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27.mars.201527.3.2015 // Les Crises

[La guerre, c’est cool !] En Ukraine, le soldat Elisaveta a vaincu son handicap

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FEMMES DU MONDE – Chaque semaine, Karen Lajon, grand reporter au JDD, raconte le combat exceptionnel ou peu ordinaire de femmes dans le monde. Cette semaine, envoyée spéciale à Kiev en Ukraine, elle rencontre Elisaveta Shaposhnik, handicapée aux mains et soldat volontaire, dans le fameux bataillon Aidar.

Une fois la paix installlée, les guerres recèlent de héros et d’héroïnes. Elisaveta Shaposhnik, 28 ans, pourrait bien en être une. Pour de bon. La jeune femme a passé trois mois en zone de conflit, dans la région de Louhansk. Rien de spécial à première vue, il existe un certain nombre de femmes, dans les rangs militaires ukrainiens. Alors, il faut bien en parler, au risque de paraître dérangeant, il faut bien aborder le handicap de ses mains. Mais c’est justement cette petite différence qui donne, désormais, à Elisaveta ce regard pénétrant, empreint d’une fierté toute nouvelle, empreint d’une confiance qui va bien au-delà de tous les mots: Elisaveta est devenue normale, aux yeux des autres. Son handicap a disparu. La guerre, en quelque sorte, l’a drapée d’une dignité retrouvée et infinie.

« Je me suis dit que je ne pouvais rester, sans rien faire »

En réalité, la bataille de la jeune femme a commencé à la maison. Avec ses parents. Elle voulait rejoindre les révolutionnaires de la place de Maïdan, eux, soutenaient Vladimir Poutine, et s’y opposaient. La violence verbale domestique grimpe dans les aiguës, un peu à la mesure de celle des armes, sur le terrain. La jeune femme quitte son Odessa natale pour rejoindre le Donbass. Sa vie d’avant était celle d’une jeune femme de l’ombre. Elisaveta souffre d’un handicap aux mains (malformation spécifique dûe à la prise d’un médicament dans les années 60) qui la prive de toutes ces petites choses qui règlent la vie des filles de son âge. Elle est aussi d’un milieu modeste, elle travaille sur les marchés et rêve sans doute d’un avenir meilleur. La guerre, paradoxalement, va le lui apporter. « J’ai trouvé normal de rejoindre ces hommes qui se battaient pour ma région. Je me suis dit que je ne pouvais rester sans rien faire », raconte Elisaveta, dans les couloirs de l’hôpital Central militaire, au centre de Kiev. La jeune femme se fait soigner pour une faiblesse cardiaque qui pour l’heure, l’éloigne de la ligne de front.

Cette ligne de front qui lui a redonnée une vie, une forme, une voix. Les tâches de la jeune femme vont de la cuisine, au ménage mais aussi aux nuits de garde, dans les différentes positions de cette armée de volontaires. « Nous étions toujours deux parce que lorsqu’il fallait prévenir le bataillon, si on ne pouvait le faire avec le talkie-walkie, l’un de nous rejoignait l’arrière, en courant, afin de les informer de tout nouveau développement ». C’est là, que le regard que l’on porte sur la jeune femme devient embarrassant. On ne peut s’empêcher de remarquer ses mains, si peu compatibles avec l’exercice du combat.

Ce jour-là, dans ce couloir d’hôpital, elle a joliment soigné ses ongles, revêtus d’un vernis violet. Son pantalon de treillis est immaculé. Mais n’est-il pas français? Elisaveta sourit et raconte, avec des étoiles dans les yeux, qu’elle était à Paris, en mars 2014. Qu’elle a acheté ce pantalon de l’armée française, dans un surplus militaire ainsi que cette doudoune, bien moins réglementaire, et qui avec ses dessins de bambous, suggère une tenue camouflage. Du bricolage! Mais qu’importe, Elisaveta est prête à tout pour faire partie de ce groupes d’hommes et de femmes qui défendent leur patrie, le fameux bataillon Aidar.

François Hollande fait la bise à Elisaveta

Paris. Un autre tournant de la vie de cette jeune femme qui prend les contours d’un destin peu courant. « On m’avait choisie pour un voyage en France, parce qu’ils ont dit que je représentais une sorte de symbole fort des révolutionnaires de Maïdan. Je suis restée six jours, j’ai rencontré François Hollande et Bernard Henry-Lévy « . Ce qu’elle retient de ce voyage qu’elle semble avoir traversé avec la modestie des justes, c’est la chaleureuse accolade du président français. « En Ukraine, les présidents ne nous embrassent pas! « , dit-elle, en riant.

Elle a gardé les photos de ce moment historique et personnel, sur son téléphone portable qu’elle sort habilement de son anorak et manipule avec une agilité déconcertante, compte-tenu de son handicap. A cette époque, elle affiche une coupe de cheveux plus féminine qu’aujourd’hui. Ses cheveux, depuis, ont été coupés à la façon nationaliste, court sur les côtés et avec une sorte de grande mèche qui part du haut du crâne pour aller vers le bas du dos. Pas forcément très seyant mais qui a le mérite de situer la personne, au premier coup d’oeil.

