès a disparu.
Simplement dire Non
À l’avenir, il pourrait y avoir des cas où le terrorisme de masse, le génocide, une attaque directe contre les États-Unis ou un pays utilisant ou produisant des armes nucléaires font que les avantages de la suppression d’un régime menaçant dépassent les coûts. Mais si l’on se fie à l’histoire, de tels cas seront rares, voire inexistants. Et même lorsqu’ils existent, ils exigent prudence, humilité et honnêteté quant aux coûts et conséquences probables.
Les changements de régime tenteront toujours Washington. Tant qu’il y aura des États qui menaceront les intérêts américains et maltraiteront leur peuple, les dirigeants et les experts américains seront périodiquement attirés par l’idée que les Américains peuvent utiliser leur puissance militaire, diplomatique et économique inégalée pour se débarrasser des mauvais régimes et les remplacer par de meilleurs. La longue, diverse et tragique histoire des changements de régime soutenus par les États-Unis au Moyen-Orient suggère cependant qu’il faut résister à de telles tentations, comme à la plupart des solutions rapides qui surgissent dans la vie et la politique. La prochaine fois que les dirigeants américains proposeront d’intervenir dans la région pour renverser un régime hostile, on peut supposer sans risque qu’une telle entreprise sera moins réussie, plus coûteuse et plus lourde de conséquences imprévues que ses partisans ne le prévoient ou ne l’admettent. Jusqu’à présent, du moins, l’inverse ne s’est jamais produit.
Source : Foreign Affairs, Philip H. Gordon, 07-10-2020
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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Commentaire recommandé
« Impérialisme américain : Pourquoi Washington continue d’échouer au Moyen-Orient?
Pourquoi un changement de régime au Moyen-Orient est-il si difficile ? Et pourquoi les dirigeants et les experts américains continuent-ils à penser qu’ils peuvent y arriver ? Il n’y a pas de réponses faciles à ces questions, et il est important de reconnaître que dans chaque cas, les alternatives au changement de régime étaient peu attrayantes… Le désir profondément ancré des Américains de régler les problèmes du Moyen-Orient est à bien des égards honorable… »
***
Ce texte soulève le cœur et fait vomir.
L’Empire échoue de se mêler de ce qui ne le regarde pas. Les peuples en ce monde vomissent sur l’impérialisme américain criminel, à savoir tous ces innombrables coups d’états impériaux criminels dirigés contre non pas des « RÉGIMES » mais bien des gouvernements nationaux légitimes et les peuples qui les soutiennent. Pour paraphraser Albert Camus, l’Empire échoue d’ « ajouter au malheur du monde» en commençant par « mal nommer les choses », comme on fait d’ailleurs ici, dans ce texte où le lecteur ne trouve du reste RIEN d’ « honorable »… Absolument rien.
27 réactions et commentaires
Peut être que l’analyse part d’un constat faux : la destruction et le pillage de la Syrie, de l’Irak ou de la Libye sont-ils à voir comme des succès ou des échecs pour ceux qui ont voulus ces guerres ?
Petite question naïve : quel état moderne pouvait se sentir menacer, dans son existence même, par ces états ?
Indice : ce n’est évidemment pas les États-Unis (même si certains l’ont peut-être dit), ni la Turquie, qui trouve sans doute un avantage dans cette situation, mais qui n’a jamais été, dans son existence même, menacée par ces pays.
+19
Alerteroui, y a t il un elephant dans la piece? Un elephant present mais dont personne ne veut ou n’ose parler sous peine de sanctions.Pour moi,l’extension territoriale de ce pays sera un signe de la validite de cette hypothese de l’elephant dans la piece.Non pas que cet elephant n’ait pas le droit d’exister,mais que l’on ne puisse en parler ou le condamner lorsqu’il commet des atrocites ou des erreurs,ce n’est pas acceptable.
A quoi sert l’onu? pourquoi vouloir un gouvernement mondial alors que l’onu ne sert deja a rien?
+11
AlerterTout à fait, l’échec doit s’évaluer en fonction d’un objectif; rien en dit que l’objectif US est d’établir ni démocraties, ni même des états à sa botte; pour certains l’objectif est de totalement déstructurer la région et y établir un chaos permanent leur permettant de dominer le marché du pétrole, y compris en volant celui du moyen Orient. J’ai même lu que Trump essaie que les Européens et les Russes s’y enlisent pendant qu’il se contente de jouer au voleur.
Si c’est bien leur objectif, ils ne sont pas en échec même si le succès n’est pas encore total
+1
Alerter« Impérialisme américain : Pourquoi Washington continue d’échouer au Moyen-Orient?
