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23.novembre.201923.11.2019 // Les Crises

Le New York Times peine à citer ses sources – Par Lorenzo Franceschi-Bicchierai

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Source : Motherboard, Lorenzo Franceschi-Bicchierai & Jason Koebler, 17-10-2019

Au New York Times, les journalistes et le rédacteur en charge de la ligne éditoriale dans l’embarras suite aux critiques répétées de confrères qui leur reprochent de ne pas les citer quand ils les reprennent.

IMAGE : EDUARDO MUNOZALVAREZ/VIEWPRESS/CORBIS VIA GETTY IMAGES

Une blague circule dans l’industrie du journalisme : « Une information n’en est pas une tant que le New York Times ne l’a pas donnée ». C’est parce que le Times reprend souvent des articles d’autres médias, sans le reconnaître.

Des journalistes en colère tweettent (et parfois écrivent) au sujet de cette pratique bizarre, qui se répète constamment. Par exemple, le Times a récemment publié un article sur la syndicalisation chez Kickstarter [une entreprise américaine de financement participatif, NdT]. Il s’agissait d’un article important sur un sujet important. Le principal problème, c’est qu’April Glaser, de Slate, avait publié un mois plus tôt une enquête approfondie sur le même sujet, et que le Times n’a pas pris la peine de faire un renvoi dessus par un lien hypertexte – du moins jusqu’aux critiques publiques de Glaser.

Cette semaine, c’est Slate (et BuzzFeed) ; à d’autres moments, cela a été le Guardian et Gawker ; plusieurs fois, ça a été VICE. La liste est longue. Le Times publie des articles en reprenant des sujets creusés par d’autres, sans les citer, apparemment sans autre raison que la culture de cette institution qui veut qu’une chose n’existe pas tant que le journal ne l’a pas jugée digne d’intérêt.

Dans la vraie vie, il y a sans doute peu de monde qui se soucie du fait que les pratiques du Times en matière de liens et de crédit ont des répercussions sur la réputation et la carrière des journalistes dont le travail est repris, sans crédit, par la plus prestigieuse des entreprises de presse des États-Unis. Ceci dit, ces pratiques créent une certaine émotion chez les lecteurs du plus important organe de presse des États-Unis, pour des raisons que le rédacteur en charge de la ligne éditoriale, Phil Corbett, a bien expliquées dans une note de service qu’il a diffusée à la salle de presse en janvier. Cette note, que Motherboard a pu se procurer auprès de trois employés du Times et qui semble avoir été ignoré toute l’année, explique pourquoi les journalistes de l’entreprise devraient toujours renvoyer vers leurs sources et les citer.

« Mettre des liens est 100% gagnant-gagnant. Si un lecteur s’intéresse à votre sujet, bien sûr qu’il appréciera un fléchage vers d’autres reportages sur le même sujet. (Il n’est pas grave de renvoyer des lecteurs vers d’autres publications ; si nous offrons toujours des contenus de qualité, ils reviendront.) », a écrit M. Corbett dans cette note qui est toujours en ligne sur l’intranet de l’entreprise, selon des sources internes au Times.

« Dans la plupart des cas, il ne s’agit même pas d’une question d’éthique ou de devoir ; mettre les liens c’est tout simplement faire du bon journalisme. La question n’est pas de savoir si nous sommes dans l’obligation d’indiquer un lien ou de sourcer quand on relate une histoire. Par défaut le lien devrait être indiqué », a-t-il ajouté. « C’est gratuit et facile. Les lecteurs aiment bien. Ça donne de la substance à notre journalisme et ça peut augmenter notre audience. Nos collègues journalistes apprécient. Pourquoi ne le ferions-nous pas ? »

(Interrogé à ce sujet, M. Corbett a déclaré à Motherboard : « Pour l’essentiel, je pense que la note de service que vous avez mentionnée est en phase avec mon idée sur le sujet »).

« Je vous souhaite bonne chance », a dit un employé du Times, « si vous voulez faire honte aux gens pour qu’ils abandonnent ces pratiques. »

Dès 2014, Margaret Sullivan, la responsable de la déontologie du Times à l’époque, considérait le sujet des liens hypertextes comme un « chantier en cours », et elle a relevé plusieurs cas très médiatisés où le journal n’avait pas proposé de lien. Concernant cet article, Corbett a dit à Sullivan : « plus largement, nous insistons de plus en plus avec les journalistes sur l’importance et la valeur du lien hypertexte ». Le Times a depuis éliminé le poste de responsable de la déontologie.