Lisa a gagné, les gens ne la regardent plus

A la guerre, elle habite dans un immeuble abandonné, les toilettes sont à l’éxtérieur. « Pour se laver, on allait chez les gens qui voulaient bien nous accueillir ». La nuit est réservée aux gardes. Qu’elle accomplit avec tout le courage que son corps frêle possède et que l’effroi entrave parfois. « Une nuit, j’ai eu vraiment peur, parce qu’un obus est tombé sur la position, à une centaine de mètres de nous. Les deux garçons ont été réduits en cendre. Il y a des gars du bataillon qui sont partis avec des sachets en plastique, afin de ramasser les cendres, justement. C’était très perturbant mais en même temps, je savais que ma place était là et pas ailleurs, même si j’etais terrifiée ». Des photos, Lisa en a encore. Elle manipule à nouveau son téléphone et s’arrête sur cette image, source de fierté infinie: un panneau, un camion, de la neige à hauteur d’homme et elle, Elisaveta, une kalachnikov dans les bras, tout sourire, la preuve absolue qu’elle ne raconte pas d’histoires:  » Avant je souffrais de mon handicap, aujourd’hui, ce n’est plus le cas, le regard des autres sur moi est différent, il a changé « . Mieux, les gens ne la regardent plus. Elle n’est plus une handicappée.  » Je me dis qu’il n’y a pas de bonheur sans aide du malheur « . Elisaveta est enfin devenue Elisaveta Shaposhnik. Elle est comme tout le monde. Elle sait que désormais le rêve de sa vie, créer une association pour handicapés, est à portée de main. Une victoire que Poutine n’aurait sûrement pas imaginée.

Source : Karen Lajon, pour Le JDD, le 12 février 2015.

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Commentaire recommandé

Kiwixar // 27.03.2015 à 03h25

J’avoue, je n’ai lu que le début, qui m’a bien fait marrer, j’y peux rien : « Karen Lajon, grand reporter au JDD ». Kh kh kh kh. Non, sérieux… faut arrêter. Et « Envoyée spéciale à Kiev »… ah quand même! Oula, ça c’est du grand reporterage. Le lobby de l’hôtel à Kiev, où on peut tout savoir de la guerre… au Donbass, à 7 km de là. Oulà, excusez du peu. Euh, pardon 700 km de là! Merci googlemaps… Ah heureusement qu’il y a internet, les Actu’Ukraine de ce blog, et d’autres médias alternatifs, parce que les merdias, franchement, à force de creuser c’est pas du pétrole qu’ils vont trouver, c’est les eaux du Pacifique sud.

55 réactions et commentaires

  • David D // 27.03.2015 à 02h18

    Les bataillons nommés « Azov » mer d’Azov en ligne de mire et « Donbass » bassin du Don sont les deux bataillons spécifiquement nazis de l’armée ukrainienne, c’est ce que j’avais pu évaluer cet été, je ne comprends pas bien la (contre-smiley-)propagande en cours. Il y a deux noms de bataillons à éviter comme la peste, le bataillon Azov et le bataillon Donbass.

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  • Caliban // 27.03.2015 à 02h24

    Une bien belle histoire … la petite maison dans la prairie ukrainienne.
    Faudrait vraiment pas grand chose pour qu’on devienne tous Charlie Ingalls.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Personnages_de_La_Petite_Maison_dans_la_prairie#Charles_Ingalls

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    • JaySWD // 27.03.2015 à 04h10

      @Caliban
      Tout juste,j’ajouterais:La petite maison dans la Niaiserie……

        +32

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  • Emmanuel // 27.03.2015 à 03h19

    Bonne nouvelle : plus besoin de se soucier des blessés et autres mutilés de guerre.
    A part ça, pour voir qu’un (très grave) handicap peut être surmonté sans enrôlement d’aucune sorte, cherchez le nom de Barb Guerra (amputée durant sa petite enfance). Chapeaux bas.

      +1

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  • Kiwixar // 27.03.2015 à 03h25

    J’avoue, je n’ai lu que le début, qui m’a bien fait marrer, j’y peux rien : « Karen Lajon, grand reporter au JDD ». Kh kh kh kh. Non, sérieux… faut arrêter. Et « Envoyée spéciale à Kiev »… ah quand même! Oula, ça c’est du grand reporterage. Le lobby de l’hôtel à Kiev, où on peut tout savoir de la guerre… au Donbass, à 7 km de là. Oulà, excusez du peu. Euh, pardon 700 km de là! Merci googlemaps… Ah heureusement qu’il y a internet, les Actu’Ukraine de ce blog, et d’autres médias alternatifs, parce que les merdias, franchement, à force de creuser c’est pas du pétrole qu’ils vont trouver, c’est les eaux du Pacifique sud.

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  • Serge // 27.03.2015 à 05h02

    J’ orai jamé cru lir un chefedooeuvre pareille ! Ché bô , oh que ché bô …
    Avec son handicap ,elle était discriminée ;et pi maintenant on la regarde pu pareille …Que ché bô,que ché humanitaire .L’humanitaire ,y’a pas mieux parce que cé le Bien ,les autres cé le Mal …

    La coiffure zaporogue,avec la « modestie des justes » dans le bataillon Aidar ,dans la région de Lougansk,on fait des crimes de guerre et le salut naze ,que cé bô et romantique !

    http://www.google.fr/imgres?imgurl=https://geostrategyblog.files.wordpress.com/2015/02/ukraine-les-nazis-pro-europc3a9ens-du-bataillon-aidar.jpg&imgrefurl=http://infobeez.com/2015/02/07/spoutnik-le-bataillon-aidar-ouvre-le-feu-sur-des-refugies-de-lougansk/&h=563&w=750&tbnid=XTDuAJUq1a7ytM:&zoom=1&tbnh=93&tbnw=124&usg=__AVZ2GlJ5YgkVxwfkE5JuMIZZWFo=&docid=1T2ZTDgrUBYlTM&sa=X&ei=x9QUVcHRKIaxUdyrgIgP&ved=0CCMQ9QEwAA

    Et pi à la fin ,Poutine le méchant ,il n’aurait jamais imaginer qu’on puisse créer une association pour handicapés ! ouuhn le vilain pas beau ! Méchant Poutine,méchant !
    Surtout qu’avec tous ceux qu’on a estropié et mutilé dans le Donbass,il aurait pu y penser tout de même !
    Là je dis :chef-d’oeuvre ! Vraiment ! Faut quand même oser écrire ça ! A encadrer et archiver …

    Sur la photo ,on dirait Douste-Blaze ,non ? On l’avait oublié celui -là ,d’où sort-il ?

