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25.octobre.202025.10.2020 // Les Crises

Procès Assange : Le témoignage de Noam Chomsky

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Source : Craig Murray pour Consortium News
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

DEPUIS LA COUR DE JUSTICE DE LA VILLE DE WESTMINSTER :

LE GOUVERNEMENT DES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE CONTRE JULIAN PAUL ASSANGE

Rapport d’expertise du professeur Noam Chomsky

Je suis actuellement en poste à l’Université d’Arizona où je suis professeur de linguistique et président du programme Agnese Nelms Haury pour la justice sociale et environnementale.

J’ai rejoint le personnel du Massachusetts Institute of Technology en 1955 et, en 1961, j’ai été nommé professeur titulaire au département de langues modernes et de linguistique (aujourd’hui département de linguistique et de philosophie).

De 1966 à 1976, j’ai occupé la chaire Ferrari P. Ward de langues modernes et de linguistique. En 1976, on m’a décerné le titre d’Institute Professor. Je suis maintenant professeur émérite. Pendant les années 1958 à 1959, j’étais en résidence à l’Institute for Advanced Study de Princeton, NJ.

J’ai reçu des diplômes honorifiques de nombreuses universités, dont l’université de Londres, l’université de Chicago, l’université Loyola de Chicago, le Swarthmore College, l’université de Delhi, le Bard College, l’université du Massachusetts, l’université de Pennsylvanie, l’université de Georgetown, le Amherst College, l’université de Cambridge, Université de Buenos Aires, Université McGill, Universitat Rovira I Virgili, Tarragone, Université Columbia, Université du Connecticut, Scuola Normale Superiore, Pise, Université de Western Ontario, Université de Toronto, Université Harvard, Université de Calcutta, et Universidad Nacional De Colombia.

Je suis membre de l’Académie américaine des arts et des sciences et de l’Académie nationale des sciences. En outre, je suis membre d’autres sociétés professionnelles et scientifiques aux États-Unis et à l’étranger, et j’ai reçu le prix de la contribution scientifique remarquable de l’American Psychological Association, le prix de Kyoto en sciences fondamentales, la médaille Helmholtz, le prix Dorothy Eldridge Peacemaker, la médaille Ben Franklin en informatique et en sciences cognitives, et bien d’autres récompenses.

J’ai écrit et dispensé de nombreuses conférences sur la linguistique, la philosophie, l’histoire intellectuelle, les questions contemporaines, les affaires internationales et la politique étrangère des États-Unis.

Mes œuvres comprennent : Aspects of the Theory of Syntax ; Cartesian Linguistics (La Linguistique cartésienne) ; Sound Pattern of English (Principes de phonologie générative) (avec Morris Halle) ; Language and Mind (Le Langage et la pensée) ; American Power and the New Mandarins (L’Amérique et ses nouveaux mandarins) ; At War with Asia ; For Reasons of State ; Peace in the Middle East? ; Reflections on Language (Réflexions sur le langage) ; The Political Economy of Human Rights, Vol. I and II (avec E.S. Herman) ; Rules and Representations ; Lectures on Government and Binding ; Towards a New Cold War ; Radical Priorities ; Fateful Triangle (Israël, Palestine, États-Unis : Le triangle fatidique) ; Knowledge of Language ; Turning the Tide ; Pirates and Emperors (Pirates et empereurs) ; On Power and Ideology ; Language and Problems of Knowledge ; The Culture of Terrorism ; Manufacturing Consent (La Fabrication du consentement) (avec E.S. Herman) ; Necessary Illusions ; Deterring Democracy ; Year 501 (L’an 501) ; Rethinking Camelot : JFK ; the Vietnam War and US Political Culture ; Letters from Lexington ; World Orders, Old and News ; The Minimalist Program (Programme minimaliste) ; Powers and Prospects ; The Common Good (Le bien commun) ; Profit Over People (Le profit avant l’homme) ; The New Military Humanism (Le Nouvel Humanisme militaire : Leçons du Kosovo) ; New Horizons in the Study of Language and Mind (Nouveaux horizons dans l’étude du langage et de l’esprit) ; Rogue States ; A New Generation Draws the Line ; 9-11 ; Understanding Power ; Hegemony or Survival ; Hopes and Propects ; What Kind of Creatures are We? ; Who Rules the Word (Qui mène le monde) [les titres entre parenthèses sont ceux des oeuvres qui ont été traduites en français, NdT]