Pour être clair, le problème n’est pas que le New York Times ne propose absolument jamais de liens, c’est qu’il réussit à faire des dégâts. Selon plusieurs journalistes et rédacteurs en chef actuels du Times qui se sont confiés à Motherboard, c’est frustrant pour nombre des personnes qui travaillent pour le journal. (Nous leur avons garanti l’anonymat pour discuter des pratiques dans la salle de rédaction.)

« Je pense que le gros problème est que certains rédacteurs en chef qui, par exemple… ne comprennent pas l’éthique de l’utilisation des liens hypertexte », a déclaré un employé. « Ils ne viennent pas d’un monde où sourcer et créditer souvent était tout à la fois un jeu d’enfant et vu comme la bonne pratique. Mais à mon avis, le plus insidieux est l’idée que rien ne compte tant que le Times ne l’a pas publié. Tout le monde ne pense pas ainsi, mais à mon avis, cela est encore ce qui émane des personnes les plus haut placées. »

« C’est rendre un mauvais service aux lecteurs que de ne pas créditer le travail fait par d’autres médias », a déclaré un autre employé du Times.

Vous savez quelque chose qu’on devrait savoir sur le Times ou autre ? Vous pouvez contacter Lorenzo Franceschi-Bicchierai en toute sécurité sur Signal au +1 917 257 1382 ou par courriel lorenzofb@vice.com, ou contacter Anna Merlan à anna.merlan@vice.com

La note de Corbett n’a apparemment pas fait beaucoup de remous – certains employés en avaient un vague souvenir, et l’un d’eux a dit que c’était marqué comme « lu » dans sa boîte de réception de messagerie, mais qu’ils ne s’en souvenaient pas. Néanmoins, il est stressant pour de nombreux journalistes de se voir constamment interpeller sur Twitter par des concurrents pour ne pas avoir proposé de liens – en particulier pour ceux qui viennent d’autres médias – et qui prennent le retour de bâton pour des décisions auxquelles ils n’ont pas pris part.

Souvent, la réponse aux critiques internes à la salle de rédaction est « Rien ne vaut le New York Times », et, si c’est une position plutôt défensive, c’est aussi vrai ; le journal n’est pas monolithique. Tout comme le journal publie les reportages incroyablement perspicaces d’Astead Herndon, qui apporte un contrepoint nécessaire aux articles méprisants sur le monde rural, certains journalistes et services du Times sont frileux quant à créditer et à proposer des liens, d’autres ne le sont pas. Certains journalistes et rédacteurs en chef du journal affirment que les cas d’erreur de sourçage ne sont pas attribuables à une politique de boycott des liens vers des médias concurrents, mais simplement à des journalistes débordés qui ne prennent pas le temps de le faire, à des erreurs de jeunesse ou à des éditeurs insuffisamment informés des reportages antérieurs et qui ne font pas les recherches nécessaires pour ajouter des liens. D’autres lèvent les bras au ciel.

« Les réseaux sociaux regorgent de plaintes de journalistes nous accusant de refuser de mentionner leur travail, voire pire encore de leur avoir volé leur idée. »

Ce sur quoi tout le monde semble d’accord, c’est que les lignes éditoriales diffèrent beaucoup au sein de ce qui est n’est pas une salle de rédaction unique, mais plutôt une douzaine, rendant impossible la mise en œuvre d’une politique généreuse et au service des lecteurs.

Tout cela dessert non seulement les lecteurs, mais aussi les journalistes de l’entreprise qui ont l’impression que leur travail est dévalorisé du fait que leurs concurrents les attaquent souvent sur Twitter parce qu’ils ne font pas ce que la plupart des autres médias font : citer ses sources quand quelqu’un d’autre a révélé une histoire. C’est un point clé de la note de Corbett :

« Renvoyer systématiquement au travail des autres peut atténuer la perception – souvent exagérée, mais pas tout à fait fausse – que le Times peut être distant, nombriliste et peu enclin à reconnaître le travail des autres. Cette perception s’auto-entretient à chaque omission ou occasion manquée. Les réseaux sociaux regorgent de plaintes de journalistes nous accusant de refuser de mentionner leur travail, voire pire encore de leur avoir volé leur idée. »

« Ne pas proposer de lien pourrait laisser penser – pour certains esprits soupçonneux – que nous dissimulons le fait que nous dépendons des autres », a-t-il ajouté.