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    • VladimirK // 27.03.2015 à 14h20

      Traduction :
      Poutine est tellement méchant qu’il s’attaque même à des guerrières ukrainiennes handicapées, le lâche.

      À propos, il y avait moins d’article sur les enfants de Tchernobyl dans les années 90

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  • Boublik // 27.03.2015 à 06h17

    Vous vous souvenez de la nazie du magazine ELLE?
    La revoilà: https://www.youtube.com/watch?v=JqQmLLApfyY

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  • DUGUESGLIN // 27.03.2015 à 06h21

    Pauvre petite elle a rencontré BHL. Sa vie a changé. Elisaveta ne sait sans doute pas ce que font les combattants qu’elle soutient.
    Il serait juste de parler aussi des femmes du Donbass et de Lougansk qui, elles, se battent vraiment, pour défendre leur terre, leur famille, leur langue, aussi le droit de vivre libre et même le droit de vivre tout court. Des femmes qui sont héroïques malgré elles.
    Celles qui se défendent du bataillon répressif Aïdar (de Elisaveta), qui bombardent les civils les habitations et les infrastructures pour en chasser les habitants.
    Il y a les femmes qui se battent par nécessité et d’autres volontaires pour une patrie fictive et éphémère au détriment de ses habitants.
    Il faudrait en informer Karen Lajon.
    Lui faire connaître le rapport d’amnesty international.
    http://blogs.mediapart.fr/blog/xipetotec/100914/les-crimes-de-guerre-du-bataillon-punitif-aidar-dans-la-region-de-lougansk-amnesty-international

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    • tepavac // 28.03.2015 à 02h20

      Duguesclin, ton sens de la formule résume tout en une phrase. Permet moi de la comprendre plus simplement

      Il y a les femmes qui se battent par nécessité et d’autres volontaires..pour aller les assassiner.

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  • purefrancophone // 27.03.2015 à 06h38

    Eh bien c’est parfait !
    Cette jeune femme n’avait donc aucun avenir en raison de son handicap mais « heureusement » grâce à cette guerre elle a trouvé sa place ?
    BHL et HOLLANDE lui ont donné la pêche? Pour certains il ne leur faut pas grand chose pour être satisfait . Va t-elle accompagner tous les conflits de la terre pour se réaliser complètement ?
    Chacun son gourou ; BHL comme sauveur , on a déjà lu et entendu çà mais la preuve c’est autre chose !!

      +9

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    • Van // 27.03.2015 à 17h32

      soldate handicapée !!! pas étonnant quils perde face a une poignet de résistants du donbass . des mauvais langue pourai dire que le gouvernement ukrainien vise par cette actions a diminuer les place de parking pour handicapés 🙂
      en tenant compte de l’handicape mental de leur président en plus de cette magnifique histoire l’Ukraine est un exemple d’intégrations des personne handicapé .

        +2

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  • Arnold99 // 27.03.2015 à 06h43

    Au delà des larmes de crocodile, de la compassion politicienne et de l’exploitation médiatique reste la misère d’une guerre civile. Toute cette débauche de mièvrerie sert à masquer que tout ce qui se passe en Ukraine depuis 20 ans c’est d’abord pour que les oligarques ukrainiens, les trusts américains puissent continuer à péter dans la soie et que nos élites nationales puissent continuer de rêver à un avenir meilleur (pour eux).

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  • lon // 27.03.2015 à 06h55

    On remarquera le raccourci impeccable :

    « …En réalité, la bataille de la jeune femme a commencé à la maison. Avec ses parents. Elle voulait rejoindre les révolutionnaires de la place de Maïdan, eux, soutenaient Vladimir Poutine, et s’y opposaient… »

    Ben oui, c’était déjà Poutine le gros baton à Maïdan, comme il est clair que c’est  » les russes  » qu’on combat dans le Donbass .

    CQFD

      +15

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  • Libriste // 27.03.2015 à 07h27

    Voila un schéma narratif digne de la collection « Harlequin »

    Les méchants russes qui l’on rendue handicapée du temps soviétique, qui l’empêchent d’être libre sous la forme d’un dictat parental…..
    Les gentils occidentaux qui la libèrent dans sa tête et dans son corps.
    La rencontre avec un pseudo héros de la démocratie….

    Bref tous les poncifs!

    Combien le JDD, qui appartient au groupe Lagardère touche-t-il de subvention de la part des citoyen français?

    Quand va-ton virer tout ces imposteurs?

    Va -t-on les virer pour incompétence ou mauvaise foi?

    Enquête à suivre…..

      +25

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  • Ardèchoix // 27.03.2015 à 07h49

    « Ses cheveux, court sur les côtés et avec une sorte de grande mèche . »
    Ben y manque plus que la main qui tremble, et on a la totale. Pour venir à paris elle est passée par les Ardennes ?

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  • Louis JULIA // 27.03.2015 à 07h53

    C’est un fait avéré: les handicapés sont choyés, en Ukraine.
    Voyez cette vidéo pleine de tact, dans laquelle on voit un Porochenko à l’élocution quelque peu pâteuse offrir des cadeaux à un jeune soldat qui a perdu ses deux jambes: https://www.youtube.com/watch?v=rNKesrev5Wc
    Finalement, sous ses airs sévères, c’est un petit farceur, ce Petro, plein d’humour…

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  • Grégory // 27.03.2015 à 08h01

    Allez patience, ce genre d’article est maintenant mal vu par le commandement général. Voyez comment Reuters a basculé. C’est officiel, Olivier avait raison, le Monde (et le JDD) se sont compromis gravement:

    http://www.reuters.com/article/2015/03/25/us-ukraine-crisis-azov-idUSKBN0ML0XJ20150325

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  • valles // 27.03.2015 à 08h42

    Qu’elle fasse gaffe quand même, en croisant la route de BHL tu peus y perdre plus qu’un bras.