On m’a demandé si le travail et les actions de Julian Assange pouvaient être considérés comme étant « politiques », une question qui, me dit-on, est importante dans le cadre de la demande d’extradition des États-Unis afin que M. Assange soit jugé pour espionnage pour avoir joué un rôle dans la publication d’informations que le gouvernement des États-Unis ne souhaitait pas rendre publiques.

J’ai déjà parlé du sujet sur lequel on me demande maintenant de faire un commentaire en ce qui concerne M. Assange. Les paragraphes suivants constituent mon point de vue. Je confirme mon évaluation selon laquelle les opinions et les actions de M. Assange doivent être appréhendées dans leur relation avec les priorités du gouvernement.

Un professeur de Science du gouvernement de l’université de Harvard, l’éminent politologue libéral et conseiller du gouvernement, Samuel Huntington, a observé que « les stratèges du pouvoir aux États-Unis doivent créer une force qui peut être ressentie mais non vue. Le pouvoir reste fort quand il reste dans l’obscurité. Exposé à la lumière du soleil, il commence à se dissiper ».

Il a donné quelques exemples significatifs concernant la nature réelle de la guerre froide. Il a parlé de l’intervention militaire américaine à l’étranger et il a fait remarquer que « vous devrez peut-être vendre l’intervention ou toute autre action militaire de manière à créer la fausse impression que c’est l’Union soviétique que vous combattez. C’est ce que les États-Unis font depuis la doctrine Truman » et il existe de nombreuses illustrations de ce principe directeur.

Les actions de Julian Assange, qui ont été qualifiées de criminelles, sont des actions qui exposent le pouvoir à la lumière du soleil – des actions qui peuvent provoquer l’évaporation du pouvoir si la population saisit la chance de voir ses citoyens devenir indépendants dans une société libre plutôt que les sujets d’un maître qui opère dans le secret. C’est là un choix et on a compris depuis longtemps que le public a la capacité de faire s’évaporer le pouvoir.

Le seul penseur de premier plan qui ait compris et expliqué ce fait critique est David Hume, qui a écrit sur les Premiers principes de gouvernement dans l’un des premiers ouvrages modernes de théorie politique, il y a plus de 250 ans. La formulation qu’il a utilisée était si claire et pertinente que je me contenterai de la citer.

Hume a trouvé que « rien de plus surprenant que de voir la facilité avec laquelle le plus grand nombre est gouverné par un petit nombre et d’observer la soumission implicite avec laquelle les hommes ont abandonné leurs propres sentiments et passions à la volonté de leurs dirigeants. Lorsque nous nous demanderons par quels moyens cette merveille a pu arriver, nous constaterons que, la force étant toujours du côté des gouvernés, les gouvernants n’ont rien pour les soutenir si ce n’est l’opinion. Dire qu’un gouvernement est justifié relève donc de la seule opinion et cette maxime s’étend aux gouvernements les plus despotiques et les plus militarisés tout comme aux plus libéraux et plus populaires ».

En fait, Hume sous-estime l’efficacité de la violence, mais ses paroles sont particulièrement pertinentes dans le cas de sociétés dans lesquelles la lutte populaire de longue date a permis d’obtenir un degré de liberté considérable. Dans de telles sociétés, comme la nôtre bien sûr, le pouvoir est en fait du côté des gouvernés et les gouvernants n’ont rien pour les soutenir si ce n’est l’opinion.

C’est l’une des raisons pour lesquelles l’immense industrie des relations publiques est devenue la plus grande agence de propagande de l’histoire de l’humanité, une influence qui s’est développée et a atteint ses formes les plus sophistiquées dans les sociétés les plus libérales, les États-Unis et la Grande-Bretagne. Cette institution a vu le jour il y a environ un siècle, lorsque les élites ont réalisé que trop de liberté avait été gagnée pour qu’il soit possible de contrôler la population par la force, et que donc ce sont les mentalités, les opinions qui devraient être contrôlées.

