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27.juin.201727.6.2017 // Les Crises

L’élimination d’Abou Bakr Al Baghdadi signe l’éradication complète du cercle de Tall Affar, le noyau Turkmène fondateur de Daech (par René Naba)

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Source : Madaniya, René Naba, 22-06-2017

L’élimination d’Abou Bakr Al Baghdadi par un raid russe sur Raqqa, Nord de la Syrie, le 25 Mai 2017, si elle était confirmée, signerait l’éradication complète du cercle de Tall ‘Affar, le noyau turkmène fondateur de l’État Islamique.

Pivot de Daech, ultime survivant du Cercle de Tall’Affar et du camp de Bucca, sud de l’Irak, la disparition du Calife Ibrahim revêtirait certes une lourde signification par sa portée symbolique. Mais ce désastre ne saurait remettre en cause le projet de restauration du Califat islamique, en dépit des défaites majeures subies par l’organisation djihadiste, ni de ses lourdes pertes en vies humaines, en dépit de sa politique suicidaire menée à l’encontre des minorités sous son emprise, les Chrétiens et les Yazédis qu’il s’est aliéné par les persécutions qu’il leur a fait subir, plutôt que de les amadouer.

La chute probable de Mossoul, selon toute vraisemblance, va relancer les tensions inter communautaires, exacerbées par une hyper fragmentation de la société irakienne du fait de quinze ans de guerres intestines. Elle pourrait inciter Daech à compenser la perte territoriale de son califat en terre arabe par un plus fort ciblage européen. Une «branche européenne» de Daech aurait d’ailleurs été créée à cet effet, constituée de près de 5.000 volontaires auparavant engagés dans les combats en Syrie et en Irak.

1 – LE CERCLE DE TALL’AFFAR

Le cercle de Tall’Afar, noyau dur de Daech, était dirigé par Abou Ali Al Anbari, de son vrai nom Ala’ Qodrache, Turkmène originaire de Tell’Afar.
Le «cercle de Tall’Afar» tire son nom de la ville du Nord-Ouest de l’Irak, qui abritait durant l’embargo international contre l’Irak (1990-2003), un des sites d’où étaient déployés les batteries de la défense anti aérienne pour la neutralisation des avions des forces de coalition de l’Opération «Northern Watch 1», chargée de faire respecter les zones d’exclusion aérienne faisant suite à l’embargo décidé par l’ONU.

Située à 45 km à l’Ouest de Mossoul, dans la province de Ninive et à 60 km de la frontière syrienne, elle est peuplée d’environ 170.000 habitants, arabes sunnites, kurdes, turkmènes et chiites. L’édifice était chapeauté par les Turkmènes du «Cercle de Tell’Afar», sous la direction d’Abou Ali Al Anbari, qui en verrouillait les principales articulations.

Les cadres irakiens ont joué un rôle déterminant dans la définition de cette idéologie, résultant d’un double impératif: Disposer d’un gisement humain sunnite apte au combat tout en maintenant la cohésion d’un groupe hétéroclite traversé par des courants contradictoires.

A – Les principaux membres du cercle

SAMIR Al KHALFAOUI (Hajji Bakr), de même que ses camarades du parti Baas, étaient des laïcs, mais ont souhaité tirer leur légitimité de Dieu. «La domination des peuples doit être exercée par une élite ultra-minoritaire, car son objectif est de servir les intérêts supérieurs… «Pour ce faire, elle doit tirer sa légitimité de Dieu ou de la grandeur de l’Histoire». Dixit cet ancien cadre supérieur baasiste.

Partant du principe que les croyances religieuses extrémistes ne suffisaient pas à elles seules à forger la victoire, la synthèse doctrinale a visé à concilier les tendances contradictoires du groupement, débouchant sur la formulation de la théorie de l’«État Islamique».

L’empressement à proclamer le Califat répondait au souci de couper la voie à tout retour en arrière. Durant leur incarcération, pendant trois ans (2005-2008), les conciliabules se sont déroulées d’une manière intensive entre prisonniers irakiens des camps américains et ont visé à faire connaissance d’abord, à se jauger ensuite, à se faire confiance et à réduire leurs divergences, enfin.
Parmi les participants à ce cénacle carcéral insolite figuraient deux généraux, huit colonels, deux commandants, ainsi que Cheikh Ibrahim Awad Al Badri, le futur calife.

Deux généraux Adnane Al Bibaloui et Ibrahim Al Habbani. Huit Colonels (Samir Ben Hamad Al Khalfaoui, Adnane Najm, Fahd Al Afari, Assi Al Obeidi, Fadel Al Ayssawi, Mohannad Al Latif Al Soueidy, Nabil Al Mouayin). Deux commandants (Mayssara Al Joubouri et Adnane Al Hayali) ainsi que Cheikh Ibrahim Awad Al Badr.

Au terme de trois ans de conciliabules, les participants sont convenus de se retrouver à leur sortie de prison pour la poursuite de leur action d’une manière concertée.

2 – LE CAMP DE BUCCA

Le camp de Bucca, sud de l’Irak, était un centre de détention aménagé par les Américains pour y incarcérer leurs adversaires et ennemis durant leur occupation de l’Irak. Il comprenait 24 baraquements, chaque baraquement contenait 1.000 prisonniers, soit au total 24.000 prisonniers.
Dix sept des vingt cinq dirigeants de Da’ech, en charge des opérations en Irak et en Syrie, ont séjourné à la prison de Bucca entre 2004 et 2011. Ibrahim Awad Al Badri, alias Abou Bakr Al Baghdadi, a été détenu de 2006 à 2008.

Situé près du port d’Oum Qasr, dans le sud de l’Irak, le camp de Bucca avait été aménagé par les américains lors de la 1 ère Guerre d’Irak (1990-1991). Il sera employé également comme camp de prisonniers dès 2003 par les forces britanniques en Irak.

Après le scandale de la prison d’Abou Ghraib, en 2004, les conditions de détention se sont améliorées. Abandonnée en 2009, elle devrait être transformée en pôle de développement économique avec l’implantation d’hôtels, et de dépôts logistiques pour l’industrie pétrolière.

Samir Al Khalfaoui, alias Hajji Bakr, prisonnier de 2006 à 2008 au camp de Bucca, puis transféré à la prison d’Abou Ghraib, a été tué à Tall Rifaat à Alep en Janvier 2014. Il a transposé au djihad son expérience acquise sous le régime de Saddam Hussein, clonant l’EI sur le modèle de l’appareil sécuritaire baasiste, hérité de la STASI, la police allemande de l’ex RDA.

Les documents manuscrits découverts au domicile de Samir Al Khalfaoui, à son décès, révèlent que dans sa conception, l’EI n’était pas un groupement religieux mais sécuritaire. Nationaliste, selon le qualificatif du journaliste irakien Hachem Al Hachem, Samir AL Khalfaoui était un ancien officier de la base aérienne irakienne de Habbaniyah, expert en logistique.

