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2.octobre.20202.10.2020 // Les Crises

Procès Assange Jour 1 : La juge Baraitser refuse d’ajourner l’affaire à janvier

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Source : Consortium News
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Consortium News suit virtuellement le déroulé du procès de Julian Assange à Old Bailey à Londres. Chaque jour, il publie un compte rendu détaillé de l’audience. L’équipe Les-Crises vous en propose la traduction exclusive.

La journée d’ouverture du procès d’extradition de Julian Assange fut assez dramatique, Vanessa Baraitser ayant rejeté la demande de la défense d’ajourner l’affaire à janvier.

Journée d’ouverture dramatique : le premier témoin passe à la barre après que le juge ait refusé l’ajournement de l’affaire au mois de janvier

6h15 EDT : Le procès d’extradition de Julian Assange a commencé à Londres et il y a déjà des étincelles entre l’équipe de la défense et la juge Vanessa Baraitser.

Les avocats d’Assange ont demandé que les déclarations des témoins de la défense soient lues au tribunal avant le début de l’interrogatoire direct et du contre-interrogatoire. Mais Baraitser a déclaré que, comme elle avait déjà lu les déclarations elle-même, elle voulait qu’elles puissent être entendues par le tribunal ou les médias, qui sont tous deux à l’intérieur d’Old Bailey, ou les regarder à distance en ligne.

Après plusieurs minutes de discussions, au cours desquelles l’équipe de la défense a déclaré qu’empêcher les déclarations d’être rendues publiques était une entorse à la norme juridique, Baraitser a cédé et a déclaré que seulement 30 minutes seraient allouées pour chaque déclaration de témoin.

Un témoin de la défense est prévu pour la session de l’après-midi.

Le conseiller de la Reine pour l’accusation, James Lewis, a alors soutenu que les témoins experts de la défense n’étaient pas du tout des experts, mais seulement « des personnes donnant leur avis ». Lewis s’est opposé à ce qu’un professeur de journalisme soit cité comme témoin de la défense.

Assange est entré dans la salle d’audience à 10 heures du matin, heure locale, en costume, après avoir été réarrêté dans sa cellule sur la base de l’acte d’accusation remplaçant celui déposé par les États-Unis, bien qu’aucune nouvelle accusation n’ait été ajoutée.

Le jour de l’ouverture de l’audience a été interrompu après un peu plus d’une heure pour permettre à Assange de s’entretenir avec ses avocats.

L’accusation passe à la preuve pour remplacer l’acte d’accusation ; la défense dit qu’elle n’a pas le temps en trois semaines de monter une défense contre elle

8h40 EDT : L’accusation semble passer des accusations d’espionnage, au moins à ce stade de l’audience, à de nouvelles preuves (mais pas de nouvelles accusations) dans le nouvel acte d’accusation, déposé à Londres en juillet, relatif à l’accusation de conspiration d’intrusion informatique portée contre Assange.

Il semble que l’accusation soit prête à poursuivre un argument entièrement nouveau basé sur les preuves du nouvel acte d’accusation qui a entraîné une nouvelle demande d’extradition américaine, et une nouvelle arrestation d’Assange plus tôt dans sa cellule de Belmarsh lundi.

Il a été arrêté à nouveau en raison de la nouvelle demande et de nouvelles preuves, mais pas pour de nouvelles accusations.

James Lewis, QC (Queen’s Counsel: Conseiller de la Reine, NdT) pour l’accusation, a mentionné au tribunal certaines des « nouvelles » preuves, dont la plupart remontent aux événements survenus en Islande en 2010. Parmi ces « nouvelles » preuves figure le fait qu’Assange a aidé un fugitif, Edward Snowden, lanceur d’alerte de la NSA, à s’échapper de Hong Kong. Mais Assange n’a jamais été accusé d’un tel crime. L’accusation affirme également qu’Assange a encouragé d’autres personnes à pirater des ordinateurs, à suivre les véhicules de police en Islande et à encourager le vol des données d’une banque.

Ces preuves proviennent principalement de deux informateurs du FBI qui ont travaillé en étroite collaboration avec Assange en 2010 à Reykjavík.

Mark Summers, QC pour la défense, a déclaré que la réponse de l’accusation à l’argument de la défense selon lequel il était nécessaire pour Assange de révéler des preuves de crimes de guerre, est de renverser la situation et de dire qu’il n’était pas nécessaire de pirater une banque en Islande. En référence à Snowden, Summers a déclaré « Aider un lanceur d’alerte à Hong Kong ; tenter d’échapper à l’arrestation. Qui peut dire que c’est une activité criminelle ».

Summers a ensuite soutenu que l’équipe d’Assange n’a pas eu assez de temps pour répondre à cette preuve, déposée le 24 juin à Alexandria, en Virginie, mais fin juillet à la défense, et au tribunal. Summers a déclaré que le manque de temps rendrait impossible de monter une défense suffisante pour permettre à la juge Vanessa Baraitser de prendre une décision équitable.