Pourquoi un changement de régime au Moyen-Orient est-il si difficile ? Et pourquoi les dirigeants et les experts américains continuent-ils à penser qu’ils peuvent y arriver ? Il n’y a pas de réponses faciles à ces questions, et il est important de reconnaître que dans chaque cas, les alternatives au changement de régime étaient peu attrayantes… Le désir profondément ancré des Américains de régler les problèmes du Moyen-Orient est à bien des égards honorable… »
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Ce texte soulève le cœur et fait vomir.
L’Empire échoue de se mêler de ce qui ne le regarde pas. Les peuples en ce monde vomissent sur l’impérialisme américain criminel, à savoir tous ces innombrables coups d’états impériaux criminels dirigés contre non pas des « RÉGIMES » mais bien des gouvernements nationaux légitimes et les peuples qui les soutiennent. Pour paraphraser Albert Camus, l’Empire échoue d’ « ajouter au malheur du monde» en commençant par « mal nommer les choses », comme on fait d’ailleurs ici, dans ce texte où le lecteur ne trouve du reste RIEN d’ « honorable »… Absolument rien.
+41
AlerterVoilà ce que j’ai pensé à la lecture de ce texte : une réflexion américaine pour les Américains qui décortique leur mode opératoire impérialiste pour essayer de comprendre pourquoi il a toujours échoué dans cette région du monde, sans proposer ni même laisser entrevoir une seule idée sur la manière de s’en sortir. Mais ce qui m’a le plus choqué dans cette analyse, c’est qu’à aucun moment l’auteur ne se pose de question sur la légitimité et les raisons qui ont motivé les interventions américaines, même si le faux-nez de la « menace de la sécurité des USA ». Sacrés Yankees, la lie qui veut commander l’Humanité!
+13
Alerter« Ce qui m’a le plus choqué dans cette analyse, c’est qu’À AUCUN MOMENT… »
Moi de même, Mohamed. Rien de plus désespérant qu’une telle déshumanisation, surtout accompagnée d’un indéfectible sentiment on ne peut plus écœurant de supériorité intellectuelle et morale absolue.
L’ouvrage exceptionnel « Has China Won?: The Chinese Challenge to American Primacy » (mars 2020) du grand Kishore Mahbubani, vous connaissez? Je vous le recommande chaleureusement. Mahbubani, ce diplomate à l’ONU et doyen à la National University of Singapore (NUS), y étudie en profondeur et avec une rare lucidité cette tare impériale hors normes. Je crois que ses analyses de ces phénomènes aberrants devraient vous intéresser grandement…
Cdmt
+5
AlerterLa Chine n’a pas gagné. Elle a juste fait moins d’erreurs que l’occident.
Il est vrai qu’il était difficile d’en faire plus. Hubris quand tu nous tient
+0
AlerterLa Chine a gagné depuis longtemps. Quand les USA ont décidé en 1975 de ne conserver que les industries de l’armement, de l’aéronautique/spacial , de l’électronique et du logiciel ( on ne disait pas le numérique à l’époque ), pharmaceutique, de la distraction ( entertainment en VO ) et surtout l’industrie financière. Pour le numérique, le pharmaceutique, l’armement c’est un pari perdu depuis longtemps. Pour le reste la vraie industrie c’est le déluge. Il reste aux USA l’entertainment et la bulle finnaancière.
En Frane c’est pire nos dirigeants ont misé sur l’immobilier, le tourisme et le luxe.
Macron fait plus moderne avec la startup nation c’est à dire la poudre aux yeux
+2
AlerterMais Caroline Fourest et quelques autres continuent depuiS 2000 à dire que l’impérialisme US est le bon côté du Manche ou de l’Histoire avec en grand H
+0
AlerterVous avez parfaitement raison: ils « se sont imposés », et personne du reste n’ignore comment… Les petits enfants apprennent donc très tôt à distinguer entre « se sont imposés » et «ont été adoptés ».
+0
Alerter« Mal nommer les choses, jugeait Camus, c’est ajouter au malheur du monde. Ne pas nommer les choses, c’est nier notre humanité. »
+12
AlerterRarissime article à peu près équilibré. Un élément en est toutefois absent. Le chaos vu comme stratégie. Et la peur du chaos. Cf la normalisation Israël/ emirats, Israël Bahreïn,Israël Soudan etc. Filles de la peur du chaos…et de l’Iran (pas pour le Soudan).
+3
AlerterOn a l’impression que l’auteur arrive à une conclusion à peu près juste, à savoir que l’interventionnisme américain est un désastre, mais qu’il ne comprend pas vraiment pourquoi. Ce qui n’a rien d’étonnant quand on compte le nombre d’approximations, de préjugés, d’idées reçues, de clichés, bref de naïveté et d’ignorance que contient le texte. Et je pense que c’est un problème général des américains: ils croient connaitre le monde, et ils se permettent d’intervenir sans se donner la peine de vérifier si leurs connaissances sont justes. Et même si évidemment il y a toujours aussi des intérêts très concrets, ils le font souvent avec une apparente bonne conscience qui est consternante.