Le général Adnane Biblaoui est l’initiateur du plan de conquête de Mossoul. Tué lors de l’assaut, la conquête de Mossoul lui a été dédiée et la bataille porte son nom, en sa mémoire.

La biographie des principaux dirigeants de l’état Islamique (Abou Mouss’ab Al Zarkaoui, Abou Omar Al Baghdadi, Abou Bakr Al Baghdadi, Adnane Biblaoui, Hajji Bakr.) Sur ce lien: http://www.madaniya.info/2014/09/15/daech-des-hijras-illusoires-aux

Propos d’un dirigeant de Da’ech: «Nous étions convenus de nous retrouver à notre sortie de prison. Notre mode de liaison était simple. Nos CV étaient inscrits sur l’élastique retenant nos sous-vêtements. Tout y figurait, le numéro du portable, le lieu d’habitation. Tout le monde est revenu de détention en 2009. Nous avons repris alors nos conciliabules». Fin de citation (Cf. «Les conditions d’allégeance et de gouvernance». Centre d’Études des mouvements islamiques (Al Harakate Al Islamiyah lil Dirassate).

Les Arabes avaient la haute main sur l’Information, notamment les syrien tel Taha Sobhi Falaha (Abou Mohamad Al Adanani), en sa qualité de porte-parole de l’EI. Malgré la fusion opérée entre arabes et étrangers, l’élément irakien est demeuré toutefois prédominant dans les postes les plus élevés et les plus sensibles.

Ibrahim Al Badri, alias Abou Bakr Al Baghdadi, a réussi à moderniser son groupement en s’appuyant, sur le plan militaire, sur le bloc des anciens officiers de l’armée irakienne, notamment Samir Al Khalfaoui et Abdel Rahman Al-Biblaoui. La branche militaire est ainsi devenue une forte armée régulière cohérente et professionnelle.

Le chef de l’EI a réussi en outre à tirer profit des expertises des Arabes et des étrangers, notamment les personnes originaires du Golfe à l’exemple des saoudiens Omar Al Qahtani et Osmane Nasser Al Assiry, du bahreini Turki ben Moubarak, alias Turki Al Benghali et le tchétchène Abou Omar Al Shishani ainsi qu’Abou Hammam Al Atrabi.

En dépit de cette infrastructure et de l’organigramme dont il s’est doté, le groupement n’a cessé de se comporter en organisation de type milicienne où règnent le désordre et le clientélisme.

L’EI est subdivisé en 18 circonscriptions administratives réparties entre la Syrie et l’Irak, mais l’aménagement du territoire n’a pas pour autant mis un terme aux dysfonctionnements tant les provinces de même que les administrations souffraient de désorganisation.

Le chef de Da’ech réussira néanmoins à compenser ces insuffisances en confiant les postes clés à des hommes de confiance qui réussiront à maintenir la cohérence du groupe, en l’occurrence le bloc des anciens officiers de l’armée irakienne, qui seront placés à tous les niveaux de responsabilité, dans tous les domaines (sécurité, militaire, organisation, élaboration de nouvelles méthodes de combat et la planification des nouveaux raids).

3- IBRAHIM AWAD AL BAKRI: ABOU BAKR AL BAGHDADI, UNE USURPATION D’IDENTITÉ

L’identité d’emprunt qu’il s’est attribué en s’autoproclamant Calife (en arabe le successeur) emporte usurpation de légitimité: Abou Bakr Al Baghdadi Al Husseini Al Qoraychi se décline ainsi :

Abou Bakr est le prénom du premier Calife en 632.Le plus fidèle compagnon de Mohamed repose aux côtés de la tombe du prophète à Médine. Baghdadi, celui qui est originaire de Bagdad, évoque la lignée des califes Abbassides (descendants d’Abbas, l’oncle de Mohamed). Husseini, évoque le martyre du petit fils du Prophète, tombé en 680 à Karbala en Irak, adulé des chiites.

Sur le plan rituel, le nouveau calife Ibrahim, de son nom de guerre Abou Bakr Al Baghdadi, cumule pouvoir politique et spirituel avec autorité sur l‘ensemble des musulmans de la planète. Une posture qui le hisse au rang de supérieur hiérarchique du Roi d’Arabie, le gardien des lieux saints de l’Islam La Mecque et Médine, d’Ayman Al Zawahiri, le successeur d’Oussama Ben Laden à la tête d’Al Qaida, du président de la confédération mondiale des oulémas sunnites, Youssef Al Qaradawi, le télé prédicateur de l’Otan. Ah la belle audience califale en perspective.

Né en 1971, dans la ville de Samarra, il rejoint à 32 ans l’insurrection en Irak peu après l’invasion américaine de l’Irak, en 2003. Capturé, détenu et torturé dans la plus grande prison américaine en Irak, le Camp Buca pendant cinq ans, sud de l’Irak, il sera annoncé comme mort, en octobre 2005, par les forces américaines. Mais, à la surprise générale, Abou Bakr al-Baghdadi, réapparaîtra, en mai 2010, à la tête de l’État islamique en Irak (EII). Depuis 2011, Il est classé comme «terroriste» par les États Unis.

4 – LA GALAXIE DAE’CH (ISIS EIIL)

Présent en Syrie et en Irak, le groupe islamiste ultra-radical «l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL ou ISIS en anglais), dont l’acronyme en arabe est Daech, a été fondé en 2013 sur les bases de l’État islamique en Irak (EII), à la faveur des combats de Syrie et des dérives Djihadistes.

La galaxie avait été mise sur orbite, en 2006, avec la fusion de plusieurs groupes djihadistes irakiens et de tribus sunnites, sous la houlette du Prince Bandar Ben Sultan, ancien chef des services de renseignements saoudiens et d’Izzat Ibrahim ad Doury, ancien vice-président du Conseil de la révolution irakienne et successeur de Saddam Hussein à la tête du parti Baas, depuis son entrée en clandestinité.

Au-delà des baasistes, Izzat ad Douzy, chef de l’Armée de la voie de Nakchabandi, une confrérie soufie qu’avaient embrassée, selon ses adeptes, les compagnons du Prophète ainsi que le premier calife. L’appellation est toutefois trompeuse, car si les soufis sont théoriquement pacifiques, les Nakchabandi d’Irak ont fourni de redoutables officiers de renseignements, civils et militaires, sous le règne de Saddam Hussein. Après la chute de ce dernier, ils ont régulièrement mené des opérations conjointes avec Al-Qaida.

