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24.janvier.202024.1.2020 // Les Crises

La police utilise un logiciel de reconnaissance faciale alors que les manifestations s’intensifient en Inde

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Source : Bloomberg, Anurag Kotoky, 28-12-2019

Logiciel utilisé lors du rassemblement de Modi pour identifier les manifestants réguliers

Initialement la police avait acquis cet outil pour retrouver les enfants disparus

Défilé de manifestants lors d’une manifestation contre une nouvelle loi sur la citoyenneté à New Delhi le 24 décembre. Photographe : T. Narayan/Bloomberg

Le journal Indian Express a rapporté que la police indienne a commencé à utiliser un logiciel de reconnaissance faciale pour filtrer les grandes foules alors que les manifestations contre une nouvelle loi sur la citoyenneté fondée sur la religion s’intensifient, citant des personnes non identifiées.

Selon l’article, ce logiciel, acquis à l’origine en 2018 pour retrouver les enfants perdus, a été utilisé pour la première fois lors d’un rassemblement politique le 22 décembre, lorsque le Premier ministre Narendra Modi a défendu avec acharnement, à New Delhi, la loi controversée. La police de la capitale indienne a commencé à alimenter le logiciel avec des images des manifestations en cours afin de trier les « manifestants habituels » et les « éléments turbulents ».

Manifestation contre une nouvelle loi sur la citoyenneté à New Delhi le 24 décembre : T. Narayan/Bloomberg

Cet article intervient alors que de nombreuses accusations de brutalités policières ont été formulées à l’occasion des manifestations nationales, au cours desquelles au moins 25 personnes ont été tuées, des dizaines d’autres blessées et des milliers arrêtées, alors que l’économie du pays a ralenti. Mercredi, Modi a accusé les manifestants de vandalisme, déclarant que ceux qui ont été égarés et ont causé des dommages à la propriété publique « devraient rester chez eux et se demander si leur démarche était la bonne ».

Modi durcit sa position contre les protestataires qui maintiennent le cap

L’article de l’Indian Express pourrait faire naître la crainte que l’État n’utilise la police pour empêcher les manifestations démocratiques contre une loi qui interdit aux musulmans sans papiers de trois pays voisins de demander la citoyenneté indienne, mais autorise les personnes d’autres confessions à le faire.

La police de New Delhi – contrôlée par le gouvernement fédéral de Modi – se concentre sur « l’ordre public » et a eu recours à « une vidéographie d’archives et une analyse du comportement approfondies » pour identifier des suspects, a déclaré le journal en citant un porte-parole non identifié. La police a transmis des images des lieux de manifestations publiques au logiciel de reconnaissance faciale pour identifier ces suspects après avoir reçu des informations sur d’éventuelles perturbations lors du rassemblement de Modi, a rapporté l’article, citant le porte-parole.

Source : Bloomberg, Anurag Kotoky, 28-12-2019

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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florian lebaroudeur // 24.01.2020 à 07h36

« Initialement la police avait acquis cet outil pour retrouver les enfants disparus »

Un parallèle avec les pays occidentaux dont l’émergence des technologies de surveillance ont d’abord été consentement accepté par les populations afin d’empêcher les « méchants » de nuire, les terroristes, les délinquants, les chauffards, les kidnappeurs, les squatteurs etc… sans se douter que ses technologies pouvaient se retourner contre eux au fur et à mesure que la dégradation de leur existence les pousserai vers un statut de nuisible comparable à ceux qu’ils excluaient hier.

Avec le recul, on peut voir que ses technologies se sont installés dans l’espace public au moment ou les fractures au sein des sociétés ne pouvaient plus être dissimulées et masqués face aux conséquences de la financiarisation mondialisé, ce n’était en aucun cas fortuit.