      +4

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  • ulule // 27.03.2015 à 08h45

    Poroshenko offers Yarosh a Ministry of Defense job. This was announced on the [Poroshenko-owned] TV Channel 5 by Anton Gerashchenko, a Poroshenko advisor.
    http://fortruss.blogspot.fr/2015/03/normal-0-false-false-false-en-us-x-none_26.html
    J.Hawk’s Comment:
    It’s also becoming clear that Poroshenko is aiming not at destroying but at isolating Kolomoysky. The arrests during the Cabinet meeting were of officials who gave state contracts to Kolomoysky’s companies…
    Yatsenyuk surely thought for at least a moment that the people who came to arrest his Cabinet members were actually coming for HIM. Yes, Poroshenko can arrest Yatsenyuk’s ministers right from under his nose. He managed to similarly neutralize Parubiy and Turchinov and, at least temporarily, secure the support of Avakov and Nalivaychenko whose star is rising.

      +1

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    • Renaud 2 // 27.03.2015 à 14h25

      Le leader de Pravy Sektor ministre de la défense ? Voilà qui va aider à calmer le jeu c’est sûr…
      Pendant ce temps nos bien-aimés think tanks américains, Brookings en tête, veulent boycotter la cérémonie du 8/9 mai à Moscou pour la célébrer à Kiev. Encore un pas de plus vers la paix…

        +7

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  • Nerouiev // 27.03.2015 à 08h48

    Il y a les handicapés qui tentent de s’en sortir, mais il y a ceux qui le deviennent, massacrés par leurs frères. Pas de romance pour ces derniers.

      +13

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  • Patrick Andre // 27.03.2015 à 09h27

    « Elle sait que désormais le rêve de sa vie, créer une association pour handicapés, est à portée de main. Une victoire que Poutine n’aurait sûrement pas imaginée. »

    Elle aurait pu aller aux jeux paralympiques de Sotchi en tant que spectatrice ,peut être elle aurait eu une autre opinion …

    Le président russe Vladimir Poutine estime que les athlètes handicapés sont «un exemple à suivre pour nous tous» en raison de leur force de caractère et leur volonté de fer, dans une interview à la veille de l’ouverture des Jeux Paralympiques

    http://www.lematin.ma/express/2014/paralympiques_-les-athletes-handicapes-sont-un-exemple-a-suivre-/198058.html

      +13

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    • Nerouiev // 27.03.2015 à 10h44

      Bien vu Patrick André. Poutine a mis un point fort particulier sur les jeux Paralympiques dont l’ouverture était de toute beauté. Il a passé énormément de temps et de façon fortement conviviale avec les handicapés avant et pendant les épreuves. Mais l’Occident a boudé ces jeux de façon stupide et indigne, la volonté de paix et du vivre ensemble n’est pas dans ses mœurs, c’est le gangstérisme américain tous azimuts, il en crèvera.

        +16

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  • Iskander Zakhar // 27.03.2015 à 09h48

    Un bel article qui prouve en effet que chaque être humain a en lui quelque chose qui lui permet d’agir, même à un modeste niveau, pour une cause qu’il considère comme noble.
    Si je comprends bien les termes de l’article, cette noble cause est celle de la lutte pour sa liberté, du Peuple ukrainien opprimé par le grand cousin Russe. Cette noble cause prend ici les traits (si ce n’est la coupe de cheveux) du NATIONALISME.
    Je souhaite juste poser une question à Madame Karen Lajon : « pouvez-vous nous éclairer sur la différence qu’il faut que nous établissions entre le danger du nationalisme français, prôné par Mme Le Pen, et les vertus du nationalisme ukrainien, prôné par Elisaveta et ses amis du bataillon Aïdar ? »
    Comme je demeure un béotien en la matère, je suis toujours preneur d’explications rationnelles.

      +11

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  • Pierre // 27.03.2015 à 09h57

    De toute façon, il n’y a rien à attendre de toute action de propagande que de la déformation, exagération et manipulation politique, qu’elle vienne de l’Ukraine, de BHL ou du Parti Socialiste ou même de la Russie. Il faut toujours avoir du recul dans ce genre d’affaires. Quant au Parti socialiste français, certains de ces membres semblent plus maintenant des adhérents du PSF des années 30 quand ils parlent de la Russie. Jean-Marie le Guen lui-même a défini à la radio RTL le 26 mars 2015, dans un débat avec ses adversaires politiques, comme un adversaire déterminé de la Russie de Poutine et un nationaliste européen convaincu des bienfaits de Maïdan. Que peut-on attendre de plus ? Les socialistes français ne sont pas guéris de leur maladie du « Congrès de Tours ». Tout ce qui vient de l’Est et de la Russie, leur provoquent de l’urticaire, afin qu’ils prouvent auprès de ceux qu’ils servent maintenant qu’ils sont de « bons sociaux-libéraux » pas méchants, de gentils collaborateurs de l’Union européenne, etc… Il n’y a qu’une chance et une chose à attendre du renouvellement politique français : que ce parti socialiste éclate et disparaisse – afin même que l’on ne souvienne même plus qu’il a eu un PSF, et d’autres hybrides du socialisme français (y compris d’ailleurs chez les communistes comme Doriot..) Hollande et ses compagnons ont-ils même compris que le temps de l’URSS était fini ? En tous cas, ils ont déjà fait de belles réussites dans leur politique avec la Russie : la fermeture de 2 usines Renault à Moscou et St Petersbourg et l’arrêt de nouveaux investissements de Total pour l’instant (tandis que Shell et BP sont plus opportunistes). Quant aux navires « Mistral », les Russes sont bien malins, puisque même le stationnement au quai de celui-ci qui devait être livré à un coût important et lorsqu’il sera livré – la mise en route et le contrôle de son état seront à la charge de la France. Chapeau les socialistes français !!

      +12

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  • Zo // 27.03.2015 à 10h37

    « Elle sait que désormais le rêve de sa vie, créer une association pour handicapés, est à portée de *main*.  »

    C’est un peu comme dire « Tu vois ce que je veux dire » à un aveugle ça non ?