Selon les estimations des experts, l’EIIL comptait entre 5000 à 6000 combattants en Irak et 6000 à 7000 en Syrie. Sa zone d’influence s’étendait du nord de la Syrie, notamment depuis son quartier général à Raqqa, jusqu’au centre de l’Irak.

5- LA STRATÉGIE DE L’ISIS

L’EIIL cherche surtout à fonder un État Islamique au Proche-Orient fondé sur la Chariah (législation islamique) et effacer ainsi les frontières issues du colonialisme franco- britannique, les accords Sykes Picot. Le déploiement de l’ISIS révèle toutefois que son zone d’influence coïncide avec les gisements de pétrole syriens et irakiens.

En avril 2013, Abou Bakr al-Baghdadi, alors chef de l’État islamique en Irak, a annoncé la fusion de son groupe avec le Front al-Nosra, une branche d’Al-Qaïda active en Syrie, pour créer l’EIIL. Le Front al-Nosra a toutefois refusé cette alliance et, en février 2014, le chef d’Al-Qaïda, Aymane Al-Zawahiri, officialisera sa rupture avec l’EIIL en lui demandant de quitter la Syrie. Les deux groupes opèrent des lors de façon séparée, se faisant même la guerre en Syrie.

Le groupe djihadiste se finance via trois sources principales, le pétrole, les prises d’otages, un commerce plus lucratif que le pétrole, en ce que la rançon peut atteindre plusieurs dizaines de millions de dollars, enfin, les donations des princes du Golfe, des princes, qui soutiennent le groupe sunnite face aux chiites et aux athées.

6- LES COMBATTANTS EN SYRIE ET EN IRAK

La Syrie comptait de 100.000 à 120.000 djihadistes, dont 7.000 à 10.000 étrangers, repartis en un millier de formations combattantes, selon une déclinaison ethnico religieuse tribale, reflet des clivages politico sociales du pays et de leurs parrains respectifs, opérant au sein de PC conjoint, sur fond de violentes rivalités et d‘une opposition instable, selon les estimations de la prestigieuse institution «The Brookings Institution», dont le centre régional à Doha (Qatar), «Brookings Doha Center Report» publiées à la mi-mai 2014 dans son rapport périodique: «Syria Military Landscape Mai 2014», sous la plume de Charles Lester.

La ventilation de ces djihadistes en fonction de leur nationalité et de leur provenance a été établie par Soufan Group, un centre d’études turc, proche de la Confrérie des Frères Musulmans et figure sur ce lien: http://www.soufangroup.com/foreign-fighters-in-syria/

7- LE RÔLE CONTRE PRODUCTIF DE L’OPPOSITION OFF SHORE PÉTROMONARCHIQUE

Une opposition instable et cupide: «La concurrence pour les subsides notamment auprès des associations caritatives pétro monarchiques a favorisé la division et la dispersion. Le style de vie des opposants en exil a suscité des moqueries en ce qu’il leur était reproché leur goût pour les hôtels cinq étoiles, occultant la dure réalité syrienne, indique le rapport Brookings Doha Center Report dont ci joint les extraits de ce document de 50 pages.

…..«Le chef de l’Armée Syrienne Libre, pendant cette période a assumé un rôle de «Public Relations» et l’échec de l’opposition off shore pro occidentale a favorisé la montée en puissance de l’extrémisme, dont les Frères Musulmans, constituaient la force la plus modérée.

Par «Le Manifeste d’Alep», le 24 septembre 2013, onze organisations parmi les plus puissantes ont refusé la tutelle de la coalition de l’opposition syrienne, soutenue par les pays occidentaux et les pétro monarchies arabes. Cinquante groupements, réunis sous l’autorité de Mohamad Allouche, fonderont alors «Jaych Al Islam», assumant un rôle axial en Syrie.

Le Front Islamique

Sept groupements fédérés au sein de ce front disposent de 60.000 combattants en Syrie et constituent la plus importante formation militaire du pays. Trois de ces formations -Ahrar As Cham (les hommes libres du levant), Soukour As Cham (Les Aigles du Levant) et Jaych al Islam (l’Armée de l’Islam)- opèrent en coordination étroite avec Al Qaida, via Jobhat an Nosra.

«Le Front Islamique est un acteur décisif dans la dynamique de l’opposition en raison de sa capacité d’impulser l’orientation idéologique du soulèvement. Il constitue la relève radicale d’Al Qaida sur le plan idéologique et son but ultime est la création d’un Etat islamique en Syrie, point de départ de la guerre de libération d’Al Qods (Jérusalem) et la Palestine.

8 – LES DÉFAITES MILITAIRES À L’ARRIÈRE PLAN D’UNE HÉCATOMBE DES CHEFS DJIHADISTES.

Mais l’anéantissement du noyau turkmène ne saurait mettre un terme un projet de restauration d’un califat islamique, en dépit des défaites majeures subies sur le terrain par l’organisation djihadiste, ni des pertes en vies humaines.

A – Les défaites militaires de Daech

Depuis début 2015, Daech a subi d’importants revers tant en Irak qu’en Syrie, sous les coups de butors conjugués mais non coordonnées de l’alliance occidentale et de leurs supplétifs kurdes tant en Syrie qu’en Irak, d’une part, et d’autre part, les forces gouvernementales syriennes et irakiennes et leurs alliés en Syrie, –la Russie, l’Iran et le Hezbollah libanais–, en Irak, Al Hachd Al Cha’abi, la mobilisation, une milice majoritairement chiite.

Ci joint une chronologie des revers

Janvier 2015, la cité antique de Palmyre a été reprise par l’armée syrienne En quinze mois, selon les calculs de l’IHS Conflict Monitor, les pertes territoriales de Daech dépasseraient les 25%, et, 40 pour cent selon les forces américaines. Palmyre marque le début de la fin de Daech sur le plan militaires

  • 26 janvier 2015: Kobané. L’État islamique est chassé de cette ville frontalière de la Turquie par les Unités de protection du peuple kurde (YPG).
  • 31 mars 2015: Tikrit. Reprise de ce bastion de l’ancien président Saddam Hussein, à 160 km au nord de Bagdad. Téhéran et Washington se sont impliqués dans cette bataille et dans la reconquête de ce chef-lieu majoritairement sunnite.
  • 6-13 novembre 2015: Sinjar: L’EI contrôlait cette ville depuis août 2014, se livrant à de multiples exactions contre la minorité yazidie, qui constitue la majorité de sa population.
  • 8 décembre 2015: Ramadi. Ville sunnite à 100 km à l’ouest de Bagdad, Ramadi est le chef-lieu de la grande province d’Al-Anbar, frontalière de la Syrie. Elle avait été conquise le 17 mai 2015 par l’EI après une vaste offensive et une retraite chaotique des forces irakiennes.
  • 24 mars 2016: Mossoul: L’armée syrienne, appuyée au sol par le Hezbollah libanais et les forces spéciales russes et soutenue par l’aviation russe, entre dans la ville antique de Palmyre, à 205 km à l’est de Damas, prise par l’EI le 21 mai 2015. De l’autre côté de la frontière, l’armée irakienne, soutenue par des milices et l’aviation de la coalition internationale, lance une offensive pour reprendre Mossoul, deuxième ville du pays (nord).
  • 27 mars 2016: Palmyre L’armée syrienne reprend la totalité de la ville de Palmyre après plusieurs jours de combats. Les djihadistes se replient notamment vers leurs fiefs de Raqqa et Deir Ezzor plus au nord.
  • 21 Décembre 2016: Le bastion djihadiste d’Alep est tombé aux mains des forces gouvernementales syriennes, mettant un coup d’arrêt au plan de partage de la Syrie.