À un moment, Summers s’est levé d’un bond, s’exclamant : « Faux, faux, faux, Madame » à Baraitser. Il a accepté qu’il soit légal de faire des demandes d’extradition répétées, mais pas six semaines avant la reprise de l’audience.

Baraitser a répondu qu’elle avait offert à la défense la possibilité de reporter l’audience pour leur donner plus de temps, mais celle-ci a refusé. Summers a déclaré qu’en raison des problèmes de santé d’Assange en détention continue, il aurait été injuste de reporter l’audience davantage.

Le tribunal a été ajourné pour le déjeuner.

Pendant ce temps, Kristinn Hrafnsson, rédactrice en chef de WikiLeaks, n’a pas été autorisée à entrer dans la galerie publique pour assister aux débats et a été envoyée dans une salle pour regarder sur un moniteur qu’elle avait du mal à voir.

40 organisations de la société civile ont également vu leur accès à distance au procès révoqué, dont Reporters sans Frontières.

Un juge a tenté d’empêcher la lecture des déclarations des témoins de la défense au tribunal.

La défense demande l’ajournement de la procédure jusqu’en janvier

10h06 EDT : L’avocat de la défense Mark Summers QC (Queen’s Counsel: Conseiller de la Reine, NdT) a demandé au juge Vanessa Baraitser un ajournement de l’audience jusqu’en janvier afin de donner le temps de rassembler de nouvelles preuves pour se défendre contre l’acte d’accusation qui remplace l’accusation.

Summers a déclaré que la défense ne peut pas procéder sans Assange, qui est le seul à avoir les connaissances nécessaires pour construire une défense. Selon Summers, Assange n’a pas lu le nouvel acte d’accusation et il n’a toujours pas reçu tous les documents dont il a besoin.

Baraitser a demandé combien de fois les avocats d’Assange lui ont parlé au cours des dernières semaines et Summers a répondu que seulement deux fois par téléphone sur une mauvaise ligne, ce qui rend difficile d’entendre son client.

L’accusation soutient qu’il n’est pas nécessaire d’ajourner l’affaire, et que la défense n’en demande qu’un parce qu’elle a perdu face à Baraitser, qui a demandé la suppression de nouvelles preuves pour remplacer l’acte d’accusation. Ils veulent poursuivre avec le premier témoin de la défense lors de la session de l’après-midi.

Baraitser étudie la demande de report de la défense jusqu’à la nouvelle année.

La juge refuse l’ajournement jusqu’en janvier

10h30 EDT : La juge Vanessa Baraitser a rejeté la demande de la défense d’ajourner l’audience jusqu’en janvier afin de lui donner le temps de rassembler de nouvelles preuves pour se défendre contre le changement de d’acte d’accusation. Elle a déclaré que les avocats d’Assange avaient largement eu le temps de demander un report et qu’ils avaient tort de prétendre que de nouvelles preuves soient retirées de l’affaire puis, après avoir perdu, d’essayer de retarder la procédure jusqu’en janvier. Le juge a repris l’argument de l’accusation. La procédure se poursuivra avec le premier témoin de la défense, le professeur de journalisme de radiotélévision Mark Feldstein.

11h30 EDT (Eastern Daylight Time : heure de la côté Est des Etats-Unis, NdT) : La première journée dramatique de la reprise de l’audience d’extradition de Julian Assange s’est terminée, avec des problèmes techniques qui ont interrompu le témoignage du premier témoin de la défense, le professeur de journalisme de radiotélévision Mark Feldstein.

Le témoignage écrit de Feldstein a été rendu public. Sur la « tribune » virtuelle – en ligne à cause de la pandémie – Feldstein a été interrogé par la défense. Il a témoigné que la presse publiait quotidiennement des informations classifiées ; qu’il ne s’attendait pas à ce que les éditeurs soient poursuivis pour cela car le premier amendement protège les éditeurs, leur permettant de dévoiler les rouages internes du gouvernement que les citoyens ont le droit de connaître. Il a déclaré qu’aucun éditeur n’avait jamais été poursuivi pour avoir publié des documents secrets et qu’aucun président n’était jamais allé jusqu’à ce qu’un grand jury rende un acte d’accusation contre un éditeur.

Le témoignage de Feldstein a été décevant car il faisait suite à une tentative de la défense de dernière minute, rejetée par le juge Vanessa Baraitser, d’ajourner l’audience jusqu’en janvier. La défense avait fait valoir qu’elle avait besoin de plus de temps pour préparer sa défense, car l’argument de l’accusation s’est déplacé vers de nouvelles preuves produites dans un nouvel acte d’accusation remplaçant l’ancien et portant sur l’accusation de conspiration pour commettre une intrusion informatique, loin des accusations d’espionnage initales, que le témoignage préparé par Feldstein traitait. Cela semblait presque hors de propos après les événements de la journée.

Source : Consortium News, 08-09-2020
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

James Whitney // 02.10.2020 à 07h30

Regrettable que ce procès est confiné comme s’il a chopé le Covid19. Quasiment pas un mot dans la presse : faut pas que les gens soient informés de ce qui se passe.

Merci aux traducteurs de Les Crises, même avec un retard de quelques semaines c’est bien qu’un tel article soit publié ici.