+20
Alerter« Pourquoi Washington continue d’échouer au Moyen-Orient »
Wesley Clark nous a fait savoir que le Pentagone avait un plan consistant à intervenir dans sept pays du MO et à y semer le chaos. En quoi ont-ils échoué? En mobilisant des terroristes à leur service ils ont même eu très peu de pertes.
+10
AlerterMerci Olivier, tu m’as bien fait rire! Toute la stratégie de l’empire cow-boy (copy right, please!) est contenue dans le fameux « Le Grand échiquier » de Zbigniew Brzeziński. Comme l’objectif de l’empire est le chaos, sans doute pour caricaturer les huns d’Attila et leur célèbre « où Attila passe, l’herbe ne repousse plus! », nous pouvons assurément, avec grande certitude, affirmer que leur stratégie marche…sauf qu’une telle stratégie est une stratégie défensive, et perdante, comme nous pouvons le constater vu l’effondrement accéléré de son soi-disant « modèle de Démocratie » qu’il prétend imposer aux peuples du Monde entier! Maintenant reste à savoir comment cela se terminera, et le pire n’est pas à écarter étant donnés les psychopathes chargés de pouvoir au nom du Kapital financiarisé à la tête de l’empire en déclin. Je sais que le site Lescrises a déjà fait connaître à ses lecteurs « Le grand échiquier », alors pour ceux qui ne l’ont pas lu :
https://docs.google.com/file/d/0B4t-HEsEt-hwTmRvUm9XVmVJR1k/edit
+8
AlerterLe pouvoir et la société en occident sont basés soi sur le mercenariat libéral, soit sur la solidarité nationale. Au moyen orient, pouvoir et société sont basé sur et construit autour de l’Islam. Celui qui veut changer le moyen orient doit changer l’Islam. Cela demande de la patience, du temps, de la persévérance, de l’investissement personnel, etc.. Les élites états-uniennes sont les chantres du mercenariat libéral. Ils n’ont pas les qualités nécessaires et ne souhaitent pas les acquérir. Et, en premier lieu, ils ne viennent pas pour changer le moyen orient mais pour le dominer et le piller, donc …
+7
AlerterTout casser en espérant qu’il en sorte quelque chose , le chaos de comme enfantement d’une réussite?
Les USA ne comprennent pas que casser n’est utile que si l’on a le projet de construire à la place en discutant avec le propriétaire du terrain , sinon le propriétaire ne souhaite qu’à vous obliger à sortir.
Ce texte est un constat que avec la paresse intellectuelle et l’absence de morale dans le rapport avec les autres Etats ,même les réussites ne sont que provisoires , l’échec est une conséquence nécessaire (au sens strict)
+1
AlerterLa démocratie vue par les pouvoirs ( j’allais dire régimes ) occidentaux et pas seulement les USA ce sont des élections bien bidonnées ( un ancien ambassadeur français a sans vergogne expliqué cela il y a quelques années sur France-Culture ) qui portent au pouvoir des gouvernements ( j’allais dire des dictateurs ) qu’ils pensent pouvoir manœuvrer comme des marionnettes. Pendant ce temps l’histoire coule sur sa pente naturelle.
+2
Alerter« les interventions américaines les plus récentes au Moyen-Orient ont cherché à remplacer les régimes autocratiques par des gouvernements démocratiques ».
« le désir profondément ancré des Américains de régler les problèmes du Moyen-Orient est à bien des égards honorable ».
Quand on lit ces lignes on se pince pour savoir si on ne rêve pas. Cette analyse est à vomir mais en même temps elle est très révélatrice des fondements de l’impérialisme yankee. Le plus crasse c’est l’alibi de prétendre vouloir faire le bien (alors qu’on ne lui demande rien), comme cache-sexe de la volonté d’imposer au reste du monde des valeurs qui ne sont pas forcément les siennes, l’occultation du pillage des ressources des pays déstabilisés puis soumis, la guerre ouverte contre le marxisme et le communisme, l’unilatéralisme assumé, la politique de la force en lieu et place de la force de la politique…
Bref, la confirmation que l’Amérique demeure le pays le plus dangereux de la planète pour la paix, l’indépendance et la liberté pour les peuples de choisir chacun en toute souveraineté leur destin.
+11
AlerterLa France pratique elle aussi le changement de régime. Mais, à la différence des USA, elle agit discrètement et à bas cout, avec très peu de soldats. L’enlisement peut être tout aussi réel, comme au Mali. En multipliant les moyens par 10, on pourrait obtenir 10 fois plus de dégâts et ce n’est pas souhaitable. Si le Mali n’est pas capable de se défendre tout seul contre les islamistes aprés 10 ans de soutien francais, c’est qu’il est peut être temps d’agir différement.