Au delà du cercle de Tall affar, décimé, 10 des principaux figures de proue de la nébuleuse djihadiste ont été éliminés en six ans de guerre en Syrie et en Irak, dont voici le décompte:

  • Zohrane Alllouche, chef de Jaych Al Islam, tué dans un raid de l’aviation syrienne le 25 décembre 2015.
  • Hassan Abboud, (Abou Abdallah Al Hamaoui), fondateur d’Ahrar Al Cham (les Hommes Libres du Levant), dont le mouvement a été décapité avec l’élimination de 40 de ses dirigeants lors d’un ténébreux attentat à l’automne 2014
  • Omar Al Shishani, le responsable militaire de Daech
  • Djamil Raadoun, chef du Soukour Al Ghab (Les Faucons de la Forêt), assassiné en Turquie même, l’autre parrain du djihadisme salafiste.
  • Abdel Rahman Kaddouli (de son nom de guerre Hjaji Imam), N°2 de Daech et son ministre des finances, tué par un raid aérien américain en Irak le 25 mars 2016.
  • Abou Hayjja Al Tounsi, dirigeant militaire de Daech, tué le 31 mars 2016, par un drone américain à Raqqa (Syrie)
  • Abou Firas Al Soury (de son vrai nom Radwane Al Nammous), porte-parole d’Al Nosra
  • Deux dirigeants de premier plan de Daech : Abou Mohammed Al-Adnani et Waêl Adil Hassan Salman Fayad. Seul Syrien au sein de la direction de Daech, Al-Adnani, né en 1977 dans la province d’Idlib, était considéré comme le «ministre des attentats» du groupe et le chef de ses opérations extérieures.

Vétéran du djihad et porte-parole du groupement terroriste, Taha Sobhi Fallaha (le vrai nom d’Al Adanani) a été tué dans un raid aérien visant la ville d’Al Bab, le dernier bastion de l’EI dans la région d’Alep, le 30 août 2016. Quant à Waêl Adil Hassan Salman Fayad, ministre de l’Information du groupe Etat islamique, il a été tué dans un bombardement aérien de la coalition anti djihadiste le 7 septembre près de Raqqa en Syrie, soit une semaine après son compère Al Adnani.

Enfin, les chefs du «Front du Fatah Al Cham», la nouvelle mouture de Jabhat An Nosra:

  • Abou Omar Saraqeb, chef militaire de ce groupement et son adjoint Abou Mouslam Al Chami, mi septembre 2016, tués dans leur PC alors qu’ils préparaient un plan de reconquête d’Alep. Alors qu’il était à la tête de Jabhat An Nosra, Abou Omar Saraqeb avait conquis au début de la guerre Idlib et Jisr Al Choughour.

Quant à l’hécatombe politique des faiseurs de la guerre de Syrie, du côté occidental, impressionnante, –d’Hillary Clinton, à David Cameroun, à François Hollande, Laurent Fabius, Manuel Valls, à l’Emir du Qatar et Bandar Ben Sultan, le chef des ténèbres djihadistes–, est à lire sur ce lien:

Et l’hécatombe des intellectoïdales français, «les idiots utiles du terrorisme islamique» sur ce lien:

POUR ALLER PLUS LOIN
ILLUSTRATION

Capture d’écran d’une video de propagande diffusée le 5 juillet 2014 par al-Furqan Media montrant Abou Bakr al-Baghdadi à Mossoul lors de la proclamation du califat / AL-FURQAN MEDIA/AFP/Archives

Source : Madaniya, René Naba, 22-06-2017

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Commentaire recommandé

Rene Naba // 27.06.2017 à 08h58

Daech est exclusivement une création irakienne.Je suis formel. Il n’ y a que les charlatans djihadologues pour soutenir le contraire. Les anciens prisonniers politiques syriens de la prison de Sedanya ont été libérés par le régime syrien dans un geste de bonne volonté, à la demande pressante du turc néo islamiste Erdogan, de l’Emir du Qatar Hamad, le papa de Tamim, parrain de la confrérie des Frères musulmans,Mais ses anciens prisonniers ont vite fait de rejoindre les rangs djihadistes avec les dérives que l’on sait; ERDOGAN se mord les doigts d’avoir voulu détruire la Syrie, et le Qatar fait face à une offensive en règle de ses compères pétro monarchiques, tous aussi incendiaires que lui, aussi responsables que lui dans l’exportation du terrorisme islamique en Europe occidentale ,Sarkozy et Hollande doivent répondre leurs actes et de leur responsabilité dans la mort de civils innocents français

46 réactions et commentaires

  • Fritz // 27.06.2017 à 08h31

    Clair et précis. Si le titre de cet article pouvait être corrigé : son auteur est René NABA.

      +4

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  • openmind // 27.06.2017 à 08h42

    Quand je pense que nos experts mediatiques nous expliquaient que les principaux cadres de Daech et autres etaient issu des prisons politiaques du  »regime » de Bachar El Assad…

    Qui croit encore a ces gens et a leur propagande….vu les elections dernieres ca fait peur quand meme…

    Regret: on evoque peu dans cet article le role determinant des Russes dans la mise a jour de toute cette mascarade….