Les élites intellectuelles libérales l’ont également compris, c’est pourquoi elles ont insisté, pour recourir à quelques citations je dirais, sur le fait que nous devons nous débarrasser du « dogmatisme démocratique selon lequel les populations seraient les meilleurs juges de leurs propres intérêts ». Ce n’est pas le cas. Ce sont des « tiers ignorants et gênants » et ils doivent donc être « remis à leur place » de façon à ne pas déranger les « hommes responsables » qui gouvernent de plein droit.

Un des moyens de contrôler la population consiste à agir en secret pour que les tiers ignorants et gênants restent à leur place, loin des leviers de pouvoir qui ne les concernent pas. C’est le principal objectif quand des documents internes sont classifiés.

Quiconque a parcouru les archives des documents qui ont été rendus publics s’est certainement assez rapidement rendu compte que ce qui est gardé secret a très rarement quelque chose à voir avec la sécurité, sauf avec la sécurité des dirigeants face à leur ennemi intérieur, leur propre population. La pratique est tellement habituelle qu’il est tout à fait superflu d’en faire l’illustration. Je ne mentionnerai qu’un seul cas contemporain.

Considérez les accords commerciaux mondiaux, Pacifique et Atlantique, ce sont en réalité des accords concernant les droits des investisseurs camouflés sous le vocable de libre-échange. Ils sont négociés en secret. Il est prévu une ratification de style stalinien par le Parlement – oui ou non – ce qui signifie bien sûr oui, sans qu’il y ait discussion ou débat, ce qu’on appelle aux États-Unis « fast-track » [procédure accélérée, NdT].

Pour être précis, ils ne sont pas entièrement négociés en secret. Les faits sont connus des avocats d’entreprise et des lobbyistes qui rédigent les détails de manière à protéger les intérêts de la partie qu’ils représentent, et qui bien sûr n’est pas le public. Le public, au contraire, est un ennemi qu’il faut garder dans l’ignorance.

Le crime présumé de Julian Assange, en s’efforçant de dévoiler les secrets du gouvernement, est de violer les principes fondamentaux du gouvernement, de lever le voile du secret qui protège le pouvoir de la curiosité, l’empêche de s’évaporer – et encore une fois, les puissants comprennent bien que le fait de lever le voile peut entraîner l’évaporation du pouvoir. Cela peut même conduire à une liberté et une démocratie authentiques si un public éveillé en vient à comprendre que la force est du côté des gouvernés et qu’elle peut être leur force s’ils choisissent de contrôler leur propre destin.

À mon avis, Julian Assange, en défendant courageusement des convictions politiques que la plupart d’entre nous déclarons partager, a rendu un énorme service à tous les peuples du monde qui chérissent les valeurs de liberté et de démocratie et qui exigent donc le droit de savoir ce que leurs représentants élus fabriquent. Par conséquent ses actions l’ont conduit à être persécuté de manière cruelle et intolérable.

Noam Chomsky

Source : Craig Murray pour Consortium News
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RGT // 25.10.2020 à 09h06

Ce que décrit Noam Chomsky et tous ceux qui l’ont précédé est tout à fait vrai : Les gouvernements, qui sont TOUS totalement illégitimes car ne se souciant pas de l’intérêt général mais uniquement des intérêts de la petite caste qui en détient les rennes, est prêt à utiliser sans aucune restriction toute la violence qu’il se sont eux-mêmes alloués pour contraindre l’ensemble de la population à obéir sans aucune tentative de remise en cause, sans parler de rébellion.

Quand Julian Assange et d’autres lanceurs d’alerte bien moins connus parviennent à faire connaître à l’ensemble de l’humanité la réalité des « bienfaits » des « gouvernements bienfaisants » ils jettent un pavé dans la mare et mettent en grave danger les fondations sur lesquelles la caste dirigeante a bâti son édifice, ce qui pourrait conduire à une vague de colère populaire à leur encontre qui pourrait les renverser.