      +3

    Alerter
  • Alae // 27.03.2015 à 10h40

    Oulah, ça se sentait venir de loin. Toute cette élite cooptée, propre sur elle, moraliste et sermonneuse, en apparence antiraciste, progressiste et ouverte à tout mais en réalité méprisante et cynique envers le populo fleurait ses années trente de loin. Ce besoin de donner des leçons, d’expliquer la vie aux manants, cette pseudo-supériorité du crétin bien né, c’était signé. Hier, cette espèce était collabo et aujourd’hui, c’est pareil. Les mêmes !

      +13

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  • arthur78 // 27.03.2015 à 11h03

    Apparemment Stephane Siohan et Guillaume Herbaut ont récidivé en date du 20 02 2015 dans un article du figaro intitulé : les irréductibles du Bataillon Aidar (ne pas confondre avec Obélix)

    http://www.lefigaro.fr/international/2015/02/18/01003-20150218ARTFIG00270-ukraine-les-irreductiblesdu-bataillon-aidar.php

    Quelqu’un a t’il accès à cet article et peut il nous en donner le détail.

    A un moment donné il va peut être falloir arrêter l’apologie des mouvements néo nazis
    messieurs les journalistes de la presse officielle.

      +3

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    • arthur78 // 27.03.2015 à 11h47

      j’ai trouvé le reportage du figaro sur le site du photographe Guillaume Herbaut (celui de ELLE)

      http://cargocollective.com/search/guillaume-herbaut-tearsheet

      on y apprend donc des trucs tres interessant

      en septembre un rapport d’amnesty international a alerté sur les « exactions généralisées » du bataillon aidar y incluant des « enlevements, détentions illégales, mauvais traitements, vol extorsion de fonds » . L’ONG est revenue sur ses premiers soupcons d’exécutions sommaires « les autorités ukrainiennes ne peuvent laisser se reproduire (…) l’impunité et les abus qui ont prévalu dans les zones tenues par les séparatistes » estime amnesty international. les autorités ont enregistré 38 plaintes au pénal concernant Aidar, pricnipalement pour vol. Ces enquètes pourraient ne pas aboutir, car plusieurs responsables de bataillons ,Aidar y compris sont devenus députés, notamment sur la liste du Premier Ministre Iatseniouk,alors que le ministre de l’intérieur Arsen Avakov entretien des liens notoires avec certains chefs de bataillon.

        +4

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  • arthur78 // 27.03.2015 à 11h08

    Karen Lajon a aussi fait un article sur une jeune tchétchène qui se sent plus utile comme soldate que comme médecin, ouaiiiis géniiaaaale …

    http://www.lejdd.fr/International/Europe/Amina-la-Tchetchene-a-choisi-de-se-battre-pour-l-Ukraine-717948

    et alors, on fait quoi si une tchétchène décide de faire pareil en France, le président la recevra à l’élysée ? Valls lui offrira une médaille ? par moment on se demande ce que recherchent les groupes de presse Français : susciter des vocations ???

    Allons jusqu’au bout de cette logique mortifère, l’avenir pour les hommes et les femmes, c’est le poignard , la kalachnikov et le lance roquettes ???

      +4

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  • Taserman // 27.03.2015 à 12h22

    – Encore une « gentille », aurait dit Gus du « Basic Instinct ».
    Celle qui a rejoint le fameux bataillon néonazi AIDAR:
    « Aidar Battalion is a Territorial Defense Battalion of Ukraine, a volunteer military detachment of Ukraine’s Ministry of Defense. The battalion is currently fighting in the war in Eastern Ukraine, and has roughly 400 members.According to The Guardian the unit is known for links to far-right, and it has published at least one member posing with Neo-nazi symbols[2] In 2014, Amnesty International and the Organization for Security and Co-operation in Europe (OSCE) accused the battalion of human rights abuses, executions, theft and other actions possibly constituting war crimes. »
    Source: http://en.wikipedia.org/wiki/Aidar_Battalion

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  • Crapaud Rouge // 27.03.2015 à 13h45

    Soyons honnêtes. Karen Lajon a aussi signé ce portrait de Luciana Castellina, écrivaine italienne et communiste : http://www.lejdd.fr/International/Europe/Luciana-Castellina-une-communiste-qui-ne-se-renie-pas-716740 Il est manifestement très respectueux. Il faut en conclure que soit Karen Lajon est pro-nazie, soit elle ignore totalement ce qu’est « le fameux bataillon Aidar« , soit elle se fiche de cette publicité pour des nazis, soit elle a été manipulée.

      +2

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    • Crapaud Rouge // 27.03.2015 à 14h19

      Oui, bon, ok, je retire mes hypothèses bienveillantes. Après avoir lu l’article indiqué par arthur78, puis un autre, j’ai pu vérifier que le JDD est pro-Kiev sans aucune retenue, systématiquement et depuis le début. On en revient toujours au même : ils s’en fichent que leurs « fameux » bataillons soient nazis.

        +4

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  • VladimirK // 27.03.2015 à 14h13

    vous remarquerez que le sous-titre de l’article précise le fameux bataillon Aïdar

    Donc il est connu de la journaliste, et c’est donc d’autant plus scandaleux.

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  • ulule // 27.03.2015 à 15h50

    Une pépite cette vidéo… https://www.youtube.com/watch?v=9rKIzgwyayk

    Philippe de Fontaine Vive, Vice-président de la banque européenne de reconstruction et de développement(BERD), interview 2012, de 12:03 à 13:15
    « L’Union Européenne n’arrive plus à prendre ses décisions à 27 par consensus. Donc à partir du moment où elle n’y arrive plus, c’est la graine de la division qui est là ; on a le résultat qui était prévisible lorsque les 27 n’arrivent plus à s’entendre entre-eux, c’est que c’est le reste du monde dirigé par les Etats-Unis qui prend les décisions à la place de l’UE, c’est un choix de certains pays européens de préférer suivre les US plutôt que de suivre les décisions par consensus à Bruxelles. »

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    • dupontg // 28.03.2015 à 02h12

      c’est quoi exactement « le reste du monde dirrigé par les US » une fois qu’on a enlevé l’europe?