      +23

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    • Rene Naba // 27.06.2017 à 08h58

      Daech est exclusivement une création irakienne.Je suis formel. Il n’ y a que les charlatans djihadologues pour soutenir le contraire. Les anciens prisonniers politiques syriens de la prison de Sedanya ont été libérés par le régime syrien dans un geste de bonne volonté, à la demande pressante du turc néo islamiste Erdogan, de l’Emir du Qatar Hamad, le papa de Tamim, parrain de la confrérie des Frères musulmans,Mais ses anciens prisonniers ont vite fait de rejoindre les rangs djihadistes avec les dérives que l’on sait; ERDOGAN se mord les doigts d’avoir voulu détruire la Syrie, et le Qatar fait face à une offensive en règle de ses compères pétro monarchiques, tous aussi incendiaires que lui, aussi responsables que lui dans l’exportation du terrorisme islamique en Europe occidentale ,Sarkozy et Hollande doivent répondre leurs actes et de leur responsabilité dans la mort de civils innocents français

        +66

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      • openmind // 27.06.2017 à 09h40

        Merci pour ces precisions et confirmations…quand je pense a tous ces charlatans: Guetta, Apathie, quel desastre mediatique…les dissidents sont bien passes a l’ouest et nous en sommes, attention si tout cela se durcit…

          +15

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      • Fidel C. // 27.06.2017 à 19h41

        Erdogan s’en mord effectivement les doigts, mais amha, pour une autre raison: en tant que membre de l’OTAN frontalier de la Syrie, disposant de toute la logistique et appuis nécessaires pour mener à bien la guerre contre Assad, la Turquie n’avait pas le choix de s’opposer aux US. Sans doute, on a tenté de la rassurer, en lui promettant la chute rapide d’Assad, promesse qui s’est révélée irréalisable, et autres avantages liées à cette chute. Tel est le véritable regret d’Erdogan, et voyant la guerre se perpétuer à sa frontière, il a compris que l’OTAN n’avait pas l’intention d’y mettre un terme, d’où sa recherche de sortie de crise avec la Russie et l’Iran. Il est intéressant de rappeler que Erdogan fait les meilleurs relations du monde avec Assad (celui-ci venant régulièrement passer ses vacances avec sa femme auprès de la famille Erdogan) juste avant que la guerre n’éclate. Une zone de libre échange avait même été créée.

          +2

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      • Observatus Geopoliticus // 27.06.2017 à 21h16

        « Daech est exclusivement une création irakienne. »

        C’est globalement vrai mais pas totalement. Assad a bien libéré des centaines de djihadistes à la fin des années 2000 pour qu’ils aillent combattre les Américains en Irak. Ce ne sont pas eux qui ont créé Daech mais ils s’y sont agrégés. C’est une réalité confirmée par mes sources irakiennes et par le premier ministre irakien de l’époque, Maliki, qui en a officiellement accusé Damas. Or ce Maliki n’était pas un pion des Américains : il est pro-iranien et aujourd’hui pro-Assad puisqu’il souhaite que les milices chiites passent la frontière pour aider les loyalistes syriens.

        A la décharge d’Assad, ce sont les menaces américaines répétées d’envahir la Syrie qui l’a poussé à ouvrir les geôles et à laisser passer les djihadistes en Irak pour y « fixer » les Américains et les décourager de porter la guerre chez lui.

          +12

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      • Michel // 27.06.2017 à 21h54

        Très bon reportage au sujet de cette guerre et de la complexité de la guerre avec l’expression de presque tous les points de vue et parties prenantes au conflit.
        http://www.programme-television.org/documentaires/information/les-guerres-cachees-contre-daech#159709338

        Il en ressort que Daesh a plusieurs pères.

        C’était ce soir sur Arte.

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        • Fidel C. // 27.06.2017 à 22h30

          …et les seuls points de vue qui manquaient était ceux de…daesh et des russes. Et le culot de vedrine, qui affirmait que daesh n’était pas la priorité des russes, mais le maintien au pouvoir de Bachar. Alors qu’il est manifeste que ces mercenaires sont la cible prioritaire de la grande coalition internationale…

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        • Julie // 30.06.2017 à 04h56

          Un tissu de propagande incohérent. On nous présente un syrien qui explique que Asad a créé Daesh en libérant les pires djihadistes internationaux mais on nous montre une photo de… al Shishani (un Tchéchène). Ensuite pour donner du poids à l’explication du « rebelle en exil » on nous montre un groupe d’insurgés locaux qui est présenté comme confirmant cela en parlant « des étrangers » dont ils ont cru qu’ils étaient venus les aider.
          Et un « rebelle financier » à Dubai nous expliquant qu’en Irak les Chiites sont plus craints que les djihadistes. Sans référence aux massacres dont eux et les Kurdes ont fait l’objet ou à l’arabisation de la région sous Saddam.

          Plus l’inévitable Luizard dans un décor Napoléon III surréaliste nous expliquant sa marotte: les sunnites irakiens sont pro daesh car anti-chiites et anti-corruption (mais il n’ose pas son génial projet qu’il colportait sur les radios à l’apogée du plan qataro-solférinien, celui de considérer daesh comme un acteur étatique avec lequel il fallait négocier (modèle taliban?)

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      • Dominique // 28.06.2017 à 15h02

        « Daech est exclusivement une création irakienne.Je suis formel »

        Mais vous commencez votre article en disant que le noyau fondateur est turkmène. Difficile de vous suivre.

        D’autre part, dans vos source, on ne trouve pas Le Monde. Or ce journal disait en 2014 (http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/06/20/ces-alliances-heteroclites-qui-renforcent-l-eiil-en-irak_4441067_3218.html) :

        « Ezzat Al-Douri est par ailleurs membre des Nakchabandi, une confrérie soufie qu’avaient embrassée, selon ses adeptes, les compagnons du Prophète ainsi que le premier calife. L’appellation est trompeuse, car si les soufis sont théoriquement pacifiques, les Nakchabandi d’Irak ont fourni de redoutables officiers de renseignement, civils et militaires, sous le règne de Saddam Hussein. Après la chute de ce dernier, ils ont régulièrement mené des opérations conjointes avec Al-Qaida. »

        A comparer avec votre prose :
        « Izzat ad Douzy, chef de l’Armée de la voie de Nakchabandi, une confrérie soufie qu’avaient embrassée, selon ses adeptes, les compagnons du Prophète ainsi que le premier calife. L’appellation est toutefois trompeuse, car si les soufis sont théoriquement pacifiques, les Nakchabandi d’Irak ont fourni de redoutables officiers de renseignements, civils et militaires, sous le règne de Saddam Hussein. Après la chute de ce dernier, ils ont régulièrement mené des opérations conjointes avec Al-Qaida. »

        On est là dans le plagiat, on dirait.

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  • Alfred // 27.06.2017 à 09h22

    Merci pour cette belle synthèse enrichissante. On est frappé à un moment de la lecture par la conjonction de forces qui donnent naissance à l’ei: qu’ont t elles en commun? Ce sont toutes des ennemis de l’Iran. À tel point que si daesh est bien un mouvement nationaliste et islamique, il semble bien que ses accoucheurs cherchaient avant tout à « réparer » le désastre géopolitique que fut pour eux le basculement de l’Iran dans la sphère d’influence iranienne.