+2
AlerterIl est temps que ce pays dirigé par un « deep state » monstrueux et proprement diabolique, a semé la mort, la misère et le chaos sur toute la planète afin de soumettre les états insoumis et de leur piller les richesses!
Si certains admettent l’intervention d’un pays tiers chez eux pour renverser un pouvoir légitime, alors tout est permis!
+1
AlerterLa politique étrangère américaine est ignoble car non seulement les États-Unis viennent dans votre pays et tuent tous vos proches, mais ce qui est pire, je trouve, c’est qu’ils reviennent vingt ans plus tard et font un film pour montrer que tuer vos proches a rendu leurs soldats tristes. » Frankie Boyle, humoriste écossais
+7
Alerter« En effet, même les interventions bien intentionnées au Moyen-Orient ont souvent conduit à une résistance violente. Après le coup d’État de 1953 en Iran, l’antipathie envers les États-Unis pour avoir donné le pouvoir au shah dictatorial a conduit à un anti-américanisme virulent qui perdure encore aujourd’hui »
On pourrait croire à de l’humour, mais non. Quelle était « l’intervention bien intentionnée en Iran ? L’auteur nous l’explique ainsi :
« la CIA a aidé à évincer le Premier ministre nationaliste irritable »
Evincer un dirigeant non seulement nationaliste, c’est à dire qui désirait que l’argent du pétrole profite au peuple, mais en plus irritable, c’est à dire qui ne se couche pas (Charlie Hebdo dirait qui ne lèche pas le cul) devant l’Impérialisme : en voilà des bonnes intensions ! Comment diantre les Iraniens n’ont-ils pas su goûter ces bonnes intensions ?
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Alerter« La tentative des États-Unis et d’autres pays de destituer Assad en soutenant les rebelles de l’opposition s’est avérée encore plus catastrophique. La Russie et l’Iran étant déterminés à maintenir Assad au pouvoir »
On pourrait croire à de l’humour, mais non. Personne n’a dit à l’auteur que les rebelles de l’opposition coupaient des têtes et émanaient d’Al Qaïda (qui faisait du bon boulot selon les chancellerie occidentales). Et qu’avant que finalement la Russie se décide à intervenir, des milliers de camions citernes traversant la frontière vers la Turquie permettaient à Daesh de se financer. Bref, qu’il était vital pour la Russie et l’Iran (et la Chine) de supprimer cet énorme foyer infectieux. C’était aussi vital pour l’Europe, mais on a préféré déplorer la douzaine de destructions finales du « dernier Hopital d’Alep », et éteindre en guise de deuil les lumières de la Tour Eiffel lors de la libération de cette même ville.
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AlerterHa ha ha ha 😀
Il ne savent pas pourquoi?
Non??!
A quoi servent leurs savants anthropologues?
Bon alors je vais leur confier un secret de polichinelle: C’est parce que le fondement de l’islam est SOCIALISTE.
Absolument pas libéral, ni et surtout individualiste.
Sortant de là, s’il n’y a pas beaucoup, mais alors beaucoup de « pognon » à DISTRIBUER en continu, ça ne peut que foirer.
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AlerterMdr! Ils ont tellement échoué que les émirats,le soudan,bahrein, ont fait la paix. Et regardez bien ce qui se passe du côté du Liban. Mais alors bien bien. Des négociations d’état à état.Et celà ne se fait pas sans l’aval des iraniens,évidemment.(Lesquels iraniens regardent avec la plus grande méfiance l’alliance turquie /azerbaïdjan,en dépit du fait que les azeéris soient chiites). Une quasi reconnaissance.Pour le reste,l’Irak et la Syrie ont été effacés du classement des « puissances régionales ». Et la recomposition est en cours. Ah çà,ils ont vachement échoué,y a pas à dire!
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AlerterJ’aimerais que l’auteur de cet article nous explique en quoi et par quel moyens les gouvernements des pays du Moyen Orient ont représenté la moindre menace, ne serait-ce qu’une seule fois, pour le «sol Américain» ? Il y a bien eu un Ben Laden, mais il y a beaucoup de non-dit sur les relations tellement intense et étroites entre les Ben Laden, la fortune de la famille Bush et les finances de l’industrie de l’armement des USA qu’on est toujours en droit de se demander si ça n’avait pas été finalement un peu semblable a l’épisode de Cuba ou les condors US avaient prévu de faire des false flags avec des assassinats et des bombes sur des objectifs civils et militaires aux USA pour «aider a l’acceptation», les USA c’est une démocratie, ils n’arrêtent pas de le répéter… et il y a un célèbre président US qui est mort d’une balle magique tirée par un fou isolé très probablement en grande partie pour avoir refusé le jeu.
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