Un porte-parole du Times, pour sa part, a offert cette explication de tout cela à Motherboard : « Notre politique, telle que décrite dans la note de service de Phil, est de créditer et d’établir des liens vers les articles que publient d’autres médias. Le Times publie environ 250 articles par jour, dont beaucoup dans les délais. Parfois, nous commettons des erreurs, par exemple en ne créditant pas correctement d’autres médias. Quand cela se produit, nos équipes essaient de corriger l’omission dans les plus brefs délais. »

« Essayons » prend tout son sens ici. A VICE, nous avons fait à plusieurs reprises l’expérience du Times publiant, sans nous citer, des histoires que nous avions découvertes, avec parfois des déboires quand nous leurs demandions de corriger le tir. Par exemple, un journaliste du Times a twitté qu’il avait publié le « récit ‘final’ de l’histoire du hamburger In-N-Out qui est apparu dans une rue du Queens [la bizarrerie vient du fait que la chaîne de fast-food In-N-Out n’est présente qu’à l’ouest des USA, donc à plusieurs milliers de kilomètres du Queens, et que le hamburger retrouvé semblait tout juste sorti de cuisine, NdT]. Merci à tous pour cet acte de service public ». Alors que la veille, la plateforme Munchies de VICE [site dédié à la nourriture qui propose des vidéos, des articles, des recettes et des histoires en rapport avec la nourriture, NdT] avait percé le mystère dans un article qui était devenu viral.

Dans ce cas, le Times a ajouté un lien après notre demande. Dans d’autres, son personnel est beaucoup plus coriace.

Plusieurs mois après que nous ayons sorti une enquête sur les pratiques de modération des contenus de Facebook, le Times a publié son propre article sur le même sujet, illustré de certains documents internes de Facebook que nous avions déjà rendus publics, sans admettre que nous l’avions fait.

Il n’y a rien de mal à creuser chez les autres, c’est comme ça qu’Internet et le journalisme fonctionnent. L’histoire de Glaser sur Kickstarter s’inspire d’articles antérieurs de The Verge, Gizmodo et autres. Notre article sur Facebook faisait suite à des enquêtes antérieures du Guardian. En ne renvoyant pas vers Slate, ni the Verge, ni VICE, ni BuzzFeed, ni The Guardian, le Times laisse à penser que son propre reportage est né au sein même de l’institution. Or, bien sûr, ce n’est pas le cas et, en substance, ce que fait le Times revient à mentir aux lecteurs en le laissant penser. C’est déplorable de la part du principal organe d’information aux États-Unis.

L’un des pires reproches adressé de mauvaise foi au Times – et au journalisme tout entier – est qu’il ne serait rien d’autre qu’une tour d’ivoire ne comprenant rien au fonctionnement du monde réel. Ce n’est pas le cas en pratique, mais à une époque où les puissants du monde ont plus que jamais la possibilité d’attaquer le journalisme, l’insistance du journal à dire que le monde ne devient réel que lorsque le Times le décrète est un élément authentiquement ravageur dans le secteur journalistique – en particulier parce que personne au Times ne semble en capacité d’y remédier, quand bien même le problème est reconnu.

Max Fisher, le journaliste qui a écrit l’article du Times sur Facebook, nous a dit à l’époque, dans un message privé, qu’il avait « effectivement lu [notre] article, qui était génial, pas de soucis, mais publié dans [notre] bulletin électronique de foutaises […] J’ai lu votre reportage très attentivement et y ai appris beaucoup, et c’est vrai il couvrait réellement plusieurs aspects de la question, et c’est bien ce que j’avais fait. »

« Je sais que le Times souffre d’une exécrable réputation, bien méritée, pour ce genre de chose », a-t-il dit, tout en refusant de faire le lien avec notre article. « Je ne suis ici que depuis 2 ans demi, et auparavant il m’est souvent, bien souvent arrivé d’être du mauvais côté de la barrière. »

Après cette conversation, nous avons demandé au rédacteur de cet article qu’un lien renvoie vers notre travail antérieur, puisque l’auteur de l’article reconnaissait avoir lu notre article en faisant des recherches pour le sien. Le rédacteur en chef nous a dit dans un courriel : « cela va [prendre] un certain temps pour lire 9 000 mots », en référence à la longueur de notre enquête précédente.

Le lendemain, il a dit : « Nous cherchons un moyen d’insérer des liens hypertexte. Mentionner explicitement Motherboard – et je comprends pourquoi [sic] vous le souhaiteriez – est plus compliqué, cependant. Et puis, dans ce cas, sommes-nous également tenus d’indiquer que le Guardian avait certains des documents ? Si une demi-douzaine d’autres médias avaient chacun une partie des documents sur Facebook – les documents « internes » ont l’air de circuler – faudrait-il aussi y faire référence ? Où est-ce que ça finit ? » Le Times n’a jamais ajouté de lien.