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    • Rene Naba // 27.06.2017 à 12h50

      Daech est fondamentalement une alliance sunnite contre nature conclue par Bandar Ben Sultan, le prince des ténèbres djihadistes et Izzat El Dourry, le numéro 2 baasiste irakien et successeur de Saddam Hussein, dans la guérilla anti américaine; L’ossature militaire de Daech est exclusivement irakienne, celle d’Al Qaida, exclusivement syrienne. Plutôt que de s’allier au Baas syrien au pouvoir à Damas, par solidarité idéologique, le baas irakien s’est allié aux islamistes sunnites irakiens pour donner naissance à cette exroissance monstrueuse.

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      • Lysbeth Levy // 27.06.2017 à 15h48

        Une « monstrueuse alliance » ou une sorte de cancer un mélange entre la « carpe et le lapin » ? Oh et bien le « général roux » a bien déchu a ce point là s’allier avec le Diable Bandar, second fils de Bush père, mais qu’y gagne t’il ? https://fr.wikipedia.org/wiki/Ezzat_Ibrahim_al-Douri ou l’on parle d’une étrange armée ou confrérie des Naqsbandii d’inspiration soufi : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=8949&lg=fr
        Cela fait plusieurs fois que je lis ce mot de « Naqbandi » ou « Naqshbandiyya » mais quel est leur rôle dans cette guerre ? La plupart des djihadistes sont des mercenaires venus de pays musulmans divers alors quel rôle joue la religion ici et dans quel intérêt ? Merci Mr Naba ..

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        • Julie // 28.06.2017 à 18h53

          Les Naqshbandis ont joué un rôle éminent dans les guerres contre les Russes dans le Caucase, et pas seulement au 20e s.

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    • Chris // 27.06.2017 à 13h39

      « basculement de l’Iran dans la sphère d’influence iranienne »

      Euh… comment l’Iran peut-il basculer dans sa propre sphère ? Merci de préciser ou corriger.

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    • Ubu // 27.06.2017 à 15h12

      Le témoignage du journaliste Bahman Amoui semble effectivement vous donner raison.
      Ironie du sort, l’Iran aurait fait le mauvais choix d’héberger des salafistes (ce que tous les autres responsables de ce chaos lui reprochent, à ce stade le mot hypocrisie ne suffit plus), pour lutter contre les séditions kurdes, ce qui ne s’est pas passé comme elle le pensait et cela se retourne contre elle, et contaminerait aujourd’hui le Kurdistan.
      On est pas rendu…

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  • Lysbeth Levy // 27.06.2017 à 09h22

    Bah combien de fois il est mort ce type ? Déjà on a annoncé sa mort ces dernières années : http://www.dailymail.co.uk/news/article-3640726/ISIS-leader-Abu-Bakr-al-Baghdadi-killed-air-strike-Raqqa-according-pro-Islamic-State-news-agency.html un « ben laden » a nouveau ? Quand a nous dire que c’est Assad qui l’aurait lâché c’est accuser la victime d’être son propre bourreau : https://fr.sputniknews.com/international/201511191019664763-origine-ei-etats-unis-responsable/
    Le Camps la bucca était bien un « camps d’entrainement » avec des méthodes de tortures du SERE par des spécialistes » digne de la Gestapo..https://en.wikipedia.org/wiki/Survival,_Evasion,_Resistance_and_Escape
    Jéremy Scahill en parle dans son livre sur la torture en Irak, mais malin les américains ont formés des soldats irakiens pour faire le sale boulot à leur place. Je préfère masquer ces images..Comme d’habitude le texte de René Naba tranche par sa qualité et tout peux être vérifier..

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  • PatrickLuder // 27.06.2017 à 10h12

    Pensez-vous réellement que l’état islamique sera annulé par la mort de son premier calife ?
    Abou Bakr al-Baghdadi s’était autoproclamé premier calife de l’état islamique en 2014 … ne croyez-vous pas qu’il ait déjà un successeur ?

    Cette histoire me fait trop penser à l’histoire juive, peuple sans pays répartis dans le monde entier … il serait peut-être une fois utile d’essayer de comprendre les minorités afin d’entamer un dialogue nécessaire au respect mutuel. Le Coran comme la bible montrent beaucoup de passage guerriers, mais la compréhension générale de ces livres amènent les croyants à l’amour et au respect de l’autre.

    Les religions, quelles qu’elles soient (y.c. la mienne), amènent souvent discorde et incompréhension de l’autre. Le croyant, par son lien avec le créateur et au delà de toute religion, amène la compréhension et le respect de la création toute entière.

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    • Rene Naba // 27.06.2017 à 12h53

      Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. J’ai juste relevé que la disparition d’Abou Bakr Al Baghdadi signait l’éradication complète du noyau turkmène fondateur de Daech, dont l’ossature militaire était constituée par d’officiers supérieurs baasistes irakiens aguerris. Une perte lourde quant à sa significaion symbolique. Les successeurs n’auront pas la même légitimité

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      • PatrickLuder // 27.06.2017 à 20h30

        OK, on en reparle dans 6 mois ou 1 an …

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  • kaki // 27.06.2017 à 12h00

    peu importe qu’ il soit mort, ils nous trouverons un autre bag doggy encore plus méchant que le cru 2014, rien de nouveau en perspective

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  • DocteurGroDois // 27.06.2017 à 15h05

    @Mr Naba

    J’avais entendu quelqu’un, Xavier Raufer je crois, ou Gérard Chaliand, dire qu’au sommet de l’EI il n’y aurait pas un seul véritable islamiste.

    A votre connaissance, ces ex-officiers Irakiens sont-ils devenus sincèrement jihadistes? Ou sont-ils plus en retrait idéologiquement, et poursuivent leur propres objectifs militaires malgré les égarements de la chiourme? Ou sont-il plus cyniques encore?

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    • Rene Naba // 27.06.2017 à 16h08

      C’est écrit noir sur blanc dans le texte. Ces anciens officiers supérieurs baasistes, auparavant laïcs, ont voulu tirer leur légitimité de la religion pour se mouler dans l’air du temps, au moment où l’invasion américaine de l’Irak a renforcé le sentiment religieux de la population face à l’impie, sous la conduite notamment d’Abou Mouss’ab Al Zarkaoui. Saddam Hussein, lui même, farouchement llaïc, au départ, a modifié le drapeau national irakien pour y inscrire la chehada La Ilal Illa Lah  »Il n’a de Deu que Dieu ».

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      • DocteurGroDois // 27.06.2017 à 16h59

        @Mr Naba

        Si je comprends bien, Saddam a injecté ”Il n’y a de Dieu que Dieu” comme De Gaulle a pu invoquer la figure de Jeanne d’Arc durant l’occupation. Et ces officiers, de manière plus ou moins calculée ont formé ou profité de cette puissante plateforme occupation/nationalisme/idéologie, jihadiste aujourd’hui et marxiste autrefois. Je voulais seulement savoir si à priori ils y croyaient vraiment ou pas. Mais je réponds peut-etre à ma propre question.