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  • Serge // 27.03.2015 à 16h05

    A suivre au prochain épisode de notre feuilleton du « coeur » :
    Notre petite héroïne retrouve ses parents .mais c’est trop tard,ils ont morts sous les bombardements dont on ne connaît pas la provenance des tirs .
    Elle peut enfin leur pardonner d’avoir soutenu Poutine.
    Le pardon dans la mort …Apaisée, elle peut désormais marcher droite et sereine vers l’avenir radieux d’une Ukraine rattachée à l’Europe et délivrée de l’odieux dictateur russe .Snif,snif …

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    • languedoc 30 // 27.03.2015 à 18h30

      Je trouve ce truc, gnangnan, bêta, dégoulinant de bons sentiments, un brin ridicule. Pauvre JDD qui n’a rien d’autre à proposer à ses lecteurs.

        +2

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  • Manu // 27.03.2015 à 16h09

    Il devrait avoir honte pour lui-même. Mais c’est surtout ceux qui font mine de considérer ces deux bataillons nazillons comme des « défenseurs du peuple ukrainien face à l’impérialiste ours russe » qui sont méprisable.

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  • Albigeois // 27.03.2015 à 16h31

    « Je suis restée six jours, j’ai rencontré François Hollande et Bernard Henry-Lévy “

    Cool, le président et le ministe des affaires étrangères. Les deux meilleures personnes en France, ça c’est du voyage organisé!

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  • Crapaud Rouge // 27.03.2015 à 16h59

    Étant tombé sur des articles de propagande du JDD, et excédé par leur côté crispant, j’ai entrepris d’en prendre un et de le décortiquer, à titre de défoulement. L’article retenu présente l’intérêt de parler de Poutine « en général ». Il montre la « ligne générale » de la propagande occidentale. On peut le lire ici : http://www.lejdd.fr/International/Europe/Le-tsar-Vladimir-Poutine-pris-a-son-propre-piege-en-Ukraine-716992

    Vladimir Poutine, le tsar du Kremlin pris à son propre piège

    Le ton est donné dès le titre : Poutine est un dictateur qui agit seul, jusqu’à se piéger lui-même.

    En déchaînant la ferveur nationaliste, Vladimir Poutine a lié sa popularité à une victoire en Ukraine.

    La « ferveur nationaliste » ne vient donc pas des « insurgés » eux-mêmes, mais de Poutine, et la « ferveur nationaliste » symétrique des Kiéviens ne serait qu’une réaction. On feint d’oublier ce qui a mis le feu aux poudres : Kiev qui décide que le russe ne sera plus une langue officielle.

    La mise est si élevée qu’il est soupçonné de se livrer à toutes les ruses pour arriver à ses fins.

    Soupçonné par qui ? Par des gens bien placés pour le savoir : l’auteur invoque tacitement des autorités elles-mêmes au-dessus de tout soupçon. La construction narrative est logique puisque la phrase fait de Poutine un être fourbe.

    Il ne « compte faire la guerre à personne », veut « coopérer avec tous ». Ainsi parle le maître russe, cité samedi par l’agence de presse russe Interfax, quelques heures après que François Hollande a évoqué un plan de paix, « dernière chance pour éviter la guerre ».

    Ce « Ainsi parle le maître russe » est là pour dire que ses propos sont cités comme exemple de sa fourberie qui vient d’être établie. En revanche, quand c’est Hollande qui parle, il n’est pas fourbe, évidemment.

    « Grâce à Dieu, il n’y a pas de guerre. Mais il y a, c’est certain, une tentative de freiner notre développement par différents moyens », a dénoncé ­Vladimir Poutine, qui s’exprimait samedi devant un congrès de syndicalistes russes à Sotchi, dans le sud de la Russie.

    Poutine étant fourbe, cette citation ne peut être interprétée que comme une litote. A la place de « dévelopement », le lecteur comprendra : « expansion », « nationalisme », etc.

    « Il y a une tentative de « gel » de l’ordre mondial actuel avec l’existence d’un seul dirigeant, qui s’est mis en place au cours des dernières décennies après la chute de l’Union soviétique », a-t-il ajouté, faisant clairement allusion aux États-Unis.

    Le lecteur comprendra : Poutine veut renverser, désiquilibrer ou bouleverser l’ordre mondial, et défie les Etats-Unis.

    Sous-titre : « Poutine toujours prêt à jouer un cran au-dessus »

    Donc Poutine ne craint pas l’escalade des sanctions, c’est un va-t-en-guerre.

    Les vieilles techniques du KGB sont toujours d’actualité. L’ancien colonel Vladimir Vladimirovitch Poutine cache soigneusement son jeu et masque ses intentions réelles, plongeant ses adversaires dans le doute et contribuant à les diviser entre eux.

    Sa fourberie se voit confirmée par son passé au sein du KGB. Mais au fait, pourquoi le présenter ainsi ? La réponse est simplicisme : cela permet de faire avaler n’importe quelle « vérité » contraire à la réalité, celle-ci se faisant réduire à des apparences trompeuses. Ainsi, les dissensions qui peuvent surgir entre « ses adversaires » ne seraient pas imputables aux adversaires eux-mêmes, qui seraient tous « naturellement » d’accord, mais encore à Poutine.

    Que veut Poutine en Ukraine? Le Donbass? Un passage terrestre jusqu’à la Crimée, voire jusqu’à Odessa et la Transnistrie? L’Ukraine est-elle l’objectif ou simplement un terrain de manœuvre dans un affrontement global avec les États-Unis?