4 réactions et commentaires

  • florian lebaroudeur // 24.01.2020 à 07h36

    « Initialement la police avait acquis cet outil pour retrouver les enfants disparus »

    Un parallèle avec les pays occidentaux dont l’émergence des technologies de surveillance ont d’abord été consentement accepté par les populations afin d’empêcher les « méchants » de nuire, les terroristes, les délinquants, les chauffards, les kidnappeurs, les squatteurs etc… sans se douter que ses technologies pouvaient se retourner contre eux au fur et à mesure que la dégradation de leur existence les pousserai vers un statut de nuisible comparable à ceux qu’ils excluaient hier.

    Avec le recul, on peut voir que ses technologies se sont installés dans l’espace public au moment ou les fractures au sein des sociétés ne pouvaient plus être dissimulées et masqués face aux conséquences de la financiarisation mondialisé, ce n’était en aucun cas fortuit.

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  • Arynael // 24.01.2020 à 09h21

    De toutes façon, s’il est possible de l’utiliser ainsi, ça le sera.
    Quelle que soit l’invention humaine, s’il est possible de l’utiliser « en mal » pour en tirer un profit personnel/de caste, il y aura toujours quelqu’un pour le faire, simplement parce-que c’est possible, et que ça marche. Cf la bombe atomique, les lois « antiterroriste », les techniques de ventes basées sur la psychologie… etc.

      +18

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  • V_Parlier // 25.01.2020 à 17h34

    Quand j’ai vu que France 24 consacrait 20 minutes à un véritable plaidoyer anti-Modi (sans aucune nuance) je me suis dit: Tiens, l’Inde n’est plus dans les petits papiers de l’empire. Je ne connais pas grand chose à l’Inde mais je me doute qu’avant Modi il devait déjà y avoir sérieusement matière à critiquer. Mais ce n’était pourtant pas encore le moment. Aujourd’hui il faut y soutenir les manifestations un peu partout, leur imposer à eux aussi de faire le plein d’illégaux, etc… Tiens tiens… Je dis ça je dis rien… Quant à la reconnaissance faciale, je pense aussi que de toutes façons ça se généralisera. On m’a assez dit que j’étais un réactionnaire contre « les nouvelles technologies » et pourtant maintenant je suis blasé.

      +2

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  • RGT // 27.01.2020 à 08h29

    Si l’Inde, la Chine (pour l’instant la Russie de Poutine ne le fait toujours pas mais on en parle pas sinon ce serait un scandale monumental) c’est mal, vilain, caca.

    Par contre, si les membres de la « Communauté Internationale »© le fait, c’est pour le « bien » de la population.

    J’ai de plus en plus envie d’aller m’installer au fin fond du Larzac, dans un endroit où il n’y a même pas de couverture GSM.

    Mais ne faites pas comme moi, si nous atteignons le « seuil rentable » tous ces dispositifs seront alors déployés et nous serons surveillés comme en plein centre de TOUTES les grandes agglomérations.

    Au fait, combien d’actes criminels ont été résolus avec ces technologies miraculeuses ?
    Pour l’instant, pas beaucoup car les délinquants (les vrais) savent éviter les zones couvertes par ces dispositifs qui ne sont d’ailleurs déployés que dans les zones « rentables », pas dans les culs de sac obscurs propices à tous les forfaits.

    Seconde question : Quel est le montant de ces dispositifs pour le con-tribuable et surtout le coût annuel par rapport à celui de « gardiens de la paix » à l’ancienne dont la fonction première était de protéger la population et non pas de verbaliser à tout va pour remplir les caisses de l’état afin de financer les « technologies innovantes » censées nous protéger ?

    Je ne sais pas pour vous mais je préfère largement avoir une « hirondelle » avec un képi archaïque à proximité qui viendrait me protéger contre un agresseur plutôt qu’une caméra occupée à surveiller si monsieur Duchemol a bien payé le racket de stationnement.
    Stationnement bien sûr géré par Vinci entre autres, les autoroutes ne rapportent pas assez alors on se goinfre avec la voie publique pour « faire de la croissance ».

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