        En tous cas, un grand merci pour cet article. Et votre votre site, que je viens de découvrir, est une mine d’articles de fond que je suis encore en train d’explorer.

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      • Sandrine // 27.06.2017 à 18h23

        @rene Naba,
        Donc vous penchez plutôt en faveur du cynisme des dirigeants de Daech? Du coup quel pourrait être leur motivation profonde? La volonté de puissance?

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        • Subotai // 27.06.2017 à 18h41

          La Guerre.
          Invasion et occupation de l’Irak par une puissance étrangère. Destructions des structures économiques, sociales et étatiques.
          C’est largement suffisant comme motivation.
          Comme dit René Naba, à mon avis le Califat, c’est pas fini…

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          • Sandrine // 27.06.2017 à 19h13

            @Subotai,
            En disant ça, malheureusement, on reste en surface.
            Ce qui m’intéresse de savoir, c’est ce qui se passe dans la tête de ces chefs de guerre. Le passage par l’expérience de la torture est sans doute déterminant.
            Je me demande si on ne poutrait pas mettre leur parcours en parallèle avec celui des corps francs apres la première guerre mondiale (qui, on le sait ont constitué un terreau fertile plus tard pour les intellectuels SS et d’une manière générale pour la guerre d’extermination à l’est quelques années plus tard)

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            • RGT // 27.06.2017 à 20h10

              Je vous approuve et ce parallèle avec les nazis est tout à fait réaliste.

              Ce que nos « Grands dirigeants éclairés » oublient systématiquement, c’est que chaque fois qu’une guerre se termine par une « branlée humiliante » il y a systématiquement des excités qui ne pensent qu’à se venger, et qui sont toujours soutenus par une proportion non négligeable de la population.

              Dans le cas de l’Irak, les USA ont joué avec le feu mais ce ne sont pas eux qui payent le prix de leurs erreurs.

              L’Irak était un pays développé, fier, cultivé et malgré la dictature de Saddam Hussein la majorité de la population vivait confortablement car le parti Baath (socialiste) avait fortement investi dans la culture et l’éducation.

              Du jour au lendemain les irakiens se sont retrouvés humiliés, dépouillés, renvoyés à l’âge de pierre.

              Comment voulez-vous que ces gens n’aient pas une profonde rancoeur ?

              Si Daech avait réussi je pense qu’ils se seraient ensuite tournés vers la cause de leur malheurs : Les USA…

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            • Subotai // 28.06.2017 à 00h25

              Franchement, c’est vraiment sans importance sur le long terme et le fond.
              Conjoncturellement ça peut être très « grave » ou marquant, mais dans le temps de la Politique et des Sociétés c’est aussi signifiant que les Guerres de Religion à cet instant.
              La mémoire de l’humanité ne dépasse pas la mémoire de chaque individu vivant. Les sociétés n’ont pas de mémoire, sinon ça se saurait et nous ne verrions pas se répéter les mêmes conneries humaines génération après génération.
              Je ne dis pas que ces temps de malheur sont sans importance pour les gens qui les subissent, mais ça concerne essentiellement les habitants de Mésopotamie et du Levant. Si nous sommes concerné, c’est par l’ingérence de nos dirigeant dans des situations politiques que nous n’avons nullement validé, en majorité.
              Et pour répondre au fond. Personne ne peut savoir se qui se passe dans la tête des gens. Réfléchissez à votre propre complexité et à vos incertitudes. Ce qui importe sont les actes de chacun. Point.
              Je traite mon ennemi en ennemi, pas pour ce que je suppose qu’il pense mais pour ce qu’il ME fait.

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            • Sandrine // 28.06.2017 à 08h36

              @subotai,
              « Je traite mon ennemi en ennemi pas pour ce qu’il pense mais pour ce qu’il me fait »
              Du point de vue de de l’action évidemment. Mais que faites-vous du jugement moral sur l’action? Votre remarque me fait penser aux thèses de C. Schmidt (la politique ne se résume qu’à une opposition ami/ennemi). Pour pouvoir juger les actes de quelqu’un en termes de juste/injuste, il faut connaître un peu ses intentions, non?

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        • Rene Naba // 28.06.2017 à 06h29

          Je ne penche pas. Je ne penche jamais. En politique, la meilleure des postures est la rectitude.L’analyse concrète d’une situation concrète. Mon parcours en est témoin, tout comme mes écrits. Je fais juste un constat en même temps que le récit du dévoiement idéologique du Baas irakien. ..Ne sur interprétez pas mon texte

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          • Sandrine // 28.06.2017 à 08h19

            Oui, mais qu’est-ce que vous voulez dire par « dévoiement idéologique »? Dévoiement par rapport à quelle orthodoxie? Et pourquoi ce dévoiement? Est-ce une croyance sincère de la part de ces chefs ou l’instrumentalisation d’un univers culturel(en l’occurrence l’islam) dans un but de satisfaction de leurs pulsions de domination? Je comprends que vous n’ayez peut-être pas de réponse à cette question mais il faut tout de même se la poser.

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            • rené Naba // 28.06.2017 à 09h54

              dévoiement idéologique signifie qu’un baasiste qui a professé pendant quarante ans une idéologie laique et nationaliste, ne doit pas renier ses combats pour faire alliance sur une base sectaire avec ses anciens bourreaux, le prince Bandar Ben sultan, l’artisan saoudien de l’invasion américaine de l’Irak, uniquement par ce que les saoudiens sont sunnites comme lui, alors qu’ils sont des monarchistes, lui et républicain, lui laic et eux rigoristes sunnites. Dans le cas d’espèce, le dévoiement idéologique se double d’un déraillement mental.

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            • Rene Naba // 28.06.2017 à 10h22

              Le sujet est traité sur ce lien, Sandrine
              Je ne peux pas refaire l’historique d(une affaire chaque fois que je fais un papier. Je ne m’en sortirai pas. Bonne lecture
              http://www.madaniya.info/2016/12/26/le-curieux-cheminement-du-parti-baas-irakien-du-parangon-de-la-laicite-a-lossature-militaire-de-daech/

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  • Dva // 27.06.2017 à 19h40

    pas lu l’article …mais plus important pour ‘ la suite’ … https://www.romandie.com/news/ALERTE-Syrie-Macron-et-Trump-prets-a-travailler-a-une-reponse-commune-en-cas-d-attaque-chimique-presidence-francaise/809654.rom
    ALERTE – Syrie: Macron et Trump prêts à « travailler à une réponse commune en cas d’attaque chimique » (présidence française)…Préparation d’une fausse bannière en vue ? …bah

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  • yann35 // 27.06.2017 à 19h49

    typiquement le genre d’article qui me fait bénir ce blog, et qui a dû mettre le decodex en PLS ! Que ne voit on son auteur plus souvent sur les grands médias pour de vrais débats et non, comme actuellement, ce qui ressemble plus à de la « théologie » qu’à du journalisme …