Cette caste utilise donc tous les moyens « légaux » qu’elle a mis en place (sans ne jamais consulter les populations) et se drape dans la « sécurité de l’état » (en fait la sécurité qui leur permet de continuer ad vitam æternam à contraindre le reste de la population) pour faire taire toute personne qui pourrait dévoiler les « petits secrets entre amis » qui s’avèrent fort dérangeants pour leur légitimité.

Ces « traditions » existent depuis que les humains (espèce animale la plus stupide parmi toutes celles qui peuplent cette planète) ont abandonné leur droit NATUREL de défendre leur propre intérêt en le confiant à des « élites » autoproclamées qui depuis leur imposent leur violence et leurs mensonges.

19 réactions et commentaires

  • jmathon // 25.10.2020 à 07h23

    « Le seul penseur de premier plan qui ait compris et expliqué ce fait critique est David Hume, qui a écrit sur les Premiers principes de gouvernement dans l’un des premiers ouvrages modernes de théorie politique, il y a plus de 250 ans. La formulation qu’il a utilisée était si claire et pertinente que je me contenterai de la citer.Hume a trouvé que : « rien de plus surprenant que de voir la facilité avec laquelle le plus grand nombre est gouverné par un petit nombre et d’observer la soumission implicite avec laquelle les hommes ont abandonné leurs propres sentiments et passions à la volonté de leurs dirigeants. Lorsque nous nous demanderons par quels moyens cette merveille a pu arriver, nous constaterons que, la force étant toujours du côté des gouvernés, les gouvernants n’ont rien pour les soutenir si ce n’est l’opinion. Dire qu’un gouvernement est justifié relève donc de la seule opinion et cette maxime s’étend aux gouvernements les plus despotiques et les plus militarisés tout comme aux plus libéraux et plus populaires »»

    On pourra remarquer que le « Discours de la servitude volontaire » d’Étienne de La Boétie était bien antérieur et n’a pas attendu les… Lumières.
    https://www.singulier.eu/textes/reference/texte/pdf/servitude.pdf

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    • Manu // 25.10.2020 à 09h13

      C’est oublier que les dominants disposent de tout un système de persistance de leur domination : religion hier, médias aujourd’hui.
      Le peuple n’est pas docile par nature, il est conditionné.
      Rappelons que Chomsky est l’auteur de la « fabrique du consentement ».

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      • Grd-mère Michelle // 25.10.2020 à 13h00

        « religion hier, médias aujourd’hui »
        Je dirais plutôt: religions hier, médias et religions aujourd’hui.
        Sans oublier « les forces de l’ordre »(armées et « services » de polices) : les humains qui constituent les peuples ne sont pas seulement conditionnés, ils sont aussi souvent contraints et forcés , au risque de perdre leur vie, leur santé, et leur liberté d’agir (ainsi que celles de leurs proches), à rester dans le rang des soumis.
        N.Chomsky dit bien que « …Hume sous-estime l’efficacité de la violence »
        Mais il me semble que lui-même sur-estime « le degré de liberté » que « la lutte populaire de longue date a permis d’obtenir … dans le cas de (nos) sociétés »
        (Voir la répression des Gilets Jaunes, par exemple)

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      • Grd-mère Michelle // 25.10.2020 à 13h10

        Sans oublier qu’entre les dirigeants et les peuples, existe toute une hiérarchie de « contremaîtres » soumis au Pouvoir de l’argent(disons plutôt de la richesse, du pognon, puisqu’il ne s’agit plus d’argent).
        À noter que, dans plusieurs cosmologies asiatiques, « le monde des humains » est caractérisé par l’avidité.

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    • calahan // 27.10.2020 à 11h25

      tout à fait, il faut lire La Boétie et son discours intemporel (malheureusement).

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  • Herbier // 25.10.2020 à 08h44

    A propos de la détention d’Assange, celui-ci aurait entendu des voix voire de la musique lors de celle-ci. Peut-être est-il victime du syndrôme de la Havane dont ont été victimes de nombreux diplomates et agents de renseignement américains, qui se sont plaint, entre autres, de troubles auditifs. L’explication de ce syndrôme tiendrait à l’utilisation d’armes micro-ondes, qui permettent d’obtenir, entre autre, des effets sonores sur quelqu’un (effet de Frey) tout en se cachant. Il ne serait pas surprenant que de tels moyens aient été utilisés contre Assange vu la dégradation de son état et les phénomènes sonores qu’il a rapportés.