Apparemment, tous les journalistes ont connu ce genre de situation. A ce qui se dit, la seule chose pour obtenir du Times qu’il mette un lien, c’est une bonne humiliation publique. Après que le tweet de Glaser sur le fait de ne pas être crédité par le Times soit devenu viral dans les cercles journalistiques, le lien vers son reportage a été rajouté, ainsi que des liens vers d’autres journalistes dans d’autres publications.

« La bonne nouvelle, c’est que suite à ma plainte légitime, d’autres journalistes ont été crédités en bonne et due forme. Je n’avais pas l’intention de faire d’esclandre, mais je suis honnête jusqu’au bout des ongles » a tweeté Glaser. Ce n’est peut-être pas ainsi que le système devrait fonctionner, mais c’est ainsi qu’il fonctionne, et les gens de l’extérieur ne sont pas les seuls à l’avoir remarqué.

« Je vous souhaite bonne chance », a dit un employé du Times, « pour faire honte aux gens afin qu’ils abandonnent cette politique. »

Anna Merlan et Joseph Cox ont contribué au reportage.

Source : Motherboard, Lorenzo Franceschi-Bicchierai & Jason Koebler, 17-10-2019

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

basile // 23.11.2019 à 06h54

les journalistes sont des gens surexcités, des machines, qui butinent machinalement et fiévreux tous azimut à grand renfort de café, pour assurer leur survie (la leur, ou celle de leurs idées ? ) *

ils lisent une info, 5 secondes plus tard, tels des gamins zappeurs, ils sont déjà sur un autre site. Difficile alors à la fin de la journée de se rappeler où on a pompé telle info.

le travail d’annotations dans un bouquin est le moment le plus fastidieux

* et dire qu’on est entre leurs mains, qu’ils font l’opinion et mènent le monde 🙁

5 réactions et commentaires

  • basile // 23.11.2019 à 06h54

    les journalistes sont des gens surexcités, des machines, qui butinent machinalement et fiévreux tous azimut à grand renfort de café, pour assurer leur survie (la leur, ou celle de leurs idées ? ) *

    ils lisent une info, 5 secondes plus tard, tels des gamins zappeurs, ils sont déjà sur un autre site. Difficile alors à la fin de la journée de se rappeler où on a pompé telle info.

    le travail d’annotations dans un bouquin est le moment le plus fastidieux

    * et dire qu’on est entre leurs mains, qu’ils font l’opinion et mènent le monde 🙁

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    • yann // 25.11.2019 à 10h48

      ont-ils encore le temps de lire un livre quand on voit dans quelle précarité ils vivent?
      A noter que la précarité dont je parle, est plurielle: on pense à la précarité financière en premier bien sûr, mais elle est bien plurielle au contraire / garder son emploi / évoluer au sein d’une rédaction / pensée dominante (mainstream) / course au pute à clic (buzz) / manque de temps matériel pour faire son travail / société de l’information qui subit une course à la financiarisation.
      Au final, tout comme la police, le journalisme dans le cadre du « néolibéralisme » (qui est une idéologie qui veut tout transformé en chose mesurable) produit le pire!
      La seule chose que l’on peut leur reprocher c’est de choisir de travailler pour des organes qui ne leur laisse pas faire leur travail convenablement.

        +0

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  • Patrique // 23.11.2019 à 08h06

    Il faut aller sur le site
    https://mediasetcitoyens.com/
    En effet il y a un début de dialogue avec des « animateurs » et même des journalistes (si, si certains ont répondu !). Ils semblent tout étonnés qu’on les bassine avec la charte de Munich que les journalistes ne respectent pas.
    Il ne faut pas se faire d’illusions mais au moins ça défoule.
    Quant au projet de « conseil de déontologie journalistique et de médiation » qui devrait voir le jour début décembre, s’il est contrôlé par les journalistes ça n’aura aucun intérêt.
    Il y a aussi et c’est nouveau, une énième charte :
    https://www.ifj.org/fileadmin/user_upload/CHARTE_D_ETHIQUE_MONDIALE_DES_JOURNALISTES_-_FR.pdf

      +4

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    • jjb79 // 24.11.2019 à 16h29

      Je l’ai fait, j’ai écris ce que j’avais à énoncer… puis les trolls sont arrivés, alors je me suis désinscris.

      Les journaleux main-stream vont tout faire pour avoir leur charte de Munich à la sauce ‘française’ (pardon.. de leurs maîtres).

        +0

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  • Louis Robert // 23.11.2019 à 12h25

    Néanmoins, très bientôt sans doute, le NYT n’hésitera pas à verser encore de très grosses larmes et à geindre, tout en déplorant que dans certains pays qu’il affectionne particulièrement, « on ne respecte pas » ladite « propriété intellectuelle ».

      +3

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