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  • Fidel C. // 27.06.2017 à 19h51

    Je vais être critique avec cet article qui semble, à l’instar d’autres publiés ici, très confus. Si j’ai bien compris, les mercenaires jihadistes (quelque soit leur enseigne…) sont issus d’anciens du régime baasiste irakien, qui aurait pour but de créer, in fine, un califat… avec des moyens somme toute limités (aucune force aérienne), et dans une zone aussi dangereuse que le M-O constituée d’Etats puissants? Je n’accorde aucun crédit à cette thèse. Ces mercenaires, dont la grande majorité n’est pas issue des forces armées (je pense à nos barbus français, ou certains issus de villages perdus dans le sud tunisien) n’avait pas d’autre but que d’entretenir un cycle constant de terreur, dans un contexte géopolitique beaucoup plus vaste. Comment comptaient-ils crée le « califat » et assurer la soumission ou l’adhésion des multitudes de peuples de la zone? En massacrant violant pillant? Bullshit. Ce sont des instruments. Les mercenaires jihadistes sont toujours des instruments, dès leur origine en Afghanistan.

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    • Fidel C. // 27.06.2017 à 19h59

      En réalité, à part quelques noms, tout est fait pour que cette « organisation » reste insondable et mystérieuse. Dans les différents médias, je n’ai jamais lu, vu ou entendu la moindre analyse sérieuse et crédible sur ces mercenaires. On ne les a d’ailleurs jamais appelés par leur véritable qualité: « mercenaires ». Tout comme j’ai pu constater à quel point la fameuse « coalition internationale » montée pour lutter contre ces mercenaires n’a jamais fait preuve d’un semblant d’efficacité. Bizarre que les US qui nous abreuvent de leurs images de guerre, comme pour mieux impressionner et intimider le reste du monde, ne communiquaient rien dans le cadre de cette prétendue guerre. De même, aucune bataille n’a été gagnée par ces mercenaires. Tout ces facteurs sont, pour moi, autrement plus révélateurs, que les quelques explications sur les origines turkmènes et bassiste de leur prétendu dirigeant, qui, jusqu’à l’intervention des Russes, n’était apparemment même pas inquiété…

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    • Rene Naba // 27.06.2017 à 21h57

      Relisez bien le texte avant de conjecturer. Il est question de noyau turkmène fondateur de Daech. Là réside l’originalité de cette organisation djihadiste. Les anciens officiers supérieurs irakiens baasistes n’étaient pas des mercenaires. Réduits au chômage par la politique d’éradication du parti baas et de l’armée irakienne, erreur fatale de Paul Bremer, leur désir de vengeance a été un puissant facteur à leur basculement. Quant aux autres barbus,il s’agit pour la plupart de paumés de l’Islam animés par une posture d’Héros visant à leur réhabilitation d’une vie sans relief. Pour certains l’attrait de salaires substantiels au regard de leur mode de vie antérieur a été un puissant facteur de leur engagement

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      • Fidel C. // 27.06.2017 à 22h34

        votre dernière phrase est très instructive. Dommage qu’aucun journaliste ne l’écrit. Donc ce sont bien des mercenaires.

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        • yann35 // 27.06.2017 à 23h04

          très bien qu’ils soient considérés comme mercenaires : « Si, après un procès régulier, le soldat capturé est jugé coupable d’être un mercenaire, il peut s’attendre à être traité comme un simple criminel et peut aussi faire face à la peine de mort. Comme les mercenaires ne sont pas considérés comme des prisonniers de guerre, ils ne peuvent espérer le rapatriement à la fin de la guerre. » https://fr.wikipedia.org/wiki/Mercenaire
          Ce sont donc tout bêtement des criminels, qui ne peuvent espérer être rapatriés ici et peuvent être jugés selon les lois locales des lieux où ils ont commis leurs exactions. Cela me convient parfaitement !

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          • Sandrine // 28.06.2017 à 14h34

            Je vois mal la différence entre un mercenaire et le soldat de métier de l’armée régulière d’un état…
            L’un et l’autre exerce un métier et est payé pour ça… le fait que le droit international considère les mercenaires comme des criminels prouve juste que l’état est sensé avoir le « monopole de la violence légitime ».
            En plus les choses se compliquent quand on considère que Daesh prétend être un état…

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            • yann35 // 28.06.2017 à 16h16

              « Un mercenaire est un combattant de métier qui est recruté moyennant finance par un État, une entreprise, un mouvement politique ou toute autre organisation légale ou non, en dehors du système statutaire de recrutement militaire d’un pays. Un combattant de carrière, bien que rémunéré et parfois recruté sur contrat, se distingue d’un mercenaire par son adhésion à un statut professionnel découlant d’une législation ou d’une coutume locale stable. »
              https://fr.wikipedia.org/wiki/Mercenaire
              https://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_militaire_priv%C3%A9e

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  • Noone // 28.06.2017 à 11h50

    A Bucca, une geôle américaine d’Irak, des milliers de criminels de droit commun, djihadistes et membres d’Al Qaïda ont été emprisonnés. Parmi eux, les futurs leaders de Daesh. Les USA les ont opportunément sortis de prison pour les envoyer à la frontière syrienne (et libyenne). Un rapport classé « secret » du Pentagone (12 août 2012) révèle que les USA ont créé l’outil Daesh pour renverser Bachar el Assad qui s’oppose depuis des années au pipeline de gaz naturel du Qatar sur le territoire syrien. Pipeline qui concurrencerait la Russie et ses ressources énergétiques en gaz.

    Avec à la tête de l’État islamisque, Abu Bakr al-Baghdadi, sorti d’une prison américaine et propulsé immédiatement à la tête de l’EI. Les Occidentaux ont créé Daesh, ils les ont entraînés, financés, armés, soignés dans leurs hôpitaux, et ils leur achètent leur pétrole ainsi que toutes les antiquités volées au Moyen-Orient. Daesh est milliardaire grâce à qui ?

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  • alfred // 28.06.2017 à 15h13

    Merci à Rene Naba pour sa production très fouillée et ses réponses courtoises et patientes.

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  • Julie // 28.06.2017 à 18h45

    Merci M. Naba de souligner le rôle des Turcmènes. Leur nombre en Syrie parmi les djihadistes d’Idleb (avec famille installées dans les maisons réquisitionnées) n’est jamais évoqué dans la presse. La référence au « Khorasan » que faisait Daesh lors de ses premières actions d’envergure s’expliquerait bien par une idéologie turcmène, cf leur rôle contre l’élite iranienne au début de l’empire abbasside et leur conquête des cercles du pouvoir à partir du 10e siècle.

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