      +9

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  • RGT // 25.10.2020 à 09h06

    Ce que décrit Noam Chomsky et tous ceux qui l’ont précédé est tout à fait vrai : Les gouvernements, qui sont TOUS totalement illégitimes car ne se souciant pas de l’intérêt général mais uniquement des intérêts de la petite caste qui en détient les rennes, est prêt à utiliser sans aucune restriction toute la violence qu’il se sont eux-mêmes alloués pour contraindre l’ensemble de la population à obéir sans aucune tentative de remise en cause, sans parler de rébellion.

    Quand Julian Assange et d’autres lanceurs d’alerte bien moins connus parviennent à faire connaître à l’ensemble de l’humanité la réalité des « bienfaits » des « gouvernements bienfaisants » ils jettent un pavé dans la mare et mettent en grave danger les fondations sur lesquelles la caste dirigeante a bâti son édifice, ce qui pourrait conduire à une vague de colère populaire à leur encontre qui pourrait les renverser.

    Cette caste utilise donc tous les moyens « légaux » qu’elle a mis en place (sans ne jamais consulter les populations) et se drape dans la « sécurité de l’état » (en fait la sécurité qui leur permet de continuer ad vitam æternam à contraindre le reste de la population) pour faire taire toute personne qui pourrait dévoiler les « petits secrets entre amis » qui s’avèrent fort dérangeants pour leur légitimité.

    Ces « traditions » existent depuis que les humains (espèce animale la plus stupide parmi toutes celles qui peuplent cette planète) ont abandonné leur droit NATUREL de défendre leur propre intérêt en le confiant à des « élites » autoproclamées qui depuis leur imposent leur violence et leurs mensonges.

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    • pipo // 25.10.2020 à 10h34

      Ce n’est pas une histoire de « droit naturel », ce sont une minorité de « sans empathie » qui usent et abusent de « l’empathie naturel » des autres.

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      • Rémi // 26.10.2020 à 17h20

        C’est du racisme social. En France on se préoccupe beaucoup du racisme sur la couleur de peau, et sur le retour de la bête Immonde mais fort peu du racisme social.
        Déja en son temps madame de Sévigné écrivait:
        « On a pris soixante bourgeois, écrit-elle un autre jour ; demain on commence à pendre. Cette province est un bel exemple pour les autres, et surtout de respecter les gouverneurs et les gouvernantes, de ne leur point dire d’injures et de ne point jeter des pierres dans leur jardin.  »
        voila on peut pendre le pauvre si il jete des pierre dans le jardin des honnêtes gens.
        Après il faut juste savoir qui sont les honnêtes gens, rassurons-nous, nous n’en sommes pas.

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        • pipo // 27.10.2020 à 09h31

          Le racisme, quel qu’il soit, est probablement lié au manque d’empathie, c’est une recherche d’un bouc émissaire afin de ne pas voir et cacher son indifférence aux autres.

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        • Grd-mère Michelle // 27.10.2020 à 12h02

          Il me semble que le racisme est surtout la conséquence de la peur des autres, elle-même produite par l’ignorance qu’on en a.
          Mais cette peur et cette ignorance sont soigneusement entretenues par des dominants qui ont tout intérêt à diviser pour régner.
          Maintenant, il est probable que ce stress permanent(que chacun-e ne peut surmonter que par un gros effort d’information) induise un égoïsme et une indifférence « confortables ».

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          • pipo // 28.10.2020 à 00h23

            La peur est une conséquence, dû à un comportement égoïste, c’est « l’œil qui regardait Caïn ». Effectivement, ceux qui en sont à l’origine se sont ceux qui se prennent pour Dieu, ce sont eux aussi les ignorants. Ils n’entretiennent pas, ils pervertissent.