15 réactions et commentaires

  • James Whitney // 02.10.2020 à 07h30

    Regrettable que ce procès est confiné comme s’il a chopé le Covid19. Quasiment pas un mot dans la presse : faut pas que les gens soient informés de ce qui se passe.

    Merci aux traducteurs de Les Crises, même avec un retard de quelques semaines c’est bien qu’un tel article soit publié ici.

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    • Kasper // 03.10.2020 à 00h58

      Faudrait surtout pas que les gens fassent le rapprochement avec le-principal-opposant-russe-Navalny, qui n’a jamais rendu aucun service à la France mais à qui Macron propose l’asile de lui même alors que les demandes d’Assange sont rejetées bien que ses révélations nous aient bien servi.

        +7

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    • Quark // 03.10.2020 à 09h12

      Bonjour.
      Avec tout mon respect et toute mon amitié à ce site dont je suis un fervent lecteur, soutien et re-diffuseur, je me dois de nous signaler, pour information stricte, que le suivi de l’affaire Assange (déjà exemplaire ici en rapport à la presse mainstream certes), est depuis le début suivi au jour le jour très systématiquement par le GS :
      https://www.legrandsoir.info/etats-unis-contre-julian-assange-comptes-rendus-des-audiences.html

        +3

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      • James Whitney // 03.10.2020 à 13h32

        Merci Quark, ce lien est très utile. Les traductions sont réalisés par VD pour le Grand Soir chaque jour, et il est facile de choisir le jour.

          +1

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  • chimiste // 02.10.2020 à 07h55

    Pour les anglophones, Craig Murray a également résumé chacun des vingt premiers jours du procès sur son blog http://www.craigmurray.org.uk
    La mauvaise foi de la justice anglaise est absolument terrifiante.

      +19

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    • Darras // 02.10.2020 à 14h35

      D’accord mais vous devriez jeter un coup d’oeil au procés Kerviel, tout aussi ahurissant.

        +5

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  • Darras // 02.10.2020 à 09h27

    Et bien il y aura au moins un site Français pour relater ce scandale absolu.
    Nos médias me donnent envie de vomir.
    Merci à Olivier.
    Néanmoins, je suis un peu vexé car je lui avais donné le lien vers le rapport quotidien en temps réel du procés chez WikiLeaks en lui proposant de participer à la traduction….sans retour. Vexé le gars.

      +18

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  • jch // 02.10.2020 à 09h54

    legrandsoir.info publie quotidiennement la traduction du compte-rendu de Craig Murray, à ce jour les 17 premiers ont été traduits.
    La qualité littéraire de la traduction est certes discutable mais ça reste lisible.

      +10

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  • Rémi // 02.10.2020 à 10h06

    Y a t’il des liens vers les pétitions de soutient pour J.Assange ou donner pour sa défense?
    C#est peu mais c’est tout ce que l’on peut faire.

      +2

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    • Sev // 02.10.2020 à 12h08

      Oui Rémy, il y a le site crowdjustice sur lequel Stella Morris, la compagne de J. Assange a ouvert une page. Elle y récolte des fonds pour financer sa défense et écrit un petit billet des journées d’audience.
      https://www.crowdjustice.com/case/julianassange/

        +2

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    • Darras // 02.10.2020 à 12h27

      Le site de WikiLeaks offre toute ces possibilités

        +2

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  • LibEgaFra // 02.10.2020 à 13h12

    Quelqu’un a-t-il le moindre doute quant à l’issue de ce « procès » ?

    Pas moi, ce truc est juste pour la forme. Boris est le caniche de Donald pour reprendre une expression à la mode parmi une certaine classe politique. Et pour la séparation des pouvoirs… lol.

      +2

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    • Darras // 02.10.2020 à 14h39

      Boris n’est pas le caniche de Donald, Britannia est le petite caniche de Tonton Sam, tout comme Marianne d’ailleurs.
      Je vous rappelle qu’on a quand même violé l’immunité diplomatique d’un avion présidentiel souverain qu’on a forcé à atterrir et fouillé comme un vulgaire pirate sur ordre des USA.
      Le moyen de faire autrement ?

        +5

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  • RGT // 03.10.2020 à 09h37

    « Selon que vous serez puissant ou misérable Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
    Les Animaux malades de la peste (1678)
    Louis XIV a seulement été remplacé par l’Oncle Sam.

    Rien n’a changé depuis le XVIIème siècle et Jean De La Fontaine serait désespéré que son avertissement n’ait jamais été pris en compte.

      +0

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  • METZGER // 05.10.2020 à 15h20

    Faudrait arrêter d’épargner les juges qui se livrent à une telle mascarade : en France, sous l’occupation, un seul a refusé de prêter serment à Vichy. ils sont toujours au service d’une idéologie dominante parce que la place est chaude et la promotion assurée. Il n’y a qu’une pression populaire sur eux qui pourrait constituer un réel contre-pouvoir, les aider à réfléchir, voire à fléchir. Il appartient aux médias de diffuser les photos, les adresses personnelles, la composition familiale. La rue fera le reste.

      +0

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