    Et si Poutine ne voulait rien d’autre que la fin de la guerre civile et d’une menace militaire à sa porte ? Cette hypothèse ne peut évidemment pas être envisagée. Au final, le lecteur optera évidemment pour la pire : Poutine cherche « l’affrontement global avec les Etats-Unis ».

    Longue est la liste des questions sur lesquelles planchent les diplomates occidentaux.

    On ne saura rien de cette longue liste de questions. C’est bien dommage, car elle donnerait une idée précise de la géopolitique occidentale. Mais la phrase suggère que lesdits diplomates ont fort à faire avec le vilain Poutine et que, bien sûr, bien sûr, ils font tout pour éviter la guerre, eux.

    Beaucoup sont enclins à penser que Vladimir Poutine ne sait pas lui-même ce qu’il veut, qu’il est pris à son propre piège après l’annexion de la Crimée et réagit au coup par coup à l’escalade.

    C’est vrai qu’il réagit au coup par coup, mais à une agression occidentale dont il ne peut pas tout prévoir, ce n’est pas un devin. L’annexion de la Crimée n’a pas été un piège pour lui ni pour la Russie, et il sait très bien ce qu’il veut : son rapprochement avec la Chine et son implication dans l’OCS le montre bien. On est donc en plein mensonge, ce qu’il fait n’est un secret pour personne, sa ligne stratégique est clairement lisible, mais, en faisant croire le contraire, on suggère que c’est lui l’agresseur.

    « Il est toujours prêt à jouer un cran au-dessus mais ne sait pas vraiment où il va », suppute un diplomate. Excellent tacticien mais piètre stratège, il effectue des virages déconcertants.

    Dans ces « virages déconcertants », qui relèveraient de la tactique et non pas de la stratégie, il faut encore y lire une marque de la fourberie : s’il disait la vérité, ses « virages » seraient prévisibles et sembleraient logiques. Ici, l’auteur fait croire que les Occidentaux ne peuvent pas le comprendre, ce qui ne serait pas le cas s’il avait une stratégie.

    « Il réclamait au départ la fédéralisation de l’Ukraine, puis cette exigence a disparu », poursuit le diplomate.

    Mensonge gris : il veut surtout protéger les russophones, la fédéralisation n’est qu’une solution parmi d’autres. Mais faire « disparaître » cette « exigence » laisse entendre qu’il a d’autres visées, que le lecteur supposera plus agressives envers l’Ukraine.

    Il happe la Crimée, fait miroiter l’indépendance au Donbass, puis se dit attaché à l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

    Mensonge noir : il n’a jamais fait miroiter l’indépendance au Donbass. L’expression « se dit attaché » connote une fois de plus un propos mensonger. Encore et toujours la fourberie. Molière peut aller se rhabiller avec sa pièce « Les Fourberies de Scapin »…

    L’un de ses plans consiste à « tchétchéniser » le Donbass, c’est-à-dire à forcer Kiev à acheter la paix aux séparatistes.

    La majorité des lecteurs ne savent rien des dessous des deux guerres de Tchétchénie, ils se rappellent seulement que ce fut horrible. Les « séparatistes » sont présentés comme faisant du chantage. Why not, mais là aussi il ne faudrait pas oublier ce qui mit le feu aux poudres…

    Sauf que Kiev ne ­récupérera pas le contrôle politique de la région et que son économie s’effondrerait à coup sûr.

    Cette phrase confirme le chantage à l’économie des « séparatistes », et exprime les terribles menaces qui pèsent sur Kiev : c’est une invitation à se mobiliser contre Poutine.

    Beaucoup sont bluffés par l’écart entre les paroles et les actes.

    Vérité grise : quand le président russe parle de paix, et qu’il se ramasse des sanctions auxquelles il est bien obligé de réagir, (au coup par coup, comme on vient de le voir), cela crée évidemment un abîme entre les paroles et les actes.

    Le président russe ne parle que de solution diplomatique pour arriver à la paix. Il envoie des convois humanitaires dans le Donbass. Mais aussi – secrètement – un flot d’armes russes et de combattants de nationalité russe (dont de véritables soldats). Les tanks sont repeints pour dissimuler leur armée d’origine, et les soldats se débarrassent de leur identification avant de franchir la frontière.

    Donc on ne peut rien prouver puisque tous ces militaires interviennent sous fausses couleurs. Mais la fourberie de Poutine ayant été démontrée par ce qui précède, il va sans dire que ce « flot d’armes russes et de combattants de nationalité russe » est la vérité. Mais où est le problème ? Poutine n’a pas le droit d’aider le Donbass ? Après tout, il est de notoriété publique qu’il aide massivement l’horrible dictateur syrien, et qu’il le fait sans en demander le droit à quiconque. L’on comprend alors que l’aide ne peut être qu’occulte, quelque soit son importance, sinon la Russie provoquerait une escalade dans le conflit alors qu’elle veut seulement éviter que les « séparatistes » se fassent écrabouiller. Mais cette inteprétation ne fait pas l’affaire des Occidentaux : pour eux, il faut que l’aide russe dissimule autre chose, des intentions perfides et mauvaises, un projet d’expansion injustifiée, voire criminelle. Et pour cela, rien de tel qu’une aide secrète. (Cf. supra « Que veut Poutine en Ukraine? »)

    Sous-titre : Poutine est présenté comme le protecteur du « monde russe »

    Ce sous-titre dénonce la propagande adverse. En réalité, Poutine serait une menace pour le « monde russe » puisque, comme on l’a vu, ses intentions cachées le porte à un « affrontement global avec les États-Unis ».

    Dans ce jeu très opaque auquel joue le président russe, il existe un indicateur visible de ses intentions : le poste de télévision. Contrôlée par le Kremlin, la ligne éditoriale des chaînes fédérales russes ­réveille et dope le revanchisme né de l’effondrement de l’URSS. ­Poutine est présenté comme le protecteur du « monde russe », à domicile comme à l’étranger.