              +2

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    • Grd-mère Michelle // 27.10.2020 à 15h09

      @RGT OK, sauf pour le dernier paragraphe.
      1- l’espèce humaine est évidemment la plus intelligente(capable de comprendre l’univers dans lequel elle évolue), grâce aux formidables langages qu’elle a développés pour communiquer et transmettre les savoirs acquis(et leurs modes de communication/transmission)
      Le « hic » étant seulement: quels savoirs sont essentiellement nécessaires pour assurer sa survie et sa pérennité? et non pas pour qu’un groupe soit plus fort qu’un autre…
      2- le droit naturel de défendre son propre intérêt, c’est bêtement la loi du plus fort.
      On ne peut donc certainement pas reprocher aux humains d’avoir tenté d’imaginer des modes de vie en société, d’organisations, de « systèmes », qui permettent de vivre un peu plus en paix, plus confiants, en souffrant moins. La démocratie(où un grand nombre confie, momentanément, la charge de le représenter à des personnes élues et payées pour ce faire) pourrait réaliser ce souhait, si elle n’était pas dévoyée comme vous le décrivez très bien.
      Si nous pouvions bannir de notre langage les mots « élites » ou « dirigeants », ceux-ci auraient déjà moins la possibilité de « s’y croire ».

        +3

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  • Gilles // 25.10.2020 à 09h56

    « Au départ, trois chefs d’accusation ont été retenus contre moi avec une peine possible de 35 ans; à la fin de la même année, j’ai été inculpé de 12 chefs d’accusation avec une peine possible de 115 ans ».
    Témoignage en faveur de Julian Assange par Daniel Ellsberg | 17 octobre 2020 .

    https://libertarianinstitute.org/articles/my-statement-on-the-prosecution-of-julian-assange/

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  • 78 ans // 25.10.2020 à 10h49

    « Penser, c’est dire non. Remarquez que le signe du oui est d’un homme qui s’endort ; au contraire le réveil secoue la tête et dit non. Non à quoi ? Au monde, au tyran, au prêcheur ? Ce n’est que l’apparence. En tous ces cas-là, c’est à elle-même que la pensée dit non. Elle rompt l’heureux acquiescement. Elle se sépare d’elle-même. Elle combat contre elle-même. Il n’y a pas au monde d’autre combat. Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c’est que je consens, c’est que je ne cherche pas autre chose. Et ce qui fait que le tyran est maître de moi, c’est que je respecte au lieu d’examiner. Même une doctrine vraie, elle tombe au faux par cette somnolence. C’est par croire que les hommes sont esclaves. Réfléchir, c’est nier ce que l’on croit. Qui croit ne sait même plus ce qu’il croit. Qui se contente de sa pensée ne pense plus rien. »

    Alain, « Penser, c’est dire non. » — Propos sur les pouvoirs, § 139.

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  • Grd-mère Michelle // 27.10.2020 à 14h33

    Merci, Les Crises, de nous avoir transmis ce texte, en particulier pour la présentation que N.Chomsky y fait de lui-même. En effet, il n’est pas inutile de connaître un peu plus les auteurs ici relayés.

    @78ans: à propos de lecture, et dans ce contexte, il est intéressant aussi de lire « Ubu enchaîné » d’Alfred Jarry. Cette assez courte pièce de théâtre a été écrite à peu près en même temps que « Ubu roi »(aussi pas très longue), et A.Jarry avait recommandé* que les deux soient jouées chaque fois dans un même spectacle(ce qui fut rarement le cas, mais au moins une fois par le Théâtre de la Communauté de Seraing, en 1967, spectacle auquel j’avais alors assisté)
    Il y développe son opinion(de manière délicieuse et malicieuse) à propos du pouvoir des tyrans, possible, selon lui, uniquement par le fait de l’acceptation, de la soumission (paresseuse?) des « sujets ».

    *(recommandation lue dans une édition comprenant les deux pièces, bouquin que j’ai possédé mais ne retrouve plus… peut-être prêté, pas rendu… ou « volé sans doute par un ami » comme chante Brassens à propos du « Parapluie »-éloge du partage et de la gratuité décontractés, glissé dans cette chanson, la première à avoir été diffusée sur les ondes, dont l’écho lointain résonne peut-être dans l’esprit de certain-e-s qui se rencontrent sur ce site pour échanger des idées, s’informer).

      +3

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