    Vérité grise : le redressement économique, démographique et technique de la Russie est présenté, même pas comme une revanche, (qui serait légitime compte tenu des épreuves passées), mais comme du « revanchisme », ce qui connote son caractère illégitime et justifié par la référence à l’URSS honnie. Le lecteur a remarqué le « jeu très opaque », une flèche supplémentaire qui finit par faire penser au sort d’un fameux martyr chrétien.

    Un discours qui fait mouche et lui assure une forte popularité. Les journaux télévisés ouvrent sans cesse sur un récit manichéen : le bombardement des civils « russes » du ­Donbass par les « fascistes » de Kiev « manipulés » par Washington et Bruxelles.

    Ici, l’emploi des guillemets sert à identifier les mensonges de l’adversaire. Les civils bombardés ne sont pas russes, (on oublie qu’ils sont russophones et habitent à deux pas des Russes, comme les Basques de l’aure côté des Pyrénnées), il n’y aurait que des démocrates pur jus à Kiev, (on oublie Pravit Sector, Banderas, et l’église ukrainienne dissidente du Patriarcat de Moscou), et bien sûr, cerise sur le gâteau, Washington et Bruxelles ne manipulent personne, ils ne font qu’aider l’Ukraine à s’insérer harmonieusement dans le giron européen…

    En plaçant toujours plus haut le curseur de la détestation de l’Occident, Vladimir ­Poutine lie sa popularité à un triomphe en Ukraine et se coupe toute voie de retraite.

    Ici, le lecteur, désormais gavé d’intox, comprend que c’est grave, vraiment grave. Parce qu’il « comprend », (il est pas bête le lecteur), il « comprend » que Poutine ne peut plus reculer. Après tout ce qu’il vient de lire, il y a en effet de quoi avoir des sueurs froides, comme dans un livre d’épouvante.

    Une modération du ton de la propagande serait le signal que Poutine prépare son auditoire à des concessions. Ce n’est pas ce qu’on observe aujourd’hui.

    Conclusion finale : c’est bien Poutine le coupable puisqu’il se refuse à toutes concessions. On oublie que l’Occident ne lui a jamais rien concédé, et ne lui concède toujours rien, et surtout pas « sa » base navale hautement stratégique de Sébastopol d’où les Américains rêvaient de « le » voir déguerpir…

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    • Crapaud Rouge // 27.03.2015 à 17h54

      Petite retouche à propos de : « Vladimir ­Poutine lie sa popularité à un triomphe en Ukraine » : il va sans dire qu’un « triomphe » étant impossible, voire ridicule, l’assertion suggère le caractère « complètement débile » des plans de Poutine. Elle est de surcroît mensongère, car il doit sa popularité à la « récupération » de cette Crimée que les Russes sont unanimes à considérer comme russe. De plus, les Russes n’attendent même pas une victoire en Ukraine, seulement la fin du conflit et la paix pour les russophones. Ils ont d’autres chats à fouetter.

        +6

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    • Crapaud Rouge // 27.03.2015 à 18h09

      Ce qui m’a décidé à décortiquer cet article, c’est la tournure langagière particulièrement perverse de cette propagande. L’exemple de “Vladimir ­Poutine lie sa popularité à un triomphe en Ukraine” le montre bien. Ne pouvant nier la popularité de Poutine, il doit l’expliquer sans l’expliquer, c’est-à-dire sans parler de sa réalité. Il solutionne son problème en renversant l’approche qui serait logique, à savoir que, si Poutine échoue en Ukraine, mais « échoue » au sens d’entraîner la Russie dans une aventure militaire désastreuse, alors sa popularité chuterait. Il évoque donc une popularité escomptée, (ce qui est déjà une manière d’escamoter la popularité réelle), en disant qu’il la « lie » à un « triomphe ». Et bien sûr, il a besoin pour cela de toute la puissance de frappe de « sa » propagande : tout se tient, la boucle est bouclée, mais une boucle vicieuse.

        +5

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      • Nerouiev // 27.03.2015 à 20h17

        En fait dans cet article que vous avez très bien décortiqué, on pourrait résumer, après cette analyse, en disant que l’auteur parle pour ne rien dire. C’est souvent le cas quand rien n’est expliqué, comme si le lecteur savait et que l’auteur ne faisait que de l’expression écrite d’un très haut niveau pour se faire mousser, lui qui a appris à bien écrire.

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        • Crapaud Rouge // 27.03.2015 à 22h40

          L’auteur ne parle pas « pour ne rien dire », mais pour montrer que Poutine est fourbe et dangereux. C’est cette phrase, dont je n’ai pas saisi d’emblée tout l’intérêt, qui nous le dit : “Vladimir ­Poutine lie sa popularité à un triomphe en Ukraine” Il « lie » sa « popularité » comme un joueur invétéré espère se refaire en misant (très) gros sur le prochain coup. « jeu très opaque » dit-il aussi, donc Poutine est un joueur, la « roulette russe » est là-dessous. Et le sous-titre : “Poutine toujours prêt à jouer un cran au-dessus” : encore une image de joueur. Ajoutée à l’idée qu’il serait prêt à un « affrontement global avec les États-Unis« , cela vous fait un joueur dangereux. C’est pourquoi ses plans doivent être « déjoués » par l’OTAN.

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  • Yaël Frégier // 27.03.2015 à 18h06

    rien à voir, mais j’ai été surpris qu’il ait fallu moins de trois jours pour rendre publics les résultats de l’analyse de la boite noire du vol de germanwings, et que l’on en soit encore à attendre ceux concernant le crash en Ukraine.

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    • Albigeois // 27.03.2015 à 18h38

      D’un coté un suicide tragique, de l’autre des conclusions secrètes qui doivent indiquer que certains n’ont pas le cul trés propre.

      Mais bon vous aviez déjà répondu à votre question.

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  • couci couça // 29.03.2015 à 11h08

    Probable que son handicap soit lié à la thalidomide .
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Thalidomide
    Pour le reste … ???

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